Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/611-620

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Fascicules du tome 2
pages 601 à 610

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 611 à 620

pages 621 à 630


infinité d’erreurs qui ne viennent que de négligence.

CITATOIRE. adj. m. & f. Terme de Jurisprudence & de Palais ; qui cite, qui ordonne de comparoître. Citatorius, a, um. Ce titre exempte NN. de rien payer pour les lettres citatoires, qu’ils obtiendront des Officiers de la Justice. Normant.

CITÉ. s. f. Ville fermée de murs. Civitas. Il y a plusieurs grandes cités en ce Royaume. Il ne se dit guère qu’en Poësie, ou en certaines phrases consacrées.

Mais du discours enfin l’harmonieuse adresse,
Rassembla les humains dans les forêts épars ;
Enferma les cités de murs & de remparts. Boil.

☞ Ce mot se prend dans le même sens au figuré. Jérusalem a été appelée la Sainte cité. Le Paradis est la cité céleste.

Autrefois cité, civitas, se disoit des villes où il y avoit Evêché : la Bulle d’érection, de division, & d’assignation des Evêchés de Poitiers, de Maillezais & de Luçon, est remarquable pour cela : le Pape dit, dans cet acte, qu’il érige en cités les villes de Maillezais & de Luçon. Maliasensein & de Lucioni villas in civitates erigimus ; & civitatum vocabulo decoramus. ☞ Si le siège Episcopal d’une ville étoit hors les murs, l’endroit où il étoit, s’appeloit cité, & la ville retenoit le nom de ville. Et encore aujourd’hui on appelle à Arras du nom de cité, & la ville retenoir le nom de ville. Et encore aujourd’hui on appelle à Arras du nom de cité, cette partie de la ville où est la cathédrale ; & l’autre partie qui est séparée de la première par des murailles, s’appelle la ville. On pourroit ajouter plusieurs autres exemples à celui-ci. Celui de Couserans, celui de Limoges, &c.

Cité s’est dit autrefois du territoire dépendant d’un siège épiscopal, c’est-à-dire du Diocèse. La cité de Soissons renfermoit sous Chilperic à peu près ce qui en fait aujourd’hui le Diocèse. Le mot cité dans ce sens conservoit quelque chose du mot latin civitas dont nous parlerons plus bas.

Cité se dit encore particulièrement du cœur de la ville, du lieu où est la cathédrale, le Palais du Prince, quoique ces lieux ne soient pas séparés par des murs. À Paris il y a cité, ville & université. Il y en a même qui prétendent qu’il ne se dit ordinairement que des places où il y a deux villes, l’une vieille, & l’autre bâtie depuis peu, & que la vieille porte le nom de cité.

☞ En Angleterre on appelle cité, l’enceinte de la ville de Londres, par opposition aux faubourgs qui sont d’une plus grande étendue que la cité.

Cité se prend figurément pour les habitans. Cives. Il y a de beaux privilèges accordés à cette cité ; pour dire, à ceux qui l’habitent.

☞ Le droit de cité est la qualité de citoyen ou Bourgeois d’une ville, & le droit de participer aux privilèges qui sont communs à tous les citoyens de cette ville. Le droit de cité chez les Romains étoit la même chose que la qualité de Citoyen Romain. Chez nous il n’y a que la naissance ou les lettres du Prince qui donnent les droits de cité. Le droit de cité est plus étendu que celui de bourgeoisie. Il comprend quelquefois l’incolat & même tous les effets civils.

Cité, quand il s’agit de l’antiquité, signifie un Etat, un peuple avec toutes ses dépendances, une République particulière, comme sont encore plusieurs villes de l’Empire ou d’Allemagne, ou comme les villes Suisses. Civitas ☞ C’est ainsi que César dit : Civitas Helvetia, in quatuor partes divisa. Le pays des Suisses divisé en quatre Cantons. civitatibus in reliquis urbes incenduntur. Quoique les Gaulois ne fussent en effet qu’une même nation, ils étoient divisés en plusieurs peuples, qui faisoient presque autant d’Etats séparés, ou pour parler comme César, autant de cités différentes, qu’ils étoient de différens peuples. Outre que chaque cité avoit ses assemblées, elle envoyoit de temps en temps des députés aux assemblées générales qui se faisoient pour résoudre des affaires de plusieurs peuples unis. Cor. Demoy. Cependant, parce que communément cité n’a plus ce sens en notre langue, il est bon, au moins la première fois qu’on s’en sert, d’ajouter une explication, comme fait ici M. Cordemoy. On appeloit autrefois villes tous les bourgs fermés ; & ce que nous appelons proprement ville, avoit le nom de cité. Chorier.

Civitas est tiré du Celtique Giveythas, qui chez les Gaulois veut dire société & commerce, parce que c’est dans les villes que l’on trouve l’un & l’autre. Pezron. Si Civeythas a été en usage dans les Gaules, il y a plus d’apparence qu’il fut pris des Romains depuis qu’ils furent maîtres des Gaules, qu’il s’étoit fait de civitas, & même qu’il ne signifioit que la même chose d’abord. du même mot civitas s’est fait cité.

La Cité de Dieu est un livre composé par S. Augustin contre les Payens. Liber D. Augustini de Civitate Dei. Il a été traduit en partie par M. Giri de l’Académie Françoise. Un des premiers ouvrages qu’on mit sous presse dès qu’on eut inventé l’Imprimerie, ce fut la Cité de Dieu. S. Augustin y trace une histoire des deux Cités, l’une céleste & l’autre terrestre. M. Du Pin admire plus la variété & l’assemblage des choses, que la force & l’érudition de cet ouvrage.

Cité notable. Nom de la Capitale de l’Île de Malte. Elle est au milieu des terres. Civitas notabilis.

Cité victorieuse. Nom d’une ville de l’Île de Malte. Civitas victoriosa. C’est celle qu’on appeloit autrefois le grand Bourg. Ce fut sous le Grand-Maître De la Vallere, que cette place ayant été assiégée par les Turcs, & la valeur des Chevaliers ayant obligé les ennemis de se retirer après une perte de trente mille hommes ; pour conserver la mémoire des grandes actions qui s’y étoient passées, on donna au grand Bourg, qui en avoit été le principale théâtre, le nom de Cité victorieuse, qu’il a conservé jusqu’à ce jour. Vertot, Hist. de Malte, Tom. XIII.

CITEAUX. Bourg de France dans le Duché de Bourgogne, au Diocèse de Châlons. Cistercium.

Ce Bourg, qui est à cinq lieues de Dijon, fut ainsi appelé, à ce que quelques-uns croient, à cause des citernes qu’on y trouva.

Citeaux. Abbaye fameuse, & Chef d’Ordre, qui est dans le bourg dont on vient de parler. Cistercium. Citeaux, ou l’Abbaye de Citeaux, a donné quatre Papes, plusieurs Cardinaux à l’Eglise, & un grand nombre d’Evêques. L’Abbé de Citeaux est Général de l’Ordre ; Conseiller né au Parlement de Dijon ; & Chef de dix-huit cens Monastères d’hommes, & de presqu’autant de Maisons de filles. Vingt & un Moines servens du Monastère de Molême en Bourgogne dans le Diocèse de Langres, fondé sur la fin de l’an 1075, trouvant que la régle de S. Benoît n’y étoit point assez exactement observée, résolurent avec leur Abbé Robert d’aller s’établir ailleurs. Ces Moines étoient entre autres Albéric, Odon, Jean, Etienne, Létalde, &c. qui en ayant obtenu la permission de Hugues, Achévêque de Lyon & Légat du S. Siège, quitterent Molême, & allèrent s’établir dans un lieu nomme Citeaux, à cinq lieues de Dijon, dans le Diocèse de Châlons. Ils eurent le consentement de Gaultier, Evêque de Châlons, & de Rainard Vicomte de Beaune à qui la terre appartenoit, & s’y placèrent le 21e de Mars 1098 qui étoit le Dimanche des Rameaux. A la priére de l’Archevêque de Lyon, Eudes, Duc de Bourgogne, acheva leur bâtiment, qui n’étoit que de bois, les entretint long temps, & leur donna beaucoup de terres & de bestiaux. L’Evêque de Châlons donna à Robert le bâton pastoral, en qualité d’Abbén & le nouveau Monastère fut ainsi canoniquement érigé en Abbaye. Tels furent les commencemens de l’Ordre de Citeaux, si fameux dans la suite, & si étendu par toute l’Europe.

L’Ordre de Citeaux eut donc pour fondateur S. Robert, S. Albéric & S. Etienne. S. Robert en fut le premier Fondateur vers la fin du XIe siécle. En Allemagne on a appelé les Cisterciens, Moines gris, parce qu’ils portoient des manteaux de couleur grise.

Avant que S. Etienne, Abbé de Citeaux, envoyât, douze de ses Moines à Clairvaux dont il fit S. Bernard Abbé, pour y fonder un Monastère, ce lieu étoit une affreuse vallée, qui passoit dans le pays pour une retraite de voleurs, & qu’on nommoit la vallée d’Absynthe, peut-être parce qu’elle étoit remplie de ces sortes de plantes, ou bien à cause des meurtres qu’on y avoit souvent commis. Villefore.

Il y a plusieurs Congrégations de l’Ordre de Citeaux. La Congrégation de S. Bernard en Toscane ; La Congrégation d’Arragon ; La Congrégation Romaine ; la Congrégation de Calabre. L’Ordre de Florence Calabre fut aussi réuni en 1505 à celui de Citeaux. Les Feuillans sont encore une réforme de cet Ordre.

Il y a en Espagne une Congrégation de l’Ordre de Citeaux, dite de l’Observance, fondée au commencement du XVesiécle par Martin de Vargas, pour rétablir la discipline de cet Ordre, & y faire revivre l’esprit des Fondateurs. Il eut en 1424 & 1425 des permissions du Pape Martin V, pour ériger deux Monastères dans les Royaumes de Castille & de Léon, ce qu’il exécuta. Les Généraux de cette Congrégation portent le titre de Réformateurs, qui fut donné à son Fondateur. Voyez le P. Helyot. T. V, C. 36. Cette Congrégation devint considérable par le grand nombre de Monastères qui s’y unirent.

