Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/701-710

La bibliothèque libre.
Fascicules du tome 2
pages 691 à 700

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 701 à 710

pages 711 à 720


COLURE, terme d’Astronomie, ☞ qui se dit de deux grands cercles qui coupent l’équateur & le zodiaque en quatre parties égales, & qui servent à marquer les quatre saisons de l’année. Comme ces cercles passent par les poles du monde, il est évident qu’ils sont l’un & l’autre au nombre des méridiens. Colurus.

On nomme colure des solstices, le méridien ou cercle de déclinaison qui passe par les poles de l’équateur, & par ceux de l’écliptique ; & colure des équinoxes, le cercle qui passe par les poles de l’écliptique & les intersections de l’écliptique avec l’équateur. Ces deux colures se coupent en angles droits, & divisent l’écliptique & l’équateur en deux parties égales. Cassini. Les colures, en coupant ainsi l’équateur, marquent les quatre saisons de l’année.

Ils sont ainsi nommés de deux mots grecs, κόλος, c’est-à-dire, mutilus ou truncatus ; & οὐρὰ, c’est-à-dire, cauda, comme paroissant avoir la queue coupée, parce qu’on ne les voit jamais tout entiers sur notre horison.

COLUTHEA. Voyez Baguenaudier.

COLUVRÉE ou COLEUVRÉE, ou plutôt COULEUVRÉE, s. f. Quelques-uns disent vigne blanche, Brione ou Brioine. s. f. Bryonia. Ses racines sont grosses, charnues, blanchâtres, âcres & amères au goût. Elles poussent des tiges en sarmens menus, fort longs, cannelés, velus, & qui grimpent sur les corps voisins, auxquels elles se lient par le moyen de quelques vrilles. Ses feuilles sont alternes, à plusieurs angles, & ressemblantes par leurs figures à celles du lierre, mais plus amples ; de la grandeur de celles de la vigne, velues & d’un vert-pâle. Ses fleurs naissent des aisselles des feuilles, & viennent par bouquets : elles sont d’une seule pièce, évasées de demi-pouce de diamètre, découpées profondément en cinq quartiers, d’un blanc verdâtre, tirant un peu sur le jaune, & collées à leur calice, qui est pareillement verdâtre, à cinq quartiers. Ces fleurs sont quelquefois stériles ; celles qui nouent donnent des baies grosses comme des pois, rougeâtres, & qui renferment quelques semences arrondies & aplaties. La racine de coluvrée est hydragogue, & on s’en sert pour les hydropiques. On la donne en lavement pour provoquer la sortie de l’arrière-faix. Les Charlatans la vendent pour la racine de Mandragore. Elle est aussi apéritive. On en donne dans l’hydropisie, dans l’asthme & dans la goutte. En latin bryonia alba baccis rubris. Il y a plusieurs autres espèces de coluvrées. Le nom de bryonia qu’on donne à la coluvrée, vient de ϐρύω, germino ; parce que cette plante jette beaucoup de branches & s’étend beaucoup. Les Anciens l’ont appelée vigne blanche, ses feuilles ressemblent à celles de la vigne.

☞ Les vrais noms françois sont Couleuvrée ou brioine.

COLX, s. m. vieux mot. Coups.

COLYBES, terme de la Liturgie grecque. s. m. pl. Offrande de grains & de légumes cuits, que les Grecs font en l’honneur des Saints, & en mémoire des morts. Colyba. Gabriel Sevère de Philadelphie a fait un petit Traité des colybes, dans lequel il en recherche l’origine & la signification. M. Simon a fait une Note sur ce Traité. Balsamon, l’Eucologe des Grecs imprimé à Venise ; le P. Goar dans son Eucologe, & Leo Allatius, De Eccl. Occid. & Orient. perpet. conf. L. III, c. 18, parlent aussi des Colybes, & voici en peu de mots ce qu’ils en disent. Les Grecs font quelquefois légèrement cuire du blé, & le mettent en petits monceaux sur des plats. Ils mettent dessus différents légumes : par exemple des pois broyés, des avelines, des noisettes sans écorce, des noix coupées en petits monceaux, des grains de raisins de Corinthe & de grénades, qu’ils partagent en différens compartimens séparés les uns des autres par des feuilles de persil. C’est un amas, ou petit monceau de blé ainsi assaisonné, qu’ils appellent Κόλυϐα, Colybes. Ils ont une Oraison pour la bénédiction de ces colybes, dans laquelle ils prient Dieu, qui donne à toutes choses leur perfection, qui fait produire à la terre toutes sortes de fruits pour notre usage, qui nourrissant les enfans de Babylone de seuls légumes, leur donna plus d’embonpoint & plus de grace qu’à tous les autres ; ils le prient, dis-je, de bénir ces fruits, & ceux qui en mangeront, parce qu’ils sont offerts à sa gloire, en l’honneur d’un tel Saint, & en mémoire des fidèles trépassés ; ils lui demandent tous les secours nécessaires au salut, la vie éternelle pour ceux qui les offrent ; & ils le demandent par l’intercession de la sainte Vierge, du Saint dont ils font commémoration, & de tous les Saints. Balsamon rapporte à S. Athanase l’origine de cette cérémonie, & le Synaxaire grec la rapporte au temps de Julien l’Apostat.

Quelques Théologiens latins ayant été choqués de cette cérémonie, qui leur paroissoit tout-à-fait extraordinaire, Gabriel, Archevêque de Philadelphie, écrivit là dessus un petit Traité en grec que M. Simon a traduit en latin, & qui a été imprimé dans ces deux langues à Paris en 1671, avec quelques autres ouvrages de cet Archevêque. Gabriel prétend que les Colybes tirent leur origine de ces paroles de Jesus-Christ, au chapitre 12e de Saint Jean, vers. 24. Le grain du froment qui est tombé dans la terre ne rapporte rien s’il ne meurt ; mais s’il meurt, il rapporte beaucoup. Il ajoute encore ce passage de S. Paul. Ep. I aux Corinth. ch. XV, 36. Ce que vous semez ne revit point, s’il ne meurt auparavant. L’Archevêque de Philadelphie croit, étant fondé sur ces deux passages du Nouveau Testament, que la cérémonie des Colybes n’a été instituée que pour représenter aux fidèles la résurrection des morts, & pour les confirmer dans cette croyance. Les Colybes, dit-il, sont des symboles de résurrection générale. Il rapporte au même endroit les significations mystiques de ces Colybes ou légumes qu’on fait cuire avec divers assaisonnemens ; & il marque entr’autres choses, que ces divers assaisonnemens signifient différentes espèces de vertus.

L’offrande que les Grecs font des Colybes, dans la célébration de leur Liturgie, n’est point de l’institution des nouveaux Grecs. Elle a quelque antiquité, & elle n’a même rien de choquant ; au contraire, on prouve par là, comme l’a remarqué Léo Allatius, que les aumônes & les autres œuvres pieuses que les vivans font pour les morts, ne sont pas regardées dans l’église grecque comme des choses inutiles. Voyez Goar dans son Eucologe, pag. 661. Allatius, de Eccl. Or. & Occident. perp. cons. l. 3, chap. 18, & M. Du Cange, dans son Glossaire grec, sur le mot Kolybon. Il y a un office des Colybes que Leo Allatius a imprimé à l’endroit que j’ai cité, & qui contient plusieurs oraisons pour les morts.

COLYTEA, s. m. plante dont parle Théophraste. Quelques-uns veulent que ce soit une espèce d’épinevinette, & d’autres le sureau de montagne. Elle est fort différente d’une autre plante qu’on appelle coluthea, en François baguenaudier.

☞ COLZA ou COLSA, s. m. espèce de chou sauvage, qui ne pomme point. On en seme beaucoup en Flandre & dans l’Artois. Sa graine donne une huile semblable à l’huile de navette. Les tourteaux dont on a exprimé l’huile servent à engraisser les bestiaux, en les mêlant avec du son. Ils font encore un excellent engrais pour les terres destinées à porter du colza. La menue paille qui sort du van, quand on vanne la graine, sert de nourriture aux bestiaux ; & la grosse paille & les piés du colza servent à chauffer le four.

COM.

COMA, s. m. terme de Médecine. Coma. C’est le nom d’une maladie qu’on appelle aussi cataphora. Coma somnolentum ou coma soporeux, coma vigil. Ce mot est formé par syncope de κοίμημα, qui vient de κοιμάω, je dors. Le coma est une grande envie de dormir, soit que le sommeil s’en suive ou non : si le sommeil suit, c’est un coma somnolentum ; dans lequel les malades dorment d’un profond sommeil & ne peuvent ouvrir les yeux : s’ils ne peuvent dormir, c’est un coma vigil, dans lequel ils ferment les yeux, & semblent dormir, quoiqu’ils ne dorment pas. La cause du coma soporeux est tout ce qui empêche le cours des esprits, comme l’intempérie froide & humide du cerveau, des vapeurs chaudes & corrompues qui montent à la tête, & bouchent les canaux des esprits animaux, des vapeurs narcotiques, &c. Le coma vigil vient du combat ou de mêlange déréglé de la bile & de la pituite, car la bile fait veiller, & la pituite fait dormir ; & ceux qui ont cette maladie, ferment les yeux pour dormir, & ne le peuvent, ou s’ils dorment, c’est pour un moment : ils rêvent, ils s’agitent, ils se levent, & quelquefois ils se jettent sur ceux qui sont présens. Le coma soporeux diffère du carus. Voyez Carus. Les remèdes pour le coma sont ceux qui causent de grandes évacuations, comme les clystères violens, les vomitifs, ceux qui purgent, déchargent & dessèchent le cerveau : ceux qui causent des révulsions d’humeurs, comme les vessicatoires & les cautères. Dégori. Voyez Lazare Rivière, Samuel, Formius, Rondelet, Forestus, des maladies du cerveau, Villis, &c.

