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L’Encyclopédie/1re édition/VESICATOIRES ou VESSICATOIRES

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VESICATOIRES ou VESSICATOIRES, (Med. thérapeutique & Matiere médicale.) en latin vesicatoria, vesicantia, remedes topiques ainsi appellés de leur effet le plus connu qui consiste à exciter des vessies sur la peau. Ce terme qui ne paroît pas bien ancien dans l’art, désigne non-seulement les vésicatoires proprement dits, qu’on emploie, sous forme d’emplâtre, dans la pratique journaliere ; mais il s’étend encore à tous les acres, irritans, stimulans, excitans, caustiques, &c. qui appliqués à la surface du corps, ou même dans quelque cavité censée continue à cette surface, y excitent plus ou moins vîte des rougeurs, des tumeurs, de légeres inflammations, des vessies, des démangeaisons, des escharres, &c. C’est par allusion à ces effets qu’on a cru pouvoir déduire d’une vertu brûlante ou ignée, que les vésicatoires sont désignés chez quelques auteurs sous le titre générique de πυρωτικὰ, pyratica, urentia, &c. Voyez Sennert, Balliou, & autres.

Les premieres vues médicinales qui se sont présentées dans l’usage des vésicatoires, & la circonstance de leur application au-dehors, leur ont fait donner plus anciennement le nom de ἐπισπαστικα, ἑλκτικα epispastica, en latin attrahentia, tractoria ou revellentia, &c. qui signifient remedes attirans du dedans au dehors, ou du centre à la circonférence, remedes révulsifs, &c. & qui dans le langage particulier des méthodiques, est converti en celui de μετασυκριτικὰ metasyncritica, evocantia ex alto, c’est-à-dire, suivant l’interprétation même de Thessalus, remedes qui procurent un changement dans tout le corps, ou dans une partie seulement ; remedes rétablissant ou changeant l’état des pores, suivant d’autres méthodiques de la doctrine d’Asclepiades ; quæ meatuum miscela corporis statum præter naturam habentem transmutat, dit encore Galien en parlant de la métasyncrise, & qu’enfin Cælius Aurelianus traduit par recorporativa, remedes récorporatifs, &c. C’est dans cette derniere acception très-générale, que nous prenons le mot de vésicatoires dans cet article.

Les substances reconnues de tout tems pour vésicatoires sont, du regne végétal, la graine de moutarde, le gingembre, le poivre, l’ail, l’oignon, le tapsia, la pyretre, le laserpitium, le lepidium, le cresson, la renoncule, le flammula jovis, le clematitis ureus, le bursa pastoris, l’ortie, la racine d’arum, les figues, l’euphorbe, le tubac, le sugapenum, &c. divers sucs comme ceux de thitimale, de concombre sauvage, &c. plusieurs huiles odorantes, &c. le regne annimal fournit les cantharides, les fourmis, quelques fientes, comme celle de pigeon ramier, le crotin de chevre, la fiente de bœuf & son fiel. Suivant Hippocrate, (de locis in homine, pag. 424. Foës.) les chairs du limaçon, les corps entiers de jeunes animaux récemment égorgés, &c. & l’on tire du regne minéral les sels acides & alkalis, l’alun on plume, le nitre, l’adarcé, la chaux-vive, les cendres de la lie du vin & du vinaigre, le savon, le mercure sublime corrosif, & quelques autres préparations métalliques.

Conformément aux idées des Galenistes sur les degrés de la vertu échauffante de ces remedes, on a fait plusieurs classes de compositions pharmaceutiques vésicatoires, qu’on a spécifiées par les titres de rubefians, de dropans, de sinapismes & de caustiques. Ces compositions sont ainsi rangées dans les livres anciens de matiere médicale, suivant l’ordre d’activité qui les distingue entre elles ; quoique néanmoins, pour la plûpart, elles puissent être succédanées les unes des autres, puisqu’elles ne different que par des degrés d’énergie ; différence qui, à l’égard des plus foibles, se peut compenser jusqu’à un certain point, ou par la plus grande durée de leur application, ou par une augmentation dans les doses.

On divise ordinairement l’effet des vésicatoires en effet général, & en effet particulier ; le premier c’est-à-dire, le plus étendu, celui dont le médecin doit principalement s’occuper, est en opérant sur toute la machine d’y occasionner un changement salutaire, tel qu’on peut l’obtenir des toniques & des altérans ; cet effet se présente encore ici sous deux faces ; 1o. les vesicatoires agissent ainsi que les toniques & les altérans d’une maniere occulte, ce qui acheve de rendre les caracteres de ces trois sortes de remedes parfaitement identiques ; mais leur action étant souvent manifestée par des évacuations, des métastases, & autres phénomenes à la portée des sens, ils cessent pour lors de se tant ressembler avec les altérans & les toniques, pour se confondre avec les évacuans qu’ils suppléent même utilement quelquefois, suivant l’opinion de beaucoup d’auteurs. Dans l’un & l’autre cas, l’action des vésicatoires est toujours en raison du degré de leur activité, laquelle est néanmoins subordonnée au genre de la maladie, & à plusieurs autres circonstances dépendantes du sujet sur lequel ces remedes agissent, & qui ne sauroient se rapporter qu’à l’être animé ou corps vivant. L’état de médicament ainsi constaté dans les vésicatoires, il en resulte que c’est à plusieurs titres qu’ils appartiennent à la matiere médicale interne.

Le second effet, ou l’effet particulier des vésicatoires est purement local, c’est-à-dire, qu’il se borne à la partie sur laquelle on les applique ; il consiste à modifier les solides & les fluides de cette partie, de maniere que ceux-ci en deviennent plus propres à être jettés au-dehors par l’action rétablie ou augmentée des premiers ; il peut encore aller dans plusieurs de ces remedes, jusqu’à altérer très-sensiblement le tissu même de la partie. Par toutes ces circonstances, on voit que les vésicatoires sont encore du ressort de la matiere médicale externe où ils s’identifient en quelque façon avec les discussifs, les résolutifs, les sceptiques ou pourrissans, les épulotiques ou cicatrisans, les escarotique, & autres remedes ou secours chirurgicaux dont les propriétés individuelles ne sont point incompatibles avec la vertu épispastique, suivant cette remarque de Galien, que les vertus qui sont particulieres à différens corps, ne laissent pas que de se rapprocher par des analogies ou des ressemblances dans leurs effets ; vicinæ sibi virtutes sunt corum quæ in alio latent, attractix & attractorum digestrix, nam quæ trahunt etiam nonnihil omninò discutiunt, & quæ diseutiunt pariter trahune. Mais il est important d’observer définitivement à l’égard de certains de ces effets particuliers ou locaux ; 1°. qu’il seroit peut-être mieux de les appeller physiques ou chimiques ; 2°. qu’il en est parmi eux qui ne sauroient se passer que sur le vivant, comme, par exemple, les escarres ; 3°. qu’il en est d’autres qui peuvent avoir également lieu sur le cadavre & sur le vivant, tels que certains caustiques. Voyez Caustique.

Après les idées générales que nous venons d’exposer sur les vésicatoires, il n’est sans doute personne qui ne s’apperçoive qu’une foule d’autres agens médicinaux doit entrer naturellement dans le système entier de ces remedes ; on compte donc encore parmi les vesicatoires, les frictions, les ventouses, les fonsicules, les setons, les ligatures, les bains chauds, les flagellations, les acupunctures, les ustions, & une infinité d’autres remedes analogues qu’on pourroit fort bien ranger sous chacune des quatre compositions pharmaceutiques, dont il a été dejà question, comme sous les chefs d’autant de classes particulieres, &c.

Les vésicatoires seront donc pour nous dans cet article l’assemblage, le corps entier, le trésor de tous les moyens que la médecine emploie à l’extérieur, dans la vue d’extraire, ou d’attirer à la surface du corps, ou de détourner d’une partie sur une autre, tout ce qui peut nuire à la conservation de la santé, ou s’opposer à son rétablissement. C’est dans cette acception générale que le mot vesicatoire doit être pris indifféremment avec celui d’épispastique dans le courant de cet article, à l’exception des cas où nous en fixerons autrement la valeur, par quelque spécification particuliere.

Le système des vésicatoires ainsi généralisé a fourni de tous les tems à la grande médecine, c’est-à-dire, à celle qui pense & qui est capable en elle-même de ces traits de génie qu’on appelle des coups de maître, a fourni, dis-je, les ressources les plus étendues, & les succès les plus frappans. Les conjectures font remonter l’origine de ces remedes jusqu’à l’antiquité fabuleuse où elle se perd avec les premieres traces de la médecine. Tout ce qu’on peut avoir de positif là-dessus, se rapporte à l’institution de la gymnastique médicinale par Herodicus, de qui les historiens racontent qu’il employoit les frictions seches, les fomentations chaudes, &c. dans certaines maladies ; voyez dans l’hist. de la méd. par le Clerc ; mais comme il ne nous est rien parvenu des ouvrages de cet auteur d’où l’on puisse tirer aucune regle ou aucun précepte sur cette matiere ; il paroît que l’époque d’une application raisonnée de ces secours médicinaux doit être fixée aux beaux jours de la médecine greque.

Hippocrate disciple d’Herodicus a témoigné tant d’estime pour la médecine gymnastique qu’il s’est fait soupçonner d’avoir envié à son maître la gloire de cette invention ; à la vérité, il faut convenir qu’avec le caractere de simplicité & de beauté naturelle qui est particulier à cette médecine, elle devoit avoir bien des attraits pour un génie de la trempe de celui d’Hippocrate ; aussi ce célebre réformateur a-t-il considérablement enchéri sur tous ceux qui ont pû l’avoir précédé dans cette carriere ; sa pratique roule quelquefois toute sur les cautérisations, les frictions, les fomentations, & autres épispastiques dont il ne cesse de vanter l’usage, & avec lesquelles il opéroit des cures merveilleuses.

Après Hippocrate, les médecins qui ont fait le plus d’honneur à la médecine des vésicatoires, sont les méthodiques ; semblables en quelque façon, comme l’a dit ingénieusement un moderne, à un postulatum de Descartes qui n’admet que le mouvement & la matiere. Voy. thes. aquit. minor. aquæ. Leur théorie bornée au strictum & au laxum n’admet également que deux espèces de remedes qui se rapportent, quant aux vertus, à ces deux genres d’affection dans les solides ; ce sont là comme les deux poles de leur pratique ; mais ce qui paroîtra surprenant, c’est que les épispastiques occupent la plus grande place dans ces deux especes de remedes, quoique suivant les principes généraux de cette secte, ils dussent être restreints au genre du relachement ou du laxum. Cette contradiction est sauvée par leur façon d’interpréter les propriétés des vésicatoires ; selon eux, la vertu de ces remedes est non-seulement d’ouvrir & de rétablir leurs pores, mais encore de ramolir & de rarefier, en tant que participante du feu ; ils pensoient d’ailleurs que le strictum & le laxum peuvent se trouver tous deux à la fois dans une même maladie ; ainsi ils se servoient indifféremment des métasyncritiques dans les maladies, soit internes, soit externes des deux genres ; dans quelques maladies phlegmoneuses, par exemple, ils employoient à titre de métasyncritique ou vésicatoire les astringens, quoiqu’ils missent ces maladies dans le genre du strictum ; dans les vieux ulceres, dans les cicatrices mal-faites qu’ils plaçoient dans ce dernier genre, ils appliquoient des sinapismes, tout comme dans les ulceres du genre opposé ; ce qui étoit pourtant subordonné à l’observation des tems dans les maladies, & à d’autres objets de pratique sur lesquels il paroît qu’ils étoient fort versés. Voyez Prosp. Alpin, de med. meth. c. xv.

