Le Sylphe galant et observateur/04

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Imprimerie de Tiger (p. 38-64).



§ IV.

Voluptueux et lubrique pour faire
pardonner sa longueur.


Mon cher Bel-Rose, vous voyez que les sujets plaisans ne manquent pas ici, et que je sais choisir. Mais pour reposer un peu vos yeux fatigués de l’exercice qu’ils ont à faire pour se porter sur tous ces personnages, cherchons le héros ou l’héroïne d’une longue et intéressante histoire : en m’écoutant, vous ne regarderez pas, et vous serez au moins un peu reposé. Appercevez-vous, à quelques pas de nous, cette femme non masquée ? c’est une charmante courtisane, et ses aventures figureraient aussi bien dans un roman anglais que sur un théâtre de libertinage et d’amour : elle se nomme Sophie ; force d’ame, esprit cultivé, talens enchanteurs, extase érotique inéfable, elle réunit tout : tirée, dès son enfance, des dernières classes de la société, où elle devait languir, elle se trouva tout-à-coup transportée dans un monde qu’elle devait embellir. Une nouvelle Merteuil, la comtesse de Sénange, vit Sophie, en fut enchantée, l’accueillit, la nomma sa fille, s’enorgueillit d’abord du développement rapide des charmes de l’enfant, et finit par craindre la beauté et la fraîcheur de la jeune fille, touchant à l’âge heureux où des émotions nouvelles et des charmes inconnus annoncent et préparent la plus belle époque de la vie. Senneval, amant de la comtesse, aussi exact observateur des pertes vainement dissimulées de la coquette, qu’admirateur des attraits récemment acquis de la belle Sophie, laissa tomber sur elle des regards pleins de feu et d’amour. La comtesse le vit : perdre un amant… ce n’était rien ; mais être prévenue, souffrir la concurrence d’une… Vengeance ! ce fut le cri de l’orgueil outragé et du dépit arrivé à son comble : chasser Sophie, la confondre avec des valets, la précipiter d’un excès de faveur dans l’humiliation et l’opprobre, c’était trop peu : Senneval était coupable ; il devait être puni, et cruellement puni. Pour y parvenir, madame de Sénange s’arrêta à un projet vraiment infernal ; d’abord elle eut un entretien avec Sophie, exactement exprimé dans cette scène d’une comédie, dont l’auteur, suivant les dévots, brûle et pleure dans l’autre monde, pour les avoir fait rire dans celui-ci. Voici cette scène de madame de Sénange et de Sophie ; les noms seuls sont changés ; Sophie, c’est Nanine ; la comtesse, c’est la baronne :

Nanine.

Madame ?

La Baronne.

Madame ?Mais est-elle donc si belle,
Ces grands yeux noirs ne disent rien du tout,
Mais, s’ils ont dit, j’aime… ah je suis à bout ;
Possédons-nous, venez.

Nanine.

Possédons-nous, venezJe viens me rendre
À mon devoir,

La Baronne.

À mon devoirVous vous faites attendre

Un peu de temps, avancez vous, comment !
Comme elle est mise et quel ajustement !
Il n’est pas fait pour une créature
De votre espèce.

Nanine.

De votre espèceIl est vrai, je vous jure,
Par mon respect, qu’en secret j’ai rougi,
Plus d’une fois, d’être vétue ainsi ;
Mais c’est l’effet de vos bontés premières,
De ces bontés qui me sont toujours chères,
De tant de soins vous daignez m’honorer !
Vous vous plaisiez vous-même à me parer.
Songez combien vous m’aviez protégée,
Sous cet habit je ne suis point changée ;
Voudriez-vous, madame, humilier
Un cœur soumis qui ne peut s’oublier,

La Baronne.

Approchez-moi ce fauteuil, ah j’enrage…
D’où venez vous ?

Nanine.

D’où venez vousJe lisais.

La Baronne.

D’où venez vousJe lisaisQuel ouvrage ?

Nanine.

Un livre Anglais dont on m’a fait présent.

La Baronne.

Sur quel sujet ?

Nanine.

Sur quel sujet ?Il est intéressant ;
L’auteur prétend que les hommes sont frères,
Nés tous égaux, mais ce sont des chimères ;
Je ne puis croire à cette égalité.

La Baronne.

