Guy Mannering/53

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Guy Mannering, ou l’astrologue
Traduction par Albert Montémont.
Ménard (Œuvres de Walter Scott, volume 6p. 390-397).


CHAPITRE LIII.

LA TRAHISON.


La dame perdait sa peine à parler au roi d’une façon bienséante ; le roi Arthur, absorbé par son chagrin, ne lui répondait pas. Quel homme es-tu ? lui demanda la dame ; pourquoi ne veux-tu pas me répondre ? Je puis soulager ta peine, quoique je te semble laide.
Le Mariage de sir Gauvain.


La belle fiancée de sir Gawain, tant que dura le charme jeté sur elle par sa méchante belle-mère, était probablement plus décrépite et, comme on dit communément, plus hideuse que Meg Merrilies ; mais je doute qu’elle possédât cet enthousiasme sauvage qu’une imagination exaltée communiquait aux traits singuliers et fortement caractérisés, ainsi qu’à tous les mouvements de cette femme, qui, eu égard à son sexe, pouvait paraître gigantesque. Aussi les chevaliers de la table ronde n’éprouvèrent pas une plus grande terreur, lorsqu’elle leur apparut entre un chêne et un buisson de houx, que Lucy Bertram et Julia Mannering en voyant la sibylle galwégienne sur la prairie d’Ellangowan.

« Pour l’amour de Dieu, dit Julia en tirant sa bourse, donnez quelque chose à cette femme qui me fait peur, et dites-lui de s’en aller ! — Impossible, dit Bertram ; je ne dois pas l’offenser. — Qui vous retient ici ? dit Meg élevant au plus haut ton sa voix rude et sombre. Pourquoi ne me suivez-vous pas ? Pensez-vous que votre heure sonnera deux fois ? Ne vous souvenez-vous plus de votre serment : À l’église ou au marché, à un enterrement ou à une noce ? » Et elle éleva son doigt décharné, dans une attitude menaçante.

Bertram, se tournant vers ses compagnes épouvantées : « Excusez-moi pour un moment, leur dit-il ; j’ai promis de suivre cette femme. — Bon Dieu ! promis de suivre une folle ! s’écria Julia. — Une Bohémienne, dont la bande est cachée dans le bois pour vous assassiner ! ajouta Lucy. — Ce n’est pas parler comme un enfant d’Ellangowan, dit Meg en lançant un regard courroucé à miss Bertram. Ceux qui soupçonnent le mal peuvent faire le mal. — Il faut que j’y aille, dit Bertram, c’est indispensable ; attendez-moi ici cinq minutes. — Cinq minutes ! dit la Bohémienne ; cinq heures vous suffiront à peine. — L’entendez-vous ? dit Julia ; pour l’amour de Dieu, n’y allez pas ! — Il le faut ! il le faut ! M. Dinmont vous reconduira à la maison. — Non, dit Meg, il doit venir avec vous ; c’est pour cela qu’il est ici. Il vous assistera et du cœur et du bras, c’est un devoir pour lui. Il a failli vous en coûter cher pour vous être mêlé de ses affaires. — C’est vrai, c’est vrai, répondit l’intrépide fermier ; je ne quitte pas le capitaine. Il verra que je ne l’ai pas oublié. — Oh, oui, s’écrièrent en même temps les deux demoiselles, que M. Dinmont vous accompagne, si vous voulez absolument obéir à un ordre si étrange ! — Il le faut, répondit Bertram ; mais vous voyez que je suis bien gardé. Adieu pour quelques instants. Retournez à la maison le plus vite que vous pourrez. »

