Le Croyant/XXXIV

La bibliothèque libre.
Despret frères (p. 45-46).

Tout s’arme pour le Christ, et ma Belgique aussi
Se lève en écoutant ce douloureux récit.
Du somptueux castel, de la pauvre chaumière,
De tous côtés surgit une foule guerrière,
Et la femme elle-même, en quittant ses fuseaux,
Se livre avec ardeur aux plus rudes travaux.
Mais quel habile chef, mais quel héros sublime,
Digne de ces chrétiens qu’un saint transport anime,
Saura guider leurs pas sur le sol étranger,
Et trouver la victoire au milieu du danger ?

Il est dans le Brabant un vieux champ de bataille
Qu’ont souvent déchiré le boulet, la mitraille ;
C’est là que sont tombés, dans de sanglants sillons,
D’illustres généraux, de vaillants bataillons.
Non loin, en poursuivant les détours de la Dyle.

Naguères, au milieu d’une plaine fertile,
Le touriste attentif pouvait encore voir
Les restes oubliés d’un antique manoir ;
C’est en ces lieux qu’est né le guerrier magnanime
Qu’élurent les croisés d’une voix unanime.
C’était toi, ce héros, ô pieux Godefroid,
Que l’Aralbe n’osait regarder sans effroi,
Toi dont le bras terrible a dompté sa furie
Toi qui fis honorer le nom de ma patrie !

Séparateur