Le Martyr de Futuna/Texte entier

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Catholic Foreign Mission Bureau (p. iii-387).

LE MARTYR DE FUTUNA
VIE DU BIENHEUREUX
PIERRE-LOUIS-MARIE CHANEL
PRÊTRE MARISTE
ET PREMIER MARTYR DE L’OCÉANIE
PAR
Le R. P. NICOLET
PRÊTRE DE LA SOCIÉTÉ DE MARIE



TROISIÈME ÉDITION
Revue par deux Religieux de la même Société
16 GRAVURES

CATHOLIC FOREIGN MISSION BUREAU
62 UNION PARK ST., BOSTON, MASS.
1907

La présente édition de la Vie du Bienheureux Pierre Chanel par le R. P. Nicolet S. M. est publiée en France par la Librairie Catholique Emmanuel Vitte de Lyon et Paris.

Cette édition a été préparée par les soins du R. P. James A. Walsh, Directeur Diocésain de la Propagation de la Foi à Boston pour le peuple de langue française en Amérique. L’été dernier, le R. P. Walsh eut le plaisir de faire à Cuet, Ain, la connaissance de la famille du Martyr, et de visiter en France les autres lieux honorés par la présence du Bienheureux. Plusieurs des intéressantes photographies qui servent d’illustrations à cet ouvrage, sont un fruit de ce pélérinage ; les autres ont été reçues directement de l’Île de Futuna où le Bienheureux reçut la palme du martyre.

APPROBATIONS DE LA PREMIÈRE ÉDITION



LETTRE DU T. R. P. FAVRE
SUPÉRIEUR GÉNÉRAL DE LA SOCIÉTÉ DE MARIE

Sainte-Foy-lès-Lyon, le 29 septembre 1883.
Mon cher Père,

J’éprouve le besoin de vous adresser mes félicitations et mes remerciements pour la vie du Vénérable Père Chanel que vous venez d’écrire.

Quoique indisposé j’ai pu parcourir la plus grande partie de ce travail et j’en ai été très content. Le style en est simple et convenable, et la vie du Vénérable telle que vous la racontez, m’a vivement intéressé et édifié. Je ne doute pas qu’elle ne produise le même effet sur la plupart des personnes pieuses qui la liront. Il est à propos de la faire imprimer et de la publier le plus tôt possible ; elle ne peut que servir la cause de la Béatification que nous attendons dans un avenir plus ou moins prochain. Elle réjouira surtout nos missionnaires de l’Océanie, qui ont tant besoin de consolations et d’encouragement…

Tout à vous en Jésus et Marie,

Julien Favre, Supérieur général.

ÉVÊCHÉ
Saint-Brieuc, le 14 octobre 1884.
DE
SAINT-BRIEUC et TRÉGUIER
Mon Révérend Père,

Monseigneur l’Évêque de Saint-Brieuc a bien voulu me confier le soin d’examiner la Vie du Vénérable Père Chanel que vous venez d’écrire et que vous allez publier. J’ai donc lu votre volume avec une scrupuleuse attention ; et je dois dire tout d’abord que je n’y ai rien trouve qui ne fut de la plus exacte orthodoxie. Je me hâte d’ajouter que j’ai goute un grand charme dans la lecture de ces pages intéressantes, et, en même temps, j’ai constate qu’il s’en dégage un parfum de piété qui, embaumant l’âme, ne sera pas l’un des moins vifs attraits de votre livre. A force de patientes investigations, vous êtes arrive a recomposer la trame de cette existence à la fois si courte et si remplie, et vous la faites revivre dans un style d’une élégante simplicité et avec un accent de vérité d’un effet saisissant. Les documents abondent entre vos mains ; les correspondances, les témoignages, vous avez su les disposer habilement, sans nuire à la marche du récit, et dans ce cadre apparait lumineuse la douce et caractéristique physionomie du Vénérable Père Chanel. Votre ouvrage, j’ose le prédire, ne sera lu sans intérêt et sans profit par aucune catégorie de lecteurs. Les personnes du monde y verront avec une profonde édification à quel degré d’héroïsme peut s’élever le dévouement inspire par le Catholicisme. Notre œuvre naissante de la Cléricature trouvera un modèle à suivre dans cette école presbytérale de Cras ou s’est développée la vocation du futur apôtre. Mais votre livre pourra surtout servir de Manuel et de guide aux écoliers, aux séminaristes, aux prêtres, aux professeurs, aux missionnaires. Le serviteur de Dieu leur a trace la voie : Et quid non potero quod isti et istœ ? Votre publication est donc appelée, d’après mon humble avis, à produire un grand bien ; c’est le meilleur des succès et la seule récompense que votre zèle ambitionne. Elle aura de plus, j’en ai la douce confiance, pour résultat de hâter la béatification du Vénérable Père Chanel, le premier martyr et la gloire de la Société de Marie.

Daignez agréer, mon Révérend Père, l’expression de mon respectueux dévouement.