Il pressa la main de sa sœur, et adressa à Julia un regard d’adieu encore plus tendre. Immobiles de surprise et de crainte, les deux jeunes demoiselles regardèrent, l’œil inquiet, Bertram et son compagnon s’éloigner avec leur guide extraordinaire. Son long spectre se mouvait sur la bruyère couverte de givre, d’un pas si rapide, si allongé et si ferme, qu’elle semblait plutôt glisser que marcher. Bertram et Dinmont, tous deux d’une grande taille, paraissaient à peine aussi grands qu’elle, à cause de la longue robe et du haut bonnet qu’elle portait. Elle s’avançait droit à travers la prairie, sans suivre les détours du petit sentier par lequel on évitait ordinairement les inégalités et les petites hauteurs qui la traversaient. Ces trois figures, qui se rapetissaient en s’éloignant, disparaissaient souvent, quand elles descendaient dans un fond, pour reparaître lorsqu’elles en sortaient. Il y avait quelque chose d’effrayant, de surnaturel, dans la course rapide et en droite ligne de Meg, qui ne tenait compte d’aucun des obstacles qui détourneraient un voyageur du chemin le plus direct. Elle allait presque aussi vite et en ligne aussi droite qu’un oiseau qui vole dans les airs. Enfin ils arrivèrent aux bois qui s’étendaient des limites de la prairie vers les clairières et le ruisseau de Derncleugh, et on cessa tout-à-fait de les voir.

« Ceci est bien extraordinaire, dit Lucy, après un moment de silence, en se retournant vers sa compagne ; que peut-il avoir affaire avec cette vieille sorcière ? — C’est bien effrayant, répondit Julia, et cela me rappelle les contes de sorcières, de magiciennes, de mauvais génies, que j’ai entendus dans les Indes. On croit, dans ce pays, que certaines gens ont dans le regard un tel pouvoir de fascination, qu’ils sont maîtres de la volonté et de tous les mouvements de leurs victimes. Que peut avoir de commun votre frère avec cette épouvantable femme, pour qu’il nous quitte, en apparence contre son gré, pour la suivre ? — Au moins, dit Lucy, elle n’a pas de mauvais dessein ; autrement elle n’aurait pas emmené le fidèle Dinmont, dont Henri vante le courage et la force. Retournons au château, pour y attendre l’arrivée du colonel ; peut-être Bertram sera-t-il revenu avant lui. En tout cas, le colonel décidera s’il y a quelque chose à faire. »

S’appuyant sur le bras l’une de l’autre, mais se soutenant même avec peine, tant elles étaient tremblantes et agitées, elles arrivèrent enfin à l’avenue de Woodbourne. Bientôt les pas d’un cheval se firent entendre derrière elles. Elles s’arrêtèrent, et, à leur grande satisfaction, reconnurent le jeune Hazlewood.

« Le colonel sera de retour dans quelques instants, leur dit-il ; je suis venu en avant pour offrir plus tôt mes respects à miss Bertram, ainsi que mes sincères félicitations sur l’heureux événement qui vient d’arriver dans sa famille. Je désire être présenté au capitaine Bertram, afin de le remercier de la leçon bien méritée qu’il a donnée à mon imprudence et à mon indiscrétion. — Il vient de nous quitter, répondit Lucy, et d’une manière qui nous a beaucoup épouvantées. »

Dans ce même moment, la voiture du colonel arriva. Il la fit arrêter, descendit avec son docte compagnon, et vint rejoindre les deux demoiselles, qui leur apprirent aussitôt la cause de leur nouvelle alarme.

« Encore Meg Merrilies ! dit le colonel ; c’est l’être le plus mystérieux et le plus incompréhensible !… Mais je pense qu’elle avait à communiquer à Bertram quelque chose qu’elle ne voulait pas que nous sachions. — Que le diable enlève la vieille folle, dit l’avocat ; elle ne veut jamais laisser les choses suivre leur cours prout de lege[1] ; il faut qu’elle vienne à tout moment prendre le gouvernail pour diriger la barque à sa fantaisie. Je crains, d’après la direction qu’ils ont suivie, qu’ils ne se rendent à Ellangowan. Ce scélérat de Glossin nous a appris quels coquins il a à sa disposition. Je souhaite que l’honnête Dandie suffise pour le protéger. — Si vous le voulez, dit le jeune Hazlewood, je me mettrai au galop dans la direction qu’ils ont prise. Je suis assez connu dans le pays pour être sûr qu’aucun acte de violence ne sera commis en ma présence ; je me tiendrai à une certaine distance pour n’avoir point l’air de surveiller Meg et pour ne point interrompre les communications qu’elle peut avoir à faire à M. Bertram. — Sur ma parole ! dit M. Pleydell à part, ce bambin que je me rappelle avoir vu il n’y a pas bien des années avec une figure couleur de petit-lait et un sachet autour du cou, est maintenant un homme. Je redoute plus une nouvelle tentative d’oppression légale qu’une violence ouverte. D’ailleurs, je présume que la présence de ce jeune homme intimidera Glossin et ses coupe-jarrets. Allez donc, mon garçon ; cherchez bien, vous le trouverez probablement dans les environs de Derncleugh ou dans le bois de Warroch. »

