Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/731-740

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Fascicules du tome 2
pages 721 à 730

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 731 à 740

pages 741 à 750


Communauté tacite, est une Communauté contractée entre plusieurs personnes par le seul mêlange de leurs biens, pourvu qu’elles soient demeurées ensemble un an & un jour. La Communauté tacite, parce qu’elle est odieuse, a été abolie dans plusieurs de nos Coutumes ; elle n’a plus lieu qu’entre les enfans & leur pere ou leur mere, qui survit, lorsqu’ils n’ont point fait d’inventaire.

Communauté de draps. C’est un terme dont les Capucins se servent, pour signifier la chambre où ils mettent leurs habits. Vestiarium.

Communauté. Sur la fin du treizième siècle il se forma deux partis dans l’Ordre de S. François, dont l’un fut appelé les Spirituels, & l’autre la Communauté. Ce que l’on appeloit la Communauté, étoit le gros de l’Ordre les Spirituels étoient les Religieux zélés qui blâmoient les relâchemens. Voyez le P. Hélyot, T. VII, C. V, & Vading, Hist. de l’Ordre des Fr. Min. T. II & III.

COMMUNAUTIER. s. m. terme qui est en usage parmi les Augustins Déchaussés, pour signifier celui qui a soin de faire les habits des Religieux. Sartor.

COMMUNAUX. s. m. pl. Ce sont les prés, terres, ou varennes qui appartiennent à une Communauté d’habitans, où ils ont droit d’envoyer paître leurs bestiaux. Agri compascui.

☞ COMMUNE, s. f. C’est proprement le corps du peuple, le corps des Bourgeois d’une ville, ou des habitans d’un bourg, d’un village. Commune. La commune s’émeut facilement. Il ne faut pas irriter la commune. La commune de tel endroit a pris les armes.

☞ Ce mot au pluriel signifie les peuples de la campagne, les habitans d’une paroisse. C’est dans ce sens qu’on dit assembler les communes pour délibérer sur les affaires de la Communauté.

☞ Autrefois en appeloit les Milices Bourgeoises & les Milices de la Campagne, les communes. On enjoignit aux communes de leur courir lus.

☞ On a aussi donné le nom de communes à une sorte de société que les habitans d’un même lieu, d’une même ville, d’un même bourg formoient entr’eux par la permission du Souverain, au moyen de laquelle ils formoient un Corps, avoient droit de s’assembler, de se choisir des Officiers, &c. C’étoit une espèce de nouveau gouvernement, qui s’étoit établi dans plusieurs endroits du Royaume, avec l’agrément du Souverain, sous le règne de Louis VI, dit le Gros, pour détruire le pouvoir des Seigneurs qui tyrannisoient le peuple, & mettre les habitans, en les unissant d’intérêts, en état de se maintenir contre les grands Seigneurs.

Voici comment les communes s’établirent. L’excommunication de Philippe I, & son inapplication aux affaires, avoient presque ruiné son autorité en France ; & jamais les violences des Seigneurs & des Gentilshommes, & d’une infinité de brigands & de scélérats, qui s’avouoient d’eux, n’allèrent à de plus grandes extrémités, sur tout contre les Ecclésiastiques, sans qu’on pût y remédier, parce que ceux qui devoient fournir des troupes les refusoient souvent. Louis le Gros, à qui Philippe son père avoit abandonné la conduite de l’Etat sur les dernières années de sa vie, délibéra avec les Evêques du domaine Royal des moyens de remédier à ces maux, & imagina avec eux une nouvelle police pour la levée des troupes, & une nouvelle forme de justice dans les Villes, pour empêcher l’impunité des crimes. Au lieu qu’auparavant c’étoient les Baillis seuls qui levoient les Soldats dans les Provinces, il fut déterminé que ce seroient les Evêques & les Bourgeois, qui en certaines Villes se chargeroient désormais de cette commission ; que les levées se feroient par paroisses ; que dans chaque paroisse, tous ceux qui seroient en état de porter les armes seroient obligés de marcher sous les bannières de leurs Eglises, & que les Curés iroient avec eux pour leur administrer les Sacremens, & pour les autres fonctions de leur ministère. On accorda à cette occasion de grands avantages aux villes où cette police fut établie. On y créa un nouveau Tribunal, composé d’un certain nombre de Juges, tirés de la Bourgeoisie, auxquels on donna la connoissance de plusieurs crimes & de plusieurs différens, qui regardoient les bourgeois & la banlieue de la ville. On leur accorda un sceau particulier, le droit de cloche dans le lieu où ils s’assembloient, pour convoquer les Bourgeois, celui d’un beffroi pour faire la garde, & d’autres privilèges semblables, dont Du Cange nous a donné le détail. Des Gentilshommes, & d’autres gens de dehors, entrèrent dans ces communes, & il paroît que tout le territoire, qui ressortissoit auparavant à la justice de ces villes administrée par les Baillis, y participoit aussi. Ainsi, quand on dit dans notre Histoire, que la commune d’une telle ville marcha à l’armée du Roi, cela se doit entendre des troupes levées dans tout le territoire qui en dépendoit, & ces troupes étoient distinguées de celles que les Seigneurs & les Gentilshommes Vassaux du Roi étoient obligés de lui fournir en vertu de leurs Fiefs. Nos Historiens de ce temps-là appellent celles-ci Milites ; & les communes, Bursenses. Ces communes étoient fort commodes pour avoir aisément des troupes. Aussi passerent-elles du domaine du Roi dans celles de ses plus puissans Vassaux, comme des Ducs de Bourgogne & de Normandie, des Comtes de Flandre & de plusieurs autres. Mais d’ailleurs par ce moyen on établit dans les villes comme autant de petites républiques, qui firent souvent de la peine au Souverain. P. Daniel, au commencement de Louis le Jeune, T. I, p. 1167 & suiv.

C’est de là qu’est venue l’autorité & la juridiction des maisons de villes, leurs revenus, les divers offices dont elles sont composées ; car même, en plusieurs chartes, on donne à ces Juges le nom d’Echevins, Scabini, & au Chef de cette juridiction le nom de Major ou de Maire des Gentilshommes.

☞ Par l’établissement des communes, les villes étoient devenues presque indépendantes : aussi dès que les Seigneurs furent réduits, les Rois ne tardèrent pas à dépouiller petit à petit les villes des privilèges qu’ils leur avoient accordés. Voyez la fameuse Ordonnance de Moulins qui ôte la connoissance des affaires civiles entre les parties aux Maires, Echevins, Consuls, Capitouls, en un mot à tous les Administrateurs des Corps de Ville.

Dans le Parlement d’Angleterre il y a deux Chambres : la Chambre Haute est celle des Seigneurs, Curia superior ; la Chambre basse est celle des communes ; inferior Curia ; elle est composée des Députés des Villes, & représente le Tiers-Etat. C’est de cette Chambre que sortent les Bills pour lever de l’argent sur les sujets de l’Etat, Bills auxquels la Chambre Haute ne peut faire aucun changement.

Communes, sont aussi des terres qui appartiennent à des villes, à des bourgs ou villages, où les habitans envoient paître les bestiaux, couper du bois pour leurs usages, & s’en servir dans leurs autres besoins. Agri communes. Les Seigneurs des lieux usurpent souvent les communes des paysans. Les communes ne sauroient être aliénées, & si elles l’étoient, les habitans y pourroient rentrer de plein droit. Journal des Aud. On les appelle en quelque pays des communaux. Festus appelle compascuus, un champ abandonné au pâturage des bestiaux du commun.

Commune, (à la) adv. Communément, grossièrement, vulgairement. Vulgari more, vulgato more. Il philosophe à la commune. Gomb. Il n’est pas d’usage.

Commune, terme de Mythologie, par lequel on désigne une fête que célébroient les Payens. La fête que les Payens nommoient Commune, étant arrivée, Julien retourna au temple de la Fortune. C’est sans doute la fête de tous les Dieux que Festus appelle Communicarius dies.

COMMUNEL. adj. Commun. Vieux mot, qui se trouve dans Villehardouin, & autres. voyez Du Cange, Gloss. de Villehardouin.

Et tous li biens sont communels. Ph. Mouskes.

COMMUNÉMENT. adv. D’une manière commune, ordinaire, générale. Communiter, vulgo. Les proverbes se forment de ce qui se dit communément. On trouve cela communément ; c’est-à-dire, partout. Ubique. Il y a communément dans nos Historiens un certain embarras qui fatigue l’esprit, & qui le dégoûte. Le P. Dan. A parler communément, communément parlant ; pour dire, selon l’opinion commune, selon la manière de parler ordinaire.

COMMUNIANT, ANTE. f. Celui qui communie. Qui ad epulum Eucharisticum accedit, qui sacratissimo Christi corpore reficitur. Il y avoit deux communians à cette Messe. On compte le nombre des paroissiens d’une Cure en disant, il y a tant de communians.

COMMUNICABILITÉ. s. f. Qualité de ce qui est communicable. Facultas ab uno ad alium transeundi. C’est un fait attesté par un grand nombre de voyageurs, que les Orientaux ne croient point la communicabilité de la peste. Journ. des Sav. 1722. p. 212. M. Gaudereau, dans sa Relation des différentes espèces de peste que reconnoissent les Orientaux, n’en convient pas, & il a raison. Les preuves que l’on apporte de cette prétendue opinion des Orientaux, ne sont pas convaincantes ; car la coutume dans laquelle ils sont de n’apporter point de précautions, & de se servir des hardes d’un pestiféré, aussi-tôt qu’il est mort, ne vient point de ce qu’ils nient la communicabilité de la peste ; mais de l’opinion où sont les Mahométans sur la préscience de Dieu, dont ils font une espèce de destin, qui a prévû & réglé qu’ils mourroient de telle ou de telle autre manière. S’il l’a prévû, ils disent qu’ils auroient beau faire, & que cela arrivera infailliblement ; & s’il ne l’a pas prévu, ils ont beau s’exposer, rien ne pourra leur donner la mort. Ainsi on a tort de s’autoriser de l’exemple des Orientaux pour rejeter la communicabilité de la peste. Les Orientaux s’exposent de la même manière, & par le même principe, à tout autre danger qu’à celui de la peste.