Toutes les autres sectes anciennes qui ont eu quelque réputation, ont cultivé cette branche de la thérapeutique, & depuis au milieu de l’éruption des systèmes qui ont été les fléaux particuliers réservés à la Médecine, il paroît que le traitement par les vésicatoires s’est constamment soutenu dans les alternatives de célébrité & de discrédit inséparables des révolutions des tems & des esprits, sans qu’on puisse dire qu’il ait jamais été entiérement abandonné. Ce traitement peut donc être regardé dans l’histoire des variations de l’art, comme un des fils précieux qui ont conservé une communication utile entre la médicine ancienne & la moderne, ou qui ont empêché qu’il ne se soit fait entr’elles une véritable scission. Un préjugé non moins favorable encore à l’institution naturelle & irrévocable de la médecine épispastique, & qui en achevera l’éloge, c’est que plusieurs nations d’hommes sauvages n’en ont jamais connu d’autre ; que parmi les nations policées, les Chinois, les Japonois sont depuis long-tems en possession des secours les plus rafinés de cette espece, & qu’enfin il en est dérivé chez les habitans de nos campagnes, & chez les gens du peuple dans nos villes, comme autant de médecines domestiques qui ne sont pas sans succès, & dont la tradition s’est conservée religieusement dans sa pureté originale à travers les générations & les siecles.

Il est tems maintenant de proposer quelques réflexions sur l’action & les effets des vésicatoires qui éclairent plus immédiatement les principaux phénomenes pratique, de cette médecine ; nous choisirons pour cet effet les ouvrages d’Hippocrate, & ceux de quelques autres médecins qui l’ont suivi dans ses principes & dans sa pratique, comme les plus propres à nous fournir les lumieres les plus pures & les plus étendues sur cette matiere ; ainsi donc apres avoir déja parlé du goût de ce pere de la médecine pour les épispastiques, il nous paroît à propos d’ajouter qu’il ne faudroit pas croire que toutes les connoissances qu’il avoit acquises sur l’administration des remedes, il les tint uniquement d’un empirisme froid & borné, mais qu’il les devoit encore aux élans d’un génie vraiment philosophique, rectifiés par tout ce que peuvent donner de sagacité une expérience consommée, & l’habitude de méditer profondément sur la nature. Voici par exemple une des maximes de ce grand homme la plus capable de nous découvrir le point d’où il est parti, & de nous faire pénétrer ultérieurement dans ses vues ; il dit en parlant du traitement des maladies de la poitrine : pars verò ex carne per medicamenta & potiones deffunditur, & per calefactoria extrinsecus admota, adeò ut morbus per totum corpus spargatur. Voy. liv. I. de mor. sect. 5. pag. 459. Foezi is : c’est-à-dire qu’Hippocrate pensoit que lorsque la maladie est fixée dans un organe, il convient pour l’emmener à guérison de la répandre dans toutes les parties du corps, soit par l’usage des remedes internes, soit par l’application des épispastiques. Celse a dit encore dans le même sens, atque interdùm natura quoque adjuvat, si ex angustiore sede vitium transit in latiorem. Voy. de fauc. morb. cap. IV.

Cette intention de généraliser la maladie, d’en affoiblir le foyer en l’étendant ou le distribuant sur tous les organes, est peut-être le plus beau canon pratique que nous ayons en médecine. Le grand point est de savoir la maniere dont Hippocrate concevoit cette distribution : il est clair qu’il étoit en cela inspiré par tout ce qu’il connoissoit des propriétés de l’intelligence active & subtile qui préside aux fonctions de l’animal, & qu’il appelloit nature ou principe, & par tout ce qui lui revenoit de son expérience journaliere. Il savoit en premier lieu que cette intelligence s’étoit originairement tracée dans le corps un cercle d’opérations dans lequel elle se mouvoit en portant sur tous les points du cercle le sentiment & la vie, & jettant des filets de communication dans les intervalles d’un point à l’autre, ensorte que la maladie pouvoit être regardée comme un obstacle, un nœud qui arrêtoit ce période d’opérations, & qu’il n’étoit question pour le rétablir que de rappeller le principe sur tous les points de la sphere. Or c’est ce qu’on obtient toutes les fois que l’activité ou les forces du principe augmentent assez pour vaincre ou résoudre l’obstacle ; mais en quoi consiste cette augmentation des forces de la nature ? dans la fievre. C’est ainsi que suivant notre auteur & l’observation de tous les siecles, la fievre résout le spasme, febris spasmum solvit ; ainsi la douleur qui n’est peut-être qu’un spasme plus ramassé ou plus concentré, est détruite par le même agent, quibus jecur vehementer dolet, iis succedens febris dolorem solvit, Aphor. liv VII. pag. 160. Maintenant la fievre peut être ou spontanée, ou artificielle : la premiere doit être entiérement sur le compte de la nature, ou de son autocratie ; la seconde est un produit de l’art. Cet art, Hippocrate né pour le former, en varioit à l’infini les ressources au moyen des deux épispastiques universels ; savoir, la douleur & la chaleur. Il avoit remarqué que le plus souvent là où il y a douleur, il y a maladie, ubi dolor, ibi morbus, qu’une douleur plus forte l’emportoit sur une moindre, que la douleur attiroit & fixoit la maladie sur l’endroit douloureux ; « car, dit-il, si avant que la maladie soit déclarée on a senti de la douleur dans une partie, c’est-là même que la maladie se fixera ». Il croyoit donc que la douleur disposoit la partie à appeller & à se charger de la maladie, par conséquent qu’une douleur produite par art, plus vive que la naturelle, en diminuant ou anéantissant celle-ci, étoit capable de faire tout-au-moins une diversion salutaire, un déplacement de la maladie, laquelle, chemin faisant, s’il est permis d’ainsi parler, pouvoit encore être altérée ça & là par les différens organes, & devenir par ce moyen générale. A l’égard de la chaleur, il avoit également éprouvé que la chaleur attire ; cela est par tout dans ses ouvrages. Le pan quò calet attrahit y revient à chaque page ; il dit plus expressément encore au sujet de la vertu attractive ou attirante communiquée par la chaleur aux parties, membrum per caliditatem trahit ad seipsum à vicinis venis ac carnibus pituitam ac bilem, lib. I. de morb. Il savoit encore que la chaleur portée à un certain degré, produisoit la douleur ; & quant à ces attractions d’humeurs, il les expliquoit par l’énergie & la mobilité du grand principe, qui, suivant l’axiome si connu, se porte d’une extrémité du corps à l’autre extrémité, &c. D’un autre côté, il étoit le témoin infatigable des guérisons imprévues qu’opéroit la nature par des éruptions cutanées, des parotides, des ulceres actuellement suppurans, &c. C’étoit donc par une analogie toute simple qu’Hippocrate étoit conduit à employer les dolorifiques & les échauffans externes pour réveiller ou pour rappeller la nature lorsqu’elle s’engourdissoit, ou qu’elle ne pouvoit plus suffire elle-même. Tel est à-peu-près le plan général de la conduite d’Hippocrate dans l’usage des vésicatoires, qu’il ne faut jamais perdre de vue dans l’estimation rationelle de ces remedes. Ainsi donc en résumant ce qui vient d’être dit, il est un principe qui anime le corps. Les épispastiques sont deux ; savoir, la douleur & la chaleur ; ils sont universels & absolus ; la douleur se décompose en faveur de l’art en une infinité d’intermédiaires qui peuvent être autant d’épispastiques depuis la douleur positive ou absolue jusqu’au sentiment le plus voisin du plaisir. L’art trouve les mêmes ressources dans la chaleur dont les nuances depuis la plus légere fievre jusqu’au feu destructif, forment une série des mêmes remedes. La douleur & la chaleur sont des modifications du grand principe qui a son siege dans les nerfs dont il est l’élément sensitif, comme les autres particules de matieres en sont les élémens physiques. La douleur & la chaleur se produisent & se détruisent mutuellement. Les vésicatoires ne sont que les agens excitatifs du grand principe ; car la cause efficiente de la chaleur & de la douleur est en nous comme le sentiment des couleurs est en nous ; au moyen de cette vertu communicative, l’action de la chaleur & de la douleur peut s’étendre d’un point de la surface du corps à tout le grand principe, comme l’embrasement peut arriver à toute une masse combustible par une étincelle. C’est encore une fois sous cet assemblage d’idées sublimes qu’on peut se représenter le génie d’Hippocrate occupé de la médecine épispastique, en dirigeant toutes les branches & en mouvant tous les ressorts. Maintenant avec l’avance de ces préceptes élémentaires, il est bien facile de concevoir que l’action des vésicatoires sur les corps, consiste à exciter la fievre au moyen de ce principe qui n’est autre chose que la sensibilité & la mobilité des nerfs. Voyez Sensibilité. Lorsqu’on applique un épispastique sur une partie, son effet sensible est d’en augmenter les oscillations nerveuses, qui, si elles sont poussées trop loin, produiront la fievre, accéléreront le mouvement des liqueurs, & les entraîneront suivant les déterminations de la nature ou celles de l’art, s’il est plus fort qu’elle. Pour avoir une idée de ces déterminations, il faut les considérer dans l’état naturel, se portant alternativement du centre du corps à la circonférence, & de la circonférence au centre, au moyen de l’antagonisme de la peau avec les organes internes, & roulant suivant les mêmes directions, les divers sucs contenus entre cette circonférence & le centre dont elles jettent au-dehors une partie sous la forme de sueur & de transpiration. Ces déterminations ont été appellées par quelques auteurs forces centripetes, & forces centrifuges. Voyez Offinan. Augmentez la puissance dans un des antagonistes, dans la peau, par exemple, & les déterminations seront vers la peau ; il en arrivera de même en ne l’augmentant que dans la plus petite surface possible de cet organe externe ; car chaque fibrile nerveuse étant dans une oscillation continuelle, suivant des expériences ingénieuses qui ont été faites depuis peu (Voy. Specim. phisiolog. de perpet. fibrar. muscul. palpit. Joseph. Ludov. Roger, dont le jeune auteur méritoit par ses talens une plus longue vie.) elle est susceptible par l’augmentation de son oscillation & de sa sensibilité particulieres, de devenir un point fébrile ; ce point s’agrandissant de plus en plus, formera un centre fiévreux, avec érection des nerfs & des vaisseaux de la partie, d’où partiront des especes de courans qui gagneront tout le corps, & se rapporteront continuellement à ce centre comme à une source d’action & de force, en y entraînant avec eux une partie des humeurs détournées des autres organes, ce qui occasionnera une espece de plethore locale, & en conséquence l’élévation ou tumeur de la partie ; cette maniere d’expliquer ainsi par l’action vitale la formation de pareilles tumeurs, est autorisée par une observation que tout le monde peut faire ; c’est que les tumeurs inflammatoires s’affaissent après la mort, & que si l’on fait une incision à la partie qui étoit tumeur dans le vivant, on la trouve farcie & engorgée d’une quantité excessive de sang par comparaison avec les autres parties, quoiqu’elle fût avant l’ouverture au même niveau. (Voyez recherches anatomiq. sur les glandes, pag. 480). Ces phénomenes sont quelquefois produits sponte dans un organe intérieur, qui dès ce moment doit être regardé comme converti en une espece de ventouse. L’abord du sang dans cet organe peut en rendre les vaisseaux variqueux, & avoir mille autres suites funestes ; dans ce cas, lorsqu’on applique immédiatement sur la partie, ou tout auprès, certains vésicatoires, tels que les scarifications, les setons, &c. on obtient une dérivation immédiate des humeurs qui engorgeoient la partie ; ainsi dans les violens maux de tête, les anciens saignoient quelquefois très-utilement à la veine du front, aux veines de derriere l’oreille, dans les vertiges, aux ranines dans certains maux de gorge, &c. ce qui revient à nos setons, scarifications, &c. mais qui ne voit pas que les effets secondaires des vésicatoires dans ces occasions sont purement méchaniques ou passifs, & doivent être soigneusement distinguées des premiers qu’on pourroit appeller actifs ?