Elle y croira. Quel fond de vanité !
Que l’on m’apporte ici mon écritoire.

Nanine.

J’y vais.

La Baronne.

J’y vais.Restez. Que l’on me donne à boire.

Nanine.

Quoi ?

La Baronne.

Quoi ?Rien. Prenez mon éventail, sortez,
Allez chercher mes gants, laissez, restez,
Avancez-vous… gardez-vous, je vous prie
D’imaginer que vous soyez jolie.

Après une scène entièrement semblable, Sophie laissa la comtesse, et fut remplacée par Senneval ; alors une nouvelle scène de commencer :

La comtesse.

Eh bonjour, mon cher Senneval ; je t’attendais avec impatience : places-toi là, près de moi, sur ce canapé, et causons.

Senneval.

Pour causer seulement ?…

La comtesse.

Oui, et tu m’en sauras gré ; je vais te prouver jusqu’à quel point vont ma confiance et mon desir de ton bonheur : tout fuit, et sur-tout le plaisir et l’amour. Tu sais comme je t’ai aimé… je crains d’avoir changé : toujours, ah ! pour toujours ta meilleure amie ; mais j’observe, avec regret, que mes yeux s’arrêtent avec moins d’ivresse sur les tiens ; ici, près de toi, mon corps, que serre ton bras, ne frissonne plus de volupté ; ce feu, qui circulait dans tout mon être, serait-il éteint, et toi-même ?

Senneval.

Je t’aime toujours, eh…

— Alors la main libertine de Senneval de vouloir interrompre le dialogue pour la pantomime ; mais la comtesse, à laquelle ce geste et quelques symptômes physiques d’un amour éphémère n’en pouvaient imposer, revint à l’entretien ;

— Finissons, Senneval, ces jeux d’enfans, et comme moi, soyez sincère : je crois ne plus vous aimer ; je vous en avertis, et j’ai quelques raisons de penser que vous avez même confidence à me faire, La petite Sophie…

Senneval.

A quinze ans ? et…

La comtesse.

Vous l’aimez… j’en suis enchantée !… Tenez, mon ami, la véritable amitié n’attache point l’idée du mépris ni de l’infamie au service qu’elle peut rendre ; vous brûlez pour Sophie : vous ne voulez, pas expirer victime d’un amoureux tourment.

Senneval.

Du persiflage, ah madame !…

La comtesse.

Ah mon amie, voilà comme il fallait dire : écoutez ; je disais donc que vous ne vouliez, que Vous ne deviez pas mourir victime d’un amoureux tourment, et je m’offre à vous servir.

Senneval.

Que de bontés ! mais comment ?

La comtesse.

D’une manière certaine, si vous avez du courage et de la philosophie : le tems presse ; vous devez avoir les prémices de Sophie : ce soir je la mets dans vos bras, et vous précipite ainsi, d’une manière brusque et rapide, vers un dénouement auquel vous pourriez bien ne jamais parvenir. Écoutez : cette pièce voisine, comme savez, fait ma salle de bain ; Sophie, à huit heures, doit s’y rendre ; à la même heure, soyez dans mon cabinet ; cette porte fait communiquer les deux pièces : vous observerez votre amante, et lorsque, par le dégagement successif de tous les voiles qui la dérobent à vos regards, vous la verrez prête à se plonger dans l’onde, si vos sens sont émus, si… vous entrerez, et…

Senneval.

Que de graces à vous rendre ! et comment…

La comtesse.

Trêve de complimens, à ce soir.

— Senneval baisa la main de la comtesse, et partit.

J’en suis donc convaincue, dit alors madame de Sénange, le perfide me préfère un enfant, et j’ai l’aveu cruel de son inconstance ; un instant de plus, je suffoquais de dépit et de honte : mais comme je vais être vengée, et demain peut-être ! Mais non, Senneval, le trait est là, je t’aime encore, malgré ton crime ; ô quelle douce illusion s’est dissipée ! jamais, non jamais, les hommes n’auront le droit de m’intéresser ; instrumens de mes plaisirs, ils n’iront plus jusqu’à mon cœur, et le bonheur de les tromper me consolera peut-être de l’injustice de celui que j’aurais voulu aimer et adorer pour la vie.

