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L’Encyclopédie/1re édition/CIMENT

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CIMENT, s. m. (Architect.) dans un sens général, est une composition d’une nature glutineuse & tenace, propre à lier, unir, & faire tenir ensemble plusieurs pieces distinctes.

Ce mot vient du Latin cæmentum, dérivé de cado, couper, hacher, broyer. M. Felibien observe que ce que les anciens architectes appelloient cæmentum, étoit toute autre chose que ce que nous appellons ciment. Par ciment, ils entendoient une espece de maçonnerie, ou une maniere de poser leurs pierres, ou bien la qualité même des pierres qu’ils employoient ; comme lorsqu’ils faisoient des murs ou des voûtes de moilon ou de blocage. En effet il y avoit une coupe de pierres propres pour ces sortes d’ouvrages, pour lesquels on ne les faisoit point quarrées ni uniformes : de sorte que cæmenta proprement étoient des pierres autres que ce qu’on appelle pierres de taille.

Le mortier, la soûdure, la glue, &c. sont des sortes de ciment. Voyez Mortier, Soudure, Glue, &c. Le bitume qui vient du Levant fut, dit-on, le ciment qu’on employa aux murs de Babylone. Voyez Bitume.

Un mêlange de quantités égales de verre en poudre, de sel marin, & de limaille de fer, mêlés & fermentés ensemble, fournit le meilleur ciment que l’on connoisse. M. Perrault assûre que du jus d’ail est un excellent ciment pour recoller des verres & de la porcelaine cassée.

En termes d’Architecture, on entend particulierement par ciment, une sorte de mortier liant, qu’on employe à unir ensemble des briques ou des pierres, pour faire quelque moulure, ou pour faire un bloc de briques, pour des cordons ou des chapiteaux, &c.

Il y en a de deux sortes : le chaud qui est le plus commun ; il est fait de résine, de cire, de brique broyée, & de chaux, bouillies ensemble. Il faut mettre au feu les briques qu’on veut cimenter, & les appliquer toutes rouges l’une contre l’autre avec du ciment entre deux.

On fait moins d’usage du ciment froid : il est composé de fromage, de lait, de chaux vive, & de blanc d’œuf.

Le ciment des Orfevres, des Graveurs, & des Metteurs-en-œuvre, est un composé de brique mise en poudre & bien tamisée, de résine, & de cire : ils s’en servent pour tenir en état les ouvrages qu’ils ont à graver, ou pour remplir ceux qu’ils veulent ciseler.

Le ciment des Chimistes[1] est une masse composée, ou une poudre mouillée dont ils se servent pour purifier l’or & en séparer les métaux impurs qui y sont mêlés. Voyez Or & Purification.

Ces sortes de cimens sont faits de sels & autres ingrédiens, qui par leur acrimonie rongent & séparent l’argent, le cuivre, ou les autres matieres d’avec l’or. Quelques auteurs distinguent deux sortes de ciment, le commun & le royal : le premier est fait de brique en poudre, de nitre, & de verd-de-gris ; le second, de sel gemme & de sel ammoniac, de chaque une part ; deux parties de sel commun, & quatre de bol, le tout mis en pâte avec de l’urine. Mais Lemort, Lefevre, & quelques autres, ont donné des recettes de bien d’autres compositions. Paracelse a fait un livre tout entier sur les différentes sortes de ciment. Chambers. (P)


  1. Voir errata, tome V, p. 1011 : Art. Ciment, retranchez les deux derniers alinéa, & renvoyez à Cément.