En 1713, on imprima à Paris les Privilèges de l’Ordre de Citeaux, recueillis & compilés par l’autorité du Chapitre général, & par son ordre exprès, &c. Nous avons en latin des annales de Citeaux en 4 vol. in-fol par le R. P. Ange Manrique de Bourges. Une Chronique Espagnole par le B. Barnabé de Montalvo : un Ménologe de Citeaux, imprimé chez Plantin, & fait par le R. P. Chrysoft. Henriquez, tous du même Ordre. Il y a aussi des filles de l’Ordre de Citeaux. Le même P. Henriquez a donné la vie de celles qui se sont distinguées par leur Sainteté : dans un livre intitulé, Lilia cistercii. Nous avons en françois un essai de l’histoire de Citeaux par Dom Le Nain.

CITER. v. a. Donner assignation à comparoir devant un Juge d’Eglise en matière Ecclésiastique. ☞ On le dit même quelquefois relativement aux tribunaux séculiers, comme on le verra par l’exemple d’Edouard I, tiré du P. Daniel. Mais cela est rare. Dans l’Ordre de Malte, on dit, en parlant du Grand-Maître, citer les Chevaliers à Malte ; pour dire, leur ordonner de s’y rendre. Diem dicere, vocare in jus.. Ce garçon a été cité devant l’Official en exécution d’une promesse de mariage. Cet Hérétique a été cité à Rome, au Concile général. Les Chevaliers sont cités pour se trouver au Chapitre de leur Ordre. Edouard I, Roi d’Angleterre, fut cité par ordre de Philippe IV, Roi de France, à la Cour des Pairs. La citation fut publiée par le Seigneur d’Arrablay, Sénéchal de Périgord & de Querci, & on l’afficha par son ordre & en sa présence aux portes de la ville de Libourne, qui étoit du domaine du Roi d’Angleterre ; & faute à ce Prince de comparoître, tous les domaines qu’il avoit en France furent confisqués. P. Dan.

Citer signifie aussi alléguer un passage, une autorité ; transcrire un passage dont on veut s’autoriser, ou seulement indiquer l’endroit d’un Auteur pour qu’on puisse le consulter. allegare, Autorem laudare. Un Auteur ne doit pas citer ses propres ouvrages. Voyez un peu quels gens je vous cite. La manière de citer des Jurisconsultes est un vrai grimoire.

Citer signifie aussi simplement, parler de quelqu’un ; nommer celui dont on tient une nouvelle, une histoire, un fait. &c. Loqui de aliquo, aliquem nominare. Je vous donnerai avis de tout ce qui se passera, à la charge que vous ne me citerez point.

Cité, ée. part.

CITÉRIEUR, EURE. adj. Qui est en déçà, de notre côté, plus près de nous. Citerior. L’Inde citérieure est celle qui est en deçà du Gange ; l’ultérieure, celle qui est en delà. La Gaule citérieure est la partie de l’Italie qu’on a depuis appelée Lombardie, & où les Gaulois s’établirent, elle étoit en deçà des Alpes par rapport aux Romains.

L’Espagne, après que les Romains en eurent fait la conquête, fut divisée en deux Provinces, l’une en deçà de l’Ebre, & l’autre au delà. La Province d’en deçà de l’Ebre, s’appeloit l’Espagne citérieure, & celle d’au delà, l’Espagne ultérieure.

Ce mot vient de la préposition cis.

CITERNE. s. f. Réservoir souterrain d’eau de pluie. Citerna. Les citernes doivent être faites avec de bon ciment pour retenir les eaux. Le fond doit être couvert de sable, afin de le purifier, & de conserver les eaux pluviales. On parle d’une citerne de Constantinople, dont les voûtes portent sur deux rangs de 212 piliers chacun. Ces piliers ont deux piés de diamètre, & sont plantés circulairement, & en rayons qui tendent à celui qui est au centre.

Quelques Anatomistes se servent de ce terme pour signifier certaines parties du corps, comme, par exemple, le quatrième ventricule du cerveau, ou plutôt du cervelet, & le concours des vaisseaux lactifères dans les mammelles des femmes, pour former le mammelon. Castelli, cité par James.

Ce mot, selon quelques-uns, vient de la préposition cis, comme si on disoit cis terram, c’est-à-dire, inter terram. D’autres le dérivent de cista, qui signifie un panier fait d’osier, qui sert à mettre du pain & autres choses. La citerne de même sert à conserver les eaux de pluie.

Citerne signifie quelquefois un puits. En Orient les Caravanes ne boivent que de l’eau de citerne.

CITERNEAU. s. m. Petit lieu voûté à côté d’une citerne, où l’eau s’épure avant que d’y entrer. Ce mot est un diminutif de citerne d’où il est formé.

☞ CITHARE. s. f. Ancien nom d’un instrument de musique. Instrument à cordes. Espèce de harpe. Cithara. Quelques-uns la prennent pour la lyre à sept ou neuf cordes. D’autres en font un instrument différent, c’est-à-dire, qu’on ne sait ce que c’est.

☞ CITHARISTIQUE. s. f. Genre de Musique & de Poësie approprié à l’accompagnement de la cithare, auquel on donna depuis le nom de lyrique.

CITHÉRE, CITHÉRÉE. Voyez CYTHÉRE, CYTHÉRÉE.

☞ CITHIBEB ou CITIBEB. Petite ville d’Afrique, au royaume de Maroc, dans la province de Tedla.

CITISE ou CYTISE. s. m. Cytisus. Arbrisseau dont les fleurs sont légumineuses, & les gousses composées de deux cosses applaties, qui s’ouvrent en deux, & renferment quelques semences oblongues. Ses feuilles sont au nombre de trois, portées sur une même queue. Il y a plusieurs espèces de citise, comme on peut le voir dans les Instituts de Botanique de M. Tournefort. Clusius a donné la figure & la description d’une partie de ces espèces dans son Histoire des Plantes d’Espagne. L’éthymologie de cytisus, au rapport de Pline, vient de Cythno, nom d’une Île où l’on trouva d’abord cette plante. Mais quelle est cette première espèce de cytise ?

Les Fleuristes & les Jardiniers françois nomment cytise un petit arbrisseau qui se taille en boule, qui garde ses feuilles long temps, & qui donne beaucoup de fleurs. Les Botanistes appellent Cytisus glaber, siliqua lata, J. B. On fait aussi des palissades avec cet arbrisseau, que l’on tond une ou deux fois l’année. Il se lève ordinairement jusqu’à trois & quatre piés, il est fort branchu, ses tiges & branches sont verdâtres, & garnies de feuilles larges d’un demi-pouce au plus, un peu pointues, arrondies, lisses, glabres, d’un vert-gai & un peu luisant, & portées par des queues longues d’environ un demi-pouce. Ses fleurs sont légumineuses, jaunes, plus petites que celles du genêt, ramassées par bouquets à l’extrémité des tiges & des branches. Ses gousses sont longues d’un pouce, & larges de cinq lignes, applaties, brunes, lisses, & renferment des semences arrondies, applaties & brunes. Ce cytise vient dans les montagnes du haut Dauphiné.

On range parmi les cytises un arbre nommé en françois Albour, ou Aubour, ou Aulbour ; en latin Alburnum, Laburnum, Anagyris non fœtida. Cytisus alpinus, flore racemoso pendulo. Inst. Rer. herb.

CITOLE. C’est le nom qu’on donnoit autrefois à un instrument de Musique. Borel croit que citole vient de cithara.

CITOUART ou ZÉDOUART, s. m. que quelques-uns écrivent Zédoire. Graine aromatique, qui ressemble beaucoup au gingembre, mais qui est de meilleure odeur, & d’un goût moins âcre.

☞ CITOYEN. s. m. Civis. Ce mot a un rapport particulier à la société politique ; il désigne un membre de l’Etat, dont la condition n’a rien qui doive l’exclure des charges & des emplois qui peuvent lui convenir, selon le rang qu’il occupe dans la République.

☞ Dans les Etats républicains rien n’est au dessus de la qualité de Citoyen. La personne qui gouverne s’en fait honneur. Un Stat-Houder, un Doge, un Sénateur, un Député sont d’illustres Citoyens, à qui les autres obéissent, moins par soumission que par une sage & libre coopération au bon gouvernement. Mais dans les Etats monarchiques, le pouvoir y élève celui qui en est saisi au dessus de tous les autres, & ne laisse aucun titre commun qui sente tant soi peu l’égalité. Un Empereur, un Roi ne sont pas des Citoyens ; ce sont des Chefs qui gouvernent leurs peuples, ou qui commandent à leurs sujets ; ceux-ci obéissent par soumission, & le degré de modération ou d’excès dans cette soumission fait que le vrai Citoyen se conserve chez eux, ou qu’il s’anéantit par la servitude. Il y a plus de vraie noblesse dans un roturier Suisse qui est Citoyen d’une patrie, que dans un Bacha Turc qui est esclave d’un maître. M. l’Abbé Girard.

☞ L’homme naturel est tout pour lui ; il est l’unité numérique ; l’entier absolu, qui n’a de rapport qu’à lui-même ou à son semblable. L’homme civil n’est qu’une unité fractionnaire qui tient au Dénominateur, & dont la valeur est dans son rapport avec l’entier qui est le corps sociable. Les bonnes institutions sociales sont celles qui savent le mieux dénaturer l’homme, lui ôter son existence absolue, pour lui en donner une relative, & transporter le moi dans l’unité commune ; en sorte que chaque particulier ne se croie plus un, mais partie de l’unité, & ne soit plus sensible que dans le tout. Un Citoyen de Rome n’étoit ni Caïus, ni Lucius, c’étoit un Romain : même il aimoit la patrie exclusivement à lui. Régulus se prétendoit Carthaginois, comme étant devenu le bien de ses Maîtres. En sa qualité d’étranger, il refusoit de siéger au Sénat de Rome ; il fallut qu’un Carthaginois le lui ordonnât. Il vainquit & s’en retourna triomphant mourir dans les supplices.

