Dictionnaire de théologie catholique/VIAIXNES (Thierry sieur de FAGNIER de)

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Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 15.2 : TRINITÉ - ZWINGLIANISMEp. 653).

VIAIXNES (Thierry sieur de FAGNIER de), bénédictin français (1659-1735). —

Né à Châlonssur-Marne d’une famille de magistrats, le 18 mars 1659, il fut élevé chez les jésuites de cette ville, mais se sentit bientôt attiré par la vie monastique. Entré à l’abbaye Saint-Pierre de Châlons, qui appartenait à la congrégation de Saint-Vanne, il y fit profession le 13 juin 1677 et fut envoyé peu après à Saint-Vincent de Metz pour y faire ses études de théologie ; il reçut à Metz une solide formation, qu’il compléta à l’abbaye de Beaulieu en Argonne, alors siège d’une sorte d’académie monastique. En 1683, il était ordonné prêtre, rentrait à Châlons et ne tardait pas à se faire remarquer par ses talents de prédicateur. Mais son indépendance d’esprit lui causa de multiples désagréments ; en 1689, il est exilé pour quelques mois à l’abbaye de Saint-Michel-en-Thiérache, à cause de l’opposition qu’il avait faite à certaines mesures prises par les autorités de la congrégation. En 1695, il est transféré à Hautvilliers, près d’Épernay, où se reconstituait la petite académie de Beaulieu. Dès ce moment, dom de Viaixiies avait pris nettement position pour le jansénisme. En 1698, il fait visite à Quesnel, réfugié en Belgique, et ne cessa plus dès lors de correspondre avec lui. Quand Quesnel fut arrêté à Bruxelles en mai 1703, une partie de cette correspondance fut découverte. Aussi, quand dom de Viaixiies passa à Paris, l’année suivante, fut-il arrêté et conduit au château de Vincennes, où il resta six ans et huit mois. À sa sortie, il fut exilé à l’abbaye de

Saint-Florent près de Saumur. Son attitude lors de la publication de la bulle Unigenitus lui valut un second séjour à Vincennes, de janvier 1714 jusqu’à la mort du roi. Libéré en 1715, il se retire à Beaulieu, puis à Saint-Vanne de Verdun. Mais ses malheurs n’étaient pas finis. En février 1721, à cause de son attitude dans l’affaire de l’appel, il est exilé à l’abbaye de Pottiers, au diocèse de Langres, puis, fin mai, banni du royaume. Les diverses maisons de Belgique où il croit trouver un refuge lui sont successivement fermées ; finalement, en 1722, il arrive en Hollande, où il trouve asile dans l’Église d’Utrecht, qui était en passe de devenir schismatique. Voir ci-dessus, col. 2404. Le 15 octobre 1724, au sacre de Steenoven par Varlet, c’était dom de Viaixiies qui faisait les fonctions de diacre, de maître des cérémonies et de notaire. Son sort est dès lors lié à celui de l’Église janséniste d’Utrecht. Il mourra le 31 octobre 1735 à Rhynwick près de cette ville.

De Viaixiies a multiplié des écrits pseudonymes et anonymes contre la constitution Unigenitus et les jésuites ; les bibliographes signalent : L’impiété reconnue, contre une thèse soutenue à Cæn, Cologne, 1693 (factum publié à l’insu de l’auteur). Ce fut de Viaixiies qui publia le recueil de Thomas Lemos, demeuré manuscrit depuis un siècle (voir ici, t. ix, col. 211) : Acta omnia congregationum ac disputationum… de auxiliis divinæ gratiæ, in-fol., Louvain (en réalité Reims), 1702. Il donna aussi une réédition du fameux livre d’Edmond Richer De ecclesiaslica et politica potestate libellus, 2 vol. in-4o, Cologne, 1702. Voir ici t. xiii, col. 2699. C’est assez dire dans quel esprit dom de Viaixiies menait la lutte contre la bulle Unigenitus.

Moréri, Le grand dictionnaire, éd. 1759, t. x, p. 572 ; Michaud, Biographie universelle, t. xlv ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. iv, col. 1083, n. 1 (donne de Viaixiies comme l’éditeur de Serry, cf. ici t. xiv, col. 1959 ; il ajoute que, dans la préface mise en tête, de Viaixiies dissertait longuement de la vie de Thomas Lemos ; ce doit être le résultat d’une confusion entre les deux ouvrages parallèles de Serry et de Lemos).

É. Amann.