A. Dubourg, Vic. gen.

PRÉFACE
DE LA PREMIÈRE ÉDITION



En 1867, dix ans après l’introduction de la cause de béatification du premier martyr de l’Océanie, Pierre-Louis-Marie Chanel, le P. Bourdin faisait paraître sa biographie. Comme il nous le dit lui-même, il n’avait rien négligé pour se procurer les éléments de son travail. « Par une insigne faveur de la Providence, nous avons vécu, près de six ans, sous le même toit que notre vénérable confrère. Durant cette période, l’une des plus intéressantes de sa vie, nous avons pu juger, pour ainsi dire, une à une ses actions, surprendre quelques secrets de sa belle âme, et entrevoir le degré de sainteté auquel il est parvenu. À nos propres souvenirs se joignent ceux que nous avons recueillis, en suivant à la trace de ses pas le serviteur de Dieu, depuis son bas âge jusqu’à son départ pour l’Océanie : nous avons interrogé de vive voix et par lettre sa famille, ses camarades d’enfance, ses maîtres, ses amis, en un mot, toutes les personnes qui, l’ayant vu de plus près, l’ont par conséquent mieux connu. À l’égard de son apostolat et de son martyre, nous avons eu à notre disposition tous les documents qu’on a pris soin de recueillir sur le théâtre même de ses travaux et de sa mort glorieuse. »

Le nouvel auteur n’avait pas à chercher bien loin les matériaux de son livre. Il les trouvait sous sa main ; il n’avait souvent qu’à analyser l’ouvrage du P. Bourdin et à lui emprunter la plupart des récits. Comme il ne se proposait qu’un but : faire connaître et glorifier le serviteur de Dieu, il n’a pas craint d’user largement de la permission qui lui était accordée.

Cependant, le lecteur, s’il compare les deux ouvrages, remarquera d’assez grandes différences dans la narration d’un certain nombre de faits qui sont rapportés au livre premier de cette histoire. L’auteur a dû introduire ces modifications, parce qu’il a eu le bonheur de recueillir de nouveaux témoignages et qu’il a pu tout faire contrôler par des témoins oculaires. Les écrits du bienheureux martyr, les procès apostoliques et d’autres documents l’ont forcé de changer presque entièrement le livre second. Écrivant la vie d’un saint, il a voulu mettre dans son récit toute l’exactitude possible. Il ne saurait exprimer les joies et les consolations qu’il a goûtées en composant son livre. Puissent ces modestes pages contribuer à la gloire de Dieu et à l’honneur du saint martyr ! Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/19 d’édification, et je suis heureux de le recommander à l’attention du clergé, de nos maisons d’éducation et des familles chrétiennes.

Recevez, mes Révérends Pères, l’expression de mes sentiments dévoués.

Pierre, Card. COULLIÉ,
Archev. de Lyon.





Je soussigné, Supérieur général de la Société de Marie, vu le rapport favorable des examinateurs, autorise, en ce qui dépend de moi, l’impression d’une édition nouvelle de la Vie du Bienheureux Pierre-Louis-Marie Chanel, Prêtre Mariste et premier martyr de l’Océanie, écrite par le P. Nicolet, S. M., et revue par deux Pères de la même Société.

A. Martin,
Sup. Gén. S. M.

Sainte-Foy-Lès-Lyon, le 26 Janvier 1903.

AVANT-PROPOS
DE LA NOUVELLE ÉDITION



Le regretté P. Nicolet, postulateur de la cause du P. Chanel, avait apporté à la vérification des faits et témoignages, cités dans sa Vie du Bienheureux, un soin si religieux qu’une nouvelle édition ne demandait qu’un travail de simple révision.

Le Premier Martyr de l’Océanie a été placé par Sa Sainteté Léon XIII (Bref de béatification du 16 novembre 1889) au rang des héros les plus illustres de l’Église, parce que sa vie fut un modèle et sa mort un honneur pour le nom chrétien.

C’est le tableau de cette vie modèle et de cette mort triomphante que nous exposons de nouveau aux yeux des chrétiens fidèles, après en avoir d’une main amie retouché quelques traits.

Selon l’heureuse expression d’un illustre panégyriste du Bienheureux, l’Église a discerné la Sainteté qui se cachait, et l’a élevée sur le chandelier d’où elle fait rayonner sur le monde, non l’éclat qui éblouit, mais la lumière qui éclaire et la chaleur qui vivifie. Accroître ce rayonnement de la sainteté du Bienheureux Chanel, tel est le but de notre nouvelle édition. Puisse-t-elle l’atteindre dans quelques âmes ! Si notre vœu se réalisait, nous en remercierions Dieu comme d’une récompense bien supérieure à notre labeur.


Lyon, en la fête de la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie,
8 septembre 1902.

Le
Bienheureux P. Chanel


LIVRE PREMIER

DE SA NAISSANCE À SON ENTRÉE DANS LA VIE RELIGIEUSE
(1803-1831)


CHAPITRE PREMIER

FAMILLE ET PREMIÈRE ÉDUCATION DU BIENHEUREUX


I. Famille du Bienheureux. II. Le petit berger. Rencontre providentielle de M. le curé de Cras. III, Pierre Chanel à Cras et à Monsols.

I


Pendant les premières années qui suivirent la Révolution, le diocèse de Lyon comprenait les trois départements du Rhône, de l’Ain et de la Loire. Il en fut ainsi jusqu’en 1823. À cette époque le département de l’Ain fut détaché de cet immense territoire pour former le diocèse de Belley qu’on venait de rétablir. Le diocèse et le département avaient la même étendue et les mêmes limites. Non loin du chef-lieu, Bourg-en-Bresse, se trouvait le chef-lieu de canton, Montrevel, et tout près de Montrevel le petit village de Cuet qui, au point de vue religieux, n’était qu’une chapelle vicariale dont dépendait le hameau de la Potière. C’est dans cette minuscule bourgade que naquit, le 12 juillet 1803, l’enfant privilégie qui devait être un jour l’apôtre de soutouna et le premier martyr de l’Océanie.

Il fut porte sur les fonts le jour de la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel et reçut au baptême le nom de Pierre. Quand il eut grandi, il n’oublia jamais cette date du 16 juillet, et tous les ans il en célébra l’anniversaire.