☞ Le Lacédémonien Pedarette se présente pour être admis au Conseil des Trois cens : il est rejeté. Il s’en retourne joyaux de ce qu’il s’est trouvé dans Sparte trois cens hommes valant mieux que lui. Voilà le Citoyen.

☞ Une femme de Sparthe avoir cinq fils à l’armée, & attendoit des nouvelles de la bataille. Un Îlote arrive : elle lui demande, en tremblant, des nouvelles. Vos cinq fils ont été tués. Vil esclave, t’ai-je demandé cela ? Nous avons gagné la victoire ! La mère court au Temple, & rend grâces aux Dieux. Voilà la Citoyenne. Racine. Auguste fit faire le dénombrement des Citoyens Romains, qui montoit à quatre millions cent trente-sept mille. Pour faire un vrai Citoyen Romain, il falloit que ces trois choses concourussent ; qu’il fût habitant de Rome, qu’il fût enrôlé dans l’une des trente-cinq Tribus, & qu’il pût parvenir aux dignités. Ceux à qui l’on accordoit les droit & les privilèges de Citoyens Romains, & qui habitoient hors de Rome, & dans les Provinces éloignées, n’étoient proprement que des Citoyens honoraires. Loyseau. Les Romains, fiers de la grandeur de Rome, s’imaginoient que c’étoit presque tirer un homme du néant, que de le faire Citoyen Romain. Patru. La Loi VII de Incolis, met une grande différence entre Citoyen & simple habitant. La naissance seule faisoit les Citoyens, & acquéroit tous les privilèges de la Bourgeoisie. Le temps ne pouvoit l’acquérir. L’Empereur le pouvoit donner. En France une demeure de dix ans suffit, pour être censé Bourgeois. ☞ Habitant se dit uniquement, par rapport au lieu de la résidence ordinaire, quel qu’il soit, ville ou campagne. Les Habitans, d’une ville, d’un bourg, d’un village, de la campagne. Bourgeois, marque une résidence dans une ville, & un degré de condition, qui tient le milieu entre la Noblesse & le Paysan. Le personnage le plus ridicule dans le commerce de la société, est le Bourgeois Petit-Maître. Le Citoyen est ce qu’on vient de dire.

Ce mot vient du latin Civis, qu’on dérive du verbe coco, parce qu’ils vivent tous ensemble. Il vaudroit mieux tirer ce mot de cio, voco, parce que les Citoyens sont tous appelés au même lieu.

Citoyen se dit aussi de ceux qui jouissent des privilèges d’une ville, qui ont acquis un droit de Bourgeoisie, encore qu’ils habitent ailleurs. S. Paul étoit Citoyen Romain. Il n’étoit pas permis de fouetter un Citoyen Romain. J’espère vous faire voir qu’Alcidas est Citoyen Romain. Patru.

Autrefois on a dit Citiéen & Citéen pour Citoyen.

☞ Quelques Ecrivains ont fait ce mot adj. L’esprit citoyen. L’Ami des hommes a dit Ordre citoyen.

CITRAGO. s. f. C’est le nom que l’on donne quelquefois à la mélisse, à cause que cette plante sent le citron, lorsqu’on en broie un peu les feuilles entre les doigts.

☞ CITRAMONTAIN qui est en deçà des Monts, l’opposé d’Ultramontain. Ce terme hasardé par quelques Ecrivains, n’est pas établi.

☞ CITRARO. (le) Nom d’une petite ville d’Italie, au royaume de Naples dans la Calabre intérieure, à dix milles de Saint-Marc.

CITRE. Boisson. Voyez CIDRE.

Citre. s. m. Arbre d’Afrique, du bois duquel on fait des tables, & autres ouvrages de cette nature. Citrus.

CITRIN, INE. adj. Qui est de couleur jaune, semblable à celle du citron. Citrinus. Etoffe citrine. Il y a un bois qu’on appelle Santal citrin, à cause de sa couleur. Il y a aussi une emplâtre qui est appelée citrine par la même raison. Les Médecins disent que les urines des personnes saines doivent être citrine.

Citrin. s. m. Espece de cristal, qui est ainsi appelé à cause de sa couleur citrine. Crystallus citrina.

Citrin se dit aussi d’une certaine couleur jaune, que les Chimistes prétendent donner au métal pour faire de l’or, & qu’ils appellent autrement la grande teinture minérale.

Citrin. s. m. Fruit des Indes. Espèce de Myrobolan. Voyez ce mot.

CITRON. s. m. Citria malus, citrium malum, ou malus medica. Fruit du citronnier, arbre dont nous allons parler un peu plus bas, où l’on décrira aussi ce fruit. Il y a des citrons aigres, & des citrons doux. ☞ On se sert de ceux-ci pour se rafraîchir ou se désaltérer. Voyez Limonade. On fait aussi des salades de citron, de la conserve, de la pâte de biscuit de citron, des confitures de l’écorce de citron. Le citron est très-bon contre les poisons. Athénée rapporte que deux Criminels ayant été condamnés à être exposés aux serpens, comme on les menoit au supplice, une Cabaretière leur donna, par pitié, un citron qu’elle tenoit en sa main, & qu’elle mangeoit. Ces Criminels le mangèrent. Un peu après étant exposés aux plus dangereux & aux plus gros aspics, & mordus rudement, ils n’en furent pourtant pas incommodés. Le Juge fort étonné demanda aux Soldats qui les avoient en garde, s’ils avoient bu ou mangé quelque chose. Ayant sçû qu’on leur avoit donné par hazard un citron, il commanda que le lendemain on en donnât encore à manger à l’un d’eux seulement. Celui qui n’en mangea point, mourut incontinent ; & celui qui en avoit mangé, ne sentit aucun mal. Les Grecs les appellent κεδρόμηλα (kedromêla).

Citron se prend aussi pour la couleur du citron. Ce taffetas est citron, de couleur de citron. Citrinus : la même chose que citrin.

Citron. (herbe de) Nom que l’on donne à la mélisse, à cause de son odeur de citron.

Citron. s. m. Espèce de poire qui ressemble assez au citron par sa figure & par sa couleur. La chair en est dure, pierreuse, & pleine de marc. Son eau est abondante & musquée. Elle se mange en Janvier & Février.

CITRONNAT. s. m. Confiture faite de peau de citron coupé en filets longs & menus, & qu’on assemble pour en faire comme un rocher. Malum citræum sectile saccharo confitum. On fait pareille chose de l’Orange, & on l’appelle Orangeade.

Citronnat est aussi une espèce de dragée, dans laquelle on enferme un morceau d’écorce de citron. Mali citræo particulæ aurato saccharo circumtectæ.

CITRONNÉ, ÉE. adj. Liqueur, ou ragoût, où l’on a mis du jus de citron. Liquor citrinus, jus citrinum. La gelée, pour être bonne, doit être citronnée. On a ordonné à ce malade de la tisanne citronnée.

CITRONNELLE. s. f. Herbe fine & odoriférante que l’on appelle encore autrement Mélisse. Les herbes fines & odoriférantes des salades, outre les autres fournitures, sont l’estragon, le baume ordinaire, le baume citronné, la civette d’Angleterre ou appétit, le coq, l’anis, le fenouil, la petite mélisse, ou citronnelle. Spect. de la Nature. Voyez Mélisse, le Basilic & la Roquette.

Citronnelle. s. f. Liqueur appelée autrement Eau des Barbades. Citronella. La citronnelle se fait avec des écorces extérieures de citron bien mûres & séchées au soleil. On les met dans une grande cucurbite de verre ; on verse dessus une quantité proportionnée de bonne eau-de-vie de Coignac. On adapte à la cucurbite son chapiteau, & à son bec un récipient, le tout bien lutté. Après avoir laissé les matières en infusion froide pendant un mois, on distille l’eau-de-vie à petit feu, & au bain-Marie. On met à part la moitié de cette distillation, qui sera la liqueur la plus forte ; & ayant fait infuser dans l’autre moitié, qui sera la plus foible, la chair des citrons, on la distille de même cinq à six jours après. Cette seconde eau servira à adoucir la première qu’on avoit mise à part. On dissoudra ensuite dans ce mêlange la quantité de beau sucre qu’on jugera à propos selon son goût. Pour rendre la citronnelle plus agréable, on peut y ajouter ou de l’eau de fleur d’orange, mais en telle quantité, que le goût de citron domine toujours, ou des fleurs de chadec. Hist. nat. du cacao & du sucre.

CITRONNIER. s. m. Citrus. Arbre qui ne diffère de l’oranger que par son fruit & par ses feuilles. La racine du citronnier est branchue, ligneuse, dure comme le buis, & à peu près de la même couleur. Son tronc, qui est d’une moyenne hauteur & grosseur, s’élève comme les orangers, & donne des branches couvertes d’une écorce verdâtre, garnies de feuilles alternes, plus pointues que celles du laurier, & d’un vert-gai, d’une odeur aromatique, & approchante un peu de l’odeur aromatique, & approchante un peu de l’odeur de leur fruit vert, sans talon à leur base, ce qui les distingue dabord de l’oranger, & accompagnée à leur naissance d’un piquant verdâtre assez roide. Ses fleurs naissent vers les extrémités des branches ; elles sont plus grandes que celles de l’oranger, ramassées plusieurs ensemble par petits bouquets : chacune de ces fleurs est composée ordinairement de cinq pétales longs, étroits, charnus, blancs en dedans, purpurins en dehors, de bonne odeur, soûtenues par un calice, au milieu duquel est placé le pistil, qui est entouré de plusieurs étamines blanches à sommets jaunes : il devient, après que la fleur est passée, un fruit oblong, garni d’une chair épaisse & douce, & dont l’écorce extérieure est d’un jaune doré, âcre, amère & très-aromatique. Il est divisé extérieurement en plusieurs cellules remplies d’une substance vésiculeuse, pleine d’un suc doux dans quelques espèces, aigre dans celle qu’on emploie en Médecine. Citreum vulgare, Inst. R. herb. Malus medica, C. B. Pin.. Les semences qui se trouvent renfermées dans ces cellules, sont semblables à celles de l’oranger ; lorsqu’elles sont dépouillées de leur écorce, elles sont purgatives, & entrent dans des tablettes, qu’on nomme Tablettes de citron, tabellæ de citro. On confit la fleur de citronnier ; elle est bonne pour les estomachs délicats : l’écorce sèche du citron est recommandée dans les poudres digestives. La chair confite du citron aigre entre dans des compositions stomachiques.