COMACHIO ou COMMACHIO. Prononcez comakio. Comaclum, comacula. Ville de l’Etat de l’Eglise en Italie, située dans les étangs de Comachio, à six lieues de Ravenne au nord. Le lac ou étang de Comachio, est le terrain qui est entre le Pô di Volana, & le Pô di Primaro, qui sont deux embouchures du Pô.

COMANE. Nom commun à plusieurs villes. Comana. Il y avoit une Comane dans les vallées de l’Antitaurus, fameuse par un temple de Bellone ; une autre que Procope met dans l’Arménie mineure & Baudrand dans la Cappadoce, & qu’on appelle Comane la Pontique, Comana Pontica ; une troisième dans la Taprobane, selon Ptolomée ; une quatrième en Phrygie, & une cinquième en Pisidie. La Comane de l’Antitaurus se nomme aujourd’hui Com ou Tabachzan, & celle de l’Arménie mineure Arminiacha. Elle est au confluent du Sar & de l’Iris.

Comane. s. m. & f. Comanus, a. Nom de peuples. Pline, L. VI, c. 16, place les Comanes proche de la Margiane. Ladislas, Roi de Hongrie, vainquit les Comanes proche du lac Hood, l’an de Jesus-Christ 1279.

COMANIE. Comania. Pays en Asie, situé entre la mer Caspienne au levant, la Circassie au couchant, la Moscovie au nord, la Géorgie au midi. Du côté de la Moscovie il y a de grandes plaines & de belles prairies. La Comanie n’est pas fort peuplée, quoiqu’elle soit au même climat que les Provinces qui sont entre Paris & Lyon. Tavernier, Tome premier. C’est dans la Comanie que demeurent les Circasses & les Kalmoucs ou Comoucs.

COMANS, s. m. vieux mot. Commandement.

COMARE. s. m. Lieu ou village d’Arnautes à une journée au midi de Patras, & à une demi-lieue de la mer. De là on voit sur le rivage un reste de bâtiment, & il y a une grand amas de marbres blancs, qui pourroient être les restes de Dymé, derniere ville de l’Achaïe qui confinoit avec l’Elide. Il n’y a à Comare que 18 ou 20 cabanes faites de cannes, de roseaux & de terre. Du Loir, L. X, p. 351, 352.

☞ COMARIAS, terme de Relation. Les Portugais divisent le Royaume des Algarves en deux comarias ou territoires.

COMARQUE. s. f. C’est le nom qu’on donne aux Justices subalternes de Portugal. Commarca. A l’égard des Comarques, ou Justices subalternes, elles ont beaucoup de rapport aux Bailliages de France. On en compte vingt-quatre dans le Royaume. Le Quien de la Neuville.

COMASC. Comensis ager. Le Comasc est une contrée du Milanois autour du lac de Côme, & dont Côme est la capitale, qui lui donne son nom. Il est environné du Milanois propre, du pays des Grisons, du Bergamasc, & des Bailliages des Suisses en Italie.

COMATEUX, EUSE, adj. terme de Médecine, qui ne se dit qu’en parlant du coma. Une affection comateuse, c’est une affection qui produit ou qui marque le coma, qui en est la cause, le signe, l’effet. Coma inducens, significans, indicans, sequens, subsequens.

COMB, qu’on appelle aussi CARNOK. Mesure des corps solides en Angleterre, comme grains, graines, pois, féves, &c.

☞ COMBAT. s. m. Certamen, pugna. C’est, disent les Vocabulistes, l’action par laquelle on combat contre quelqu’un avec qui l’on a une querelle, un différent. Un combat d’infanterie, de cavalerie. N’insistons pas sur cette définition, c’est assez de la lire. Le combat est une action par laquelle on en vient aux mains avec quelqu’un, on se bat avec quelqu’un, par la voie des armes. Combat d’homme à homme. Combat singulier, combat à outrance. En parlant des combats entre les gens de guerre, c’est une action moins générale que la bataille, souvent imprévue ; une action d’une partie des troupes seulement. Les actions qui se sont passées à Cannes entre les Carthaginois & les Romains, à Pharsale entre César & Pompée, sont des batailles. Mais l’action où les Horaces & les Curiaces décidèrent du sort de Rome & d’Albe, celle du passage du Rhin, la défaite d’un convoi ou d’un parti sont des combats. Syn. Fr. La bataille de Nerwinde, le combat de Leuse, où 18 ou 20 escadrons de la maison du Roi en battirent 72 des ennemis. Combat de cavalerie, equestris pugna, d’infanterie, pedestris. Combat naval, rencontre d’un ou de plusieurs vaisseaux ennemis ou d’escadres qui se battent. Navale prælium.

☞ On dit attirer l’ennemi au combat, livrer combat, tenter la fortune du combat, soûtenir le combat ; donner, hasarder un combat ; présenter, accepter le combat ; éviter, rétablir, finir le combat.

☞ Les Vocabulistes ajoutent une remarque qui ne vaux guère mieux que leur définition : la voici. Quoique combat dise régulièrement moins que bataille, il se prend néanmoins quelquefois pour bataille. Il y eut un combat sanglant entre les deux armées. Il est vrai que le mot de combat dit moins que bataille ; mais il n’est pas vrai que dans l’exemple même qu’ils apportent, ce mot soit synonyme de bataille. Le mot de combat a un rapport particulier à l’action même de se battre, que n’a pas le mot de bataille, & voilà l’idée qu’il présente dans l’exemple qu’ils apportent. Je parlerois très-bien en disant avec M. l’Abbé Girard, qu’à la bataille de Fleurus le combat fut opiniâtre & fort chaud. N’est-il pas évident que dans ces occasions le mot combat ne se prend nullement pour bataille, mais exprime seulement l’action de se battre ?

☞ Il y a encore une autre différence entre ces deux mots. Les batailles se donnent seulement entre des armées d’hommes, on les gagne ou on les perd. Les combats se donnent entre les hommes, & se font entre toutes les autres choses qui cherchent ou à se détruire ou à se surmonter : on en sort victorieux, ou l’on y est vaincu. Voyez plus bas les différentes acceptions de ce mot.

Combat singulier, est un combat d’un seul contre un seul ; c’est un duel. Voy. Duel. Singulare certamen. Anciennement les procès se décidoient par le combat. On étoit persuadé que Dieu n’accordoit la victoire qu’à celui qui avoit le meilleur droit. Cela arrivoit en matière civile, aussi bien qu’en matière criminelle. On rapporte que la question, si la représentation a lieu en ligne directe, s’étant présentée devant le Grand Othon, la décision en fut renvoyée à un combat, & au sort des armes. On le pratiquoit particulièrement dans les matières criminelles. On trouve la forme de ces sortes de combat, & les cérémonies qui s’y observoient, dans l’ancien Coutumier de Normandie. L’accusateur juroit sur la vérité de son accusation, & l’accusé lui donnoit le démenti : sur quoi chacun jetoit son gage de bataille en justice. Alors on constituoit les deux champions prisonniers jusqu’au jour du combat. Voyez au mot Champion comment cela se pratiquoit. Philippe le Bel défendit ces combats en 1303, cependant le Parlement de Paris ordonna un pareil combat entre deux Seigneurs par Arrêt de l’an 1386. Et en 1547, Henri II permit que Jarnac & la Chataigneraye combatissent en sa présence. Le défenseur avoit le choix des armes, & s’il n’étoit point vaincu avant le coucher du Soleil, il étoit absous, & censé victorieux. Cet abus étoit autrefois tellement autorisé, que les Evêques & les Juges ecclésistiques ordonnoient le combat dans les choses obscures & douteuses. Pasq. On rapporte qu’Alfonse, Roi de Castille, ayant voulu abolir le rit Mozarabique, pour introduire l’office Romain, & le peuple s’y étant opposé, on convint de terminer le différent par un combat.

On dit qu’un homme est hors de combat, lorsqu’il est blessé ou estropié, & qu’il n’est plus en état de combattre. On le dit aussi, dans un sens moral, d’un homme qui ne peut plus se défendre par paroles, qui ne peut répliquer à son adversaire.

Combat signifie quelquefois le choc, l’action de ceux qui combattent. Conflictus. En cette bataille le combat fut rude, fut sanglant, fut opiniâtre. Dans les premiers temps de la République Romaine, la vaillance avoit je ne sai quoi de féroce, & l’opiniâtreté des combats tenoit lieu de science dans la guerre. Saint Evr. Le naturel ardent de M. le Prince l’a fait croire impétueux dans les combats. Id. On appelle un assaut sans artillerie, un combat de mains.

Combat à la barrière. C’est un exercice de Noblesse, où elle faisoit autrefois des imitations de vrais combats dans les joutes & tournois. Ludicrum certamen, pugna imbratilis.

Combat se dit aussi des jeux solennels des Grecs & des Romains à l’honneur des Dieux, tels qu’étoient les jeux Olympiques, les Pythiens, les Néméens, les Isthmiens, les combats du Cirque, les Actiaques, & les autres dont nous parlerons à leur place. Les combats qui s’y faisoient étoient la course, la lutte, les coups de poing, le palet, &c. Les combattans, qui se nommoient Athlètes, s’y préparoient dès la jeunesse par des exercices continuels, & un régime très-exact. Ils ne mangeoient que de certaines viandes, & à certaines heures ; ils ne buvoient point de vin, & n’avoient point de commerce avec les femmes ; leur travail & leur repos étoit réglé : c’est par l’exemple de ces combattans que S. Paul exhorte les Chrétiens à s’abstenir de tout. Cor. IX, 25.

Combat se dit aussi des animaux. Pugna. Un combat de taureaux, de bêtes farouches.

Combat se dit aussi de toutes les actions par lesquelles une chose en détruit ou cherche à en détruire ou surmonter une autre. Certatio, conflictus, pugna. Il y a un combat perpétuel entre les qualités élémentaires, du chaud contre le froid, de l’humide contre le sec. Il se fait un grand combat dans la séparation de l’ame & du corps.

