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Discussion Auteur:Thérèse Karr

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Pierre Rosenkranz dans le conseiller des Familles et Dominique dans le Messager de la Semaine.

  • Dans la Fronde [2]


Les Femmes romanciers

Quelles sont les femmes qui ont écrit des romans depuis le commencement de ce siècle ? Quelles sont celles qui se sont distinguées plus particulièrement dans ce genre ? Quels sont les titres de ces principaux ouvrages. R. Permos.

Comment pourrait-on les nommer toutes et même seulement savoir leurs noms !

Il faut se borner à celles qui ont laissé une plus ou moins sérieuse ou brillante réputation.

Et tout de suite la place d’honneur revient à Mme de Staël, dont le roman de Delphine paraît en 1802, et la fameuse Corinne en 1807.

Vers le même temps, c’est le grand succès du roman Valérie (1803), de la baronne Krudener, qui dès cette époque commençait à s’abandonner à des tendances mystiques.

La duchesse de Duras ne donna qu’en 1823 son célèbre roman d’Ourika, bientôt suivi d’Édouard (1825), puis de Frère Ange, Olivier, etc.

Mme de Genlis avait donné en 1802 son meilleur ouvrage : Mademoiselle de Clermont, courte nouvelle, d’ailleurs excessivement admirée en son temps.

Puis, à l’époque romantique ce fut le commencement de la gloire de George Sand, et l’auteur de la question ne demande pas, je pense, qu’on retrace ici la carrière de cette femme de génie. Mais au plus peut-il y avoir intérêt à rappeler que le premier roman publié par Sand sous ce nom de guerre fut Indiana (1832).

Louise Colet, poète et romancière, fut un moment presque illustre. Ses principaux romans sont : les Cœurs brisés (1843) et Lui (1859) ce dernier, autobiographie curieuse où il soulevait un coin du voile de sa vie passionnelle en se jetant dans le débat d’histoire amoureuse ouvert par le roman de Sand sur ses amours avec Musset.

Les romans de Mme de Girardin furent très remarqués (le Lorgnon, le Marquis de Pontanges, la Canne de Balzac, etc, mais surtout le roman par lettres qu’elle écrivit en collaboration avec Méry, Sandeau et Théophile-Gautier, sous ce titre : la Croix de Berny).

Faut-il rappeler quelques autres noms oubliés aujourd’hui, du même temps : Clémence Robert, par exemple, et la fille de Charles Nodier, Mme Ménessier-Nodier, auteur d’une délicieuse nouvelle intitulée : Laura Murillo ? Toujours est-il que beaucoup de femmes déjà écrivaient des romans sous Louis-Philippe et Napoléon III. Mais nous voici à la période contemporaine avec Mme Henry Gréville, dont l’œuvre est énorme. Citons Dosia, l’Expiation de Savéli, le Violon russe, Perdue ; avec Mme Gagneur, auteur de la Croisade noire (1864), de Chair à canon (1872), du Roman d’un prêtre, de la Fournaise, etc. ; de Mme Adam, ou plutôt de Juliette Lambert dont les meilleurs romans sont Laide et Païenne ; avec Gyp (Autour du mariage, Petit Bob, le Druide, etc.) et enfin, devons-nous citer les romancières à succès d’aujourd’hui : Mmes de Peyrebrune, Bentzon, Daniel Lesueur, Jean Bertheroy, Marcelle Tinayre — et j’en passe.

UN FÉMINISTE.

Les Femmes romanciers

Quelles sont les femmes qui ont écrit des romans depuis le commencement de ce siècle ? Quelles sont celles qui se sont distinguées plus particulièrement dans ce genre ? Quels sont les titres de ces principaux ouvrages.