On distingue le citron d’avec le limon par la grosseur du fruit & l’épaisseur de sa chair : le limon est ordinairement plus petit, plus arrondi, & a une chair mince ; d’ailleurs il est plus pâle, & a moins d’odeur que le citron. Le cédrat est une espèce de citron dont on tire une essence très-agréable. Le citron de Madère est un petit citron vert, gros comme une noix muscade ; on nous l’envoie tout confit de nos Îles d’Amérique, où il est à présent fort commun. Palladius fut le premier qui peupla l’Italie de citronniers, qu’il avoit apportés de Médie ; on en apporta ensuite d’Assyrie, d’où vient le nom de Malus Medica, ou Malus Assyria. Ferrarius, Jésuite, a écrit un Traité de la Culture des Orangers, intitulé Ferrarii Hesperides.

CITROUILLE. s. f. Est le nom qu’on donne dans l’usage ordinaire à une sorte de plante cucurbitacée, appelée en latin Pepo, que les Traducteurs ont nommé Pepon ou Pompon. Cette plante jette plusieurs tiges longues, rampantes, couchées sur terre, & qui grimpent sur les corps voisins auxquels elles se lient fortement par le moyen de quelques vrilles. La grosseur de ces tiges n’excède guère celle du pouce ; elles sont aussi pour l’ordinaire, creuses, rudes au toucher & pleines de suc. Les feuilles qu’elles poussent, sont alternes, fort grandes, arrondies & portées par des queues longues, rudes comme les tiges, & pareillement pleines de suc & creuses. Ses fleurs sont grandes, jaunes, en forme de cloche évasée, & échancrées en cinq parties. Elles sont stériles ou fertiles : celles-ci portent un fruit qui sert comme de pédicule ou de calice à la fleur, qui étant mûr, est composé d’une écorce extérieure qui est comme ligneuse, & d’une chair. Il est divisé intérieurement en trois loges, qui renferment chacune deux rangs de semences de la grandeur, figure & grosseur d’une amande, & comme bordées d’une manière d’anneau. Ce fruit varie beaucoup ; il est tantôt long, tantôt rond, tantôt lisse, tantôt raboteux & couvert de verrues, tantôt jaunâtre, tantôt couleur de chair & tantôt blanchâtre. Il y en a de si prodigieux, qu’un ou deux font la charge d’un homme. Lorsque la citrouille est bien mûre, elle est creuse dans son milieu, & on en mange une partie de l’hiver dans les potages. On la rotit, on la frit on l’assaisonne avec le beurre, le lait, le sel, & de quelque façon qu’on l’apprête, elle donne peu de nourriture. Ses semences sont du nombre des semences froides majeures, & leur moëlle est fort douce. Cette plante, quoi qu’étrangère, est devenue très-commune dans nos jardins, & même il n’y a pas de plante potagère dont la semence lève plus aisément. On en a vu lever qui étoit vieille de plus de dix à douze ans. Citrouille aoûtée, est celle qu’on cueille après le mois d’Août. Dans les Indes, on frotte les chevaux de fleurs de citrouilles, pour les empêcher d’être incommodés des mouches.

On appelle figurément & bassement une femme dont la taille est grosse & mal faite, une grosse citrouille.

La plante que les Botanistes ont appelée citrouille, en latin, anguria citrullus dicta, diffère de la précédente ; 1°. par ses feuilles qui sont plus petites & découpées fort profondément ; 2°. par les fruits qui sont moins gros, ordinairement ronds, d’un vert-foncé, taché de quelques marques blanchâtres : 3°. par la chair de ses fruits, qui est le plus souvent rougeâtres ; 4°. par ses semences, qui sont plus petites & rougeâtres, ou noirâtres. Ce fruit est fort rafraîchissant, & ses semences sont du nombre des semences froides. On peut ajouter que cette citrouille dans l’usage ordinaire, est connue sous le nom de Melon d’eau ou Pastèque. On cultive en plusieurs jardins de Provence, & dans plusieurs endroits de l’Espagne & de l’Italie, le Pastèque ; & il y donne des fruits gros au plus comme la tête d’un enfant. Il est rempli d’un suc aqueux, agréable, doux & rafraîchissant. Dans les pays du nord, il ne profite pas, & il n’y a pas la même douceur. Les jardins d’Egypte sont remplis de plusieurs Pastèques qui varient beaucoup, & diffèrent les uns des autres ; c’est dommage qu’elles ne puissent pas réussir en France. Bélon fait mention de quelques-unes dont les fruits sont extrêmement gros. M. Lippi y en a aussi observé plusieurs espéces fort particulières. Le Brésil, le Malabar & presque toutes les Indes sont remplies de quantité de plantes qui sont de la famille des cucurbitacées ; il y a même certaines de ces plantes qu’on pourroit rapporter au genre de citrouille. On pourroit aussi, par la culture, leur faire perdre ce goût sauvage qu’elles ont, & nous les rendre familières & utiles dans les jardins potagers.

CITTA. s. f. Mot Italient, abrégé de Civita. Il signifie ville, cité, & nous le conservons en françois dans quelques noms de lieux d’Italie. Civitas. Ainsi nous disons, Città Vecchia, c’est-à-dire, ville vieille, qui étoit la capitale de l’Île de Malte, avant que le Grand Maître de la Valette y eut fait bâtir la ville de Malthe. Città di sole, ou ville du soleil, est dans l’Apennin entre Césène & Forli. Città di castello, ville épiscopale de l’Etat de l’Eglise, sur le Tibre, capitale d’un Comté qui porte le même nom, & qui a la Toscane au couchant, le Pérusin au midi, au levant & au nord le Duché d’Urbin. Il y a trois Città Nova, l’une dans la Marche d’Ancône, qui a titre de Duché ; l’autre dans la Marche Trévisane, qui étoit autrefois un Evêché, & qui n’est plus qu’un bourg. La troisième est sur la côte d’Istrie, & dépend des Vénitiens depuis 1270 qu’elle se donna à eux.

CIV.

CIVADE. s. f. Poisson d’étang de mer, couvert d’une croûte, & grand comme le doigt. La civade a le corps moucheté & plusieurs petits piés. Sa chair est douce, & rouge lorsqu’elle est cuite. Rond.

Ce mot signifie aussi en Provence l’avoine que l’on donne aux chevaux. Il vient de l’Espagnol, cevada, ☞ ou simplement de cival que l’on dit dans ce pays pour cheval. Civada, grain pour le cival.

CIVADIÈRE, s. f. terme de Marine. C’est la voile du mât de beaupré qui est sur la proue. Acclive ad proram mari velum. Elle a deux grands trous, afin que l’eau se puisse écouler, quand il arrive qu’elle touche la mer, car elle est fort inclinée. La civadière sert plus à soûtenir le navire, & à le dresser vers le haut, qu’à le pousser en avant.

CIUDAD. Nom purement Espagnol, mais que nous disons en notre langue dans le nom de quelques lieux d’Espagne, ou des Indes, qui dépendent des Espagnols. Il signifie cité, & s’est formé du Latin civitas. Il y a en Espagne, Ciudad Real, civits Regia, Ville de la nouvelle Castille. Ciudad Rodrigo, Rodericopolis, Ville épiscopale du Royaume de Léon sur la rivière d’Agnada, qui est l’ancienne Mirobriga, ou qui a été bâtie de ses ruines en 1200, par Ferdinand II, Roi de Léon. Ciudas de la palmas, en Latin civitas Palmarum, est un nom qu’on donne à la ville capitale de la grande Canarie. Ciudad de Iglesias, en Latin Ecclesiarum civitas, est dans la Sardaigne au midi. Ciudad de los Royes, en Latin, Regum civitas, est une ville d’Amérique sur la grand rivière de Guatapory. Ciudad del Rey Phelippe, c’est-à-dire, Civitas Regis Philippi, ville de la terre Magellanique, bâtie en 1585, & ainsi nommée à l’honneur de Philippe II. Elle a été depuis abandonnée.

☞ CIVE. s. f. Cœpula ou cepula. Petite plante potagère qu’on met dans les ragoûts & dans les fournitures de salade. Sa racine est un assemblage de petites bulbes, à peu-près comme dans l’échalotte. On en compte trois espèces, la cive de Portugal, la grosse cive d’Angleterre, & la petite cive, autrement appelée civette. Elles s’emploient toutes trois aux mêmes usages, & ne diffèrent, que par la largeur de leurs feuilles. Les fleurs en sont purpurines, faites en petit paquet, où se forme une petite graine.

☞ CIVEDA. Petite Ville, sur l’Oglio, à dix lieues de Bresse, de la dépendance des Vénitiens.

☞ CIVELLE. s. f. Petit poisson, fort commun dans la Loire, depuis Angers jusqu’à la mer. Quelques-uns croient que c’est du frai d’Anguilles, & non une espèce particulière.

☞ CIVENCHEN. Ville considérable de la Chine, dans la Province de Fokien, elle a six autres Villes dans sa dépendance.

CIVERAGE, s. m. terme de coutumes. Civeragium. C’est un droit dû en quelques endroits aux Seigneurs, & payable en avoine ☞ par les Tenanciers des terres dont il leur a fait la concession. Quelques Auteurs écrivent cinerage.