Combat se dit encore, dans un sens figuré, de toutes sortes de contestations & de disputes, de certains états d’agitation & de trouble, & des contrariétés & oppositions qu’on éprouve. Certamen, pugna. Toute cette dispute n’est qu’un combat d’esprit. C’est un combat perpétuel que celui des sens contre la raison. Il y a des gens si cérémonieux, qu’ils livrent un combat de civilités à chaque passage. M. Scud. On n’est pas tranquillement scélérat, ni exempt de combats intérieurs, & d’agitations secrettes dans le crime. S. Evr. Que je redoute ces durs combats où il faut soûtenir la révolte des sens, & s’armer contre son propre cœur ! S. Evr.

Mais l’on s’efforce en vain par d’assidus combats
A disposer d’un cœur qui ne se donne pas. Corn.

Crois, qu’il m’en a coûté, pour vaincre tant d’amour,
Des combats dont mon cœur saignera plus d’un jour,

Racine.

On appelle combat de fief, en terme de Droit, quand deux Seigneurs qui prétendent la même mouvance d’un fief servant, ou dont l’un prétend la Seigneurie, l’autre la censive, ou tous deux la censive, le font saisir chacun de leur côté, & ont un procès ensemble à ce sujet. Argou. Dans ce cas le Vassal doit se faire recevoir par main Souveraine. Voyez ce mot.

COMBATTABLE. adj. Vieux mot, qui veut dire, combattant, vaillant. Pugnax, pugil.

COMBATTANT. s. m. Celui qui combat, ou qui peut combattre. Homme de guerre marchand en campagne sous les ordres d’un Général. Miles pugnator. Une armée de cent mille combattans. Centum millia armatorum.

Combattant se dit aussi en parlant d’un des soûtenans ou des assaillans d’un Tournois. Quand les deux Combattans furent en présence. On le dit en plaisantant de ceux qui se battent à coups de poings. Pugiles.

Combattant se dit encore dans les disputes littéraires, des Antagonistes. C’est aussi un terme Héraldique qui se dit de deux animaux, Lions ou Sangliers, que l’on porte sur un écusson d’armoiries, dressés sur les piés de derrière & affrontés, ou les faces tournées l’une contre l’autre. Encyc.

COMBATTRE. v. a. Donner un combat, se battre contre l’ennemi pour le défaire, attaquer son ennemi, ou soûtenir ou repousser l’attaque. Certare, decertare, pugnare, depugnare. Ces deux champions ont combattu corps à corps. Les escadrons ont combattu de pié ferme. Il a combattu son ennemi, il l’a désarmé.

Jupiter avoit couvert d’une épaisse obscurité l’armée des Grecs, pour les empêcher de combattre. En cet endroit Ajax, ne sachant plus quelle résolution prendre, s’écria

Grand Dieu, chasse la nuit qui nous couvre les yeux,
Et combats contre nous à la clarté des Cieux !

Boileau.
.

Voici la traduction de M. de la Motte.

Ah ! faut-il, dit Ajax, que je perde mes coups !
Grand Dieu, rends-nous le jour, & combats contre nous !

C’est aux connoisseurs à décider, qui de lui ou de M. Despréaux a le plus heureusement atteint le sublime de cet endroit de l’Iliade. Journal des Savans 1714. La chose n’est pas problématique ; & il n’y a personne, quelque prévenu qu’il soit, qui donne la préférence à M. de la Motte.

Combattre se dit aussi en parlant du choc de deux armées. Confligere, dimicare, &c. Alexandre combattit trois fois les Perses en trois fameuses batailles. Les Princes combattent pour la victoire, les soldats pour le Prince. Ablanc. Si Enée combat, c’est pas nécessité, & moins pour vaincre, que pour achever la guerre. P. le Boss.

Combattre se dit figurément des choses spirituelles & morales. Il faut combattre pour la Foi. Vous avez long temps combattu contre l’injustice, & contre la mauvaise fortune. P. d’Orl. L’esprit combat contre la chair. Il faut combattre les opinions erronnées. L’Evangile est un langage qu’on n’entend plus dès qu’il combat notre attachement. Je me fortifie d’autant plus contre un ennemi que j’aime, que je sens bien que mon cœur me veut trahir, & ne combat qu’à regret. M. Scud. Qu’il est dut d’avoir à combattre son devoir contre son inclination !

Il est des momens de foiblesse,
Ou la nature peut tomber ;
On court risque de succomber,
Quand on est obligé de combattre sans cesse.

Nouv. choix de vers.

Il est ridicule de combattre sérieusement les rafinemens & les illusions d’une dévotion mélancolique. Boss. Elle avoit assez de vertu pour combattre sa passion ; mais elle n’en avoit pas assez pour en triompher. Vill.

Ce n’est qu’en ces assauts qu’éclate la vertu,
Et l’on doute d’un cœur qui n’a point combattu.

Corn.

Haï de tous les Grecs, pressé de tous côtés,
Me faudra-il combattre encor vos cruautés ? Rac.

Combattre avec quelqu’un de civilité, de politesse, & disputer à qui sera plus civil, plus poli, &c.

On dit encore, combattre contre la mer, les vents, l’orage. Pugnare cum mari, ventis, tempestate, &c. Combattre contre la faim, le froid, &c. Et dans un style plus soûtenu combattre la faim, la soif, &c. On dit, qu’un homme se forge des chimères pour les combattre ; pour dire, qu’il se forge de vaines difficultés dans l’esprit. Les gens de Collège s’agitent jusqu’à la fureur, & combattent à outrance pour des syllabes & pour des virgules. Bel.

On dit proverbialement : en combattant le secours vient ; pour dire, qu’il ne faut pas abandonner certaines affaires, & que le temps apporte quelquefois du changement aux choses les plus désespérées.

COMBATTU, UE. part. & adj. Il a l’esprit combattu ; pour dire, agité de diverses pensées. Agitatus, fluctuans.

Les hommes destinés à gouverner la terre,
Loin de porter un cœur de remords combattu,
Au poids de leur grandeur mesurent leur vertu.

Capistr.

COMBE. s. f. Vieux mot François, qui signifioit, vallée enfermée entre deux montagnes. Convallis. Ménage tient qu’il signifioit grotte & qu’il vient du Latin gumba.

COMBIEN, adverbe de quantité, & interrogeant. Quand il ne signifie autre chose que le nombre, on l’exprime par quot. Combien y a-t-il de gens en cette armée ? Combien y a-t-il de lieues de Paris à Versailles ? Combien y a-t-il eu de morts & de blessés dans cette bataille ? On dit aussi, combien de fois. Quoties.

Combien, combien de fois, de douleurs accablé ?
Par tes soins généreux me vis-je consolé ? Vill.

Combien signifie la quantité du prix d’une chose qui a été achetée ou vendue. Quanti. Combien vaut le blé ? Combien vaut le vin ? A combien a-t-il été taxé ? Combien cette marchandise ?

Combien signifie aussi, à quel point. Il s’exprime par quàm avec un adjectif & un adverbe, & par quantum avec un verbe. Vous ne sauriez croire combien ce Docteur est utile à son Eglise, combien ce pere aime ses enfans.

Je sai combien est pur le zèle qui t’enflamme.

Racine.

Ce mot vient du Latin quàm benè.

Combien est aussi conjonction & signifie, encore que, Etsi, quamvis, quamquam, licet. Combien que vous l’aiez désobligé, il ne laissera pas de vous servir. Il est hors d’usage en ce sens.

Il s’emploie quelquefois substantivement dans le discours familier, pour signifier le prix ou la valeur. Il consent de me vendre sa maison, & nous n’en sommes plus que sur le combien.

COMBINAISON. s. f. Assemblage de plusieurs choses disposées deux à deux. Conjunctio, copulatio, complexio.

Combinaison, en Mathématiques, de dit par extension de la variation des nombres, des lettres, des sons en toutes les façons possibles ; ☞ c’est-à-dire, de toutes les manières possibles de prendre un nombre de quantités données. Variatio litterarum, numerorum, varia literarum, numerorum disposition. Pour déchiffrer les lettres, il faut faire une infinité de combinaisons de lettres & de syllabes. La combinaison de ce vers se peut faire en mille vingt-deux façons.

Tot tibi sunt dotes, virgo, quot sidera cælo.

La combinaison des 24 lettres de l’Alphabet se peut faire de 1 391 721 658 311 264 960 263 919 398 102 100 façons, comme a montré Monsieur Prester dans son Algèbre. Le Pere Mersenne, en son Harmonie Universelle, a fait la combinaison des sons & notes de Musique jusqu’à 64, qui est contenue en 90 chiffres.

☞ COMBINAISON, en Chimie, est l’union intime par laquelle deux ou plusieurs principes de nature différente se pénétrent & se joignent pour former un nouveau corps. Quand un acide est joint à un alcali, il résulte de la combinaison de ces deux substances, un sel neutre, composé d’acide & d’alcali : il n’est pas nécessaire d’avertir que combinaison & mêlange expriment deux idées absolument différentes.

COMBINÉ. s. m. Le mêlange de l’esprit de vin consiste, selon M. Geoffroi, en un combimé d’eau, d’huile & de sels que la seule fermentation a unis entr’eux, avec l’huile de vitriol, c’est-à-dire, avec l’acide minéral le plus concentré ou le plus intimement uni aux autres parties du mixte qu’on connoisse. Hist. de l’Acad. des Sc. 1742 p. 44.

COMBINER. v. a. Mettre deux à deux. Combinare, binos jungere, copulare. ☞ Assembler plusieurs choses en les mettant deux à deux. Et, par extension, assembler les choses autant de fois qu’elles peuvent être variées ; les arranger de toutes les manières qu’elles peuvent être arrangées ensemble. Le P. Mersenne a combiné tous les sons de la musique, au nombre de 63. Variare, mutare ; litteras, numeros variè disponere. Il faut que les faiseurs d’Anagrammes combinent plusieurs fois les lettres d’un nom pour y trouver un autre mot.