Quant aux déterminations des humeurs, en conséquence de ces dispositions particulieres dans les solides d’une partie, on reclameroit vainement contre elles les lois générales de la circulation ; ces lois sont renversées en grande partie par l’observation & par l’expérience. Baillou a remarqué sur un jeune hæmophtysique des pulsations aux hypocondres, provenant du sang qu’on sentoit se porter en haut, comme si on l’eut conduit avec la main. Voyez lib. I. des épidémies. On entend dire tous les jours à des mélancoliques que le sang leur monte du bas ventre à la tête, qu’ils le sentent monter & s’arrêter à la région lombaire, &c. L’anatomie démontre encore un nombre prodigieux d’anastomoses, de réseaux vasculaires, dans lesquels on ne sauroit admettre la circulation d’après la théorie commune. La constitution & l’arrangement des cellules du tissu muqueux forment encore une forte présomption contre ces lois générales. Voyez la-dessus les recherches sur le pouls, c. xxj. Enfin l’on s’est convaincu par des experiences bien faites, du reflux du sang vers le cerveau, par les troncs veineux de la poitrine, dans le tems de l’expiration. Voyez Mémoires de l’académde des Sciences, de l’année 1749. Il paroit donc que les argumens tirés d’après les oscillations nerveuses en conséquence des phénomenes de la sensibilité des parties, doivent autrement éclairer la théorie de la dérivation & de la révulsion, que les hypothèses des humoristes, dont les principes ont été d’ailleurs démontrés faux par des médecins & des physiciens illustres. Voyez les commentaires sur Heister.

A l’égard de la formation des vessies par l’application des epispastiques, il est hors de doute que la contraction de la partie de la peau exposée à l’action irritante du vésicatoire, influe pour beaucoup dans ce phénomene. Cette contraction aidée des sucs propres à la partie, & alterés par l’âcreté ou causticité des vésicatoires, ou de la portion de sueur & de transpiration arrêtée par le topique, sépare la peau de la cuticule ou épiderme, & l’espace formé pour lors entre elles demeure rempli de ces sucs qui s’y accumulent de plus en plus. On voit donc que l’effet actif, cet effet propre à l’animal ou au corps vivant, concourt en grande partie à produire ces vessies, & qu’il faut bien se garder de le confondre avec la contraction qui arrive méchaniquement à un cuir ou à un parchemin en l’approchant du feu ; erreur dans laquelle ont été entraînés plusieurs grands hommes, par l’arbitraire de la théorie qui a cette malheureuse commodité de se prêter à toutes sortes d’idées.

Avant de quitter cette matiere, il convient de dire un mot de l’action des vésicatoires, par rapport au département de chaque organe, en vertu de cette sympathie, de ce consensus général qu’Hipocrate a si bien observé. Quelques auteurs pleins de grandes vues ont travaillé très-heureusement sur ce sujet ; ils ont constaté beaucoup de choses, en ont fait connoître de nouvelles, mais ils en ont montré beaucoup plus encore dans le lointain, qu’on ne parviendra jamais à acquérir qu’après des expériences réiterées ; il seroit sans doute bien important de savoir quel est l’organe qui correspond le plus à l’organe affecté ; quelle utilité n’en résulteroit-il pas pour le choix des parties, dans l’application des vésicatoires ! Hippocrate a dit si caput doluerit, ad pectus, deinde ad præcordia, tum demùm ad coxam procedit. La propagation de la douleur jusqu’à ce dernier organe, ne prouve-t-elle pas une correspondance de celui-ci avec les deux autres ? cela n’a pas non plus échappé à quelques maîtres de l’art ; on verra dans le détail, qu’ils appliquoient souvent avec succès des vésicatoires sur le haut de la cuisse, dans les maladies dont le siege est censé établi dans la région de l’estomac. Ce que nous savons de merveilleux sur l’étendue du département de ce dernier, devroit nous animer à la découverte de ce qui nous manque de connoissances sur les autres. Vanhelmont se foule le pié, il éprouve dans l’instant même les affections d’estomac les plus violentes, qui ne cessent qu’après le rétablissement de la partie. On lit dans le chancelier Bacon, si pollex pedis dextri ex oleo ungatur, in quo cantharides sunt dissolutæ, mirabilem facit erectionem. Vide in bibliothec. phurmaceut. medic. Manget, lib. I. Les livres des observateurs sont pleins d’exemples de cette nature.

Les maladies dans lesquelles on a coutume d’emploier les vésicatoires, sont principalement les maladies chroniques ; j’entens celles dont l’art peut entreprendre la guérison ; celles-ci sont fondées 1°. sur des affections purement nerveuses ; 2°. sur de pareilles affections occasionnées par une matiere qu’on peut croire enfoncée bien avant dans la substance même du nerf ou des parties ; 3°. enfin sur une indisposition du tissu cellulaire qui se trouve abreuvé d’humeurs qui détruisent de plus en plus son ressort & celui des organes ; ce dernier cas revient à ce que les anciens appelloient intempérie froide. Voici d’ailleurs comment Galien s’explique sur les indications de ces remedes, au chapitre de evacuantibus ex alto auxiliis, in omnibus diuturnis affictionibus, cum nihil profuerint ulla auxilia, evocantem ex alto curationem metasyncriticam a methodicis appellatam.... facere plerique solent ; ego verò ubi intemperies quædam humida & frigida in affectis partibus est, aut obtusus aut stupidus sensus, adhibeo ipsis pharmaca ex sinapi aut thapsia & similibus confecta : at in siccis & calidis affectionibus non adhibeo ; mais en nous en tenant à notre premiere division des maladies chroniques, on peut dire en général que c’est ici le cas plus que jamais, d’exciter la fievre, suivant le fameux précepte d’Hippocrate, vetustos morbos primùm recentes facere oportet ; de locis in homine, cap. xiij. Dans le premier genre des maladies nerveuses, c’est-à-dire dans celles qui sont sans matiere, les vésicatoires capables de produire les plus fortes & les plus promptes révolutions, doivent être employés ; ainsi la fureur, au rapport d’Hippocrate, emporte l’épilepsie, furor magnum morbum (sic enim comitialem vocant), solvit, de morbis vulgar. sect. v. Ainsi l’on voit des manies, des fievres intermittentes opiniâtres, guéries par une conversion violente & subite dans le ton des nerfs occasionnée par la terreur, l’ivresse, & autres moyens analogues. L’histoire de ce qui arriva aux fameux Boerhaave, dans l’hopital de Harlem, en est une autre preuve. Dans le second genre des maladies, c’est-à-dire lorsque quelque matiere blesse les nerfs ou l’organe, il est bon de recourir aux épispastiques propres à résoudre les spasmes intérieurs causés par le délétere, ou à faire une puissante révulsion de celui-ci au-dehors ; ces remedes conviennent dans la goutte, la sciatique, la surdité, &c. ils s’étendent encore à beaucoup d’accidens qui surviennent dans les maladies aiguës, & dont il sera question au chapitre des vésicatoires proprement dits ; leur succès se manifeste ordinairement par des évacuations copieuses plus ou moins lentes, par des tumeurs, des abscès, &c. Jusqu’ici, l’action des vésicatoires dans ces deux genres, paroît appartenir à l’effet que nous avons appellé actif ; mais il est encore à propos d’observer à l’égard du second, que souvent il arrive qu’une petite portion d’humeurs viciées va & vient du noyau du corps à sa surface, & ne se fixe que pour un tems sur les organes de l’un & de l’autre ; c’est ce qu’on remarque dans quelques dartres, quelques éruptions exanthémateuses, quelques ulceres périodiques, &c. dont la disparition est quelquefois aussi dangereuse pour le malade, que leur retour lui est favorable ; alors on sent que suivant que l’humeur est rentrée dans le corps, ou se trouve rejettée actuellement à sa surface, l’effet des vésicatoires peut être actif ou passif, & qu’on doit en varier le choix d’après ces indications. Baillou parle d’un homme à qui le bras étoit devenu tout noir, par une métastase qui se portoit de tems-en-tems à cette partie ; lorsque cette noirceur disparoissoit, l’homme tomboit dans la démence ; on fut d’avis de sacrifier la partie affectée de cette noirceur ; ce qui ayant été fait, l’homme fut entierement guéri, l. V. tom. III. lib. paradicm. Dans le troisieme genre de maladies chroniques, comme dans les œdemes, les leucophlegmaties, les hydropisies, les chloroses, &c. les vésicatoires doivent être plus doux ; & quant à leur effet, il paroît mêlé de l’actif & du méchanique : car il est vraissemblable que le seul poids de la masse du liquide épanché ne suffit pas toujours pour l’évacuer par l’ouverture faite ; on en trouve un exemple dans les journaux des maladies qui ont regné à Breslaw en 1700. Vesicatoria in corporibus succi plenis, plethoricis & nimià humorum copiâ repletis, interdùm ferè nulla evacuatio fuit secuta ; cujus rei ratio in nimia fluidi copia quæritur ; cum certum sit ad excretionem præter apertos poros, debitam fibrarum resistentiam, motum proportionatum, insimul debitam requiri fluidi copiam. Vide in actis erudit. anno 1701.

Il se présente ici maintenant une question assez intéressante, savoir s’il est indifférent pour ces effets que nous avons appellés actifs, de se passer ou non avec solution de continuité dans la partie. Nous croyons que dans bien des cas, dans tous ceux même où il ne s’agit que de corriger une inversion du ton du système nerveux, l’intégrité de la peau, sa réaction sur les autres organes, nous paroît nécessaire pour la marche réguliere des oscillations nerveuses : ainsi, par exemple, dans les amputations on voit que l’équilibre entre les organes, ne se rétablit qu’après la formation d’une cicatrice épaisse qui supplée toute la portion de la peau emportée avec le membre ; ainsi l’escarre peut suppléer avantageusement la peau dans les ustions, sans compter que l’effet de ces derniers remedes est principalement estimé par sa violence & sa promptitude ; il faut en dire autant de tous les autres effets prompts & momentanés. On ne sauroit donc trop s’attacher à reconnoître le genre de la maladie, avant de prononcer sur le choix des épispastiques, ne fût-ce que pour éviter au malade le désagrément d’une plaie ou d’une cicatrice, qui paroissent tout-au-moins inutiles dans les maladies sans matiere.

Tout ce qu’on peut noter des autres précautions à prendre en général dans l’administration des vésicatoires, se réduit 1°. à saigner ou à purger auparavant le malade, si le cas l’exige : car les épispastiques étant récorporatifs, c’est-à-dire propres à faire circuler la limphe nutritive, il pourroit en résulter des accidens fâcheux ; plus vous remplirez, dit Hippocrate, les corps impurs, & plus vous vous exposerez à leur nuire. 2°. Il ne faut pas appliquer ces remedes sur les organes délicats. 3°. Les doses en doivent être proportionnées à l’âge & au tempérament du malade, à la nature de la maladie, &c. 4°. Il convient de ne pas les employer au commencement des maladies aiguës, si vous en exceptez quelques-unes, comme l’apoplexie qui même à la rigueur, pourroit n’être pas comptée parmi ces dernieres.

Galien nous a encore laissé là-dessus des préceptes généraux qui paroissent confirmer en partie ce que nous disions au sujet du choix des vésicatoires. « C’est, dit cet auteur, lorsque les parties les plus extérieures se trouvent dans un état sain, & que ce qui doit être évacué est profondément caché dans les organes les plus internes, il convient d’augmenter ou de donner plus d’intensité à la chaleur du médicament épispastique, crainte que cette chaleur, avant de parvenir à ces organes, n’ait trop perdu de sa force, & il n’y a aucun risque que cela cause aucun dommage aux parties externes, puisqu’elles sont supposées saines. Deux choses sont donc à considérer dans l’usage des médicamens âcres & des médicamens chauds, savoir, les parties externes qui doivent supporter l’activité des épispastiques, & les internes qui ont besoin de ces remedes ; summæ partes quæ tolerant, & profondæ quæ egent. Vide lib. art. medic. cap. lxxxv. Le même auteur veut encore que lorsqu’il est question d’échauffer promptement, on ait recours aux remedes qui produisent la chaleur au moindre contact du corps, & la répandent avec la même célérité dans toutes les parties ; mais si c’est un membre refroidi qu’il soit besoin de réchauffer, il y faut employer des épispastiques dont l’effet soit plus lent & plus long. » Voy. lib. VI. simpl. cap. de zing. C’en est assez pour le général des vésicatoires, auquel on ne sauroit d’ailleurs rien ajouter sans anticiper sur les détails particuliers où ces matieres nous paroissent plus convenablement placées, & dont nous allons nous occuper tout de suite dans l’ordre déja indiqué.