Hazlewood tourna bride. « Revenez dîner avec nous, Hazlewood, » cria le colonel. Charles lui répondit par un salut, donna de l’éperon à son cheval, et partit au galop.

Cependant Bertram et Dinmont suivaient leur guide à travers les vallons et les bois, entre la prairie et le hameau ruiné de Derncleugh. Meg marchait devant eux, sans jamais se détourner, si ce n’est pour leur dire de hâter le pas quoique, malgré la rigueur du froid, la sueur leur découlât du visage. Parfois elle s’adressait à elle-même des phrases interrompues, comme celle-ci : « C’est rétablir la vieille maison… c’est replacer la pierre angulaire… Ne l’en ai-je pas averti ?… Je leur ai dit que j’étais née pour cela, quand même il en irait de la tête de mon père : c’est mon destin… Dans la prison, dans les fers, je n’ai pas oublié mes desseins. J’ai été bannie… je les ai emportés avec moi dans les pays lointains… J’ai été fouettée, j’ai été marquée… ma résolution était trop profonde pour que les verges et le fer rouge pussent pénétrer jusqu’à elle… Et maintenant l’heure est venue. »

« Capitaine, dit Dinmont à demi-voix, je souhaite que ce ne soit pas une sorcière : ses paroles ne me paraissent pas être celles d’une chrétienne, ni ressembler à celles des autres femmes. On dit dans mon pays qu’il y a des gens comme cela. — Ne craignez rien, mon ami. — Craindre ! Je ne la crains pas. Qu’elle soit le diable ou une sorcière, c’est tout un pour Dandie Dinmont. — Silence, brave homme, dit Meg en le regardant par dessus l’épaule d’un air irrité ; croyez-vous que ce soit le temps et le lieu de parler ? — Ma bonne amie, reprit Berlram, je ne doute pas de votre bonne foi et de vos bonnes intentions pour moi ; déjà vous m’en avez donné des preuves : mais en retour vous devriez avoir en moi quelque confiance. Je voudrais savoir où vous nous conduisez. — Ma réponse sera courte, Henri Bertram, dit la sibylle. J’ai juré que ma langue ne parlerait jamais ; mais je n’ai point juré que mon doigt ne montrerait jamais. Avancez donc pour retrouver votre fortune, ou retournez sur vos pas pour la perdre. C’est là tout ce que j’ai à vous dire. — Marchez, répondit Bertram ; je ne vous ferai plus de questions. »

Ils descendirent dans le vallon où Meg avait quitté Bertram après la nuit qu’il passa dans les ruines de Derncleugh. Ils s’arrêtèrent un instant au-dessus du grand rocher au pied duquel il avait vu inhumer le lieutenant Brown. Malgré tous les soins qu’on avait pris, la terre paraissait avoir été fraîchement remuée, et leurs pas s’y imprimèrent. « Ici, dit-elle, repose un homme qui avant peu, peut-être, aura des voisins. »

