Fabre dEnvieu - Noms locaux tudesques/Chapitre 5

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E. Thorin ; Édouard Privat (p. 179-264).

CHAPITRE V

NOMS EMPRUNTÉS À DES MOTIFS GÉOGRAPHIQUES
QUI SONT LE FAIT DU TRAVAIL DE L’HOMME.


ARTICLE PREMIER

Nous avons vu que certaines localités sont désignées par la caractéristique du déboisement. Mais souvent cette négation ou privation d’arbres a été voulue et elle s’est produite avec l’intention d’une modification de culture. Ce dépouillement d’arbres, d’arbustes, de ronces a été indiqué par les mots reut, reuth, gereuth ; roth, rod, rode ; rathe, rade ; ried, riod, rieth, rit (en roman riez, roth, roo, rou, ru, roi). Dans l’onomastique géographique, ces mots indiquent ordinairement des localités où l’on avait éclairci, défriché (gelichtet) des forêts. On trouve les deux mots allemands (Lichtung et Reut) dans le nom de Lichtenrade (défrichement du pays défriché), vg. en Prusse.

Reute, action de déraciner ; extirpation ; défrichement (Lichtung im Walde) ; reuten, déraciner, extirper, sarcler, défricher [en déblayant le terrain, en extirpant] ; cfr. lat. radere, râcler, râtisser ; rotten, extirper (usité seulement en composition) ; Reut (terre nouvellement défrichée, novale) ; Reuter, celui qui extirpe, défricheur. De la même racine proviennent les mots français roture, roturier et non pas de ruptura, comme le suppose Littré. Le sens général de reuten se retrouve dans le mot bas latin rutare (renverser), qui entre dans la composition du nom de Rutebœuf (= renverse bœuf), trouvère du xiiie siècle (cfr. Tournebeuf et Tornbull = renverse taureau ; celui qui renverse un bœuf ou un taureau) ; roden (provinc.), défricher :

Reut, Reute, Reuten, Reith, Reithen, Reutlingen (v. p. 196) ; — Kreut (Bavière), pour Greut ; — Baireuth, Kalkreut (Kalk, chaux, roche, pierre calcaire ; lat. calx ; — et non pas de kahl, chauve) ;

Roth, Rod, rode (geroden) : Rode, Rodefeld, Rodenau, Rodenbach, Rodenberg, Rodewald, Rodheim ; Rhode ; — Bleichrode (défrichement blanchâtre ?  ; — lieu de blanchissage, Bleichen, blanchissage ; blanchîment), Gernrode (Gehre, talus), Kirchrode (défrich. de l’église), Marienrode (Novalis beatæ Mariæ), Merode (? pour mererode : de mer, mor, mar qui a eu le sens de « marais »)[1], Nesselrode (Nessel, ortie), Neurode (défrich. nouveau), Osterode (Novale orientale), Wernigerode (Gerode = Rodung ; wern est-il un diminutif de Wernier ?) Harzgerode (Harz, montagne couverte de bois)[2].

Rut, rud : Ruden (jad. Ruodino), Rüden, Rudenburen, Rudendorf, Rüdenhausen ; — Rütingen, Rutmarsheim (Marsch, pays bas et humide) ; en Suisse, rüti, grüt a la même signification que Reut et désigne l’emplacement d’une forêt qui a été arrachée (ausgereutet) : Rutsee (petit lac près de Zurich) ; en Anglet. Rutland (= terre défrichée) ; Rütli ou Grütli (= Gereutlein), prairie du canton d’Uri où les trois libérateurs de la Suisse firent serment d’affranchir leur pays. Cette localité fut ainsi nommée parce qu’elle avait été essartée ou, comme dit Schiller : Weil dort die Waldung ausgereutet ward. Li est pour lein, klein (formes des diminutifs) est ge ou g est ici la marque du participe passé. Cfr. Grodei (pour gerodete Au) ;

Rath, rad, rade : Grafrath (essart du comte), Kamprath, Pfaffrath (du prêtre ; voy. F., p. 85), Osterath et Osterrath (situé à l’est), Quadrath (mot qui n’a rien à voir avec le Quadrat = carré ; mais qui se rattache à quad, holl. kwaad, mauvais ; — ainsi, mauvais défrichement : cfr. Quadrecht pour Quaddrecht — mauvais pacage), Stückrath (bas all. stücke signifie la souche des arbres qui reste dans le sol ; cfr. Stock) ; — Neuenrade, Kollenrade et Koldenrade (bas sax. kold = kalt, froid).

Riet, Rieth, Ried : Rietberg, Rietenauerbad ; — Rieth, Rietheburg, Rietheim, Riethenau, Riethfels ; — Ried, Riedau, Riedbach, Riede, Riedeberg, Riedesel (? habitation du lieu défriché : sal, sel ; ou Esel [âne] ; pour Aetzel, voy. p. 160). Riedforst, Riedhausen, Riedheim ; — Walkenried (du foulage ; walken, fouler ; Walke, moulin à fouler) ; Böschenried (du bosquet, du hallier : Busch), — Riedel (petit défrichement).

N.-B. — Quelques noms que l’on peut rattacher à ried = Reut offrent peut-être le mot Ried (roseau ; terrain marécageux ; contrée humide et basse) ou le mot celtique rit, rith (passage ; cfr. Augustoritum ; Camboritum = Cambridge). En bas all. ride et riede signifient « ruisseau. » Quelquefois aussi roth, rod peuvent se confondre avec roth (v. h. all. rôt, angl. read, red ; gall. rhwdd), rouge[3].

En plattdeutsch, le mot roden (rotten) a donné les formes rôen, rôn qui, devant b, l, n, se changent en röm : Römberg (jad. Rodenberg), Römerbach (jad. Rodenbach), Rumbeck ou Rumke (= Rodenbecke) : ces noms n’ont rien à voir avec les Romains.

La notion du défrichement (Ausrodung und Lichtung) est aussi exprimée par les mots Licht, Hau, Schlag, Schwende.

Licht, clair, lumineux ; éclairci ; à jour ; das Lichte, la chose claire ; — clairière : Lichten, Lichtenau, Lichtenberg, Lichtenburg, Lichteneck, Lichtenfels, Lichtenhaag, Lichtenhagen, Lichtenhain, Lichtenrade, Lichtenstein, Lichtenthal, Lichtenwald (forêt éclaircie), Lichtenwartenberg (Warte, donjon) ; — Lichtenstern (nom d’un ancien couvent) nous paraît signifier « étoile lumineuse » (Stern, étoile ; Licht, lumière) ;

Hell, clair ; hellen, éclaircir ; ce radical sert quelquefois à indiquer une localité où la forêt avait été éclaircie (gelichtet) : Hellefeld, Hellenstein, Hellern, Helinghausen, Hellmühl, Hellweg ; — Hellt, Hilt.

Hau, taillis, coupe de bois ; hauen, frapper avec un instrument tranchant ; hacher, fendre : Ainsi, dans la Silésie : Schreibershau, Seifershau, Rabishau. À ce même radical on peut rattacher quelquefois les noms terminés en au : Waldau (pour Waldhau)

Schlag, action d’abattre ; taille, coupe [de bois] ; schlagen, frapper, abattre ; Schlacht, tuerie, combat ; abattis de broussailles (v. h. all. slaht) : Schlagbrügge, Schlage, Schlagstorf ; Heinrichschlag, Leupoldschlag, Graffenschlag (du comte), Kirchschlag (de l’église, etc.) ; — Schlachtberg, Schlachten ; — Schlat, Schlatewald, Schlathof, Schlatt, Slate ; — la forme slad indique aussi un lieu qui a été écobué, ausgerodet.

Meiss est, dans la haute Allemagne, synonyme de Schlag et de Gehau (taillis) ; de meissen [provinc.], tailler, abattre (cfr. Meissel ciseau ; metzen, tailler, abattre ; égorger). Meiss a ainsi le sens de Holzschlag, Holzabtrieb : Meissau, Meissen, Meissenhelden.

Tilgen, exterminer, détruire, extirper ; sax. tiljan, v. h. all. tilon, détruire, exploiter ; cfr. theilen, diviser, partager ; jad. couper ; — franç. tailler) : Tielenburg, Tilkenrode ; Thieldonk, Thielt (en Belgique).

Schwenden (verbe factitif formé de schwinden [diminuer, décroître ; disparaître] a signifié « faire disparaître » [comme senken, formé de sinken, enfoncer, s’enfoncer, a le sens de « abaisser, descendre, » c’est-à-dire « faire descendre »). Cette forme s’est conservée dans le verbe verschwenden (dissiper, gaspiller, c’est-à-dire faire disparaître sa fortune, son patrimoine), schwenden et abschwenden (brûler des broussailles, écobuer un champ) : Schwendt, Schwende, Schwenden, Gschwende, Hilkenschwende (Hilken pour Hügelchen, petite colline), Molmerschwende (Mulm, poussière de bois pourri), Pfaffschwende, Hernschwende (du maître, du patron : Herr).

Schwand désigne aussi une portion de forêt qui a été défrichée (abgeschwendete Waldpartie) : Schwand, Schwandt, Egernschwand (v. h. all. eherari = grange, Aehrenvorrath : Aehre, anglo-sax. aechir, épi ; cfr. Age, barbes des épis).

Toutefois nous rapporterons plus volontiers la forme schwend au v. h. all. suedan (brûler, réduire en cendres, abbrennen). Le mot suédois svedja est employé pour désigner l’action d’extirper, d’essarter (une forêt) et le mot svedjafall signifie le bois destiné à être détruit. Or, svedja a, en suédois, le sens de brûler. On sait que le déboisement s’opérait surtout au moyen du feu : on brûlait les bruyères, les broussailles pour rendre l’emplacement sur lequel elles croissaient susceptible d’être cultivé. De cet ouvrage et de l’un des noms qui le caractérisait s’est formé le nom de Schwitz (ville qui a donné son nom à la Confédération helvétique). De Schwytz on a fait Suisse, die Schweiz, en adoucissant la prononciation.

Brand (embrasement, combustion, feu ; brennen, brûler) désigne aussi un lieu qui a été défriché (gereutet) par le feu : Brand, Brandeck, Brandenburg, Brandenhusen, Brandenstein, Branderode ; — Brant ; — le nom de la Marche de Brandenburg (Brandebourg) a remplacé le nom de Brennibor que lui avaient donné les Wendes. Dans leur langue Brennibor signifie château de la forêt ou forêt fortifiée : brenni, défense, rempart ; bor, forêt ;

Erde (die, la terre, le globe terrestre ; terre, par oppos. à Wasser, eau) a, dans quelques noms propres, le sens de terrain, champ. Ce mot a eu d’abord le sens de « labourée, cultivée » (das geärte Feld, das Artland : Art, labour : Artfeld, terre labourable ; ären = pflügen, labourer ; celt. ar, grec ἔρα, angl. earth, terre ; angl. to ear, lat. arare, grec ἀρόειν, labourer, cfr. Onomatologie de la géogr. grecque, p. 31). Noms propres : Erd, Erdberg, (la montagne du champ), Erdeborn (source du terrain cultivé : Born, poét. = Brunn, source, fontaine, puits), Erdhausen (à la maison du champ : Haus, maison), Erdöd (désert du champ ; lieu désert [situé près] du terrain cultivé : Öde, subst. désert ; adj. inculte, désert, solitaire). Ce radical se présente, sous les formes arde, aerde, aerd, eerde, comme suffixe de plusieurs noms hollandais, et il a quelquefois le sens de terrain situé près d’une rivière, lieu de déchargement, marché : Audenarde (Oudenaerden : vieille terre, c.-à-d. cultivée depuis longtemps : alt, holl. oud, vieux, ancien, antique), Zwynaerde (terre aux porcs : Schwein, holl. zwijn, cochon, porc, pourceau), localité de Belgique ; Aerzeelle (jad. Aert = résidence des champs ; Zelle, cellule ; cfr. lat. cella ; grec κοῖλος, creux, souterrain ; F., p. 111, — ou de Saal, salle, jad. sal, habitation). À Gand, on trouve la Hooy-aert (terre, marché au foin : hooi = Heu, angl. hay, foin, herbe coupée [hauen, frapper avec un instrument tranchant, couper, hacher] et séchée), la Koorn-aert (marché aux grains : Koorn, pour Koren = Korn, blé, grains), etc.[4].

Bant a eu d’abord le sens d’enclos, de lieu enfermé dans des bornes, de contrée autour de laquelle on avait tracé des bornes, de district, en celtique [gaél.] ban, bann, bande, lien ; proclamation, ban ; pays ; — haut, cfr. grec βουνός, colline ; v. h. all. biunt = un enclos, eingehägter Garten oder Acker ; cfr. Band (das), lien ; bande ; ruban, cordon ; Bande, bande ; bordure, bord ; binden, lier ; celtique [cimbrique] binda, lier (cfr. winden). Le mot all. Bann a dû signifier primitivement un lien physique, puis lien légal, loi, droit (cfr. Mahlbann, droit à se servir d’un moulin : mahlen, moudre ; Mühle, moulin) ; Wildbann, droit de chasse, Kirchenbann, jugement ou loi de l’Église (binden, lier, entourer de liens, lier ensemble) ; puis, bannen a pris le sens de verbannen, mettre hors de l’État, hors de l’Église ; Bann, action de confiner hors de…, bannissement dans un lieu déterminé, exil. Du même radical s’est formé le mot band ou bant (cfr. ital. bando, ban ; et bandito, banni).

Le mot band (bande) a d’ailleurs désigné des groupes de familles ou de tribus confédérés.

Ce mot se retrouve dans le nom des Tubantes (dont la contrée fut nommée Tubantia ; auj. Twente), des Trinobantes et des Buccinobantes.

Brabant (dérivé de l’all. brach, adj. et adv. qui est en friche) aurait le sens de Brachland, friche, jachère ; guérêt, terre en friche ; mais plutôt du celt. [gaél.] brag, plaine (par oppos. à Hasband (= Hochland ?) ; Osterband (pays boisé ?) et Teisterbant (pays d’eau ? — toutefois, ce dernier nom paraît désigner un district méridional : teister = dexter a signifié la droite ; sanscrit dakshina, droite ; daksha, fort), Bursibant (sur l’Ems) ; Bentheim, Bentlage offrent le même radical. Osterbinde (Binde, bande), Bensberg, Bensheim, Benzlage, etc, peuvent se rapporter à des racines différentes.

Feld, champ ; plate campagne ; campagne, champs ; étendue de terre labourable ; jad. plus part. plaine, par opposition à Gebirge. Ce mot a aussi désigné un « camp » et puis une « expédition militaire ; » comme le mot campus a désigné un champ de bataille ; cfr. Kampf. On pourrait croire que Feld (angl. field) a d’abord désigné le terrain qui reste lorsque les arbres, les broussailles sont coupés (angl. felled : de to fell, abattre, couper ; fällen, faire tomber, abattre (un arbre, etc.), couper [du bois, etc.] ; fallen, tomber ; Fall, chute, pente), un terrain cleared of trees. Mais il ne faut pas oublier que ces terrains livrés à l’agriculture et habités étaient entourés d’une haie, d’une clôture formée avec des arbres abattus. Or, en celtique, ffald signifie « lieu entouré d’une haie » (cfr. angl. fold ; parc, lieu entouré d’arbres abattus, felled), un terrain entouré de claies ou de picux (Pfahlwerk), un enclos pour le bétail. Le gaélique offre les formes fàl, fàil, enclos ; cercle ; défense, retranchement, rempart. Ainsi, dans divers noms géographiques d’au-delà du Rhin, Feld a pu très aisément succéder au mot celtique ffald. Nous regardons comme moins probable l’étymologie qui rattache Feld à Falte (angl. fold), pli, repli, ride ; Falz, coulisse, rainure, entaille. Un champ cultivé aurait été un champ faltig (plissé, qui a des plis ; cfr. P., p. 81).

Le norwégien fjeld et l’anglais fell, indiquent une montagne dont la terre tombe (angl. to fall, tomber ; diminuer ; s’abaisser, baisser, s’aplatir) :

Feldbach (H.-Rhin), Feldberg, Feldhausen, Feldkirch (église des champs) ; etc. — Ahlefeld (p. 177), Bartfeld (champ de la hache : Barte, hache, P., p. 170), Bennfeld (non pas de Bein, os ; jambe ; mais champ de la hauteur : du celt. [erse] ben, montagne ; cfr. pen), Bielefeld (nom qui rappelle peut-être la hache [Beil, v. h. all. pil, pille ; suéd. bil, anglo-sax. bill, gallois bwial, hache, cognée] qui abattit les arbres pour former le champ [Feld] où fut bâtie la ville qui est partagée en deux par la Lutter ; cfr. pp. 72, 73), Birkenfeld (Birke, bouleau), Bittenfeld (Bitte, prière, demande), Bitterfeld (bitter, amer ; triste, pénible ; rude, dur ; champ où il y a le Bitterklee [littér. trèfle amer, trèfle d’eau] ou la Bitterkresse (cresson amer), ou la Bitterwurz, gentiane, etc.), Bödefeld (champ de Bodo, P., p. 55, ou abrév. de Bodogost, etc. P., p. 235 ; ou de Bude, holl. boede, petite construction en bois ; boutique), Brettenfeld (champ des planches : Brett, planche), Crefeld (Krähe, corneille ; en romand cré, éminence, colline ; celt. crech, hauteur), Degenfeld (Degen, épée ; v. h. all. thegan, héros ; serviteur, P., p. 202), Donnersfeld (Donner, foudre, tonnerre), Eifeld (en suisse ei, ey, tribunal rural ; cfr. Ehe, mariage ; primit. loi), Endfelden (au champ de l’extrémité : End, bout, extrémité) ;

Frauenfeld (champ de la Femme, pour unserer lieben Frau Feld, le champ de Notre-Dame bien-aimée), Fürstenfeld (Fürst, prince), Grabfeld (Grab, creux, fosse), Gurkfeld (Gurke, concombre), Hatzfeld (champ de Hatto ou Hazo, P. pp. 103, 125 ; ou contrée giboyeuse : Hatz, chasse à courre ; meute de chiens ; ? ou parce que ceux qui bâtirent le château dirent : Hier hat’s Feld), Hirschfeld (Hirsch, cerf), près du Dantzer-See (lac des danseurs : Tänzer, danseur ; Tanz, danse), Hochfelden (hoch, haut) ; petite v. du B.-R., Hundsfeld (champ du chien : Hund ; où l’empereur Henri V fut défait par les Polonais : les morts demeurèrent sans sépulture sur le champ de bataille et les chiens y coururent en grand nombre), Coesfeld ou Koesfeld (du celt. coed, forêt), Königsfeld (champ du roi : König, roi), où l’empereur Albert fut assassiné ; Kranefeld et Kranichfeld (suéd. kran, angl. crane, γέρανος, Kranich, grue), Langenfeld (lang, long, grand), Lechfeld (champ pierreux : du celt. lech, pierre), Leinfeld (Lein, lin ; ou d’un ruisseau de ce nom : celt. linn, marécage, étang), Lilienfeld (campililium ou plutôt champ du lis : Lilie, lis), Mansfeld (? champ de l’homme, Mannes Feld ; ou champ de Mannus : — en Angleterre, Mansfield se rattache au nom de la riv. Man ou Maun ; — armor. maen, pierre, rocher ; mané, montagne), Markfeld (Mark, borne, limite), Mayenfeld (? Mai, mai ; [poét.] fleur ; [jeune] pousse, jet ; branches vertes), Meinfeld (de Megino, P., p. 146), Morfeld (Moor, marais), Mühlenfeld (Mühle, moulin), Pflugfelden (lieu situé près de champs labourés, bei den gepflügten Feldern : Pflug, charrue), Rheinfelden (au champ du Rhin ; ville située sur le Rhin auprès d’une petite cascade que les bateliers nomment le Crochet de l’Enfer, parce que le fleuve s’y précipite en faisant un bruit effroyable) ; Rothfeld (champ rouge : roth) ou Lügenfeld (champ du mensonge : Lüge, mensonge), nommé aujourd’hui Ochsenfeld (champ des bœufs : Ochs, bœuf ; vaste plaine qui doit le dernier nom à une célèbre foire de bestiaux) ; Rothenfeld (roth ; Reut), Saalfeld (v. sur la Saal), Seefeld (See, lac), Sternfeld (Stern, étoile), Wagenfeld (Wage, balance ; Wagen, char, chariot, charrette ; voiture), Weinfeld (Wein, vin ; vigne), Wiesenfeld (ne désigne pas un champ situé près d’une prairie, das Feld an einer Wiese ; ce mot provient de Wisuntifeld : wisunt ou wiesant, bubalus, bubale, Auerochs, taureau sauvage, ure, Waldochs, Büffel), Winterfeld (Winter, hiver), Wustefeld (wüst, inculte, désert).

Appenfeld ne vient pas de Affe, holl. aap, celt. aep, eppa, singe. Ce nom signifie un champ près d’un ruisseau (Feld am Bache, Bachfeld) : du celt. ab, ahh, eau, aven, avon, abben, abhan, cfr. Appenrode (all. rod, Reut, celt. reith, reys, terre novale, terre nouvellement défrichée, ausgerodetes Feld. Appenzel dérive de Abbatis Cella.

En anglais, Feld se dit field : Chesterfield (champ du château castra), Dofrefield (irl. dubhras, sombre forêt ; duhb, noir ; cfr. Dovre Field, en Danemarck), Fairfield (bon champ : fair, beau, bon), Hopefield (du houblon : hop = Hopfen ; ou de l’espérance ; hope ; ou plutôt de hope, vallée en pente, voy. pag. 42), Lichfield (champ des cadavres : Leiche, sax. lych, cadavre ; enterrement ; on trouve ce nom écrit : Licetfield, Licitfield et on peut le rattacher au celtique [irland.] leacth, sépulcres ; leac, pierre, pierre tombale), ville où périrent un grand nombre de chrétiens, sous Dioclétien (champ des reliques, des corps saints), Mannsfield (p. 188). Sheffield (riv. Sheaf, affl. du Don, Angl.), Smithfield (du forgeron : smith = Schmied, forgeron), Southfield (du sud), Springfield (spring, fontaine, source ; printemps ; Spring, source ; saillie ; saut ; springen, se rompre, se fendre ; jaillir ; bondir) ; Wakefield (wake, veille, vigile ; to wake, veiller ; éveiller ; Wache, veillée ; garde ; guet ; wachen, veiller).

Dans les noms norois et suédois, field signifie rocher, plateau : Dovre Field (p. 189), Kongshavnsfield (rocher du port royal).

Veld est le corrélatif hollandais de l’all. Feld : Velthusen (huis = Haus, maison), Arteveld = Artacker, terre labourable : art = Erde, terre [labourée] : aran, ären, lat. arare, labourer.

Fold, terre, contrée : Westfold ou Westphalie (contrée occidentale).

Quelquefois Feld devient fell, par assimilation : Fellbach (ruisseau des champs ; ou de l’arbre Felbe, saule : on trouve deux localités nommées Felben [ad Salices], près de Ravensburg et près de Frauenfeld).

En suédois fala signifie « plaine, » et, dans les pays saxons, le même mot indiquait un district (Gau). Cfr. v. h. all. falah, établi, domicilié, Ansässiger).

Il semble que le même radical se retrouve dans le latin vallis et dans le polonais pole (plaine, Flachland). La racine fal se retrouve dans le nom des Westfalen ou Westphalen (= Westfelden = plaine de l’Ouest) ou de la Westphalie. Le celtique [irland.] fal (rempart ; haie) offre, d’ailleurs, une forme parallèle à l’all. Wall, rempart (lat. vallum, retranchement, palissade, rempart), et le mot Westphalie aurait pu désigner les remparts de l’Ouest et avoir trait aux fortifications romaines ou à la partie montagneuse de cette contrée[5].

