Le Dialogue (Hurtaud)/120

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Traduction par Hurtaud.
Lethielleux (p. 49-52).


CHAPITRE XI

(120)

Résumé du chapitre précédent, et du respect que l’on doit aux prêtres, qu’ils soient bons ou mauvais.

Je t’ai montré, ma très chère fille, comme un reflet de l’excellence de mes ministres. Je dis un reflet, en comparaison de ce qu’elle est en réalité. Je t’ai exposé la dignité dont je les ai revêtus, en les choisissant pour en faire mes ministres. A cause de cette autorité et de cette dignité dont je les ai investis, je ne veux pas, pour quelque faute que ce soit, que les séculiers portent la main sur eux. Eu touchant à mes prêtres, ils m’offensent misérablement.

Je veux, au contraire, qu’ils aient pour eux, tout le respect qui leur est dû, non à cause d’eux, comme je t’ai dit, mais à cause de Moi, à raison de l’autorité que je leur ai donnée.

Ce respect ne doit donc jamais diminuer, alors même que leur vertu serait amoindrie, parce qu’ils sont toujours, de par Moi, les ministres du Soleil, les dispensateurs du corps et du sang de mon Fils et des autres sacrements.

Cette dignité appartient aux mauvais comme aux bons. Tous sont investis des mêmes fonctions. Mais les parfaits, ainsi que je te l’ai exposé, ont les propriétés du soleil ; ils illuminent et réchauffent leur prochain par l’amour de la charité. Par cette chaleur, ils font germer et fructifier les vertus, dans les âmes qui leur sont confiées. Ils sont aussi des anges, préposés par moi à votre garde, pour vous préserver du mal et suggérer à vos cœurs de bonnes inspirations, par leurs saintes prières, par leur enseignement, par l’exemple de leur vie, et en même temps pour vous servir et vous administrer les saints sacrements, comme fait l’ange qui vous garde et vous inspire de bonnes et saintes pensées.

Tu vois donc qu’outre la dignité que je leur ai conférée, ils sont aussi dignes de votre amour, parce qu’ils sont ornés de toutes les vertus, que tous d’ailleurs, sont tenus de posséder. Quel respect ne devez-vous donc pas avoir pour ces fils d’élection, qui sont un seul Soleil avec moi par leurs vertus, dans le corps mystique de la sainte Église. si tout homme vertueux est digne d’amour, combien plus ceux-ci, à raison du ministère que je leur ai confié ! Vous les devez donc aimer à un double titre : à cause de leurs vertus et à cause de la dignité du Sacrement. Quant à ceux qui vivent mal, vous devez haïr leurs péchés, mais je ne veux pas que vous vous fassiez leurs juges. Ils sont mes christs, et vous devez aimer et vénérer l’autorité qu’ils tiennent de Moi.

Si un homme, crasseux et mal vêtu, vous apportait un grand trésor qui vous rendrait la vie, sans aucun doute, par amour du trésor, et aussi du seigneur qui l’envoie, vous feriez bon accueil au commissionnaire, nonobstant sa crasse et ses haillons. Son extérieur vous déplairait bien, mais, vous vous emploieriez, par amour pour son seigneur, à le laver et à l’habiller de neuf. C’est votre devoir d’en agir ainsi, suivant l’ordre de la charité, et je veux que vous traitiez de cette manière, mes ministres dont la vie est trop peu réglée. Malgré leur impureté et leurs vêtements en lambeaux, déchirés par tous les vices, depuis qu’ils sont séparés de ma charité, ils ne laissent pas que de vous apporter de grands trésors, par les Sacrements de la sainte Église, où vous puisez la vie de la grâce, si vous en approchez dignement. Vous devez donc les honorer, quels que soient leurs défauts, pour l’amour de moi, le Dieu éternel, qui vous les envoie, et par amour de la vie de la grâce, que vous trouvez dans ce trésor, qui contient le Dieu-Homme tout entier, le corps et le sang de mon Fils, unis à ma nature divine. Votre devoir est de déplorer et de détester leurs fautes, et de vous employer avec charité, par la sainte prière, à leur procurer un habit neuf, et à laver dans vos larmes leur souillure. Oui, c’est là ce que vous devez faire : offrir devant moi, pour eux, avec larmes et grand désir, vos saintes prières, pour que je les revête, par ma Bonté, du vêtement de la charité.

Vous savez bien que je veux leur faire grâce, pourvu qu’ils s’y disposent, et que vous me le demandiez. Car, c’est contraire à ma volonté, qu’ils vous distribuent le Soleil, dans les ténèbres, dépouillés de la vertu et souillés par une vie déshonnête. C’est pour qu’ils soient vos anges sur terre et en même temps votre soleil, que je vous les ai donnés, comme je te l’ai dit. S’ils ne le sont pas, votre devoir est de me prier pour eux, mais ne les jugez pas. Ce jugement m’est réservé. Et Moi, par vos prières, s’ils veulent s’y disposer, je leur ferai miséricorde. Mais, s’ils ne se corrigent pas, la dignité qu’ils possèdent sera leur ruine. Moi, le souverain Juge je leur ferai entendre le grand reproche au dernier instant de la mort, et s’ils ne s’amendent pas, s’ils ne profitent pas de la grandeur de ma miséricorde, ils seront envoyés au feu éternel.