Son père se nommait François Chanel et sa mère Marie-Anne Sibellas. C’étaient d’honnêtes cultivateurs et d’excellents chrétiens, comme du reste la plupart des habitants de cette paisible contrée dont la Révolution n’avait pu entamer ni la foi ni les mœurs. Pierre était le cinquième des huit enfants que Dieu avait donnés à cette humble et modeste famille.

« Dieu choisit Chanel, dit un panégyriste du Bienheureux, comme il avait choisi David : De post fœtantes accepit eum, il le prit au milieu du troupeau dont il avait la garde. Les hommes comparent l’humilité de telles origines avec la destinée qu’elles recouvrent et ils sont frappés de ces contrastes. Au fond, qu’y a-t-il d’étonnant ? les différences qui séparent les conditions humaines ne comptent pas au regard du Très-Haut ; ni les grandeurs de la terre ne sont grandes, ni ses misères ne sont basses devant Celui qui dépasse toute mesure créée. Il n’y a de grand que ce qu’il élève, il n’y a de bas que ce qu’il méprise, et il ne méprise que l’orgueil. Si Dieu choisit plus de saints parmi les humbles, c’est peut-être parce que c’est la condition du plus grand nombre : c’est surtout parce qu’il entend se réserver la gloire d’une exaltation qui est son ouvrage : Suscipiens a terra inopem, il aime à prendre le pauvre dans son néant pour le placer au rang des princes de son peuple : ut collocet eum cum princibus populi sui » [1].

Les parents de Pierre n’étaient pas lettrés, au sens qu’on donne aujourd’hui à ce mot ; mais ils avaient une science de grand prix, qui devient de plus en plus rare de nos jours : ils connaissaient leur religion et la pratiquaient dans la droiture de leurs âmes et la simplicité de leurs cœurs.

La mère, avant même que son enfant vît le jour, l’avait consacré à Marie. Il est permis de croire que cette première consécration ne fut pas sans influence sur la vive et tendre dévotion que Pierre eut toute sa vie pour la Reine des Vierges. Quand il sut que sa mère l’avait ainsi voué dès avant sa naissance, il joignit à son nom le nom béni de Marie.

Au jour de sa confirmation, ayant lu la Vie de saint Louis de Gonzague, il ajouta encore a ses prénoms celui de Louis, déclarant ainsi qu’il voulait avoir ce jeune saint pour patron et pour modèle.

Marie-Anne Sibellas élevait ses enfants avec une tendre sollicitude ; elle leur inspira de bonne heure l’amour de Dieu et de la Sainte Vierge, la crainte de l’enfer et le désir du ciel. Elle leur recommandait par dessus tout de fuir le péché qui offense Dieu. Elle les faisait prier, et priait elle-même avec eux quand ils étaient jeunes ; et, lorsqu’ils eurent grandi, avant de les envoyer au travail, elle s’assurait qu’ils avaient rempli ce devoir. On jugera du caractère de cette femme et de la trempe de sa vertu par cette réflexion qui terminait d’ordinaire sa prière : «  Courage, mon âme, le temps passe, l’éternité est proche  ». Son mari, homme d’un sens droit, la secondait dans son dévouement maternel, et y ajoutait le concours efficace de ses exemples.

L’enfant, de son côté, répondait fidèlement à ces soins si vigilants. Dès les plus tendres années, il montra des dispositions remarquables pour la piété. Les premiers mots qu’il apprit à prononcer furent ceux de Jésus et de Marie. À ces noms bénis, il joignait ses petites mains et les élevait vers le ciel avec une expression qui trahissait déjà un sentiment naïf de respect et de confiance.

Sous le toit paternel, il trouva dans sa cousine Jeanne-Marie Chanel, née le 7 avril 1803, les mêmes goûts et des dispositions analogues.

«  Dès que nous le pouvions, disait celle-ci au premier biographe du Bienheureux[2], nous allions à la messe, quelquefois à Saint-Didier-d’Aussiat, le plus souvent à Montrevel. Nous aimions ensuite à imiter ce que nous avions vu : nous sonnions la messe, nous la disions, nous mangions le pain bénit, nous faisions des processions, etc. Mon cousin était toujours le premier à proposer les cérémonies qu’il exécutait avec une grâce merveilleuse.

À sept ans et demi, la cousine de Pierre dut quitter la Potière pour aller, avec ses parents, habiter un hameau de la paroisse de Cras. Mais bientôt Pierre trouva dans sa sœur Marie-Françoise, plus jeune que lui de cinq ans, des inclinations et des goûts qui lui rappelaient ceux de Jeanne-Marie. Aussi, le frère et la sœur s’aimèrent-ils d’une affection particulière. Sauf l’âge, la ressemblance entre eux était parfaite : mêmes traits de visage, même caractère, mêmes inclinations, même attrait pour la piété. Ils se plaisaient à travailler et à jouer ensemble ; ensemble ils priaient le bon Dieu et la Sainte Vierge ; ensemble ils portaient aux pauvres les petites charités de la famille. Ce que l’un faisait, l’autre n’hésitait pas à le faire, et pour compléter les similitudes, la Providence les appela l’un et l’autre à la vie religieuse dans la congrégation qui portait le nom de Marie.

L’extérieur du jeune Pierre révélait la beauté de son âme. Les contemporains nous apprennent que sa taille était mince, sa démarche modeste, ses traits réguliers, son regard doux et intelligent. Une légère pâleur, assez commune chez les habitants de la contrée, donnait une grande douceur à sa physionomie. Toute sa personne enfin reflétait je ne sais quoi d’angélique qui faisait qu’on ne pouvait le voir et l’approcher sans l’aimer.

