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Le Mahâbhârata (traduction Ballin)/Volume 2/3-LLDA-Ch20

La bibliothèque libre.
Traduction par Louis Ballin.
Ernest Leroux, éditeur (2p. 307-309).



CHAPITRE XX


DISCOURS DE DEVASTHANA


Argument : Le sage mouni critique la théorie d’Arjouna, tout en étant d’avis que les richesses doivent être employées à offrir des sacrifices.


601. Vaiçampâyana dit : Quand Youdhishthira eut cessé de parler, le grand ascète Devasttiâna lui répondit ces paroles très prudentes.

602. Devasthâna dit : Je vais expliquer les paroles de Phâlgouna, quand il a dit : « Il n’y a rien de supérieur à la richesse. » Écoute attentivement :

603. Ô Ajâtaçatrou, la terre entière a été régulièrement conquise (par toi). Après l’avoir vaincue, tu ne dois pas l’abandonner sans motif.

604. L’échelle établie (par les védas) dans la vie pieuse a quatre échelons. Franchis-les régulièrement et par degrés.

605. Ô fils de Prithâ, offre donc de grands sacrifices, accompagnés d’abondantes dakshinâs. Certains rishis font consister le sacrifice dans l’étude des védas. D’autres le font consister dans la science.

606. Ô Bharatide, tu peux reconnaître qu’il y en a (qui s’appliquent] assidûment à l’action, et d’autres à l’ascétisme. Ô fils de Kountî, voici les paroles que les disciples de Vaikhânasa ont fait entendre :

607. « Il vaut mieux ne rien désirer que de désirer des richesses. » Or, ce serait une grande faute que de suivre ce précepte.

608. On amasse des richesses, parce que la loi prescrit (les sacrifices). Celui dont l'intelligence est pervertie, ne s’aperçoit pas qu’il commet (le crime de) tuer un embryon,

609. S’il donne à celui qui ne le mérite pas et s’il ne donne pas à celui qui le mérite. Le devoir de la libéralité est difficile à remplir, par suite de (la difficulté qu’il y a) à discerner celui qui est digne de celui qui est indigne.

610. Les richesses ont été faites par le créateur en vue du sacrifice. Le sacrifice est prescrit, et l’homme en est le dispensateur. Toutes les richesses doivent donc être consacrées au sacrifice. Le plaisir suit (cette pratique, comme sa conséquence) immédiate.

611. Le très énergique Indra dépassa tous les autres dieux par ses sacrifices de différentes sortes, accompagnés d’offrandes. C’est pourquoi il brilla après avoir obtenu la royauté (sur les immortels). Tout doit donc être consacré au sacrifice.

612. Le magnanime Mahâdeva, s’étant sacrifié lui-même dans le sarvamedha, devint le dieu des dieux. Après avoir créé et parcouru tous les mondes, vêtu de peaux (comme les ascètes), il est brillant et resplendissant de gloire.

613. Le prince, fils d’Avikshit, Maroutta, aurait pu, (tant elles étaient grandes), faire part de ses richesses à Çakra, roi des dieux. Çrî (la Fortune), elle-même (daigna) descendre dans son sacrifice, où tous les vases étaient d’or.

614. Tu sais que Haricandra, l’Indra des princes, avait acquis de nombreux mérites, et ne connaissait pas le chagrin. Après avoir offert des sacrifices, cet homme de bien aurait pu faire part à Çakra de ses richesses, (tant elles étaient immenses). Tout doit donc être consacré au sacrifice.