☞ COMMUNICABLE. adj. de t. g. Ce qu’on peut communiquer à un autre, ce dont on peut le faire participant. Quod alteri communicari potest ; cujus particeps fieri potest. La Souveraine autorité n’est pas communicable.

☞ Il signifie aussi, qui peut se joindre à un autre. Sociabilis. La navigation a rendu tous les pays communicables.

☞ Deux rivières sont communicables, quand elles peuvent être jointes par un canal.

☞ Deux appartemens sont communicables, quand on peut pratiquer une communication de l’un à l’autre.

☞ On ne dit point un homme communicable, mais communicatif.

COMMUNICANS. s. m. pl. Secte d’Anabaptistes du seizième siècle. Communicantes. La Communauté de femmes & d’enfans qu’ils avoient établie entr’eux à l’exemple des anciens Nicolaïtes, leur fit donner ce nom.

☞ COMMUNICATIF, IVE. Qui se communique facilement. Le bien est de soi communicatif. On ne le dit guère que dans ces sortes de phrases.

☞ On dit qu’un homme est communicatif, quand il aime à communiquer aux autres ses pensées, ses lumières, ses connoissances, à leur en faire part.

COMMUNICATION. s. f. Action par laquelle on fait part à un autre, & on le fait participant du bien ou du mal qu’on possède, & l’effet de cette action. Communicatio. C’est par le moyen des Sacremens que Dieu nous fait la communication de ses grâces. La communication des pensées & des sentimens, qui se fait par le commerce de la conversation, est le plaisir le plus doux de la vie raisonnable. Val. L’amitié est une communication de biens & de maux.

Communication se dit aussi de la fréquentation, du commerce, de la liaison qu’on a avec quelqu’un. Communicatio, societas, communio. Rien n’est plus dangereux que la communication avec les Hérétiques. La communication plus libre des Rois avec leurs sujets, fait qu’on perd moins de leurs bons exemples. Flech. L’esprit se fortifie par la communication des esprits vigoureux, & se perd avec les esprits bas. Mont. Rompre toute communication avec quelqu’un.

Communication signifie encore le moyen par lequel deux choses se communiquent le passage par où on va de l’une à l’autre. Iter pervium ab uno loco ad alterum. Il y a eu bien des places qui ont eu communication les unes avec les autres par dessous terre. Cette galerie joint, fait la communication de ces deux appartemens. Canal de communication de deux mers. On ne connoît pas comment se fait la communication entre l’ame & le corps. Font. On définit la prière, une communication de l’ame avec Dieu. Communicatio.

En termes du Palais, la communication est l’échange que les Avocats font de leurs sacs, afin qu’ils s’éclaircissent du fait, & voient sur quoi ils ont à plaider. C’est aussi une espèce de petit plaidoyer qu’ils font au parquet en présence des Avocats-Généraux, pour les instruire de l’affaire, avant que de leur envoyer les pièces. On le dit aussi de la signification des pièces & des actes d’un procès. Un Procureur demande à son confrère qu’il lui donne communication d’un tel acte, qu’il lui en donne copie. L’Ordonnance dernière veut qu’on ne prenne communication des procès pour faire des contredits, que par les mains du Rapporteur.

On dit, en termes de Physique, ☞ la communication du mouvement, c’est-à-dire l’action par laquelle un corps qui en frappe un autre, met en mouvement le corps qu’il frappe. Communicatio motûs.

En termes de Guerre, on appelle lignes de communication, ou absolument les lignes, des fossés profonds de 6 à 7 piés, & larges de 12 qu’on fait d’un fort à un autre, pour passer d’un quartier à l’autre, d’une attaque à une autre ; & s’entresecourir particulièrement dans les sièges. Fossæ per quas ab une propugnaculo ad aliud iter patet, fossæ communicantes.

En Théologie communication d’idiomes est la communication qui se fait dans J. C. des attributs d’une nature à l’autre. Communicatio idiomatum. La communication d’idiomes est fondée sur l’unité de personne dans J. C. ; parce qu’il n’y a dans J. C. qu’une personne qui est la personne du Verbe, qui est Dieu, & deux natures ; la divine & l’humaine. On dit par communication d’idiomes, que Dieu a souffert, qu’il est mort, &c. cela s’entend de la nature humaine, qui peut souffrir & mourir, & signifie que Dieu a souffert dans son humanité, qu’il est mort quant à la nature humaine. Car les dénominations qui signifient les natures ou les propriétés des natures, sont dénominations des suppôts ou des personnes, & leur doivent être attribuées. Ainsi dans J. C. les deux natures ne subsistant que par la seule personne du Verbe, on doit attribuer à cette personne les dénominations des deux natures & de leurs propriétés. On ne peut point par communication d’idiomes attribuer à J. C. les choses qui supposeroient qu’il n’est pas Dieu, parce qu’elles détruiroient l’union hypostatique, sur laquelle est fondée la communication d’idiomes : ainsi on ne peut point dire, J. C. est pur homme, J. C. est peccable, J. C. est fils adoptif de Dieu. Les Luthériens étendent la communication d’idiomes, jusqu’à dire que J. C. non seulement, dans sa nature divine, & à raison de sa personne divine, mais aussi réellement & proprement, est dans son humanité, immortel, immense, &c. c’est une erreur contre la foi.

Communication, figure de Rhétorique par laquelle l’Orateur, sûr de la bonté de sa cause, ou affectant de l’être, s’en rapporte sur quelque point à la décision des Juges, des Auditeurs, & même à celle de son adversaire. Encyc. Qu’en pensez-vous, Messieurs ; n’ai-je pas fait ce que vous auriez fait vous-mêmes ?

COMMUNIER. v. a. Administrer le Saint Sacrement de l’Eucharistie. Sacrum Christi Domini corpus percipiendum porrigere. L’Evêque officiant a communié tous ses Chanoines.

Communier. v. n. Recevoir le Sacrement de l’Eucharistie. Sacrum Domini corpus percipere. Tous les Chrétiens sont obligés de communier à Pâques à leur Paroisse. L’Eglise, grecque communie sous les deux espèces. Par le second livre de Tertullien à sa femme, on voit que dès lors on communioit à jeun, & souvent sous la seule espèce du pain. Fleury. S. Augustin dans ses Réponses aux questions de Janvier, marque expressément que c’étoit l’usage en plusieurs Eglises de communier tous les jours, & en d’autres de communier tous les Samedis. Chez les Grecs, les laïques mêmes communioient tous les Dimanches ; & on excommunioit ceux qui y manquoient trois fois de suite. Fleury.

On appelle communier en esprit, quand on éleve son cœur à Dieu, & qu’on lui témoigne le desir qu’on auroit de participer à la communion. Sacrum Christi Domini corpus affectu desideriisque percipere.

M. Pélisson dans ses Réflexions sur les différens de la Religion, prend le verbe communier pour ce que tous les autres, en termes dogmatiques & d’histoire Ecclésiastique, appellent communiquer, être en communion, en commerce de religion avec quelqu’un. Ce n’est pas de l’Eglise invisible qu’il s’agit là ; car elle n’excommunie personne ; c’est de celle que l’on voit communier avec les uns ; excommunier les autres. Peliss. Je n’ai remarqué ce mot en ce sens que dans cet Auteur, & ce n’est pas l’usage.

COMMUNIÉ, ÉE. part. pass. Qui a reçu la communion. Il est mort bien confessé & communié.

Communier. s. m. terme de Coutume. Voyez Compersonnier.

COMMUNION, s. f. en termes ecclésiastiques, se dit pour croyance, unité de doctrine, union, uniformité dans la même foi & la même société. Communio. La Communion de l’Eglise Catholique en ce sens, est l’unité d’une même foi, la réunion des Fidèles dans la même croyance, la croyance des mêmes dogmes, ou des mêmes articles de foi sous un même Chef, qui est le Pape. Les Luthériens & les Calvinistes ne sont point de notre communion. Le S. Siège est le centre nécessaire de notre communion. Il n’est jamais permis de rompre la communion avec l’Eglise, pour quelque raison que ce puisse être. Le juste que l’on condamne injustement, est séparé de la communion externe, mais non pas de la communion des biens spirituels. Port.-R. Dès les premiers temps, le mot de communion est pris en ce sens. Par exemple, le Concile d’Elvire, qui le prend d’ordinaire pour la participation aux Sacremens & aux prières publiques, & pour la communication libre avec les Fidèles, le prend cependant aussi en quelques canons, comme au trente-septième, pour la participation à l’Eucharistie.

