Le Coran (Traduction de Savary)/74

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Traduction de Claude-Étienne Savary.
LE CORAN,

traduit de l’arabe, accompagné de notes, précédé d’un abrégé de la vie de Mahomet, tiré des écrivains orientaux les plus estimés.

Seconde partie.
Réédition de 1821 (première édition en 1782).

Publié à Paris et Amsterdam par G. Dufour, Libraire.
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CHAPITRE LXXIV[1].
Le Manteau.

donné à La Mecque, composé de 55 versets.

Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


O toi qui es couvert d’un manteau !

2Lève-toi, et prêche.

3Glorifie le Seigneur.

4Purifie les vêtemens.

5Fuis l’abomination[2].

6Ne donne point à dessein de recevoir davantage.

7Attends patiemment ton Dieu.

8Lorsque la trompette aura retenti,

9Le jour terrible commencera.

10Les infidèles n’y trouveront point de consolation.

11Laisse-moi seul avec l’homme que j’ai créé.

12Je lui ai donné des biens abondans,

13Et des enfans pour les partager.

14J’ai aplani les obstacles sous ses pas.

15Il attend que je mette le sceau à son bonheur.

16Vains souhaits. Il a été rebelle à ma loi.

17Je l’obligerai à gravir la montagne pénible.

18Ils a pensé et disposé.

19La vengeance divine a été le fruit de ses projets.

20Il est mort comme il avait agi.

21Il a porté ses regards autour de lui,

22Et la tristesse a voilé son front.

23Sur la terre il fut rebelle et orgueilleux.

24Le Coran, disait-il, est une imposture.

25Ce n’est que la parole d’un homme.

26Les feux du Tartare puniront ce blasphème.

27Qui te donnera une idée de ce gouffre ?

28Il ne laisse rien échapper ; il ne rond point sa proie.

29Il dévore les chairs des réprouvés.

30Dix-neuf anges en ont la garde.

31Nous ne l’avons confiée qu’aux esprits célestes. Nous les avons fixés à ce nombre pour égarer les idolâtres, pour affermir les juifs dans la vraie croyance, et augmenter la foi des fidèles.

32Que les juifs et les croyans ne doutent donc point de cette vérité.

33Laisse ceux dont le cœur est infecté, laisse les impies s’écrier : Que Dieu veut-il nous enseigner par ce nombre mystérieux ?

34Le Tout-Puissant éclaire ou égare les mortels à son gré. Personne ne connait ses armées. Lui seul en la connaissance. Ces vérités doivent vous instruire.

35Je jure par la lune,

36Par la nuit quand elle plie ses voiles,

37Par l’aurore quand elle s’avance entourée de lumière,

38Que l’enfer est l’abîme épouvantable ;

39Qu’il menace les humains ;

40Qu’il avertit celui qui marche dans le chemin de la justice, et celui qui retourne sus ses pas.

41Chacun répondra de ses œuvres. Ceux qui occuperont la droite

42Entreront dans le jardin de délices. Ils demanderont aux méchans :

43Qui vous a fait tomber dans l’enfer ?

44Nous n’avons point fait la prière, répondront-ils ;

45Nous n’avons point nourri le pauvre ;

46Nous avons disputé avec les amateurs des frivolités,

47Et nous avons traité de chimère le jour de la résurrection.

48La mort fatale nous a surpris.

49L’intercession leur sera inutile.

50Pourquoi se sont-ils éloignés de la religion,

51Semblables à l’âne sauvage qui fuit devant une lionne ?

52Ils voudraient que Dieu leur envoyât un ordre écrit de sa main.

53Il n’en sera pas ainsi ; cependant la vie future ne les épouvante point.

54Il n’en sera pas ainsi. Le Coran les avertit. Que celui qui veut s’éclairer recherche sa lumière.

55Les élus du Seigneur écouteront seuls les avertissements divins. Dieu mérite qu’on le craigne. La miséricorde est son partage.


  1. Ce chapitre porte à peu près le même titre que le précédent. Le voici : O toi qui es couvert d’un manteau !

    De ce que Mahomet paraît deux fois couvert d’un manteau, Maracci conclut qu’il était épileptique et démoniaque. Est-il une raison plus frivole ? Il ignorait sans doute que les Arabes ne vont jamais sans de longs manteaux de laine blanche, qui les défendent de la chaleur pendant le jour, et qui leur servent de lit pendant la nuit. Ces robes flottantes sont encore des habits de cérémonie, et ils ne paraîtraient pas devant une personne honnête sans en être revêtus. Il n’est donc pas étonnant que Mahomet à l’instant où il feint que l’ange lui a parlé en ait été couvert. J’ai vu en Égypte de ces prétendus démoniaques, de ces hommes qui se disent inspirés ; loin d’être enveloppés de manteaux, ils vont absolument nus, apparemment pour être plus dégagés des choses terrestres. Le peuple les révère comme des hommes possédés d’un génie, comme des saints.

  2. C’est-à-dire le culte des idoles.