Kamp (plattd. et provinc. champ ; plaine ; enclos, Feld, ein eingefriedigtes Feld ; lat. campus ; ce mot a eu le sens de champ clos et a donné les substantifs Kämpe [champion] et Kampf lutte, combat)[6] : Campania (Italie), Champagne (France ; a planitie camporum) ; Kamp (en Wesphalie), Campen (Holl. et Hannovre), la Campine (en flam. Kempen, pays plat), Kempten (en Bavière, v. que l’on regarde comme l’ancienne station celtico-romaine Campodinum : celt. din, fortification, hauteur) ; — Bredencamp (bas all. pour breit, large), Kottenkamp (de Koth, cabane), Nonnenkamp (champ des religieuses, den Nonnen gehörig), Uppenkamp (bas all.. pour auf dem Kampe).

Wang (mot perdu, mais conservé dans les noms propres), champ, enclos, pâturage (Feld, das Gefilde, der gelegte Weidenplatz ; — dérive peut-être de la racine qui a donné vankan, fangen [prendre, saisir], et qui a eu le sens d’embrasser, enceindre, entourer [d’une haie, etc.]. Ainsi wang était synonyme de der Garten et a signifié das eingeschlossene Feld). Ulphilas traduit παράδεισος (jardin, verger) par vagg. En goth. vaggs = campus ; cfr. persan Bag, jardin : Bagdad (jardin de Justice). Les Celtes avaient les mots vang (enceinte entourée d’une clôture de claies ; parc, enclos) et gwaneg (pâturage). Ce mot se trouve dans le nom de Vangiona, de Borbetomagus Vangionum et dans :

Wangen (vg. du B.-Rhin, deux fois en Suisse, en Souabe, etc.) ; Wangenheim (habitation du champ), Affolterswangen (Affolter = Apfelbaum, pommier : Apfel, irl. aval, cambr. apal, pomme ; ter ou der avait le sens d’arbre [goth. triu, angl. tree ; grec δρῦς, arbre, en général ; chêne ; celt. deru, arbre, chêne]) ; Aarwangen (v. située sur l’Aar), Dürrwangen (dürre, sec, aride), Ellwangen (champ planté d’aunes : Eller, dialect. pour Erle, aune, arbre), Feuchtwangen (feucht, humide), Hohenwang (hoch, haut), Horwang (v. h. all. hor, boue, marais ; cfr. celt. eabar, ébar, boue). — Dans la mythologie scandinave, Freya recevait les occis dans son enclos appelé en norois Folk-vangar (pelouses des guerriers : Volk, peuple, nation, foule ; plus particulièrement gens de guerre, guerriers).

Dans l’Oberland bernois, on emploie le mot wang pour désigner une plaine (Fläche) naturellement couverte d’herbe, par opposition à une plaine cultivée ou à une contrée stérile. Le Maienwand (muraille de mai : Mai, mai ; jeune pousse, jet ; Wand), près des sources du Rhône, se nomme en réalité Maienwang (le champ des jeunes pousses, des fleurs).

Wang est quelquefois précédé de la sifflante sch qui exprime dans quelques contrées la lettre s, marque du génitif : Eberschwang (de Eber, sanglier ; ou du celt. eabar, boue), Osterschwang (le champ des pâquerettes, Osterblume, fleur de Pâques : Ostern, Pâques). La résidence du roi de Bavière, nommée Hohenschwangau se distingue par l’épithète de hoh, hoch (haut) du village voisin Schwangau (mot qui ne vient pas de Schwan, cygne ; mais de s-wang), situé dans la plaine.

Wang et wangen ont été changés quelquefois en ang, angen et Anger (prim. terre cultivée ; puis gazon, terrain gazonné ; terrain inculte ; pacage ; en compos. pâturage, champ, enclos) : Angerburg (château du pacage), Erlangen (= Weideplatz mit Erlen : Erle, aune), Wolfsanger (champ du loup : Wolf) ; — Bernang (pacage ou enclos de la colline : celt. bern, montagne)[7].

Dans des noms de lieux de l’Angleterre, on trouve aussi le suffixe wang et wong (anglo-sax. wang, wong, plaine, champ ; danois vang, prairie). La forme swang est une altération de wang : White Cross Swang (= le champ de la Croix blanche : white = weiss, blanc : cross = Kreuz = crux, croix).

Gau, canton, district, contrée (primit. plaine, par opposition aux montagnes et campagne, par opposition à ville, Stadt : cfr. le grec γαίη, γῆ, terre ; en hébreu gai et ghé, vallée, terrain bas, bas-fond ; vêdique gavya, pâturage ; — le nom du lieu fréquenté par le troupeau de vaches [sanscr. , taureau, vache ; nom qui a trait au beuglement ; de la racine gu, sonner ; — conservé dans le féminin Kuh, vache]) est devenu le nom qui exprime la « contrée. » En préposant au mot Gau (go, gauw) un nom de rivière ou un autre nom distinctif, on a déterminé la topographie d’un pagus ou d’un pays : Aargau ou Argovie (canton de l’Aar), Brisgau (? celt. [irl.] bruis, habitation, forteresse), Hennegau (nom qui désigne le Hainaut, et qui aurait signifié « le pays arrosé par la Haine »[8]) ; — Klettgau (? Klette, bardane ; — on pense que c’est le pays occupé jadis par les Latobriges : de Lettgau on aurait fait Klettgau), Oberammergau (district d’Oberammer : ober, haut, supérieur ; situé plus haut ; la rivière Ammer), vg. de Bavière, où, tous les dix ans, la représentation du drame de la Passion attire une foule de curieux de tous les pays ; — Prättigau (n’est pas composé de peraht, brillant ; cfr. Pracht, éclat, P., p. 166 ; ce mot est formé de vallis Pratensis, vallée des prairies ; ou selon d’autres pour Rhätigau, la consonne p aurait été introduite par une prononciation vicieuse), Rheingau (district qui s’étend le long du Rhin jusqu’à Bacharach et qui contient des vignobles très renommés), Schöngau (schön, beau), Sundgau (v. h. all. sund = Süd, sud), Thurgau ou Thurgovie (canton de la Thur, der Gau um den Fluss Thur) ; — Ostergo (canton de l’est : Ost), Westergo (canton de l’ouest : West), etc.

Lage, site, gisement, couche ; assise ; jad. embuscade [ein Platz wo man sich legt ; liegen, coucher, être couché, placé, situé ; legen, mettre, placer ; coucher ; Lager, couche, lit ; siège, établissement ; entrepôt ; chantier, magasin ; camp ; gîte, terrier, repaire ; propr. endroit où l’on couche, où l’on est étendu ; placé, situé : liegen, imp. lag ; — legen, poser, coucher, étendre], a eu le sens de champ[9] ; Braunlage (de Bruno), Dinkellage (champ de l’épeautre : Dinkel ; épeautre, froment rouge), vg. près d’Oldenburg ; — Wittlage (v. h. all. witu, bois, P., p. 226), près d’Osnabrück, Stapellage (Stapel, pilotis ; tas, pile [de bois, etc.], échafaudage ; chantier de construction : entrepôt ; étape ; — avec des noms propres : Schilterslage (Schilter = Schildknecht, écuyer ; — chargé de porter l’écu [Schild] ; page ; serviteur, F., p. 94).

Dans les contrées où règne le plattdeutsch, on trouve aussi, dans des noms de lieux, le mot lah qui n’est pas autre chose que Lage. Ainsi, Haberlah (= Haferlage : Hafer, avoine), Steinlah (— Steinfeld) ; Engelah (= enges Feld, champ étroit, resserré), Wiedelah (= Weidefeld : Weide, saule ; — pâturage, Weideland, pays de pacages), — voy. Lache (bourbier) qui a pu quelquefois prendre la forme lag.

Ley, lea, lee, lay, leigh, ont dans les noms géographiques anglais, le sens de plaine ou de pâturage [angl. lay, prairie] ; de l’anglo-sax. leag, legh, leah, ley [angl. ley, champ] ; pâturage ; cfr. gall. lle, franç. lieu, lat. locus) : Audley (vieux champ : ald, auj. old = alt, vieux), Berkley (au milieu des bouleaux : anglo-sax. beorce = Birke, bouleau), Bromley (anglo-sax. brom = angl. broom, genêt ; cfr. P., p. 59 ; — comme Brompton = enclos, hauteur des genêts : tun, dun), Oakley (angl. oak = Eiche, chêne), Stanley (champ pierreux : anglosax. stan, angl. stone, Stein).

Quelquefois ley est pour le celtique [armor.] le’ac’h, [irl.] liag (pierre), lay (= Fels) : Paisley (jad. Pasley, du gaél. bas leac, le banc plat de pierre, à cause d’un banc de cailloux qui traversait la rivière en cet endroit).

Acker, champ labouré, cultivé [par oppos. à Weide], champ ; acre [mesure d’étendue] ; cfr. v. h. all. achar, lat. ager ; on pourrait croire que ces mots se rattachent à un radical qui désignait la terre comme le champ où s’exerce l’action du laboureur ; ou bien ager aurait signifié d’abord le lieu où l’on conduisait (ago, je mène ; je conduis ; je fais avancer) le bétail. Puis, lorsque l’homme changea d’occupation, il aurait laissé le même nom au sol où son activité s’exerçait sous une autre forme. Mais voyez plutôt le celt. ach : Achern, Bonacker (Baum, Bohne), Hildesackere (champ du combat ou de Hilda, P., p. 119), Hohenacker (localité située sur un plateau élevé), Hohnacker (abrév. du précédent), Krummenacker (de la configuration du lieu : krumm, courbe, sinueux ; ou d’une infirmité du propriétaire : des Krummen Acker), Odacker (öde, désert, inculte), Rohracker (nom dû aux roseaux qui croissaient auprès du ruisseau qui se jette dans le Neckar (Rohr, roseau ; — auprès de Rohracker se trouve le château de Rohreck, situé sur une hauteur, Bergspitze), Wieseacker (Wiese, prairie).

Börde (die), champ situé au bord d’une rivière (das Land an einem Flussufer), une plaine cultivée (ein fruchtbarer ebner Landstrich). — Cfr. Borde, bordure ; Bord, Borte, bord ; en anglo-sax. bord, habitation, maison ; franç. borde, métairie ; languedoc. bordo, métairie ; maisonnette ; étable de porcs ; bas lat. borda, hutte ; goth. baurd, planche) : Laborde, Borderie, Labourdette, etc.

Ing, ingen, inc, ne forment pas une finale insignifiante, une simple terminatio derivatorum, eine Art von Lokal-Substantivendung). Dans les noms de lieux, ing signifie : champ, pré, pâturage commun, et correspond au mot all. Anger (dan. eng, suéd. aeng, isl. engi), primit. terrain cultivé ; plus tard, terre inculte ; gazon ; pacage, en compos. champ, pâturage, enclos. Le mot est encore en usage dans le nord de l’Angleterre et il signifie pré, pâturage. Ce radical nous parait se rattacher au celtique engi, produire. Voy. l’Append. P.

Quelques érudits donnent à ce radical le sens de « propriété » et le rattachent à eigen (adj. propre, qui est la propriété de ; adv. à soi) dont on aurait fait igen et puis ingen, en nasalant le i à cause du g. Le mot ing a eu sans doute le sens de propriété (v. h. all. eigan, prædium, possessio). Mais il est facile de voir que le nom donné au champ ou au bien patrimonial a pris facilement le sens de « propriété. »

Quelquefois ing a pu se confondre avec eng (étroit, resserré ; kymr. ang, étroit ; lat. ango, angustus, grec ἄγχω, je serre ; all. Angst, angoisse, serrement de cœur), et désigner des lieux resserrés, étroits ; l’entrée d’une vallée, un endroit resserré entre des montagnes, une bande cultivée[10].

Ce mot forme la terminaison des noms d’un grand nombre de villes et de villages dans tous les pays où l’ancienne langue germanique [le celtique] a été en usage : Ingenheim (en Alsace = demeure du champ, du pré), Ingwiller, Ingolsheim (jad. Ingoldeshahe), dans le dép. du B.-R. Inkwyl, Ingbol ; Ingolstadt ; Engies (pour Ingius : ing, pâturage), sur la Meuse, dans le pays de Liége) ; — Bisping (champ de l’évêque : Bisp pour Bischof), Greving (ch. du comte : Graf), Vogedink (ch. du Vogt ou du protecteur, patron, préposé, administrateur), Pröbsting (champ du prévot, Probst), Ebbedischink (champ de l’abbesse Abtissin), en Westphalie ; Heddingh (de Heddo, P., p. 103), — Henningh (de Henno, P., p. 104) ; — Thorseng (pré de Thor).

Ingen offre la forme du datif pluriel) : Aldingen (aux champs d’Aldo, abrév. d’Altarick ou Aldric, P., p. 29, 183), Benningen (de Benno, P., p. 235), Berlichingen (de Perleich = perilaicus ? cfr. F., p. 189), Binnen (contract. de Binningen ; du prénom Binni, ou plutôt du celt. bin, beinn, colline)[11] ; Biringen (de bier pour Birn, celt. pyr, v. h. all. pir, poire ; poirier), Bissingen (? de Busso, Bosso, Boso, nom d’homme, P., p. 244), Böblingen (du nom d’homme Bobilo, Poppilo, qui se trouve aujourd’hui dans des noms de famille Böbel, Bebel, Pöppel, abréviations de Poppo ou Boppo, P., p. 61) ; — ou de Pöpel, Pöbel, plèbe ; populace ; cfr. lat. populus, peuple) ; Cottingen (champ de la cabane : Koth, hutte ; ou du bois, celt. coet), Datzingen (de Tato ou Tetto, P., p. 201), Deufringen (peut-être pour Tueferd.ingen, ou champ situé près d’un tiuf Hart = tief, bas ; Hart = Wald ; ou peut-être de Teufel [diable] par le changement de l en r), Dillingen (des Tulingi : du celt. dol, plaine), Ditzingen (de Diez, P., p. 61, 183), Doffingen (de Toffo), Donaueschingen (champ des frênes [situé auprès] du Danube : Esche, frêne ; ou de asch, eau, en celtique), Echterdingen (le champ de la forêt du bannissement : Acht, ban, bannissement ; Hart, Ehningen (pour Eginingen, champ d’Egino, P., p. 77), Elbingen (champ de la rivière : elb), Elchingen (non pas du v. h. all. elaho, angl. elk, anglo-sax. elch, élan ; — ce nom était jad. Aichlingen, sur une montagne près du Danube : ? celt. ach, eau, lin, marais ; en ou gehn = Heim, v. p. 166), Eppingen (champ d’Eppo), Eschingen (de Escio, n. pr. ; v. p. 147), Esslingen (n’est pas le champ des ânes : Esel, âne ; mais de Ezzelin, Ezzilo, Azzilo, Azelin ; P., p. 245 ; ou petit Etho ou Ado, P., p. 46), Ettlingen (de Etzel et Hetzel), Fleissingen ou Fleissinge (? Fleiss, assiduité ; application, étude), Freising (frei, goth. freis, libre ; — frisch, frais, récent), Frisange (jad. Frisingen), Geisingen (de Giso, abrév. de Giselbert, P., p. 235), Geisslingen (de Gisilo, Gisal, P., p. 91 ; Geisel, Geissel, otage), Göppingen (de Cobbo, Choppo, n. propre), Göttingen (qu’on a dérivé du nom des Goths ; de la fertilité [gut, bon] du sol : sive agri bonitas seu gens tibi Gothica nomen, Gottinga, fecerit tuum ; mais on peut voir dans ce nom une abrév. de Gottes ingen [champ de Dieu : Gott] ; il est vrai que Frédéric Barberousse nomme cette ville Gudtting ; — Ding, chose, ding, jad. chose publique [res publica], assemblée politique et judiciaire ; ou du celt. coil, forêt), Grevelinge ou Gravelinge (terre sablonneuse, pierreuse ; grève, angl. grevel, gravier), Groningue (champ vert : grün ; — dan. groning, holl. groein, croissance ; suéd. gro, dan. groe, croître ; mots qui nous offrent la racine de grün : la verdure est la couleur de la plante dans sa première croissance), Haringe (prairie aux lièvres : flam. et anglais hare = Hase, lièvre), Hechingen (hech = hoch, haut), Hedingen (Heide, bruyère ; Hedencourt, en Picardie, offre le même radical), Heimerdingen (pour Heimrad-ingen, champ d’Heimrad, P., p. 114), Hemmingen (champ d’Hemmo, Hammo ou Heimo, abrév. de Heimrad, Heimrich), Hitzing (Hitze, chaleur), Huningue (champ du géant : Hüne, ou de la hauteur : celt. cuno P., p. 123), Huttingen (vg. suisse nommé jad. Huntingun : angl. to hunt, chasser, aller à la chasse ; ou du v. h. all. hunt = Hund, chien), Endingen (auj. Rappersweil, situé à l’extrémité [Ende, fin] du lac de Zurich), Illingen (de Illo, n. pr.), Kinzing (Castra Quintianorum), Kissingen (Kies, sable à gros grains, gravier ; — kiesen, ol. et poét., choisir), ville de Bavière sur la Saale — ou comme Kesching, Kesslingen, champ de Chezzo, n. pr.), Kitzingen (? Kitze chatte), — ville qui doit son origine à un couvent de Bénédictins ; l’espace occupé par l’intérieur de la ville s’appelait jadis Gottesfeld (champ de Dieu), Kneitlingen (du petit serviteur ; Kneitl : Knecht, serviteur ; angl. knight, chevalier ; jadis écuyer), Koldingen (v. h. all. Kold = Gold, or), Lauingen (lau, tiède, tempéré), Memmingen (de Mimigart, Mimihilt, P., pp. 71, 131), Meringen (Meer, mer), , Möhringen (de Môro, Maurus, noms de famille Mohr, Mohrlin, Mährlin : Mohr, maure, nègre ; — Mohr, Moor, marais), Münchingen (Mönch, moine), Oedingen (ch. d’Odo, P., p. 47 ou öde, inculte), Oettingen (d’Otto, P., p. 47), Schleusingen (champ de l’enclos : Schleuse, écluse ; schliessen, fermer, clore : Schloss), Schliengen (vg. du duché de Bade où les Français remportèrent une victoire sur les Autrichiens, en 1790 ; — Schlehe, prune sauvage ; prunier sauvage ; mot apparenté à l’adject. h. all., schlähe ou schlehe, âpre ; aigre) ; Schlingen, vg. de Bavière[12] ; Schöningen (schön, beau), Schweningen (Schwein, cochon, — swein, berger, P., p. 197), Sickingen (de Sikko, n. propr.; ou champ situé dans un bas fonds : dialect. siek, terrain bas et humide), Sterzingen (pour Störzingen ; en bavarois der Sterz, störz et Storz, bouillie épaisse), Straubing (holl. struif, struive = Sträublein, gâteau tordu, en spirale : suisse Strube = Schraube, vis), Sulingen (champ labouré : anglo-sax. sulhjan, labourer), Taninge (tann, armor. chêne ; Tanne, sapin), Troningi (champ du prince : celt. torn, prince ; — auj. Kirchheim, vg. du B.-R.), Tubingen (celt. dubh, noir ; — ou du celtique [bas bret.] daou, au féminin diou, en dialecte de Vannes diu, div ; irland. da, daw, deux ; cfr. div-ision, du-plicité ; Tub-antes, Dub-is, Man-dub-ii, Dev-onshire), v. située sur une éminence entre deux vallées, l’une arrosée par le Neckar, l’autre par l’Ammer ; — Thuringe (? ex ipsa natura terræ primitus cultæ : dürre, sec, aride), Waiblingen (champ de Wewilo ou Wippo ; — ou champ du Waibel, Weibel, Wabel, Webel, appariteur, archer, huissier : ce mot désignait un inspecteur, un régisseur ; waiben avait le sens de weben, se mouvoir, s’agiter [cfr. schweben ; — schweifen, errer, vaguer ; beben] ; c’est le propre d’un surveillant [sich hin und herbewegen] ; v. F., p. 175), Wieblingen (id.), Weihingen (de Wigo ; abrév. de Wigihart, etc., P., p. 216), Zähringen (de Zähre, poét. larme, F., p. 175), Zoffingen (en lat. Tobinium : ? toben, s’agiter violemment ; être dans une violente agitation), Zopfingen (Zopf, sommet, cime ; queue.

Ing s’amalgame avec Hof, avec Heim, avec Haus (dat. inghausen, inghusen, contracté en ingsen, inxen) ; mais, dans ces composés, ing peut se rattacher à un nom propre et avoir le sens de fils : Beringhof (la ferme de Bering, P., p. 241), Illingheim (demeure du fils d’Illo), Benninghausen (= aux maisons de Benning ; c’est-à-dire du fils ou des descendants de Benno ou Bernard P., p. 235), Alberinghausen (du fils d’Albert ou d’Alberus : P., p. 22 ; — F., p. 190), Berlinghausen et Berlingsen (aux maisons des descendants de Pero, Bero, P., p. 52), Bettinghausen (Betto, n. propre), Billinghausen (de Billing, F., p. 36, 181 ; ou du champ en plaine : bill, p. 72), Imminghausen (des fils d’Immo).

Quelquefois ing prend la forme ung (comme dans les substantifs Waldung (région forestière), Hölzung (district forestier), Stallung (lieu où il y a des étables). Ainsi, Gerstungen (champ de l’orge : Gerste), Salzungen (Salz, sel), Wasungen (v. h. all. Waso = Wasen, gazon ; — ou de l’anglo-sax. Wâse, suéd. Wäsa, holl. Waase, marécage). En Suisse, ing prend aussi la forme ik : Pfäffikon (Pfaff ou Pfaffe, jadis prêtre ; lat. papa, père ; F., p. 85), Zollikon pour Zolling : Zoll, douane, péage), etc.

Ing cache peut-être quelquefois une forme de inn qui signifie encore, en anglais, logis, auberge, hôtel. La racine in (intus, ἐντός), exprime l’idée de l’intérieur, du dedans (cfr. inne, au milieu ; innen, à l’intérieur, dedans ; innig, intime) : Vastinna (lieu fortifié, fester Ort : fest, ferme, solide ; ou lieu couvert : goth. ga-vasjan, vêtir ; vasti, habillement ; cfr. lat. vestis, vêtement), Wuost-inna (wüst, désert, inculte, dé-vast-é).

On a dit que le mot patronymique ing (fils ; voy. P., p. 126 et 236) se change quelquefois en ding (P., p. 238) dans quelques noms : Eberding, Geberding. Mais, dans ces noms, le d appartient au premier composant : Eberd ou Ebert [Eberhart]-ing ; Gerbert-ing. Cependant on pourrait rattacher ces noms à Eber (sanglier) et à Gerber (tanneur) et à ding qui aurait le sens de « tribunal » ou même simplement de « chose » (chose de…, propriété de…). On pourrait aussi voir, dans le nom d’Eberding, les mots celtiques ebar, eabar (boue) et din (hauteur, forteresse) ;

Au mot ing, on rattache quelquefois le suffixe ling qui a été regardé tantôt comme ayant la même signification, et tantôt comme une forme défectueuse de ing (eine fehlerhafte Form für das organische ing). Mais il nous semble que, dans les noms géographiques, ling est une forme vicieuse de Lehne (penchant, versant) ou de Lehn (fief) ; (cfr. camerlingue et chamberlain, chambellan ; P., p. 243) : Esslingen (le coteau du four : Esse, cheminée ; four), Nortlingen (le versant du Nord : Nord, ou du nouveau lieu [village] : neu, nouveau ; Ort, lieu [habité] ; canton), Reutlingen (le versant du champ défriché : Reut). Ling offre peut-être quelquefois une forme du celtique [bas breton] lein, sommet, cime.