R. Permos

Aux noms d’auteurs et aux titres d’ouvrages cités dans le n° du 23 septembre, il faut ajouter : Mmes de Montolieu (morte en 1832), Gacon (morte en 1835), de Bournon Malarme (morte en 1830), la comtesse de Guibert-Courcelles (morte en 1826), la comtesse de Fleurieu (morte en 1826), Mme de Flahaut-Souza (morte en 1836), dont le talent gracieux et touchant s’est donné libre cours dans Adèle de Sénanges, Charles et Marie, Eugène de Rothelin, Eugénie et Mathilde ; Mme de Charrière, dont Caliste, et Trois Femmes ont paru au début du siécle ; Mmes de Morency (morte en 1810), romancière médiocre ; Cottin, célèbre par ses Claire d’Albe, Malvina, Amélie Mansfield, Mathilde, Elisabeth ou les Exilés de Sibérie, publiés de 1793 à 1866 ; la baronne de Méré (née Elisa Guénard, morte en 1829), qui se fit une spécialité dans le genre licencieux et irréligieux ; la comtesse d’Hautpoul (morte en 1837), Mary Allart (morte en 1821) connue par son Albertine de Sainte Albe ; Mmes Dufrenoy (morte en 1825), Barthelemy Hadot (morte en 1821), Sophie Gay (morte on 1852), dont les récits sortent certainement du commun sous le double rapport du style et de l’esprit ; Mmes de Renneville (morte en 1822), Sirey (morte en 1843), Guizot (morte en 1843) ; Guizot (morte en 1827), Voïart (1786-1866), Allart (née en 1801), Elisa Guizot (1804-33, que Léonie de Montbreuse a mise en vue, Mmes Tulliac-Tremadeur (morte en 1862), féconde en romans de longue haleine ; Gordon (morte en 1839) ; Surville née Laure Balzac (1800-1871), auteur de contes et dont la Fée aux nuages ou la Reine Mab est encore lue avec plaisir ; la duchesse d’Abrantés (morte en 1838), Ida Saint-Elme (morte en 1839) ; Desbordes-Valmore (morte en 1859), femme-poète qui a cultivé aussi la nouvelle et le roman ; Ancelot (morte en 1875) dont les feuilletons signés eurent la popularité ; Mmes de Lourdoueix-Gannier (morte en 1859), d’Abrantès-Amet (née en 1802) et sa sœur Mme Aubert-d’Abrantès, (née en 1803), Mmes Eugénie Foa (morte en 1853) Camille Bodin (morte en 1854), Roger de Beauvoir (morte en 1859), Waldor (morte en 1871) qui eurent chacune leurs jours de succès ; Mme d’Arbouville (née de Bazancourt 1810-55), femme trop tôt enlevée aux lettres qu’elle n’aborda que par nécessite ; ses romans ou nouvelles Marie-Madeleine, Une vie heureuse, Résignation, Une famille hollandaise, Luigina, révèlent un talent fin et délicat ; leurs pays exhalent un charme mélancolique. Mme Charles Raybaud (1802- 1871) a apporté beauooup de soin et de distinction dans Valdpeiras Thèrésa, le Moine de Chaalis, etc.

À signaler encore : Daniel Slern (la comtesse d’Agoult, 1805-76), Mmes Niboyet (1804-83), Carraud, Gabrielle Soumet d’Altenheim (1814-1890), Du Bos d’Elbrecq (1799-1897), qui se fit autrefois un nom dans le genre destiné aux bibliothèque et aux soirées des campagnes et dont Le père Fargeau fut tiré à 33, 000 exemplaires ; Mmes la comtesse Dash (1804-72) dont la longue série des romans régence eurent beaucoup de vogue ; Louis Figuier, Hector Malot, Paul Lacroix (femme du bibliophile Jacob), Anaïs Ségalas, Anne Bignan (mort en 1861), la comtesse Drohojoweka, Ackermann (poète surtout), Michelet, de Pressensé, de Rute, Alphonse Daudet (Karl Stern), Julie Lavergne, Louise Belloc, Regnier (Daniel Darc).