Est-ce à dire que tout fut parfait dans cette nature si bien douée ? On ne nous croirait pas si nous l’affirmions ; y a-t-il rien de parfait sous le soleil ? Le défaut de Pierre, si c’en est un, était un excès de sensibilité qui produisait quelquefois chez lui des saillies d’humeur ou des moments de tristesse inaccoutumée. Voyait-il réprimander l’un de ses frères ou l’une de ses sœurs ? il perdait soudain sa gaité habituelle. Le front baisse, il se tenait à l’écart et souffrait en silence jusqu’à ce que l’orage fut dissipe. Entendait-il une plainte, voyait-il couler quelques larmes, c’en était assez pour qu’il fut vivement affecte. Des avertissements, même sévères, lui firent comprendre qu’une telle compassion était déplacée, et qu’il devait la comprimer. C’était le faire lutter centre son propre cœur, et ce n’est pas sans peine qu’il parvient à vaincre un défaut qui n’était, après tout, que l’excès d’une qualité assez rare chez les enfants, cet âge sans pitié.

II

Dans les familles nombreuses et peu favorisées de la fortune, les enfants sont, de bonne heure, mis au travail. Pierre fut chargé, dès l’âge de sept ans, de garder le petit troupeau de son père. Devenu prêtre, il aimait à rappeler sa vie de berger. Dans un moment d’épanchement il disait à un ami : « Il fallait se lever de grand matin… Ma mère (elle était si pieuse et si bonne !) ne manquait jamais de me demander, avant mon départ, si j’avais fait ma prière… Je l’embrassais comme pour recevoir sa bénédiction… Elle me passait au bras un petit panier dans lequel elle avait eu soin de mettre quelques comestibles ; puis elle me recommandait d’être bien sage… Je partais gaiment, suivi de mon chien, qui faisait bonne garde autour du troupeau. Le pauvre animal n’était pas joli, mais il avait un instinct admirable. Je pouvais me reposer sur lui de la surveillance que j’avais à faire. Pour le payer de ses bons services, je ne l’oubliais jamais à l’heure de mes repas…

Cette solitude ne manquait pas de périls. La condition de berger, soit par les rencontres qu’on y peut faire, soit par suite du désœuvrement, est trop souvent l’écueil de l’innocence. Pour écarter l’ennui et les dangers de l’isolement, Pierre sut se créer quelques occupations utiles ou des distractions salutaires. Parfois aussi les enfants de sa condition et de son âge accouraient auprès de lui, et il prenait part à leurs jeux innocents ; mais sa piété le ramenait à ses amusements favoris. Avec ses petits compagnons, il construisait des autels, imitait les cérémonies de l’église, et quelquefois, se rappelant le prône du dimanche, il leur adressait une exhortation qui captivait l’attention du jeune auditoire.

Dans la belle saison, presque toujours en rentrant à la maison, il rapportait un bouquet de fleurs cueillies dans les prés, qu’il plaçait au pied de l’image de la Vierge devant laquelle on faisait la prière du soir.

Les parents de Pierre, qui ne savaient ni lire ni écrire, sentaient vivement le prix de l’instruction qui leur avait manque ; aussi pendant l’hiver de 1810 envoyèrent-ils leur enfant à l’école primaire de Saint-Didier, la plus rapprochée du hameau de la Potière. Mais la distance était grande, et assez souvent infranchissable en temps de pluie ou de neige. On comprend quels résultats pouvaient avoir des leçons si souvent interrompues. Au retour du printemps, Pierre reprenait la garde du troupeau paternel, et oubliait bien vite le peu qu’il avait appris à l’école.

Il avait à peine huit ans, quand il se confessa pour la première fois. Avant de se présenter au prêtre, il fit le mieux qu’il put son examen de conscience. Craignant encore d’omettre quelques fautes : « Voila, dit-il ingénument a sa mère, tout ce que j’ai pu trouver ; aidez-moi, je vous prie : vous savez mieux que moi ce que j’ai fait. » Au sortir du saint tribunal, il alla s’agenouiller un instant au pied de l’autel de la Sainte Vierge ; et lorsqu’il fut de retour a la maison, il ne put s’empêcher de manifester sa joie de la manière la plus naïve : on eut dit un grand coupable qui venait de rentrer en grâce devant Dieu et devant les hommes.

L’année suivante, à l’entrée de l’hiver, Pierre Chanel retourna à l’école de Saint-Didier, où le travail ne fut pas mieux suivi que l’année précédente. Personne ne pouvait y suppléer à la Potière, de sorte que son instruction ne faisait aucun progrès. Ses parents, au reste, ne songeaient pas a faire de leur fils autre chose qu’un agriculteur. Mais la Providence avait des vues sur cet enfant ; elle ne tarda guère à faire naitre l’occasion propice et à mettre en présence les personnages qui devaient les réaliser.

« Le jeune Chanel, dit M. l’abbé Bernard, son futur condisciple et ami, dont nous emprunterons souvent le témoignage, était une plante précieuse, semée par Dieu dans un lieu solitaire et gardée par les anges à l’abri de tout danger. Elle poussait tout naturellement et se faisait remarquer par sa belle venue. Mais pour devenir ce que nous savons, il fallait un habile jardinier qui la transplantât dans son parterre et lui donnât tous ses soins. Ce jardinier, nous aliens le faire connaitre.

Non loin de la Potière et de Cuet se trouve la paroisse de Cras. Cette paroisse, comme tant d’autres éloignées de la métropole de l’immense diocèse de Lyon, à cause de la rareté des prêtres, était restée sans pasteur depuis la Révolution. L’année 1811 fit cesser son veuvage et elle reçut comme desservant M. l’abbé Trompier. Les habitants de Cras eurent lieu de s’applaudir du choix de l’administration archiépiscopale.