Outre cette communion générale de l’Eglise universelle, dont on ne peut se séparer, sans être au moins schismatique, ce mot se disoit encore dans les premiers siècles de l’Eglise, pour signifier l’union & le commerce que les Eglises particulières entretenoient entr’elles. Mais comme l’Eglise est répandue dans tout le monde, il étoit difficile qu’elles eussent toutes immédiatement & par elles-mêmes commerce entr’elles. Que faisoient-elles donc ? Elles s’unissoient entr’elles avec les principales Eglises, sur-tout les Eglises Apostoliques, ou fondées par les Apôtres. C’étoit-là une communion immédiate. Par l’union qu’elles avoient avec ces Eglises Apostoliques, elles étoient en communion avec toutes celles qui étoient unies à ces mêmes Eglises, & cela s’appelle une communion médiate. Il a toujours été permis aux Evêques de refuser leur communion à ceux qu’ils n’en jugeoient pas dignes. Les Papes ont quelquefois refusé ainsi la communion. Ce refus de communion ne se doit point confondre avec l’excommunication. L’excommunication emporte la privation de tous les biens spirituels de l’Eglise, & ce refus de communion n’est que la privation du commerce que l’on avoir où que l’on pourroit avoir avec une ou quelque è Eglises particulières. Le Pape même pourroit, pour de bonnes raisons, s’abstenir de communiquer avec un Evêque, sans pour cela l’excommunier.

Communion des Saints, terme dogmatique. C’est l’union, la communication, les relations qu’ont entr’elles l’Eglise triomphante, l’Eglise souffrante & l’Eglise militante ; c’est-à-dire, entre les Bienheureux qui sont dans le Ciel, les âmes qui sont dans le Purgatoire, & les Fidèles qui composent ici-bas la véritable Eglise. Communio Sanctorum. La Communion des Saints consiste respectivement dans les devoirs, les services, les secours que se rendent, & que reçoivent mutuellement les uns des autres, ces trois parties de la totalité des Fidèles morts & vivans. Elles consistent pour nous qui sommes sur la terre, dans l’honneur que nous leur rendons, les prières que nous leur faisons pour obtenir leur protection auprès de Dieu, la participation qui nous est donnée à leur mérite, & l’application qui nous en est faite. Elle consiste pour les âmes du Purgatoire, dans les prières & les sacrifices que nous offrons pour eux, & en conséquence desquels l’application des mérites des Saints leur est faite par manière de suffrage pour obtenir leur délivrance. Par rapport aux Saints, c’est la protection qu’ils nous accordent auprès de Dieu, & leur intercession, les prières qu’ils font pour nous, l’application qui nous est faite de leurs mérites & aux âmes du Purgatoire. La Communion des Saints est un dogme de foi, c’est un article du symbole des Apôtres : Je crois la communion des Saints. Est-il rien de plus raisonnable & de plus fondé que ce dogme ? L’Eglise est un corps, les Fidèles en sont les membres ; J. C. en est le Chef invisible, & le Pape, Vicaire de J. C. en est le Chef visible. Dans tout corps il doit y avoir des rapports mutuels, de la correspondance, de l’union entre tous les membres, ou ce ne seroit plus un corps ; ils doivent concourir, chacun en sa manière, & s’entraider pour la même fin. Cette correspondance & cette union consiste en ce que nous avons dit ci-dessus. L’Ecriture & la Tradition, l’usage constant de l’Eglise sont pleins de preuves de cette correspondance & de cette communion, comme on le peut voir dans nos Controversistes. Combien de grâces Dieu n’accorde-t-il pas à son peuple en considération d’Abraham, d’Isaac & de Jacob ? Judas Machabée ne fait-il point des oblations pour les Juifs morts dans la guerre contre les Infidèles ? L’Eglise n’a-t’elle pas de tout temps honoré, prié les Saints ? Combien dans l’Histoire Ecclésiastique de faveurs manifestement obtenues par l’intercession des Saints ? Les Conciles n’ont-ils pas condamné l’erreur contraire ? Sainte Monique ne prie-t elle pas en mourant que l’on prie pour elle après sa mort, en offrant le Sacrifice de l’autel ? &c.

Les Peres donnent différens noms à la Communion des Saints. Saint Cyprien, dans sa trentième Lettre, l’appelle Privilegium societatis, le privilège de la société ; dans le Livre de l’Oraison Dominicale, il la nomme Jus communicationis, le droit de la communication. S. Augustin dans sa cinquantième Lettre, lui donne le nom de Societas Catholica ; Saint Léon, dans sa quatre-vingt neuvième Lettre, anciennes éditions, l’appelle Gratia communitatis.

Communion est un mot latin qui veut dire la même chose que liaison, communication, union. On désigne par ce mot l’union qui est entre tous les membres de l’Eglise, parce qu’ils ne sont tous qu’un même corps dont J. C. est le Chef ; ensorte qu’il est vrai de dire qu’ils sont tous les membres du corps mystique de J. C. & les membres de J. C.

☞ On la nomme Communion des Saints, parce que tous les membres de l’Eglise ont été sanctifiés par le Baptême, que tant qu’ils en conservent la grace, ou lorsque l’ayant perdue, ils l’ont recouvrée par la Pénitence ; ils sont saints, & que toujours ils sont appelés à la sainteté. C’est pour cela que quand S. Paul parloit des Fidèles de son temps, ou qu’il leur écrivoit, il leur donnoit toujours le nom de Saints.

Communion est aussi l’action par laquelle on reçoit le corps & le sang de Jésus-Christ au très-auguste Sacrement de l’Eucharistie. Christi corporis & sanguinis sumtio, accessio ad sacrum corporis epulum. Origene, dans une homélie, p. 285, de l’édition de 1619, marque qu’avant la communion on disoit dès lors, comme nous faisons encore, les paroles du Centenier, Seigneur, je ne suis pas digne que vous entriez sous mon toit, &c. On ne sauroit faire avec trop de respect la sainte communion. Saint Cyprien appelle les communions précipitées, un poison mortel. On retranchoit de la communion les personnes scandaleuses avec une extrême sévérité dans l’ancienne Eglise, & elle ne les y admettoit qu’après avoir subi les loix de la pénitence. Port.-R. Le quatrième Concile de Latran ordonne que chaque fidèle reçoive la Sainte communion, au moins à Pâques : ce qui montre qu’il souhaite qu’on le fasse même plus souvent : & en effet on le faisoit beaucoup plus souvent dans les premiers siècles. Gratien même & le Maître des Sentences donnoient pour règle aux laïques de le faire trois fois l’année, à Pâques, à la Pentecôte & à Noël ; mais l’usage s’étoit introduit au treizième siècle de n’approcher de l’Eucharistie qu’à Pâques ; & le Concile jugea à propos d’en faire une loi, de crainte que le relâchement & la tiédeur n’allassent encore plus loin dans la suite. Il n’y eut jamais plus de communions, & moins de changemens de vie. P. Rap. Une communion indigne est celle qui se fait en état de péché mortel. La communion Paschale est d’obligation. Il y a des oraisons pour dire avant & après la communion. Les Orientaux se servent d’une cuillier pour administrer aux laïques la communion sous l’espèce du vin. C’est une preuve de leur foi sur la présence réelle. voyez Cuiller. Autrefois on s’est servi d’un chalumeau pour la même chose en Occident, comme B. Rhenanus l’a remarqué sur Tertullien.

Communion sous les deux espèces, c’est-à-dire sous l’espèce du pain & sous l’espèce du vin. L’Eglise a retranché pour de grandes raisons la communion sous les deux espèces. Dans la primitive Eglise on administroit souvent la communion sous une seule espèce ; & on n’a jamais cru que la communion sous les deux espèces fût nécessaire aux laïques, ou ordonnée par Jesus-Christ pour tout le monde. M. Bossuet & P. Doucin Jésuite ont fait des livres de la communion sous les deux espèces. Dans le neuvième siècle on donnoit encore la communion sous les deux espèces, ou plutôt on donnoit l’espèce du pain trempée dans celle du vin. Acta SS. Bened. Sæc. III, p. I, Præf. p. LIII. On la recevoit aussi d’abord dans la main. M. de Marca, Hist. de Bearn., liv. 5, c. 10. §. III. croit que la communion sous une seule espèce a commencé en Occident sous le Pape Urbain II, l’an 1096, & à la conquête de la Terre Sainte, avouant cependant que dès le commencement de l’Eglise on le faisoit souvent ; car il ne parle que de l’introduction de l’usage général, qu’il attribue au vingt-huitième Canon du Concile de Clermont, qui ordonne à la vérité que l’on communie sous les deux espèces séparément, mais qui fait cependant deux exceptions, l’une de nécessité & l’autre de cautèle, nisi per necessitatem & cautelam : la première pour les malades, & la seconde en faveur des abstemes ou de ceux qui auroient horreur du vin.

Communion, prise pour la participation au Sacrement de l’Eucharistie, est ou réelle ou spirituelle. La Communion réelle est celle où l’on reçoit effectivement le Corps de Notre-Seigneur en la sainte Eucharistie. La communion spirituelle est lorsque, sans recevoir le Corps de Notre-Seigneur, on excite en soi un grand desir de le recevoir, on fait tous les actes que l’on feroit si l’on communioit effectivement, & l’on prie Notre-Seigneur de nous faire participans des fruits de ce Sacrement.

Communion laïque. C’est la communion telle que le peuple la reçoit, c’est-à-dire, sous une seule espèce. Etre réduit à la communion laïque, c’étoit anciennement une peine canonique pour les Clercs coupables de quelque faute.

Communion Etrangère, autre peine à laquelle plusieurs Canons condamnent les Evêques & les Clercs qui ont fait quelque faute. Cette peine n’est ni excommunication ni une déposition, mais une espèce de suspense des fonctions de l’Ordre avec la perte du rang que l’on tenoit. En effet le Concile de Rièz, après avoir déclaré nulle l’ordination d’Armentarius d’Embrun, permet à quelqu’autre Evêque de le recevoir dans son diocèse, de lui confier une Paroisse avec le rang de Chorévêque, & la communion étrangère. Le second Concile d’Agde veut qu’un Clerc qui refuse de fréquenter l’Eglise soit réduit à la communion étrangère, & que, s’il se corrige, il soit inscrit de nouveau dans la matricule de l’Eglise. Le Concile de Lérida ordonne de ne recevoir au plus qu’à la communion étrangère les Clercs qui se sont emparés des biens de l’Eglise après la mort de l’Evêque.