CIVES. s. f. pl. Ce sont de petites pièces de verre taillées en rond dont on faisoit autrefois les vitres. On en voit encore en Allemagne. Circulares vitra particula.

☞ CIVET. s. m. C’est ainsi qu’on appelle, en termes de cuisine, un ragoût fait de chair de liévre avec du bouillon, du vin, de l’oignon & des assaisonnemens convenables. Mettre un Liévre en civet. Faite un Civet de liévre.

CIVETTE. s. f. Petit animal quadrupède dont on tire un parfum de même nom. Feles odorata, zibetta. Elle est de la taille d’un chat, ou d’une grosse fouine. Elle a d’ordinaire vingt pouces de long, & sa queue dix. son poil, qui est court sur la tête & aux pattes, est fort long sur le reste du corps, ayant quatre pouces & demi sur le dos. Il est dur & rude, & entremêlé d’un autre plus court & plus doux, frisé comme de la laine, qui est gris-brun. Le grand poil est de trois couleurs, faisant des taches & des bandes, les unes noires, les autres blanches, & les autres roussâtres ; mais le noir est la couleur dominante sur le corps. Le nez, le ventre, le dessous de sa gorge, sont noirs, aussi bien que ses piés qui sont courts, qui aboutissent en cinq doigts & un ergot, & qui ont des ongles noirs, non crochus & peu pointus. Ses oreilles sont plus petites & moins pointues que celles d’un chat, noires par dehors, bordées de blanc, & blanches par dedans. Sa queue est noire par dessus, & mêlée d’un peu de blanc par dessous. Elle a les yeux enfermés dans deux taches noires, & on dit qu’ils éclairent la nuit comme ceux des chats. Le dessus de la tête, jusqu’aux oreilles, est gris. Elle a sur le cou quatre bandes noires sur un fond fort blanc. Elle a aussi quelques taches, que Pline appelle des yeux dans la panthère, mais qui ne sont point isolées. Ses dents sont canines, & souvent rompues, car c’est un animal farouche qui les rompt en mordant les barreaux de fer de sa cage, quand il est renfermé. La poche, ou le sac, où est le parfum qu’on appele civette, est au dessous de l’anus. Elle a deux pouces & demi de large, & trois de long. Sa capacité peut contenir un petit œuf de poule. On en fait sortir la liqueur odorante d’un grand nombre de glandes qui sont entre les deux tuniques de ses poches. Scaliger & Mathiole croient que le parfum de la civette, zibettæ odoramentum, n’est autre chose que sa sueur : mais cela est faux, aussi-bien que ce qu’ils disent qu’elle se perfectionne avec le temps, & que le reste du corps sent bon.

Barbe, dans son Parfumeur françois, a suivi l’opinion de Scaliger & de Matthiole, & dit que l’on tient cet animal enfermé dans une cage de fer, que les personnes qui gouvernent ces animaux savent connoître le temps qu’il faut prendre pour les faire suer, qu’ils mettent alors plusieurs réchauds plein de feu autour de leurs cages ; que cela aide au naturel de l’animal, & que comme la sueur en est fort épaisse, on ramasse avec un couteau d’ivoire toute la sueur qui se trouve sous ses écailles ou entre ses cuisses, & que c’est ce que nous appelons la civette. Tout cela est faux, & d’ailleurs cet animal n’a point d’écailles.

Plusieurs croient avec Bélon, que notre civette n’est autre chose que l’hyène dont parle Aristote, ou que c’en est une espèce. Mais Scaliger, Ruel, Matthiole, Léon Africain, Busbec, Aldrovandus, & autres modernes, veulent que la civette ait été inconnue aux Anciens, & que ce soit une espèce de chat. Les civettes sont fort communes au Royaume d’Issiny en Guinée. Les Nègres les suivent à la piste pour recueillir le suc qu’elles laissent sur les herbes. P. Loyer.

Ce mot vient de l’Arabe zibet ou zebet, qui signifie écume ; car en effet cette liqueur est écumeuse en sortant, & fort blanche ; & elle perd sa blancheur, quand elle est reposée. Cela est tiré des mémoires de M. Perrault. Le Pere Ange de S. Joseph dit qu’il a vu plusieurs fois à Bassora le gatto zibetto, & que c’est une fouine qu’on frappe avec un petit bâton jusqu’à tant qu’elle sue le musc. On enferme ces civettes fort étroitement, pour en tirer la sueur qui coule entre leurs aînes, & cela une fois par jour. Elle sont d’un grand revenu ; mais elles dépensent beaucoup. Toutes les fois qu’on en veut ramasser la sueur, on leur met le cou dans une fourche, afin de s’en rendre maître ; parce qu’elles sont fort méchantes, & ne s’apprivoisent point.

On appelle aussi civette, la liqueur épaisse & odoriférante qu’on tire de la civette.

La Civette, lorsqu’elle est nouvelle, est blanche, elle n’est pas encore en état d’être employée, & lorsqu’elle est trop vieille, elle est toute brune, elle n’est pas bonne non plus ; mais il faut qu’elle soit d’un jaune doré, & d’une très-forte odeur, qui soit pourtant agréable, & sur-tout qu’elle ne file pas, car il y auroit danger qu’elle ne fût mêlée de miel. Barbe.

☞ Il faut préférer la civette du mâle à celle de la femelle, laquelle est souvent mêlée avec l’urine de la bête, qui l’altère beaucoup. Histoire des voyages.

Civette est aussi un oiseau nommé plus communément Chouette. Voyez ce mot. Un des Erranti de Bresce, qui avoit pris le surnom d’Il Notturno, s’étoit donné pour devise une civette, avec cet hémystiche, Per amica silentia Lunæ.

Civette est aussi une petite plante potagère. Petite cive. Cepula minor. Elle se coupe menu, & s’emploie dans les salades & ragoûts. Voyez Cive.

CIVIDAL, CIVIDALE. Mot Italien, qui ne se dit que d’une ville d’Italie, nommée par les Latins forum Julii, & capitale du Frioul, auquel elle a donné son nom ; on la nomme Cividale, Cidivale del Frioul, comme on le voit dans l’Histoire du Frioul de Palladio, L. II, p. 58. Elle s’appelle aussi Cividale d’Austria, parce que sur la fin du treizieme siècle elle fut soumise à Ottocare, Roi de Bohême & Prince d’Autriche, dit le même Auteur, L. VI, p. 253, 254. Ainsi Maty & les Géographes qui disent, soit dans leurs Carres, soit ailleurs, Cividad, ou Ciudad, se trompent. Cette terminaison est Espagnole, & ne convient ni à la langue françoise, ni à l’italienne ; il faut dire Cividad ou Cividale, avec l’Atlas, Thomas Corneille, &c.

CIVIÈRE. s. f. Sorte de petit brancard, à quatre bras, ☞ sur lequel deux hommes portent à bras ou par le moyen de bricolles ou bretelles, de gros fardeaux. Brachiata crates. Dans les ateliers on appelle bar, des civières à bras, & dans l’Eglise, on appelle des civières à cou celles sur lesquelles on porte des Reliques, des pains benis.

On dit en proverbe, cent ans bannière, & cent ans civière : ☞ pour marquer les révolutions & les changemens de fortune qui arrivent dans les maisons.

CIVIL, ILE. adj. ce qui regarde la police, le bien public, le repos des Citoyens. Civilis. Il faut punir séverement tous les crimes qui blessent la société civile. Les guerres civiles sont les plus cruelles, & les plus dangereuses de toutes. Il n’est pas nécessaire de se détacher de la vie civile, ni de rompre tout commerce avec les hommes, pour s’unir à Dieu. S. Evr. Un mineur est incapable des moindres actes de la vie civile. C. B.

Civile se dit aussi, en parlant des états produits par le fait des hommes ; état civil, société civile, gouvernement civil. De tous les états produits par le fait des hommes, il n’y en a point de plus considérable que l’état civil ou celui de la société civile & du gouvernement. Le caractère essentiel de cette société, qui la distingue de la simple société de nature ; (Voyez Société.) c’est la subordination à une autorité souveraine qui prend la place de l’égalité & de l’indépendance.

☞ Originairement le genre humain n’étoit distingué qu’en famille & non en peuples. Ces familles vivoient sous le gouvernement paternel de celui qui en étoit le chef, comme le pere ou l’ayeul. Mais ensuite étant venues à s’accroître, & à s’unir pour leur défense commune, elles composèrent un corps de nation, gouverné par la volonté de celui, ou de ceux à qui l’on remettoit l’autorité. De-là vient ce qu’on appelle le gouvernement civil, & la distinction de Souverain & de sujets. Voyez cet mots, & Loi naturelle.

☞ Ainsi pour se faire une juste idée de la société civile, il faut dire que c’est la société naturelle elle-même, modifiée de telle sorte, qu’il y a un Souverain qui y commande, & de la volonté duquel tout ce qui peut intéresser le bonheur de la société dépend en dernier ressort, afin que sous sa protection & par ses soins, les hommes puissent se procurer d’une manière plus sûre le bonheur auquel ils aspirent naturellement. Voyez Souverain, fondemens de la Souveraineté.

☞ L’Etat civil & la propriété des biens ont donné lieu à plusieurs autres établissemens qui font la beauté & l’ornement de la société, & d’où résultent tout autant d’états accessoires : comme sont les différentes charges de ceux qui ont quelque part au gouvernement, des Magistrats, des Juges, des Officiers des Princes, des Ministres de la religion, des Docteurs, &c. à quoi l’on doit ajouter tous les arts, les métiers, l’agriculture, la navigation, le commerce avec toutes leurs dépendances : ce qui forme tout autant d’états particuliers, par où la vie humaine est si avantageusement diversifiée.

