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La philosophie du bon sens/IV/XX

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§. XX.

Récapitulation.


Voilà, Madame, un Détail des Sentimens des Philoſophes ſur les premiers Principes de la Phyſique. C’eſt par leur Moïen, qu’ils expliquent la plûpart des Effets cachés de la Nature. Voïez quelle doit être l’Incertitude de leurs Raiſonnemens : car, quelle Conſéquence évidente pourroient-ils tirer de Principes auſſi peu évidens ? Auſſi crois-je, Madame, que la véritable Phyſique n’eſt autre Choſe qu’une Science expérimentale, qui nous découvre bien des Secrets, dont il nous eſt cependant impoſſible de connoître les prémieres Opérations ; n’aïant, comme j’ai déjà eu l’Honneur de vous le dire au commencement, aucune Idée de la Façon dont agiſſent les Parties actives de la Matiere, ou ſes prémiers Ouvriers : enſorte que Des-Cartes explique un Expérience, par le Moïen de la Matiere ſubtile ; Gaſſendi, par celui des Atomes & du Vuide ; Newton, par celui de l’Attraction, &c. Mais, qu’importe de ſavoir préciſement comment les prémiers Principes agiſſent, dès qu’on ſçait le Moïen de leur faire produire d’une maniere ſûre les Effets que l’on cherche, & d’en retirer tout le Profit dont nous avons beſoin. Dieu, en nous cachant les prémieres Opérations de la Nature, qui ſont des Secrets connus à lui ſeul, nous a donné le Pouvoir de les occaſionner par des Moïens dont dont il nous a accordé la Connoiſſance. En ſe réſervant les premiers Principes de la Phyſique, il nous a laiſſé une Science expérimentale, qui ſuffit à nos Beſoins, & qui eſt à la Portée de tous ceux qui ont aſſez de Curioſité & de Patience pour s’y appliquer, avec Attention.


Fin de la Troisieme
Réflexion.