Le Coran (Traduction de Savary)/65

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Traduction de Claude-Étienne Savary.
LE CORAN,

traduit de l’arabe, accompagné de notes, précédé d’un abrégé de la vie de Mahomet, tiré des écrivains orientaux les plus estimés.

Seconde partie.
Réédition de 1821 (première édition en 1782).

Publié à Paris et Amsterdam par G. Dufour, Libraire.
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CHAPITRE LXV.
La Répudiation.

donné à Médine, composé de 12 versets.

Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


O Prophète, ne répudiez vos femmes qu’au terme marqué[1]. Comptez les jours exactement. Avant ce temps, vous ne pouvez ni les chasser de vos maisons, ni les en laisser sortir, à moins qu’elles aient commis un adultère prouvé. Tels sont les préceptes du Seigneur. Celui qui les transgresse perd son âme. Vous ne savez pas quels sont les desseins de Dieu sur l’avenir.

2Lorsque le terme est accompli, vous pouvez les retenir avec humanité, ou les renvoyer suivant la loi. Appelez des témoins équitables. Qu’ils assistent à vos engagemens. Que le ciel soit pris à témoin de leur sainteté ! Dieu prescrit ces préceptes à ceux qui croient en lui et au jour du jugement, il aplanira les obstacles pour ceux qui ont sa crainte, et leur accordera des biens auxquels ils ne s’attendaient pas.

3Dieu est le prix de celui qui met en lui sa confiance. Sa volonté s’exécute infailliblement. Il a établi pour chaque chose un effet déterminé.

4Attendez trois mois avant de répudier les femmes qui désespèrent d’avoir leurs mois. Usez-en de même envers celles qui ne les ont point encore eux. Gardez celles qui sont enceintes, jusqu’à ce qu’elles aient mis leur fruit au jour. Dieu aplanit les difficultés pour ceux qui le craignent.

5Tels sont les préceptes qu’il vous a envoyés. Craignez-le ; il effacera vos fautes, et vous accordera une récompense magnifique.

6Laissez aux femmes que vous devez répudier, un asile dans vos maisons. Ne leur faite aucune violence pour les loger à l’étroit. Accordez à celles qui sont enceintes, tous les soins convenables, pendant le temps de leur grossesse. Si elles allaitent vos enfans, donnez-leur une récompense réglée entre vous avec équité ; s’il se trouve des obstacles, ayez recours à une nourrice.

7Que le riche proportionne ses largesses à son opulence, et le pauvre à ses facultés. Dieu n’oblige personne à faire plus quàil ne peut. A la pauvreté il fera succéder l’aisance.

8Combien de villes se sont écartées des lois de Dieu, et des prophètes ! Nous les avons jugées avec sévérité, et punies avec rigueur.

9Leur infidélité a mérité nos fléaux, et causé leur ruine.

10Dieu leur réserve des tourmens rigoureux. Craignez le Seigneur, ô vous qui avez la sagesse !

11O croyans ! le Seigneur vous a envoyé l’islamisme, et le prophète pour vous l’enseigner. Il fera sortir des ténèbres, et conduira au flambeau de la foi, les fidèles qui auront pratiqué la vertu. Introduits dans les jardins qu’arrosent des fleuves, hôtes éternels du séjour de délices, ils jouiront de tous les biens que le Tout-Puissant a rassemblés pour les rendre heureux.

12C’est Dieu qui a créé les sept cieux, et les sept terres[2] ; il les fait obéir à sa voix, afin que vous sachiez que sa puissance est sans bornes, et que l’univers est rempli de sa science.


  1. Lorsqu’un Mahométan a juré qu’il répudie son épouse, il cesse d’avoir commerce avec elle. A la nouvelle du serment, elle se couvre d’un voile, se retire dans son appartement, et ne se laisse plus voir à son mari. Lorsque les quatre mois fixés pour la réconciliation sont expirés, tous les liens sont rompus ; la femme recouvre sa liberté, et reçoit en sortant la dot fixée dans le contrat de mariage. Les filles suivent la mère, et les fils restent avec le père.
  2. Dieu a créé sept cieux et sept terres distans les uns des autres de cinq cents journées de chemin. Tous sont habités. L’Être Suprême règne sur cet univers. Zamchascar.