Ing a peut-être aussi été quelquefois confondu avec inch, usité, dans l’onomastique géographique de l’Écosse et de l’Irlande, avec le sens d’ile ou de terrain situé près de l’eau (gaél. innis, irl. inis, gall. ynis ; armor. enes).

Esch, Osche (bas lat. esca, osca et oscha, modus agri, une mesure de terre) ne sont pas des formes de Esche (frêne)[13]. On a supposé que ces mots provenaient de Asche (cendre) et qu’ils indiquent des localités qui ont subi l’action du feu (wo früher verbrannte Ortschaften standen). Mais le mot Esch signifie champ (arvum, seges) et Grimm le dérive de ëzzan (edere ; cfr. ätzen, donner à manger ; donner la pâture ; assen, viander ; essen, manger), et le terrain cultivé aurait été ainsi nommé weil man die Saat oder Frucht iszt, ou parce qu’un champ cultivé est une portion de terre d’où les populations tirent leur nourriture (lat. esca, nourriture).

Ce mot désigne plus particulièrement un champ séparé des autres par une lisière ou par un sillon. En Suisse, Oesch a le sens de Alpweide (pacage alpestre) et de Eschenbaum. Dans la Suisse septentrionale, aesch est employé pour signifier höfen (ferme). En Hollande, essch désigne un champ consacré à la culture. On suit encore aujourd’hui, dans ce pays, la rotation triennale, d’après laquelle les champs comprennent trois parties : le winteresch (champ de l’hiver) où l’on met le seigle pendant l’hiver ; le sommeresch où l’on sème le seigle en été ; et le brachesch (brach, en friche, en jachère) qui restait en jachère jadis, mais où l’on cultive maintenant du sarrasin.

Rappelons enfin que, dans quelques noms, le terme esch peut se rattacher au « frêne » ou à « l’ombre » (poisson) : Esch (plusieurs local.), Eschdorf, Eschede (Heide ; ou de heit, suffixe qui signifie état et qui prend les formes ed, et), Escherode, Eschlohe, Eschmar, Eschwege (wege = weig = vicus), Eschweiler ; — Altenesch, Brachesche, Burgesch (le champ ou le frêne du château), Kaiseresch, Oberesch, Sommeresche, Winteresche ; — Kirchasch.

Espe (voy. p. 147) et asp, abrégés en spe ou sphe, ont aussi le sens de terrain cultivé : Aspe (dans le Hanovre et dans le Lippe-Detmold), Aspeloh, Aspenstedt (près d’Halberstadt), Espenstedt ( plusieurs local. de la Saxe), Espey (prés d’Olpe, en Westphalie) ; — Grossenaspe et Hohenaspe (deux localités du Holstein), Ober- et Nieder-Aspe (près de Marburg) ; en Westphalie, Laasphe (que l’on rattache à Lahnsphe = Lahnfeld, champ de la Lahn), situé près de la Lahn. Rosphe est aussi pour Rossfeld, Elspe pour Elsenfeld (Else, aune), etc. Quelques-uns de ces mots, par exemple, Aspeloh (bois de trembles), se rattacheraient plutôt à Espe (tremble). Dans la plupart des cas, les deux significations peuvent être fondées.

Driesch et flamand dries, terre en friche ; pacage communal (du v. h. all. drisk, ternus ou trinus : drei, trois). Le mot tudesque signifiait, comme le mot roman et wallon trie ou trieux, terre en friche, terre à pâturage. Étymologiquement, ce mot signifiait l’espace de trois ans pendant lequel on comprenait deux ans de repos et un an de rapport : Driesberg, Driesen. Cfr. dans les Vosges : Trèches (en patois vosgien, terrains incultes, peu fertiles), le Grand Triche, etc.

Pflug, charrue : Pflugfelden.

Noms qui ont trait au défaut de culture. — Wüst, inculte, désert ; dévasté, en friche (angl. waste, dévasté ; wasteland, terre inculte (v. h. all. wuostinna, [lieu désert] ; lat. vastatus, vastare, franç. dé-vast-é, gâté, jad. gasté). Le mot celtique gwast et le mot tudesque wuosti, dévasté, désert, solitaire (vastjan, ravager), ont désigné des terres dévastées, des déserts ; puis, des terres labourables qui n’étaient pas ensemencées, qui restaient en friche, et qui rappelaient ainsi le triste état de lieux abandonnés[14] ; enfin des localités défrichées en arrachant les arbres, prirent le nom de vastinium (dévasté, dépouillé) ou de gastine (= essart). Le savant de Reiffenberg a constaté, à propos de la Belgique, un fait qui peut être appliqué dans d’autres contrées. « Le mot woestinen, dit-il, désigne des lieux qui primitivement n’étaient que des landes et des bruyères, et qui ont été rendus productifs, le plus souvent, par des abbayes de Bénédictins et d’autres ordres religieux : » Wastine, Wastines, Wattines (Wastinæ) ; Wattignies (dép. du Nord), le Wast (Pas-de Calais), le Wateland (= Waest-Land = terre déserte ; — Pas-de-Calais) : — Gastine (Deux-Sèvres), le Gâtinais, la Gatine ; — Wasthausen, Wastow ; — Gaste, Gastheim, Gastern (? ou de Gast, hôte, étranger).

Geest (die), terre sèche, sablonneuse ; pays élevé et sec. On trouve aussi les formes Göst, Göse et, dans la Frise orientale, Gaste (celt. gwysta, suéd. gista, bas sax. güst, sécher ; se dessécher ; cfr. l’inusit. geisan, frapper ; souffler ; Geist, esprit). Ce mot a peut-être designé une contrée séchée par le vent (angl. gust, bouffée) : Geestendorf, Geestland ; — Geeste (rivière) se rapporte peut-être à Gäst = Gäscht (effervescence ; fermentation : écume ; rapidité, ardeur ; de gäschen, s’élever en jetant de l’écume ; écumer ; bouillir, fermenter).

Brach (adj. et adv.), qui est en friche ; en flam. brach, non cultivé [en parlant des terres][15] : Brachbach, Brachfeld ; Bracht ; — Brakenberg, Brakenheim ; — Brabant (pour Brachland ; v. p. 186), pays aux jachères, aux bruyères, par oppos. au Fleorland (? pays du flux ; lat. fluere, couler ; — ou de Flur [anglo-sax. flor, angl. floor, holl. vloer, champ ouvert, plaine, campagne]) et au Zéland (pays de la mer ; — Morinie).

Laer signifie, en flamand, terre inculte, vague ; lieu désert, inculte, improductif, commun, pâturage communal, terre non occupée où chacun peut mener paître ses troupeaux. Ce mot prend les formes laer, leer, lier. En v. français larris, et en bas latin larricium désignaient des lieux incultes et déserts, une pâture publique, une prairie communale. Pris dans ce sens, laer se rattache au vieux verbe flamand laeren (laisser, abandonner, perdre), dont on retrouve la trace dans le verbe verlieren (perdre, être privé de), dans le verbe français « lairrer, » employé jadis pour « laisser » (all. lassen, laisser, omettre, quitter, abandonner, perdre) et dans l’adj. allemand leer (qui ne contient rien, vide)[16]. Le mot lar a pris ensuite le sens de Feld (champ cultivé), parce que le terrain dépouillé de ses broussailles et vidé ou nettoyé des herbes et des arbres fut livré à la culture.

Larbach (ruisseau vide ; — ruisseau du terrain en friche, etc.) ; Le Lart (Pas-de-Calais) ; — Laer, Laerwald ; — Leerdam (la chaussée du pays en friche), Leerort, Leerwick, Leers (Nord) ; — Leeren, Lerne (terrain vague), commune de Belgique ; — Lier, Liere ; Lières ( Pas-de-Calais), Lierettes (Pas-de-Calais), Lierres (Eure)[17] ; Lohr, Lohrbach, Lohrensdorf, Lohrheim, Lorich, Lorig, Löhrhof, Lorsbach, Lorscheid ;

Beerlaar, Berlar (holl. beer, ours ; verrat ; Bär), Berglare, Bradelar (breit, large), Fritzlar (= champ de Frédéric ou champ de la paix. Friedrichs = oder Friedenfeld, Friedenswohnung), Goslar (près de la rivière Gose, an der Göse), Hondeslar (du chien : Hund), Lollar (champ de l’ivraie ; lat. lolium = Lolch, ivraie), Langelaer (lang, long), Roslar (terrain communal où paissent les chevaux : Ross, cheval), Sieglar (près de la Sieg), Sumplar (= Sumpffeld = champ marécageux : Sumpf, flaque d’eau ; marais), Vosselaer (voss, loup), Vespelaer (Wespe, lat. vespa, guêpe) ; Wetzlar (wetzen, aiguiser ; couper, tailler ; — champ abrupte, escarpé ; — ou champ défriché), Wittlar (champ auprès de la forêt : wittu ; ou terroir blanc), Zuidlaeren (au sud) ; Nordlaeren (au nord) ; — Oxelaere (départ. du Nord ; — Ochs, bœuf).

En Autriche et en Bavière, on trouve des noms terminés par le suffixe larn : Zeitlarn, Eslarn, Köstlarn, Pöchlarn.

Peut-être le mot lar est-il quelquefois une forme contractée de Lager (lit, gîte ; magasin, entrepôt ; tanière ; camp ; voy. liegen). Ainsi le rempart saxon appelé Wechtlar et qui appartenait à Witikind signifiait peut-être « siége, demeure, camp du combat » : fechten [v. h. all. vehtan, anglo-sax. feohtan, combattre, pugnare], combattre, se battre ; s’exercer à l’escrime, faire des armes. Bredelar pourrait se traduire par Castra lata, Fritzlar et Friedeslar par « camp de la paix, » et Goslar serait Castrum ad Gosam, etc.


ARTICLE II


Noms de lieu formés de mots qui offrent l’idée d’entourer, d’enclore, de fortifier, et qui désignent des lieux de refuge, des enclos, des retranchements ; — noms dérivés de racines qui signifient « couvrir, cacher, » et qui indiquent des endroits couverts où l’on peut se cacher, se mettre à l’abri, être en sûreté ; — des lieux où l’on réside.

Noms qui offrent les idées d’enclore et de bastionner. — Cherchant à se mettre à l’abri des poursuites de leurs ennemis, les hommes ont choisi des hauteurs où ils s’entouraient de haies, de fossés, auxquels ont succédé des remparts. Les Celtes désignaient ces localités par les mots dun, bar, brig, bal.

Dun désignait un lieu entouré de palissades, il prit ensuite le sens de hauteur. Ces forteresses primitives étaient faites avec des branches d’arbres entrelacées. Quoique les formes dun et tun n’appartiennent pas à l’onomastique tudesque, cependant la langue allemande a conservé le mot Zaun (clôture, haie) et l’on trouve en anglo-sax. tynan (enclore) et tûn, en anglais town (ville). Cfr. armoricain tun (maison), holl. tuin (jardin) et slave tuin (haie) : Augusto-dun-um, etc.

Au mot dun se rattachent les diminutifs dunch, dunc, dungh, dung, donck, donc et notre mot français donjon (que Diez dérive de l’irlandais dûn et Zeuss, de l’irlandais daingean, lieu fortifié). Ces diverses formes de dun indiquent ordinairement des hauteurs, parce que ces fortifications se faisaient de préférence sur des lieux élevés, mais le sens étymologique du mot est celui que nous avons indiqué : Haesdonck (jad. Havesdunc (terrain élevé ou lieu clos fréquenté par l’autour : havik, en flamand), Meerdonck (la hauteur ou l’enclos du marais), Kraandonck (a été traduit par locus eminentior ad aquam ubi grus sive moles adtractoria ; mais ce nom signifie tout simplement la hauteur ou l’enclos de la grue).

Bar (en celt. bar et barr, verrou ; obstacle ; retranchement), barre, fermeture ; palissade, retranchement) signifiait un retranchement, un barrage formé avec des poutres, un rempart élevé. En languedocien le mot bâri (bas lat. barum, vara, enceinte ou barricade faite avec des poutres ou des barres) avait eu d’abord le sens de « muraille » et il rappelait la première enceinte de hameaux qui sont devenus des villes, l’enceinte primitive barrum faite avec des barres de bois, des branches d’arbres et des poutres. Puis le mot bari, bârri ou barry a eu le sens de « ferme, métairie, » propriété entourée d’une haie[18]. Un lieu retranché se nominait Bar(rum). D’un autre côté, comme on choisissait, pour les fortifier, des lieux élevés, le mot bar ou barr prit le sens de « hauteur. » Ainsi, en irlandais, barr (bar, baur) signifie « sommet, hauteur. » Cette racine a passé dans le v. h. all. sous la forme para (= eingehegtes Land). Dans le m. h. all. bar = Schranke (barrière, enceinte). Var, en hongrois, signifie « lieu fort » (Temesvar = fort de la Temes). Quelques mots formés de war se rattachent peut-être aussi à la même racine (Warburg, etc.). Du bas latin barra ou directement du français barre s’est formé l’all. Barre (barre, barrière, amas de sable qui barre ou intercepte un passage).

Les Bar étaient des lieux celtiques fortifiés. Ce nom s’est conservé dans celui de plusieurs villes : Bar-le-Duc (que Frédéric, duc de Lorraine, fit fortifier au xe siècle), Bar-sur-Aube ; — Baar (non loin de Zug), Barburg (château-fort de la Bavière), Barau, Bardof, Bargau[19] ; — Barr, ville d’Alsace, située au pied du Kirchberg, autrefois fortifiée et possédant un château ; cette ville était jadis sur la hauteur ; à quatre kilomètres de Barr se trouve le Hangestein (roche pendante; Hang, inclinaison, pente ; hangen, être suspendu) ou série de rochers superposés ; — les diminutifs de Bar : Barruel, Bareilles, Baralle, Bereilles, Berles, — Berlin (voy. l’Appendice E). Bar prend quelquefois la forme bor : Borstel, Borstal (un lieu élevé où se trouvent des pâturages, eine hohe Stelle auf Viehtriften).

Les vieux mots celtiques bro (montagne), brog et brig qui ont eu le sens de « montagne » et de « lieu fortifié » (cfr. l’irland. bri, montagne, colline ; brog et brugh, lieu fortifié, forteresse, habitation) se rencontrent fréquemment sous les formes bryga, briga, bria, dans la nomenclature de la géographie ancienne. Ces mots offrent, par une transformation fréquente de voyelles, le même mot que byrg, Burg. Le kymrique bwr (retranchement) a donné bwrch (rempart) : Segobriga, Nertobriga, etc. ; Brixia, auj. Brescia. La forme bwr se retrouve peut-être dans le mot boer qui, en islandais, signifie « une ferme ; » et dans le mot byre qui, en Écosse, désigne une « étable à vaches. » Ces mots offrent le sens de « lieu clos. » Cfr. le mot français buron, et l’islandais bur, byr (habitation) : Beuren, Beuern ; Kaufbeuern (Kauf, achat, marché), Klosterbeuern (habitation du cloître), Benedictbeuern, Dornbirn (pour Torenburen ; de tor, élévation ; ou de tor = Thor, porte) ; — Büren ; — on a rattaché bûr (habitation) à bauen (bâtir, cultiver) et on a fait de bûron un dalif pluriel de bûr.

De la racine qui a donné bauen (jadis habiter), cultiver (un champ), bâtir, dérive peut-être le mot beuern, fréquemment usité dans l’Allemagne méridionale et que l’on regarde comme une forme de l’anc. h. all. bûr (habitation, maison). Ce mot se retrouve, avec ce sens, dans Bauer, cage (d’oiseau) ; et il prend les formes saxonnes byr, bur, et en wallon, bâr, baur. On trouve beria et buria avec le sens de « ferme, habitation, manoir ; » en grec βύριον, βύρειον, βαύριον (maison, habitation ; en franç. buron (cabane) ; en Auvergne, on nomme buron une étable à vaches, et, en Normandie, buret signifie « têt à porc. » D’après Guérard (Glossaire du Polyptique), burria signifiait jadis « hangard » et nous avons encore le languedocien borio, « métairie. » En islandais, byr a pris le sens de ville :

Burbach, Buresheim, Buriheim, Bursfeld, Burlage, Burscheid, Burweiler ; — Beurberg ; — Borstel, Borstell (Stelle, place, endroit) ; — en Angleterre : Burton (jad. Bureton, Buryton, noms qui désignaient des enclos avec une habitation).

Le celtique bally, bal, balla, gaél. baile (ville) et le suédois bol (habitation), ont signifié des endroits clos, fortifiés (celt. balla = Wall = boulevard, Bollwerk). Ballin signifie petite forteresse, petit Burg (cfr. bel, bal, bil, hauteur). Ce radical se retrouve peut-être dans les noms suivants : Beilstein ou Bilstein ; Biel (nom que l’on a rattaché à Beil, hache, cognée ; ce rapprochement valut à cette ville des armes qui portent une hache double et le nom latin de Bipennis, hache à deux tranchants)[20]. La plus haute montagne de la Forêt-Noire est nommée Feldberg ; ce nom ne se rattache pas à Feld (champ), mais au celtique (kymr.) fel = bel (hauteur). La même racine est représentée dans les noms suivants : Balhorn (corne de montagne), Balingen ; — Ballenstadt, Ballenstedt ; — Bolvig, Bolling, Bollum ; — Boll, Böhlen, Bollenbach, Bollingen ; — Bohle ; — Mausebolle (Westphalie).

En dehors des mots Berg, Stein, Fels, Eck, qui désignent aussi des châteaux, et en dehors aussi de mots qui se rattachent à l’idée d’entourer, d’enclore, tels que hagen, sundern, dont nous avons déjà parlé, il est d’autres noms qui indiquent plus spécialement, en allemand, un lieu fortifié.

Parmi ces noms de châteaux (Benennungen für Schlösser), on distingue le mot :

Burg, lieu fortifié, château fortifié. Ce mot a d’abord désigné toute localité abritée, défendue (jede schützende, bergende Stelle), lieu fortifié entouré de murs ; puis, en un sens plus restreint, château-fort, ville[21].

Le mot Burg forme divers noms de lieux : Bourg (H.-Rhin, Tarn, etc.), Burg (Hautes-Pyrénées) ; Bourges ; Burgos (dans la Vieille-Castille). À Vienne, le château où l’empereur fait sa résidence se nomme die Burg. Ce mot entre aussi dans la composition d’un grand nombre de noms géographiques : Bourgneuf (Charente-Inférieure), Le Bourget (Basses-Alpes, etc.), Le Burgaud (Haute-Garonne) ;

Burg, Burgau, Burgberg, Burgdorf, Burgdamm (digue, chaussée), Burgforde, Burggrub (Grube, fosse), Burghagen, Burghaus, Burgistein, Burgstall, Burgstadt, Burgwald ; — Bürglen (petite forteresse), Bürgel ; — Borkum, Borcholz, Borchorst ;

Aarburg (château de l’aigle ou de l’Aar), Allenburg (sur l’Alle, et non pas de all, tout), Altenburg (appelé par les Slaves Stargard = vieille forteresse : alt, vieux), Angerburg (Anger, champ. pâturage ; enclos), Arensberg (de l’aigle), Aschaffenburg[22], Asciburg-ium (Tacite ; — ce mot ne se rattache ni aux frênes [Eschen] ni aux Ases, mais au celtique us, asc, eau), Augsburg (pour August-burg, localité celtique agrandie par Auguste), Bernburg (Ursopolis, Arctopolis : Bär ; v. App. E), Blankenburg (blank, blanc, éclatant, clair, brillant), Brandeburg (ne signifie pas château des brandons, château en combustion : Brand, combustion, feu ; tison ; mais de Brannibor, voy. p. 184), Clausenburg (Claudiopolis ; et non pas de Klause, lieu fermé et étroit, clos ; défilé), Charlottenburg, Christianburg, Coburg (Kuh, vache, v. h. all. ), Creuzburg (de la croix ou de la hauteur), Dillenburg (au bord de la Dille), Dornburg (ville située sur une montagne couverte de rochers : du celtique tauern, montagne), Eilenburg ou Eulenburg (jadis Ilenburg et Ilburg, ville située sur la Mulde, qui a dû porter le nom d’Ill), Eisenburg (castrum ferreum : Eisen, fer ; eisern, de fer)[23], Erenburg (Burg der Ehren, voy. p. 174), Frankenburg (en Alsace, château en ruines, bâti par Clovis), Frauenburg (château de Notre-Dame, ou des dames, des religieuses : Frau, femme ; dame ; — où vécut et où mourut Copernic), Freyburg, Freiburg, Fribourg (château, bourg libre : frei), Friedensburg (de la paix : Friede), Friedrichburg (de Frédéric ; P., p. 82), Gaisburg (on peut songer à un fort des chèvres, an Geissen = Ziegen ; ou au gallo-romain casa, mot dont, en Suisse, on a fait gais : on trouve aussi Gaisbach, Gaisbühl, Gaisbeuren ; cfr. Gisenberg), Glucksburg (Glück, bonheur ; succès ; chance) ou Luxburg (Louisburg ; — voy. Luxembourg), Groteburg (ne vient pas du bas-sax. groot = gross, grand, mais du celtique cruadh, rocher ; — Felsenberg), Habsburg (château de l’autour ; v. p. 168), Hamburg (= Waldburg, forteresse de la forêt[24], Harburg (p. 168), Hasenburg (Hase, lièvre), Harzburg (de la forêt), Homburg (= Hohenburg)[25], Hundisburg (Hund, chien), Ilsenburg (Ilse = Alose = Els, alose), Isenburg (situé près de l’Iser ou Iserbach ; celt. uisg, eau), Jägersburg (château où les rois de Danemarck passaient un mois pour se livrer à la chasse : Jagd), Klausenburg (voyez Clausenburg), Kloster-Neuburg (château-neuf du couvent), Kornneuburg (des grains), Kreuzburg (de la croix), Kyburg[26].

Ladenburg (Laden, planche, lieu clôturé avec des planches ; boutique)[27], Lauenburg (? lau, tiède, tempéré), Laufenburg (près d’une cascade ou chute du Rhin : Lauf, course, courant ; laufen, courir ; Laufen ou Lauffen, nom de plusieurs localités), Lauterburg (lauter, clair, pur), Laxemburg (jadis Lachsendorf ; Lachs, saumon), Lemberg (en polonais Lwow, ville du lion : berg est ici une corruption de Burg) ; Liesebury (de Liesch, Lieschgras, espèce de plante, fléau ; — bas lat. lisca, franç. laiche, lèche, genre de plantes), Limburg (pour Lintburg, la ville du serpent du tilleul : Linde ; — v. p. 149), Ludwigsburg (qui fut d’abord un Jagdschloss ou château de chasse du duc Louis), Lüneburg (arx ericeti ; en v. sax. lune, bruyère ; — ou, d’après ce qu’on a dit, parce que les païens y adoraient la lune ; — ou bien du m. h. all. lune = Laune, caprice, fantaisie), Luxemburg (n’est ni un arx luporum [Luchs, loup cervier, lynx], ni un lützelburg, petit château)[28].

