Le Dialogue (Hurtaud)/55

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Traduction par Hurtaud.
Lethielleux (p. 188-190).


CHAPITRE XXV

(55)

Récapitulation de quelques choses déjà dites.

Jusqu’ici, je t’ai exposé comment, en général, toute créature humaine doit procéder, pour sortir du fleuve du monde, en évitant de s’y noyer et d’encourir l’éternelle damnation. Je t’ai expliqué les trois degrés, qui généralement sont les trois puissances de l’âme, et comment personne n’en peut gravir l’un sans les atteindre tous.

Je t’ai interprété cette parole de ma Vérité : Quand ils seront deux ou trois ou plusieurs assemblés en mon nom… ; et je t’ai fait voir que cette assemblée est la réunion de ces trois degrés ou de ces trois puissances de l’âme, mises en accord avec les trois commandements principaux de la Loi, concernant la charité envers moi et envers le prochain, et consistant à m’aime par-dessus toute chose et le prochain comme soi-même.

Ces degrés franchis, ces puissances assemblées en mo nom comme je t’ai dit, l’âme soudain a soif de l’eau vive. Elle se met alors en mouvement et traverse le pont, en suivant la doctrine de ma Vérité qui est elle-même ce pont. Elle accourt à sa voix, la même voix qui vous invitait dans le temple, et qui toujours vous appelle, toujours vous crie : Qui a soif, vienne à moi et qu’il boive : Je suis la fontaine d’eau vive.

Je t’ai expliqué ce que signifie cette parole et comment il faut l’entendre, pour te faire mieux connaître l’abondance de ma charité et la confusion de ceux qui courent à plaisir dans le sentier du démon qui les appelle à l’eau de mort.

Tu m’interrogeais sur les moyens à prendre pour ne pas se noyer, je t’ai répondu et tu as pu le voir et l’entendre. Je t’ai dit qu’il fallait monter sur le pont en tenant toutes ses puissances rassemblées et unies dans l’amour du prochain, en m’apportant à Moi son cœur et son affection, comme un vase dans lequel je donne à boire à qui me demande. Cette voie du Christ crucifié il la faut suivre avec persévérance jusqu’à la mort. Cette condition de salut s’impose à tous et à chacun, dans quelque état qu’ils se trouvent. Aucun état ne peut servir d’excuse pour s’en dispenser : toute créature raisonnable peut et doit s’y soumettre. Nul n’est admis à dire pour s’y soustraire : "Je me trouve en telle situation, j’ai des enfants, j’ai mille embarras dans le monde, il m’est impossible de prendre ce chemin. Ils ne peuvent alléguer aucune des difficultés provenant de leur état, puisque, comme je te l’ai dit, tout état m’est agréable, tout état est méritoire, pourvu qu’on le suive avec une volonté bonne et sainte. Tout ce qui est, a été fait par moi qui suis la souveraine Bonté : à ce titre, toutes choses sont bonnes et parfaites, et je vous les ai données non pour que vous y trouviez la mort, mais pour que vous y puisiez la vie.

Obligation bien douce, en vérité ! Qu’y a-t-il de plus doux, de plus délicieux que l’amour ? Et l’amour dont je vous parle, qu’est-il ? rien que l’Amour de Moi et du prochain. Ce devoir d’amour, l’homme le peut remplir en tout temps, en tout lieu, en tout état, en m’aimant et en rapportant toute chose à l’honneur et à la gloire de mon nom.

Mais je t’ai dit, tu le sais, l’erreur profonde de ceux qui ne se laissent pas guider par cette lumière. Enfermés dans leur amour égoïste, c’est en dehors de Moi qu’ils aiment les créatures, qu’ils possèdent les biens de ce monde, et ils passent leur vie dans les tourments. S’ils ne changent pas de route, comme je te l’ai indiqué, ils vont tout droit à la damnation éternelle. Ainsi, je t’ai fait connaître comment doit se conduire tout homme sans exception.