L’Encyclopédie/1re édition/EVACUANT

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EVACUANT, adj, (Thérapeutique & Mat. méd.) Le mot d’évacuant pris dans son sens le plus général, convient à tout médicament, ou à tout autre agent artificiel par le secours duquel on procure l’expulsion de quelqu’humeur ou de quelqu’excrément hors du corps humain.

Les évacuans se divisent en chirurgicaux & en pharmaceutiques. La classe des premiers comprend la saignée, les diverses scarifications, les sangsues, les vésicatoires, les cauteres, les setons, la paracenthese, l’ouverture des abcès, &c.

Les évacuans pharmaceutiques, qui sont plus connus sous ce nom que les précédens, sont des médicamens qui chassent hors du corps divers excrémens ramassés dans leurs réservoirs particuliers, & qui provoquent, augmentent ou entretiennent les excrétions.

Ces évacuans prennent différens noms, selon qu’ils affectent différens couloirs. On appelle vomitifs ceux qui agissent sur l’estomac, & determinent son évacuation par la bouche ; purgatifs, ceux qui poussent les matieres par en-bas ; sudorifiques & diaphorétiques, ceux qui excitent les sueurs ou la transpiration ; diurétiques, ceux qui augmentent l’écoulement des urines ; expectorans, ceux qui provoquent les crachats ; salivans, ceux qui provoquent le flux de bouche ou l’excrétion de la salive ; errhins, ceux qui déterminent une évacuation séreuse par les narines. Voyez les articles particuliers.

Les anciens divisoient ces derniers évacuans en généraux & en particuliers. Les généraux, disoient-ils, évacuent efficacement une région particuliere, & par communication tout le reste du corps ; ils en reconnoissoient trois de cette espece, les vomitifs, les purgatifs, & les sudorifiques. Les particuliers étoient ceux qu’ils prétendoient n’évacuer qu’une certaine partie ; ainsi les diurétiques étoient censés décharger la partie convexe du foie ; les errhins le cerveau, &c. Mais cette division étoit vaine & absolument mal-entendue ; car il n’est aucune évacuation qui ne puisse être regardée comme générale dans un certain sens. La déplétion des vaisseaux, & sur-tout une détermination d’humeur vers un couloir quelconque (détermination qui constitue dans la plûpart des cas l’effet le plus intéressant des évacuations), pouvant procurer des changemens généraux dans le système entier des vaisseaux & sur toute la masse des humeurs, tandis que réciproquement l’évacuation de l’estomac, des intestins, & même celle de la peau, peuvent ne pas s’étendre au-delà de l’affection particuliere de ces parties, du moins par rapport à la matiere évacuée, & sans avoir égard à leurs actions organiques, que les anciens ne faisoient pas entrer en considération.

La division la plus générale des médicamens, est celle qui les distingue en évacuans & en altérans ; ceux-ci different des premiers, que nous venons de définir, en ce qu’ils n’agissent que d’une façon bien moins sensible, soit sur les solides, soit sur les fluides, qu’ils sont censés affecter de plusieurs différentes façons. Voyez Altérant.

C’est principalement à-propos des évacuans que les Medecins se sont occupés de cette grande question de théorie thérapeutique ; savoir l’explication de cette propriété des divers médicamens, qui leur fait affecter certains organes plûtôt que d’autres, qui rend le tartre stibié vomitif, le sel de Glauber purgatif, le nitre diurétique, l’alkali volatil sudorifique, & le mercure salivant, &c. Voyez Médicament.

Quelles sont les affections, les symptomes, les signes qui indiquent ou qui contre-indiquent les évacuans ? Comment faut-il préparer les différens sujets ; & dans les différens cas, à l’administration des évacuans ? Ces problèmes thérapeutiques ne pèuvent se résoudre d’une maniere générale. Voyez les articles particuliers, sur-tout Vomitif, Purgatif, Sudorifique. (b)