☞ COMBINER, en chimie, exprime l’action d’unir intimement deux substances d’une nature différente, de maniére que leurs parties se pénétrent, & qu’il résulte de-là un nouveau composé. Voyez Combinaison, terme de Chimie.

COMBINÉ, ÉE. part. & adj. Il a les significations de son verbe. Combinatus, copulatus.

Les armées combinées de France & d’Espagne. Les troupes combinées de Baviere & de Prusse.

COMBLAN. s. m. Voyez Combleau.

COMBLE. s. m. Le haut, le faîte d’une maison. Culmen, fastigium. Il a fait rebâtir cette maison de fond en comble. Les fondemens en sont bons, mais le comble ne vaut rien.

Comble se dit particulièrement de la charpente & de la couverture d’une maison. En Orient les maisons n’ont point de comble, elles sont couvertes en platte forme : en France ils sont pointus, ou en combles droits ; & maintenant on en fait de brisés, ou à la mansarde, qu’on appelle combles coupés. On appelle comble pointu, celui dont la plus belle proportion est un triangle équilatéral par son profil, & qu’on nomme aussi à deux égoûts. Comble à pignon, celui qui est soûtenu d’un mir de pignon en face. Comble à croupe, celui qui est à deux arrêtiers & avec un ou deux poinçons. Comble de pavillon, celui qui est à deux croupes, & à un, ou deux, ou quatre poinçons. Comble coupé, ou brisé, celui qui est composé du vrai comble, qui est roide, & du faux comble, qui est couché, & qui en fait la partie supérieure. Comble en dôme, celui dont le plan est rond, ou ovale, & le profil en pente droite. Comble à l’impériale, celui dont le contour est en manière de talon renversé. Comble plat, celui qui n’est pas plus haut que la proportion d’un fronton triangulaire. Comble à potence, une espèce d’appentis fait de deux, ou plusieurs demi-fermes d’assemblage, le tout porté sur le mur contre lequel il est adossé. Comble en patte d’oie, une espèce d’auvent à pans, & à deux, ou trois arrêtiers pour couvrir un puits, un pressoir. Comble entrapeté, ou entrapezé, celui qui ayant une large base, est coupé pour en diminuer la hauteur, & couvert d’une terrasse de plomb un peu élevée vers le milieu, où il y a d’espace en espace des trapes, qu’on leve pour donner du jour à un corridor, ou autre pièce interposée. Comble à terrasse, qui, au lieu de s’élever en faîte, est coupé, & forme une terrasse au haut du toit d’un logis. Les pignons d’un logis s’appeloient autrefois combles, ou combres ; & ils ont été ainsi nommés, à cause qu’il étoient couverts de chaume, à culmis, vel calamis, selon le témoignage de Servius.

☞ On dit figurément qu’un homme est ruiné de fond en comble' ; pour dire, qu’il a tout perdu ; qu’on lui a fait perdre son bien, ou son honneur, ou son crédit, ou tout cela ensemble. On le dit de même d’une ville, d’une province, d’une famille. &c. Fortunis omnibus eversus.

Comble se dit figurément en Morale ☞ du dernier période, du plus haut point où les choses peuvent aller. C’est le dernier surcroît, soit du bien, soit du mal. Cumulus, fastigium, summum, culmen. Dans toutes les disgraces, c’est le comble de l’infortune que d’avoir toujours été heureux. S. Evr. Il est parvenu au comble des honneurs, de la fortune. Dieu fut obligé d’envoyer le Déluge, à cause que la nature humaine étoit parvenue au comble de l’iniquité. Le comble de la misere, c’est de ne la sentir pas. Nicol.

Mais c’est où peut monter la derniere fureur,
D’être au comble du crime, & n’en voir par l’horreur.

Quint.

Et par les envieux un génie excité,
Au comble de son art est mille fois monté. Boil.

☞ Scuderi dans ses Observations sur le Cid avoit condamné cette expression, je ne sais trop pourquoi. L’Académie dans ses sentimens sur cette Tragi-Comedie, observe qu’on dit très-bien, c’est le comble de ma douleur, de ma joie. si ces mots n’étoient pas admis, il ne faudroit plus faire de vers. Elle est même d’usage en prose, dans le style noble, ainsi que dans le style ordinaire.

Pour comble. Façon de parler, qui signifie, pour surcroît. Après avoir essuyé une furieuse tempête, pour comble de malheur, il fut pris par des Corsaires. Alexandre vainquit Porus, &, pour comble de gloire, il lui rendit ses Etats.

Comble, terme de mesureur. s. m. Ce qui peut tenir au dessus des bords d’une mesure, d’un vaisseau déja plein. Le comble d’un minot, d’un boisseau, &c. Il a donné cela pour le comble.

Comble, adj. m. & f. terme de Mesureur. Il se dit de ce qui reste au dessus des bords de la mesure après que le Mesureur l’a remplie. Supereminente cumulo plenus. Il y a deux manières de mesurer : l’une à mesure comble ; l’autre à mesure rase. Le blé se vend à mesure rase, l’avoine à mesure comble. On donne le grain au Meûnier en mesure rase, & il le doit rendre en mesure comble.

☞ Ce mot comble ne de sit que des mesures des choses seches, comme les grains, & ne peut avoir lieu pour les mesures des choses liquides.

☞ On dit au figuré que la mesure est comble ; pour dire, que les fautes, les crimes, les outrages, &c. sont portés jusqu’à l’excès.

Comble, en termes de Blason, se dit d’un chef rétréci, comme les haméides sont des fasces rétrécies. Coronis contracta.

On dit au Manège, qu’un cheval a le pied comble, lorsqu’il a la sole arrondie par dessous, ensorte qu’elle est plus haute que la corne. Excedens.

☞ COMBLEAU ou COMBLAN, s. m. termes d’Artillerie. Cordage qui sert soit à tirer, soit à élever le canon. Il est long de 35 toises, gros de quatre pouces & demi de tour, & pese environ 70 livres. funi tormentarius.

☞ COMBLEMENT, s. m. action de combler un creux, un fossé, par exemple. La tortue, chez les anciens, servoit pour le comblement du fossé & pour la Sappe. Rollin.

Comblement se prend aussi pour les terres & tout ce qui sert à combler. Au siége d’Halicarnasse, Alexandre fit d’abord trois tortues de front pour combler le fossé, puis il fit avancer ses Béliers sur le comblement pour battre en breche. Rollin.

☞ Ce mot ne se trouve point dans nos Dictionnaires, pourquoi ferions-nous difficulté de nous en servir ? Il nous faut des mots pour toutes les idées que nous voulons exprimer.

COMBLER, v. act. Remplir un creux, un vide. Cumulare, complere. On a comblé ce puits qui étoit sec. Les ruines du rampart ont presque comblé le fossé. Les assiégeans doivent combler les lignes après un siège. Les vallées se comblent à la fin par la chûte des terres, des montagnes.

Ce mot vient de cumulare.

☞ On dit au figuré combler une personne de biens, lui faire de grands biens, & à peu près dans le même sens, combler de bienfaits, d’honneur, de présens, de joye, de louanges. Cumulare aliquem honoribus, beneficiis, &c. Le Roi a comblé son favori de bienfaits. Dieu nous comble tous les jours de ses graces. Cet homme m’a comblé de civilités. Maleb. Il faut reconnoître la main invisible qui nous comble de biens, & qui se cache à notre esprit sous les choses sensibles. Id. La Fortune est si aveugle, que parmi la foule où il n’y a qu’un sage, il ne faut pas s’attendre qu’elle aille le démêler pour le combler de ses faveurs.

Pour mieux faire éclater sa joie, & son amour,
Il combla de présens tous les Grands de sa Cour,

Racine.

☞ COMBLER, terme de mesureur. Remplir autant qu’il est possible, remplir une mesure jusque par dessus les bords. Combler un boisseau, un minor.

Combler la mesure, se dit aussi au figuré ; pour dire, commettre quelque nouveau crime, après un grand nombre d’autres, faire quelque nouvelle faute, après laquelle on n’a plus de pardon à espérer. Leur rébellion a comblé la mesure.

Comblé, ée. part. Cumulatus.

COMBLETTE, s. f. Terme de Chasse, qui se dit de la fente du pié du cerf. Fissura cervini perdis.

COMBOURGEOIS, s. m. Terme de Marine. On dit mieux co-bourgeois. Voyez ce mot.

COMBRAILLE. Combralia, Cobralia. Petit Pays de France dans la basse Auvergne, qui confine à la Marche, & au Bourbonnois. Louis II, Duc de Bourbon, acquit la Combraille de Pierre Guyat en 1400. On nourrit de fort bons chevaux en Combraille.

☞ COMBRET, petit ville de France en Rouergue, dans le diocèse de Vabres, généralité de Montpellier.

COMBRIÈRE, s. f. Terme de Marine. C’est un filet dont on se sert sur les côtes de provence pour prendre des thons, & autres grands poissons. Rete capiendis majoribus piscibus comparatum.

COMBUGER, v. a. Terme de Marine. Combuger des futailles, c’est les remplir d’eau pour les imbiber avant que de s’en servir. Imbuere.

COMBUSTIBLE, adj. m. & f. Qui est disposé à brûler, & facile ) prendre feu. Upioni aptus, idoneus. La poudre à canon est fort combustible. Les métaux ne peuvent fondre, les pierres se peuvent calciner ; mais ils ne sont pas combustibles.

Ce mot vient de comburo, combustus.

☞ COMBUSTION, qui signifie proprement l’action de brûler, mais qui n’est pas en usage, se dit en chimie, & en physique, pour exprimer la décomposition des corps inflammables exposés à l’action du feu dans des vaisseaux ouverts, ou à l’air libre, en sorte que les corps brûlent réellement ; ce qui n’arrive point dans les vaisseaux fermés, où la production de la flamme n’a jamais lieu.