Mmes Craven, née de Laferronnays (1808-91), une illustre injustement oubliée (soit dit en ne se plaçant qu’au point de vue du mérite littéraire), dont Les récits d’une sœur, Anne Sévtrin, Fleurange, sont remarquables : Raoul de Navery, à qui Les drames de la misère, Patira, le Pardon du Moine, la fille de l’imagier et surtout Le procès de la reine ont valu une place d’honneur parmi les principales romancières de notre époque, sous le rapport de l’imagination, de la fécondité et de l’intérêt le plus pathétique ; Mlle Zénaïde Fleuriot, dont les Mémoires d’une douairière, Une famille bretonne, la Vie en famille et cinquante autres volumes dénotent un réel talent et l’élèvent eu-dessus des écrivains ordinaires ; Mmes la comtesse de Mirabeau (Gyp), Claude Vignon (dame Rouvier), de Witt (née Guizot), qui a écrit beaucoup pour l’adolescence ; Olympe Audouard, André-Léo (Mme de Champseix) ; la comtesse de Ségur, autour des Mémoires d’un âne et de beaucoup d’autres ouvrages qui font les délices des enfants, Mmes Bourdon, dont on ne peut contester le mérite littéraire quand on a lu la Vie réelle, Marthe Blondel, et tant d’autres qui ont la faveur des ouvriers et des personnes de modeste condition à la portée desquels l’auteur a su se mettre d’une façon si simple et si réelle ; Judith Gautier-Mendès, si exquise dans ses récits au parfum oriental ; Claire de Chandeneux ; Louise Michel, qui a fait servir le roman à l’exposition doges doctrines socialistes dans le Nouveau Monde et les Microbes humains ; Jacques Vincent (Angèle Dussaud), une conteuse délicate et distinguée, Regnal (Lange), collaboratrice de son mari sous le même pseudonyme ; Colomb, la vicomtesse de Pitray, dont les volumes se donnent en étrennes à la jeunesse ; Mlles Thérèse Karr, Nettement, L. Bader, Gabrielle d’Ethampes, Marie-Anne de Bovet, Georg. du Vallon, Juliette Cuvillier-Fleury, dont les contes et nouvelles ont paru sous le pseudonyme d’Olivier Lavoisy ; l’illustre Mme Clemence Royer elle-même, si je ne me trompe.

Mmes Charles Aubert, auteur des Nouvelles amoureuses qui a si gentiment joué avec la licence dans ses exquises pages consacrées à des historiettes risquées sur les péchés roses ; Mary Summer, une romancière d’une rare finesse, d’une extrême délicatesse ; Esther de Suze, Camille Pert, Pierre Ninous, Marie de Besneray, la comtesse de Beaurepaire Louvagny, Sixte Delorme, Maryan, Pierre Cœur (Mme de Voisins d’Ambre), Elisa de Mirbel (baronne Decazes), Rachilde, Georges Maldague, Mie d’Aghonne, Paul d’Aigremont, J. Marni, qui occupe un rang élevé parmi les femmes auteurs de fictions ; May-Armand Blanc, si légère et si poétique, Mme Biart (Léonie d’Aulnet) ; Mme de Stolz-Bégon, connue par ces Mémoire d’un lapin blanc dans le monde des adolescents ; Mme Caro dont le Péché de Madeleine, Flamen, sont des œuvres distinguées ; Ange Bénigne (comtesse de Molènes), Genevray (Mme Ad. Janvier), Philippe Gerfaut (Mme Dardenne de la Grangerie) ; Mme Guyot-Desfontaines l’auteur de M. X et Mme ***, Mme Etienne Marcel, Mlle G. Fonta dont Vocation a paru dans la Fronde en janvier dernier ; cette nouvelle écrite dans un style classique, est si saisissante de réalité et d’observation, si psychologiquement étudiée dans ses péripéties, si touchante dans les revirements suggestionnés de l’héroïne, qu’elle annonce l’entrée en scène d’une nouvelle romancière de valeur, etc., etc.

À l’étranger aussi les romancières sont légion ; voici les plus connues en France :

Espagne. Dona Caballero (m. en 1877), dona Gert. Gomez de Avellaneda (1816-73) et dona Coronado.

Russie. — Mmes A. P. Krandiewska, Chtchepkina Koupernie et M. Krestevskaja, auteurs de nouvelles.

Danemark. — Mme Hegermann (m. en 1853).

