Henri Cornélis Agrippa/Lettre XX

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XX
Agrippa à Dieudonné.

Genève, 1521.

Le courrier auquel j’avais confié la lettre que je vous adressais, révérend père et respectable ami, nous est revenu après avoir pris une autre route. Comme, en ce moment, il se trouve auprès de moi à l’improviste et tout à fait pressé, je ne puis vous écrire aussi longuement que je le désirerais.

Mais, pour répondre en peu de mots à votre lettre, sachez que je me suis déjà fort souvent abouché avec notre ami commun, l’official[1], afin de pouvoir satisfaire à votre très honorable désir. Mais cette affaire ne manque pas de difficultés et demande beaucoup de frais. Il espère pourtant arriver en peu de temps à éclaircir la vérité. Dès qu’elle sera reconnue, je vous le ferai savoir.

Quant à l’opinion théologique dont vous parlez, je vous dirai que je suis fortement de leur avis. Pour leur scrupule, que vous agitez et qui paraît vous causer beaucoup d’inquiétude, je ne doute pas de pouvoir facilement vous montrer en quoi et comment on doit s’en débarrasser. Il me suffirait de pouvoir causer avec vous en toute franchise, ou de vous écrire plus longuement en toute liberté. Vous savez, je pense, que le chrétien est l’homme le plus libre de tous, comme il est également l’esclave le plus obséquieux de tous c’est assez pour ce scrupule.

Au reste, cette question ne peut être examinée dans cette lettre, du moins relativement à ce qui me resterait encore à dire.

Soyez heureux. L’an 1521.

  1. Eustache Chapuys.