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Dictionnaire de théologie catholique/GNOSIMAQUES

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Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 6.2 : GÉORGIE - HIZLERp. 99).

GNOSIMAQUES, hérétiques du viie siècle, ainsi appelés, comme le nom l’indique, γνῶσις, μάχη, γνωσιμάχος, celui qui combat la science, parce qu’ils repoussaient toute connaissance ou science de la religion chrétienne comme inutile. À leurs yeux, vain est le travail de ceux qui étudient les Écritures et se livrent à des spéculations quelconques ; car ce n’est point la science que Dieu exige, mais seulement les bonnes œuvres ; ce n’est point le savoir qui sauve, c’est le bien-vivre. Tertullien, pour blâmer la manie intempérante des gnostiques, qui consistait, sous prétexte de science, à multiplier les recherches et les spéculations, avait bien pu dire avec quelque apparence de paradoxe : Nobis curiositate opus non est, post Christum Jesum ; nec inquisitione, post Evangelium. Cum credimus, nihil desideramus ultra credere, Præscript., 67, P. L., t. II, col. 20-21 ; mais il ne se refusait pas pour autant à faire œuvre scientifique. Plus radicaux, les gnosimaques condamnaient toute curiosité intellectuelle, tout travail d’exégèse ou d’interprétation scripturaire, tout essai de systématisation théologique. Non sans raison, saint Jean Damascène les range parmi les hérétiques ; mais il ne nous fait connaître ni le lieu et l’époque où ils vécurent, ni le rôle et l’importance de leur secte.

S. Jean Damascène, Hær., lxxxviii, P. G., t. xciv, col. 757.

G. Bareille.

GNOSTICISME. — I. Sources. II. Histoire. III. Doctrine.

I. Sources. — Le meilleur moyen de se faire une idée exacte du gnosticisme serait évidemment de consulter les ouvrages où les gnostiques ont exposé leurs doctrines ; car ils ont beaucoup écrit. Mais, dans l’état actuel de la science, ce moyen n’est pas à notre disposition ; car de toute leur production littéraire il ne reste que très peu de chose. Nous sommes d’abord loin de connaître tout ce qui est sorti de leur plume sous forme de lettres, de chants, de psaumes, d’homélies, de traités, de commentaires. La plupart de leurs travaux ne nous sont connus que par leurs titres. Et c’est à peine si nous possédons quelques fragments, grâce aux écrivains ecclésiastiques qui les ont cités pour les réfuter, et quelques rares ouvrages qui ont échappé aux injures du temps. Signalons du moins ces titres, ces fragments et ces ouvrages. Car, outre qu’ils sont un témoignage d’une grande activité littéraire, ils offrent un spécimen du genre adopté et de quelques sujets traités.

1o Ouvrages gnostiques dont le titre est connu. — Sans être complète, voici la liste de ces ouvrages, dont le titre et l’existence sont attestés par les Pères.

De Simon de Gitton, une Ἀπόφασις μεγάλη, Philosophoumena, VI, 1, édit. Cruice, Paris, 1860, p. 249 ; des Ἀντιῤῥητικά, pseudo-Denys, De div. nom., i, 2, P. G., t. iii, col. 857.

De Basilide, un évangile, Βασιλείδην εὐαγγίλιον, Origène, In Luc. homil., i, P. G., t. xiii, col. 1083 ; S. Ambroise, In Luc, i, 2, P. L., t. xv, col. 1533 ; S. Jérôme, In Matth., prolog., P. L., t. xxvi, col. 17 ; des Ἐξηγητικὰ εἰς τὸ εὐαγγέλιον, en 24 livres, d’après Agrippa Castor, Eusèbe, H. E., iv, 7, P. G., t. xx. col. 317 ; l’auteur de la Disputatio Archelai cum Manele en cite deux passages du XIIIe livre, Disput., 55, P. G., t. ix, col. 1524 ; et Clément d’Alexandrie en cite un autre tiré du XXIIIe, Strom., IV, 12, P. G., t. viii, col. 1289 ; des Hymnes, d’après un fragment d’Origène.

D’Isidore, un Περὶ προσφυοῦς ψύχης, Clément d’Alexandrie, Strom., II, 20, P. G., t. viii, col. 1057 ; des Ἐξηγητικὰ τοῦ προφήτου Παρχώρ, dont Clément d’Alexandrie cite un passage tiré du Ier livre, Strom., VI, 6, P. G., t. ix, col. 276 ; des Ἠθικά ou παραινετικά, sortes d’homélies. Clément d’Alexandrie, Strom., III, 1, P. G., t. viii, col. 1101.

D’Épiphane, un Περὶ δικαιοσύνης. Clément d’Alexandrie, Strom., III, 2, P. G., t. viii, col. 1105.

De Valentin, des Hymnes ou Psaumes, Tertullien, De carne Christi, 17, P. L., t. ii, col. 781 ; des Épîtres, entre autres celle à Agathopode, Clément d’Alexandrie, Strom., III, 7, P. G., t. viii, col. 1161 ; des Homélies, entre autres une Περὶ φίλων, Clément d’Alexandrie, Strom., VI, 6, P. G., q. ix, col. 276 ; un De mali origine, dont les Dialogues contre les marcionites contiennent un fragment, P. G., t. vii, col. 1273.

De Ptolémée, une Ἐπιστολὴ πρὸς Φλώραν, conservée par saint Épiphane, Hær., t. xxxiii, 3-7, P. G., t. vii,