Magdeburg (la Ferté de la jeune fille, Parthenopolis, Parthénopyrga, la ville de la fille, die deutsche Parthenope : Magd, fille [de service], bonne ; jadis vierge [παρθένος], fille [cfr. celt. mag, enfant, fils] ; Mädchen, jeune fille, demoiselle ; — se rattache au gothique magaths, angl. maid, fille)[29]. Mecklenburg[30] (= Grossenburg = à la Grande forteresse, Megalopolis : de mihhil, sax. michel = gross, grand), Mersburg (Martiopolis, Martisburgum), bâtie par Drusus et consacrée à Mars (peut-être d’un mot apparenté à Marsch, marais : cette ville est sur la Saale), Nadelburg (Nadel, aiguille ; épingle), village qui possède une fabrique d’épingles (Autriche), Neuburg (neu, nouveau), Neuenburg ou Neufchâtel, Nymphenburg (die Nymphe, la nymphe) ; Oedenburg (öde, désert, silencieux), Offenburg (Ofen, four, fourneau ; — offen, ouvert, découvert), ville qui, d’après une légende, aurait été fondée par un prince irlandais nommé Offa (voy. P., p. 164), Oldburg (Burgum vetus), Oldenburg (jad. Aldenburg = Altenburg ; alt, vieux), Ortenburg (Ort, lieu, place ; jad. pointe, pic), Osnaburg (Osorum burgum, utpote ab Osis habitatum), Pfalzburg (de pal, en all. Pfahl, pieu, poteau ; Pfalz, château, palais ; — lat. palatium ; cfr. palissade), ville que Vauban avait fortifiée ;

Rastenburg (Rast, repos ; étape, relai), Ratzeburg (Ratz, Ratze et Ratte, rat), Rauenburg (rauh, rude ; âpre, hérissé, raboteux ; montagneux), Ravensburg (Rabe, corbeau), Regensburg [31], Rehburg (Reh, chevreuil), Riesenburg (Riese, géant), Rottenburg (roth, rouge ; — Rotte, troupe, bande ; escouade ; bas sax. rot, angl. rout, bas lat. routa, rotta ; v. franç. route, compagnie de cent hommes armés), ville du Brunsvick dont le château est sur une montagne où l’on adorait l’idole nommée Puster (v. p. 63), Rothenburg (roth, rouge), Rumburg (Ruhm, gloire, renommée), Salzburg (bourg au sel, château des salines : Salz ; sel ; ou die Burg [über] der Salzach), ville qui doit son nom à des salines ou à sa situation sur la Salzach (rivière au sel), Sarreburg ou Saarburg (sur la Saar), Schauenburg (schauen, voir, regarder ; Schau, action de voir, spectacle)[32], Schlüsselburg (ainsi nommée par Pierre-le-Grand, parce que ce fort était la clé [Schlüssel] de la Néva, la clé du royaume du côté de la Suède[33], Seeburg (= Burg an dem See), Siebenbürgen (a septem castris : sieben, sept)[34], Sonnenburg (Sonne, soleil), Starkenburg (stark, fort, grand, considérable), Strassbourg (voy. p. 2), Stuhl — Weissenburg, Teutoburg (le fort de Teut, ou Refuge de la tribu : theod, tribu ; v. P., p. 64, 65), Wartburg (Wart, guet ; Warte, lieu où l’on se place pour guetter, pour observer ; donjon), Weinsburg (des vignobles) ;

Wissembourg (all. Weissenburg, Cron-Weissenburg, Weissenburg am Rhein, jadis Sebusium), ville du Bas-Rhin, située sur la Lauter[35], Weissenburg (Bavière), Stuhl-Weissenburg (Alta Regalis ; slave, Stolni Bielogrod), jadis lieu du couronnement et de la sépulture des rois de Hongrie (Stuhl, siège ; siège d’une autorité ; pouvoir, autorité), Weissenburg (Albumi castrum, Alba Julia, à cause de Julia Augusta, mère de Marc-Aurèle), ville de la Transsilvanie ; — Griechisch-Weissenburg (Alba Græca ou Bulgarica), en slave Bielogrod (= ville blanche : beli, biely, blanc ; libre), nom dont s’est formé celui de Belgrade (Serbie) ;

Wolkenburg (château des Nuages), montagne qui était jadis la plus haute des sept montagnes, et dont le château, situé au sommet, était souvent couvert de nuages et de brouillards (Wolke, nuage), Würtzburg (Herbipolis et Poepolis : πόη, herbe ; — la ville aux herbes)[36].

En Suède et Danemarck borg signifie « fort, citadelle : Aalborg (château aux anguilles), ville du Jutland, sur le bord méridional d’un golfe poissonneux ; — Biœrnborg (Arctopolis : Bär = ἄρκτος = ours), ville de la Finlande ; — Gothaborg (à l’embouchure de la Gotha), Goetheborg (est un port de la Gothie), Sunderborg (v. p. 141), Sweaborg (ville composée de sept (suéd. sju = sieben) îles), en Finlande.

Garten, terrain enclos et destiné à la culture, jardin (primit. haie, clôture, lieu clos, maison fortifiée, fort ; proprement un terrain entouré d’une haie (eine Umgürtung, ein umgürteter Platz ; — das Umzäunte, das Eingeschlossene)[37] ; Gurt, chose qui embrasse, enceinte (d’un jardin) ; ceinture ; sangle, ventrière, bretelle, Gürtel, ceinture ; cercle ; anneau :

Hofgarten (enclos de la cour ou de la ferme), Kirchgarten (de l’église), Morgarten (Moor, marais), Rosgarten (qui servait pour la pâture des chevaux), Stuttgart (jadis Stuttgarten, ville ainsi nommée parce qu’elle s’est formée auprès d’une ferme où des juments étaient élevées, auprès d’un haras [nach einem nahen Gestüte ou beim Stuten-garten] ; on voit une jument [Stute, cavale, jument] dans ses armoiries ; — toutefois ce nom pourrait peut-être se rattacher au v. h. all. stûda = Staude, arbrisseau, arbuste), Weingarten (jardin planté de vignes ; vigne) ; — Gurten (que l’on a dérivé du lat. curtis), masse de montagnes bernoises ; — À Berlin, le Thiergarten (parc ; ménagerie : Thier, bête) est une sorte de bois de Boulogne.

Le gaard norwégien a le sens d’enclos, de propriété close : Asgard (l’enclos [mythologique] des Ases) ; en norois, Constantinople était appelée Mikligardr (la grande ville) ; Fiellgaard (= Gebirgshof, enclos ou ferme du pays montagneux).

Le mot russe gorod (ville) se trouve avec gora (montagne) dans le même rapport que Burg avec Berg. Gorod, gorad, grod, grad et hrad (en tchèque) correspondent à Garten et signifient « enclos », place fortifiée, camp, château, ville : Bjelogorod dont nous avons fait Belgrade (= ville blanche), Novogorod (= ville neuve : nowy = neu, nouveau ; Stargard (pour Stargrad, vieille ville : slave star, vieux). Gorodetz, Gorodisch, Gradiska, Graditz, Gratz, Hradisch, Hraditz sont des diminutiss des mots précédents. Ainsi Goritz, Gœriz, Goritia, en esclavon Goriza signifient petite ville (la ville ancienne de Goritz est située sur une montagne et munie d’un château) ; Gratz (abréviat. de gradec ou gradetz = Städtchen)[38], Goerlitz (ville incendiée, en 1131, et rebâtie sous nom de Gorzelice = ville brûlée) — Bergen, ville de la Poméranie, était nommée anciennement Gora.

Hort, lieu sûr, asile ; retraite ; Hürde et Horde, claie, clôture, parc, (primitiv. ouvrage de branches entrelacées, claie ; par extens. enceinte entourée d’une clôture ou de claies : Hörde (en Westphalie), Hurden (en Suisse) doit son nom, comme l’a parfaitement observé Scheuchzer (Itin. Alpin.), aux claies dont tout le lac était presque rempli et qui étaient disposées de manière à ce que le poisson fût conduit dans des nasses placées aux angles de ces claies[39].

Herd, exhaussement du terrain, construction qui s’élève au dessus du sol, foyer ; ménage, famille : Herd, Herdwangen.

Ring, cercle, anneau, bague ; bracelet ; umringen, entourer. Les Germains donnaient le nom de ring ou hring (= Umwallung) à des camps retranchés, à des enceintes fortifiées, qui étaient de forme ronde. Ce nom fut sans doute donné d’abord à la limite circulaire du champ clos ou de l’espace clôturé (die kreisförmige Einfriedung eines Raumes) et il désigna ensuite le champ clos lui-même (der eigeschlossene Raum selbst). Ring est apparenté à κρίκος [circus] : on dit encore aujourd’hui en plattd. krink (cercle). Ce radical a formé le verbe ringen (lutter, combattre) : Ringen, Ringleben, Ringstedt ; — Hünenringe (cercle des géants : Hüne, géant ; — Ringel (petit anneau) : Ringelberg, Ringelheim.

Fried a signifié une clôture, un enclos, un lieu où l’on est en sûreté, en paix (Friede, paix). Le verbe friden avait le sens de mettre en sûreté, de protéger, sichern, hegen, schützen, einfriedigen (Friedhag est ein schützender Hag, Friedhof est un geschützer, gesicherter Hof) : Friedland (contrée protégée, à couvert), Fridau, Fridberg, Frideck, Fridesele ; — Friedberg, Friedburg, Friedeck, Friedenburg, Friedenstein, Friedersdorf, Friedewald.

Wall, rempart (levée de terre qui défend une place ; — lat. vallum, rempart, retranchement, palissade ; vallus, pieu ; rempart : Wallau, Wallbach, Walldorf, Wallenberg, Wallenburg, Wallenbrück, Wallendorf, Wallenfels, Wallenhorst, Wallenstein, Wallgau, Wallrod, Wallschlot (schlot = Schloss).

Hof, ferme, métairie ; domaine, propriété ; maison de campagne ; cour (basse-cour) ; cour (résidence d’un souverain) ; primitivement, espace entouré par une clôture, enclos ; ce mot peut être rattaché à deux racines hab, haben (avoir, posséder) et à habere (= lat. habitare, habiter)[40] ; Hufe (bas lat. hoba, huba), primit. enclos, terrain défendu par une clôture ; auj. terrain comprenant environ 30 acres.

Dans les noms propres, Hof, Hoff, hove, off (en Bavière of et kofen) signifient : 1o une maison avec le terrain qui en dépend ; 2o un lieu fermé et à ciel ouvert, un enclos (Kirchhof, cimetière ; littér. contour de l’église ; Todtenhof, cour des morts ; le flam. Kerkhove peut signifier « cimetière » ou « cense de l’église ») ; 3o une ferme, une métairie, un établissement agricole, que les chartes latines appellent villa. Dans la basse latinité, le métayer ou le colon se nommait hobarius.

La forme hoven est un datif pluriel équivalent à : bei den Höfen : Hof, Hofau, Hofberg, Hofdorf, Hofen, Höfen ; Hofwyl ; Hoff, Hoffen, Hoffenheim, Hoffstædten, Hofweyr (Weiher, vivier), Hofingen, Hofkirchen, Hofmarkt, Hofstatt, Hofsteig ; — Eichhof (Eiche, chêne), Erlhof (Erle, aune), Esshof (Esse, cheminée, foyer), Fangenhof (Fang, capture ; piège, trappe), Junghof (jung, jeune ; nouveau, récent ; — H.-R.), Kehlhof (Kehle, creux, enfoncement ; gouttière, noue ; gosier), Kettenhof (Kette, chaîne ; guirlande), Königinhof (de la reine : König, roi), Neuhof (neu, nouveau), Riedhof (v. p. 181) ; — Brandhofe (Brand, incendie ; lieu où un feu a brûlé : brennen, brûler), Diedenhove (Theodonis [P., p. 65] villa, Thionville) ; — Königshofen (du roi), Pfaffenhofen (Pfaff, pape et papa [père], jadis terme honorifique donné au prêtre ou « pasteur des ames » voy. F., p. 85) ; Reichshoffen (Reich, puissance, pouvoir, empire), bg. du B.-R. : c’est là que nos cuirassiers culbutèrent et brisèrent tout sur leur passage et se brisèrent eux-mêmes ; — Waidhofen (Waid, pastel ou guède) ; Ninove (contraction de Nieuwenhove = nouvelle villa, nouvelle ferme)[41] ; — les chemins de fer ont amené dans beaucoup de localités la construction d’un Bahnhof (gare : Bahn, chemin).

Schloss, château, manoir (lieu clos) : schliessen, fermer, clore ; Schlüssel, clef : Schlossberg, Schlosshof ; — (bas sax. slot) : Schlotheim, Schlottendorf ; Neuschlot ; — Schlüsselau, Schlüsselburg, Schlüsselfeld ;

À la racine qui a donné Schloss se rattache le latin clausus (clos, fermé) (de claudere) : Klause (défilé du Tyrol), Klausen ; — cluse, Vaucluse.

Feste, Festung, forteresse : fest, ferme, solide, dur, résistant (propr. cohérent, compacte) ; cfr. fast (adv.), en serrant de près ; presque ; fasten, jeûner, faire abstinence (propr. se serrer) : Festenberg, Festungsberg, Vestenbergsreuth ; — Hammerfest (Hammer, marteau ; — v. h. all. hamar, pierre, rocher).

Schote, schoot, schat signifient un enclos, un lieu fortifié par des fossés ou par des palissades. On a dit que shot et shott (terminaisons locales en Angleterre) sont des corruptions de cot (cabane, hutte) ; mais on pourrait, avec plus de raison, recourir au celtique [irlandais] sceot (lat. scutum), bouclier [cfr. Schote, gousse, cosse]. Ainsi, schot indique un lieu défendu, protégé, un abri où l’on est comme sous un bouclier : Schotten, Schottenstein ; — Hondeschoot (dép. du Nord) ; Aldershot (angl. alder, aune), fameux camp où manœuvrent les troupes anglaises ; — Scholtwien, en Autriche, doit son nom à une colonie de moines écossais (Schotte, écossais) qui s’y établirent comme missionnaires et comme cultivateurs pendant le moyen-âge (Wien = Vienne).

Schutz, abri, défense ; rempart ; asile, refuge ; schützen, protéger, défendre : Schützen-See (lac), Schützingen ; — Eberschütz (Eber, sanglier), Eibenschütz (Eibe, if), Grosschützen (gross, grand, haut).

Le mot palatium a formé le mot Pfalz (dans le dialecte du peuple Palz). Die Pfalz (le Palatinat), Palatinat vient des palais, palatia (Pfalzen) que les anciens rois de France et de Germanie avaient bâtis en différents endroits et où ils établissaient des juges auliques appelés comtes palatins, en allemand Pfalzgrafen) : Pfalz, Pfalzburg ; — ? Balstal (en Suisse) dont le nom se trouve écrit Baltzthal, Pallasthal et Pfalsthal (vallée du palais ou du château). En gallois, plâs, palas signifie « palais » : Plâs Gwyn (habitation blanche), Plâs Newydd (Châteauneuf).

Mauer, mur, enceinte de pierres : Mauer (duché de Bade), Mauren (à la muraille ; — en Württenberg), Murr (avec des antiquités romaines), Mauersee (lac de la muraille), Murnau (?) ; en Suisse Muri (abbaye de Bénédictins qui ont dû se réfugier à Griess dans le Tyrol). Le nom vient de ce qu’on y a trouvé de vieilles murailles, qu’on a supposé avoir été des restes d’un temple païen ou d’une forteresse romaine.

Zabern. — Il ne faudrait pas rattacher au mot français taverne les noms de deux localités nommées Tabernæ (Zabern). La stratégie romaine avait eu recours au système des camps retranchés et permanents. Ces grands camps étaient des forteresses entourées de remblais et de fossés et plus tard de murs. Toutefois, quelques-uns de ces camps ne furent d’abord que des magasins et des boutiques. Les Romains donnèrent à ces localités où ils hivernaient le nom de Tabernæ (taberna, maison de planches, boutique). Quelques-uns de ces camps ont donné naissance à des villes : Tres Tabernæ (auj. Elsass-Zabern) ou Saverne (ville du B.-R. située sur l’Erlach, au pied des Vosges), et Tabernæ Rhenenses (Rheinzabern) ; — Tafern (vg. du Würtemberg[42].

Noms qui se rattachent à l’idée de couvrir.Heim, domicile ; pays ; patrie (jadis maison ; manoir ; domaine ; dans les noms géographiques, ce mot signifie habitation, hameau, bourg, village, ville, pays, patrie (cfr. Heimweh, le mal du pays, besoin de revoir le pays : Weh, ah ! aïe ! mal ; douleur ; malheur). Proprement, heim signifie la « maison paternelle, » et, il se trouve, avec ce sens, dans le mot Heimat (patrie), qui n’est que la maison paternelle agrandie.

Considéré au point de vue de son étymologie, le mot heim offre l’idée générale de « lieu qui sert d’abri, de retraite : » le heim était une demeure entourée de haies et de fossés ; proprement, un lieu couvert, protégé (a place hemmed in, lieu bordé, environné de montagnes ; de to hem in, enfermer ; to hem, ourler, border). Heim se rattache au verbe perdu himan (dan. hema, couvrir), qui a donné les mots geheim (caché, secret, mystérieux ; intime), heimlich (caché, dérobé, secret ; — qui ressemble au pays natal, connu ; — familier d’une maison, intime), Hemd (chemise ; bas lat. camisia pour hham-isia, cfr. grec εἷμα et ἱμάτιον, vêtement ; anglo-sax. ham, peau ; Leichnam [jad. lîh-hamo = vêtement ou enveloppe de chair ; Leiche, primit. chair ; puis, corps humain, vivant ou mort ; auj. corps mort, cadavre ; mort], cadavre). En suédois, ham signifie couvercle, et, en gothique himins avait le sens de Himmel (ciel) considéré comme un toit qui recouvre la terre (voy. P., p. 114).

Heim a pris de nombreuses formes : goth. haims ; anglo-sax. ham, haem ; v. nor. heimr ; angl. ham (village, hameau), hamlet (hameau) ; bas all. ham ; frison ham, hem, dan. hiem, suéd. hem ; franç. hameau. Le mot anglais home signifie demeure, logis, patrie[43].

La notion que nous offre le mot heim se retrouve peut-être dans la forme celtique om : Cad-om-um (la demeure des guerriers ; celt. cath, guerre) et quelquefois dans la finale latine um, dans quelques noms de lieux.

Le mot Heim forme un grand nombre de noms géographiques en Allemagne, en Belgique, en Hollande, en Angleterre et en France : Heimbach, Heimberg, Heimburg, Heimbruch (Bruch, fente, crevasse, brèche ; — marais), Heimfels, Heimgart, Heimhausen, Heimkirch, Heimkirchen, Heimsheim, Heimstetten ; — Hambach, Hamberg, Hamborn, Hamburg (voy. p. 214) ; — Ham (dép. de la Somme), Hames, Han, Hamel (Hanovre), Hameln (Westphalie), Hamel ;

Arlesheim, Arnheim (p. 174), Avenheim (Alsace ; du celt. avon, abhan ; de abh, rivière ; on voit à l’entrée du village une source nommée Unversiegbarer Brunnen = Fontaine intarissable : versiegen, tarir) ; Bergheim (situé sur une montagne, au pied ou auprès d’une montagne), Berckheim (id. — ce nom est écrit Berchen dans d’anciennes chroniques : hen pour heim), Bernheim (voy. App. E), Bischofsheim (de l’évêque), Bochenheim, Buchheim (Buche, hêtre), Bohême (Boierheim, Boiheim = demeure des Boïens ; et par corruption) Böhmen ; Bretten (pour Brettheim : Brett, planche) ; Dagersheim (d’un nom propre qui contenait Tag, Dagobert, etc. P., p. 201), Darmsheim (d’un individu nommé Dagram, v. h. all. Tag-hraban = corbeau brillant : Rabe, Tag), Drontheim (norvég. Trondhjem, en lat. Nidrosia : nieder, bas, inférieur, et Haus : cette interprétation donnerait à supposer que la première syllabe du mot Drontheim est pour darunter, dessous ; peut-être cette syllabe se rattache-t-elle à l’anglo-sax. throvan (pati, certare) ; ou au vieux norois throa, v. h. all. druoen (augeri) ; ou à un héros nommé Thrôndr ; ou au dan. throne [parce que cette ville était jadis la capitale et la résidence des rois de Norwège] et hjem = heim) ; Dürrheim (dürr, sec, aride), Eglofsheim (de Eglof = Agilolf ; — P., p. 79), Forchheim (p. 177), Gandersheim (sur la Gande), Gebersheim (pour Gebhartes-heim, de Gebhart, nom d’homme ; P., p. 108), Heimsheim (de Heimboto ou de Heimrich, P., p. 114), Hildesheim (habitation d’Hilda ou d’Hildegarde[44], Hochheim (hoch, haut, élevé), Hofheim (demeure de la cour), Hohenheim (habitation élevée, hochgelegene Wohnung), Kaisersheim (de l’empereur, Kaiser), Kirchheim (de l’église), Lauresheim ou Lorch (du laurier, Lorbeer) ;

Mannheim (se rattacherait à Mann, homme : ? demeure des hommes ; — du celtique man, forteresse)[45], Molsheim (ne dérive pas de Maulthier, mulet ; ni de der Moll, Mol, das Mollen, qui, en dialecte souabe, signifie taureau ; mais du celtique mol [maul, meall], coteau), Mühlheim (du moulin), Oberehenheim (= Ehenheim, supérieur), nom allemand d’Obernai (jad. Oberœna)[46], Oppenheim (logis découvert : offen), Odenheim, demeure solitaire, déserte : öde ; ou habitation d’Odon, d’Eudes, P., p. 47), Pforzheim (? Pforte, porte), Quernheim (v. h. all. quirn = Mühle, moulin), Rudesheim (de Ruod-olf, de Ruod-bert ; P., p. 139), Ruhmesheim (habitation de la gloire : Ruhm ; ou de Romuald, de Romarich, P., p. 190), Schmidheim (du Schmied, forgeron), Sponheim (bas all. spôn = Span, éclat, fragment), Stammheim (Stamm est employé ici dans le sens de Stock ; p. 142), Sulzheim (sur la Sulz, Heim an der Sulz), Trithème ou Trittenheim (hameau du pressoir : der Tritt, die Trotte, pressoir ; — der Tritt, pas, marche ; pied, empreinte du pied ; treten, poser le pied, faire un pas ; fouler [aux pieds, avec les pieds], fouler [la vendange, etc.]), Thurckheim (jad. Thorencohain, Thurinchheim, v. du H.-R., dont le nom rappelle les Turingi ou Tulingi que César place dans la haute Alsace, ou qui du moins paraît signifier l’habitation d’un Thuringien ; Türkheim n’a rien à faire avec les Turcs [Türken], mais avec les Thuringes ; cette localité était nommée jadis Thuringoheim, Dürinchheim, Durinkan).

Dans la mythologie : Alfheim (séjour des génies, des elfes ou habitants des lieux élevés, P., p. 27), Gladsheim (séjour de la joie : dan. angl. glad, joyeux, heureux ; l’allemand glatt [ glissant ; insinuant, flatteur], n’a pas conservé ce sens), Niflheim (= Nebelwelt, le monde des brouillards ; de Nebel, brouillard ; cfr. lat. nebula).

Heim prend les formes hem, ghem, em, eim, en, in, um.

