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L’Encyclopédie/1re édition/BOUFFON

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 355).
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BOUFFON, s. m. (Hist. anc. & littér.) comédien, farceur qui divertit le public par ses plaisanteries ; qui fait & qui dit des quolibets pour faire rire les spectateurs, & attraper de l’argent. Voyez Mime, Pantomime, Burlesque.

Ménage après Saumaise, dérive ce mot de buffo. On nommoit ainsi en latin ceux qui paroissoient sur le théatre avec les joues enflées pour recevoir des soufflets ; afin que le coup fît plus de bruit, & excitât davantage à rire les spectateurs. Quelques-uns dérivent ce mot d’une fête qui fut instituée dans l’Attique par le Roi Erechtée, à l’occasion d’un sacrificateur nommé Buphon, lequel après avoir immolé le premier bœuf sur l’autel de Jupiter Polyen, ou gardien de la ville, s’enfuit sans aucun sujet si soudainement, qu’on ne put ni l’arrêter, ni le trouver. La hache & les autres ustensiles du sacrifice furent mis entre les mains des juges, pour leur faire leur procès : les juges déclarerent la hache criminelle & le reste innocent. Toutes les autres années suivantes on fit le sacrifice de la même sorte. Le sacrificateur s’enfuyoit comme le premier, & la hache étoit condamnée par des juges. Comme cette cérémonie & ce jugement étoient tout-à-fait burlesques, on a appellé depuis bouffons & bouffonneries toutes les autres momeries & farces qu’on a trouvées ridicules. Cette histoire est rapportée dans Cælius Rhodiginus, lib. VIII. c. vj. (G)