Discussion Page:Leblanc - Les Dents du Tigre, paru dans Le Journal, du 31 août au 30 octobre 1920.djvu/93

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Nature du problème[modifier]

Quel est le problème ? J’ai l’impression que du texte est manquant et a été importé d’une autre source. Il serait bon de préciser laquelle. Hektor (d) 24 novembre 2019 à 11:34 (UTC)[répondre]

Le texte supplémentaire vient du contenu non sourcé précédent, qui a servi à l'opération de mix&match. J'ai gardé ce bout-là juste pour montrer que l'édition en feuilleton (celle qui est transcrite ici) est assez différente de l'édition publié. Il reste donc intéressant de chercher un scan de cette dernière. Cordialement Toto256 (d) 24 novembre 2019 à 18:07 (UTC)[répondre]

conservation du texte complet que nous avions:[modifier]

chapitre du légionnaire, sur son séjour au Maroc, ils prirent leur revanche et s’en donnèrent à cœur joie.

Le commandant d’Astrignac avait parlé. D’autres officiers, d’autres compagnons de Perenna relatèrent ce qu’ils avaient vu. On publia les rapports et les ordres du jour qui le concernaient. Et ce que l’on appela « l’Épopée du héros » se constitua en une sorte de livre d’or dont chaque page racontait la plus folle et la plus invraisemblable des prouesses.

À Médiouna, le 24 mars, l’adjudant Pollex inflige quatre jours de salle de police au légionnaire Perenna. Motif « Malgré les ordres, est sorti du camp après l’appel du soir, a bousculé deux sentinelles, et n’est rentré que le lendemain à midi. Il rapportait le corps de son sergent tué au cours d’une embuscade. »

Et, en marge, cette note du colonel : « Le colonel double la punition du légionnaire Perenna, le cite à l’ordre du jour, et lui adresse ses félicitations et ses remerciements. »

Après le combat de Ber-Rechid, le détachement Fardet ayant été obligé de battre en retraite devant une harka de quatre cents Maures, le légionnaire Perenna demanda à couvrir la retraite en s’installant dans une kasbah.

— Combien vous faut-il d’hommes, Perenna ?

— Aucun, mon lieutenant.

— Quoi ! vous n’avez pas la prétention de couvrir une retraite à vous tout seul ?

— Quel plaisir y aurait-il à mourir, mon lieutenant, si d’autres mouraient avec moi ?

Sur sa prière on lui laissa une douzaine de fusils et on partagea avec lui ce qui restait de cartouches. Pour sa part, il en eut soixante-quinze.

Le détachement s’éloigna sans être inquiété davantage. Le lendemain, quand on put revenir avec des renforts, on surprit les Marocains à l’affût autour de la kasbah. Ils n’osaient pas approcher.

Soixante-quinze des leurs jonchaient le sol.

On les chassa.

Dans la kasbah on trouva le légionnaire Perenna étendu.

On le supposait mort. Il dormait !  !  !

Il n’avait plus une seule cartouche. Seulement les soixante-quinze balles avaient porté.

Mais ce qui frappa le plus l’imagination populaire fut le récit du commandant comte d’Astrignac, relativement à la bataille de Dar-Dbibarh. Le commandant avoua que cette bataille, qui dégagea Fez au moment où l’on croyait tout perdu, et qui fit tant de bruit en France, fut gagnée avant d’être livrée, et qu’elle fut gagnée par Perenna tout seul !

Dès l’aube, comme les tribus marocaines se préparaient à l’attaque, le légionnaire Perenna prit au lasso un cheval arabe qui galopait dans la plaine, sauta sur la bête, qui n’avait ni selle, ni bride, ni harnachement d’aucune sorte, et, sans veste, sans képi, sans arme, la chemise blanche bouffant autour de son torse, la cigarette aux lèvres, les mains dans ses poches, il chargea !

Il chargea droit vers l’ennemi, pénétra dans le camp, le traversa au galop, fit des évolutions au milieu des tentes et revint par l’endroit même où il avait pénétré.

Cette course à la mort, vraiment inconcevable, répandit parmi les Marocains une telle impression de stupeur que leur attaque fut molle et la bataille gagnée sans résistance.

Ainsi se forma la légende héroïque de Perenna. Elle mettait en relief l’énergie surhumaine, la témérité prodigieuse, la fantaisie étourdissante, l’esprit d’aventures, l’adresse physique et le sang-froid d’un personnage singulièrement mystérieux qu’il était difficile de ne pas confondre avec Arsène Lupin, mais un Arsène Lupin nouveau, plus grand, ennobli par ses exploits, idéalisé et purifié.


Un matin, quinze jours après le double assassinat du boulevard Suchet, cet homme extraordinaire, qui suscitait une curiosité si ardente, et de qui l’on parlait de tous côtés comme d’un être fabuleux, en quelque sorte irréel, don Luis Perenna, s’habilla et fit le tour de son hôtel.

C’était une confortable et spacieuse construction du xviiie siècle, située à l’entrée du faubourg Saint-Germain, sur la petite place du Palais-Bourbon, et qu’il avait achetée toute meublée à un riche Roumain, le comte Malonesco, gardant pour son usage et pour son service les chevaux, les voitures, les automobiles, les huit domestiques, et conservant même la secrétaire du comte, Mlle Levasseur, qui se chargeait de diriger le personnel, de recevoir et d’éconduire les visiteurs, journalistes, importuns ou marchands de bibelots, attirés par le luxe de la maison et la réputation de son nouveau propriétaire.

Ayant terminé l’inspection des écuries et du garage, il traversa la cour d’honneur, remonta dans son cabinet de travail, entrouvrit une des fenêtres et leva la tête. Au-dessus de lui, il y avait un miroir incliné et ce miroir reflétait, par-dessus la cour et par-dessus le mur qui la fermait, tout un côté de la place du Palais-Bourbon.

— Zut ! dit-il, ces policiers de malheur sont encore là. Et voilà deux semaines que cela dure ! Je commence à en avoir assez, d’une telle surveillance.

De mauvaise humeur, il se mit à parcourir son courrier, déchirant, après les