Ce nom de communion étrangère vient de ce qu’on n’accordoit la communion à ces Clercs que comme on la donnoit aux Clercs étrangers. Un Evêque, par exemple, qui se trouvoit dans une Eglise, dont il n’étoit point Evêque, n’y faisoit point les fonctions Episcopales ; mais il avoit la première place après l’Evêque & avant les Prêtres. Si un Prêtre étoit réduit à la communion étrangère, il avoit le dernier rang parmi les Prêtres, & avant les Diacres, comme l’auroit eu un Prêtre étranger, qui auroit passé avec des lettres testimoniales de son Evêque.

Le mot de communion peut encore avoir d’autres significations. Il se prend quelquefois pour la participation aux prières des fidèles ; d’autre fois aussi pour l’union que les Eglises entretenoient ensemble.

On donnoit encore autrefois le nom de communion aux offrandes pour les Morts, comme il paroît par le second Concile d’Arles, Can. 12.

On le donnoit aussi à la réunion, à la réconciliation à l’Eglise ; & l’on disoit, donner la communion, rendre la communion.

Tous ces termes sont encore en usage aujourd’hui quand on écrit l’Histoire Ecclésiastique, ou que l’on traite de ces matières.

La communion de la Messe, c’est l’endroit où le Prêtre communie & consume les espèces. Tempus illud sacrificii quo sacra Hostia a Sacerdote absumitur. En ce sens, on dit non seulement : le Prêtre est à la communion, mais encore la Messe en est à la communion. Il faut élever son cœur à Dieu pendant la communion de la Messe ; & communier en esprit. On le dit aussi du moment où le Prêtre donne la communion aux fidèles.

Communion se dit encore de l’Antienne que le Prêtre dit après avoir communié ; & les oraisons qui suivent s’appellent Postcommunion.

Communion. (Lettres de) C’étoient des lettres que les Eglises s’écrivoient anciennement pour communiquer ensemble, & entretenir l’union dans une même croyance. Mutuæ ad fovendam inter Ecclesias caritatem ac communionem litteræ. Comme il étoit impossible que toutes les Eglises communiquassent directement, on choisissoit les villes les plus considérables desquelles on recherchoit la communion, & par elles on étoit censé avoir communion avec les autres. Mais toutes étoient en communion avec le S. Siège.

Communion, terme de Jurisprudence. A Dijon, c’est la partie de la dot qui entre dans la Communauté.

☞ On appelle aussi communion la Communauté de biens entre mari & femme ; & elle n’est guère connue dans cette Province que sous ce nom. Communia bonorum. In communionem bona referre.

☞ Enfin c’est le nom que l’on donne aux Associations qui ont lieu en certaines Provinces entre toutes sortes de personnes, & singulièrement entre mainmortables. C’est une espèce de Société de tous les biens. Encyc.

☞ On appelle communiers ceux qui ont fait une telle Société.

COMMUNIQUANT, ANTE. s. m. Voyez Communicans.

COMMUNIQUER, v. a. donner quelque chose à un autre, le faire participant de ce qu’on possède. Communicare aliquid alteri, aliquem alicujus rei participem facere, aliquid cum aliquo participare. Le soleil communique sa lumière également par-tout. L’aimant communique ses propriétés au fer. Flech. Si un Etre supérieur n’avoit point communiqué le mouvement à la matière, elle demeureroit dans un continuel repos. Jaq. Dieu, soit en communiquant sa puissance aux Princes, soit en la retirant à lui-même, leur apprend leur devoir d’une manière souveraine & digne de lui. Boss.

☞ On dit de même communiquer ses vues, ses projets, ses idées, ses lumières, en faire part. Et dans le même sens, communiquer sa joie, sa douleur, son chagrin. En parlant de Dieu, on dit qu’il nous communique ses graces. Dieu communique à ses Saints, & fait reluire sur eux un rayon de sa gloire.

☞ Dans toutes ces acceptions communiquer est aussi réciproque. La chaleur, le mouvement, la lumière, la joie, la douleur &c. se communiquent. Certaines maladies se communiquent en peu de temps.

Communiquer, s’emploie aussi absolument, & signifie avoir commerce, correspondance, relation avec quelqu’un. Commercium, communionem habere. Communiquer avec les sçavans. Ils n’osoient communiquer avec les Ambassadeurs étrangers. La diversité des Sectes empêche que les Turcs ne communiquent avec les Persans. Les Banians ne veulent point communiquer avec ceux qui ne sont pas de leur Religion, ils les tiennent immondes.

Il n’est pas permis de communiquer avec un Hérétique dénoncé, sinon en certains cas, sous peine d’encourir par le seul fait l’excommunication mineure. Les Excommuniés dénoncés ne doivent point communiquer avec les Fidèles. Ce mot, en ce sens, se dit particulièrement dans les matières Ecclésiastiques. Dans l’usage ordinaire il seroit mieux de dire, je n’ai point de commerce avec cette personne, je ne la vois point, je ne la fréquente point. Et si l’on dit quelquefois, je ne communique point avec tel homme, ce n’est qu’en badinant & par métaphore, comme si on le regardoit comme un excommunié.

Communiquer. (Se). Donner un libre accès, entrer facilement en conversation avec quelqu’un. Il ne faut pas se communiquer à tout le monde. Sui copiam facere. Les Princes d’Orient se communiquent rarement à leurs sujets. C’est un bourru, qui ne se communique pas aisément. Les Italiens ne se communiquent guère qu’à leurs meilleurs amis. On ne fait bien souvent des confidences que par la pente naturelle qu’on a à se communiquer. M. Esp. Un Prince ne doit pas trop se communiquer, se faire voir familièrement à ses sujets.

Communiquer, (Se) se dit aussi des choses qui ont un passage de l’un à l’autre. Quelques uns croient que la Mer Méditerranée & la Mer Caspienne se communiquent par des canaux souterrains. Permeare. Ces deux attaques se communiquent par un boyau de tranchée ; ces deux appartemens par une galerie. Le vent des soufflets se communique aux tuyaux de l’orgue par le moyen d’un sommier. En ce sens on le dit aussi neutralement sans le pronom personnel. Ces deux appartemens communiquent ensemble par un corridor. Ces deux hôtels communiquent par une porte qui est dans le jardin.

Communiquer, en termes de Palais, se dit de la conférence qui se fait entre les Avocats, ou les Juges, des pièces & des raisons des parties, pour être certain du fait & de leurs défenses. Communicare. On ordonne que les Avocats se communiqueront respectivement leurs sacs, qu’ils en communiqueront aux Gens du Roi & au Conseil ; le Rapporteur en communiquera à des Commissaires qu’on nomme à cet effet. Les Ambassadeurs, ou Agens, doivent communiquer respectivement leurs pouvoirs.

Communiqué, ée. part.

COMMUTATIF, IVE. adj. On ne s’en sert guère qu’en parlant de la Justice commutative, qui regarde le commerce, où il s’agit de l’échange d’une chose contre une autre, en rendant autant qu’on reçoit : en quoi la Justice commutative diffère de la Justice distributive, qui ordonne des peines & des récompenses. Voyez Justice.

☞ COMMUTATION. s. f. Commutatio. Ce mot signifie littéralement changement, échange d’une chose contre une autre : mais il n’est d’usage que dans les exemples suivans. Commutation de peine, en jurisprudence, est le changement d’une peine prononcée contre un criminel en une autre moins forte, de la mort, par exemple, en une prison perpétuelle.

☞ Cette commutation ne peut se faire que par l’autorité du Prince. Comme ce n’est point une grace pleine & entière, mais seulement une relaxation de la rigueur de la peine prononcée contre les coupables, elle ne lui fait point recouvrer son premier état, & n’ôte point l’infamie : & par conséquent, malgré la commutation, il est incapable de succéder, & de tous les autres effets civils.

Commutation, terme d’Astronomie. L’angle de commutation est la distance entre le véritable lieu du soleil vû de la terre, & le lieu d’une planète réduit à l’Ecliptique.

☞ Le mot de commutation ne s’emploie guère ailleurs ; & si quelques Auteurs s’en sont servis pour exprimer le changement ou l’échange de toutes sortes de choses, ils ont eu tort. Voyez Changement, Échange, Troc, Permutation.

COMORIN. Le cap de Comorin est la pointe la plus méridionale de la presqu’Île de l’Inde, deçà le Gange. Promontorium Comorinum. Le cap de Comorin est éloigné d’environ six cens milles de Goa. C’est une haute montagne qui avance dans la mer, & qui a en face l’Île de Céylan. Bouh.

COMORRE. Ville de la basse Hongrie. Brigacium Cremerum. Quelques-uns prennent Cremerum pour Sumarein. Comorre est bâtie à la pointe méridionale de l’Île du Schut. Elle est capitale du Comté de Comorre, située au confluent du Vaag & du Danube à quatre lieues de Javarin.

COMOUCH, CQUE, terme de Géographie, de relation & d’histoire. Les Comouchs sont le peuple de Comanie. Ils demeurent la plûpart au pié des montagnes ; ils vivent de larcins, qu’ils font sur leurs voisins & entr’eux. Les Comouchs sont Mahométans de religion, & les plus scrupuleux qu’il y ait. Tavernier, Tome I.