Des rubéfians. C’est un effet inséparable de l’action des vésicatoires, que d’exciter des rougeurs sur la peau, ou d’être rubéfians ; ainsi d’après cette conformité générale d’effet, il semble qu’ils devroient tous être réduits à une seule & même classe qui seroit celle-ci : mais la plus grande ou la moindre énergie des uns comparés aux autres, mettant, ainsi que nous l’avons déja remarqué, des distinctions réelles dans leurs effets, les auteurs ont cru devoir établir un ordre de progression dans l’énumération de ces remedes, d’après l’estimation graduelle qu’on a faite de leurs vertus. Les rubéfians doivent donc être dans l’ordre pharmaceutique des individus de remedes spécifiés, par cette qualité sensible que nous avons dit être commune à tous les vésicatoires, de rougir la peau, & qui sont capables d’ailleurs des autres effets épispastiques dans un moindre degré ; ensorte que c’est la premiere nuance de la vertu vésicatoire prise en total, par laquelle les remedes sont caractérisés ; les anciens ont appellé ces remedes Φοινιγμὸς, phœnigmi, phœnigmes ; les substances ou les drogues qu’on y emploie sont les mêmes que celles de la plûpart des autres vésicatoires, quoiqu’il y en ait parmi elles qu’on désigne pour être plus particulierement rubéfiantes, telles que la semence de cresson, la fiente de pigeon ramier, le staphisaigre, l’iberis, &c. Dans la composition des rubéfians, les anciens n’employoient pas ces substances pures, mais on observoit d’en émousser la causticité ou l’âcreté par des ingrédiens, comme les huiles, & principalement les graisses parmi lesquelles on avoit grand soin de choisir, d’après les préjugés des tems, celles de lion, de léopard, d’hienne, d’oie, &c. ou par des préparations qui tiennent à des vûes chimiques & qu’on a pratiquées très-anciennement, comme de faire macerer dans du vinaigre la graine de moutarde, qui est une des principales matieres de ces remedes ; ou enfin par la médiocrité des doses & quelques circonstances dans les mélanges. Au moyen de cette correction, l’activité d’un vésicatoire proprement dit étoit réduite à celle de rubéfiant, qui néanmoins par un long séjour sur une partie, pouvoit faire l’office du premier, de même qu’un sinapisme ou tel autre puissant vésicatoire pouvoit n’être que rubéfiant, en abrégeant la durée de son application : d’où il est clair que l’état de rubéfiant dans ces remedes dépendant quelquefois de cette mesure de tems, on pourroit encore les définir, des vésicatoires réduits à la seule vertu de produire des rougeurs, soit par les correctifs dans la composition & dans les doses, soit par le tems qu’on laisse à leur action. Les rubéfians sont des compositions pharmaceutiques particulieres auxquelles on a donné spécialement le nom de rubefians ; ils peuvent être sous plusieurs formes ; les plus ordinaires sont l’emplâtre, le cataplasme, le liniment, &c.

Tous les anciens depuis Hippocrate ont fait beaucoup d’usage de ces remedes : on trouve dans Myrepsus, ind. medec. c. vij. la formule d’un emplâtre rubéfiant appelle anthemeron de l’invention d’Asclepiade, donné pour un remede souverain dans les hydropisies ; les myrobolans, la litharge, le nitre, le vinaigre, la résine, &c. entrent dans la composition de ce remede. Aëtius donne encore l’iberis ou le cardamum mêlé avec du sain doux, comme un rubéfiant très-utile recommandé par Archigene, Voyez Tetr. 1. serm. 3. c. clxxxiv. les médicamens appellés acopes fournissent encore des rubefians dans plusieurs maladies chroniques. Voyez Galien, de comp. medic. lib. VII. les cataplasmes en donnent également de très bons ; voyez sur-tout dans G. ibid. p. 927. le cataplasme pour les pleuretiques intitulé Pharmianum ; dans Arætée, liv. II. c. v. de curat. profluv. serm. un cataplasme rubéfiane, qui en rougissant la peau, y produisoit encore des tacnes appellées jonthos ; ce dernier remede est une composition de bois de laurier. Paul-d’Ægine, de re med. l. VIII. c. xix. donne d’après Alexandre, la formule d’un liniment rubéfiant où entre l’encre à écrire, ex ait amento scriptorio, & qui est très-vanté dans les migraines. Quelques modernes ont employe les cantharides, le saindoux, le savon, le sel, &c. dans les rubéfians ; voyez J. Heurnius, method. ad prax. Wepfer propose contre la migraine, à titre de rubéfiant très-léger, un morceau de veau rôti & trempé dans l’esprit-de-vin, où l’on aura fait macérer de la graine de moutarde. l. V. observ. 53. V. Musgraw. de arthritide pour des rubefians employés dans la goutte On pourroit compter parmi ces remedes l’emplâtre de caranna que Sydenham a fait appliquer avec succès à la plante des piés, dans le chorea sancti Viti, voyez Sydenh. op. p. 180. quelques onguens, quelques huiles odorantes, & quelqûes poudres, le même que le diacopregias de Coelius Aurelianus, qui n’est que la poudre de crotin de chevre, délayée dans du vinaigre ou du posca, peuvent passer pour rubéfians.

Les rubéfians conviennent, outre les maladies dont nous avons déja parlé dans les ophtalmies, les vertiges, la léthargie, les angines & dans quelques affections des reins, voyez dans Oribase. Duret observe néanmoins qu’on ne doit faire usage des phœnigmes dans la léthargie, qu’autant que le malade se trouve enseveli dans un sommeil profond & continu, ou qu’il est assoupi au point de ne pouvoir être autrement excité ; car, dit-il, ubi vigiliarum vicissitudo est per ἔκλαμψιν, id est micationem caloris febrilis, tutus non est phœnigmorum & sinapismorum usus. Voyez dans Hollier, p. 61. de morb. intern. lib. I. cap. de letharg. On peut inférer de ce passage qu’en général dans le cas de chaleur febrile, il n’est pas prudent de faire usage de ces remedes.

Les rubéfians sont ordinairement avec les dropaces, les précurseurs des sinapismes, c’est-à-dire qu’avant d’en venir aux sinapismes, on emploie d’abord les premiers pour préparer la partie. Par cette derniere raison, ces remedes entrent encore dans la méthode ancienne de traiter certaines plaies.

Les rubéfians peuvent s’appliquer sur presque toutes les parties du corps, ce qui est un privilege commun à tous les topiques d’une vertu foible. Leur effet consiste à mordre légerement sur la peau, à y exciter de l’irritation, de la chaleur, & à produite quelques petites révulsions. Les anciens avoient coutume après l’administration de ces remedes, de laver le malade, ou de le mettre dans le bain, ou enfin de frotter la partie avec des huiles chaudes.

Les fomentations, (voyez l’article Fomentations, Médecine thérapeutique, &c.) tant seches qu’humimides, sont de bons épispastiques rubéfians, en relâchant les pores, comme disoient les anciens, en redonnant du ton à la peau & au tissu cellulaire par un léger stimulus des nerfs ; elles procurent des révulsions très-utiles dans les transpirations & sueurs arrêtées, dans le tetanos, les fievres exanthémateuses, comme la petite vérole, dans les angines, &c. Les anciens employoient ordinairement dans les vertiges les fomentations sur toute la tête ; mais avec la précaution de ne pas y employer des matieres qui eussent une mauvaise odeur. Mercatus, de sebre pestil. & malig. l. VIII. pag. 459. recommande, pour attirer la matiere des bubons pestilentiels, les fomentations avec des éponges imbibées d’une décoction de plantes aromatiques & un peu âcres. Les anciens faisoient encore des fomentations sur les plaies qu’ils vouloient amener à suppuration, avec des sachets de lin remplis de fiente de pigeon ou d’excrément de chien réduit en poudre. (Voyez dans Arœtée passim.) Les vapeurs de certaines plantes aromatiques, conduites par un tuyau dans différentes cavités du corps, sont des fomentations très-usitées par Hippocrate dans quelques maladies des femmes. Les jeunes animaux ouverts ou fendus par le milieu du corps, & appliqués encore tout chauds sur une partie, sont des especes de fomentations rubéfiantes qu’on a souvent employées avec succès ; Arculanus Comment. in lib. IX. Rhas. c. 141. attribue éminemment cette vertu épispastique rubéfiante aux lézards appliqués à demi-morts sur les parties ; il prétend même que ce remede est capable d’en extraire les corps étrangers qui peuvent s’y être plantés ou introduits.

Les fomentations s’appliquent comme rubéfians sur tous les endroits du corps, excepté, suivant Galien, la région præcordiale, où il seroit à craindre qu’elles n’attirassent les superfluités du corps sur le foie ou sur quelqu’autre viscere voisin : mais on peut se mettre à l’abri de ce danger, en purgeant auparavant le malade, suivant la pratique d’Hippocrate, qui avec cette précaution ne faisoit point difficulté, dans le traitement des fievres, d’appliquer de pareils remedes sur cette région. V. de rat. vict. Il est prudent néanmoins de ne pas employer des fomentations trop chaudes sur les hippochondres dans quelques maladies de la tête, sur-tout dans la phrénésie. Voy. Alexandre de Tralles, lib. I. c. xiij. de phrenit.

Les épithemes, (Voyez Epithemes, Pharmac.) & toutes les variations de ces remedes, comme les écussons, &c. sont encore de rubéfians qu’on emploie avec succès contre les douleurs de côté dans la pleurésie, quelques palpitations du cœur, & un grand nombre d’autre affections. On a quelquefois obtenu avec ces remedes des révulsions très-utiles dans des fievres opiniâtres. Boyle raconte qu’il s’est guéri d’une fievre continue violente qui avoit tenu contre toutes sortes de remedes, en s’appliquant au poignet un mélange de sel, de houblon & de raisins de Corinthe. Les Egyptiens, au rapport de Prosper Alpin, se guérissent des fievres intermittentes, en s’attachant aux poignets, une heure avant l’accès, un épitheme d’ortie broyée de sel où de nitre. Vid. de med. ægypt. pag. 319. On lit dans les Commentaires des Aphorismes de Boerhaawe par M. Vanswieten, qu’un paysan guérissoit les fievres intermittentes, en mettant dans la main, & y fixant par un bandage de la pulpe de ranuncule. V. tom. III. pag. 519 & 520.

Les briques chaudes, les murailles des fours, &c. sont encore autant de rubéfians épispastiques ou d’épithemes chauds. A l’égard de l’application des épithemes, ils ont cela de particulier, que d’ordinaire on ne les applique que sur les parties du milieu du corps, mediis partibus, comme sur le foie, la rate, &c.

Les cucuphes. (Voyez Cucuphe, Pharmac.) procurent encore comme rubéfians de très-grands soulagemens dans les surdités, les foiblesses de nerfs, les abolitions de mémoire, les douleurs de tête continuelles, &c.

