L’Encyclopédie/1re édition/APPRÊTER

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 557).
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APPRÊTER, v. act. chez les Fondeurs de caracteres d’Imprimerie, c’est donner aux caracteres la derniere façon, qui consiste à polir avec un couteau fait exprès les deux côtés des lettres, qui forment le corps, pour fixer & arrêter ce corps suivant les modeles qu’on aura donné à suivre, ou suivant la proportion qui lui est propre ; ce qui se fait à deux, trois, ou quatre cens lettres à la fois, qui sont arrangées les unes à côté des autres sur un morceau de bois long qu’on appelle composteur. Etant ainsi arrangées, on les ratisse avec le couteau, plus ou moins, jusqu’à ce qu’elles soient polies & arrivées au degré précis d’épaisseur qu’elles doivent avoir. Voyez Composteur, Fonderie & caracteres.

Apprêter l’étain. Toutes les gouttes étant reverchées, voyez Revercher, on les apprête, ainsi que les endroits des jets qu’on a épilés, voyez Épiler. Apprêter, c’est écouaner, ou raper, ou limer la piece, pour la rendre unie & facile à tourner : on dit écouaner, parce qu’on se sert d’une écouane ou écoine, ou d’une rape, outil de fer, dont les dents sont plus grosses que celles des limes. Pour appréter aisément, il faut avoir devant soi une selle de bois à quatre piés, de trois piés de long sur environ un pié de large, de la hauteur du genou, au milieu de laquelle il y ait une planche en travers d’environ 18 pouces de long & de 10 ou 12 de large ; on arrête cette selle, que l’on appelle établi ou apprêtoir, avec une perche ou morceau de bois posé sur le milieu, & portant roide contre le plancher, pour tenir l’apprêtoir en arrêt. En tenant sa piece du genou gauche, si c’est de la poterie, & appuyant contre l’apprêtoir, on a les deux mains libres, & avec l’écouane on rape les gouttes en faisant aller cet outil à deux mains. Si c’est de la vaisselle, on tient plusieurs pieces ensemble l’une sur l’autre, sur ses genoux, en les appuyant à l’apprêtoir, soit pour raper les jets, soit pour raper les gouttes. L’écouane ou la rape doit être courbe lorsqu’il faut aller sur les endroits plats, comme les fonds ; puis on rape les bavures d’autour du bord avec une rape plus petite que l’écouane, ou un gratoir sous bras ; & si les gouttes sont un peu grosses par-dedans, on les unit avec le gratoir ou un ciseau.

On dit encore apprêter pour tourner, de ce qui se tourne avant de souder, comme les bouches des pots-à-vin, les bas des pots-à-l’eau, &c.

On peut encore dire apprêter pour tourner de ce qui se répare à la main avant de tourner la piece, comme les oreilles d’écuelle, les cocardes ou becs d’aiguiere, &c. Voyez Reparer.

Apprêter, en terme de Vergettier, c’est mettre ensemble les plumes & les soies de même grosseur, de même grandeur, & de même qualité.

Apprêter au fourneau (en terme de Vergettier,) c’est passer le bois d’une raquette au feu pour le rendre plus pliant, & lui faire prendre la forme qu’il doit avoir, & qu’il ne pourroit acquérir sans cette précaution.