D’abord, hem : Arnhem, Gotthem (dans une charte de 967 Gutdingahem = la demeure de Gutdinga = Bonnechose), Houthem (du bois), Laethem (demeure des serfs : les leti ou læti, étaient attachés aux champs ; tudesc. laet, colon ; gaél. laith, multitude ; cfr. leude qui a eu le sens de multitude choisie ; P., p. 141), Uxem (dép. du Nord).

Hem devient quelquefois ghem, gem, gen : Belleghem (demeure des peupliers : Belle, populus alba[47]), Everghem (du sanglier ; — qui figurait dans les armes de l’ancien comté de ce nom), Ledeghem (ledig, dégagé, exempt ; vacant, inculte), Zerkeghem (jad. Zerkenghem : du flam. zerk, pierre tombale ; pierre carrée, grosse pierre devant une maison ; cfr. Sarg, cercueil) ; — les formes tudesques ghem, gem, gen, correspondent aux terminaisons gnies et ghien des noms romans. Les noms romans en chies ont pour correspondants des noms tudesques en chem. Aussi doit-on admettre que les formes chin, chain sont des équivalents de heim[48] :

Enghien (= Adinghem ; — Belgique), Gislenghien (Geisel, Geissel [prisonnier de guerre], otage), Oedingen (öde, désert), etc.

Ham et an expriment la même idée : Han (Meurthe), Han-sur-Seille ; — Grignan (jad. Greinhanum : grein est une forme du nom celtique du soleil), Serignan (jad. Serinhanum), Marcorignan, Lézignan, Meilhan, Coursan, Celleyran, Paulhan, et dans une infinité d’autres noms.

Il n’est pas possible de prendre généralement la syllabe an pour un suffixe ethnique rattaché à un nom de personne. La finale an n’est d’ordinaire que le mot ham, han prononcé à la gauloise. Beaucoup de noms de localités ont conservé cette désinence qui, du reste, s’adapte très bien à des noms de personnes. On n’a aucun motif de recourir, à ce sujet, au suffixe latin anus. Mais on peut croire que ce suffixe provient du radical mentionné ci-dessus. De sorte que les suffixes an et ac étaient équivalents pour le sens et s’adaptaient à des noms de personnes pour former des noms de lieux. Aussi a-t-on pu remarquer que, dans les chartes, on emploie tantôt an et tantôt ac (Florensac : Florentiacum et Florentianum).

Hen : en France : Berlinghen, Masinghen, etc.

En : Buchen (= Buchheim), Büren (v. h. all. bûr, habitation), Essen (= Essheim : Esse ; ou ess, eau ; voy. App. T, etc.).

La forme en (voy. p. 140) se rencontre fréquemment dans le pays castrais : Au sud et au sud-ouest du champ de tir du Causse ou d’Envieu, dans un rayon très restreint : Encrouzil, Enpayen, Enroux, Enlaure, Entibaud, Embaleux, Enrey, Ensegonne ; entre Verdalle et Massaguel : Enbelis, et non loin de là : Enjaurés, Engout, Encalcat, Enbayssière, en Charles, Ensayssac, etc. Dans la Haute Garonne : Encausse (l’enclos du Causse ; — F., p. 333)[49].

On a dit, il est vrai, que ën est une abréviation catalane qui signifie dominus, ou encore que ën était la terminaison de mossen qui, en languedocien signifie « monsieur. » L’abbé Sauvages s’exprime ainsi à ce sujet : En, dernière syllabe de mossën dont elle était l’abrégé et qui en tenait lieu. On lit dans des actes : ëu, ën Péirë Bermon ; moi, Sr Pierre Bermond. » Puis, ce savant ajoute : L’en était précédé quelquefois d’un d apostrophé, comme ab cossel d’ën Karles, de l’avis du Sr Charles. » (Dict. languedocien). Nous admettons très volontiers cette signification de en. Mais nous ne pensons pas qu’elle doive exclure celle que nous proposons pour les noms de lieux. Dans les actes latins, Pratum d’ën Audemar peut fort bien avoir signifié « le pré de M. Audemar » et « le pré de l’enclos-Audemar. » Nous serions même porté à croire que le mot pratum, employé ici, n’est qu’un équivalent de ën dont on ignora plus tard la signification primitive. En et an ne sont que diverses modifications phonétiques de la racine qui a donné Hain ou de celle que nous offre le subst. Heim[50].

Une autre orthographe française du mot heim se retrouve dans des noms terminés en aing (comme Houtaing et Anvaing) et en ain. Dans les départements de l’est de la France : Dalhain (Meurthe ; nommé Delheim en 1121), Domnon (Meurthe ; se nommait Domenheim en 1217). La même forme se rencontre dans : Hollain, Blandain, Marqain, Lamain, Houtain, Hertain, Jollain.

Dans la Saxe et dans la Frise, le mot heim est souvent changé en um. Ainsi Borkum (Frise). Quelquefois cependant la finale um, que l’on trouve dans divers noms du Hanovre et de la Westphalie, etc., exprime une simple marque du datif pluriel. Ainsi, dans le Schleswig : Rysum (situé au bord de la mer et dont le nom indique le voisinage de digues)[51], Dornum (situé auprès d’arbustes buissonneux [Dorn, épine ; arbuste épineux]) ; — Borkum (peut être un datif pluriel de Burg et un équivalent de) Borken (Westphalie) : — Bochum (Buche, hêtre), Brinkhum, Brokkum (= Brochheim : Bruch, crevasse ; marais), Dokkum, Gorkum, Stockhum.

Dans quelques noms, ham est pour amnis (cours d’eau).

Haus, maison, habitation, logis (c.-à-d. le lieu où l’on se cache, où l’on se met en sûreté : der Ort des Bergens, welcher einen birgt) ; goth. suéd. dan. v. h. all., angl.-sax. hûs ; dan. et norwég. huus ; angl. house ; holl. huis ; slav. hisha, croat. kuzha, hongr. haz, lat. casa, habitation, maison. Ces mots se rattachent à la racine sanscrite kut (couvrir ; cfr. grec κεύθω, je cache ; κύθος et κεῦθος, habitation cachée ; souterrain, caverne : tanière ; anglo-sax. hedan, protéger, hydan, cacher ; angl. to hide, cacher, couvrir ; hüten, garder (mettre sous sa protection, couvrir, quelqu’un), celt. cyddia, couvrir, cacher), ou à une racine hu (couvrir, cacher). La même racine se retrouve dans les mots suivants : Haut (peau ; lat. cutis ; grec σκῦτος, peau, cuir ; angl. hide, peau, c’est-à-dire couverture du corps, enveloppe membraneuse qui recouvre un corps organisé) ; Hose (culottes, chausses ; jad. heuse ; — Robert, duc de Normandie, surnommé courte-heuse [brevis ocrea]) ; cfr. chausse ; gousse ; gousset ; housse.

Ainsi le substantif Haus, a désigné d’abord une cachette conditorium, comme Heim, une caverne, un trou ; dans ce dernier sens, il se retrouve dans le mot huis (l’entrée, la porte). On disait d’ailleurs : aller dans son trou, pour : aller dans sa maison. Mais, dans beaucoup de cas, le mot huis signifie maison. C’est ainsi que, dans le Morvan, beaucoup de petits hameaux, d’habitations isolées, portent le nom d’huis, auquel est ajouté un nom de famille ou de baptême. C’est donc à tort que l’on a traduit dans ces noms le mot huis par porte. Ainsi Huis Morin, Huis Picard, Huis Perrot, Huis Robin, etc., signifient la Maison Morin, etc.

Le mot Haus a d’ailleurs signifié un abri, un lieu de refuge, un endroit clos, une construction couverte, et on a pu rattacher la racine de ce mot au latin curo (pour cuso). En effet, l’all. hûs (das Hegende, Schützende) et le mot lat. curia (cour et maison) se rattachent au même radical qui a donné le gothique huzd (lieu sûr, asile) et le latin custos (gardien, protecteur) : Haus (Autriche, Bavière, etc.), Hausberg, Hausberge, Hausbergen, Hausdorf, Hauseck, Hausen, (nombreuses localités), Hausruck, Haussee (lac), Haussen ; — Haus im Busch ; — Abbenhausen (de Abbo), Ahausen (de aha, cours d’eau), Bogenhausen (Bogen, courbure ; arc), Bruderhaus (où il y avait une confrérie : Bruder, frère), Burghausen, Fischhausen (Fisch, poisson), Gärtnerhaus (du jardinier), Heiligenhausen (heilig, saint), Herrenhausen (Herr, seigneur), Hildburghausen (pour hild, v. P., p. 119), Holzhausen, Jägerhausen (du chasseur), Jaxthausen (p. 177), Harthausen (habitation de la forêt : Hart = Harz, hauteur boisée), Kaltenhausen (kalt, froid), Lahausen (v. h. all. lachaLache, mare, bourbier), Lerchenhausen (Lerche, alouette, ou de l’arbre nommé Lerchenbaum, mélèze), Mauthausen (Mauth, douane, impôt), Mülhausen (Mulhouse, H.-R. = à la maison du moulin ; ou Wohnungen bei der Mühle), Neuenhaus, Neuhaus (neu, nouveau), Pfauhausen (Pfau, paon), Sachsenhausen (des saxons ou des pierres, p. 89). Schaffhausen (v. p. 11), Scharnhausen (en bas all. Scharren et Scharn, boutique, étal ; propr. lieu entouré de palissades : bas all. Scharren, pieu, piquet, poteau), Schönhausen (schön, beau), Schweighausen (Schweig, basse cour, ferme où l’on élève des bestiaux : de schweigan, réprimer, modérer, tenir en bride ; — schweigen, se taire, garder le silence), vg. du B.-R. et vg. du H.-R. (jad. Suuetchusa et Suechusen), Seehausen (ville complètement entourée par la rivière d’Aland), Sunderhausen et Sonderhausen (v. p. 141 ; in Sunder [königl. Privatforst] belegen), Stockhausen (Stock indique un lieu où une forêt a été éclaircie, v. p. 142), Thalhausen (Thal, vallée), Thannhausen (Tanne, sapin), Viehhausen (Vieh, bétail), Warthausen (Wart, guet), Wiflingshausen pour Wülflings, patronymique de Wulfilo = petit loup ; — P., p. 229), Wildhaus (Wild, bête sauvage ; gibier ; wild, sauvage, inculte ; féroce), Winterhausen (Winter, hiver), Wornshausen (de Werno, dimin. de Werner ; P., p. 211) ; — blockhaus = Blockaus signifie « maison » [faite au moyen] « de blocs » [Block, bloc : billot] de bois, de troncs d’arbres, etc. ; c’est, en résumé, une maison fortifiée, une redoute en bois.

En hollandais, huysen : Warfhuysen, etc. Dans le Pas-de-Calais : Bergueneuse (jad. Berguinhouse). La forme euse se trouve peut-être aussi dans Chartreuse (Chartusia) dont le nom dérive peut-être de hart = harz (montagne boisée et d’un accès difficile ; — hart, dur, pénible). Cfr. grec καρτερός ; fort ; redoutable, terrible) ; κράτος (force) ; κάρτα, ion. très, beaucoup, fort.

En Hollande, Enghusa (eng, étroit, resserré). Leuze, ville de Belgique, était nommée jadis Luthosa. Elle doit son origine à un monastère bâti par saint Amand. Ce saint lui donna le nom de Luthosa, Luthusa ou Chludhusa, nom qui signifie Maison claire, illustre (voy. P., p. 136 et ss.) ; et qui est analogue à Clairvaux (clara vallis)[52].

Comines se nommait en flamand comena-hus (c’est-à-dire : maison des venants, des arrivants, auberge, hôtellerie : kommen, venir, arriver)[53].

Chez les Scandinaves : Aarhuus (maison des rames : suéd. et dan. åra, åre, rame), ville du Jutland, entre la mer et un lac ; Aggerhuus (château sur l’Agger), Axelhuus (bâtie par Axel ou Absalon, primat du Danemarck), Wardhuus (maison de garde ; il y avait un poste, une sentinelle).

Usedum (île de la Baltique et ville située dans cette île) ne signifie pas maison (dom) de l’école (en wende huz, enseignement ; — huzysch, enseigner). Ce nom vient sans doute du celtique us, ouse (eau) et dun (ville fortifiée).

Dans le celtique, la racine qui a donné le mot Haus, a pris quelquefois les formes os et oz : Tolosa (Toulouse [irland. tulla, colline ; ou du celt. tull, irland. toll, trou, caverne], dont les premières habitations furent établies à Vieille-Toulouse, auprès des pentes abruptes de la Garonne) ; Marnoz (Eure) = maison de la marne ; Marloz (Haute-Saône) offre le même sens (en picard marle équivaut au gaulois marga) ; Marlieux (Ain), Berlioz, Landoz.

Dans de vieux noms celtiques nous trouvons la forme us : Segusium, Bergusium, etc. ; et peut-être gus-ius (irland. Vargus, Congus) : Κογ-γούσιος, ville de la Galatie.

Le nom l’Élysée nous paraît rappeler la « demeure du soleil » (de el ou ἥλ-ιος, soleil ; et hys, demeure).

La forme hausen est quelquefois abrégée en sen et en se, par apocope du n : Alvesen (corrupt. de Alberdeshausen), Arolsen (de Arnoldshausen), Bennigsen (de Bennigshausen ; de Benno), Ebersen (pour Eberhausen), Mörsen (habitation du marais : Moor) ; — Angelse (pour Angelsen = Angelhausen : Angel, crochet ; hameçon : cfr. lat. angulus). Quelquefois cependant se est pour See (lac).

Hütte, hutte, chaumière, cabane ; forge (lieu couvert, abri ; celt. guta et cwt ; finnois cota, angl. hut, suéd. hydda, hutte) : cfr. Hut, angl. et dan. hat, chapeau (couverture de la tête) ; Haut, peau ; de l’anc. v. hutan, angl. to hide, couvrir, grec κεύθειν, cacher ; hüten, garder, surveiller ; le français hutte est de la même famille. Nos ancêtres, qui s’étaient éloignés du foyer central de la civilisation et qui avaient émigré en Europe, habitaient, par familles, des espaces libres, au milieu des forêts, sur les bords des rivières, dans des huttes coniques faites de pieux fichés en terre et de branches d’arbres : Hutte, Hütten, Hüttenberg, Hüttenfeld, Hüttenheim, Hüttenrode, Hüttenstein ; — Königshütte (du roi), Rothehütte ; — Mevegshütte (située au milieu [in der Mitte] du chemin [des Weges], etc. Suéd. hud (= Haut, peau) : Hudemühlen, Fischerhude, Steinhude.

Le mot Hütte a, d’ailleurs, une signification spéciale : il désigne des fonderies de métaux : Buschhütten (les cabanes du bois). En Prusse, divers noms de lieux formés du mot Hütten, indiquent des Glasfabriken (verreries : Glas, verre ; cfr. franç. glace ; lat. glacies) : Glashütte, Glashüttendorf ; — Fischerhude, Steinhude, Hudemühlen, etc.

Hut (der), chapeau ; coiffe, calotte ; Hut (die), garde, surveillance ; protection. Ce mot a eu le sens général de der Schutz ; hüten, garder, protéger : Hutberg, Hutweil (Suisse) ; — Herrenhut (Herr, seigneur, maître, chef, propriétaire), Landshut (qui a dans ses armes trois chapeaux, d’après une étymologie qui restreint trop le sens de hut), Landshut (abri ; refuge de la contrée), près de Soleure ; — en Silésie, en Moravie, en Galicie ; Waldshut (abri de la forêt) ; — [angl. hat, suéd. hatt, m. h. all. haeze] : Hatten, Hatfield, Hatzfeld (?) ; — Sneohattan (bonnet de neige).

Koth (das), Kothe (die), cabane, hutte ; petite métairie (angl. cot, cottage ; celt. cwt) ; plus partic. saunerie (Salzkothe) ; prim. fosse ; antre, caverne ; Köthe, provinc. creux ; armoire ; Kütte (bas lat. cotta, franç. cotte), froc. Ces mots sont apparentés avec Hütte : Kottenforst, Kottenheim ; — Köthen ; — Kuttenberg ; — Salzkotten, Westernkotten (de l’ouest), Watenkoten (waten, guéer ; lat. vadum, gué ; — vadere, aller, marcher), situé an der Lora. Cfr. coterie, jadis groupe de paysans associés pour exploiter une ferme. War (anglo-sax. ver) a eu le sens de « refuge » ou de « lieu gardé ; » cfr. Wehr, défense, retranchement ; arme ; angl. war, guerre ; kymrique gwara, garder, surveiller, défendre[54]. De là dérivent les formes warte, warde, garde : La Garde (Meurthe), La Gardelle (Aveyron, Haute-Garonne), Gardère (Lot-et-Garonne), Bellegarde, etc. ; de là aussi les mots garer et garder. Du radical gwara se forme le mot « garenne » qui a eu le sens de « lieu dont on a défendu l’accès par des palissades » (cfr. l’all. wahren, prendre garde, avoir soin de). Puis, ce mot a eu le sens de « défense, » de bois ou d’étang défendu, auquel était attaché un droit exclusif de chasse ou de pêche. Aujourd’hui, ce mot ne désigne qu’un endroit peuplé de lapins : La Garenne (Seine, Var, etc.), Garenne (Eure), Varennes (Aisne) ; — Warberg, Warburg, Wardick, Warendorf, Warenholz, Warsee, Warsheim, Warstedt, Warstein ; — Wehrdorf, Wehrendorf, Wehrheim, Wehrholz, Wehrsdorf, Wehrstedt.

Warte, échauguette, donjon ; Wart, guet. Ces deux mots ont eu d’abord le sens de protection, de garde, et ensuite de tour du haut de laquelle on peut regarder et surveiller les mouvements des ennemis : Warta, Wartau, Wartberg, Wartburg, Wartenberg, Wartenburg, Wartenfels, Warthausen ; — Hohenwart : — cfr. boulevard ; — Peterwardein = hongrois Pétervarad (du hongrois var, varad, forteresse) de Pierre l’Hermite qui aurait, dit-on, organisé, en cet endroit, la troupe qui l’accompagnait.

Werder [formes dialect.], Wörth, Werd, Wurth (v. h. all. warid, werid) et Werel ont signifié d’abord un lieu protégé, gardé (en angl. warded), puis un terrain élevé au milieu d’un cours d’eau ; aujourd’hui, îlot, île ; digue qui sépare deux bras de rivière : Werdau, Werdeck, Werden, Werdenberg, Werdenfels, Werdenstein ; — Werder, Werderland, Werdershausen ; — Worth, Worthausen ; — Woerden, Woerdt, Woerdtsee (lac), Woerth ; — Würthing, Wurtingen ; — Werl, Werle.

Thurm, tour, donjon (suéd. torn, irland. tor, armoricain twr, lat. turris ; v. franç. tournelle, languedoc. tournêlo, petite tourelle) : Thurm ; — Thurn, Thurnait ; — Tourmhout (en Hollande ; hout, bois), Tournay (Tornacum), Mäusethurm (voy. p. 8 et ss.), Rothenthurm (tour rouge), Weissenthurm (tour blanche), lieu où les Français franchirent le Rhin (1797). Quant à Solothurn, voy. p. 5.

Au latin specula (observatoire, donjon) se rattache le nom de Splügen, lieu où il y avait un Wachtthurm (échauguette, donjon ; lieu d’où l’on observe : wachen, veiller, surveiller).

Pforte, porte ; ouverture, passage : Pforta, Pförten ; — Schulpforta (jad. Monasterium S. Mariæ de Porta, fondé en 1136 : — Schule, école ; ou de l’anc. all. schulen, épier, guetter).

Thor, porte, portail : Thoren, Thorenburg, Thorout (hout, bois), Thorsberg ; Thorn (jad. Thorun = zu den Thoren ; — Walddürn (?).

Loken et luiken signifient, en flamand, enfermer, enclore ; fermer : Lokeren (jadis Locra = habitation dans une enceinte fortifiée : en = Heim) ; la ville de Locre, dans la Flandre occidentale, et la Byloke, enclos où s’élève l’hôpital de Gand, dérivent de la même racine (cfr. le mot franç. loquet).

Dach, toit, couverture ; decken, couvrir un toit, mettre le couvert (lat. tegere ; couvrir ; tectum, grec τέγος, toit ; τεῖχος, rempart ; irland. et écossais tig, maison ; formes celtiques teg, tech, ty, maison, logis ; lat. tugurium, cabane, hutte) : Dachau, Dachenheim, Dachstul.

La racine du mot Dach se retrouve aussi dans le mot bretèche qui a formé divers noms de lieux. Une bretèche était, dans l’origine, un appentis fait avec des planches (Brett, planche). Ce mot désigna ensuite une tour en bois destinée à protéger les murs d’une ville ou d’un château et les parties crénelées des fortifications. De là les noms suivants : La Bretèche (Eure, Oise, Yonne, etc.), La Breteque (Seine-Inférieure), La Bretechelle (Seine-et-Oise).

Halle, espace couvert, galerie, salle ; magasin, chantier ; halle ; cfr. le grec αὐλή, et le lat. aula). Ce mot a d’abord signifié chaumière couverte de branches d’arbres ; puis, demeure, abri, coin, place, lieu d’assemblée, et enfin, ce mot est devenu synonyme de salle, palais, vestibule[55]. Il ne faut pas confondre ce mot avec Hall (saline) : Halle (Belgique et diverses contrées), Hallenburg, Hallgarten, Hallstadt, Hallstatt ; — Reichenhall (reich, étendu, grand ; fertile ; riche), Wilhelmshall (de Guillaume) ; —— Walhalla (le palais des Occis ou des élus ; — voy. P., p. 207)[56] ; — en Angleterre : Whitehall (white : weiss, blanc) ; Guildhal (voy. P., p. 94).

Saal, salle ; salon (primit. habitation, manoir ; v. h. all. sal, anglo-sax. sele ; goth. saljan, entrer, habiter ; v. h. all. sellan, bas all. selja, habiter). Aujourd’hui, le mot Saal, qui signifiait une « maison, » n’a que le sens restreint de « salle » ou « salon, » c’est-à-dire de la principale pièce qui compose une maison. Ce mot a pris les formes sale, selle, sele, sel, zeel, zel, zele. Quelquefois ces diverses formes offrent une orthographe vicieuse du latin cella (cellule ; — cave, cellier ; propr. lieu retiré où l’on serre quelque chose ; cfr. lat. celare, celtique cêlu, cacher, céler), qui a signifié une habitation, une cellule de moine : Salenau, Salfeld, Salmünster ; — Neusale ;

Bruchsal (maison du marais ou de la crevasse, de la fracture : Bruch ; ce mot pourrait se rattacher à Salz [sel], car cette ville est située sur le Salzbach [la Salzach] et il y a des Salzwerke), Habsal, Grimmsel (pour Grimmsaal = habitation affreuse [à voir] : on n’arrive à son sommet que par des sentiers escarpés et très difficiles : Grimm, rage, fureur ; grimm, furieux ; cfr. P., p. 99), Hasaal (Atrium altum), Schwembsal (Schwemme, gué, abreuvoir) ; Upsal (Domus excelsa, et l’on pourrait croire, en effet, que up (cfr. oben, en haut) a, dans ce mot, le sens qu’il a dans Upland (contrée de la Suède) ; mais on a rattaché up à un roi nommé Ubbo (P., p. 204) et on a dit que Upsal signifie Ubbonis-Sal = habitation d’Ubbon ; d’un autre côté, cette ville est située sur une rivière nommée Sal) ;

Bruxelles, Brussel (Broesella, Brugsella ; — habitations du marais : du flamand broeck = Bruch, marais ; et du pluriel säle = Wohnungen)[57] ; comme Axel (ville de Flandre que les inondations ont placée dans une île) vient de ake, ach (eau) et de sele (manoir, résidence) ; — Osterzeele (habitation de l’est) ; — dans les provinces wallonnes et françaises, zeele prend la forme celle[58].