☞ Les anciens Astrologues disoient qu’une planète est en combustion, lorsqu’elle n’est pas éloignée du Soleil de plus de 8 degrés 30 minutes. On ne se sert plus de ce mot.

Combustion signifie commencement, division, dissention, grand désordre qui s’excite tout d’un coup dans une assemblée, dans un Etat. Turba, seditio, dissensio. Pendant la Ligue toute la France étoit en combustion. Toute la Cour étoit en combustion dans la querelle de ce favori. Les mauvais rapports mettent les familles, les meilleurs amis en combustion.

☞ COMCHÉ. Ville d’Asie, au royaume de Perse, sur la route d’Ispahan à Ormus.

COME. s. m. C’est la même chose que COMITÉ. Voyez ce mot.

COSME, Ville du Duché de Milan en Italie. Comum. Elle est capitale du Comasc, située sur le bord méridional du lac qui porte son nom. Côme est une ville fort ancienne. Justin Liv. XX. Ch. 5. prétend qu’elle a été fondée par les anciens Gaulois, qui se rendirent maîtres de la partie occidentale de l’Italie, qui fut appelée de leur nom Gaule Cisalpine. Dans la suite C. Sernion y conduisit une Colonie, & l’ayant rétablir, les Romains la nommèrent Novocomum ; c’est-à-dire, Nouveau Côme. César y envoya aussi 5000 habitans, parmi lesquels il y en avoit 500 des premières familles de Gréce. Côme a été la patrie du Poëte Cæcilius, de Pline le jeune, de Paul Jove, & d’Innocent XI. Côme est encore aujourd’hui une assez grande Ville, bien peuplée, & riche, à cause de son commerce. Il y a un Evêché suffragant du Patriarche d’Aquilée. Voyez Strabon Liv. IV. & Liv. V. Ammien Marcelin Livre XI. Tite Liv. XXXIII, Ch. 22. Leandre Alberti. Descript. Ital. Cluvier, Ital. Antiq. p. 248.

Le Lac de Côme, Comensis, ou Comacenus lacus, Larius, lacus, est le plus grand lac de toute l’Italie. Il est dans le Comasc, contrée du Duché de Milan, aux confins des Suisses & des Grisons. Il est en quelque sorte divisé en trois golfes, dont l’un tourne vers le nord, & reçoit la rivière d’Adda ; l’autre vers le Sud-Est, par lequel la même rivière sort de ce lac ; & le troisième vers le Sud-Ouest.

☞ COMÉDIE, s. f. notre langue n’avoit autrefois qu’un terme pour exprimer toutes sortes d’œuvres dramatiques que l’on appeloit du nom commun de Comédies. Ces pieuses représentations des mystères de notre religion, qui depuis Charles V ont été en usage en France pendant environ 150 ans, se nommoient des comédies, quoiqu’elles ne fussent rien moins que comiques pour leurs dévots spectateurs.

☞ Du temps de Corneille, & même long temps après, les tragédies ont porté le nom de comédies. On disoit la Comédie du Cid, la Comédie de Cinna, la Comédie de Phédre. Madame de Sévigné se sert de cette expression. On dit encore aujourd’hui j’ai été à la Comédie, quoiqu’on ait été voir une Tragédie. Il semble donc que le terme de Comédie soit générique dans notre langue & convienne à toutes sortes de représentations théâtrales.

La fin du règne de Charles V vit naître les commencemens des pièces de Théatre en France sous le nom de Chant-Royal. Voyez au mot Chant ce que c’étoit. Il se forma plusieurs sociétés qui faisoient de ces pièces à l’envi ; l’une desquelles commença à mêler dans ces pièces différens événemens, ou épisodes, qu’ils distribuèrent en actes, en scènes, & en autant de différens personnages, qu’il étoit nécessaire pour la représentation. Leur premier essai se fit au bourg S. Maur. Ils prirent pour sujet la passion de N. S. Le Prévôt de Paris en fut averti, & leur défendit de continuer. Ils se pourvurent à la Cou ; & pour se la rendre plus favorable, ils érigèrent leur société en confrérie, sous le titre des Confreres de la Passion de N. S. Le Roi voulut voir quelques-unes de leurs pièces, elles lui plurent, & cela leur procura des lettres du 4e Décembre 1401 pour leur établissement à Paris. M. de la Mare les rapporte dans son Traité de Pol. L. III, T. III, C. 9. Ces Confrères de la Passion avoient fondé dans la Chapelle de la Sainte Trinité le servie de leur Confrérie. Dans la maison dont dépendoit cette Chapelle, & qui avoit été bâtie & fondée hors la porte de Paris du côté de S. Denys, par deux Gentils-hommes Allemans frères utérins, pour recevoir les Pélerins & les Pauvres Voyageurs qui arrivoient trop tard pour entrer dans la Ville, dont les portes se fermoient alors, il y avoit une grande salle que les Confreres de la Passion louèrent ; ils y firent construire un Théatre, & y représentèrent leurs jeux, qu’ils nommoient simplement Moralités. François I confirma tous leurs privilèges par lettres patentes du mois de Janvier 1518, & ces pièces sérieurs durèrent près d’un siècle & demi. On s’en ennuya. Les Joueurs y mêlèrent quelques farces tirées de sujets profanes & burlesques, qui firent plaisir au Peuple, & qu’on nomma Les Jeux des pois piles, apparemment par allusion à quelque scène qui s’y représenta. Ce mêlange de Morale, ou de Religion & de bouffonnerie, déplut dans la suite aux gens sages. La maison de la Trinité fut de nouveau convertie en Hôpital, suivant sa fondation ; ainsi les Confreres de la passion furent obligés de la quitter. Comme ils avoient fait des gains considérables, ils se trouvèrent en état d’acheter l’ancien hôtel des Ducs de Bourgogne, qui n’étoit plus qu’une masure. Ils y firent bâtir une nouvelle salle, un théatre, &c. Le Parlement, par Arrêt du 19 Nov. 1548, leur permit de s’y établir, à condition de n’y jouer que des sujets profanes, licites & honnêtes, & leur fit de très-expresses défenses d’y représenter aucun mystère de la Passion ni autres mystères sacrés : il les confirma dans tous leurs privilèges & fit défense à tous autres, qu’aux Confreres de la Passion, de jouer ni représenter aucuns jeux, tant dans la ville, fauxbourgs, que banlieue de Paris, sinon sous le nom & au profit de la Confrérie. Ce qui fut confirmé par Lettres patentes d’Henri II, du mois de Mars 1559, & de Charles IX, du mois de Novembre 1563.

Les Confreres de la Passion, qui avoient seuls le Privilège, cessèrent de monter eux-mêmes sur le théâtre. Les pièces ne convenoient plus au titre religieux qui caractérisoit leur compagnie. Une troupe de Comédiens se forma pour la première fois, & prit à loyer le Privilège & l’hôtel de Bourgogne. Les Confreres s’y réservèrent seulement deux loges, pour eux & pour leurs amis ; c’étoient les plus proches du théatre, distinguées par des barreaux, & on les nommoit les loges des Maîtres. La farce de Patelin y fut jouée avec succès sous Henri II. Etienne Jodelle fut le premier qui prit des sujets sérieux, & qui fit deux Tragédies, c’étoit sous Charles IX & Henri III. Sa Cléopatre & Fion furent jouées devant Henri III & toute la Cour, au Collége de Reims, & ensuite au Collége de Boncour. Jean Baïf & la Péruse se distinguèrent ensuite. Garnier l’emporta sur tous ses prédécesseurs. Il se forma quelques troupes de Comédiens en Province, d’où elles passèrent à Paris dans l’hôtel de Cluny. Le Parlement les exclut en 1584. Deux autres bandes, l’une de François, & l’autre d’Italiens, eurent le même sort en 1588 ; mais en 1596, il fut permis aux Provinciaux de jouer à la foire de Saint Germain, à la charge de payer par chacune année qu’ils joueroient, deux écus aux Administrateurs de la Confrérie de la Passion. Les accroissemens de Paris obligèrent dans la suite les Comédiens à se séparer en deux bandes, les uns restèrent à l’hôtel de Bourgogne, & les autres allèrent à l’hôtel d’Argent au Marais. Les vieilles pièces devinrent fades, & la comédie étoit tombée, lorsque Corneille parut, & commença par sa Mélite. Tels furent les commencemens & les progrès de la comédie en France. En 1609 une Ordonnance de Police défendit aux Comédiens de représenter aucunes comédies, ou farces, qu’ils ne les eussent communiquées au Procureur du Roi. Voyez sur tout ceci Pasquier, Rech. L. VII, C. 5. de la Mare, Tr. de Pol. L. III, T. III, c. 2 & 3. & Naudé, dans son Mascurat, p. 214, 215.

Comédie se prend plus particulièrement pour les pièces qui représentent des choses agréables, divertissantes, & non sanglantes : comme les Comédies d’Aristophane, de Térence, le Menteur de Corneille, les Fâcheux de Molière, les Plaideurs de Racine. La Comédie, prise en ce sens, est opposée à la tragédie, dont les sujets sont graves & sérieux. C’est proprement l’imitation des mœurs mise en action.

La Comédie est un Poëme ingénieux pour reprendre les vices & les rendre ridicules. Boursaut. Aristote a défini la Comédie, une imitation des plus méchans hommes dans le ridicule. Corneille n’a nullement approuvé cette définition ; car il prétend que les actions des Rois mêmes y peuvent entrer, pourvu qu’il s’agisse simplement d’intérêts d’Etat, sans aucun danger considérable, ou d’une intrigue d’amour. Il soûtient qu’un Poëme où il n’y a bien souvent d’autre péril à craindre que la perte d’une Maîtresse, n’a pas droit de prendre un nom plus relevé que celui de Comédie. Il a seulement ajouté à ces Comédies, où il introduit de grands personnages, une épithète pour les distinguer des Comédies ordinaires. Il les appelle Comédies héroïques. M. Dacier blâme fort cet expédient. Il prétend que la Comédie ne souffre rien de grave & de sérieux, à moins que l’on n’y attache le ridicule ; parce que le comique, & le ridicule, sont l’unique caractère de la Comédie. La Comédie est l’image, ou la représentation de la vie ordinaire des hommes ; on y représente leurs actions les plus communes, & on y répand du ridicule sur leurs défauts, afin d’en préserver les spectateurs, ou de les corriger. Quelqu’un a dit, la Comédie ne réforma jamais que les grands canons & les précieuses ridicules.