Elle traversa un petit ruisseau, et arriva au hameau abandonné ; là, s’arrêtant devant une des cabanes qui étaient encore debout, elle dit d’un ton moins brusque, quoique toujours aussi solennel, et avec un regard qui exprimait un intérêt tout particulier : « Voyez-vous ces murs noircis, ce toit à moitié brisé ?… c’est là que pendant quarante ans a brillé la flamme de mon foyer,… c’est là que j’ai mis au monde douze enfants, garçons et filles. Où sont-ils maintenant ?… où sont les feuilles qui étaient sur le vieux chêne à la Saint-Martin ?… Le vent du nord l’a dépouillé,… et moi aussi je suis dépouillée… Voyez-vous ce saule ?… ce n’est plus qu’un tronc noirci et vermoulu maintenant…. Je me suis assise à son ombre pendant bien des soirées d’été, alors qu’il suspendait ses guirlandes verdoyantes au-dessus du ruisseau ; oui, je m’y suis assise… » Et élevant la voix : « Je vous ai tenu sur mes genoux, Henri Bertram, en vous chantant des ballades sur les vieux barons et leurs guerres sanglantes. Il ne reverdira plus, et Meg Merrilies aura aussi cessé de chanter. Mais vous ne l’oublierez pas, et vous ferez rebâtir sa vieille cabane pour l’amour d’elle. Placez-y quelqu’un dont la conscience soit assez pure pour ne pas craindre les habitants d’un autre monde. Si les morts reviennent parmi les vivants, on me verra quelquefois dans cette vallée, les soirs, après que ces os seront disjoints dans la terre. »

Le mélange de folie et d’enthousiasme qui caractérisait ce discours, son bras droit nu et étendu, l’autre enveloppé dans son manteau d’un rouge foncé, eût fait de Meg en ce moment une étude digne de notre Siddons elle-même. « Maintenant, dit-elle en reprenant cette voix brusque, rude et brève, qui lui était ordinaire, à l’ouvrage, à l’ouvrage ! »

S’avançant alors vers la petite tour de Derncleugh, elle tira une clef de sa poche et en ouvrit la porte. L’intérieur était en meilleur ordre que la dernière fois que Bertram l’avait vue. « J’ai préparé cette chambre, dit-elle ; j’y serai peut-être, ce soir même, étendue sur mon lit de mort. Il y aura peu de monde pour veiller autour du corps de Meg, car beaucoup de nos gens blâmeront ce que j’ai fait et ce que je vais faire. »

Elle leur montra une table sur laquelle étaient quelques viandes froides préparées avec plus de propreté qu’on n’aurait pu s’y attendre d’après sa manière de vivre. « Mangez, leur dit-elle, mangez. Vous en avez besoin pour supporter les fatigues qui vous attendent. »

Bertram, pour lui obéir, mangea une ou deux bouchées. Mais Dinmont, dont l’appétit ne pouvait être diminué ni par l’étonnement, ni par la crainte, ni par le déjeuner du matin, se conduisit aussi vaillamment qu’il avait coutume de faire à table. Elle leur offrit un verre d’eau-de-vie que Bertram but après l’avoir trempé d’eau, et Dinmont tel qu’il lui était présenté.

« Et vous-même, ne prendrez-vous rien ? dit Dinmont à leur mystérieuse hôtesse. — Je n’en aurai pas besoin, répondit-elle ; mais à présent il vous faut des armes… Il ne faut pas que vous alliez les bras ballants… Mais ne vous en servez qu’autant qu’il sera nécessaire… Faites-le prisonnier, mais ne lui ôtez pas la vie… Que la justice la lui ôte il faut qu’il parle avant de mourir. Qui faudra-t-il prendre ? qui devra parler ? » demanda Bertram étonné, tout en recevant une paire de pistolets qu’elle lui présentait, et en les examinant : ils étaient chargés.

« Les pierres sont bonnes et la poudre est sèche, dit-elle. Je m’y connais. »

Sans répondre à ces questions, elle arma Dinmont d’un pistolet d’arçon, puis leur dit de choisir chacun un bâton dans un paquet de gourdins de fort mauvaise apparence qu’elle alla chercher dans un coin de la chambre. Bertram choisit un arbre vigoureux, et Dinmont une massue qui aurait convenu à Hercule lui-même. Ils sortirent ensemble de la tour ; et Bertram se trouvant près de Dinmont, il lui dit à l’oreille : « Il y a quelque chose d’inexplicable dans tout cela… mais nous ne ferons usage de ces armes qu’en cas de nécessité, et pour notre légitime défense. Ayez soin de faire ce que vous me verrez faire. »

Dinmont répondit par un geste d’intelligence. Continuant de suivre leur conductrice à travers les bruyères, les champs, les prés, les fondrières, ils gagnèrent le bois de Warroch par le même sentier qu’avait suivi le feu laird d’Ellangowan quand il courut à Derncleugh, cherchant son fils, dans la funeste nuit du meurtre de Kennedy.

