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Informations sur l'édition
Informations sur l’édition de Les Animaux malades de la peste |
Édition : Barbin & Thierry, 1668-1694, Paris Source : BnF Gallica Tomes 1 - 2 - 3 - 4 - 5 Remarques : Version originale, avec onglet de modernisation optionnelle de l’orthographe ; ponctuation et casse de l’original conservées, voir illustration ci-dessus. [1]. Relu et corrigé par : |
- ↑ Sur la ponctuation, voir ce qu’a écrit John Dover Wilson en 1921 (à traduire de l’anglais).
A NOTE ON PUNCTUATION
In the main, the punctuation of the old texts is Shakespeare’s, or at worst that of the play-house. No doubt the compositor had his share too ; in plays hurriedly written perhaps a large one, in others such as Hamlet or The Tempest a small one probably little more than the addition of certain commas. In either event the framework is Shakespearian. This punctuation is dramatic, that is to say it is a question of pause, emphasis and intonation ; and is quite independent of syntax. À comma indicates a short pause, a semicolon a longer one, a colon one longer still, and a full-stop a full stop, which sometimes occurs in the middle of a sentence. Further, absence of punctuation, where a modern reader would expect to find it, implies rapid delivery.
Brackets, on the other hand, affect intonation rather than speed. Often they denote the drop in the voice which a parenthesis demands ; but there are many beautiful instances which mark a much more significant change of tone : a hushed whisper, a touch of anxiety, a note of tenderness, surprise or awe.
In the same way the pause, especially with the semicolon, the colon or the period, often needs filling by a sob, a kiss, or by other and lengthier’business. ’
As he wrote Shakespeare had the living voice ever sounding in his ears, the flesh and blood of his creations ever moving before his eyes.
To translate this exquisite pointing into symbols convenient to the modern eye is no easy task.
We have retained as much of the original system as possible ; but, inasmuch as it was non-syntactical in character, to keep it all would have tended to bewilderment and confusion. Thus we have been forced, reluctantly, to compromise
The Tempest is a particularly beautiful example of dramatic pointing ; and we feel confident that if, after glancing at this brief note, the reader will turn to The Tempest second scene and follow for a moment or two the pause— effects in the exquisite dialogue between Miranda and her father, he will not only master its principles without difficulty but will become a complete convert to Shakespearian punctuation. D. W.Traduction Google :
UNE NOTE SUR LA PUNCTUATION
Pour l’essentiel, la ponctuation des textes anciens est celle de Shakespeare, ou au pire celle du théâtre. Sans doute le compositeur avait-il sa part aussi ; dans des pièces écrites à la hâte, peut-être une grande, dans d’autres telles que Hamlet ou The Tempest, une petite est probablement un peu plus que l’ajout de certaines virgules. Dans les deux cas, le cadre est Shakespearien. Cette ponctuation est dramatique, c’est-à-dire qu’il s’agit d’une pause, d’une accentuation et d’une intonation ; et est assez indépendant de la syntaxe. Une virgule indique une courte pause, un point-virgule un plus long, un deux-points encore plus long et un point complet, ce qui se produit parfois au milieu d’une phrase. De plus, l’absence de la ponctuation qu’un lecteur moderne s’attendrait à trouver, implique une livraison rapide.
Les crochets, par contre, affectent l’intonation plutôt que la vitesse. Souvent, ils dénotent la baisse de voix demandée par une parenthèse ; mais il y a beaucoup de beaux exemples qui marquent un changement de ton beaucoup plus important : un murmure feutré, une pointe d’anxiété, une note de tendresse, une surprise ou une crainte.
De la même manière, la pause, en particulier avec le point-virgule, les deux points ou les règles, doit souvent être remplie par un sanglot, un baiser ou par une « entreprise » plus longue et plus longue.
Au moment où il écrivait, Shakespeare avait la voix vivante qui résonnait dans ses oreilles, la chair et le sang de ses créations bougeant toujours devant ses yeux.
Traduire ce pointage exquis en symboles pratiques pour l’œil moderne n’est pas une tâche facile.
Nous avons conservé autant que possible le système d’origine. mais, dans la mesure où il avait un caractère non syntaxique, tout garder aurait eu tendance à l’égarement et à la confusion. Nous avons donc été forcés, à contrecœur, de faire des compromis.
La Tempête est un exemple particulièrement beau de ponctuation dramatique ; et nous sommes confiants que si, après avoir jeté un coup d’œil sur cette courte note, le lecteur se tourne vers la deuxième scène de La Tempête et suit un instant les effets de pause du dialogue exquis entre Miranda et son père, il ne maîtrisera pas seulement son principe sans difficulté mais deviendra un converti complet à la ponctuation shakespearienne. D. W.
Archives
LIVRE PREMIER.
FABLE I.
Les Animaux malades de la peste.
Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste (puis qu’il faut l’appeler par son nom)
Capable d’enrichir en un jour l’Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés.
On n’en voyait point d’occupés
À chercher le soutien d’une mourante vie ;
Nul mets n’excitait leur envie.
Ni Loups ni Renards n’épiaient
La douce et l’innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d’amour, partant plus de joie.
Le Lion tint conseil, et dit ; Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L’histoire nous apprend qu’en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point, voyons sans indulgence
L’état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J’ai dévoré force moutons ;
Que m’avaient-ils fait ? Nulle offense :
Même il m’est arrivé quelquefois de manger
Le Berger.
Je me dévouerai donc, s’il le faut ; mais je pense
Qu’il est bon que chacun s’accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse.
Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Eh bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non non : vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d’honneur.
Et quant au Berger l’on peut dire
Qu’il était digne de tous maux,
Étant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire.
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d’applaudir.
On n’osa trop approfondir.
Du Tigre, ni de l’Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu’aux simples mâtins,
Au dire de chacun étaient de petits saints.
L’Âne vint à son tour et dit : J’ai souvenance
Qu’en un pré de Moines passant,
La faim, l’occasion, l’herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n’en avais nul droit, puis qu’il faut parler net.
À ces mots on cria haro sur le baudet.
Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu’il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l’herbe d’autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n’était capable
D’expier son forfait : on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de Cour vous rendront blanc ou noir.
Les Animaux malades de la peste (Collinet)
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Informations sur l’édition de Les Animaux malades de la peste |
Édition : Texte établi par Jean-Pierre Collinet (Folio n° 2246). Source : Saisie manuelle. 1 (0/1) Grondin 2006-07-31 14:04 2006-07-31 14:04 Remarques : Relu et corrigé par : Philippe. |