« L’abbé Trompier était un de ces hommes de mérite en qui un jugement droit s’unit à un savoir réel, et dont les généreuses qualités de cœur se cachent sous la simplicité des manières. À l’exemple de Jésus-Christ, il avait pour les enfants un amour paternel. Les accueillir avec bonté, les bénir, les instruire de leurs devoirs, appeler sur eux la vigilance chrétienne de leurs mères, épier même l’éveil de leur raison pour jeter dans ces âmes encore pures les premières semences de la foi et de la piété, tel était l’objet spécial de son zèle et l’une de ses plus douces jouissances. On eut dis qu’il voyait sur le front de chaque enfant un rayon de beauté divine qui lui rappelait cette parole du Sauveur : « Ce que vous aurez fait aux plus petits de mes frères que voici, c’est à moi-même que vous l’au- rez fait[3]. Outre deux écoles qu’il avait fondées dans le village, l’une pour les garçons et l’autre pour les filles, il avait agrandi son presbytère afin d’y recevoir quelques élèves et de les initier aux études latines. Encourage par l’espoir de les voir un jour monter au saint autel, il ne reculait devant aucune peine, aucun sacrifice ; et celui qui refusait une chaire de théologie[4], s’estimait heureux d’enseigner de jeunes écoliers et de les préparer de loin au sacerdoce. Les prêtres qui lui sont redevables de leur première éducation ecclésiastique ont tous conserve pour lui la plus haute estime et la plus affectueuse reconnaissance[5].

Vers la fin de 1812, ce saint prêtre rencontra le jeune berger gardant son troupeau. — « Comment l’appelles-tu ? — Pierre Chanel. — Quel est ton âge ? — Neuf ans et demi. — Où vas-tu à l’école ? — À Saint-Didier. — Que sais-tu ? — Pas grand’chose. » M. Trompier causa un moment avec le jeune berger et fut charmé de ses manières aimables et de la candeur de sa figure ; à son retour, rencontrant Jeanne-Marie Chanel, il lui dit : « J’ai vu ton cousin Pierre ; il est bien gentil. »

Le curé de Cras retrouva plusieurs fois le jeune berger et chaque fois il fut frappé de ses heureuses dispositions.

Et en effet, on pouvait dire de Pierre ce que l’Évangéliste dit du Sauveur : « L’enfant croissait en âge et en sagesse devant Dieu et devant les hommes. » On était alors en 1814.

Peu de temps après, raconte Jeanne-Marie, M. le Curé rencontra de nouveau mon cousin et lui dit : « Eh bien ! Pierre, te voila grand, voudrais-tu venir à Cras ? — Oh ! oui, Monsieur le Curé. C’est tout mon désir. » Et dans son regard se peignait l’expression du bonheur. M. Trompier, poursuivant son chemin, entra à la Potière, mais il ne trouva que la mère qui accepta volontiers la proposition. Le père à son retour donna aussi son consentement.

Dès que l’heure de reconduire son troupeau fut venue, mon cousin courut raconter à sa mère ce que M. le Curé lui avait dit. Celle-ci l’interrompit : « Pierre, sois tranquille : tout est arrangé. »

III

En vertu de cet arrangement, Pierre vint passer l’hiver de 1814 à Cras, fréquentant l’école du village et recevant les encouragements de M. le Curé. Pendant l’été de 1816, il reprit la garde du troupeau de son père et se montra si studieux que ses parents se demandaient : « Qu’a donc notre petit Pierre ? Depuis qu’il est allé à Cras, il veut toujours avoir ses livres. »

À l’approche de l’hiver suivant, il revins tout joyeux à Cras, pour commencer enfin ses études classiques sous la direction de M. le Curé. Mais sa joie fut bien- bientôt troublée par la nouvelle inattendue de la nomination de M. Trompier à la cure du canton de Monsols, près de Beaujeu.

Heureux dans son humble presbytère et très aimé de ses paroissiens, ce bon prêtre n’avait d’autre ambition que de vivre et de mourir au milieu d’eux. Cette décision, qui rendait hommage à son mérite, et que l’administration diocésaine maintint malgré les vives instances des paroissiens, fut donc un rude coup pour le pasteur et le troupeau.

Le plus désolé était le petit Pierre qui voyait par là ses études interrompues ; mais ce ne fut qu’une épreuve. M. Trompier lui-même proposa à ses parents de l’emmener avec lui et de se charger de son éducation. Cette proposition fut acceptée avec reconnaissance : « Mon cousin, dit Jeanne-Marie, avait bien prié : aussi quand il apprit qu’il irait à Monsols, il nous dit tout joyeux : « Ah ! si la Sainte Vierge n’y avait pas mis la main, la chose n’aurait pas si bien réussi. »

Ce fut vers Noël 1815 que M. Trompier partit pour Monsols, emmenant avec lui deux de ses enfants de Cras, Pierre Chanel et un autre. Ce dernier ne resta pas, il n’était pas appelé de Dieu et revint chez lui.