☞ La Comédie doit représenter au naturel les mœurs du peuple pour lequel elle est faite, afin qu’il s’y corrige de ses vices & de ses défauts, comme on ôte devant un miroir les tâches de son visage. Rac.

A cause des divers changemens qui arrivèrent anciennement à la Comédie, on a distingué la vieille, vetus Comædia ; la moyenne, media ; & la nouvelle Comédie, nova : la vieille, où il n’y avoit rien de feint, ni dans le sujet, ni dans les acteurs ; la moyenne, où les sujets étoient véritables, & les noms supposés, & la nouvelle, où tout étoit inventé, le sujet & les noms. Dac. Quelques-uns contestent à la Comédie le nom de Poëme, sous prétexte qu’elle n’a ni majesté, ni élévation : c’est une pure conservation. Id. La Tragédie & la Comédie ne furent d’abord qu’une seule & même chose. Mais après que le grave & le sérieux furent séparés du burlesque, on s’attacha au premier, & on négligea le dernier. La Comédie demeura dans son premier chaos, ou ne reçut que des changemens médiocres, pendant que la Tragédie fit de très-grands progrès. Après que la Tragédie eut reçu sa perfection, on pensa à cultiver la Comédie. La vieille Comédie succéda à Thesphis & à Eschyle ; Aristophane y travailla avec succès. On y reprenoit publiquement les vices, & l’on n’épargnoit personne. Cette liberté déplut, & l’on défendit de nommer les personnes qu’on jouoit. Alors les Acteurs supposèrent des noms : mais ils désignoient si bien les personnes, qu’on les reconnoissoit sans peine ; c’est ce qu’on appelle la moyenne Comédie. On dut encore obligé de réprimer cette licence : & cette réforme donna lieu à la nouvelle Comédie, qui ne porta sur le théâtre que des avantures feintes, & des noms inventés.

La Comédie, aussi-bien que la Tragédie, a ses parties essentielles & ses parties intégrantes. Les parties essentielles sont dans le langage des Anciens la Protase, l’Epitase, la Catastase & la Catastrophe : la Protase est le commencement où l’on entre dans la sujet ; on connoît le caractères des Personnages, & l’intérêt qu’ils ont, ou la part qu’ils prennent à l’action. Dans l’Epitase les intrigues commencent ; elles continuent & se fortifient dans la Catastase, la Catastrophe contient le dénouvement. Les parties intégrantes sont les cinq actes dans lesquels on divise une Comédie, suivant le précepte d’Horace.

Neve minor quinto, neu sit productior actu.

Précepte qui n’est pas rigoureusement observé. Voyez Actes.

Les actes se divisent en scènes, dont le nombre n’est point fixé, ni par la raison, ni par l’usage ; il dépend des choses qui doivent se faire dans chaque acte, & du nombre de personnes qu’il faut y employer. Les Anciens ajoutoient à leurs Comédies un prologue, un chœur, & des mimes. Voyez la Poëtique de Scaliger, les Antiquités Romaines de Rosinus, le P. Le Bossu, la Pratique du Théâtre de l’Abbé d’Aubignac, &c.

Des succès fortunés du spectacle tragique
Dans Athènes naquit la Comédie antique ;
Là le Grec né moqueur, par mille jeux plaisans,
Distilla le venin de ses traits médisans.

Boil.

Enfin de la licence on arrêta le cours…
Le Théâtre perdit son antique fureur ;
La Comédie apprit à rire sans aigreur. Id.

Comédie. Quelques-uns dérivent ce mot de Κῶμος, comessatio, banquet, festin ; mais il paroît sûr qu’il vient de Κῶμη, un village, & qu’il fut donné la Comédie dans son invention, parce que Thespis & ses premiers Auteurs alloient jouer leurs farces de village en village, montés sur un charriot ou tombereau.

Comédie signifioit aussi l’art de composer des Comédies. On dit d’un Auteur qu’il entend bien la Comédie, les règles de la Comédie, qu’il est le premier Auteur pour la Comédie. Du temps de Molière la Comédie fut portée à sa perfection.

Comédie signifie aussi le lieu où l’on joue la Comédie pour le public. Il loge vis-à-vis de la Comédie.

Comédie se dit, par extension & dans un sens figuré, de toute action hypocrite, ou déguisée, ou plaisant ou ridicule. Simulatio, similationis artificium. L’amitié n’est plus qu’une Comédie : elle n’est qu’en gestes ou en grimaces. S. Evr. Cet homme est un extravagant, qui donne la Comédie à tout le monde. Ils ont eu une dispute, une contestation, qui nous a fait rire, qui nous a donné la Comédie.

Les hypocrites se mocquent intérieurement de la Religion, & en font une Comédie. S. Evr. La vie des Courtisans est une Comédie perpétuelle, ils sont toujours sur le théâtre, & ne quittent guère le masque. Bell. Le monde est une Comédie, chacun y joue son rôle. S. Evr. Catherine de Médicis en France, & Elizabeth en Angleterre, surmontant la foiblesse de leur sexe, ont fait voir dans leur gouvernement deux chefs-d’œuvres de politique, quoique fort différens ; l’une sur une mer orageuse & toujours troublée ; l’autre sur un théâtre assez tranquille, où il n’y avoit que des Comédies à jouer. Vign. Marv.

COMÉDIEN, IENNE. s. m. & f. Qui fait profession de représenter, de jouer des pièces de Théâtre en public. Comædus, Mimus. Comédiens François, Italiens. Comédiens du Roi. Comédiens de campagne. Le mot est dit comme ὁ κατὰ κώμας ᾄδων, chantant, récitant ses pièces par les bourgades, selon la coutume des anciens Comédiens. Avant Thespis, la Comédie n’étoit qu’un tissu de contes bouffons ; & les Comédiens qu’il promenoit sur des charrettes ne disoient que des injures, ou divertissoient le spectateur par quelque raillerie grossière, ou par quelque chanson obscène. Eschyle les habilla plus honnêtement, leur chaussa le brodequin, & les fit monter sur un théâtre, au lieu de charrette. ☞ Nos premiers Comédiens ont été les Troubadours, nommés aussi Trouveurs & Jongleurs. Voyez ces mots. Aux Jongleurs succédèrent les confrères de la Passion. Voyez Comédie.

A l’Opéra, on dit, Acteurs, Actrices, Danseurs, &c.

Le Concile d’Arles en 315 déclare que les Comédiens & les gens de théâtre seront excommuniés tant qu’ils demeureront dans cette profession.

☞ La condition des Comédiens étoit infâme chez les Romains, & honorable chez les Grecs. Qu’est-elle chez nous ? On pense d’eux comme les Romains, on vit avec eux comme les Grecs.

L’incommodité d’être obligé de pleurer & de rire, lorsque l’on a envie de faire toute autre chose, diminue beaucoup le plaisir qu’ont les Comédies, d’être quelquefois Empereurs & Impératrices. Scarron, Rom. com.

On dit figurément d’un hypocrite, d’un homme qui sait bien se contrefaire & déguiser ses sentimens, que c’est un bon Comédien. Simulator.

On dit d’une femme qui n’étant par fort régulière, a un extérieur modeste, & fait la prude, je n’ai jamais vû une si grande Comédienne. Bouh. On dit proprement qu’une femme est grande Comédienne, quand elle paroît ce qu’elle n’est pas. On dit la même chose d’un homme. Tous les successeurs de Zénon & de Diogène ne sont que des Comédiens, & ne se font valoir que par leurs barbes & leurs manteaux. Maug.

Ne vous fiez pas à ceux qui n’aiment la vertu que pour la réputation qu’elle donne : ce sont des Comédiens qui changent d’habits selon les rôles différens qu’ils ont à jouer. Bell. La plûpart des Courtisans sont de grands Comédiens.

COMENGES. Voyez Cominges.

☞ COMÉNOLITARI, (le) contrée de la Grèce moderne, la même que les anciens ont connue sous le nom de Macédoine. Selon M. De Lisle le Coménolitari comprend, ce qu’on appelle aujourd’hui. 1o La Janna, qui est la Thessalie : 2o. La Veria, qui est composée des Provinces qui étoient autrefois au cœur de la Mécédoine : 3o. La Jamboli, c’est-à-dire la partie qui en est au nord oriental, où étoient l’Amphaxitide, la Paraxie, la Chalcitique, la Mygdonie & la Bisaltie.

COMESSATION. s. f. Repas, festin. Ce terme n’est plus en usage.

☞ COMESTIBLE, adj. m .& f. bon à manger, qui sert de nourriture aux hommes : car l’usage n’a pas reçu ce mot relativement aux animaux. On le dit même rarement dans l’usage ordinaire. Denrées comestibles. Comestibilis.

☞ COMÈTE. s. f. Corps céleste de la nature des planètes, qui paroît soudainement & disparoît de même, avec une traînée de lumière, à laquelle on donne tantôt le nom de chevelure, tantôt le nom de barbe, & tantôt celui de queue. On a douté pendant long temps si ce mot étoit masculin ou féminin. Ménage dit que de son temps cette question fut fort agitée à la Cour, durant l’apparition d’une comète, & que quelqu’un dit plaisamment qu’il falloit lui regarder sous la queue pour savoit si elle étoit mâle ou femelle. Aujourd’hui l’usage général fait ce mot féminin, & il ne seroit pas moins ridicule de dire le comète, que le lune ou la soleil.