Les bains chauds, (Voyez Bains Med.) soit naturels, soit médicinaux, sont parmi les epispastiques rubéfians des remedes salutaires qu’on peut employer dans l’état sain comme dans l’état malade. Ils conviennent principalement dans quelques amaigrissemens, dans quelques maladies aiguës, dans les excrétions de la peau arrêtées, & dans beaucoup d’autres indispositions de cet organe. Dans ces derniers cas même, ils sont très-souvent préférables aux remedes internes, ainsi que l’ont éprouvé plusieurs praticiens, & que le dit Hippocrate à l’occasion d’un nommé Simon, dans le cinquieme livre des épidem. sect. 2. Voici ce passage : latas pustulas non admodum pruriginosas, quales Simon hyeme habebat, qui cum ad ignem inungeretur aut calidâ lavaretur juvabatur ; vomitus non juvabant. Les bains de vapeurs peuvent encore être regardés comme des bains chauds, de l’utilité la plus reconnue dans bien des maladies ; ils sont quelquefois d’autant plus efficaces, que ces vapeurs sont chargées de quelque principe subtil qui s’éleve par l’ustion de certaines substances aromatiques. S’il faut en croire Zacutus Lusitanus, il croît sur les montagnes du Pérou une plante graminée que les naturels appellent iche, dont la vapeur a la vertu d’attirer le reste de mercure qui peut se trouver dans le corps de ceux qui viennent d’être traités de la vérole, ensorte que ces personnes suent exactement le mercure qui leur sort par toute la peau en forme d’efflorescence ; quare ægri intrà Conopœum, hujus paleoe fumo, sensim ac sine sensu sudoris in modum per totam corporis superficiem mercurium exsudant. Vid. pran. medic. admirab. lib. II. pag. 75. obser. 137. Il ne manque à ce fait qu’un peu plus de vraisemblance pour mettre les vapeurs de cette plante au rang des épispastiques rubéfians les plus merveilleux. Les bains de fourmis, les bains de sable, les aspersions avec da sel, du nitre, les insolations, &c. sont encore comme autant de bains chauds qui doivent être comptés parmi les puissans rubéfians. Ici reviennent également les demi-bains semicupium, l’insession, insessus qui en est une espece, le stillicidium, l’irrigation, &c. V. passim dans Hippocrate, Celse, Galien, Cœlius-Aurelianus, Prosper Alpin, de med. mithod. & autres. Voyez encore tous ces mots.

Le pediluvium ou bain des piés, c’est encore un rubéfiant de l’espece des derniers que nous venons de nommer ; il est renommé par les révulsions salutaires qu’il opere dans les maladies quelquefois les plus désespérées. Cette grande efficacité est fondée sur la correspondance admirable des piés avec toutes les cavités du corps. Les phénomenes de cette correspondance, nous osons l’avancer, doivent être pour le praticien une source féconde d’indications relatives à la température des piés dans les maladies : qu’on lise là-dessus Hippocrate de rat. vict. in acut. sect. jv. pag. 398. & parmi les modernes, Baglivi de fib. motr. lib. I. c. x. Combien de mélancholiques, de vaporeux, de personnes tourmentées de vomissemens habituels, qui eussent reçu d’un bain des piés un soulagement qu’on n’a jamais pensé à leur procurer, faute d’attention à ces principes !

Quant aux précautions à observer dans l’administration de toutes sortes de bains en général, la premiere est que nous avons dit une fois pour toutes, devoir toujours aller avec l’usage des vésicatoires, c’est de pourvoir à quelques évacuations préalables ; en second lieu les corps impurs ne sont pas faits pour les bains, corpora impura non balneanda ; enfin il est des cas qu’il faut avoir bien soin de distinguer, ou suivant cet autre précepte du Ve & VII liv. épidem. d’Hipocrate, l’eau chaude appliquée aux piés peut être nuisible aux yeux & au cerveau. Voyez encore Pediluvium, ou l’article Bain, Med.

Les frictions, ces ressources simples & heureuses occupent parmi les rubéfians une place très-distinguée. Tout ce qui peut intéresser la curiosité du médecin dans l’histoire de ces remedes, méritant d’être connu, & se trouvant renfermé dans une dissertation de M. Loelhoeffel, imprimée à Leyde au mois de Juin 1732 : nous allons transcrire ici la plus grande partie de l’extrait qu’on en trouve dans le journal des savans de Février 1734.

« Hippocrate établit différentes frictions de la peau, l’une forte & l’autre douce, l’une continue & l’autre qui se fait à diverses reprises. La premiere, selon lui, durcit le corps, la seconde l’amollit, la troisieme l’exténue, & la quatrieme rétablit ce qui en s’en est dissipé de trop. La premiere ne convient pas aux gens secs & d’un tempérament chaud, mais est très-propre aux personnes d’une constitution humide & froide ; la seconde est nuisible à ceux qui ont la chair lâche, & convient à ceux qui l’ont remplie d’obstructions & de duretés ; la troisieme fait du bien aux personnes replettes ; & la quatrieme beaucoup de tort à celles qui n’ont ni trop, ni trop peu d’humeurs.

» Les médecins qui sont venus après Hippocrate ont établi d’autres différences dans la friction, par rapport aux lieux & aux autres circonstances ; les unes se font en plein air, les autres dans la chambre ; les unes à l’ombre, les autres au soleil ; les unes dans un lieu chaud, les autres dans un lieu froid, les unes au vent, les autres à un air tranquille ; les unes dans le bain, les autres devant ou après le bain ; les unes avec de l’huile, les autres sans huile ; les unes avec les mains simplement, les autres avec des linges ; & celles-ci avec des linges rudes ou avec des linges doux.

» Ils ont encore distingué les frictions, par rapport aux différens sens dans lesquels elles se pratiquoient ; les unes se faisoient de haut en bas, les autres de bas en haut ; les unes en ligne directe ; les autres en ligne oblique ; les unes absolument en-travers, les autres un peu moins horisontalement ; toutes différences qui leur ont paru si essentielles à observer, qu’ils ont crû devoir les exposer par une figure qui est celle ci-jointe, & qui se voit dans Galien lib. II. de sanitate.

» Ce dernier prétend qu’en faisant les frictions en ces différens sens, & les faisant exactement, toutes les fibres des muscles s’en ressentent. Quelques médecins de son tems croyoient que la friction qui se faisoit transversalement resserroit les parties, & leur procuroit de la fermeté ; que celle aucontraire qui se faisoit en ligne directe les raréfioit, & les relachoit : mais Galien les accuse en cela d’ignorance.

» Plusieurs ont voulu déterminer le nombre des frictions qu’il falloit faire dans chaque maladie, mais Celse rejette cette pensée comme absurde, & remarque que c’est sur les forces, sur le sexe & sur l’âge des malades que ce nombre doit se régler ; ensorte premierement que si le malade est bien foible, c’est assez de cinquante frictions, & que s’il a beaucoup de force, on en fait faire jusqu’à deux cens ; secondement, que si c’est une femme, il en faut moins que si c’est un homme, troisiemement, que les enfans & les vieillards n’en peuvent pas souffrir un aussi grand nombre que les personnes d’un âge médiocre.

» Notre auteur passe ici aux frictions qui sont en usage chez les Egyptiens ; ils font les unes avec les mains enduites de sésame, les autres avec des linges cruds, & les autres avec des lambeaux d’étoffe de poil de chevre (on peut encore en faire avec de l’amianthe). Quant à celles qu’ils pratiquent avec des linges, voici ce qu’ils observent ; ils font asseoir le malade dans un siege haut, & lui frottent trois à quatre fois tout le devant du corps, commençant par les piés, les jambes, les cuisses, continuant par le ventre & les côtés, & finissant par le haut du tronc & par les bras, sans excepter les doigts qu’ils frottent avec un soin extrême les uns après les autres. Après avoir ainsi passé en revue tout le devant du corps, ils font étendre le malade tout de son long, le ventre contre terre, & procedent de la même maniere à la friction de cette partie du corps ; la friction faite, ils en recommencent d’autres avec l’étoffe de poil de chevre.

» Les Indiens orientaux employent les frictions contre plusieurs maladies, & principalement contre une espece de paralysie à laquelle ils sont sujets, & qui leur cause un tremblement général de tout le corps. Ce sont des frictions fortes & douloureuses ; ils se servent du même remede contre une sorte de convulsion qui leur est familiere, laquelle leur resserre tellement le gosier, qu’ils ne peuvent ni boire, ni manger, & les emporte en peu de jours, après leur avoir fait souffrir des tourmens inexplicables.

» Les Indiens occidentaux, & sur-tout les Brasiliens, ne connoissent presque d’autres remedes que la friction contre les maladies chroniques ; ils commencent par froter tout le bas-ventre, si la maladie est causée par des embarras dans cette partie : mais si elle vient d’obstructions qui soient dans la tête ou dans la poitrine, ils pratiquent la friction sur tout le corps généralement, en y employant l’huile de tabac ou de camomille, dans laquelle ils ont fait macérer un peu d’encens.

» Les dames d’Egypte, comme l’écrit Prosper Alpinus, dans son livre de medecinâ Egyptior. c. viij. ont recours à certaines frictions douces pour s’empêcher de maigrir ; l’auteur rapporte sur le même sujet, l’usage qui s’observe en certains endroits d’Allemagne pour engraisser les cochons ; on les lave d’abord avec de l’eau, pour en attendrir la peau, puis on leur fait plusieurs frictions, &c. »

M. Loelhoeffel donne encore la maniere dont il est d’avis qu’on administre les frictions dans les maladies qui dépendent d’une disposition cacochimique ; il veut en premier lieu qu’on fasse la friction de tout le corps trois ou quatre fois par jour, & qu’on frotte principalement l’épine & le bas-ventre ; en second lieu que le malade, après avoir été frotté, porte une chemise de grosse toile, & que cette chemise ait été passée à la fumée de quelques herbes ou de quelques gommes aromatiques ; il croit que la friction peut suppléer quelquefois à la saignée pour donner certaines déterminations au sang ; pour cela on fait des frictions ou de la tête aux piés, ou des piés à la tête, soit directement, soit obliquement. Les frictions transversales peuvent encore servir à rappeller le sang d’une partie sur une autre, selon la partie où on les commence, & celle où on les finit, &c.

Les frictions conviennent dans l’hydropisie, l’anasarque, le rachitis, l’épilepsie, les maux de tête, &c. Elles sont propres sur-tout à rétablir la distribution du suc nourricier dans les corps maigres & exténués ; en redressant ou érigeant, pour ainsi dire, le système des nerfs, & par une suite de cette érection dilatant les vaisseaux & les cellules du tissu muqueux ; c’est Hippocrate qui nous l’apprend en ces termes, quæ naturâ solida sunt dum fricantur in se coguntur, cava verò angeseunt. Voyez de rat. vict. in acutis. lib. II. sect. iv. pag. 364. Du reste, ce sont toujours à-peu-près les mêmes précautions dans l’administration de ces remedes que dans l’administration des autres.

En considérant ainsi les frictions par le frottement irritant procuré aux solides, il semble qu’on pourroit y joindre les promenades circulaires, droites, obliques, les gestations, & autres secours de la gymnastique mis en usage par les anciens, pour procurer des révulsions favorables.

L’électricité, en l’adoptant avec le degré de certitude & de vraissemblance que peut lui donner ce qu’on a dit jusqu’ici des guérisons opérées par ce moyen, mérite d’être désignée dans cette classe. Voy. Electricité, Médecine.

Des dropaces. Les dropaces & les différentes compositions de ces remedes qu’on trouve chez les auteurs, sont des épispastiques un peu plus forts que ceux de la classe précédente. On les emploie dans les vomissemens habituels, les digestions paresseuses, le flux cæliaque, les paralysies, & généralement dans toutes les maladies où peuvent convenir les synapisines que nous avons dit qu’ils précédoient conjointement avec les rubéfians proprement dits. Le dropace a néanmoins cela de particulier qu’on le réapplique quelquefois après le sinapisme.

Ces remedes sont confondus par les autres avec les pications & les psylothres.