À Monsols, Pierre montra une nouvelle ardeur pour l’étude, et le travail étant plus régulier, ses progrès devinrent plus sensibles. Dans ses moments de loisir il aimait à lire quelque livre qui pût l’instruire et l’intéresser. Aucun ne l’attacha autant que les Lettres édifiantes. Les Annales des Missions étrangères allumèrent dans son jeune cœur un vif désir de franchir les mers et de se dévouer au service des infidèles. Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/35 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/36 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/37 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/38 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/39 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/40 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/41 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/43 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/44 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/45 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/46 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/47 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/48 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/49 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/50 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/51 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/52 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/53 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/54 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/55 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/56 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/57 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/58 Page:Nicolet - 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Marie-Anne mourut le 27, et ses funérailles eurent lieu le lendemain. "Les cris et les pleurs des naturels m’ont empêché de demander a faire la sépulture ecclésiastique. Je me suis contente d’offrir le saint sacrifice de la messe pour le repos de son âme (1)". Nous avons tenu a reproduire en entier ces notes du Journal, relatives aux premiers baptêmes, parce qu’elles nous révèlent le zèle et la charité du Bienheureux. Quand 1’occasion était favorable, il ne manquait jamais de dire un mot de notre sainte religion. Ces paroles de salut, qu’il sème partout, ne restent pas stériles. "Plusieurs personnes nous demandent des livres pour être lotou (chrétiennes). Je ne me fie guère encore a toutes ces démarches ; néanmoins, j’aperçois de jour en jour un changement notable dans les dispositions des insulaires (2)." Aussi, quand un jeune homme lui annonce que le roi et le plus grand chef de 1’île ne veulent ni se faire Chrétiens, ni permettre que les autres le deviennent, il écrit sur son journal : "Dieu est le souverain des cœurs, il en a converti de plus obstinés (3)." Son zèle pour le salut des âmes ne pouvait lui faire oublier les vaincus. "Fouri-Vao, le père de Sam, est introduit par Thomas dans notre petite maison, pendant la sainte messe ; il s’y tient tout le temps parfai- (1) Journal, 23 août 1838. (2) Journal, 28 août 1838. (3) Journal i 21 août 1838. Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/294 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/295 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/296 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/297 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/298 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/299 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/300 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/301 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/302 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/303 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/304 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/305 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/306 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/307 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/308 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/309 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/311 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/312 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/313 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/314 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/315 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/316 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/317 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/318 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/319 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/320 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/321 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/322 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/323 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/324 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/325 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/326 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/327 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/328 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/329 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/330 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/331 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/332


Église d’Alo (Futuna).

Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/335 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/336 confiance en Dieu. Les témoins entendus lors du procès apostolique, attestent d’une voix unanime que rien ne put jamais l’ébranler.

Le Bienheureux a obtenu qu’on l’avertisse plus souvent lorsqu’il y a des malades ; aussi, n’écoutant que son zèle pour le salut des âmes, il multiplie ses visites auprès d’eux, se concilie la bienveillance de ceux qui l’entourent, leur annonce quelques vérités de l’Évangile et voit avec bonheur ses efforts couronnés de succès.

L’un des fils du roi, malade depuis quelques jours, avait été porté auprès de différents dieux, et en particulier auprès de Faréma, le chef des vaincus, récemment revenu de Wallis ; mais le mal empirait et le dénouement fatal approchait. Le P. Chanel n’épargnait pas ses visites et obtint enfin la permission de le baptiser. Il résolut d’administrer le sacrement d’une manière solennelle, afin de frapper l’esprit de Niouliki et d’avoir l’occasion de lui expliquer nos saints mystères. « Je pars, aux environs de midi, pour Tamana, avec tous les objets nécessaires au baptême du fils du roi. Ayant obtenu l’agrément de la mère, je demande celui du roi. Tous les deux y consentent volontiers. Je me revêts de mon surplis, d’une étole, et, après une petite prière faite à genoux, la cérémonie commence. Tous les objets nécessaires paraissent exciter leur curiosité. J’ai donné le nom de Marie-Théodore à ce petit bienheureux. Le peu de mots que je dis au roi et à toutes les personnes assemblées ont paru leur faire plaisir[6]. » Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/338 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/339 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/340 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/341 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/342 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/343 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/344 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/345 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/346 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/347 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/348 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/349 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/350 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/351 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/352 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/353 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/354 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/355 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/356 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/357 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/358 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/359 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/360 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/361 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/362 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/363 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/367 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/368 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/369 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/370 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/371 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/372 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/373 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/374 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/375 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/376 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/377 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/378 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/379 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/380 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/381 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/382 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/383 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/384 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/385 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/386 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/387 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/388 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/389 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/390 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/391 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/392 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/393 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/394 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/395 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/396 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/397 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/399 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/400 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/401 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/402 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/403 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/404 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/405 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/406 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/407 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/408 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/409 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/410 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/411 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/412 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/413 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/414 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/415 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/417 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/418 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/419 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/420 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/421 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/422 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/423 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/424 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/425 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/426 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/427 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/428 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/429 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/430 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/431 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/432 Page:Nicolet - Le Martyr de Futuna.djvu/433 semper adstitit ; decent ipsæ ephemerides quibus Dei famulus nascentis Ecclesiæ historiam in dies singulos consignabat.

Nullis fractus laboribus, nullis perculsus adversis, in periculis, in angustiis, in æerumnis sibi semper constans, nunquam animo cessit, et totas jugiter vires impendit, ut « animas in tenebris et in umbra mortis sedentes » per evangelicam lucem Christo lucrifaceret. Neque in irritum labores cessere. Complures enim Christianæ doctrinæ aures præbent, frequens eorum ad Petrum Aloisium conventus, magna morum conversio. Inde procerum immanis ira concepta, quæ, cum ipsius regis filium inter catechumenos adscitum esse constitit, in cladem et exitium prorupit. Consilio itaque inito ad religionem cum sacerdote ipso penitus exterminandam, furentes satellites primum fidelium domos pervadunt, insontes male mulctant, disperdunt, tum ad Petrum Aloisium properant, et solum domi repertum clavæ ictibus horrendum in modum contundunt, hasta saucium sternunt, et humi jacentem securi conficiunt. Sic eodem quo victimæ mactari solent ritu, hostia hæc Deo acceptissima immolata est ; sic bonus pastor mortem pro grege crudeliter illatam in summi beneficii loco lætissimus accepit ; sic inclytus Oceaniæ protomartyr die vigesima octava mensis Aprilis anni MDCCGXLI decoro sanguine perfusus, migravit in cœlum.

