Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/L’Âne faisant semblant de boiter et le Loup

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Traduction par Émile Chambry.
FablesSociété d’édition « Les Belles Lettres » (p. 124r).
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L’ANE FAISANT SEMBLANT DE BOITER ET LE LOUP


Un âne, qui paissait dans un pré, voyant un loup s’avancer vers lui, fit semblant de boiter. Le loup, s’étant approché, lui demanda pourquoi il boitait. Il répondit qu’il avait, en franchissant une clôture, mis le pied sur une épine, et il le pria de la lui enlever d’abord, après quoi il pourrait le manger, sans se percer la bouche en mâchant. Le loup se laissa persuader. Tandis qu’il soulevait la patte de l’âne et fixait toute son attention sur le sabot, l’âne, d’un coup de pied dans la gueule, lui fit sauter les dents. Et le loup mal en point dit : « Je l’ai bien mérité ; car pourquoi, ayant appris de mon père le métier de boucher, ai-je voulu, moi, tâter de la médecine ? »

Ainsi les hommes qui entreprennent des choses hors de leur compétence s’attirent naturellement des disgrâces.