☞ COMPACITÉ. s. f. Terme didactique qui sert en Physique à exprimer la qualité d’un corps compacte, c’est-à-dire, dont les parties sont fort serrées, ou qui a beaucoup de parties solides. Densitas. Il n’y a point de compacité absolue.

COMPACT. s. m. Compactum. Terme de Droit. On appelle Bulle du Compact, cette bulle célèbre confirmée par le Pape Paul IV, qui regarde les Cardinaux. En vertu de la bulle du compact, les Cardinaux ne peuvent conférer les Bénéfices que dans leur état naturel ; c’est-à-dire, les bénéfices réguliers à des Réguliers. Les privilèges dont jouissent les Cardinaux y sont mentionnés.

☞ COMPACT de Bretagne ou Breton. C’est une convention entre le Pape & tous les Collateurs de cette Province, suivant laquelle les Collateurs ordinaires ont droit de conférer les bénéfices qui vacquent dans les quatre mois de Mars, Juin, Septembre & Décembre ; & les huit autres mois appartiennent au Pape, qui, au moyen de cet accord, a renoncé au droit de concours & de prévention.

Compact de l’alternative, ancien accord fait entre le Pape Martin V & le Roi Charles VI, pour user en France de la règle de Chancellerie, dire de l’alternative. Ce fut Innocent VII qui établit, dès 1404 l’alternative, pour la collation des bénéfices entre le Pape & les Evêques, en faveur de la résidence.

COMPACTAT. s. f. En mauvaise latinité, compactatum. Il signifie accord, articles convenus entre des parties. On donna ce nom à l’accord qui se fit au Concile de Bâle, pour les Callixtins. Le mot de compactatum est célèbre dans l’Histoire de Bohème. Au reste, il ne faut point s’en servir en françois : il faut dire, accord, convention, articles. Voyez Callixtin.

☞ COMPACTATION. s. f. C’est le nom d’un accord arrêté au Concile de Bâle, qui permettoit aux Bohêmiens, Sectateurs de Jacobel, la communion sous les deux espèces.

COMPACTE. adj. m. & f. terme de Physique. Corps qui est serré, dense, qui a peu de pores, & beaucoup de poids. Compactus. Les corps compactes vont au fond de l’eau. Les métaux les plus pesans sont les plus compactes, tels que l’or & l’argent.

☞ Plusieurs Physiciens écrivent compact au masculin, & compacts au pluriel. Cette ortographe me paroît préférable, parce qu’elle est plus conforme à l’usage, quand nous francisons des mots latins.

☞ Au reste, compacte n’est qu’un terme de relation, puisqu’il n’y a point de corps qui ne renferme beaucoup plus de pores, que de parties solides.

COMPAGNE. s. f. fille ☞ ou femme qui a quelque liaison d’amitié ou de familiarité avec une autre de même condition, ou qui a le même emploi dans la même maison. Socia, comes. Proserpine alloit se divertir avec ses compagnes, quand elle fut enlevée par Pluton. Les filles d’honneur chez la Princesse s’appellent entr’elles compagnes.

Vous voilà donc compagne
De certaines Philis, qui gardent les dindons. La Font.

Compagne. Ce mot se dit aussi des choses. O médiocrité ! compagne du repos. La Font. L’amitié n’a point été donnée pour compagne du vice ; mais pour secours à la vertu S. Evr.

Les ennuis, les infirmités,
De la froide vieillesse ordinaires compagnes. Des-H.

Compagne se dit aussi de la femme, par rapport à son mari. Dieu donna Eve à Adam, pour lui servir de compagne. Il a perdu son aimable compagne.

☞ Quand le Roi parle de la Reine dans ses Lettres-Patentes, il la qualifie, notre très-chère épouse & compagne.

☞ Dans ce sens, il se dit aussi des Tourterelles. La Tourterelle gémit quand elle a perdu sa compagne.

Que fais-tu dans ce bois, plaintive Tourterelle ?
Je gémis ; j’ai perdu ma compagne fidèle. Fourcroy.

Compagne, en terme de Marine, est le nom de la chambre du Majordome d’une Galère.

Compagne. Ce nom se donne dans la Congrégation de Notre-Dame aux Sœurs Converses, que l’on appelle Sœurs Compagnes. P. Hélyot, T. VI, p. 354. On les appelle aussi Coadjutrices.

COMPAGNIE. s. f. nom collectif, qui se dit de plusieurs personnes assemblées en un même lieu, ou avec même dessein. Cœtus. ☞ Compagnie d’hommes, de femmes. Il est venu avec une nombreuse compagnie. Comitatus. Pour l’étymologie, voyez au mot Compagnon.

Compagnie se dit aussi de deux personnes qui sont ensemble. On dit en ce sens, faire compagnie à quelqu’un, tenir compagnie, aller de compagnie. Nous irons de compagnie. Unà ibimus, ensemble. On dit qu’un homme est en compagnie ; pour dire, qu’il y a du monde avec lui.

☞ On dit qu’un homme a eu la compagnie d’une femme ; pour dire, qu’il a vécu avec elle, qu’il en a eu la jouissance. Rem habuit cum illâ. En style de pratique, on dit compagnie charnelle.

Compagnie se dit dans un sens plus étroit, d’un certain nombre d’amis assemblés dans un lieu pour s’entretenir, pour se divertir, pour se visiter. C’est agir contre l’intention de la nature que de fuir la Compagnie. S. Evr.

Compagnie, cercle de femmes. Virginei cœtus. Rechercher, fréquenter les Compagnies. Circulos consectari. Il y a des femmes qui, pour être de bonne compagnie, croient qu’il faut avoir un air libre, & faire un récit plaisant d’une manière un peu trop gaie. Scud. On suit ces gens, qui toujours occupés de leurs propres pensées, ne sortent jamais d’une certaine gravité, qui glace les compagnies les plus enjouées. Bell. Dans les lieux les plus solitaires, & les plus déserts, vous êtes pour moi une grande compagnie. Bouh. Quand on est de bonne compagnie à l’égard des honnêtes gens, on l’est aussi pour soi-même ; & de-là dépend tout le bonheur de la vie. Ch. de Mer. Comme la retraite trop longue affoiblit l’esprit, la compagnie trop fréquente, le dissipe. S. Evr.

Compagnie se dit aussi de certains corps, d’une assemblée de certaines personnes, établie pour de certaines fonctions. La Compagnie des Fermiers-Généraux. Présenter un Mémoire à la Compagnie pour faire modérer une amende. L’Académie Françoise est une Compagnie établie pour perfectionner la langue françoise.

Compagnie de Justice, est un Tribunal établi par autorité du Roi pour rendre la Justice.

☞ On appelle Compagnie Souveraine, un Tribunal qui juge en dernier ressort, sans appel, dans tous les cas, sans reconnoître aucun Tribunal supérieur duquel il ressortisse. Les Parlemens, les Chambres des Comptes, les Cours des Aides, &c. sont des Compagnies Souveraines, Supérieures. Superius Tribunal, Suprema Curia. Les autres Tribunaux, dont il y a appel, sont des Compagnies subalternes. Curia inferior.

Ce mot est aussi usité parmi les Protestans en parlant de leurs Consistoires & de leurs Synodes. Consessus, Conventus. La Compagnie a arrêté. La Compagnie a jugé à propos.

Compagnie, en termes de négoce & d’affaires, se dit d’une société de Marchands qui se fait pour établir un grand négoce ou une grande manufacture, pour entreprendre & conduire des opérations quelconques de commerce. On le dit de même d’une société de gens d’affaires.

Dans les Provinces-Unies il y a deux Compagnies des Indes, l’une pour les Indes Orientales, & l’autre pour les Indes Occidentales. La première fut établie en 1602. Le motif des États fut, que les Compagnies particulières se nuisoient les unes aux autres, & qu’une seule ayant toutes les forces réunies des autres, seroit plus capable de résister aux Espagnols. Cet établissement eut tout le succès qu’on en attendoit. La Compagnie étendit son commerce jusqu’à la Chine, & fit des conquêtes considérables. Batavia est la capitale de tous les États que possède la Compagnie dans les Indes. Le Général de la Compagnie y réside. Elle est gouvernée par seize Directeurs, qui agissent comme Souverains dans tout ce qui regarde la Compagnie. Elle fait la paix & la guerre, envoie des Ambassadeurs, équippe des flottes, & entretient des armées, indépendamment des États : c’est un État dans l’État même, & une République dans la République. Le fonds de la Compagnie des Indes, quand elle fut établie, étoit de cinq millions six cens mille livres. La Chambre qui fut établie à Amsterdam y entra pour une moitié, celle de Zélande pour un quart, celle de Delft & de Rotterdam ensemble pour un huitième, celle d’Enchuse & de Horn pour un huitième. La Compagnie des Indes n’ayant été établie que pour vingt ans, ses Lettres d’érection furent renouvellées pour vingt & un ans sur la fin de 1622 avec quelques changemens dans les conditions. Le temps porté par les Lettres-Patentes étant expiré, elles furent renouvellées en 1647 pour vingt cinq ans ; elles le furent encore en 1665, pour jusqu’à la fin du siècle, sous les mêmes conditions contenues dans les dernières Lettres ; & en 1698, elles furent encore renouvellées sous les mêmes conditions, pour quarante ans inclusivement, à commencer en 1700.

La Compagnie pour l’Occident fut établie en 1727 sur le même plan, & en vertu d’un privilège & d’une concession des États, elles sont l’une & l’autre sous la protection des États.

Il y a encore en Hollande d’autres Compagnies semblables pour le commerce, qui sont les Compagnies de Surinam, du Nord, de Groenland, de la mer Baltique, &c.