Weiler, petit village, hameau. Ce mot et les formes wyl et villiers se rattachent au bas lat. villare (ferme) dérivé du latin villa, maison de campagne, ferme, métairie, habitation rurale, maison de colons, bâtiment d’exploitation, établissement agricole, maison de plaisance (adj. villaris, de ferme, de métairie). Sous les Gallo-Romains, le mot villa signifiait une grande propriété composée de bâtiments et de biens ruraux ; puis, cette expression prit le sens de « village, » et comprit un territoire et les personnes qui l’habitaient. Ainsi Ausone, dans une de ses épîtres, désigne Pauliac (sur la Gironde), propriété de saint Paulin son disciple, sous le nom de Villa Paulini. La terre de Jules Ausone, son père, recevait indistinctement les noms de Juliacum et de Villa Julii (le celtique ach ou ac avait le sens de villa ; — v. App. R).

Le gallo-romain Charlemagne donna le nom de villa aux grands villages dans lesquels se trouvait ordinairement un château. Il n’est pas vrai que ce nom ait été importé par « les premiers conquérants teutons. » C’est aux Latins que nous devons les mots villa, ville, village, viller, villiers ; et c’est du mot villare que les peuplades tudesques ont formé les mots weiler, weill, wyl (en Suisse)[59].

Ces mots se retrouvent dans plus de mille noms géographiques : Weil, Weilach, Weilbach, Weilburg, Weildorf, Weilheim, Weilmünster ; — Weiler, Weilerbach, Weilers, Weilersbach, Weilershof, Weilerstadt ; — Wyl ou Wylen ; — Badenweiler (Bad, bain), Buchsweiler (Buchs, buis), Eschweiler (p. 147), Frœschwiller (Frosch, grenouille ; — échelle ; — javelle), village où, le 6 août 1870, eut lieu la bataille qui fut le prélude de nos désastres (36 000 Français tinrent tête, pendant toute une journée, à 115 000 Allemands, et ne succombèrent enfin que sous le nombre), Guebwiler (de Gebunvillare ; — peut-être de Gebawin, P., p. 224), Hanweiler (de hagan, Hag, haie ; ou de Hahn, coq), Kirswiller (B.-R. ; m. h. all. Kirse = Kirsche, cerise), Krautwiller (B.-R.Kraut, herbe), Lehenweiler (Lehen, fief ; primit. prêt, emprunt), Neuweiler (neu, nouveau), Oberweiler (ober, supérieur), Rohrwiller (B.-R. ; — Rohr, roseau), Rottweill (lat. Rotevilla et Rubea villa : roth, rouge) ; — Hoffwyl, Rankwyl (de Rank, courbure, sinuosité ; — localité du Vorarlberg, qui doit son nom à la courbure que le chemin fait en cet endroit autour de la montagne), Rapperswyl (n’a pas trait à Rapp, corbeau ; cheval noir ; jad. Ratprechtswyl et en lat. Ruperti villa ; P., p. 139), Wädenswyl (de Wado ou Watto = le marcheur, der Gehende : waten, marcher dans l’eau, guéer ; mais qui a eu le sens du latin vado, je vais, je marche), etc.

En Angleterre et en Amérique, nous trouvons les formes ville, vill et well : Brownville, Nevill (= Caseneuve), etc.

Schild, bouclier ; écusson ; enseigne (jadis chose qui abrite) : Schildau, Schilberg, Schilde, Schildesche, Schildschlag, Schildstein.

Termes qui expriment le fait de résider dans une localité, d’y stationner, de s’y établir.Stadt, ville, cité (lat. statio, demeure, action de séjourner ; séjour, lieu de repos ; stare, être debout ; s’arrêter ; résider en, se fixer sur) ; Statt, lieu, place, séjour ; stät, adj. fixe, stable (cfr. stehen, être ou se tenir debout) : Stadtland (pays de la résidence, du séjour), Stadtberg, Stadtgut (propriété de la ville : Gut, bien, propriété), Stadthagen, Stadtheide, Stadtweil ; — Altenstadt (alt, vieux), Arnstadt (Aetopolis, ville de l’aigle), Ballenstadt (ville située dans la plaine et château bâti sur une roche très élevée : on le nommait jadis Balkenstadt, à cause des ouvrages de défense qui comprenaient un fortin formé avec de grosses poutres : Balken, poutre, solive), Cannstadt ou Cannstatt (sur le Neckar)[60], Carlstadt (ville de Charles), Cronstadt (Stephanopolis : Krone, couronne), Darmstadt (sur la Darm, benannt vom Flüsschen Darm ; ou bien avec le sens de Schmalenstadt : daram = das Schmale = étroitesse, rétrécissement : schmal, étroit, maigre ; — Darm, boyau, intestin), Eichstädt (p. 147), Eisenstadt (du fer), Frankenstadt (des Francs), Freistadt (ville libre), Freudenstadt (Freude, joie, contentement), Glückstadt (Tichopolis, Fanum Fortunæ : Glück, succès, bonheur, fortune ; τύχη, fortune, sort), Halberstadt (nom où l’on a cru voir : ville d’Albert ; — Demi-ville [eine halbe Stadt], Urbs Dimidiorum, urbs dimidiata [halb, demi, à moitié] ; un ancien écrivain explique ce nom par la « stupidité » de ses habitants, von der Albernheit deren Einwohner), Hallstadt (de Hall, son, retentissement, ou du sel, hall), Heckstädt (Hecke, haie, palissade), Heiligenstadt (heilig, saint), Hermannstadt (jadis Hermansdorf, villa d’Hermann de Franconie, chef saxon ? ; — une autre ville de ce nom est la capitale de la Transsilvanie)[61], Herrenstadt (Kyriopolis : Herr, seigneur), Ingolstadt (? la ville d’Ingold, P., p. 127), Karlstadt (de Charles), Kronstadt (Krone, couronne), Leopoldstadt, Neustadt (sedes nova), Radstadt (? Rath, délibération, conseil ; v. h. all. rade ; irl. rath, fort circulaire), ancienne ville celtique entourée de murailles et située sur une montagne rocheuse (dans le pays de Salzburg), Reichstadt (ville impériale : Reich, empire), Schlettstadt[62], Seligenstadt (selig, bienheureux ; feu, défunt), Wahlstadt (de Wal, jad. combat ; — Walplatz, champ de bataille ;  : — et non pas de Wahl, choix, option) ; Wiener-Neustadt (Ville-neuve-la-Viennoise, surnommée die allezeit getreue, toujours fidèle).

La forme saxonne stade, stede : Stade (jad. Stadin, mot qui ne signifiait pas : aux villes, mais aux stations), Staden ; — Bretstede, Hildenstede, Hoogstede (établissement de la hauteur), Otterstede (Otter, loutre), Rastede, Wiselstede (Wiesel, belette) ;

Mahlstatt, Mahlstetten (Gerichtsstätte, siège d’un tribunal : Mahl, tribunal ; — repas ; image ; borne ; — P., p. 147, 148), Neustatt, Rastatt (? Rasen, Gras, gazon ; — Rast, repos), célèbre par le congrès qui s’y réunit en 1797 ; Waldstatt (canton forestier) ;

Stetten (dat. plur. de Statt), Stettin (que l’on trouve écrit Stetin, signifie amas d’eau : du wende steti, affluer ; — ou des Sidini, peuple qui a habité cette contrée)[63] ; Bonstetten (= Baumstetten = aux résidences de l’arbre, de la forêt)[64].

Au mot sedes (siège, domicile) se rattachent les mots sate, sat, set, sete, sed (sitzen, être assis, se tenir assis ; setzen, placer, établir), Siedel (siège ; établissement agricole) ; besitzen (posséder ; cfr. lat. sedere et possidere : le passage de la vie nomade à la vie sédentaire, à l’état de propriétaire) et Sattel (selle ; jad. résidence, terre, propriété) : Holtsatz (Holz, bois), Lansatz, Morsatz ; — Holsatia ou Holstein (de holste, contract. de holtsete ou holsate [habitants des forêts] ; ce nom ne se rapporte pas à Stein (pierre), et c’est à tort qu’on le fait provenir a ligno et lapidibus). Alsace (Elisatia, Alisatia, Alsatia ; — Alisass, Alsass = pays envahi par les étrangers, Fremdsass, par des hommes de diverses races, von allerlei Herkunft ; les Alemanes, y pénétrèrent : [celt. al, autre, v. P., p. 26] ; — ou à cause des habitants des bords de l’Ill : Bevohner des Illgebietes) ; — Winkelset (Sitz in einem Winkel) ; en angl. Sommerset, Dorset, etc.

Siedel : un siège d’habitation (Wohnsitz) : Siedelhof, Sedelhof : — Einsidel (cfr. Einsiedelei, ermitage, habitation d’un seul), Einsiedlen ; Nassiedel, Neusiedel, Wunsiedel et Wonsiedel, Wonne, délices, charmes ; v. h. all. wunn ; — Satteldorf, Sattelhof, Sattelgut ; — Altsattel[65].

Stuhl, chaise ; siège (d’une autorité) ; pouvoir, autorité, tribunal (stellen, placer, poser, établir ; Stelle, place, endroit, lieu) : Stuhlweissenburg (p. 219), Stuhling, Kaiserstuhl (siège d’un tribunal impérial), Kœnigstuhl (trône du roi ; — espèce de temple ouvert où les électeurs de l’empire allemand nommaient les empereurs et délibéraient sur les affaires de l’État), Landstuhl (siège d’un tribunal de campagne, Sitz eines Landgerichts).

Stal (v. h. all. lieu, place = Stelle, lieu, établissement) : Stal, Stalberg, Stalecke, Stalhofen ; Burgstall, Burstal, Bostal (écrits jadis Burgstal et Burgstol : anglo-sax. beorg = Berg ; montagne, colline), Herstal, Herstelle (Heristall, désigne un camp, l’emplacement occupé par une armée : Heer, armée).

Leben (jad. leiba avait le sens de bleib [der bleibende Wohnort, le lieu où l’on existe, où l’on vit]) ; leben, vivre, exister ; vivre en tel ou tel endroit, séjourner ; ce mot signifiait jadis habiter (wohnen), comme on peut le voir par le verbe v. h. all. bi-liban (auj. bleiben, demeurer en tel endroit ; rester ; se tenir, stationner ; séjourner. Leben offre les formes lebe, lev, leve, leven, leiba, leba, lebn et leube, lewe, löwe[66].

Leoben (dans le château voisin nommé Eckwald [forêt de chênes] furent signés, en 1797, les préliminaires de la paix entre les Français et les Autrichiens ; — Abschluss der Friedenspräleminarien zwischen Frankreich und Österreich), Lebenberg, Lebenhan ; — Aschersleben, Bardeleben, Eisleben (doit son nom aux mines que l’on y exploite depuis longtemps : Eisen, fer), Fallersleben (voy. F., p. 166), Gardeleben, Hadersleben (Hader, dispute, querelle ; — chiffon ; guenille), Haldensleben, Hallensleben, Hammersleve, Horsleve, Rosleiba ; Totleben (F., p. 166), Wagersleben, etc.

Le radical bau a eu aussi le sens d’habiter (cfr. Nachbar [voisin] = ein naher Wohner ; et Bauer, cultivateur, laboureur, paysan ; — jad. habitant, manant, c.-à-d. résident), et il a pris ensuite la double signification de « bâtisse » et de « culture » :

Bau, construction, bâtiment, bâtisse ; habitation ; — culture, labourage ; — Gebäude, construction ; Bude, petite construction en bois ; boutique[67] ; moy. h. all. bu, ostfries. bo = das Gebäude. Au lieu de Bau, on trouve bye et boe dans les noms géographiques du Schleswig et du Danemarck, avec le sens de « ville, cité ; » en Anglet. by ; en Normandie bue et bœuf (mais ce dernier nous paraît une forme de l’écossais bothie et de l’angl. beoth, cabane) : Kahlebye, etc., Kircheboe ; etc. ; Kirkby (habitat. de l’église : Kirche), Whitby ( maison blanche : white = weiss, blanc), etc.

Bude (cabane) : Bude ou Buda (ville dont on a rattaché le nom à celui de Buda, frère d’Attila, lequel d’ailleurs s’appelait Bleda), Budweis ; Bautzen (en wende Budyschyn, de buda = Bude = Hütte)[68].

Nous avons vu (pp. 210, 211) que bur désignait des habitations d’une origine bretonne ou romaine, des localités où il y avait, avant la conquête saxonne, un burg (maison considérable, manoir, résidence d’un personnage considérable)[69].

Bûron (dat. pluriel de bûr) donne les formes büren, bühren, beuern : Büren (ville du canton de Berne), Beuern ; — Benedictbeuern, Blaubeuern, Kaufbeuern, Nassenbeuern ; — Embsbühren, Bettingbüren, Ibbenbüren, etc. Dornbirn nous offrirait peut-être une forme de beuern et ce nom pourrait signifier « aux maisons des épines » (Dorn, épine ; arbuste épineux). Cette ville portait jadis, dans ses armes, un arbuste épineux au lieu du poirier (Birnbaum) qu’elle porte aujourd’hui (voy. p. 153).

Stube, chambre, pièce ; espace clos ; réservoir ; cage ; = Feuerstube, poêle (anglo-sax. stov, place ; [stauen, arranger, disposer] indique quelque chose qui est debout ; un enclos ; puis chambre chauffée et poêle) : Stuben, Stubenberg, Stubenhagen, Stubenkammer, Stübergraben (fossé) ; — franç. étuves (stufæ), Etuf (Haute-Marne), Etouvy (Calvados), Etuffaut (dans le Haut-Rhin) que les Allemands appellent Stauffen.

Ens, qui, en roman, signifie « dedans, » a eu, avec enta, le sens de manoir et d’habitation[70]. C’est surtout « l’intérieur » et le lieu où l’on séjourne[71]. Ent et et ont servi à la formation de noms latins : Laur-ent-um = Laur-et-um (lieu où croît le laurier) ; cfr. flu-ent-us et fiu-id-us ; arg-ent-um. Dans les noms géographiques : Coblenz (Conflu-ent-es), Bregenz (de Brig-ant-ium), Mainz (de Mog-unt-ia) ; Attalens (en Suisse), Guitalens (Tarn), etc.

Kassel est une corruption de castellum (château, lieu défendu), diminutif de castra (camps retranchés), et de castrum (fort, forteresse, retranchement, citadelle, château), (cfr. casa, cabane, chaumière, hutte ; = sansc. vas, habiter, séjourner, et vas, se vêtir, se couvrir) : Kassel (Castellum Cattorum), Chastel, Châtelet, Châtillon, Château-Gonthier, Châteauroux ; Calillon, Catelet, Cateau ; Castelnau (= château neuf), Castelet, etc.


ARTICLE III


NOMS EMPRUNTÉS AUX CONSTRUCTIONS AGRICOLES ET INDUSTRIELLES.

Noms dus à des bâtiments relatifs aux exploitations rurales.Speicher, grenier ; mot formé du lat. spicarium (dépôt de blé, grange ; champ de blé : spica, épi) : Speicher (en Suisse), Spicker (départ. du Nord) ; — Zollenspiker (près de Hambourg).

Scheuer, grange : Scheuern (vg. du duché de Bade dont le terroir est très fertile ; Scheurn, Scheuerberg, Scheuerfeld ; Schüren (pour Scheuern) ; — dans le départ. du Nord : Buisscheure, Ruischeure ; le bas lat. scure se trouve dans Écuires (Pas-de-Calais), Écuiry (Aisne), Écury (Seine-et-Oise), etc. En flamand sheure signifie grange et étable.

Stall, étable (jad. lieu clos, habitation) : Stall, Stalle ; Ballstall, etc.

Noms dus à des établissements industriels : le travail des forges (Hammer = und Hüttenwerk). — Des localités tirent leur nom tantôt de la forge (Hütte, Hammer), tantôt de l’industrie (Werk, travail, ouvrage ; opération).

Hütte (voy. p. 238) : Königshütte (forge du roi), Rothehütte, etc.

Hammer, marteau ; [assemblage de marteaux], forge ; les anciens se servaient de pierres, de silex, en guise de marteaux ; c’est pourquoi le mot hamar (pierre) signifia aussi « marteau. » Hammer, Hammerau, Hammersbach (riv.), Hammerstat, Hammerstein (a un marteau dans ses armes)[72], Hammerstett ; — Althammer, Eisenhammerbach (conserve le nom d’un Eisenhammerwerk), etc.

On désigne quelquefois ces localités par le mot Werk : Werckhausen ; Neuwerk.

Esse, cheminée, fournaise, foyer [d’une forge], (lat. ustrina ; uro, ussi) : Essefeld, Essen (plusieurs localités), Essenberg, Essenhausen, Essenheim, Essenrode ; — Essfeld, Esshausen, Essing, Essinghausen, Essleben, Esweiler, etc. [73].

Ofen, four, fourneau : Ofen (ville que les Hongrois nomment Buda)[74], Ofenthal.

Caminata (bas lat.), habitation chauffée (caminus, fourneau ; feu, foyer) : Kemnade, Kemnat, Kemnath.

Les moulins.Mühle, moulin ( grec μύλη, lat. mola, meule) : Mehl, farine ; mahlen, triturer (bas bret. mala, moudre) : Ich mahle (irl. melim), je mange (voy. P., p. 147, 148) ; en bas all. Mühle devient möl, mole, et on trouve les formes Möhl, Mollen. Ce mot sert à composer des noms nombreux, parmi lesquels on en trouve qui se reproduisent dix, quinze et trente fois dans la géographie de l’Allemagne : Mühlacker, Mühlau, Mühlbach, Mühlberg, Mühlburg, Mühlehorn, Mühlen, Mühlenbach, Mühlenbad, Mühlenbeck, Mühlenburg, Mühlendamm, Mühlendorf, Mühlengrund (in einem Thalgrunde), Mühlenhof, Mühlenkamp, Mühlenstrass, Mühlenthal, Mühlenweg, Mühlfeld, Mühlgasse, Mühlgrub, Mühlhausen, Mühlheim (das Heim bei der Mühle), Mühlhofen ; — Müldorf, Mülhausen, Mülheim ; — Müllenbeck ; — Moll, Mollenberg, Mollkirch (jad. Mahlkirch, vg. du B.-R., arrosé par la Magel), etc. ; — Altmühl (alt, vieux), Brückmühl (moulin du pont), Neumühl (neu, nouveau), Herrenmühl, Schneidenmühl (Schneidemühle = Sägemühle moulin à scier ; schneiden, couper, trancher, tailler ; sägen [lat. secare, couper], couper avec une scie), Walkemühle (moulin à fouler : walken, fouler), etc. ; — Le Mahlström (le courant qui triture : Strom, courant ; torrent) de mahlen, comme Mahlbach. D’autres noms formés de mahl se rapportent plutôt à Mahl (assemblée ; tribunal).

Salines (voy. p. 93-96).

Industries diverses. — Seifen ou siefen signifie lavage (cfr. seihen, filtrer, couler ; seifen, savonner ; Seife, savon ; lat. sapo) ; en vieil all. seifer, salive écumeuse, bave : Seifenberg, Seifersbach, Seiferhau, Seifersdorf ; — Braunseifen, Kirchseifen, Rabenseifen, Stubenseifen ; — Seiferts, Seifertshausen se rattachent au nom propre individuel Seifert (de Siegfried ou Sigwart, Siffert, P., p. 196, 84).

Kohle (charbon) indique une Kohlenbrennerei : Kohlboden, Kohlberg, Kohlhausen.

Fisch (poisson) marque une Fischerei, etc.

Schreiben, écrire (lat. scribere) ; Schreiber, écrivain. Il semblerait que ce radical indique divers noms de la Silésie.

Werft (holl. werf, suéd. et anglo-sax. hvarf), chantier [de marine, d’un port], angl. wharf, quai, port de rivière : le wharf des messageries maritimes ; werfen (holl. werpen), jeter, projeter ; lancer : Mühlewarf.

Ce radical apparaît, dit-on, dans le nom de la ville d’Antwerpen = Anvers. Il viendrait du flamand aent werf = am Werft, et il désignerait un lieu de construction de vaisseaux. Il est probable qu’on aura nommé cette localité Borgt aen t’ werf (bourg au chantier) et ensuite, par abréviation, Aen t’ werf. Selon quelques savants, le nom primitif Ando-werf ou Ant-werf aurait signifié « contre » [la] jetée ; de ant [grec ἀντί] qui signifie contre ; retour). Werp ou werf aurait ainsi eu, dans ce nom, le sens de « jetée. » Le sens général aurait pu être : « contre-jetée, » ce qui est projeté par l’art au-dessus ou au-delà du rivage naturel pour que les vaisseaux puissent aborder, ou pour faire obstacle aux flots[75].

Voies de communication (chemins, routes, chaussées, ponts). — Weg, voie, route, chemin (lat. via, v. lat. viha ; de veho, je porte, je charrie, je traîne) : Weg, Wegendorf, Wegemühlen, Wegenstedt, Wegenstein, Wegfurt, Wegschaid (Scheid, séparation) ; — Altwig, Bolveg ; — Mais Nimwegen n’appartient pas à ce radical.

Strasse, chemin, route ; rue (lat. via strata, route pavée, chemin ferré) : Strassberg, Strassburg (plusieurs localités de ce nom ; relativement à la cité française, voy. p. 2 et App. D), Straswalden, Strassen ; — Langenstrasse, Landstrass.

Gasse, rue (dan. gata, chemin, route, sanscr. gati, chemin ; gehen, aller) :  ? Gassen ; — le Cattegat (passage du chat ; le terme nautique gat indique un passage à travers un canal étroit ; une porte d’entrée, une ouverture qui permet de traverser une lagune, un tas de sable, des dunes qui forment une barrière ou une langue de terre)[76].

Steig, sentier : Steig, Steighof ; Luciensteig (de saint Lucius, apôtre de la Rhétie).

Steg, passage étroit ; petit pont ; passerelle : Stege, Stegen ; Stegebach, Stegheim.

Brücke, pont : Brück (en Autriche, en Franconie, en Suisse), Brücken, Bruckenau, Brückberg ; — Altenbrück, Innspruck ou Innsbruck (an der Brücke des Inns ; — Oenipons, Pons Oeni : le celtique oen, avon, etc., eau, est devenu Inn), Langenbrücke (lang, long), Neubrück (près du ruisseau Oder, dans le Harz), Oberbrück (pont en dessus) et Niederbrück (pont en dessous), sur la Doller (H.-R.), Osnabrück (pour Hasenbrück, pont sur la Hase ; ou peut-être des Osi de Tacite), Rosbrück (pont du ros ou reus = ruisseau ; — situé près de la Roselle, dép. de la Moselle), Saarbrück (pont sur la Saar), Zweibrücken (= Deux-Ponts, Bipontum : zwei, deux ; ville surnommée das pfälzische Kleinparis ; elle doit son nom à la situation de son vieux château bâti entre deux ponts sur l’Erlebach). Le Teufelsbrücke (pont du diable), en Suisse, n’a rien de merveilleux que le nom et les contes ridicules qu’on y a attachés.

Nous avons vu que le nom de Bruxelles ne se rattache pas au mot Brücke. Celui de Bruges ne saurait non plus en dériver. On a dit que cette ville, nommée Brügge, en flamand, devait son nom aux ponts que l’on у trouve.