Le mot de civil s’applique particulièrement aux Loix Romaines qu’on a reçues en plusieurs endroits de l’Europe ; & est opposé au Droit Canon, & au Droit municipal & coutumier. Jus civile. Tribonien a fait une Compilation du Droit Civil par l’ordre de Justinien, composé du Digeste, du Code & des Institutes : & c’est ce qu’on appelle le Corps du Droit Civil. La Gascogne, le Languedoc, le Lyonnois, se régissent par le Droit Civil, qu’on nomme autrement le Droit écrit. A Paris on ne reçoit pas le Droit Civil comme une décision, mais comme une raison. On y a rétabli depuis peu les Ecoles du Droit Civil & du Droit Canon. Docteur, Licencié en Droit Civil & Canon. Cujas a été un célèbre Professeur du Droit Civil.

Civil, en termes de Palais, est la procédure ordinaire qu’on fait dans les procès pour le commerce & pour l’intérêt pécuniaire, & est opposé à criminel. Dans ce sens on dit, Lieutenant Civil, Ordinaria cognitionis judex ; & Lieutenant Criminel, Capitalium rerum Prætor ; un Juge Civil, Judex ordinarius ; & Criminel, Judex rerum criminalium, capitalium. La Chambre Civile du Châtelet. Un Greffe Civil. Ordinariæ causæ tribunal, tabularium. Une partie civile, est celle qui poursuit un procès criminel pour son intérêt particulier. Adversarius civile jus persequens. Des conclusions civiles sont des écritures qu’on fait pour demander des intérêts civils, des dédommagemens pour la partie offensée.

On appelle Interêts civils, le dédommagement dû à quelqu’un sur le bien d’un criminel, à cause du tort qu’il a souffert par le crime commis. Acad. Fr.

Requête civile, est une voie de Droit, par laquelle on se pourvoit contre les Arrêts des Cours Souveraines, ou contre les Sentences rendues par les Présidiaux au premier chef de l’Edit. Libellus supplex ad impetrandam judicatæ litis novam disceptationem. Elle diffère de la proposition d’erreur, en ce que par la requête civile on se plaint seulement du fait de la partie civile, & des suppositions ou des surprises faites aux Juges : au lieu que par la proposition d’erreur on accuse le fait des Juges, qui se sont trompés eux-mêmes. C’est pourquoi celle-ci n’est plus en usage. La requête civile s’obtient par Lettres de Chancellerie sur une consultation de deux anciens Avocats. Les ampliations de requête civile, ou les ouvertures de requête civile, sont le dol personnel, contrariété de jugemens, procédures mal observées, pièces fausses qui ont servi de fondement à l’arrêt, pièces nouvellement recouvrées, retenues par le dol de la partie, & autres cas mentionnés en l’article 34 du titre 35 de l’Ordonnance de 1667. On ne reçoit plus les requêtes civiles, s’il n’y a ouverture en la forme, quand il y auroit de l’erreur au fond, & sans consigner une amende de 450 livres.

On appelle mort civile, ce qui emporte un retranchement de la société civile, comme une condamnation aux galères perpétuelles, à un bannissement perpétuel, ou une condamnation à mort par contumace, qui font qu’on ne regarde plus un homme comme citoyen. Mors civilis. On le dit aussi de ceux qui n’ont plus la faculté d’agir en des affaires temporelles, comme ceux qui ont renoncé au monde, qui ont fait des vœux dans les Monastères ; ce qui est sujet à exception.

Guerre civile. On appelle ainsi la guerre que se font entr’eux les peuples d’un même Etat, ou les Citoyens d’une même ville. Bellum civile. Les guerre civiles sont toujours plus cruelles que les guerres étrangères.

Civil, se dit aussi de la manière d’agir & de converser avec les autres hommes dans la société, & se dit de celui qui par des manières honnêtes fait rendre des honneurs convenables à ceux qu’il rencontre. Nous sommes honnêtes, dit M. l’Abbé Girard par l’observation des bienséances & des usages reçus dans la société. Nous sommes civils par les honneurs que nous rendons à ceux qui se trouvent à notre rencontre. Nous sommes polis par les façons flatteuses que nous avons dans la conversation & dans la conduite pour les personnes avec qui nous vivons. Nous sommes gracieux par des airs prevenans pour ceux qui s’adressent à nous ; les manières civiles sont un témoignage de respect. souvent dans l’usage on étend la signification de ce mot. Voyez Civilité M. de S. Evr. a employé ce mot substantivement. Un civil par excès est plus fâcheux qu’un incivil. S. Evr.

CIVILEMENT, adv. d’une maniere civile. Civiliter. L’action de faux se peut poursuivre civilement & criminellement.

On dit aussi, qu’un homme est mort civilement, quand il est condamné à mort par contumace, aux galères perpétuelles, à un bannissement perpétuel, ou quand il a fait profession dans un Monastère : car alors il est censé à certains égards retranché de la société civile, privé des droits & des fonctions de la société civile.

Civilement, signifie aussi honnêtement. Comiter, humaniter, officiosè. Cet homme m’a traité, m’a reçu fort civilement ; il en a agi fort civilement avec moi.

CIVILISATION, s. f. terme de Jurisprudence. C’est un acte de justice, un jugement qui rend civil un procès criminel. La civilisation se fait en convertissant les informations en enquête, ou autrement.

☞ L’ami des hommes a employé ce mot pour sociabilité. Voyez ce mot. La religion est sans contredit le premier & le plus utile frein de l’humanité : c’est le premier ressort de la civilisation. Elle nous prêche, & nous rappelle sans cesse la confraternité, adoucit notre cœur.

CIVILISER, v. a. rendre civil & poli, traitable, sociable. Aliquem ad omne officii munus instruere.. La Prédication de l’Evangile a civilisé les peuples barbares les plus sauvages. Ad humanitatem informare. Il n’y a rien de plus propre à civiliser & à polir un jeune homme que la conversation des Dames.

Civiliser, en termes de Palais, signifie, recevoir un criminel en procès ordinaire, ou rendre un procès civil de criminel qu’il étoit. Causam a capitalium rerum tribunali ad cognitionis ordinariæ judicium transferre. Ce procès, qui étoit à la Tournelle, a été civilisé, & renvoyé aux Enquêtes, pour y procéder par action civile.

CIVILISÉ, ÉE. part. Il a les significations de son verbe, en latin comme en françois. Peuple civilisé. Procès civilisé.

CIVILITÉ. s. f. Manière honnête d’agir, de converser dans la société. Civilitas.

☞ La civilité est un cérémonial de convention, établi parmi les hommes, de se donner les uns aux autres des démonstrations extérieures d’amitié, d’estime & de considération.

☞ M. l’Abbé Girard donne à ce mot une signification moins étendue & ne considère la civilité que comme un empressement de marquer des égards & du respect aux autres. Sous ce point de vue ce n’est qu’un pas vers la politesse, & c’est une qualité réservée aux personnes d’une condition inférieure.

La civilité est un certain jargon que les hommes ont établi pour cacher les mauvais sentimens qu’ils ont les uns pour les autres. S. Evr. La civilité est comme la beauté ; elle commence, & elle fait les premiers nœuds de la société. Mont. La civilité n’est autre chose qu’un commerce continuel de mensonges ingénieux pour se tromper mutuellement. Fléch. Il est assez difficile de distinguer la flatterie d’avec la civilité, & la politesse du monde. M. Scud. La civilité est un desir d’être estimé poli en certaines occasions. La Roch. La civilité a augmenté parmi nous à mesure que la politesse s’y est introduite. Cail. Il vaudroit mieux se contenter d’une civilité froide qui n’offense point, que de se trahir par une civilité excessive, qui attire les importuns. M. Scud. Combien de haines secrettes ne couvre-t-on pas sous des apparences de civilité affectée ? Les civilités gênantes & étudiées sont importunes. Bell. Le véritable esprit du monde a trouvé l’art d’introduire une certaine civilité familière, qui rend la société agréable & commode. S. Evr. Ceux qui sont élevés dans les premiers rangs doivent s’abaisser en quelque manière par leurs civilités, pour jouir de leur prééminence. Maleb. La civilité n’est bien souvent qu’une envie de passer pour poli, & une crainte d’être regardé comme un homme sauvage & grossier. M. Esp.

Civilité se prend généralement pour complimens, paroles, actions obligeantes, gracieuses, & autres devoirs de la vie. Officiosa verba, comitas. Dans ce sens il a un pluriel. Faire civilité à quelqu’un, lui faire des civilités. Après les premières civilités de part & d’autre.

Civilité se dit aussi d’un livre qui enseigne les règles de la civilité. Liber ad politam morum elegantiam, scitam urbanitatem erudiens. Une civilité françoise. On dit proverbialement d’un homme qui manque aux devoirs les plus ordinaires de la civilité, qu’il n’a pas lu la civilité puérile, qui est le titre d’un ancien livre.

CIVIQUE. adj. Epithète qu’on donnoit à des couronnes de chêne, qu’on accordoit autrefois à Rome à ceux qui dans la guerre avoient sauvé un citoyen dans une bataille, ou dans un assaut. Corona civica. Elle étoit fort estimée, & fut même donnée à Auguste, qui fit à cette occasion frapper des monnoies avec cette devise, Ob cives servatos ; c’est-à-dire, pour avoir sauvé des citoyens. On la donna aussi à Cicéron, après qu’il eut découvert la conjuration de Catilina.

CIVITA. s. f. Mot italien, que nous disons aussi dans des noms propres de lieu. Civitas. Il s’est formé de ce mot latin. Civita est une petite ville de l’Etat de Venise dans le Bressan. Civita Castellana est une petite ville de l’Etat de l’Eglise dans le Patrimoine de S. Pierre. Civita Ducale, ou Reale, c’est-à-dire, ville Ducale ou Royale, petite ville Episcopale de l’Abbruzze ultérieure, sur les confins de la campagne de Rome. Civita di Penna, en latin, Penna, Pinna, ville Episcopale de la Calabre ultérieure. Civita della Pieve, en françois, Ville du peuple. Civitas Plebana. Petite ville Episcopale du Pérugin dans l’Etat de l’Eglise. Civita Vecchia, que nous prononçons quelquefois Civita Veche, c’est-à-dire : Ville vieille, Civitas Vetus, est une ville de l’Etat de l’Eglise dans le Patrimoine de S. Pierre. Elle a un fort bon port, qui sert de retraite ordinaire aux Galères du Pape. Innocent XIII l’a déclarée port franc, & lui a donné de grands privilèges pour y attirer le commerce. C’étoit autrefois un Evêché : on l’a réuni à celui de Viterbe. L’Abbé Chastelain écrit toujours dans son Martyrologe. Civita vecque, & tout en un mot ; & Tillemont, Civita Vecchia, comme en italien.