Compagnie des grilles. On nomme ainsi à Gênes une association de Marchands pour le négoce des Nègres de l’Amérique Espagnole.

Il y a aussi en France, & dans plusieurs autres États, des Compagnies de Commerce.

☞ Plusieurs personnes jointes pour aller ensemble, dit M. l’Abbé Girard, font la troupe. Plusieurs personnes séparées des autres pour se suivre & ne se point quitter, font la bande. Plusieurs personnes réunies par l’occupation, l’emploi, ou l’intérêt font la Compagnie.

☞ Une troupe de Comédiens, une bande de violons, & la compagnie des Indes.

☞ Il faut toujours prendre l’intérêt de la Compagnie où l’on est engagé.

☞ Billets de Compagnie, sont des billets faits pour emprunter de l’argent au nom d’une Compagnie, & qui sont souscrits par un ou plusieurs Associés.

En termes d’Arithmétique, on appelle Règle de compagnie, une règle de trois composée, qui sert à trouver quelle part peuvent avoir à la perte ou au gain, chacun des Marchands qui ont une Compagnie, à proportion des fonds qu’ils y ont mis, & du temps qu’ils y sont entrés.

Compagnie, en termes de Guerre, est un certain nombre de Soldats ou de Cavaliers, commandés par un Capitaine. Armatorum caterva, manus, cohors, centuria, manipulus, pour l’Infanterie ; turma, pour la Cavalerie. Le nombre en est tantôt plus grand, tantôt plus petit. Une Compagnie de Cavalerie est de 40 à 50 Cavaliers : celles d’Infanterie sont de 50 Soldats dans les Régimens ordinaires. Elles étoient de 100 hommes en 1671. Aux Gardes, y en a jusqu’à 120, aux Gardes Suisses, il y en a jusqu’à 200, & plus. Les Régimens sont composés de compagnies.

Compagnie Franche, terme de guerre. Cohors, ou turma libera. C’est une compagnie qui n’est point enrégimentée, qui ne fait point partie d’un Régiment. Les Compagnies Franches sont ordinairement plus nombreuses que les autres. Sous un Capitaine habile les Compagnies Franches font souvent de fort belles actions & très-hardies. Les troupes Suisses qui sont en France, consistent en plusieurs Régimens & en quelques Compagnies non enrégimentées, & qu’on appelle pour cela Compagnies Franches. P. Daniel. Les Compagnies Franches prennent l’ordre de leur Capitaine, comme les autres de leur Mestre de Camp, ou Colonel.

Compagnies d’ordonnance. Ce sont des Compagnies franches qui n’entrent jamais en Corps de Régiment ; elles consistent en Gendarmes & Chevaux-Légers du Roi, de la Reine, de M. le Dauphin, de Monsieur, &c. Turma Cataphractorum, turma gravis equitatûs. Les Compagnies des Gendarmes, étoient autrefois composées de gens pesamment armés, ou de toutes pièces, & ; de 50 Gentilshommes. C’est Charles VII qui institua les Compagnies d’ordonnance. Il choisit quinze Capitaines qui auroient sous eux chacun cent lances ou hommes d’armes : chaque homme d’armes devoit être payé pour six personnes, lui compris dans ce nombre, dont trois seroient archers à cheval, un coutillier, un page ou valet. La paye de l’homme d’armes fut réglée à trente francs par mois. Ce fut-là l’établissement de ce qu’on a appelé depuis Compagnies d’ordonnance, parce qu’elles furent instituées par les Ordonnances que le Roi publia sur ce sujet ; & ces Compagnies furent dorénavant données à des Seigneurs & à des Gentilshommes les plus distingués par leur prudence & par leur valeur. P. Dan. T. II, p. 1175.

Compagnies des Gardes. Ce sont les quatre Compagnies des Gardes à cheval, qui ont l’honneur de servir auprès de la personne du Roi, & qu’on appelle Gardes du Corps. Regii stipatores, custodes. On appelle Compagnies aux Gardes, les Compagnies d’Infanterie qui composent le Régiment des Gardes Françoises. Prætorianæ cohortes.

Compagnie Colonelle, est la première Compagnie d’un Régiment d’Infanterie. Primipilum.

Compagnie en second. C’est une Compagnie de Cavalerie détachée d’une autre qui étoit trop nombreuse, & qui ne laisse pas d’escadronner avec elle. Turma equitum socia.

Compagnie signifie aussi la charge de Capitaine. Præfecti centurionis munus. Il a eu permission du Roi de vendre sa Compagnie.

Compagnies, absolument & au pluriel, ou Compagnies blanches, signifie des troupes de brigands & de scélérats qui se formèrent au temps du Roi Jean, & s’assemblèrent sous divers chefs, & qui devinrent fameuses dans l’Histoire de ce temps-là, par leurs brigandages, & par la désolation qu’elles causèrent dans toute la France. Pour s’en défaire, sous le règne suivant, Charles V les envoya servir en Espagne sous du Guesclin qu’elles acceptèrent pour chef. Du Guesclin fit courir le bruit qu’il alloit contre les Maures de Grenade ; & pour le faire croire, il ordonna à tous les Soldats des Compagnies de porter sur leurs habits de grandes croix blanches, pour marquer que leur expédition étoit une espèce de croisade ; & depuis ce temps-là ces Compagnies, tandis qu’elles servirent sous lui, s’appelèrent les Compagnies blanches. Quelques-uns disent que ces brigands sont les Brabançons, Cottereaux, & Routiers, qu’on appela depuis du nom de Compagnies.

☞ Quoi qu’il en soit, Duguesclin employa ces Troupes contre Pierre le Cruel, souillé du meurtre de son frère, & de celui de Blanche de Bourbon sa femme, belle-sœur de Charles V ; le vainquit, & mit sur le trône de Henri de Transtamare. Ses Compagnies périrent presque toutes, ou se dissipèrent dans cette expédition, & l’on n’en entendit plus parler en France.

Compagnie, en termes de Chasse, se dit des bêtes qui vont en troupe, comme des sangliers qui vont ensemble. Grex. Sur-tout on appelle un sanglier d’un an jusqu’à deux, bêtes de compagnie ; & l’on dit qu’à deux ans il sort de compagnie, c’est-à-dire, qu’il commence à aller seul. Et en général on appelle Compagnie, une troupe de bêtes noires. A l’égard des bêtes fauves, on l’appelle harde. On dit aussi, une compagnie de perdrix, en parlant de celles qui vont ensemble. On appelle aussi des chevaux de louage, de Chasse-marée, de Messagers, qui sont si accoutumés d’aller ensemble, qu’on a de la peine à les séparer, des bêtes de Compagnie.

☞ On dit proverbialement, qu’il vaut mieux être seul qu’en mauvaise compagnie. On dit aussi, fausser compagnie, ou jouer à la fausse compagnie ; pour dire, quitter un parti, trahir ceux avec qui on est associé ; & quitter une compagnie où l’on étoit engagé, ou manquer de s’y trouver. On dit, en termes de raillerie, qu’un homme est bête de compagnie ; pour dire, qu’il aime la société, & qu’on n’a pas de peine à le mener où l’on veut ; ce qui se dit, par allusion à certaines bêtes qui vont en troupe, & qu’on appelle pour cet effet, en termes de Chasse, bêtes de compagnie. Voyez l’article qui précède.

Compagnie (de Navires.) Terme de Marine, se dit d’un certain nombre de vaisseaux qui s’attendent les uns les autres pour faire route ensemble, & se défendre réciproquement pendant le voyage. C’est ce qu’on appelle, sur la mer du Levant, Conserve, aller de conserve. Voyez ce mot.

De Compagnie. Sorte de phrase adverbiale. Ensemble. Simul, unà. Deux flûtes qui venoient de compagnie, ne pouvant soûtenir la furie des ondes, furent submergées l’une après l’autre. Bouh. Nous irons de compagnie, c’est-à-dire, ensemble, l’un avec l’autre.

☞ COMPAGNON se dit généralement de celui qui en accompagne un autre, soit en voyage, soit dans un travail, soit dans quelqu’action ou circonstance. Socius, comes.

☞ On appeloit autrefois compagnons d’armes les Chevaliers qui se promettoient réciproquement de se secourir, & de ne se point quitter. Commilito.

☞ COMPAGNON de fortune. Celui qui court les mêmes risques, qui est intéressé dans la même fortune. Les Aventures d’Usysse & de ses compagnons sont racontées dans l’Odyssée d’Homère.

Est-ce Apollon, & Neptune,
Qui sur ces rocs sourcilleux
Ont, compagnons de fortune,
Bâti ces murs orgueilleux ? Boil.

Les Capitaines disent à leurs Soldats, pour les exciter à les suivre en quelqu’expédition, courage, Compagnons.

COMPAGNON est un terme propre au Corps des Chevaux-légers, & à celui des Gendarmes de la Garde. Lorsque les Officiers des Chevaux-légers écrivent à un Chevau-léger, ils mettent, Monsieur, mon compagnon : ce que font aussi les Officiers des Gendarmes. Commilito.

On dit en Médecine, que le lait ne veut point de compagnon, pour dire, que quand on ordonne le lait par médecine à un malade, il ne faut point lui donner d’autre aliment. On dit aussi en Morale, que l’ambition & l’amour ne veulent point de compagnon.

Compagnon d’étude, Condiscipulus ; de débauche, compator ; de jeu, collusor.