Mais il a été facile de remarquer que Bruges n’a ni fleuve ni rivière. Cette localité ne possédant primitivement aucun cours d’eau remarquable, comment pourrait-on supposer qu’on y ait bâti un pont et comment aurait — on songé à un pont pour donner son nom à la ville ? La vérité est que Bruges était située dans une plaine longtemps inculte et, en partie, peu propre à la culture. C’est donc avec raison qu’on a songé au mot brugga (champ stérile et abandonné) employé en bas latin et dans la géographie de notre pays (Labruguière, La Bruyère, Bruyères, etc.). Bruges était nommée jadis Brugstok (le lieu de la bruyère) ; et on a pu y trouver facilement les mots flamands brug, pont, et stok = Stock, lieu, endroit défriché : v. pag. 142. — En irlandais, brugh signifie habitation, lieu fortifié, cfr. Burg.

En anglais, on emploie la forme bridge et en celtique on a donné aussi à briva le sens de gué, passage, pont : Bridgetown (ville du pont), Bridgewater (eau du pont) ; — Cambridge (pont sur la Cam = la sinueuse, flexuosa), etc. : = Briva Isaræ (Pont Oise), Briva-Curretia (Pont-Corrèze), aujourd’hui Brives (-la-Gaillarde) ; — Samarobriva (= pont près de la Somme), auj. Amiens, etc.

Pont-de-Brique (Pas-de-Calais) offre une transformation de Brücke) et signifie deux fois un « pont. » Il n’y a jamais eu là de pont en briques (voy. p. 4 et ss.).

Damm, digue ; levée de terrain ; chaussée ; rempart, obstacle : Damm, Damme, Dammenhausen, Dammflecken (Fleck, lieu, endroit ; place), Dammhagen, Dammteich, Damscheid, Damsdorf ; — Thamm (non loin des anciennes limites qui séparaient les Francs des Alamanes, limites qui étaient sans doute marquées par un Damm ou Grenzwall) ; Heiligendamm (heilig, saint), Altdam ; Amsterdam (chaussée de l’Amstel, agger ad Amstelam), Leerdam (p. 205), Neerdam (proche, voisin ; Nähe, voisinage), Rotterdam (digue de la Rotte), Saardam, Schiedam.

Deich, digue, obstacle (holl. dyk) : Gorredyk, Roedyk ; — près de l’Elbe, Dykhausen, Gröndiek (grün, vert), Krummendiek (krumm, courbe), Mölldick (= Mühlendeich [la digue du moulin] et pourrait se rapporter à Teich, étang).

Schleuse, écluse (holl. sluis) : cfr. schliessen (fermer, clore) ; Schluss (fermeture, clôture) : Schleuse, Schleusingen ; — Buitensluis (écluse extérieure : holl. buiten, dehors, au dehors), Maaslandsluis (écluse du pays de la Meuse), Nieuwersluis (= Neue Schleuse, nouvelle écluse), Zwartesluis (écluse noire, sombre : holl. zwart = schwarz, noir).

Habitations caractérisées par des noms d’objets fabriqués par l’homme par des travaux d’art. — Krug, cruche : Krugau, Krugsreuth, Krügersdorf ; ce mot indique une auberge ou bien il se rattache à l’enseigne d’une maison. Il en est de même du nom suivant :

Schenke (jad. coupe, vase), auj. taverne, cabaret : Schenkenau, Schenkenberg, Schenkendorf, Schenkenland, Schenkenstein.

Säule, colonne : Sula, Sulau, Sulingen ; Sülbeck, Süldorf, Sülfeld ; — Marksuhl.

Voyez Schlüsselburg (p. 178, 225), Sparenberg (ibid.), Bretten (p. 161), etc.


ARTICLE IV


Localités qui doivent leur nom à des édifices ecclésiastiques (von kirchlichen Gebäuden benannte Örter). — Les noms de lieux ne se rattachent pas seulement à des constructions mondaines ou séculières (von weltlichen Gebäuden benannte Örter). Les noms des églises, des couvents qui sont devenus le noyau de villages et de villes, ont fourni des éléments à la formation des noms de lieux. Aujourd’hui encore, en Russie et en Pologne, trois maisons forment un village, pourvu qu’elles se groupent autour d’une église.

Kirche, église ; église paroissiale ; paroisse (grec κυριακή, sous-ent. domus ; maison du Seigneur, du Christ ; prononc. moderne Kiriaki) : Kirchbach, Kirchberg, Kirchdorf, Kirchen, Kirchensall, Kirchensee, Kirchhasel (Hasel, noisetier), Kirchhausen, Kirchhain, Kirchheim, Kirchherden (Herd, exhaussement du sol ; foyer, maison, famille), Kirchhœrde (Horde, claie, enceinte formée de claies), Kirchhof, Kirchhofen, Kirchhorst, Kirchrode, Kirchscheidung (Scheidung, séparation), Kirchschlag, Kirchstetten, Kirchwehren (Wehr, défense [armée], retranchement, rempart), Kirchweiler, Kirchwerder, Kirchweihe (Weihe, consécration) ;

Altkirch (alt, vieux), Feldkirch, Feldkirchen, Fünfkirchen (Cinq-Églises, Quinque ecclesiæ : fünf, cinq)[77], Hohenkirchen, Neukirchen, Taufkirchen (Taufe, baptême ; taufen, immerger ; arroser ; baptiser), Weisskirchen, etc.

Quelquefois ce nom est prononcé Kilche : Kilchzarten pour Kirchzarten (zarten n’a pas trait à zart [délicat, faible ; fragile] ; ce suffixe représente le nom de Tarodunum). Du reste, on dit, en Suisse, Kilche, Kile, Kille pour Kirche.

Kerk (qui devient Kerque) est la forme flamande ou hollandaise de Kirche : Dunkerque (église des dunes, p. 208 ; v. du dép. du Nord), Steenkerke (l’église des rochers), Bovekerke (église de dessus : holl. boven, en haut, dessus, au-dessus ; cfr. oben, en haut ; angl. above, au-dessus), Moorkerke (église du marais), Nieuwkerken (nouvelle église), Oostkerke ( église de l’est : Ost), etc.

En Normandie, on trouve querque et carque : Querqueville, Carquebu ou Kerkebu (l’habitation de l’église : Bau).

Capelle et Kapelle, petite église, chapelle[78] : Kappel, Kapellendorf ; – Keppel ; — Brunskappel (Brunonis Capella) ; — Oudecapelle (alt = holl. oud, vieux), West Capelle (ce nom semblerait signifier chapelle de l’ouest : West ; mais l’orthographe ancienne portait Waescapelle et Waestcapelle (= chapelle bâtie dans un endroit inculte ; v. p. 204).

Les monastères. — Les noms de beaucoup de villes ou de villages sont liés à des monastères qui sont devenus des centres autour desquels se sont groupées de nombreuses populations. Les moines avaient pour principe de s’éloigner des villes. Mais c’est précisément en agissant ainsi qu’ils ont défriché et transformé, par leur travail, les solitudes, les landes, les forêts, les marécages, en contrées fertiles et riantes. Sans les moines, l’Europe ne serait encore aujourd’hui qu’un pays aux trois quarts sauvage et désert. En allemand, le mot Münster, forme de Monasterium (monastère), a pris une autre signification.

Münster, cathédrale (die Domkirche ; — Dom, signifie aussi cathédrale ; de domus, maison [par excellence]. Le nom de Münster signifia cathédrale, parce que les chanoines vivaient, comme dans un monastère, sous une règle commune, et c’est à cause de cette vie commune que, dans certaines villes, les églises qui avaient un chapitre furent appelées Monasteria et, par corruption de ce mot, Münster : Münster (jadis Monasterium, v. du H.-R.), Münster (ville de la Westphalie qui doit son nom à une église cathédrale fondée par Charlemagne, dans cette localité, nommée, à cette époque, Mimigardiford ou Mimigard) ; Münster am Stein (au rocher), Münsterberg, Münsterdorf, Münsterhalden (die Halde, coteau), Münsterhausen, Münsterheim, Münsterthal ; — Ebersmünster (monastère d’Eberard ; jad. Novientum, Nogent ; où saint Dié fonda un monastère qui fut appelé Münster et qui ajouta à ce nom celui de son second abbé), Neumünster, Niedermünster (au pied du mont Sainte-Odile), etc.

Cella, Zelle, cellule ; loge, petite cavité, petit couvent (lat. cella, cellula ; cfr. Zelt, tente, dôme ; lat. cellarium [espace creux], réservoir ; Keller, cave, cellier ; grec κοῖλος, creux, cave). Dans les noms de lieux, le mot zell a d’abord désigné une cellule de moine. Ainsi le monastère d’Einsiedlen est nommé tantôt de son fondateur Meinrâdes-cella et tantôt Eberhardes-cella, d’après son premier abbé : Zell (plus de 30 localités de ce nom), Zella, Zelle, Zellensen, Zellerbad, Zellerfeld, Zellenberg (vg. du H.-R., qui doit son origine et son nom à la cellule d’un ermite), Zellhofen ; — Appenzell (en lat. Abbatis cella), Bischofszell (= des Bischofs Zelle), Engelzell (Engel, ange), Mariazell ou simplement Zell (en Styrie, der berühmte Wallfahrtsort ; — ancienne abbaye avec une image miraculeuse de la Vierge), Neuenzelle, Oberzell (cella superior) et Unterzell (cella inferior), etc.

Il y a des celle et des celles ; il y a aussi des selle, selles. Ces derniers noms, qu’il ne faut pas confondre avec les premiers, sont formés de sal (habitation — abr p. 242).

Disentis (de desertina = désert), cloître et commune des Grisons où Siegbert, disciple de saint Columban, bâtit un monastère.

Kloster, cloître, couvent, monastère (du lat. claustrum, clôture) : Klosterfelde, Kloster-Grab, Klosterhof, Klosterstrass, Klosterthal, Klosterwald, etc.

Des localités rappellent des monastères par les noms de Paradies, Himmelpforten (à la porte du ciel), Gnadenthal (Val-de-Grâce : Gnade, grâce), jadis couvent des Bénédictins, près de Bremgarten (Suisse), Bethlehem, Nazareth, etc.

  1. Le nom de Mérode provient plutôt d’un château-fort nommé Smaragdus ou Esmeraude.

    Pendant la guerre de Trente ans, un comte de Mérode commandait, dans l’armée impériale, un corps de volontaires fameux par son indiscipline et ses brigandages. Leur souvenir s’est conservé dans le nom de « marodeur. »

  2. En Suisse, divers cantons ruraux se nomment Rhodes : Appenzell-Inner-Rhoden (Rhodes-Intérieures d’Appenzell) et Appenzell-Ausser-Roden (Rhodes-Extérieures d’Appenzell), etc.

    La Frise offre un grand nombre de villages dont les noms en ode (öde, désert, inculte) et rode ( défrichement) indiquent que ces habitations ont été bâties dans des lieux incultes et couverts de ronces ou de broussailles.

  3. Dans beaucoup de noms de lieux de la Grande-Bretagne, l’idée de défrichement est exprimée par les formes royd, royde, rod, rode.
  4. En celtique arda signifiait « pâturage. » On trouve ce mot dans le nom d’Ardon (Loiret). Le radical ard paraît se conserver aussi dans des noms propres terminés en ard : Fav-ard (terrain du fau ou hêtre), Pinard (pays des pins), etc.
  5. La Westphalie (bas lat. Westphalia et Guestfalia) comprend le territoire situé entre le Rhin et la Weser. On y trouve une série de petites montagnes : Westerwald, Rothlagengebirge, Sauerländisches Gebirge, Haarstrang (? Haarstrang, cordonnet de cheveux ; [bot.] peucédan, genre de plantes : Haar, cheveu, poil ; Strang, corde), Teutoburger Wald, Mindensche Berge, Wesergebirge.
  6. Le mot campus se rattache au grec καμπή (courbure ; κάμπτω, je plie, je courbe). En Sicile, le stade pour la course se nommait κάμπος (Hesych.), à cause de la courbure qui formait l’enclos. Un champ était un terrain clos et cultivé.
  7. Les formes ang et ong ont été conservées dans beaucoup de noms terminés en ange, agne, onge et ogne.
  8. On a dit qu’il n’était guère probable qu’une rivière aussi peu remarquable ait donné son nom à cette province. On a donc eu recours au celtique hen (vieux). De sorte que Hen-go aurait signifié « vieux pays ; » le nom de Hainaut se traduirait par « vieille forêt » (aut pour Wald, forêt). Mais on pourrait peut-être plus justement recourir à l’irl. eanagh [marais], qui entre, sous la forme enagh, dans les noms de plusieurs localités. Ce nom aurait pu désigner des marécages formés par la Hayne. Il serait du reste ridicule de voir le mot Henne (poule) dans Hennegau ; et l’on ne s’explique pas que plusieurs écrivains aient donné à ce pays le nom d’Hannonia.
  9. Lage (jad. lag, habitation) désigne une habitation située dans un endroit incliné (couché, bas ; liegen).
  10. Dans cette hypothèse Anger aurait désigné d’abord une bande de terre et le mot scand. angr est expliqué ainsi (Biörn) : Sinus vel lingula, tam terræ quam maris, locus scilicet ang-ustus. Ces langues de terre ont formé les premières prairies (Prata enim sunt ad marium fluviorumque littora et ripas, et ibidem veluti in ang-ustum coguntur). En scand. angur veut dire golfe.
  11. Bingen ne vient pas de Bei-ingen (bei, auprès), mais de Bengium qui indiquait la localité où les Trévires se battirent contre les légions de Céréalis ; jad. Vincum, cfr. celt. wingum, fingum (villare : ing a donné les formes ving, vingen, fing, fingen).
  12. Schlingen (vg. de Bavière) ne se rattache peut-être pas à ingen, mais à Schlinge, lacet [propr. chose qui enlace ; schlingen, plier, ployer ; enlacer] ; lacs, piège, embûche.
  13. En v. franç. oche et osche (bourguignon, ouche) désignaient une terre labourable entourée de haies et de fossés. Ces mots avaient aussi le sens de « verger : » Ouche (Allier, Loire, etc.), Ouches (Indre).
  14. Ce mot a conservé quelquefois le sens de « lande, » parce que certaines localités n’offrent souvent qu’un terrain peu fertile.
  15. Brach a sans doute désigné d’abord un terrain défriché, un champ qui a été labouré déjà une fois (v. h. all. pracha, aratio). Ce mot dériverait de brechen (rompre, briser) et correspondrait aux mots du bas latin ruptitius et fractitius (ager), qui dérivent de rumpere et de frangere. Puis, Brachland, Brachfeld, Brachacker, ont pris le sens de champ en friche.
  16. Leo (Ferienschriften) rattache le mot lor à lar, laare qui, en gaélique et dans le dialecte de Man, signifient sol, terrain. Grandgagnage trouve que ce sens est trop général pour servir de désignation à un endroit déterminé. Mais on peut lui répondre que c’est avec des noms pris dans un sens général que l’on forme les noms propres individuels. Ainsi les habitants de nos campagnes désignent leur village, leur chef-lieu de canton, la rivière voisine, en disant tout simplement : la bilo (la ville), la ribiéiro, etc.

    C’est l’idée du défrichement, du vide fait dans les broussailles et dans les forêts qui a donné au radical lar le sens de « terrain cultivé » et de « lieu habité : » En irlandais et en écossais lâr, gallois lawr, kymr. laur, bas bret. laur, llaur, leur, ler signifient sol, terrain (fundus, solum patrium). En grec moderne λαύρα a le sens de quartier d’une ville et de monastère.

    Laron peut signifier ad domicilia.

  17. La forme lier se trouve en Artois, dans la province de Namur et en Hollande : Lieroort, en Frise ; Lierhove, etc.
  18. Cfr. languedoc. bâro (= barre), baroul et béroul (= verrou, jad. petite barre), barra (fermer) ; et les mots français barrer, barrière, barreau. Montpellier nous paraît dériver de Mons pessuli (colline du verrou, de la barrière).
  19. En norois, bar désigne la vague, la lame, le flot (nous disons aussi « la barre ») : Barhöft (le cap de la barre).
  20. Cette ville se nomme aussi Bienne et on a supposé que ce nom était une corruption de Bipennis. Mais nous rattacherions plus volontiers Bienne au celtique buinne (eau), mot qui se retrouve aussi dans Binnenheim et peut-être dans Bingen.
  21. Nous pouvons rattacher à la même idée les deux mots Berg et Burg : ils proviennent d’un radical qui impliquait deux notions : défendre, cacher, protéger (cfr. arx et arcere), et ils avaient le sens de lieu de refuge. Ce radical fournit ainsi un mot qui désigna une « hauteur, » parce que les premières habitations furent placés sur des hauteurs, pour mieux se défendre contre les bêtes et contre les hommes ou pour se garantir contre les inondations. Les Hébreux caractérisaient l’état de sécurité par une expression qui signifie « habiter sur une hauteur. » La partie choisie de la montagne était entourée d’un fossé, d’une levée de terre ou de branches d’arbres, pour en défendre l’entrée. De la sorte le radical qui a donné le verbe bergen (protéger, défendre) a eu le double sens de montagne et de citadelle. On a distingué ces deux significations par des nuances de voyelles. Berg a gardé le sens de montagne ; Burg a désigné une enceinte fortifiée et construite sur une hauteur où l’on se réfugiait dans les moments de danger ; un lieu entouré de murs (ein eingeschlossener Ort), une forteresse qui offre un abri et une protection (receptaculum, custodia, tutela), puis, une ville défendue par une enceinte de murailles, cfr. v. h. all. parc, parh (granarium) : Barghusium.
  22. Cette ville doit son nom à l’Aschaff, petite rivière qui se jette dans le Main au-dessous de cette localité. Le nom de l’Aschaf (jadis Ascapha) ne provient ni de Schaf (brebis), ni de Schiff bateau), mais du celtique (asch, eau ; irl. eisc, canal), et afa = aha, cours (d’eau).
  23. Cette ville donne son nom à un comté situé en Hongrie, aux frontières de la Styrie. Les fortifications de ce château furent démolies dans le xvie siècle, et le chapitre transféré à Stein-am-Anger (Roche-sur-le-pacage). La ville actuelle a été bâtie avec les débris de l’ancienne ville romaine de Sabaria où naquit saint-Martin, évêque de Tours. Il y a en Souabe un château nommé Eisenburg.
  24. Ce nom dériverait du mot ham, hamm ou hamme, qui, chez les anciens Saxons, avait le sens de forêt. Du reste, il est vrai que cette ville hanséatique s’est élevée auprès d’une ancienne forêt. Peut-être aussi ham remplace-t-il le mot celtique cam ; cfr. Chambery. Quelques étymologistes pensent que cette ville renommée pour son commerce, doit ce nom à son port et Hamburg serait pour Havnburg (Hafen, port de mer, havre). Hamburg était jadis nommée Hochbuchi, Hochburi (forêt de hêtres-élevée ; — bourg élevé). Les Slaves transformèrent ces noms en Bochburi, Buchborg (forteresse ou ville de Dieu ; en changeant buch en Bog, Dieu).
  25. Cette ville doit son nom à la hauteur sur laquelle elle est située ou à sa situation auprès (vor der Höhe : — vor, avant, devant) des montagnes qui précèdent le Taunus.
  26. Cette localité était nommée jadis Chuigeburg : chuige ou quige et pour quick, mut qui signifie vif. alerte, et qui a eu le sens de « fortifié, » cfr. erquicken, raviver, vivifier, ranimer, rendre les forces, fortifier ; récréer, restaurer ; Quecksilber, vif argent, mercure, Quicksand, sable mouvant. De sorte que Kyburg ou Quickburg voudrait dire starkbefestigte Burg. La forme la plus ancienne de ce nom est Choburg (en 1155) et, dès lors, ce nom pourrait signifier le fort de la hauteur (Höhe). On pourrait rattacher le premier membre du mot Kyburg à Kuh, vache.
  27. Sous les Romains, cette ville était nommée Lupodunum ou Lupodurum, qui offre le celt. dun ou dur (forteresse). Sous les Francs, elle prit le nom de Lobdenburg, dans lequel entre le préfixe corrompu lobden (pour Lupodun), qui a donné la forme actuelle Laden.
  28. On a dit que Luxemburg, jadis Lucelinburg ou Luciliburg, était une forme de Lützelburg = Kleinburg ou Kleinenburg = au petit château (de l’inus. lützel, petit ; angl. little). Mais la vieille forme Lucelin nous offre deux mots celtiques (lug, luch, marais ; et lin, eau). Luxemburg est située au confluent de la Pétreuse et de l’Elz. La hauteur environnée de rochers sur laquelle fut bâtie la forteresse primitive, devait être, comme la ville de Lug-dunum (auj. Lyon), au milieu d’un pays marécageux. Le suffixe lin peut offrir un diminutif celtique identique à lyt (lützel, little), qui a eu la même signification.
  29. Les armes de cette ville offrent une fille tenant une guirlande. On croit qu’il y avait en cet endroit, du temps des Romains, un temple de Vénus. D’autres disent que Charlemagne, fondateur de cette ville, y avait trouvé une statue de cette déesse. On a dit aussi que ce nom rappelle l’impératrice Editha, fille d’Edmond, roi d’Angleterre, et femme de l’empereur Othon.
  30. D’après de nombreux érudits, le nom de cette ville aurait eu le sens de Grossburg et de Megaloburg. Hübner déclare qu’il ne faut pas s’étonner que les habitants aient donné à leur ville un nom tiré du grec, car ils ont habité près de la Mer Noire où ils ont appris la langue des Hellènes. Cette explication ne sera guère du goût de nos savants plus modernes, qui expliqueront tout autrement la parenté de mikel et michil (grand, en gothique) avec μέγας, μεγάλη. On raconte que le village primitif dut son nom à un château fortifié par les Obotrites. Mais ce lieu avait été auparavant habité par les Celtes et il nous offre un nom que nous retrouvons aussi dans Mechlinium (Malines, voy. plus loin).

    D’autres, songeant à une ville commerçante, ont recours au mot mäkeln, faire le courtier, faire des affaires comme courtier ; trafiquer, négocier (dérivé de machen, bas sax. maken, faire) ; — censurer, chercher des taches (de Makel, tache, souillure, opprobre ; lat. macula).