Comète. Les Péripatéticiens, après Aristote, prétendoient que les comètes n’étoient que des vapeurs & des exhalaisons élevées jusqu’à la région supérieure de l’atmosphère terrestre, & enflammées par l’action des vents contraires : mais tout le monde sait que les comètes paroissent plusieurs mois de suite ; qu’elles sont beaucoup plus éloignées de la terre que la lune, & qu’elles ont un mouvement périodique autour du soleil, aussi bien réglé que celui des planètes ordinaires. On ne peut dont pas, suivant les règles de la saine Physique, supposer que les comètes ne sont autre chose qu’un amas de vapeurs & d’exhalaisons. Le système de Descartes, quoique plus ingénieux, n’est pas plus conforme aux loix de la Physique ni aux Observations astronomiques. Les comètes, dit-il, ont d’abord été autant de soleils, placés au centre d’un tourbillon particulier ; mais ces soleils s’étant couverts de taches & de croûtes, ont à la fin entièrement perdu leur lumière, & ont été métamorphosés en planètes. Be pouvant plus alors conserver leur tourbillon, elles en ont été dépouillées par quelque voisin ambitieux & plus fort. Errantes & vagabondes, les comètes vont de tourbillon en tourbillon, & ne nous paroissent visibles que lorsqu’elles entrent pour quelque temps dans celui du soleil.

☞ Descartes, par une suite nécessaire des principes de la Cosmogonie, nous propose un vrai roman, au lieu d’un système physique. 1o. Le système des tourbillons simple est aujourd’hui décrié. Voyez Tourbillon. 2o. La supposition que des corps lumineux peuvent s’encroûter & devenir opaques, & trop l’air d’une fable, & est trop contraire aux loix de la Physique. Enfin Descartes suppose que les comètes, qui n’ont d’elles-mêmes aucun mouvement, & qui ne sont emportées par aucun tourbillon particulier, se trouvent des mois entiers dans le tourbillon solaire avec un mouvement souvent contraire, souvent même directement opposé à celui de ce tourbillon, puisque le tourbillon solaire se meut d’orient en occident, & que parmi les comètes les unes se meuvent du midi au nord, les autres du nord au midi, &c. Or tout cela est contraire aux loix de la Physique. Voyez encore Tourbillon.

☞ Les comètes, suivant la doctrine de Newton, créées au commencement du monde, comme les autres planètes, tirent leur lumière du soleil, & parcourent dans le vide autour de cet astre, des éclipses fort excentriques & faisant de forts grands angles avec l’écliptique. Elles persévèrent dans leur mouvement, aussi-bien quand elles vont contre le cours des planètes ordinaires, que lorsqu’elles se meuvent du même côté ; & leurs queues sont des vapeurs fort subtiles qui s’exhalent de la tête ou noyau de la comète échauffée par la chaleur du soleil.

☞ Les comètes ne décrivent pas autour du soleil des orbites circulaires, puisqu’elles se trouvent tantôt plus tantôt moins éloignées de cet astre.

☞ Les comètes décrivent autour du soleil de vraies ellipses, puisque nous les voyons reparoître après un certain nombre d’années.

☞ Les comètes parcourent des ellipses fort excentriques, puisqu’elles ne sont visibles que lorsqu’elles sont près de leur périhélie, & que la vîtesse qu’elles ont alors est incomparablement plus grande que celle qu’elles ont à leur aphélie.

☞ La même comète nous paroît tantôt avec une queue, caudatus, tantôt avec une barbe, barbatus, tantôt avec une chevelure, crinitus, parce que dit M. de Mairan, les comètes passant aussi près du globe du soleil, se chargent d’une partie de l’atmosphère solaire qu’elles traversent. Si la comète suit le soleil, elle doit nous paroître avec une queue ; parce que les rayons de lumière qui sont envoyés avec une vîtesse inconcevable, ont assez de force pour jeter derrière la comète la plus grande partie de son atmosphère qui se trouve entr’elle & le soleil. Si la comète précède le soleil, elle doit paroître avec une barbe, parce que les mêmes rayons de lumière, envoyés sur la comète, chassent la plus grande partie de son atmosphère qui se trouve entr’elle & le soleil. Ces particules ainsi chassées doivent nécessairement précéder la comète dans sa marche & nous la représenter avec une espèce de barbe lumineuse. Si la comète est tellement placée, que l’œil de l’observateur se trouve entr’elle & le soleil, elle doit paroître entourée d’une atmosphère lumineuse, ou, comme on dit, avec une chevelure.

☞ Si les comètes n’ont pas toutes, comme les planètes, un mouvement périodique d’occident en orient, c’est qu’elles n’ont pas reçu au commencement du monde, comme les planètes, un mouvement de projection dirigé de l’occident à l’orient. Toutes ces variétés dans le mouvement des comètes, & la direction si variée de leurs mouvemens, prouvent bien qu’elles ne sont pas emportées par un fluide en tourbillon, qui devroit les diriger toutes dans le même sens, & à peu près dans le même plan.

☞ Enfin, les comètes perdent leur atmosphère lumineuse, ou totalement ou en grande partie, par voie de dissipation dans les espaces célestes, & par voie de précipitation de chûte dans l’atmosphère propre & immédiate du globe de la comète, comme il arrive à la matière de nos aurores boréales qui se précipite dans l’atmosphère terrestre.

☞ Les anciens Philosophes ont débité les plus grandes extravagances sur les comètes qu’ils regardoient comme autant de présages funestes de quelque grand malheur dont le monde étoit menacé. Attentifs à en observer la couleur, ils effrayoient le peuple par les prédictions les plus ridicules. La comète tiroit-elle sur le blanc ? l’année devoit être féconde en léthargies, pleurésies & péripneumonies. Avoit-elle une couleur rougeâtre ? les fièvres chaudes devoient être fréquentes. Sa couleur approchoit-elle de celle de l’or ? c’étoit un pronostic infaillible de la mort de quelque Potentat. Etoit-elle bleuâtre ? elle annonçoit la sécheresse la plus cruelle, la famine la plus terrible, & la peste la plus affreuse. L’assassinat de Jules Cesar, les guerres de Mahomet, le schisme d’Henri VIII, Roi d’Angleterre, tous ces tristes événemens & une infinité d’autres avoient été annoncés par autant de comètes.

☞ Un pareil système ne mérite pas une réfutation sérieuse. On est guéri d’une erreur long temps accréditée par l’ignorance. La comète me fait beaucoup d’honneur, disoit le Cardinal Mazarin. L’ambition de leurs voisins, les plaintes des grands, l’inquiétude des peuples, sont les comètes que les Princes doivent appréhender.

Quelques-uns prétendent que si les comètes ne sont pas des présages des événemens, elles en peuvent être des causes Physiques. La raison est que les comètes occupant une si vaste partie du ciel, communiquent à la matière qu’elles rencontrent des mouvemens fort différens de celui qu’elle avoit auparavant : or il peut arriver des changemens dans le monde par les agitations & les altérations que produit l’influence de la comète. Ben. Au Mexique & en plusieurs lieux des Indes, les peuples faisoient grand bruit de leurs cornets & tambours, quand ils voyoient des comètes, s’imaginant par leurs cris les faire fuir, & dissiper. Herréra.

Comète, terme d’Artificier. On appelle ainsi les fusées volantes, dont la tête est lumineuse aussi-bien que la queue, à l’imitation des comètes du ciel ; quelques-uns les appellent flamboyantes.

Comète, en termes de Blason, est une étoile qui a une queue flamboyante ou ondoyante. On la peint d’ordinaire à huit rais. Quelques-uns appellent aussi comètes, des étoiles à seize rais, quoique sans chevelure & sans queue. On leur donne aussi les épithètes de caudées & de chevelées. On dit aussi, qu’elle est hérissée, lorsqu’entre les rais il y a de la lumière qui paroît par de petits traits.

Comète. Jeu de Cartes, où l’une des cartes porte particulièrement le nom de comète.

L’aimable Iris, qu’on ne peut trop louer,
Me proposa l’autre jour de jouer
Un Madrigal, en cent points de Comète. Ab. Regn.

Comète, dans l’histoire des modes. Espèce de coëffure de femme, montée sur du fil de laiton.

COMÉTÉ, ÉE. Terme de Blason. C’est un rayon ondoyant comme celui de la comète à longue queue. Critinus, caudatus. On distingue les pals cométés des flamboyans, en ce que les cométés sont mouvans du chef, & les flamboyans de la pointe en haut. Une fasce cométée, &c.

☞ COMÉTOGRAPHIE. s. f. La connoissance des comètes, la méthode de calculer le mouvement apparent des comètes. Cometographia. Γραφω, scribo. Hevelius a donné une cométrographie.

COMICE. s. m. Comitium. C’est le nom du lieu où l’on tenoit les comices chez les Romains. Le comice étoit une partie de la place publique appelée forum ; ce lieu fut long temps découvert, ce qui obligea souvent d’interrompre les comices, à cause du mauvais temps : ce ne fut qu’après la seconde guerre de Carthage, que l’on couvrit d’un toît le comice. Voyez Marlianus, Varron, Tite-Live, Rosinus. Ce mot ne se dit guères en ce sens, & au singulier dans notre langue. En latin, il est dans Varron.

COMICES. s. m. pl. Assemblée du peuple Romain dans le champs de Mars, ou pour élire des magistrats, ou pour traiter des affaires les plus importantes de la république. Comitia. Il y avoit certains jours fixés pour ces sortes d’assemblées, qu’on appeloit comitiaux, & ils sont marqués par un C sur le calendrier de Jules César. On appeloit comices consulaires, l’assemblée où il s’agissoit de créer des Consuls : les autres comices prenoient le nom du magistrat dont on faisoit l’élection, soit d’un tribun, &c. On distinguoit trois sortes de comices. Comitia curiata, centuriata, & tributa ; c’est-à-dire, selon que le peuple opinoit, & donnoit son suffrage, ou par curies, ou par centurie, ou par tribus. Voyez ces mots.