☞ COMPAGNONS, en parlant des Religieux. Ceux qui habitent ou qui marchent ensemble. Contubernalis, socius. Un moine dans certains Ordres ne doit point sortir de son Couvent sans que son Supérieur lui donne un compagnon. Quand on nomme un Prieur Régulier à un Bénéfice dépendant d’un Ordre, on lui donne quelquefois un ou plusieurs compagnons pour habiter avec lui.

Compagnon, signifie aussi celui qui est dans une même charge, & sur-tout quand il n’y en a que deux. Dioclétien avoit Maximien pour son compagnon, son associé à l’Empire. Collègue vaut mieux. Collega. On dit des Consuls, Jurats, Présidens en même Chambre, que ce sont des compagnons d’Office. On le dit aussi des Offices de nouvelle création, de même nature. On a donné des compagnons à ces Officiers, on a créé des alternatifs & triennaux.

☞ On dit qu’un homme ne peut souffrir ni compagnon ni maître. On dit de même, traiter de pair à compagnon. Dans ces phrases, compagnon signifie égal.

Compagnon signifie, particulièrement dans les Arts, celui qui a fait son apprentissage en quelque métier, & qui n’ayant pas moyen de se faire passer Maître, va travailler chez les autres, soit à la journée, soit à ses pièces. Operarius, mercenarius, conductitius. C’est un compagnon Tailleur, Maréchal, Charpentier, &c.

On appelle compagnons de rivière, ceux qui travaillent sur les ports à charger, décharger & à serrer les marchandises. On appelle sur Mer compagnons de Marine, les Matelots de l’Equipage. Convictores.

Compagnon est aussi une épithète ou qualité qu’on donne sur tout aux jeunes gens en différentes occasions. Ce soldat est un brave, un hardi compagnon. Ce Financier étoit, il y a dix ans, un pauvre gueux, un fort petit compagnon. Vous avez été autrefois un bon compagnon. Mol. On dit aussi, qu’un homme fait le compagnon, lorsqu’il est glorieux, insolent, qu’il parle ou agit autrement, que ne souffre sa condition. Qui a compagnon, a maître ; c’est-à-dire, que quand on est associé avec quelqu’un, on ne peut rien faire sans son consentement. On dit aussi qu’un homme se bat en duel à dépêche compagnon ; pour dire, à outrance, & à qui aura plutôt tué son homme.

On dit, travailler à dépêche-compagnon ; pour dire, travailler vîte & diligemment, ne chercher qu’à finir, sans se mettre en peine de la perfection de l’ouvrage. Acad. Fr.

Ce mot, à ce que dit Henri Etienne, vient d’un vieux mot gaulois, benna, qui étoit une espèce de charriot dont parle Festus. Ceux qui étoient ensemble dans ce même charriot, s’appeloient, combennons, quasi in eâdem bennâ sedentes, & depuis, par le changement assez ordinaire du b en p, on a dit compennon ; ensuite on a dit compaignons, & à la fin compagnons. Nicod & Ménage, après Pasquier, le dérivent de compain ; comme qui diroit, qui mange de même pain, qui se dit encore en langage Picard. Quelques-uns l’ont dérivé de compagnus. Il y a plus d’apparence qu’il vient de compagnun, vieux mot celtique ou bas-breton, qui signifie la même chose.

Compagnons. Ce mot au pluriel signifie une sorte de fleur qui ressemble à l’œillet, si ce n’est qu’elle est beaucoup plus petite, & que sa tige est beaucoup plus basse. On les appelle compagnons, parce qu’ils viennent par touffe, en sorte que plusieurs ne semblent composer qu’un seul bouquet.

COMPAGNONAGE. s. m. Ce terme est en usage dans quelques Communautés des arts & métiers, pour signifier le temps que les Apprentis sont obligés de servir les Maîtres en qualité de compagnons, avant que de pouvoir aspirer à la maîtrise.

Compagnonage. Assemblée que font entr’eux des compagnons de métier. Sodalitas. Il y avoit autrefois à Paris parmi les compagnons de chaque métier, certaines maximes exécrables & sacrilèges, qu’on appeloit vulgairement compagnonage, d’autant plus dangereuses, qu’elles étoient cachée sous le voile d’une piété apparente, & qu’on pouvoit les embrasser avec une entière assurance d’impunité, parce qu’elles étoient ignorées des Juges Ecclésiastiques ; mais ceux-ci en ayant été informés par Michel Buch, communément appelé le Bon Henri, Instituteur des Communautés des Frères Cordonniers, & Tailleurs, les condamnèrent à la sollicitation, & défendirent, sous peine d’excommunication, ces assemblées pernicieuses des Compagnons. Les Compagnons les avoient transportées dans le Temple, au Marais, comme dans un lieu exempt de la juridiction de l’Archevêque de Paris, mais ils en furent chassés par sentence du Bailli du Temple, à la requête du son Henri, qui obtint aussi une sentence d’excommunication de l’Archevêque de Toulouse contre ceux de son Diocèse, & il eut enfin la consolation de voir le Compagnonage aboli, malgré toutes les oppositions qu’il trouva dans cette entreprise. P. Hélyot, T. VIII, ch. 23.

COMPAIN ou COMPAING. s. m. vieux mot. Compagnon. Comes, socius. Autrefois on a dit compain pour compagnon. Il vient de cum, & de panis, comme si l’on disoit, qui mange le même pain.

COMPAN. s. m. Monnoie d’argent qui a cours dans quelques endroits des Indes Orientales, particulièrement à Patane. Le compan vaut environ neuf sous, monnoie de France.

COMPARABLE. adj. m. & f. Qui peut être comparé à un autre. Comparabilis, conferendus, comparandus. M. de Turenne étoit un homme comparable à tous les grands Capitaines de l’Antiquité. ☞ On dit qu’une chose est comparable avec une autre, pour faire entendre qu’elle est d’une nature tout-à-fait différente. L’esprit n’est point comparable avec la matière.

COMPARAGER. v. act. Comparare, conferre. Ce mot qui étoit autrefois en usage, veut dire comparer.

☞ COMPARAISON. s. f. Opération de l’esprit, dans laquelle nous considérons diverses idées, pour en connaître les différentes relations ; & le parallèle que nous faisons des choses ou des personnes, pour en examiner les ressemblances & les différences. Comparatio, collatio. Pour faire une juste comparaison de deux choses, il faut considérer en quoi elles conviennent, & en quoi elles différent. Faire comparaison de deux personnes, entre deux personnes, d’une chose avec une autre. Il n’y a point de comparaison d’un tel à un tel, entre un tel & un tel. Blondel a fait un livre de la comparaison d’Horace & de Pindare. Le P. Rapiri a fait la comparaison des plus excellens modèles de l’Antiquité pour l’Éloquence, & pour la Poësie. N’exagérez jamais votre bonheur devant les misérables : la comparaison qu’ils font de leur état au vôtre, les choque, & leur est odieuse. La Bruy.

Comparaison se prend quelquefois pour ressemblance. Comparatio, similitudo. Quand on n’a qu’un mérite ordinaire, on a des envieux ; mais quand on est sans comparaison, il n’y a plus d’envie. B. Rab. Il ne faut pas qu’un bourgeois fasse comparaison avec un homme de qualité ; c’est-à-dire, qu’il prétende s’égaler à lui. En ce sens, on dit, trêve de comparaison, point de comparaison, toutes comparaisons sont odieuses.

Comparaison ou Similitude est aussi une figure de Rhétorique & de Poësie, par laquelle on compare une personne ou une chose à une autre, pour servir à l’ornement ou à l’éclaircissement du sujet qu’on traite. Comparatio, similitudo. Les exemples, les comparaisons, instruisent bien plus que les paroles. Une comparaison entre deux choses, suppose de la ressemblance entr’elles, & elle sert à mieux faire comprendre ce qu’on n’entend pas, ou à en donner une plus juste idée. S. Evr. Pour rendre une comparaison juste, il faut, 1o. que la chose que l’on y emploie soit plus connue, & plus aisée à concevoir que celle qu’on veut faire connoître. 2o. Il faut qu’il y ait un juste rapport entre l’une & l’autre. P. Le Boss. Les doubles comparaisons, pourvu qu’elles soient nobles & bien prises, font un bel effet en Poësie ; mais en Prose l’on ne doit s’en servir qu’avec beaucoup de circonspection. Dac. Sous prétexte de ne point imiter les manières brillantes de l’éloquence mondaine, il ne faut pas se servir d’expressions basses, & de comparaisons rampantes. Cl. Les comparaisons d’Homère sont quelquefois froides, & contraintes, P. Rap. On gâte les comparaisons dès qu’on les veut trop presser. Bayl. Les comparaisons doivent être justes & courtes S. Evr,

Tu peux, mais rarement, illustrer tes raisons,
D’exemples, de récits,& de comparaisons. Vill.

☞ La comparaison est une espèce de métaphore ; avec cette différence que la comparaison nous apprend seulement à quoi la chose ressemble. Ce Héros se jette comme un lion : au lieu que la métaphore nous dit ce qu’est la chose. Ce Héros est un lion.

On dit en ce sens, qu’il n’y a point de comparaison qui ne cloche ; pour dire, qu’on n’en sauroit faire d’assez juste. Toutes les comparaisons, sont très-imparfaites, & le doivent être, n’étant que comparaisons & non pas exemples. Peliss.

Comparaison d’écriture. Terme de jurisprudence. Confrontation de deux écritures l’une avec l’autre, pour juger si elles sont de la même main ; vérification d’une écriture dont on ne connoît pas l’Auteur, en la comparant avec une autre écriture, reconnue pour être de la main de celui auquel on attribue l’écriture contestée. Scripturarum collatio.

☞ On appelle pièce de comparaison, les pièces reconnues que l’on apporte pour les confronter avec d’autres qui sont contestées.