  31. Castra Regina ou Reginum des Romains doit son nom à la rivière Regen (pluie ; jadis « eau coulante : » la pluie est une eau coulante, tombante ; regen, mouvoir, remuer ; sich regen, se mouvoir. La forme celtique Ratisbona offre des mots celtiques conservés dans les langues néo-celtiques (irland. rat, motion, mouvement [ce mot pourrait indiquer un ancien nom de la Regen] ; rath, forteresse ; éminence ; rad, rod, route, passage ; bouclier, défense) ou à l’ancien celtique ratis (fougère). Pour bonn, voy. App. T.
  32. Ville et comté de Westphalie qui tire son nom d’un vieux château tombé en ruine. Ce château est situé sur une hauteur d’où l’on jouit d’une vue très étendue. La montagne sur lequel il était bâti s’appelait jadis Nesselberg (Nessel, ortie), que l’on nomma ensuite Oelberg (qui ne dérive pas de Oel, huile ; ni de Eule, hibou, chouette ; voy. celt.[irl.] ail [oil], rocher escarpé, et p. 101).
  33. La forteresse se nomme Oreschek (Noix, parce qu’elle est bâtie dans une île qui en a la forme). Pour le même motif, les Suédois l’appelaient Noteburg (suéd. nött = Nuss, lat. nux, noix).
  34. Nom allemand de la Transylvanie (terra ultrasilvana) qui a trait aux sept principaux forts de la contrée. Selon d’autres, ce nom se rapporterait à deux rangées de montagnes (etwa, weil man sieben Bergreihen zählte. Dans ce cas, ce nom devrait s’écrire Siebengebürge de Gebürg, groupe de montagnes) ; — cfr. Siebengebirge, p. 38. Quoiqu’il en soit, le nom signifie proprement « sept châteaux, » et il désigne sans doute les sept juridictions qui se partageaient ce pays. En hongrois, cette contrée se nomme Erdélyordszag, et en latin Transylvania, parce que, pour la Hongrie, elle est « au-delà des forêts. »
  35. Auprès de cette ville est un village nommé Allstatt (vieux lieu ; vieille station). La nouvelle ville doit son origine à l’abbaye qui y fut fondée vers 630. Autour du couvent se groupèrent des habitants et la couleur blanche des maisons neuves aura sans doute motivé le nom de la ville. Cependant, Herzog rattache ce nom à celui du monastère qui aurait été appelé Witzenburg ou der Weisheit Burg (forteresse des sages ou de la sagesse), parce que les moines étaient connus pour leur savoir et pour leur sagesse (Witz, esprit ; bon sens ; wissen, savoir, connaitre ; — weise, adj. sage).
  36. On a dérivé ce nom du v. h. all. wurz (herbe ; anglo-sax. wyrt ; Wurz = Wurzel, racine ; Würze, épices), et on a supposé que cette ville devait son nom aux prairies et aux jardins qui l’environnent. Mais cette étymologie ne repose sur rien. Würzburg est en pays tout celtique et c’est dans l’ancienne langue du pays qu’il faut chercher l’étymologie de son nom. C’est ce qu’a très bien compris le géographe allemand H. A. Daniel qui le dérive du celt. Viridunum ou d’un chef franc nommé Wirzo (von dem celtischen Namen Viridunum oder dem fränkischen Häuptlinge Wirzo ; — Deutschland, t. II, p. 227). Nous n’avons rien à dire à propos de ce Wirzo (P., p. 245), si ce n’est qu’il ne faut pas trop aisément recourir à des noms propres. Quant à l’élymologie de Viridunum, voy. App. I.
  37. Gothique gards (maison), en scandinave gaard, une ferme, la curtis (cour) des Mérovingiens ; en celtique gardd, jardin (goth. gairden, cingere). Cfr. Hort (lieu sûr, asile, refuge), Hürde (claie ; enceinte entourée d’une ceinture de claies) ; grec χόρτος (enclos), lat. hortus, cortis, etc.
  38. Cette ville est appelée aussi Nimietzki Grad (= Deutschen Stadt ; ou la ville des muets), par opposition à Windischgrätz (la ville des Windes, Sloweni Gradez ou Slaven-Gradetz). Le nom de Gratz, en Styrie, a été écrit Graz et, en 1673, un Bürgermeister souhaita la bienvenue à l’impératrice en lui révélant que ce nom signifie royaume de la grâce, Gnadenreich (lat. gratia). Un calembouriste français a dit, de son côté, que Gratz est « la ville des grâces, sur la rivière de l’amour. » Cette ville est située près de la Mur (die Mur).
  39. Cfr. hourd, retranchement fait avec des haies que l’on garnissait de terre par derrière, et les mots hourdage, hourdis : le Hourdel (Somme), Hour (Gers) ; en messin hors et hours (enclos de planches), hors et hers (échafaud, estrade).
  40. Ce mot peut être rattaché à deux racines : hab, haben (avoir, posséder) et habere (= lat. habitare, habiter). Peut-être aussi pourrait-on songer à la racine qui a donné Haube (coiffe, casque ; — anglo-sax. hufe, m. h. all. hûbe, v. franç. huvet, chapeau ; celt. hwf, bas lat. cuffa, coiffe), et qui a eu le sens de « couverture. » Dans ce cas le mot Hof aurait d’abord désigné un lieu habité, couvert, et puis les dépendances, les champs qui y étaient attenants. Ce mot a ainsi désigné une certaine étendue de terre avec la maison de cultivateur (modus agri cum habitatione coloni). Hof désigne en Allemagne une demeure de paysans.
  41. À la Renaissance, on appela cette ville Ninive Flandrorum et ses habitants se disaient Ninivites. Le grammairien Despautère prenait le surnom de Ninivite.
  42. Le nom de Tabernæ fut germanisé en Zabern, parce que la langue allemande laisse quelquefois entendre un s après le t, ce que l’on a exprimé par le z (cfr. Tolbiac et Turicum dont on a fait Zulpich et Zürich).
  43. On a rattaché les mots goth. haims, lithuan, kaimas et le grec κώμη (village) à κεῖμαι (je suis couché), κοιμάω (je me couche) au sanscr. (reposer).
  44. On raconte que l’empereur Louis-le-Pieux donna à cette ville le nom de l’impératrice Hildegarde sa mère. Hilde et Hille sont des formes abrégées d’Hildegarde (comme Fritz pour Friedrich, Kersten pour Christianus, Ilse pour Elisabeth). Voyez pour hild, P., p. 119.)
  45. Le nom de Manheim se trouve, avec cette signification, dans la mythologie scandinave, mêlé aux souvenirs du Godheim (demeure des dieux : Gott). Mais il nous semble que le nom géographique nous offre un mot de la nomenclature des Celtes. Pour nous en convaincre, nous n’avons qu’à rapprocher le nom de Mannheim du nom de Manchester (Angleterre). Antonin nommait déjà cette ville Manaurium et Manutium. Or, Camden remarque, avec raison, que l’ancien nom de cette localité s’est conservé dans le nom moderne. On a supposé, il est vrai, que les habitants de cette localité s’étant bravement défendus contre les Danois, ceux-ci avaient donné à la ville le nom de Manchester (le fort [chester, castra] des hommes [men] ; singul. man). Les habitants de cette ville sont sans doute fiers de pouvoir rattacher son nom à cette légende. Mais il n’en est pas moins vrai que Mancunium, nom breton de Manchester, vient de maen, main (pierre) ou de man (lieu fortifié). Cette ville est bâtie sur une colline rocheuse, et, au bas, on trouve des carrières de pierre. Mancunium ou Mancenium signifierait donc « colline pierreuse ou forteresse de la hauteur » : irland. ceann [Kan, can, Kin, Ken], sommet ; gaél. cenn, tête, sommet, gallois cefn [prononc. Keven] et armor. Kevn, dos, sommet de montagne ; — cfr. Cévennes.
  46. Ober-Ehnheim (ou Haut-Ehnheim, pour le distinguer de Nieder-Ehnheim ou Bas-Ehnheim qui n’en est pas éloigné) est une ville située au pied de la montagne de Sainte-Odile, près de la rivière d’Ehn (B.-R.). Le nom latin de cette localité (Oberœna) nous offre le nom celtique de l’Ehn. Œn est le nom de l’Œnus ou de l’Inn qui passe à Innspruck (voy. le celt. oen).
  47. Bellem (dans la Flandre occidentale) offrirait la même étymologie (pour Bellheim). Cependant ce nom pourrait être une abréviation de Bethlehem, nom que ce village aurait porté dans un registre de dîmes de l’an 1331.
  48. Tronchienne (en flam. Drongen, en lat. Trunchinium), ville de Belgique célèbre par son ancienne abbaye. On a voulu voir dans ce nom celui de Droonghem (demeure de Jérôme), parce que Droon est l’abréviation flamande du nom de ce grand docteur.
  49. Le nom d’Envieu que l’on prononce En-bîou, en languedocien, nous semble avoir eu le sens de bois ou enclos vivant (ein lebendiger Hag), Haie-vive (occitan. vîou ou vîu, vivant, en vie ; bas bret. bihue, v. irl. béu, gall. mod. byw ; — lat. vivus ; grec βίος, vie). Il y avait jadis un bois de chênes verts ; on trouve encore, en cet endroit, un petit groupe d’individus de cette essence.
  50. D’autres savants ont vu dans le mot en une forme de l’article défini an usité chez les Celtes pour les noms appellatifs. Enfin on peut rattacher le en de certains noms à én, chez.
  51. De rys (all. Reis, ce qui part, ce qui s’élève ; pousse, scion, rejeton [suéd. ris, island. hris], reisen, primit. se dresser, s’élever, partir ; plus fréquemment voyager). Ce mot indique une digue faite avec des branches (ein aus Reiswerk, Faschinen erbauter Damm). On retrouve aussi ce même mot dans Ryswick.
  52. Inter monasteria ab ipso Amando ædificata sunt illud cui ipse sanctus Vir Lutosa nomen imposuit ; seu Rotnace (dans quelques exemplaires Rotnasce = Eau-rouge : ach = asce = eau) quod præfato pene est contiguum (Acta SS. Belg. tom. IV, p. 213, Ex Vet. MSS.), auj. Renaix. On a dit à tort que Luthosa venait de lutum (bourbier, fange), parce que cet endroit aurait été entre-coupé de marais bourbeux. On a voulu donner aussi cette étymologie pour la capitale de la France : Lutetia ā luto. Mais c’est là une étymologie qui n’a d’autre base que l’ignorance de la langue celtique et une fausse application d’un mot latin.
  53. Nous croyons pouvoir rattacher à la même racine le nom de Comminges, par lequel sans doute les Wisigoths ont traduit celui de la cité des Convènes. L’Oppidum celtique de Lugdunum (hauteur des marais : les vallées voisines formaient des marécages qui servaient à la défense de cette forteresse) devint sous les Romains Lugdunum Convenarum. Le nom de Convenæ avait été donné aux aventuriers que Pompée réunit et fixa en ce lieu. Les envahisseurs tudesques ont sans doute conservé le sens du mot latin dans un équivalent tel que Commen-ing dont on aura fait Comminges, auj. Saint-Bertrand de Comminges.
  54. Cfr. sanscr. vrî (protéger) ; zend vara (place entourée d’une haie).
  55. On a dérivé ce mot de hallen (retentir ; vibrer ; Hall, son, retentissement), de sorte que Halle aurait le sens de ein hallender Saal (salle ou habitation bruyante).
  56. Par suite de l’identification arbitraire que les Allemands ont faite de la mythologie tudesque avec la mythologie scandinave, le roi Louis Ier de Bavière, voulant faire construire un temple à la gloire des grands hommes des divers peuples de l’Allemagne, ne trouva rien de mieux que de transfigurer ce monument, en lui donnant le nom de Walhalla. Cette représentation du palais céleste est un temple grec situé sur une hauteur, près du bourg de Donaustaüf, à environ quatre milles de Regensburg (Ratisbonne). De hautes collines verdoyantes, dont l’une est couronnée par les ruines du château de Stauff, forment autour de cette montagne un amphithéâtre naturel.
  57. Les opinions diffèrent sur l’étymologie de ce nom. Nous avons indiqué la vraie (cfr. Bruchsal, ancienne résidence des évêques de Spire). La partie basse de la ville n’était jadis qu’un terrain marécageux. Les noms de plusieurs rues de Bruxelles (la rue du Marais, la place de St Jean au Marais), la nature même du terrain qu’elle occupe dans la plaine, indiquent assez quel était, au moyen-âge, l’état de l’emplacement de la future capitale du royaume de Belgique. Cette ville fut d’abord enfermée dans une petite île circonscrite dans les deux bras de la Senne et composée d’un groupe de huttes ou de cabanes en bois, construites autour d’une chapelle consacrée sous l’invocation de saint Géry (P., p. 241), dont cet îlot porte le nom.

    Les étymologistes qui rattachent le nom de Bruxelles au flamand brugge-senne (pont sur la Senne) ou à brugsel (pont de l’hermitage), ne tiennent pas compte des règles de la construction grammaticale : il faudrait Sennebrug, Selbrug (Brücke, pont). Nous ne croyons pas qu’on puisse recourir au mot broussailles et encore moins à broysell qui aurait signifié un nid de cygne (sans doute du holl. broed, broedsel, couvée, Brut).

  58. Comme le propriétaire d’une habitation, le riche, l’homme fortuné était censé jouir du bonheur, on dériva du mot Saal ou sal les mots v. h. all. salic, anglo-sax. salig, suéd. saell qui signifient heureux (cfr. ode, P., p. 47) ; en allemand moderne, seelig ou selig, bienheureux, fortuné, délicieux, qui jouit du bonheur éternel ; feu ; défunt.

    Saal a servi aussi pour former le subst. Gesell (compagnon, camarade) qui a signifié d’abord co-habitant (der Zusammenwohnende).

  59. On a voulu voir dans le mot Weiler une origine tudesque et on l’a rattaché à weilen (s’arrêter, séjourner) : Weiler, Weil, d. i. eine Stätte, wo man weilt, comme mansus de manere. Mais il a été facile de voir que, dans ce cas, Weiler ne désignerait pas un lieu où l’on habite, mais celui qui séjourne (weilt).

    Il faut chercher ailleurs la vraie signification de villa et de ses dérivés. En réalité, ce mot a d’abord signifié opertum (couvert, lieu couvert, caché, fermé), et il provient d’une racine qui signifie « couvrir : » lat. velo (je voile, je couvre, je cache), velum (couverture, tenture, voile) ; vellus et villus (toison ; c’est-à-dire peau de bête avec poil, fourrure) ; all. Fell, holl. vel (peau, cuir, épiderme ; holl. veilig, adj. et adv. sûr, sauf, assuré, en sûreté) ; all. Wolle, slav. Wluna (laine), grec φελλός (écorce). Ces divers mots se rattachent au sanscrit vil (couvrir), vilo (cavité, antre, caverne), comme cella de celare et Heim de himan (p. 227). Mentionnons encore le sanscrit vailan (enclos) et le latin vallis (vallée ; entourée de montagnes). Toutefois le mot vallis pourrait se rattacher au sanscr. vil (couper, diviser ; — sanscr. vilan, fosse). C’est ainsi que le latin vallum (rempart, retranchement, palissade) et vallo (je palissade, je fortifie, j’entoure) et l’allemand Wall (rempart) se rapportent au sanscr. val ou vall (couvrir).

    Il est du reste facile de comprendre qu’on ait songé à dériver Weiler de weilen (séjourner, s’arrêter, tarder). Mais on doit reconnaître que weilen vient de Weile (un laps de temps, espace de temps, quelque temps), lequel nous offre une forme du sanscrit vailâ (période), mot qui se rattache, à son tour, au sanscrit vail (mouvoir, tourner). Le temps se caractérise, en effet, par le mouvement. Cfr. lat. volvo (je tourne, je roule) ; franç. révolution, grec εἱλέω (je roule) ; angl. wheel (roue).

  60. Canstatt se nommait jadis Condi-Stat. Ce nom provient d’un mot celtique Condate (condida, Condé, Cosne). Du nom de Condate, s’est formé celui de la Can-bach, rivière qui se jette dans le Neckar près de Canstatt.
  61. On ignore s’il s’agit ici d’un Hermann (P., p. 32). Peut-être ce nom a-t-il trait à la population germanique : cette ville est peuplée d’Allemands. Il n’y a aucun document qui milite en faveur de l’étymologie de « ville des guerriers » (Heere, Mann), et il serait encore plus difficile de traduire Hermannstadt par « ville des Frères » (lat. germanus, frère).
  62. Ce nom n’a trait ni à Schliesse (chose qui ferme ; clavette ; vanne), ni à Schleuse (écluse), ni à Schlehe (prune ; prunier) : Cette ville se nommait jadis Selatstatt (Schletstat, Scletistata). Le mot selat cache une dénomination celtique, peut-être celle que nous offre le nom de lieu irlandais Seltun (lieu planté de saules : irland. saileach, sillag, sallag, sill, espèce de saule). Cette étymologie conviendrait très bien à un lieu arrosé par l’Ill, la Lièpvre et la Scheer.
  63. Cette ville est située dans la vallée de l’Oder et le fleuve s’y partage en quatre bras. Des géographes ont trouvé dans ce nom l’anagramme de Stettin : ist nett.
  64. L’anc. h. all., stata, m. h. all. stat, state signifie lieu, place ; en frison stata (bien-fonds ; propriété foncière). On ne doit donc pas être étonné de rencontrer une forme de ces mots dans des noms de localités auxquelles le nom de Stadt (ville) ne convient pas. C’est ainsi que Staden (auj. Stade) serait mal traduit par ad urbes.

    D’un autre côté en v. h. all. stat, stade signifie rivage, port ; cfr. Gestade, lieu où abordent les vaisseaux, rivage, côte, plage.

  65. Ces noms sont apparentés avec le nom de Sedlitz. En wende, ssedlo, en tchèque sydlo, en polonais siedlisko signifie « lieu d’habitation » (Sitz, Wohnsitz).
  66. On a dérivé ces mots de Laube (lobe), lieu couvert de verdure, berceau, galerie, portique, espace couvert ; cabinet ; bas lat. lobia, laubia (verdeckte Gallerie). Cf. Laub, feuillage, assemblage de feuilles ; feuilles. Mais il est plus vraisemblable que la forme leben a le sens de Wohnung (habitation).)
  67. En celtique bod et bot avaient le sens d’habitation rurale (mansio) et de hameau (gallois bwth, irland. boith et both ; en gaél. bodh = hutte). On retrouve ce radical dans : Le Bot (Vendée), Botmel (Côtes-du-Nord), Botsorhel (Finistère), etc. La forme booth est fréquemment employée dans les noms de lieux du Lancashire : Hey Booth, Crawshaw Booth, Constable-le-Booth, Oakenhead Booth, etc.

    En slave, bauda, buda, bude, maison. Cfr. hébreu bayth (en construct. beth), maison.

  68. Cette ville nommée jadis Budissin existait avant l’arrivée des Tudesques et des Slaves. Son nom a été très justement rattaché aux mots celtiques budh (maison, hutte) et sin ou schin, formes sifflantes de din (dun, forteresse). En kymrique din a le sens de « temple, » de « lieu où l’on enterrait les chefs : » Budyssin pourrait signifier : « habitation du sanctuaire. »

    Büttel (en bas all. forme diminutive de Bude) signifiait mansio : bien, patrimoine, héritage ; en v. sax. bodl, habitation* : Büttel, Büttelbronn, Büttelstett ; Apenbüttel, Brunsbüttel (de Bruno), Dannenbüttel (Tanne, sapin), Isenbüttel, Kitzebüttel (Kitze, chatte ; chèvre), Wolfenbüttel (commoratio seu sedes lupi ou luporum ; mais ce nom ne dérive pas de Wolf, loup ; des titres du xie siècle donnent à cette localité le nom de Wulferbutle, qui provient sans doute du nom du fondateur, du propriétaire de l’ancien château, ou d’un chef, Wolfhart, Wolfer ; P., p. 229), etc.

    * Büttel, huissier – bidel – se rattache à bieten, mander ; Bote, messager.

  69. Quelquefois bur et bury sont des formes de l’anglo-sax. beorh (colline ; cfr. Berg et Burg) : Canterbury, etc ; — Burford (gué de la colline ; — ou de l’habitation) ; Burbach (dans le Leincestershire), de burr (chardon) et Bach (cours d’eau).
  70. Ducange dit très bien, à ce propos : Enta manerium, seu domus, ubi quis est ; seu habitat.
  71. En roman, on disait : faire entrer ens (= faire entrer dedans). Le livre de Roisin (p. 307) : « Ils doivent faire entrer ens homme vivant et mourant. » On écrivait aussi enz. Léans (pour là ens) signifiait « là dedans ; » et nous disons encore aujourd’hui le maître de céans (jad. ci ens ou ce ens pour le maître de « ici-dedans. » Mais le mot céans offre plutôt le bas lat. caia, cea, chio (enclos, maison, village) et la forme romane .
  72. En norois, hamar a le sens de rocher, roche abrupte. Cette signification convient au Hammerstein de la Prusse. Le Hammerstein des bords du Rhin est un château en ruines, dont les trois tours aurait été, dit la légende, bâties par Charles Martel (le Marteau, der Hammer).
  73. Nous croirions plutôt que quelques-uns de ces noms se rapportent à un mot celtique qui signifie l’eau (ass, asc). En irlandais eas (cataracte), ess, essan, essaun (chute d’eau, cataracte). Nous expliquerions mieux ainsi les noms d’Esbach (riv.), Eschach (riv.), Esse (riv. de France, affl. de la Moselle), Essenbach, etc.

    Le nom d’Essen (jad. Esna, lat. Assindia ou Essendia) rappelle une localité dans le voisinage de laquelle est la fameuse usine des canons d’acier de Krupp (In ihrer Umgebung liegt die weltberühmte Krupp’sche Gußstahlfabrik). Mais le nom primitif vient-il d’une forge ou d’une chute d’eau ? Tout ce que nous pouvons dire, c’est que cette ville est située sur la Berne (nom apparenté à born, bronn, brun, source, cours d’eau).

  74. On a supposé que cette ville devait son nom à Ovon ou Aba, roi de Hongrie. D’autres ont pensé qu’elle avait été ainsi nommée à cause de ses fours à chaux (Kalkofen, four à chaux) ou à cause de ses eaux chaudes. Ofen est reliée par un pont à Pesth, capitale de la Hongrie. Le nom de Pesth serait peut-être synonyme de Ofen (four). En wende, pàz signifie « four » (de paz, cuire du pain ; cuire ; en polon. on dit piec et en tchèque pec). De là viennent les noms de : Peitz, Peitzen, Peitzendorf, Peitschendorf, Pietzkendorf, etc.
  75. Mentionnons l’opinion de ceux qui ont dérivé ce nom de Hand (main) et werfen (jeter). Pour expliquer cette étymologie, on a dit qu’un géant, établi en cet endroit, exigeait un tribut de tous ceux qui remontaient ou descendaient l’Escaut, et on a ajouté que ce barbare coupait la main à ceux qui résistaient et la jetait dans le fleuve (quasi Handwerpen, quod ibi gigas manum mercatorum qui tributum recusabant ejiciebat in flumen). Mais Anvers est une place maritime et commerçante et il est facile d’avoir la preuve de l’existence du werf ou débarcadère primitif du port de cette ville, et de la chaussée qui reliait ce Werf à l’Opslag.

    Il est toutefois probable que cette ville portait un nom approchant de celui d’Antwerp, avant d’offrir un Hafendamm (digue d’un port) et un Schiffswerft (chantier de construction de vaisseaux). Ce nom d’Antwerp peut nous offrir les mots celtiques an (article défini) et twarp, twerp (= Dorf) qui désigne un « lieu entouré, fortifié. »

  76. Le Cattegat, bras de mer par lequel le Détroit (Sund), le Sund, communique avec l’Océan du Nord.

    Le Gatt unit la grande nappe d’eau nommée Frische Haff avec la Baltique.

  77. Cette ville doit son nom aux cinq églises qu’elle possédait. Ce nom occasionna une bévue. Un des rédacteurs de l’Encyclopédie s’imagina que l’évêque de cette ville, contrairement aux règles canoniques relatives à la pluralité des bénéfices, administrait cinq églises ou cinq diocèses.
  78. On désigna d’abord sous ce nom les endroits où les rois francs déposaient la chape (franç. cape ; manteau qui avait un capuchon [Kappe, calotte, coiffe, etc. ; manteau à capuchon ; cfr. lat. caput, tête]) de saint Martin, pour lequel ils avaient une grande vénération, et qu’ils faisaient porter avec eux dans leurs expéditions militaires. Le nom de chapelle fut ensuite donné aux petits oratoires où étaient un autel avec des reliques.