Quand ils furent arrivés au milieu de ces arbres dans lesquels le vent du nord faisait entendre des sifflements lugubres et perçants, Meg s’arrêta un moment comme pour reconnaître son chemin. « Il faut, dit-elle, suivre la même route ; » puis elle se remit en marche. Mais au lieu de s’avancer en droite ligne comme auparavant, elle leur fit suivre mille détours, et les conduisit enfin dans une petite clairière de la grandeur d’un acre environ, entourée d’arbres et de buissons qui formaient une clôture sauvage et irrégulière. Même en hiver, c’était une retraite solitaire, séparée du reste du bois, et presque inaccessible ; mais quand elle était parée de la verdure du printemps, quand la terre était émaillée de fleurs, les buissons d’alentour couverts de verdure, et que les bouleaux qui s’élevaient au-dessus du taillis laissaient pendre leurs longs rameaux garnis de feuilles, comme pour intercepter les rayons du soleil, c’était un asile convenable à un jeune poète pour y composer ses premiers sonnets, ou à deux amants pour s’y faire le premier aveu de leur mutuelle tendresse. Pourtant ce lieu éveilla dans l’âme de Henri des sentiments d’une nature bien différente : lorsqu’il eut promené ses regards autour de lui, son front se rembrunit, son visage se contracta. Meg se dit à elle-même : « Voilà bien la place ; » et, lui lançant à la dérobée un coup d’œil hagard : « Reconnaissez-vous cet endroit ? lui demanda-t-elle. — Oui, répondit Bertram, quoique imparfaitement. — Ah ! poursuivit son guide, c’est ici qu’il tomba de cheval… J’étais en ce moment derrière ce buisson d’épines… Comme il se débattit ! comme il demanda miséricorde ! mais il était entre les mains de gens qui ne connurent jamais ce mot… Maintenant je vous montrerai le sentier que nous avons parcouru la dernière fois que je vous portai dans mes bras. »

Alors, sans suivre aucun sentier, elle les conduisit à travers le fourré du bois, jusqu’à ce que, par la déclivité presque imperceptible du terrain, ils se trouvassent tout-à-coup sur le bord de la mer. Meg s’avança d’un pas rapide parmi les rochers ; s’arrêtant alors devant un énorme fragment qui en était détaché. « C’est ici, que le corps fut trouvé, dit-elle d’une voix basse. — La caverne, dit Bertram sur le même ton, est tout à côté. Est-ce là que vous nous menez ? — Oui, dit la Bohémienne d’une voix déterminée. Affermissez vos cœurs… Entrez comme moi en rampant… J’ai arrangé la provision de bois de manière à vous bien cacher. Restez derrière jusqu’à ce que je dise : L’heure et l’homme sont arrivés. Alors, jetez-vous sur lui, enlevez-lui ses armes ; garrottez-le, à lui faire sortir le sang par les narines. — Sur mon âme, je le ferai, dit Henri, si c’est l’homme que je suppose… Jansen ? — Oui, Jansen, Hatteraick, et vingt autres noms. — Dinmont, c’est maintenant que j’ai besoin de vous, car cet homme est un vrai démon. — Comptez sur moi. Mais je voudrais réciter un petit bout de prière avant d’entrer à la suite de cette sorcière dans la caverne qu’elle débouche. Ce serait un bel ouvrage, d’abandonner ce beau soleil, cet air pur, et de se fourrer dans un trou pareil pour s’y faire tuer comme un renard dans son terrier. Mais, n’importe ; le diable m’enlève si je vous abandonne ! » Ceci se disait aussi bas que possible. L’entrée étant déblayée, Meg s’y glissa en se traînant sur les mains et sur les genoux ; Bertram la suivit, et Dinmont, après avoir jeté encore un regard vers le jour qu’il n’abandonnait pas sans regret, entra le dernier.

  1. Suivant la loi. a. m.