☞ COMICIAL. adj. A la diète de Ratisbonne, on appelle délibérations comiciales, les délibérations qui se font en commun.

COMINES, petite ville de Flandres entre Lille & Ypres, sur la Lys. Comineum. Cette ville a donné la naissance & le nom au célèbre Historien de Louis XI & de Charles VIII. Philippe de Comines, fils de Colart de la Clithe, & neveu de Jean de la Clithe, seigneur de Comines.

COMINGE. s. f. C’est un nom que l’on a donné dès le dernier siècle aux bombes qui pèsent environ 500 liv. pour les mortiers de 18 pouces 4 lignes : ces bombes ont 17 pouces 10 lignes de diamètre : on ne les nomme point cominges dans l’artillerie. On ne s’en est point servi depuis le dernier siège de Tournay. Voyez les dimensions de ces bombes dans les Mémoires d’artillerie, édition de 1707, t. 1, p. 254, & de 1745, t. 2, p. 9. La ville de Traerbac, prise par le comte de Belle-Isle, subsiste comme auparavant, à la réserve d’une maison écrasée par une cominge. Obs. sur les Ecr. mod. Louis XIV, aux sièges qu’il fit en personne, de Mons & de Namur, fit un grand usage de ces bombes. M. le comte de Cominges y étoit un de ses aides-de-camp, & le Roi l’honoroit de sa bienveillance, même de sa familiarité. Comme M. de Cominges avoit près de six pieds de hauteur, & environ autant de circonférence, le Roi lui dit un jour : ces bombes prodigieuses ressemblent bien à Cominges : il faut leur donner son nom ; mais il ne me le pardonnera jamais, s’il vient à savoir que je les lui ai comparées. De-là, ce nom leur resta, & telle en est l’étymologie. Jugem. sur quelques Ouvrages nouv. T. IV.

COMINGEOIS, pays de France, en Gascogne. Convenensis stractus, ou ager. Le Comingeois a pour bornes l’Armagnac au nord, le Consérans à l’orient, la Catalogne au midi, & le comté de Bigorre à l’occident. Le Comingeois a titre de comté. Andoque dit que c’est Charlemagne qui le lui a donné. La capitale, nommé autrefois Lugdunum Convenarum, parce qu’elle est sur une montagne, est un evêché fort ancien, dont un Evêque assista au concile d’Agde en 506. Elle fut détruite en 585 par le roi Gontram, & ne fut rétablie que 500 ans après, en 1085, par S. Bertrand, dont elle a pris le nom, Saint-Bertrand de Cominges. Voyez Hadriani Valesii notit. gall. & San-Marth. Gall. Christ. t. II, pag. 547.

COMINGEOIS, OISE, s. m. & f. Convena. Qui est de Cominges ou du Comingeois. Les Comingeois étoient originairement des brigands qui se retiroient dans les forêts des Pyrénées. Pompée, vainqueur de Sertorius, les attaqua, & les obligea à demander la paix. Une des conditions fut qu’ils quitteroient leurs forêts & leurs montagnes où ils erroient, & qu’ils se rassembleroient au lieu que nous appelons Cominges, où ils formeroient une ville. C’est de-là qu’ils furent appelés Convenæ, comme qui diroit les rassemblés, de convenio, s’assembler en corps, faire un corps.

COMINGES, ou Saint-Bertrand de Cominges, capitale du comté de Cominges. Elle s’appeloit autrefois Convens, comme a mis en latin M. Cordemoy ; en latin Convenæ, Lugdunim convenarum ; & aujourd’hui, Saint-Bertrand de Cominges. Fanum S. Bertrandi, ou Civitas. C’est une ville de Gascogne en France, capitale du comté de Cominges, & épiscopale de la province d’Ausch. Elle fût bâtie sur la fin du onzième siècle, sur la Garonne, à la place & sur les ruines de l’ancienne Convena, ou Lugdunum Convenarum, détruite par les François en 584. Maty. Le P. Daniel écrit Comminge. M. de Marca, Comenge, quoiqu’il dise, Comingeois. Voyez cet auteur, Hist. de Béarn, L. I, c. 8, 9 ; & Catel. Hist. du Langued. L. II, c. 14, qui écrit aussi Comenge. De quelque manière qu’on écrive, il faut prononcer Cominge.

COMIQUE. adj. m. & f. Qui appartient à la comédie, proprement dite. Comicus. On joue aujourd’hui une pièce comique. Térence est le modèle des Poëtes comiques.

Des Crispins comique famille
Iront-elles du peuple exciter les éclats ?
Le théâtre est un lieu glissant pour une fille ;
Il ne les faut point mettre en danger d’un faux pas.

Nouv. choix de vers.

Comique se dit aussi de tout ce qui est plaisant, propre à faire rire. Facetus, lepidus, jucundus, comicus. Cette aventure, cette querelle est comique. L’histoire comique de Francion, écrite par Sorel. Le roman comique de Scarron. Propos comique ; figure comique. La Bruy. Les proverbes ne sont bons que dans une pièce comique. Bouh.

Il est aussi substantif, & signifie alors genre comique, style comique. Cet auteur entend bien le comique. On le dit aussi d’un acteur. C’est un bon comique, c’est le comique de la troupe.

COMIQUEMENT. adv. d’une manière comique. Comicè.

Ces mots ont la même étymologie que comédie.

COMIRS. s. m. C’étoit des espèces de farceurs ou bâteleurs qui avoient succédé en France aux Histrions. La plûpart étoient Provençaux, savoient la musique & jouoient des instrumens. Ils débitoient ce que les Trouvères faisoient de meilleur. On les appeloit encore, conteours, jongleours ou jongleurs, musars, plaisantins, pantomimes, &c.

COMITE, s. m. Officier de galère qui commande la chiourme, qui a le soin de faire ramer les forçats. Remigum Præfectus. Les Comites sont des gens redoutables aux forçats.

Quelques-uns dérivent ce mot de comes ; d’autres de comissus. M. Huet le dérive de comes, & il remarque ce que Suétone rapporte d’Auguste, qu’ayant été salué en passant, avec de grandes acclamations par l’équipage d’un vaisseau d’Alexandrie, Quadragenos aureos comititus divisit.

Il y a des Officiers de galères qui disent cômes, au lieu de comite.

COMITÉ. s. m. Terme emprunté des Anglois, chez lesquels il signifie un bureau composé d’un certain nombre de membres du Parlement, commis pour examiner un bill, ou faire rapport d’une requête, ou d’un procès à la Chambre. Delegati ab Anglicis comitiis ad rei alicujus examen, aut ejusdem expositionem explicationemque faciendam. Commissarii, commissariorum ou delegatorum cætus. Quelquefois toute la chambre est changée en comité, & alors chacun a droit de parler & de répliquer tant qu’il lui plaît, la matière dont il s’agit est ainsi mise en contestation & en délibération ; mais quand la Chambre n’est plus en grand comité, on opine régulièrement, & il n’est permis à chaque membre de parler qu’une fois. Les comités s’assemblent toujours après dîner.

Comité secret se dit dans le même royaume, de ce que nous appelons en France, le Conseil d’Etat. Le terme est aussi d’usage en Suède.

Comité se dit aussi d’un bureau, d’une société de gens qui s’assemblent pour quelqu’affaire.

☞ Les assemblées des Fermiers généraux s’appellent comité.

☞ L’Académie de chirurgie de Paris porte le nom de comité ou de comité perpétuel. La premiere classe des Académiciens a le titre de conseillers du comité perpétuel ; la seconde, d’adjoints du comité.

Comité se dit aussi dans l’ordre de Malte. Le comité est un bureau de seize Commandeurs pour l’expédition des affaires de l’Ordre. Sedecim viri, sedecim virorum consolium. Comme le grand nombre des capitulans pourroit consumer trop de temps, on renvoie la décision des affaires à un comité composé de seize capitulans tous commandeurs. Vert. Le comité se retire à part. Id.

COMITIAL. s. m. C’est le nom qu’on donnoit autrefois à un certain mal qu’on appelle vulgairement haut mal, mal caduc, mal de S. Jean, ou absolument mal de saint, & qu’on appelle en médecine épilepsie. Les historiens l’appellent le comitial ou maladie divine ou sacrée. Ce mal s’appelle comitial, & chez les Latins comitialis morbus, des assemblées du peuple romain qui s’appeloient comitia, parce que quand quelqu’un y tomboit de ce mal, cela étoit regardé comme un mauvais présage, & l’on rompoit l’assemblée. Ce mot n’est plus en usage.

COMITIVE. adj. f. On ne trouve point le masculin comitif. M. de la Roque, dans son Traité de la Noblesse, appelle noblesse comitive, la noblesse des docteurs qui étoient faits comtes Palatins ; c’est-à-dire, comtes du Palais, & qui prennent encore le titre de comtes. Le premier médecin du Roi prend le titre d’Archiatrorum comes.

☞ COMMA. s. m. Terme de grammaire ancienne. Le mot est grec ϰόμμα, segmen. C’est ce que les Romains appeloient incisum, & nous incise. Voyez ce mot. De-là est venu par extension le comma, terme d’Imprimerie & de Musique.

Comma. Terme d’Imprimerie qui signifie les deux points (:) que l’on emploie dans la ponctuation de l’écriture, & dont l’usage est de distinguer dans le discours, des phrases ou membres qui se suivent sans dépendre absolument les unes des autres : en sorte que le sens de ce qui précède les deux points est fini, & que ce qu’on ajoute ensuite, n’est que pour l’étendre & l’éclaircir. M. Restaut. Κόμμα est un mot grec qui vient de Κόπτοι.

Comma, terme de Musique, qui signifie la huitième partie ou environ d’un ton. Chaque ton se subdivise, premièrement en deux demi tons, puis en 9 ou 11 parcelles que la théorie de la musique appelle comma. Acad. des Sc. 1700. Mém. p. 262. Le son que forme une corde lorsqu’on la pince, est censé