CIVITELLE. Nom d’une petite ville d’Italie. Civitella. Cette ville est dans l’Abruzze, au Royaume de Naples.

Ce mot est un diminutif formé du mot latin civitas, ville.

CIUN. Voyez Chiun.

CIURAN. s. m. Nom d’homme. Cyprien. Cyprianus. S. Ciuran, près de Poitiers, est un Monastère de la Congrégation de Toron.

Ce mot s’est fait par corruption de Cyprianus.

☞ CIVRAY. Petite ville de France, en Poitou, sur la Charente, à neuf lieues de Poitiers.

CIZ.

☞ CIZE. Nom qu’on donne à un des districts dans lesquels la basse Navarre est divisée. S. Jean-pied-de-port en est le chef-lieu.

CLA.

CLABAUD. s. m. Chien courant à grandes oreilles pendants, & qui se récrie mal-à-propos sur les voies. Nicod dérive ce mot de l’hébreu cheleb ou chalab ou du pluriel chelabim, qui signifie chien. Clamosus canis.

On dit figurément & populairement qu’un chapeau fait le clabaud, quand un de ses bords baisse plus d’un côté que d’autre. Petasus cujus oræ pars in alteram aurem dependet, petasus ex altera parte pendens. On dit autrement qu’il baisse l’oreille, comme font les chiens clabauds.

Clabaud signifie figurément sot, bavard, qui parle beaucoup & mal-à-propos. C’est un vrai clabaud. Il est populaire. Clamator, clamosus.

CLABAUDAGE. s. m. Le bruit que font plusieurs chiens qui clabaudent. Il se prend aussi quelquefois dans le sens de clabauderie. Clamitatio.

CLABAUDEMENT, s. m. pour clabauderie, criaillerie importune, se trouve dans la Satyre Ménippée, p. 80 de l’édit. in-8o. « Vous n’oyez plus aux classes ce clabaudement latin des Régens qui obtondoient les oreilles de tout le monde… »

CLABAUDER. v. n. Aboyer fortement, comme font les chiens clabauds qui aboient ordinairement sans être sur les voies de la bête. Allatrare, oblatrare.

Clabauder se dit aussi de l’aboi des mâtins.

Clabauder se dit figurément des hommes qui déclament trop fort, qui crient beaucoup, mal-à-propos & sans sujet. Clamitare, blaterare, blatire nugas. Cet Avocat ne fait que clabauder, au lieu d’apporter de bonnes raisons. Vous clabaudez en pédant sur des vétilles de Grammaire. Saint Amant.

Il est aussi quelquefois actif. Allatrare aliquem, alicui oblatrare. Que deviendrai-je entendant les Libraires me clabauder ? Bois-R. Naudé a dit clabauder ; pour dire, crier quelque chose par les rues, comme font les Colporteurs. Je crois ne pouvoir mieux faire que de commencer la ressource de ma fortune en clabaudant, comme tant d’autres, de ces petits libelles. Masc.

CLABAUDERIE. s. f. Criaillerie, cris fatiguans & ennuyeux. Clamor importunus. Il m’étourdit les oreilles avec ses clabauderies. Tous ces termes sont du style bas.

CLABAUDEUR, s. m. qui clabaude, qui fait bien du bruit pour peu de chose. Clamator, clamosus. On dit au féminin clabaudeuse.

CLABAUDIER pour CLABAUDEUR. Apollon, art. 6 de son Ordonnance, interdit tous Avocats citateurs, clabaudiers & déclamateurs. Parnasse réformé, p. 153. Tous ces termes sont du style très-familier.

☞ CLACKMANNAN. Ville d’Ecosse, dans la province de Sterling, sur le Golfe de Firth.

CLACQUER. Voyez Claquer.

CLADOTERIES. s. f. pl. Fêtes qu’on célébroit dans le temps que les vignes se taillent. Hésychius en fait mention, Du grec κλάδος (klados), rameau.

☞ CLAGENFURT. Clagefurtum, autrefois Claudia. Ville d’Allemagne, capitale du Duché de Carinthie.

CLAIE. s. f. Ouvrage de Vannier fait d’osier, servant à divers usages. Crates. Une claie est faite ordinairement de branches entrelacées les unes dans les autres. Il y a des claies à claires voies, d’autres serrées. On met des claies devant les fenêtres, derrière les lits. Il y a des claies qui servent à nettoyer les habits, & d’autres qui servent à faire sécher des fruits. Il y a aussi des claies de bois plus grossier, comme celles des ateliers, qui servent à passer le sable pour en séparer les cailloux ; des claies à clore les bateaux de charbon ; des claies qui servent à faire des digues, à entretenir des ouvrages de fortification faits de terre sablonneuse & fraîchement remuée, à passer des fossés marécageux. Les Jardiniers se servent de claies pour passer les terres. On appelle aussi claie, ce qui sert aux Bergers pour enfermer leurs troupeaux quand ils parquent.

Ce mot de claie a été fait a claudendo. Du Cange dit qu’on l’a appelé dans la basse latinité cleia, claia, cleta, clitella & clida, dont il croit que ce mot est dérivé.

Claie est aussi une grosse échelle de charpente attachée derrière une charrette, sur laquelle on fait traîner par la ville ceux qui ont été tués en duel, ou qui se sont défaits eux-mêmes.

CLAIMER, vieux verbe, avouer, nommer. Ce terme est encore usité au Parlement de Rouen, & dans la Coutume de Normandie, où il signifie retraire : on y dit aussi clainer.

☞ CLAIN. s. m. Terme de Coutumes, qui a différentes significations dans différens endroits. C’est en général, demande, clameur faite en jugement : en quelques endroits, saisie, dans d’autres, amendes due par celui qui succombe ; ailleurs amende due pour les bêtes prises en délit.

Clain de degagement. Saisie & arrêt que font les Ouvriers & les Domestiques sur le meubles du débiteur pour leurs salaires ou gages. Clain de rétablissement, action en réintégrande.

Clain. Rivière de en France Poitou. Elle passe à Poitiers, & va se décharger dans la Vienne au dessous de Chatelleraut.

☞ CLAIR, AIRE. adj. Ce mot a différentes acceptions. En Physique il est relatif à la quantité de rayons que réfléchit un corps, & quelquefois à la quantité de matière ou de parties solides qu’il contient. Une couleur claire, une étoffe claire.

Clair se dit des objets qui répandent beaucoup de lumière, soit qu’ils aient cette lumière d’eux-mêmes, soit qu’ils l’aient par emprunt. Clarus. Dans le premier cas il convient au soleil & aux étoiles qui brillent par leur propre lumière. Dans le second cas, il se dit de la lune & des planètes qui luisent d’une lumière empruntée. La lune est claire. Vénus est la plus claire des planètes.

☞ En général le mot clair s’applique aux objets qui ont le degré de lumière nécessaire pour être pleinement distingués & connus.

Ce mot vient du latin clarus, qui en sa première signification veut dire un illustre, celui qui est publié victorieux à haute voix.

Ce mot vient donc du grec κλῶ (klô), d’où vient, καλῶ, καλέω (kalô, kaleô), voco ou publico, alta voce pronuntio. Martinius.

On dit aussi au substantif, le clair de la lune. Luna lucida.

Clair se dit aussi des lumières élémentaires, du feu, & des autres choses qui en participent. Le fagot fait un feu clair. Une bougie rend une lumière plus claire qu’une chandelle.

Clair signifie encore, ce qui reçoit beaucoup de lumière, & qui est opposé à obscur. Cet appartement est clair, cet autre est obscur. Autrefois les Eglises étoient fort obscures ; maintenant on les fait fort claires.

Clair se dit encore des surfaces nettes & polies qui réfléchissent beaucoup de lumière. Les miroirs d’acier sont plus clairs que ceux de verre, parce qu’ils souffrent un plus beau poli. Ces chenêts sont si clairs, qu’il semble que ce soient des miroirs. C’est en ce sens qu’on dit un teint clair, quand il est uni, vif & poli ; à la différence de celui qui est plombé, ou de celui qu’ont les personnes indisposées.

Clair-brun se dit des cheveux. On appelle cheveux clairs-bruns, des cheveux d’un brun moins foncé. Et on dit d’une femme qui a les cheveux de cette sorte, qu’elle est clair-brune.

On dit aussi, que le blanc est une couleur claire, parce qu’elle naît d’une réflexion de beaucoup de lumière : que le noir n’est pas clair, parce que la lumière se perd, s’absorbe dans ses pores. Lucidus.

Clair, en termes de Peinture, se prend substantivement, & se dit des parties qui réfléchissent plus de lumière, qui sont composées de couleurs plus hautes, plus frappantes. Lucidus color. La science du Peintre est de bien ménager les clairs d’un tableau, les teintes, les ombres, ou bruns, & les enfoncemens.

Clair se dit encore en Peinture d’un ton naturel, & non rembruni.

On appelle encore ainsi dans les ouvrages de tapisserie, les laines & les soies claires qui servent à rehausser l’ouvrage. Cet ouvrage de tapisserie est presque achevé, il n’y a plus que les clairs à mettre : les clairs sont bien distribués.

Clair-obscur, s. m. terme de Peinture. Par ce mot on entend l’art de distribuer avantageusement les lumières & les ombres qui doivent se trouver dans un tableau, tant pour le repos & pour la satisfaction des yeux, que pour l’effet du tout ensemble. De Piles. Ce Peintre entend bien le clair-obscur ; pour dire, qu’il donne à ses figures un grand relief, qu’il les débrouille & les détache bien par le moyen de la lumière & des ombres.