Hollande. — Mmes Mario Bost, A. Loojes et Toussaint Bosboom.

Suède et Norvège. — Mmes Frederica Bremer (1801-66), la plus célèbre et la plus féconde (tableaux de la vie quotidienne), Em. Carlen, qui partagea avec la précédente la faveur du public et fut également traduite en plusieurs langues ; M. Gjertz, Knorring, Marie-Sophie Schwartz (qu il ne faut pas confondre avec son homonyme alle- mande) et Thoresen.

Angleterre. — Les mistress et misses Hannah More (m. en 1833), lady Morgan (m. en 1859), Hemans (m. en 1835), Marie Shelley (m. en 1851), Austen (m. en 1817), Inchbald (m. en 1821), Opie (m. en 1853), Edgeworth (m. en 1849) ; une célèbre, les sœurs Sophie et Harriet Lee (m. en 1824 et 51), Anne Radcliffe (m. en 1823), fameuse par ses romans effrayants, Elis. Hamilton (m. en 1816), Burney (m. en 1840), Howitt, mère et fille, Am. —B. Edwards, Bray, Ch.-M. Yonge, Fr. Browne, les deux sœurs Anna-Maria et Jane Porter (m. en 1832 et 1850), lady Blessington (m. en 1849), Strickland (m. en 1874), Trollope (m. en 1863), Gore (m. en 1861), Landon (m. en 1838), Coleridge (1802, 1852, Bardoe (1806-1862), Norton (1809-1877), Hall (1805-81), lady Georg. Fullerton, dont les romans les plus appréciés sont l’Oiseau du bon Dieu et Hélène Middleton ; lady Bulwer-Lytton (1808-82), lady Crinwright (Olive Schreiner), Georg. Eliot (Miss Evans) (1815-80) fort connue, Julia Kavanagh) 1824-77) très populaire, H. Wood, Currer-Bell (Charlotte Brontë) (1824-55) également célèbre, Ouida (née Louise de La Ramée), très lue en France, Braddon Mulock, lady Majendie, Ellis (m. en 1872), Ellet, Rhoda Broughton, qui jouit d’une grande réputation de romancière, Cowden-Clarke, Beatk, Mary Brompton, Mittford, Mason, etc.

Allemagne. — Mmes Dorothée Schlegel (morte en 1839), Thérèse Huber (morte en 1829), Richter (morte en 1843), Hanke (1785-1862), Hastfer (née de Chezy) morte en 1838) ; Fanny Tarnow (morte en 1862) Hahn-Hahn (1805-80) ; beaucoup traduite ; Louise Aston, Marlitt (1825-87) auteur de La seconde femme et de beaucoup d’autres, très goûtée des lecteurs ; Fanny Lewald, Louise Mühlbach (Clara Mundt), Marie-Espérance Schvartz (confondue à tort avec sa consœur norvégienne), Mme Robinson, etc.

Autriche. — Mmes Caroline Svietlaia (morte en 1899) et Bozena Nemcova (toutes deux tchèques).

Roumanie. — La reine de Roumanie qui s’est fait une grande réputation dans les lettres sous le pseudonyme de Carmen Sylva.

États-Unis. — Les misses et mistress : Brooks (morte en 1845), Beecher-Stowe (1812-1896), dont l’éloquente et poignante Case de l’oncle Tom a eu du retentissement dans le monde entier et a été traduit dans toutes les langues ; Esth.-Cath. Beecher (1800-1878), Mowatt, Robinson, Sedgwick, Fanny Fern, Suzan et Anna Warner, Elisa Warner (Elisa Wetherell), Harrison-Smith, Lewis, Stephens, célèbre par Opulence et Misère, Cummins, aussi célèbre par son Allumeur de réverbères, Menken, etc.

Nous ne pouvons, à notre grand regret, que répondre par cette longue et aride nomenclature sans donner la moindre notice, ce qui serait autrement intéressant, mais il ne faut pas accaparer comme un égoïste toutes les colonnes du « Courrier de la Fronde.

H. Louatron (Mamers).