Le tondre & le raser sont encore des épispastiques de cette classe. Les anciens les employoient très souvent dans la vue d’augmenter la transpiration de la tête, ou d’en attirer les humeurs en-dehors ; dans beaucoup de cas ils regardoient comme un remede très-puissant de faire raser la tête à contrepoil. Voyez dans Oribase, de tonsura & de rasione, c. xv. quelques-uns veulent encore qu’on rase la tête dans la phrénesie : mais tous les auteurs ne sont pas d’accord sur ce point. Voyez dans Forestus, l. II. pag. 408. on peut juger de l’impression de ce remede sur les tégumens de la tête par la chaleur, le coloris de santé & l’embonpoint momentané du visage qui arrive à bien des personnes, immédiatement après s’être fait faire la barbe.

On rasoit anciennement les parties pour-les préparer à l’opération des topiques tels que les emplâtres, les fomentations, les ventouses, &c. On rase encore la tête dans les ophtalmies, & avant de scarifier.

Le raser de la tête mérite des considérations particulieres dans certaines maladies, en ce que quelques auteurs ont observé que ce remede portoit sur la vessie.

L’avulsion des poils des aisselles & de la levre supérieure dans quelques cas, peut encore être rangée parmi les épispastiques de cette classe.

Des sinapismes. Ces remedes, ou du-moins les compositions qui portent le nom de sinapismes, ont été pour les anciens, ce que sont pour les modernes les vésicatoires proprement dits, ou emplâtres vésicatoires, que nous trouverons à la fin de cette classe ; leur vertu est réellement vésicatoire, c’est-à-dire, âcre & piquante au point d’exciter quelquefois assez promptement des vessies sur la peau. Voyez Sinapisme.

Les anciens, principalement Arætée, ont fait le plus grand usage des sinapismes dans un nombre infini de maladies.

On emploie ordinairement ces remedes dans les maladies soporeuses, les vertiges, les céphalalgies, les syncopes, &c. Voyez dans Arætée passim ; & on les applique sur presque tous les endroits du corps, Les méthodiques à l’exemple de Thessalus appliquoient très-utilement encore les sinapismes autour des ulceres provenant d’une cachexie dans la partie. Voyez Prosper Alpin. de med. method.

On peut rapporter au sinapisme tous les médicamens âcres, irritans, &c. donnés dans le dessein de faire des révulsions des parties supérieures aux inférieures ; tel est l’emplâtre diascordon ou fait des ails, les préparations avec des oignons, des figues seches, &c. appliqués sur les jambes & aux autres parties du corps.

Les lavemens âcres & irritans appartiennent également au sinapisme ; car attendu la continuité de la cavité des intestins avec la surface du corps, on peut regarder ces derniers remedes comme topiques. Arætée les recommande pour faire révulsion de la tête vers le bas dans la phrénésie. Voyez c. de phrenetid. Zacutus Lusitanus dit s’en être servi avec succès dans la dyssenterie. Observ. 20. lib. II.

Les illitions de l’anus avec des linimens âcres, sont de ce nombre, de même que les glands ou suppositoires, quelques pessaires : l’application de l’ail pur sur ces parties, que tout le monde sait être un stratageme usité dans bien des occasions pour se procurer la fievre, &c.

Les masticatoires, les apophlegmatisans, les collutoires piquans, âcres, les errhins, sur-tout le tabac (qui par parenthese ne sauroit être un remede pour la plûpart de ceux qui sans aucune incommodité se sont condamnés à cette espece de vésicatoire continuel) sont encore de cette classe.

Les urtications conviennent avec les sinapismes par les rougeurs, les enflures, les demangeaisons qu’elles excitent de même que par les autres effets ultérieurs ; elles sont quelquefois très-efficaces dans les autres effets ultérieurs ; elles sont quelquefois très-efficaces dans les apoplexies, les léthargies, &c. Celse en recommande l’usage dans la paralysie, voyez c. xxvij. Araeté, dans la curation de la léthargie les employoit sur les jambes. Voyez Arætée, de curat. morb. acut. l. I. c. ij. de curat. letharg. Elles peuvent encore être fort utiles dans les gales répercutées, &c. mais en général, il faut prendre garde de ne pas les employer sur les articulations.

On pourroit joindre ici les remedes employés par les anciens sous le nom d’empasma, empasmata, qui procuroient des fortes démangeaisons. Voyez Oribas. med. collect. l. X. c. xxxj. Voyez .

Les flagellations & les verbérations de toutes especes ; elles étoient anciennement très en usage dans les amaigrissemens, les maladies soporeuses, & dans beaucoup d’autres cas. On pratiquoit cette opération avec de petites verges légerement enduites de quelque matiere qui aidât au stimulus du fouet, comme la poix, & on cessoit de frapper, lorsque les chairs commençoient à se tuméfier. Les anciens avoient poussé le rafinement sur l’administration de ces remedes jusqu’à faire plusieurs especes de flagellations qui étoient autant de modes, autant de diminutifs de la flagellation proprement dite ; telle étoit leur epicrusis ou catacrusis. Il y avoit même à Rome une sorte de gens qui reviennent à nos bâteleurs ou à nos charlatans (mangones), qui faisoient métier d’appliquer les flagellations sur les enfans en charte, Galien nous en rapporte un exemple, ad hunc modum, dit-il, mango quidam proximè nates pueri fame consumptas, brevi anxit, percussu mediocri quotidie usus, aut saltem alternis diebus. Voyez method. med. lib. XIV. c. xvj. Pline nous apprend encore qu’on fouette utilement dans la rougeole avec des branches de sureau. Boa appellatur morbus papularum cum rubent corpora, sambuci ramo verberantur. Voyez histor. nat. Ici peut également convenir l’expédient que propose Heurnius, dans la curation de la léthargie, c. xj. de letharg. lib. de morbis capitis, & qui consiste à enduire de miel le visage du malade, pour l’exposer ensuite à la piquure des abeilles, quo rostellis muscæ flagellent : à la vérité l’auteur ne désigne que les gens de la campagne, rustici, sur qui l’on puisse tenter ce remede.

Les titillations à la plante des piés trouvent encore place ici. On sait qu’elles sont quelquefois de puissans révulsifs dans les apoplexies, & autres maladies soporeuses.

Les ligatures, sont des épispastiques très-efficaces qui conviennent d’ailleurs avec les sinapismes par les rougeurs, les inflammations ou enflures qu’elles occasionnent. Oribase nous a conservé la maniere dont on les appliquoit anciennement. « Nous prenons, dit-il, des bandes un peu larges faites de laine simplement torse, ou de quelqu’autre étoffe mieux tissue & plus serrée, ou enfin nous y employons les vieux habits, les étoffes usées. Nous entourons de ces bandes les extrémités, en ayant l’attention de ne pas meurtrir les chairs, & de serrer mollement, de maniere pourtant que la ligature soit serrée ; ce qui se fera toujours bien si les bandes sont larges, & d’une étoffe douce : mais après la seconde compression, il faut serrer encore davantage ; & il n’y a pas à craindre de blesser les chairs qui ne seront jamais que comprimées. Le meilleur signe pour reconnoître que la compression est bien faite, c’est lorsque les chairs qui sont autour des parties comprimées, s’élevent & deviennent rouges ; alors en nous reglant sur le battement des vaisseaux, nous serrons de plus en plus, & prenons bien garde que les parties ne s’engourdissent, & de ne point occasionner de douleur. » Voyez med. collut. l. X. c. xviij.

Les ligatures se varient suivant les maladies & l’intention du médecin ; dans les hœmophtisies, Arætée recommande de lier les piés au-dessus des malléoles jusqu’au genou ; & les mains, depuis tout le bras jusqu’au coude. Voyez de curat. acut. morb. l. II. c. ij. Dans la dyssenterie, Aætius propose de lier fortement avec des bandes larges les bras du malade, à commencer depuis le haut de l’humerus, jusqu’à l’extrémité des doigts. Voyez letr. III. serm. j. c. xlj. Les méthodiques employoient les ligatures sur les articulations, sur les bras & les cuisses, dans la vûe de détourner le sang dans les hémorrhagies. Voyez Prosper Alpin, de med. method. l. XII. c. iv. Erasistrate est d’avis qu’en pareil cas on les fasse aux aînes & aux aisselles. Celse, & après lui le rabbin Moïse, 5 aphor. veulent que dans les céphalalgies, la tête soit promptement serrée avec des bandes. Voyez dans Mercurialis, c. xvij. pag. 95. de affectibus capitis.

Les ligatures s’emploient encore dans les lésions, ou abolitions de mémoire, dans beaucoup de vices des fonctions de l’estomac, & de quelques autres organes. Un homme sur qui on avoit inutilement tenté pendant quinze jours, toutes sortes de remedes pour lui arrêter le hoquet, fut enfin guéri en lui serrant fortement les hypocondres & l’estomac avec une serviette. Voyez Aquitan. miner. aq. pag. 23. Les ligatures seroient donc encore des especes de toniques ?

Les ligatures, ou liens dolorifiques, n’ont pas moins de succès lorsqu’il s’agit des révulsions dans les hémorrhagies, ou dans le flux immodéré de quelques autres humeurs. Forestus rapporte là-dessus une observation qui paroitra d’autant plus singuliere que le remede, à ce qu’il prétend, fut enseigné par une femme. C’est à l’occasion d’un flux de semence chez quelque noble. Qando dormitum ibat nobilis, ligabat filum vel chordulam ad collum, quæ chordula descendebat usque ad collum virgæ, & cum ed virgam ligabat, non multum stringendo ; & quando in somno instabatur & erigebatur membrum, propter ligatuiam illius chordulæ dolorem virgæ incurrebat, & sic excitabutur ut se>men in somno non rejiceret, & ita fuit curatus. Voyez de penis ac virgæ vitiis, l. XXVI. obser. 17. On peut rapporter ici les ligatures au prépuce, pratiquées par les méthodiques. Voyez Prosper Alpin, de med. method. l. XII. c. iv. les distorsions des doigts, & généralement tous les dolorifiques employés à titre d’épipastiques ou attirans.

Les ventouses, elles élevent la peau en tumeur, & y occasionnent des vessies si on les laisse trop séjourner sur la partie. Ce sont de puissans épipastiques dans l’apoplexie, la frénésie, les cardialgies & plusieurs autres maladies. Voyez Ventouses, (Medecine.)

Les suctions, suctus, sont encore mises par quelques auteurs, au nombre des épispastiques ; tels sont les suçons de toute espece, la pratique des Psylles & des Marses pour attirer au-dehors le venin des plaies. Quelques auteurs y joignent les extractions de l’air, du pus & autres matieres qui peuvent être contenues dans des cavités du corps, par le moyen des seringues, des soufflets, &c. dont on voit que les effets sont purement méchaniques. Voyez Mercatus, l. II. de rect. præsid art. med. usu, l. II. c. viij. Voyez, (Médec.)

Les sangsues peuvent être regardées comme des especes de ventouses, elles sont révulsives par le stimulus de leur morsure ou de leur suction ; elles procurent en même tems des dérivations très-utiles. Zacutus Lusitanus parle d’une femme qui étant tombée dans une violente épilepsie, à la suite d’un accouchement laborieux, qui avoit été suivi d’une suppression des regles, fut guérie par l’application de trois sangsues à la vulve. Voyez page 6. obs. 26. On a vu depuis quelques exemples de guérisons de cette nature. Les sangsues appliquées à la marge de l’anus, font encore beaucoup de bien dans la suppression du flux hémorrhoïdal. Voyez Sangsue.

Les vésicatoires proprement dits, ou les emplâtres vésicatoires. Voici les premiers épispastiques modernes, ceux qu’il arrive assez souvent à nos praticiens d’employer, & dont on ne fait peut-être pas toujours assez d’usage. Ce que nous avons dit jusqu’à présent des autres vésicatoires en particulier, ne pouvant être regardé, par l’oubli où la plupart de ces remedes sont tombés, que comme un historique accessoire de l’exposition de ceux-ci, nous devons donc étendre cette exposition à tous les détails qui peuvent intéresser la partie de ces remedes la plus essentiellement utile à connoître, c’est-à-dire la partie qui concerne la pratique ; c’est ce que nous allons tâcher de faire en rapprochant & abrégeant, le plus qu’il se pourra, les faits qui autrement nous meneroient trop au-delà des bornes déjà assez étendues de cet article.