☞ En matière de comparaison d’écritures, le jugement des Experts Vérificateurs, ne peut jamais être regardé comme une preuve complette & suffisante, à cause de l’incertitude de leur art sur cet objet.

En Comparaison, est une façon de parler adverbiale, dont on se sert quand on compare quelque chose. In comparationem, præ, avec l’ablatif. ☞ L’abondance des Loix accable la justice & les Juges, mais ces volumes de loix ne sont rien en comparaison de cette armée effroyable de Glossateurs, Commentateurs, Compilateurs, &c. On dit aussi par comparaison, pour signifier que ce qu’on dit d’une chose, ce n’est pas qu’on le dise absolument, mais seulement par comparaison avec une autre. Comparatè. Quand je vous ai dit une telle chose, ce n’étoit que par comparaison. Sans comparaison se dit aussi absolument & en parenthèse, quand on veut adoucir ce qu’il y a d’odieux en quelque comparaison qu’on a alléguée. Exclusa comparatione. On dit aussi qu’une chose est sans comparaison ou hors de comparaison ; pour dire, qu’elle est excellente, & qu’elle n’a point de pareille. Omnem comparationem superat, excedit. Quand quelqu’un veut comparer ensemble des personnes, ou des choses qui n’ont aucun rapport, aucune proportion entr’elles, on dit quelle comparaison ? Voilà une belle comparaison.

A Comparaison, est encore un adverbe. Que sera-ce des hommes qui vivent dans l’obscurité, à comparaison de la lumière & de la splendeur qui environne les Souverains ? Patr. Mais en comparaison est plus en usage.

COMPARANT, ANTE, ☞ adjectif pris aussi substantivement, participe du verbe comparoir ou comparoître, en style du Palais seulement. Qui comparoît, qui est présent, qui se présente en Justice. Comparens, vadimonium obiens. Cela s’est fait du consentement des parties comparantes, qui ont donné main-levée, Fact.

☞ On le dit non-seulement de la partie même qui comparoît, mais encore de l’Avocat & Procureur par lesquels elle comparoît, ou est représentée. Non comparant, celui qui ne se présente pas. Tous les appointemens qu’on faisoit ci-devant sur les instructions à la barre de la Cour, commençoient par ces mots, comparant par devant nous tel Conseiller.

COMPARATIF, IVE. adj. Qui compare, qui sert à comparer. Comparativum nomen. Mieux est un adverbe comparatif. Comme est une expression comparative.

Comparatif. Terme de Grammaire. C’est une inflexion mitoyenne d’un mot entre le positif & le superlatif, pour élever une chose au dessus d’une autre, ou pour la mettre au dessous. Comparativus gradus. ☞ Les objets qui sont qualifiés absolument, sans aucun rapport aux autres objets, sont dits être au positif. Voyez ce mot.

☞ Quand un objet est qualifié relativement à un autre, il y a un rapport d’égalité ou de supériorité, ou de prééminence entre ces objets.

☞ Dans le premier cas l’adjectif qualificatif est toujours regardé comme étant au positif. Il est aussi savant que. Quand il y a un rapport de plus, ou un rapport de moins dans la qualité de deux choses comparées, l’adjectif qui énonce ce rapport, est dit être au comparatif.

☞ Enfin le troisième degré est appelée superlatif. Voyez ce mot.

Les comparatifs, si l’on en excepte un très-petit nombre, se forment en ajoutant la particule plus, moins selon qu’on veut élever, abaisser. On compare aussi les substantifs. César étoit plus Capitaine que Pompée. ☞ Ce mot est un adjectif pris ordinairement comme substantif. Plus grand est le comparatif de grand. Nous n’avons en françois que trois comparatifs en un seul mot, meilleur, pire & moindre.

C’est une faute assez ordinaire aux étrangers, de faire suivre après les comparatifs la particule que, au lieu de la particule de. Ils disent, il y avoit à la Comédie plus que 300 hommes. Pour éviter cette faute, ils doivent observer si la comparaison qui se fait est d’une qualité : en ce cas il faut mettre la particule que : il est plus sage que moi. Si elle se fait d’une quantité précise & positive, on doit mettre de après le comparatif. L’armée navale est composée de plus de cent voiles. Pour la quantité continue & sans nombre, on se sert de la particule que : il est plus gros que moi.

COMPARATIVEMENT. adv. En comparant une chose à l’autre. Comparatè. Il n’y a point de pesanteur ni de légèreté, absolue : les corps sont pesans ou légers comparativement. C’est un terme didactique.

COMPARE. s. m. terme de Coutume. Les compares sont des usages & redevances que les Vicomtes de Narbonne prétendoient contre l’Evêque du lieu.

☞ COMPARENCE. s. f. terme de Coutume, usité en Normandie, synonyme de présence. Devoir comparence aux assises d’un Tribunal, c’est être obligé de s’y trouver.

COMPARER, v. a. examiner le rapport qu’il y a entre une chose ou une personne & une autre, & examiner en quoi elles se ressemblent, ou en quoi elles diffèrent. Comparare, conferre. Plutarque a comparé les hommes illustres de la Grèce à ceux d’Italie.

☞ Quand vous aurez comparé ces Auteurs, vous y trouverez une différence infinie. On ne peut comparer la ligne & la surface.

Comparer signifie aussi marquer les rapports de ressemblance, qui sont de nature ou d’espèce différente. Homère compare Diomède au milieu des Troyens, à un lion au milieu d’une bergerie. On ne compare plus de beaux yeux aux astres & au soleil, c’est une comparaison trop usée.

Comparer se dit aussi quelquefois pour égaler. Il n’y a point d’Eglise que l’on puisse comparer à celle de Notre-Dame. Se comparer, s’égaler, se vouloir rendre semblable. Æquare se cum aliquo, æqualem se facere. Le Diable, par le moyen de l’idolâtrie, s’est voulu comparer à Dieu, se faire adorer. Ce Favori est si insolent dans sa fortune, qu’il se compare, qu’il se veut égaler aux Princes.

On dit, en termes de Pratique, comparer des écritures ; pour dire, les confronter & examiner si elles sont de même main. Voyez Comparaison d’écriture.

Comparer des équations. Expression dont on se sert dans l’analyse pour réduire plusieurs équations en une seule.

Comparer, v. a. vieux mot. Acheter ; du latin, comparare, acquérir. Ainsi on a dit autrefois, je te ferai bien comparer, ou bien, chèrement comparer ; pour dire, je t’en ferai repentir.

Comparé, ée, part.

COMPARITION. s. f. Ce mot se trouve dans quelques Auteurs de Droit. Voyez M. de Lauriere sur Ragueau au mot Comparuit. Comparition est la même chose que comparution. Vadimonii obitus.

COMPAROIR. v. n. Vieux terme de Palais, qu’on emploie encore quelquefois ; il veut dire la même chose que comparoître.

COMPAROÎTRE, v. n. terme de Palais. Je comparois. Je comparus. J’ai comparu. Je comparoîtrai. Que je comparoisse. Que je comparusse. On disoit autrefois comparoir. Se présenter en Justice. Vadimonium obire. Il faut comparoître par Procureur sur les assignations civiles données dans les délais de l’Ordonnance. En cas de décret de prise de corps, ou d’un veniat de la Cour, il faut comparoître en personne, ou envoyer une exoine. Il faut comparoître au Barreau, être aux piés de la Cour à genoux, quand on présente des Lettres de grâce. On donne des défauts à faute de comparoître qui emportent profit. State ante Judicis Tribunal. Il faudra tous comparoître au jour du Jugement.

Il se conjugue avec le verbe être dans la phrase suivante & semblable. Aujourd’hui est comparu au Greffe de la Cour, N. qui s’est rendu pleige & caution, &c. sont comparus au Greffe, &c.

COMPARSE. s. f. C’est dans les Carrousels la même chose que l’entrée aux Balets, & la Scène aux Comédies, c’est-à-dire, l’entrée de la Quadrille dans la carrière, dont elle fait le tour pour se faire voir aux spectateurs, mesurer la lice, & se rendre au poste qui lui est marqué. Præludium, ingressus in stadium. C’est un usage si ancien, qu’il en est fait mention au cinquième de l’Enéïde.

COMPARTAGEANT. adj. pour copartageant. Celui qui partage avec un autre.

Le pauvre diable étoit prêt à se pendre ;
Il s’en alla chez son compartageant. La Fontaine.

COMPARTIMENT. s. m. Dessein composé de plusieurs figures, disposées avec symétrie & avec régularité, pour orner un parterre, un plafond, des panneaux de vitre ou de menuiserie ; les pavés ou carreaux d’un plancher. Descriptio, dimensio. Un compartiment de tuiles, est l’arrangement avec symétrie de tuiles blanches, rouges & vernissées, pour la décoration des couvertures du comble. On le dit aussi d’une dentelle, d’une peinture. Toutes les peintures des Turcs & des Mores ne se font que par des compartimens. Faire le compartiment d’un Jardin en divers carreaux. Hortum in areas, in pulvinos describere. Il se dit aussi de certaines dorures à petits fers qui se mettent sur le plat ou sur le dos des livres. Livre doré à compartimens.

Compartiment de feux. C’est, en termes de Mineur, la disposition des saucissons pour porter le feu aux fourneaux dans le même temps, dispositio missilium ignium.

COMPARTIR, v. a. Faire des compartimens. Partire, describere. Ce mot est vieux & suranné.

Comparti, ie, part.

COMPARTITEUR. s. m. Terme de Palais. C’est un Juge qui a ouvert & soûtenu un avis contraire à