Histoire universelle/Tome I/II/IV

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Société de l’Histoire universelle (Tome Ip. 63-64).
Insulinde

Sumatra et Java, n’ont point d’histoire à proprement parler. Encore ne peut-on les ignorer en raison de leur importance géographique. La Hollande qui, depuis le xviie siècle (Batavia a été fondée en 1619) possède en cette partie du monde un empire de quelques trente millions d’habitants a commencé de le développer économiquement mais les possibilités sous ce rapport sont loin d’être atteintes. Politiquement ces îles n’ont formé le plus souvent que de la poussière d’états. Aucune fédération puissante ne les a liées. À un moment seulement — après la tentative de Koublaï Khan pour soumettre Java et sous l’impulsion de Radem Vijaya qui avait pris la tête de la résistance — un pouvoir de quelque envergure s’édifia dans cette île. Ce fut ce qu’on a appelé l’empire de Madjapahit (1294-1474). Il paraît avoir étendu son action sur tout l’archipel malais. La civilisation dont il se réclamait venait de l’Inde car depuis l’ère chrétienne l’Inde brahmaniste — et depuis l’an 423 environ l’Inde bouddhiste — n’avaient cessé d’exercer à Java et à Sumatra une influence exclusive. Littérature, architecture, croyances, tout était hindou. Il semble que l’activité maritime de cette race malaise en perpétuelle circulation depuis le Japon jusqu’à Madagascar ait capté toutes ses énergies et ne lui ait laissé ni le moyen ni le goût d’innover dans le domaine de l’esprit. Par la suite, et toujours en imitation de l’Inde, des princes javanais convertis à l’islamisme établirent des sultanats musulmans mais sans que l’orientation générale en fut modifiée dans l’archipel. Il faut considérer sans doute l’Insulinde actuelle comme en état d’indifférence à l’égard des choses d’Europe mais apte à réagir à toute impulsion asiatique et cela avec plus ou moins de force selon que l’impulsion viendrait de l’Inde ou bien de la Chine ou du Japon.