Nous avons observé au commencement, que le nom de vésicatoire n’étoit pas bien ancien. Rolfinck est, si je ne me trompe, le premier ou un des premiers qui s’en soient servis pour designer cette espece particuliere d’épispastique. Mais l’usage de ces remedes a une date plus ancienne ; elle peut se rapporter au tems d’Archigene, qui comme on le voit par un fragment qu’on trouve sous son nom dans Aetius, a très-parfaitement connu les vésicatoires avec cantharides. « Nous nous servons, dit Archigene, dans ce fragment, d’un cataplasme où entrent les cantharides, lequel fait des merveilles toutes les fois que par des petits ulceres qu’il excite, il coule pendant long-tems de la sanie ». Voyez Aetius, tetr. serm. ij. ch. l. Arætée, & quelques autres, ont encore fait usage des mêmes remedes dans leur pratique. A l’égard d’Hippocrate qui a parlé de ces insectes ou mouches, comme propres à des médicamens internes, & qui d’ailleurs les employoit dans quelques pessaires ; il ne paroît pas qu’il leur ait connu la propriété d’être vésicatoires au-dehors. Cette introduction des cantharides dans les épispastiques ne changea pourtant rien à la dénomination de sinapisme que les anciens leur ont toujours conservée, à l’exception de quelques auteurs, comme Dioscoride, Alexandre de Tralles, &c. qui ont quelquefois donné à cette sorte de sinapismes le nom de διακανθαρίδων diacantharidon. Rien n’empêche donc qu’on ne rapporte aux vésicatoires proprement dits, la plupart des choses de pratique qu’on trouve sur les vésicatoires anciens avec addition de cantharides.

Les vésicatoires que nous employons aujourdhui sont formés d’un emplâtre dont la composition est variée dans presque tous les auteurs, mais sur laquelle on peut s’en tenir à la formule suivante, qu’on trouve dans la pharmacopée de Paris, sous le titre d’emplâtre épispastique, savoir, prenez de poudre de cantharide, quatre onces, de poudre d’euphorbe quatre dragmes, de la poix de Bourgogne, & de térébenthine, de chacun six onces, de cire jaune deux onces ; faites fondre la cire, la térébenthine, & la poix, & après les avoir retirés du feu, mêlez-y les poudres en remuant jusqu’à ce que le tout soit réduit en consistence d’emplâtre. Il est encore fait mention dans le même livre d’une pâte épispastique employée comme vésicatoire, & qui est composée, savoir, de levain très fort deux onces, de poudre de cantharides, trois dragmes, mêlangez le tout ensemble pour en faire un emplâtre. Cette derniere composition est plus foible que la précédente : mais on peut y suppléer en augmentant la dose de la poudre des cantharides ; cette augmentation est même très-utile dans toutes les compositions des vésicatoires, lorsqu’on veut obtenir un effet plus prompt de l’administration de ces remedes, & elle n’exige que l’attention de veiller, s’il est permis d’ainsi parler, le vésicatoire, pour que son action n’aille pas trop loin. On peut encore ajouter l’euphorbe aux cantharides, ainsi que le recommande Riviere, pour donner plus d’activité aux vésicatoires. La précaution de n’employer que le tronc des cantharides, c’est-à-dire, d’en rejetter les piés & les ailes, suivant le précepte d’Hippocrate, ne paroît pas fondée ; aussi la plupart des modernes emploient-ils le corps entier de ces insectes, sans qu’il en résulte aucun inconvénient.

L’effet des cantharides est éminemment actif ou propre au corps vivant ; car elles n’agissent point sur les cadavres. « Les vésicatoires, dit le célebre auteur des recherches sur le pouls. donnent une secousse générale au genre nerveux ; ils excitent une disposition inflammatoire ; ils fixent le courant des humeurs & les traînées irrégulieres des oscillations ; ils donnent du ressort à tout le parenchime des parties dans lesquelles séjourne le suc nourricier, &c. » Voyez page 307. des recherches. Tous ces effets se déduisent naturellement de la théorie que nous avons déjà exposée. Baglivi a donné sur cette matiere un ouvrage qui ne sauroit être trop étudié ; l’auteur y dit, entre autres choses, que lorsque dans la pleurésie la difficulté de cracher & de respirer surviennent, il convient d’appliquer sans différer des vésicatoires aux jambes. Il assure que d’un grand nombre de malades qu’il a vu traiter par cette méthode dans un fameux hôpital d’Italie, il en est peu qui soient morts. A une expérience détaillée qui porte par-tout l’empreinte de la vérité & de la candeur, Baglivi a l’avantage de joindre la dialectique la plus forte qu’il dérive de quelques passages du pere de la Médecine, principalement de celui-ci. « Dans les maladies de poitrine, les tumeurs qui surviennent aux jambes sont d’un bon signe, & il ne peut rien arriver de plus favorable, surtout si cela se fait après un changement dans les crachats ». In pulmoniis quicumque tumores fiunt ad crura boni, nec potuit aliud quidquam melius accidere, præsertim si mutato sputo sic appareant., liv. II. prognost. 67. Le génie de la nature conduisoit donc ici Baglivi, comme nous avons vu qu’il avoit conduit Hippocrate dans la découverte & l’emploi de la plûpart des remedes épispastiques. Il est encore un fait d’observation que Baglivi ajoute comme un complément de preuves à tout ce qu’il dit pour établir l’excellence de la pratique ; c’est qu’après l’application des vésicatoires, il a toujours vu les cours de ventre s’arrêter au grand soulagement des malades ; ce qui est également conforme à ce que nous apprend Hippocrate, « que les cours de ventre qui surviennent dans les pleurésies sont presque toujours funestes ; car les crachats en sont supprimés, la difficulté de respirer en est augmentée, & le malade après peu de jours ou meurt, ou tombe dans une maladie chronique ».

Sur toutes ces raisons, l’illustre italien conclut très-à-propos contre ceux qui emploient sans ménagement les purgatifs dans le commencement des pleurésies : hinc clarè patet, dit-il, quantùm à veritate aberrent, qui prætextu minerationis cachochymiæ vel aliarum hujusmodi nugarum, statim in principio pleuritidum purgantia exhibent tanto oegrorum detrimento, page 656. chap. iij. de commed. ab usu vesicantium. On peut ajouter à ces témoignages de Baglivi sur les avantages de l’administration des vésicatoires dans les maladies de poitrine, celui de Willis qui s’est également exercé sur le même sujet, & qui se cite lui-même dans son ouvrage, pour n’avoir jamais trouvé de plus grand soulagement à une toux violente qui le tourmentoit habituellement, que l’application des vésicatoires. Voici ses propres paroles : fateor me sæpius tussi immani cum sputo copioso & crasso, (cui originaliter sum obnoxius) correptum, a nullo alio remedio plus quam a vesicatoriis juvamen recepisse ; itaque soleo dum iste affectus urget, 1o. super vertebras cervicis, dein ulcusculis ibi sanatis infrà aures, ac posteà si opus videbitur super hœmoplatea medicamina, ἐφελκούμενα, applicare. Vide sect. 3. cap. iij. de vesicatoriis.

Outre les effets généraux dont nous avons parlé, les vésicatoires influent singulierement sur les pouls ; (voyez recherches sur le pouls, page 348.) on le trouve ordinairement toujours plus dur qu’auparavant peu de tems après l’application des vésicatoires ; c’est une observation qu’avoit déjà fait Baglivi ; mais il se développe sensiblement quelques heures après, & c’est ordinairement un heureux présage. L’application de ces remedes entraîne souvent encore des soubresauts des tendons, des mouvemens convulsifs dans les membres, des sueurs copieuses, des ardeurs d’urine, des pissemens de sang, &c. (Voyez Baglivi, parag. iij. de usu & abusu vesicantium, pag. 653.) On observe également que ces remedes affectent quelquefois la vessie : les anciens faisoient prendre en conséquence du lait aux malades afin de les prémunir contre cet accident ; & quelques modernes suivent encore cette pratique. (Voyez Huxam, essai sur les fiévres) mais on préfere plus communément le camphre. Il est encore des dispositions dans les sujets relatives peut-être encore au tems de la maladie qui peuvent varier les effets de ces remedes ; nous ne saurions mieux le prouver que par le morceau suivant de l’histoire des maladies qui regnerent en 1700 à Breslau, consignée dans les actes des érudits de l’année 1701, de ophtalmia hoc aiunt, quod membrum collegii hujus dignissimum apposito circà aurem sinistram in loco oculo affecto vicino, vesicatorio, duplex damnum percepit ; quam primùm cantharides virtutem suam exercuissent, saporem in ore sentire sibi visus est xibetho analogum, qui, quoad vesicatoria eodem in loco relinquebantur, perdurabat, & nauseam creabat ; dolor in dies, imò horas singulas, vesicis humorem plorantibus, exacerbebatur, & lippitudo adeò augebatur ut singulis momentis oculus aquam stillaret. Quâ re permotus vesicantia post triduum ex eo loco in pedem sinistrum transferebat, ex quo duplex iterum enascebatur observatio, quod intra nicthemeri spatium, vesica emplastro etiam fortissimo, vix excitari potuerit propter serum ad superiora versum ; quod quamprimùm vesicæ in pede stillare incipiebant in momento quasi dolor oculi remitteret. A l’égard du pansement des vésicatoires, voyez Vésicatoires, Chirurgie.

En genéral, les vésicatoires s’emploient utilement (outre les maladies de poitrine dont nous avons déja parlé) contre les douleurs de tête, les ophthalmies, les fluxions sur les dents, sur les oreilles, l’épilepsie, la catalepsie, les phrénésies symptomatiques, les petites véroles dont l’éruption est lente & difficile, dans les fievres pourpreuses, dans les douleurs rhumatismales, les douleurs sciatiques, dans la goutte, &c. Ils sont encore bons dans les fievres pestilencielles, quoique quelques auteurs ne les approuvent pas dans ces maladies. Voyez Prosper Alpin, de medicina méthodica.

Riviere les recommande beaucoup dans ces dernieres fievres, de même que dans les malignes, & il ne se borne pas à un seul vésicatoire, mais il veut qu’on en mette jusqu’à cinq à la fois sur différentes parties du corps. Voyez de febribus, sect. iij. caput j. Dans quelques douleurs de tête ou d’oreilles, ces remedes ont encore l’avantage de pouvoir être appliqués sans nuire à la coction & à la suppuration des matieres comme le font les saignées, qui dans un pareil cas furent funestes à l’homme d’Halicarnasse dont parle Hippocrate. Enfin, dans tous les cas où l’on a les solides à revivifier, pour ainsi dire, à remonter toute la machine, à en évacuer les sérosités épanchées qui sont trop éloignées des couloirs, ou qui ne peuvent pas y être poussées par des solides qui ont perdu leur ressort, que le pouls est foible & intermittent, les vésicatoires peuvent faire beaucoup de bien.

Ils sont également utiles pour procurer des révulsions très-favorables dans quelques maladies chirurgicales. Celse dit que lorsque l’humeur formant le cal dans les fractures est trop copieuse, il convient d’appliquer au membre opposé un sinapisme, c’est-à-dire, un vésicatoire, pour y attirer une partie de cette humeur. Voyez liv. VIII. chap. x.

