Le Livre pour toi/Les arènes sont vides et blanches au soleil

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LXXXII


Les arènes sont vides et blanches au soleil et leurs arcs béants me regardent, sous le lin bleu du ciel.

Mais le silence n’a pu s’imposer dans l’enceinte tragique et les siècles n’apportent pas l’oubli.

Ô Sylvius, il y a toujours des râles au fond des ergastules, des rugissements dans les cages ouvertes d’où bondissait la mort farouche ; il y a des clameurs inhumaines dans l’air qui ronge les marbres désunis et la terre, ivre encore du sang qu’elle a bu, me renvoie les affres de tant d’agonies.

Sylvius, Sylvius, que ne puis-je me réfugier contre ta poitrine ! Je ne suis pas seule en face du cirque abandonné, ils sont là, les spectateurs cruels et splendides, ils font passer en moi leur frénésie.

Ave César…

J’ai vu couler de ton cœur un filet rouge, j’ai vu tes mains immobiles, plus longues, sur le sable de l’arène foulé par tant d’effroyables combats.