Encore aultres balades/VI

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VI


Tu soies le trés bien venu,
M’amour, or m’embrace et me baise
Et comment t’es tu maintenu
Puis ton départ ? Sain et bien aise
As tu esté tousjours ? Ça vien,
Coste moy, te sié et me conte
Comment t’a esté, mal ou bien,
Car de ce vueil savoir le compte.

— Ma dame, a qui je suis tenu
Plus que aultre, a nul n’en desplaise,
Saches que désir m’a tenu
Si court qu’onques n’oz tel mesaise,
Ne plaisir ne prenoie en rien
Loings de vous. Amours, qui cuers dompte,
Me disoit : « Loyauté me tien,
Car de ce vueil savoir le compte ».

— Dont m’as tu ton serment tenu,
Bon gré t’en sçay, par saint Nicaise ;
Et puis que sain es revenu
Joye arons assez ; or t’apaise
Et me dis se scez de combien
Le mal qu’en as eu a plus monte
Que cil qu’ a souffert le cuer mien,[1]
Car de ce vueil savoir le compte.

— Plus mal que vous, si com retien,
Ay eu, mais dites sanz mescontc
Quans baisiers en aray je bien ?
Car de ce vueil savoir le compte.

  1. VI. — 20 A2 que a