On applique les vésicatoires à-peu-près sur toutes les parties du corps, en évitant de les placer sur les organes délicats. Les Anglois les prodiguent ordinairement, ils en couvrent quelquefois toute la tête ; quelques autres médecins de cette nation appliquent ces remedes sur le côté même de la douleur dans les pleurésies, & ils y employent un vésicatoire de la largeur de la main. M. Pringle ajoute même que si on l’applique à tout autre endroit, il peut augmenter la maladie, mais en agissant directement sur la partie, il résoud l’obstruction & écarte par-là la fievre. Voyez malad. des armées, tom. I. pag. 222. Voilà une assertion qui n’est pas tout-à-fait conforme à celle de Baglivi, & que nous laissons à discuter aux praticiens ; il paroît cependant vraissemblable que la fievre générale qu’excitent les vésicatoires peut atteindre de partout les obstructions dont parle M. Pringle, principalement quand l’application du remede se fait sur des parties qui correspondent à l’organe affecté ; or la correspondance des extrémités avec la poitrine est tous les jours confirmée dans la pratique par des enflures aux jambes dans les pleurésies, les péripneumonies, les phthisies, &c. Il semble d’ailleurs que cette derniere méthode fait moins de violence à la nature, qu’il est toujours prudent & utile de suivre & de ménager ; on ne voit donc pas comment elle pourroit augmenter la maladie, sans parler de l’écartement de la fievre, que M. Pringle paroît avoir à cœur, & dont beaucoup de grands médecins croyent la présence nécessaire, au moins durant quelque tems, pour la coction des matieres & leur expectoration.

Les contre-indication ; de l’application des vésicatoires sont les blessures à la tête, accompagnées de vomissemens & de la perte des sens, la présence ou la menace des convulsions, le délire, la fievre aiguë, l’état de grossesse, l’écoulement des menstrues, &c. certains tempéramens chauds & ardens. Voyez Baglivi, cap. ij. §. 2. de usu & abusu vesicant. Baglivi ajoute les climats chauds, comme ceux de Rome, mais il paroît que cette crainte est vaine ; il n’y a dans ce cas qu’à modérer la dose des cantharides. C’est avec cette précaution qu’on les emploie tous les jours dans quelques provinces méridionales du royaume où les chaleurs ne sont guere moins vives qu’en Italie. Outre ces cas indiqués par Baglivi dans les maladies de poitrine qui se manifestent par une douleur fixe & une espece d’engourdissement, les vésicatoires sont mortels suivant Hippocrate, dolor in pectore fixus cum torpore malum denuntiat ; hi si subortâ febre exesiuant, celeriter mortem oppetunt. Voyez proedictor. lib. I. sect. ij. Les vésicatoires sont encore contre-indiqués dans les hydropisies avec infiltration de tout le tissu cellulaire, par le risque que les ulceres produits par ces remedes ne tournent en gangrene. Il faut autant qu’on le peut ne pas attendre l’extrémité pour employer les vésicatoires dans quelques maladies aiguës ; il faut surtout ne pas les appliquer sans avoir préalablement consulté plusieurs symptomes qui doivent décider sur le choix de la partie où doit se faire cette application. Il est par exemple de la derniere importance de regarder aux hypocondres ; Voyez là-dessus Hippocrate, padict. lib. I. sect. ij. de pareilles négligences, lorsqu’elles arrivent, deshonorent l’art & l’ouvrier ; c’est la marque la plus complette du vuide & du faux des médecines routinieres.

Des caustiques. Les caustiques composent la classe des épispastiques les plus actifs, & dont les effets sont le plus marqués. Voyez Caustique, Chimie & Médecine.

Les sonticules ou cauteres. Ces épispastiques sont du nombre de ceux dont nous avons dit que les effets étoient mixtes par la raison qu’ils évacuent les matiere ; séreuses contenues dans le tissu cellulaire, par une dérivation méchanique, aidée d’un petit stimulus dans les nerfs qui favorise cette évacuation. Vanhelmont, qui avec son enthousiasme ordinaire a déclamé debacahatus, comme le dit M. de Vanswieuten contre les cauteres, apporte des raisons qui méritent qu’on prenne la peine de les lire. Il prétend qu’on se trompe ridiculement de prendre pour un écoulement de la matiere morbifique le peu de sérosité ou de sanie que fournit un cautere dans les maladies chroniques ; que cette sérosité n’est qu’une petite portion de lymphe nutritive portée au fonticule, où elle se mêle à d’autres sucs, s’épaissit & s’altere avec eux par le séjour & la chaleur, &c. Que lui Vanhelmont a fait fermer ou cicatriser plus de mille cauteres, sans qu’il en soit arrivé le moindre mal : (voyez Vanhelmont, de cauterio, pag. 237.) ces prétentions peuvent être outrées, mais du moins doivent-elles engager le médecin à ne pas ordonner légerement ces sortes de remedes. Il est toujours vrai cependant que les cauteres font quelquefois beaucoup de bien, surtout dans certaines maladies séreuses de la tête. Voyez Charles Pison, de morb. cap. ij. colluvie serosa. L’exemple de personnes guéries par des fonticules ouverts sponte aux aînes, ont fait dire à beaucoup d’auteurs très-célebres que ces remedes étoient utiles dans la vérole. Voy. Zacutus Lusitanus, lib. II. obs. 131. qui parle d’une pareille guérison opérée par ces fonticules spontanés aux aînes. Voyez encore Cappivacius de luc venerta. Mercatus de codem morbo, lib. I. & lib. II. cap. j.

Les effets des fonticules sont lents & longs ; ils conviennent à plusieurs maladies, comme les douleurs sciatiques, la goutte, les rhumatismes, &c. quant à la maniere d’appliquer ces remedes, voyez Fonticule, Chirurgie. Mercatus observe à ce propos qu’il ne convient pas d’ouvrir des cauteres sur le haut de la cuisse lorsque la douleur isciatique vient d’une congestion de sang veineux, mais bien lorsqu’elle est produite par un engorgement de mucus ou de serum dans l’articulation devenue foible. Voyez de necto pra. art. med. usu, lib. I.

Les setons. Ces épispastiques sont plus efficaces que les fonticules ; ils produisent des dérivations considérables dans beaucoup de maladies de tête : des grands praticiens les ont employés avec beaucoup de succès contre des ophtalmies rebelles, il en est même, comme Charles Pison, tom. I. de curandis & cognoscendis morbis, qui approuvent les setons au scrotum dans l’hydropisie, à l’imitation d’Hippocrate qui faisoit faire des incisions dans la même maladie à ces parties, & frotter les incisions avec du sel. On se sert utilement dans quelques provinces contre les surdités, les maux d’oreilles, les migraines & autres maladies de la tête, d’une espece de seton qui consiste en un petit brin de timælea ou garou qu’on passe dans un trou de l’oreille qui a été percée à cet effet. On laisse ce brin de timælea ainsi lardé dans le bout de l’oreille, & la causticité de ce petit morceau de bois procure un écoulement salutaire qu’on entretient aussi long-tems qu’il en est besoin ; du reste ce dernier remede se rapporte presque entiérement à celui dont parle Columelle, & que cet auteur propose contre les maladies pestilencielles des bestiaux. Voyez d’ailleurs Seton.

Les ustions. Ce sont les plus violens & les plus prompts épispastiques ; il est étonnant combien les anciens en ont fait usage dans la plûpart des maladies. Voyez Ustion, Méd. On peut joindre ici le moxa ou le duvet d’armoise, employés dans les ustions par quelques nations étrangeres, voyez Moxa & la poudre à canon enflammée sur les parties. La maniere de se guérir des engelures en les exposant à un feu vif, peut encore passer pour une espece d’ustion.

L’acupuncture. C’est une sorte d’épispastique très en usage au Japon & à la Chine, & que les peuples de ce pays substituent à la saignée. Cet article ayant été oublié, nous tâcherons de rappeller ici tout ce qu’il y a de plus intéressant dans cette méthode. L’acupuncture consiste à faire sur tout le corps quantité de petites plaies au moyen d’instrumens pointus dont on pique toute l’habitude du corps, en les enfonçant assez avant dans les chairs. Le docteur Guillaume Then-Rhine a donné à la suite d’une dissertation sur la goutte, imprimée à Londres en 1683, une espece de tableau de cette opération avec les instrumens qu’on y emploie ; voici à peu-près ce qu’en dit le journal des Savans du mois de Mars de l’année 1684. « On pique presque toutes les parties du corps dans un nombre infini de maladies qu’il est inutile de détailler ici ; la constitution de ces parties n’est pas moins la regle de la maniere dont on doit faire cette piquure, que de la profondeur qu’il faut observer ; ainsi l’on pique moins avant les parties nerveuses, & l’on enfonce davantage dans celles qui sont charnues. Les personnes foibles doivent être piquées au ventre, & les robustes au dos ; quelquefois l’on ne fait simplement qu’enfoncer l’aiguille, souvent on la tourne entre les doigts pour la faire entrer avec moins de douleur ; & dans quelques autres rencontres l’on frappe doucement avec une espece de petit marteau d’ivoire, d’ébene, ou de quelqu’autre matiere un peu dure, voyez la fig. 1. on tient l’aiguille l’espace de trente respirations, qui est une maniere de compter usitée par les Médecins de ce pays ; mais si le malade ne le peut supporter, on la retire d’abord & on la renfonce une seconde fois, & même plusieurs autres si c’est un mal opiniâtre. Ce qu’ils observent encore, est que le malade soit à jeun lors de cette opération ; l’aiguille sur-tout doit être d’or ou du moins d’argent, & jamais d’aucun autre métal ; & pour s’en servit utilement dans toutes les occasions, il faut qu’elle soit fort aiguë, ronde, longue, & tournée en vis le long du manche, comme la figure le représente, voyez la fig. 2. voyez encore sur cette opération Koempfer, in amæn. exot. »

L’effet de ces piquures est de former plusieurs noyaux inflammatoires, de réveiller les nerfs du tissu muqueux ou cellulaire qui se trouvent engourdis, & de déterminer au moyen de cette irritation donnée à la peau les oscillations nerveuses vers cet organe, lesquelles y entrainent quelquefois des dépôts critiques, &c. Zacutus Lusitanus rapporte, que dans le royaume du Pérou & en Afrique, on pique les parties avec des couteaux brûlans & pointus dans les stupeurs ou engourdissemens des membres ; l’auteur dit même avoir guéri de cette maniere un jeune homme, voyez l. I. pag. 231. on pourroit joindre à cet exemple ce que Valesius raconte d’un médecin qui guérit un seigneur apoplectique, dont les veines ne se trouverent point assez apparentes pour qu’on pût le saigner, en lui faisant appliquer des sangsues sur presque toute l’habitude du corps, voyez dans Forestus, p. 23.

La saignée. Elle ne produit ordinairement que des dérivations locales ; cependant elle est quelquefois accompagnée de phénomenes qui peuvent la faire regarder comme révulsive, sans doute que pour lors ces phénomenes sont dûs au stimulus que cause la piquure de la lancette : par exemple, Baillou, tom. III. lib. para licmatum, pag. 437. raconte qu’un médecin de Marseille ayant, selon la méthode des anciens, fait ouvrir la veine entre le doigt annulaire & le petit doigt à un homme qui avoit la fievre quarte, cet homme fut guéri par cette saignée, mais qu’il en eut durant une année entiere sa main comme livide. V. Saignée.

Il en est de même des scarifications proprement dites, c’est-à-dire de celles qui sont pratiquées par quelques peuples, comme les Egyptiens, & qu’on ne fait qu’après avoir frictionné la partie ; il est évident que ces remedes sont des épispastiques dont l’effet est combiné de l’actif & du mixte. Voyez Scarifications.

Tels sont les différens objets qui composent le tableau de la médecine épispastique & dans lequel, suivant quelques auteurs, pourroient encore entrer plusieurs autres especes de remedes, comme les ceintures de bursa pastoris ou de feuilles d’ellebore noir, qui portées sur la chair nue arrêtent les hémorrhoïdes, au rapport de Theop. Bonnet, de med. septentr. collat. les décoctions de dictamne, qui prises intérieurement, passent pour avoir la vertu de pousser au-dehors les corps étrangers implantés dans la substance des parties, &c. Article de M. H. Fouquet, doct. en Médecine, de la faculté de Montpellier.