Paulo post et regis, et fratris ejus, et aliorum aliquot persecutorum teterrima mors subsecuta est, quæ uti pœna criminis divinitus inflicta, ab omnibus habita fuit. Verum tam illustre martyrium nec seros nec exiguos fructus protulit ; vix enim quinque a Petri Aloisii martyrio effluxerant menses, jamque tota insula ad christianam veritatem conversa nihil avidius expectabat, quam ut Sacerdos, fidei mysteriis plenius enarratis, universum populum per baptismum Christi familiæ adjiceret. Illud vero prorsus singulare existimandum est ipsum cædis auctorem principem, atque instigatorem, qui et reguli propinquus, paulo post morbo correptum, et divina simul gratia tactum, profusis lacrimis cum nefarii criminis veniam tum sacrum baptisma enixe postulasse, deinde divinitus morbo recreatum, cum acta rite conficerentur, martyrii invicte tolerati, cujus et spectator, et auctor fuerat, testimonium quo nullum excogitari potest luculentius, una cum ceteris carnificibus edidisse. Quod divinæ sapientiæ, et bonitatis prodigium ejusdem obitus cumulavit, cum enim se morti proximum præsensit, in conclave, ubi Petrus Aloisius martyrium fecerat, se transferri jussit, et sceleri admisso expiando, ibi voluit obire, ubi Dei famulum atroci clade peremerat. Ita illustrius apparuit, vere sanguinem martyrum semen esse Christianorum. Nec cœlestia signa defuerunt, quæ martyris gloriam nova luce decorarent.

Quapropter tum ex verbali processu quem Futunalis Præfectus Apostolicus condere sollicitus fuit, turn ex aliis authenticis documentis a Vicario Apostolico Oceaniæ ad Almam hanc Urbem Nostram transmissis, iis omnibus expositis quæ in hujusmodi judiciis necessaria sunt, ex Sacrorum Rituum Congregationis consulto Pius Papa IX recol. mem. Decessor Noster, die XXIV Septembris mensis an. MDGCCLVII introductionis causæ ; commissionem signavit. Propterea Apostolicis actis confectis, aliisque quæstionibus rite solutis, signisque, sive miraculis, quæ ad ejusdem Venerabilis famuli intercessionem a Deo patrata ferebantur, una cum martyrio, et causa martyrii, triplici disceptatione ad trutinam de more revocatis, Nos per eiusdem Sacrorum Rituum Congregationis decretum, die XXV Novembris mensis, superioris anni datum, eadem signa, necnon martyrium martyriique causam constare declaravimus. Illud superat, ut VV. Fratres Nostri ejusdem Congregationis Cardinales rogarentur, num. stante, ut superius dictum est, approbatione martyrii et causse martyrii, pluribus signis, ac miraculis a Deo illustrati et confirmati, tuto procedi posse censerent, ad Beatorum honores eidem Venerabili Dei famulo decernendos : iique in generali conventu pridie idus Martii mensis, anni vertentis, coram Nobis habito, tuto id fieri posse unanimi consensione responderunt. Attamen in tanti momenti re Nostram aperire mentem distulimus, donec fervidis precibus a Patre luminum subsidium posceremus. Quod cum impense fecissemus, tandem hujus pariter anni die XXX Maii solemni decreto pronunciavimus procedi tuto posse ad solemnem Petri Aloisii Mariæ Beatificationem.

Quæ cum ita sint, Nos precibus permoti plurium tum sacrorum Antistitum, tum etiam S. R. Ecclesia ; Cardinalium, simul universæ Congregationis Maristarum votis annuentes, Auctoritate Nostra Apostolica, harum litterarum vi, facultatem facimus, ut idem Venerabilis Dei servus Petrus Aloisius Maria Chanel, dictæ Societatis Marias sacerdos, Beati nomine in posterum nuncupetur, ejusque corpus, et lypsana seu reliquiæ, non tamen in solemnibus supplicationibus deferendæ, publicæ fidelium venerationi proponantur, atque imagines radiis decorentur. Præterea eadem auctoritate Nostra concedimus, ut de illo recitetur Officium et Missa de communi martyrum, cum orationibus propriis, juxta rubricas Missalis et Breviarii Romani per Nos approbatis. Ejusmodi vero Officii recitationem, Misssæque celebrationem fieri concedimus intra fines tum diœcesis Bellicensis, tum Vicariatus Apostolici Oceaniæ Occidentalis, itemque omnibus in templis religiosarum domorum Societatis Mariæ ab omnibus Christifidelibus qui horas canonicas recitare teneantur die XXVIII mensis Aprilis ; et quod ad Missas attinet ab omnibus sacerdotibus tam sæcularibus quam regularibus ad Ecclesias in quibus festum agitur, confluentibus. Denique concedimus ut solemnia Beatificationis Venerabilis Dei famuli Petri Aloisii Mariæ Chanel supradictis in templis celebrentur cum Officio et Missis duplicis majoris ritus ; quod quidem fieri præcipimus die per Ordinarium definienda intra primum annum postquam eadem solemnia in Aula superiori porticus Basilicæ Vaticanæ celebrata fuerint. Non obstantibus constitutionibus, et ordinationibus Apostolicis, ac decretis de non cultu editis, ceterisque contrariis quibuscumque. Volumus autem, ut harum litterarum exemplis etiam impressis, dummodo manu Secretarii Sacrorum Rituum Congregationis subscripta sint, et sigillo Præfecti munita, eadem prorsus fides in disceptationibus etiam judicialibus habeatur, quæ nostræ voluntatis significationi, hisce litteris ostensis haberetur. Datum Romæ, apud Sanctum Petrum sub Annulo Piscatoris die XVI Novembris MDCCCLXXXIX, Pontificatus Nostri Anno decimo secundo.

