L’Encyclopédie/1re édition/HISTOIRE DES MALADIES

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Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 230).

Histoire des Maladies, (Medecine.) c’est la partie la plus importante de la doctrine de la Medecine, qui consiste dans la description de tous les symptomes évidens, essentiels, qui ont précédé, qui accompagnent & qui suivent chaque espece de maladie, observés exactement dans l’individu qui en est affecté.

Cette description doit aussi renfermer tout ce qui a rapport à l’état du malade, comparé avec son âge, son sexe, son tempérament, celui de ses parens, la saison de l’année, la température de l’air, la nature du climat où il vit ; celle des alimens, des eaux, dont il use habituellement, de la situation particuliere du lieu qu’il habite, & des maladies qui y régnent.

Ce n’est que sur une semblable exposition bien exacte que peut être fondée la science expérimentale du medecin. Ce n’est que par la connoissance de toutes ces circonstances qu’il parvient à bien distinguer une maladie d’avec une autre ; à se mettre au fait de la marche de la nature dans le cours des différentes maladies ; à former des raisonnemens pour parvenir à bien connoître leurs causes ; à tirer de ces différentes connoissances, les indices qui servent à l’éclairer dans le jugement qu’il peut porter de l’évenement qui terminera la maladie ; à en déduire les indications qu’il doit remplir pour son traitement, afin d’en procurer aussi promptement, aussi sûrement, & avec aussi peu de desagrément qu’il est possible, la guérison desirée, si le cas en est susceptible ; ou de n’entreprendre qu’une cure palliative, si on peut en espérer quelque avantage, & qu’elle soit plus convenable que de s’abstenir absolument de tous remedes de conséquence, ainsi qu’il est souvent très-prudent de le faire.

En effet, on doit déclarer la maladie incurable, dès qu’on est bien fondé à la regarder comme telle, & se borner à conserver la vie, lorsqu’on ne peut pas rétablir la santé, & à procurer du soulagement, en attendant que la mort fournisse le moyen (que l’on doit saisir autant qu’il est possible, pour rendre complette l’histoire des maladies qui en sont susceptibles) de comparer par l’inspection anatomique des cadavres, les effets apparens de la maladie avec ceux qu’elle a produits dans la disposition des organes cachés, d’où on puisse tirer de nouvelles connoissances qui établissent des signes diagnostics, prognostics, indicans, que l’on n’avoit pas, ou que l’on ne connoissoit qu’imparfaitement avant ces recherches, relativement au cas dont il s’agit.

Ce ne peut être qu’en suivant ce plan d’après Hippocrate, & les seuls vrais maîtres de l’art qui ont marché sur ses traces, que les Medecins peuvent se flater de travailler d’une maniere véritablement utile à l’avancement de l’art de guérir, de parvenir à se procurer des succès distingués & mérités dans l’exercice de leur profession, & de se rendre recommandables à la postérité, en l’enrichissant du recueil de leurs observations. Voyez Maladie, Cure, Medecine, Observation.