Clair obscur signifie aussi un dessein qui n’est fait qu’avec deux couleurs, ordinairement de blanc & de noir, & quelquefois de jaune : ou un dessein qui n’est lavé que d’une couleur brune, & les jours rehaussés de blanc. Color lucidus obscuro ritè temperatus. On le dit aussi des estampes de deux couleurs qu’on tire à deux fois, dont on voit des volumes chez les curieux d’estampes.

Le mot de clair-obscur est composé de deux autres mots, comme on le voit : par le mot de clair, on entend non-seulement la lumière, mais aussi toutes les couleurs qui sont lumineuses de leur nature ; & par le mot d’obscur, il faut entendre non-seulement toutes les ombres, mais encore les couleurs qui sont naturellement brunes. Voyez M. de Piles dans son Cours de Peinture par principes.

Clair signifie encore ce qui n’est pas épais, serré. Rarus. On dit en ce sens que des cheveux sont clairs ; que les blés sont clairs dans les champs. La gaze est la plus claire de toutes les étoffes, la mousseline de toutes les étoiles.

Clair se dit aussi des corps qui donnent passage aux rayons de la lumière ; & en ce cas il signifie, diaphane, transparent. Perlucidus. Ce verre est clair ; clair comme cristal de roche.

Clair se dit aussi de ce qui a peu de consistance. En ce sens il est opposé à épais, & ne se dit que des choses liquides. Syrop trop clair, bouillie trop claire

☞ On le dit aussi par opposition à trouble, comme synonyme de limpide. Vin clair. Eau qui n’est pas encore claire.

☞ On dit que le temps est clair, que le ciel est clair, dans la signification de serein ; pour dire, qu’il n’y a point de nuages en l’air.

Clair se dit aussi en Musique d’un son net & aigu qui frappe l’oreille avec autant d’éclat, que la lumière frappe les yeux. Clarus, acutus. Les enfans, les femmes, les châtrés, ont la voix plus claire que les autres gens. Cette cloche a un son clair & argentin.

Clair se dit aussi figurément, & signifie ce qui est net & débrouillé. Clarus, dilucidus, enucleatus. On ne doit se déterminer à recevoir une vérité qu’après une vue claire & distincte de ce qui est nécessaire pour porter un jugement affûté. Maleb. La narration dans le discours doit être exacte, claire & serrée. S. Evr. Que deviendroient beaucoup de pensées de Tertullien, si on les avoit réduites à leurs plus claires & plus simples idées ? Maleb.

Clair signifie quelquefois intelligible, & aisé à comprendre. Un commentaire clair ; discours clair. Méthode claire & aisée.

☞ On dit qu’un homme a l’esprit clair, lorsqu’il l’a net, qu’il apperçoit & connoît bien les objets & les présente de même.

☞ On dit qu’un homme voit clair ; pour dire, qu’il pénètre bien le fonds des affaires ; qu’il entend clair ; pour dire, qu’il entend à demi mot ce qu’on veut lui dire. Perspicax, acutum videns. On dit au contraire d’un stupide, qu’on ne sauroit lui faire voir clair, lui faire entendre raison. Dans ces dernières phrases il est employé adverbialement.

On dit aussi, qu’un droit est clair ; pour dire, qu’il est évident, jus apertum, manifestum ; une question claire, qui est sans difficulté. Quêstio facilis ; que les affaires d’un homme sont claires, que son bien est clair ; pour dire, qu’elles ne sont point embrouillées, que personne ne lui en dispute la possession. Res planœ, dilucidæ, non intricatæ. Le fonds sera pris sur les plus clairs deniers du Trésor Royal. Pars ærarii Regii liquidior.

Cette terre est le plus clair de son bien. Patrimonii pars liquidior.

Les gens de chicane disent qu’il faut voir clair dans une affaire ; pour dire, qu’il leur faut donner de l’argent, avant que de les obliger à mettre le nez dans un sac pour l’examiner.

Clair se dit aussi quelquefois absolument & adverbialement. Il fait clair ; pour dire, il fait jour. Lucescit. Il parle haut & clair ; c’est-à-dire, avec une voix grêle & aigue. Il lui a dit cela clair & net ; pour dire, franchement & sans dissimulation.

On appelle du vin tiré à clair, ou au clair ; du vin tiré en bouteilles étant bien reposé.

☞ Ces façons de parler adverbiales à clair & au clair, se disent au propre d’une liqueur séparée de sa lie, de son sédiment. Vin tiré à clair ou au clair, expression qui a lieu au figuré. Les particularités de cet événement sont tirées au clair, c’est-à-dire, qu’on a démêlé ce qu’il y avoit de faux, & qu’on sçait au juste de qui en est. Ses expressions sont si pressées, si embarrassées les unes dans les autres, qu’un traducteur est obligé d’user de longs détours pour les tirer au clair, & les rendre intelligibles dans une autre langue. Journ. des Sav. en parlant de Plutarque.

On dit aussi qu’un homme voit plus clair avec des lunettes, qu’avec ses yeux ; qu’un colin maillard voit clair, pour dire qu’on ne lui a pas bien appliqué son bandeau.

Clair se dit proverbialement en ces phrases. On dit de celui qui entreprend quelque chose au-delà de ses forces, qu’il n’y fera que de l’eau toute claire. On dit que l’argent est clair semé chez quelqu’un ; pour dire, qu’il n’en a guère.

CLAIR, s. m. nom d’homme. Clarus. Il y a plusieurs Saints de ce nom. Il y en a un pour lequel l’usage est de dire Clars au lieu de Clair. Voyez Clars.

CLAIRAC. Il seroit mieux d’écrire ainsi, comme le fait Duchesne, & les autres de son temps : mais l’usage l’a emporté, & l’on écrit aujourd’hui Clerac. Voyez ce mot.

☞ CLAIRAU. Voyez Clarine.

CLAIRE, s. f. nom de femme. Clara. Sainte Claire.

Claire. (Religieuses de sainte). Voyez Clarisses.

CLAIRE-SOUDURE, claire étoffe. s. f. Les Potiers d’étain appellent de la sorte, une espèce d’étain composé de plomb & d’étain neuf. On le nomme aussi basse étoffe & petite étoffe.

☞ CLAIRE. s. f. On appelle ainsi la cendre des os calcinés, lessivés, séchés & réduits en poudre impalpable sur le porphyre, dont on enduit la surface internet des coupelles, non-seulement pour en remplir les inégalités, mais encore pour former sur cette surface une espèce de crible, à travers lequel le plomb & les autres métaux vitrifiés passent très-aisément, pendant que l’or & l’argent, ou toute autre métal qui a encore sa forme métallique, y sont arrêtés. Encyc.

Claire, s. f. ou adj. employé substantivement, en Astronomie, est un nom qu’on a donné à quelques étoiles. La claire des gardes, &c.

CLAIREMENT. adv. D’une manière claire. Perlucidè, nitidè. On voit clairement les objets à travers cette lunette. On le dit aussi au figuré. Les proportions d’Euclide sont démontrées clairement. Clarè, dilucidè, explicatè, planè, enucleatè. La pensée n’étant qu’une image que l’esprit se forme à lui-même, elle doit représenter les choses clairement & sans obscurité. Bouh.

Que la langue toujours exprime clairement
Ce que d’abord l’esprit a conçu nettement. Vill.

CLAIRET, ETTE, adj. pris souvent substantivement. Au masculin il ne se dit proprement que du vin rouge paillet. Vinum rubellum. En ce sens on dit qu’un homme est entre le blanc & le clairet ; pour dire, qu’il est entre deux vins. On appelle clairette une liqueur composée d’eau-de-vie, de sucre & de différens ingrédiens. On appeloit autrefois clairet, du vin composé avec des épiceries. Les Allemands l’appelent encore claret, les Espagnols clarea, & les auteurs modernes claretum.

Clairet, s. m. terme de Jouaillier. Il se dit d’une pierre dont la couleur est trop foible.

Clairet. Le Mont Clairet. Montagne de Provence, près de Toulon.

CLAIRETS ou CLÉRETS. Les Clairets. Abbaye des filles de l’Ordre de Citeaux, fondée en 1213. Abbatia de Claretis. Guillaume V, Abbé de la Trappe, en fut le premier pere & supérieur immédiat, & elle demeura toujours sous la conduite des abbés de ce monastère, tant qu’il y en eut de réguliers. Elle retourna sous la filiation de Clairvaux, à laquelle elle appartient naturellement, lorsque l’Abbaye de la Trappe tomba en commande. En 1686, le chapitre général de Citeaux remit l’abbé de Rancé, réformateur de la Trappe, dans son droit, & les abbés de Citeaux & de Clairvaux le pressèrent de prendre la direction de cette maison ; soit indifférence pour cette direction, soit décence pour l’abbé de Clairvaux, qui en étoit en possession depuis long temps, il ne pouvoit s’y résoudre. Mais Angélique-Françoise d’Estampes de Valençay, ayant été nommée par le Roi à cette Abbaye, pressa si fort l’abbé de la Trappe de ne pas résister plus long temps, qu’il se chargea enfin de la direction de l’Abbaye des Clairets. Il y fit sa visite en 1690 & en 1691, & par ses exhortations, il disposa les religieuses à recevoir la réforme qu’elles embrassèrent en 1692. P. Hélyot, T. VI, c. 1. L’Abbaye des Clairets est dans le Diocèse de Chartres. Elle fut fondée vers le commencement du XIIIe siècle par Mathilde de Brunswich, sœur de l’Empereur Othon IV, & femme de Geoffroy, Comte du Perche. Sainte-Marthe. Le P. Hélyot s’est trompé quand il a dit que cette Abbaye fut fondée en 1113, puisque Thomas, Comte du Perche, fils de Geoffroy & de Mathilde les fondateurs, confirma en 1213, les donations que ses pere & mere avoient faites à cette Abbaye, & y en ajoûta de nouvelles. Il se trompe encore quand il dit que Mathilde en fut fondatrice ; car le même Thomas, dans le même acte,