M. Card. Ledochowski.

APPENDICE IV



TABLE DES MATIÈRES


Pages

LIVRE PREMIER

de la naissance du bienheureux à son entrée dans la vie religieuse (1803-1831).

Chapitre I. — Famille et première éducation du Bienheureux 
 1
I. Famille ; II. Le petit berger. — Rencontre providentielle de M. le curé de Cras ; III. Pierre à Cras et à Monsols.
 
Chapitre II. — Le Bienheureux à l’école presbytérale de Cras 
 17
I. Retour à Cras. — Ecole presbytérale ; II. Première communion du Bienheureux ; III. Tentation et délivrance ; IV. Départ pour le petit Séminaire.
 
Chapitre III. — Le Bienheureux au petit Séminaire 
 28
I. Petit Séminaire de Meximieux ; II. Portrait du Bienheureux ; III. Qualités, vertus du Bienheureux ; IV. Le condisciple. — Les amitiés du Bienheureux ; V. Le Bienheureux au petit Séminaire de Belley.
 
Chapitre IV. — Le Bienheureux élève au grand Séminaire 
 54
I. Le Bienheureux séminariste ; II. Sous-diaconat et diaconat ; III. Prêtrise. — Première messe du Bienheureux.
 
Chapitre V. — Le Bienheureux vicaire à Ambérieux 
 74
Chapitre VI. — Le Bienheureux curé de Crozet 
 83
I. La paroisse de Crozet. — Le bon pasteur ; II. Zèle du Bienheureux pour la Parole de Dieu. — Sa charité pour les pauvres ; III. Son zèle pour le Saint-Lieu et le culte divin ; IV. Sa vie intime et son vif attrait pour les Missions ; V. Sa vocation à la vie religieuse dans la Société de Marie. — Départ de Crozet.
 

LIVRE II

DE L’ENTREE DU BIENHEUREUX EN RELIGION JUSQU’A SON DÉPART POUR L’OCÉANIE (1831-1836).

Chapitre I. — Le Bienheureux professeur au petit Séminaire de Belley 
 117
I. Le professeur ; II. Il est nommé directeur spirituel.
 
Chapitre II. — Le Bienheureux directeur spirituel au petit Séminaire de Belley 
 125
I. Le directeur ; II. Voyage à Rome et à Lorette.
 
Chapitre III. — Le Bienheureux supérieur du petit Séminaire de Belley (1834-1836) 
 141
I. Le supérieur ; II. Le Bienheureux est désigné pour les Missions d’Océanie. — Ses adieux a ses élèves.
 
Chapitre IV. — Profession religieuse et adieux du Bienheureux 
 160
I. Profession religieuse ; II. Les adieux du Bienheureux à sa famille et à ses amis ; III. Départ du Bienheureux pour le Havre.
 

LIVRE III

L’APOSTOLAT DU BIENHEUREUX ET SON MARTYRE (1836-1841).

Chapitre I. — Voyage du Havre à Foutouna 
 179
I. Du Havre à Valparaiso. — Mort du P. Bret ; II. Taïti, Wallis.
 
Chapitre II. — Commencement de la mission du Bienheureux à Foutouna 
 202
I. Arrivée du Bienheureux à Foutouna ; II. L’Ile et ses habitants ; III. Vie et travaux du Bienheureux ; IV. Superstitions et menaces de guerre ; V. Voyage et séjour du Bienheureux à Wallis.
 
Chapitre III. — Espérances et progrès de la Mission du Bienheureux 
 240
I. Retour du Bienheureux à Foutouna ; II. Premiers baptêmes ; III. Arrivée du P. Bataillon et de nouveaux missionnaires ; IV. Guerre et paix ; V. Bonnes dispositions des indigènes.
 
Chapitre IV. — La persécution 
 284
I. Premières difficultés avec le roi ; II. Commencement de la persécution. — Arrivée du P. Chevron ; III. Difficultés croissantes. — Départ du P. Chevron ; IV. Redoublement du zèle du Bienheureux et aussi de la persécution ; V. Conseil royal à Tamana. — Conversion de Méitala, fils du roi. — Nouveau conseil royal et sentence de mort.
 
Chapitre V. — Martyre du Bienheureux et conversion de l’Île de Foutouna 
 329
I. Le martyre du Bienheureux. — Le coup de tonnerre. La sépulture du Bienheureux ; II. Conversion de l’île.
 
Appendice I. — Grâces et guérisons obtenues par l’intercession du Bienheureux 
 359
I. Sœur Marie du Mont-Carmel.
 
II. Le soldat François Vion-Dury.
 
Appendice II. — Cérémonie de la Béatification à Rome (17 novembre 1889) 
 368
Appendice III. — Bref de Béatification (texte latin) 
 376
Appendice IV. — Carte de Foutouna 
 381


lyon. — imprimerie emmanuel vitte, rue de la quarantaine, 18.

  1. Mgr d’HULST, Panégyrique du Bienheureux, prononcé à Lyon, 2 mai 1890
  2. Le P. Bourdin, S. M.
  3. « Quandiu fecistis uni ex his fratribus meis minimis, mihi fecistis. » (Matth., xxv, 40.)
  4. En 1823, Monseigneur Alexandre-Raymond Devie, évêque de Belley, offrit a M. Trompier la chaire de morale dans son grand séminaire de Brou.
  5. R. P. Bourdin, Vie du V. P. Chanel, ch. iii, p. 18.
  6. Journal, 9 novembre 1839.