L’Encyclopédie/1re édition/DECOUVRIR, TROUVER
DECOUVRIR, TROUVER, v. act. (Gramm. Synon.) ces mots signifient en général, acquérir par soi-même la connoissance d’une chose qui est cachée aux autres. Voici les nuances qui les distinguent. En cherchant à découvrir, en matiere de Sciences, ce qu’on cherche, on trouve souvent ce qu’on ne cherchoit pas ; nous découvrons ce qui est hors de nous, nous trouvons ce qui n’est proprement que dans notre entendement, & qui dépend uniquement de lui ; ainsi on découvre un phénomene de physique ; on trouve la solution d’une difficulté. Trouver, se dit aussi des choses que plusieurs personnes cherchent, & découvrir, de celles qui ne sont cherchées que par un seul : c’est pour cela qu’on dit, trouver la pierre philosophale, les longitudes, le mouvement perpétuel, &c. & non pas les découvrir : on peut dire en ce sens que Newton a trouvé le système du monde, & qu’il a découvert la gravitation universelle, parce que le système du monde a été cherché par tous les philosophes, & que la gravitation est le moyen particulier dont Newton s’est servi pour y parvenir. Découvrir, se dit aussi lorsque ce que l’on cherche a beaucoup d’importance, & trouver, lorsque l’importance est moindre. Ainsi en Mathematique, & dans les autres Sciences, on doit se servir du mot de découvrir, lorsqu’il est question de propositions & de méthodes générales, & du mot trouver, lorsqu’il est question de propositions ou de méthodes particulieres, dont l’usage est moins étendu. C’est dans ce même sens qu’on distingue une découverte d’une simple invention. Voyez Découverte. On dit aussi, tel navigateur a découvert un tel pays, & il y a trouvé des habitans ; & ainsi du reste. (O)
Découvrir, (Architect.) c’est ôter la couverture d’une maison, pour en conserver à part les matériaux. (P)
Découvrir les terres, (Marine.) c’est commencer à les voir & à les distinguer. (Z)
Découvrir, en terme de Chauderonnier, c’est donner le lustre aux pieces de chauderonnerie. Cela s’exécute, pour celles de cuivre jaune, en les faisant boüillir dans de l’eau, de la gravelle, & de l’alun, & les y remuant à plusieurs reprises. Pour les pieces de rouge, on les frotte d’une saumure quelconque, on les chauffe sur le feu, & on les jette dans l’eau.
Découvrir, v. act. (Metteur en œuvre.) c’est enlever avec le poinçon propre à cet effet, les parties superflues de la sertissure qui couvrent la pierre au-dessus de son feuilleti, & qui lui ôteroient de son étendue : le poinçon dont on se sert pour cela, est nommé fer à découvrir, & n’est autre chose qu’un morceau d’acier quarré non trempé, armé d’un bouchon de liege par le milieu, afin que l’ouvrier puisse s’en servir commodément, & limé en pointe aux deux extrémités, l’une en s’arrondissant, & l’autre quarrément ; c’est de l’extrémité ronde qu’on se sert le plus fréquemment ; la quarrée n’est que pour enlever les parties qui résistent à l’action du côté rond ; car cette opération se fait en appuyant avec force, avec le poinçon, sur la sertissure par un mouvement de bas en-haut ; d’où il arrive que l’extrémité de la sertissure du côté de la pierre à force d’être comprimée s’amincit & vient enfin à se couper sur le feuilleti de la pierre, qui est un angle, & à s’en détacher.
Découvrir, en terme de Rafineur, c’est lever les esquires de dessus les formes, pour les retourner & les rafraîchir, ou les changer. Voyez Rafraichir.