Huit heures sonnèrent, et Senneval ne manqua pas de se trouver dans le cabinet de toilette de la comtesse ; l’odeur suave et voluptueuse de ce séjour, les témoins nombreux des plaisirs dont il fut le temple, les vêtemens épars d’une femme encore belle et séduisante, tout ce prestige, qui plongea le pauvre St.-Preux dans une délicieuse extase (7), ne produisit rien sur Senneval ; son ame et son cœur étaient entièrement à l’espoir, à l’impatience : un bruit se fait entendre… c’est Sophie ; dieux qu’elle est belle ! Volez, momens trop longs, disparaissez barrières insupportables, tombez voiles importuns ! Une partie de ces vœux est bientôt satisfaite, et Sophie se dispose à entrer dans le bain qui lui est préparé. Du haut en bas elle se déshabille, et ne fait pas un geste sans redoubler l’agitation de l’amoureux et discret spectateur ; d’abord un léger réseau détaché laisse flotter une chevelure dont l’ébène fait le plus heureux contraste avec l’albâtre d’une gorge et d’un cou qui n’ont encore rien perdu de leur blancheur ; ces beaux cheveux sont ensuite relevés, et laissent à découvert des épaules dont la plus belle grecque eût envié la forme et le poli ; une jambe et un pied de forme divine et du plus heureux augure, sont ensuite dégagés de leur prison ; l’exercice continue avec vitesse : un fichu est à moitié détaché, il s’entrouve, il se soulève, il est enlevé ; un corset, une jupe incommode, font encore rampart entre les charmes de Sophie et l’œil avide de Senneval ; le corset se délasse, la juppe tombe, et le lin le plus transparent, la baptiste mobile et légère, voilent, sans les cacher entièrement, des charmes entrevus, devinés et pressentis, par l’imagination la plus active. Ce dernier vêtement, Sophie, ah Sophie, ne l’enlevez pas ! Sophie l’enlève… Quel moment ! Mais bonheur éphémère ; une enveloppe moins diaphane est reprise aussitôt… Il faut l’arracher, et alors Senneval, arrivé au plus haut degré du désir amoureux, veut entrer ; efforts inutiles, on l’a trompé ; cette clé, si généreusement accordée, ne peut ouvrir ; et lorsqu’il essaie de nouvelles tentatives, il voit une autre issue livrer passage à un homme masqué, dont la vue inopinée plonge la pauvre Sophie dans les plus cruelles allarmes. Le personnage qui l’effraie, et dont l’aspect l’engage à saisir ses vêtemens, l’arrête aussitôt : vous êtes à moi, lui dit-il, par la plus impérieuse des loix, par celle de la force ; ne me résistez pas : et alors il la saisit, écarte et soulève le voile qu’elle cherche en vain à retenir, et prélude à ses fureurs et à ses plaisirs. Un lit est non loin du bain ; le satyre y veut traîner Sophie ; Sophie échappe, et croyant pouvoir lutter avec plus d’avantage, et défendre mieux ceux de ses charmes déjà attaqués et profanés, se précipite elle-même sur le lit, l’embrasse, s’y tient fortement attachée, et pense échapper ainsi au sort cruel qui lui est destiné. Le masque sourit, s’approche, et, lubriquement excité par l’attitude de sa victime, soulève son dernier voile, celui, comme l’a dit Dorat, que l’hymen seul lève d’une main pure, et met alors à découvert ces charmes que la chûte d’Hébé offrit à l’œil charmé de tous les Dieux. Leur vue, ces formes divines et enchanteresses embrasent ses sens ; le couteau sacré qui doit immoler la victime, instrument terrible, dont les dimensions font trembler Senneval, paraît alors ; mais avant d’en faire usage, le monstre veut prolonger ses préludes ; des caresses lascives, des morsures, sont ses premiers témoignages d’amour : brûlant de desirs, change de position, crie-t-il à Sophie, et livre-toi à mes embrassemens. Sophie n’obéit pas ; les charmes qu’elle livre aux regards du masque sont aussitôt flagellés avec force ; leur albâtre se colore du rouge le plus vermeil. Courageuse comme la Cadière (8), Sophie demeure inébranlable : alors son persécuteur, décidé à jouir au moins des charmes qui lui sont abandonnés, pousse le dernier vêtement de Sophie jusque sur ses épaules, et, panché sur elle, va chercher son sein, en embrasse le contour, irrite et caresse le bouton ; tandis qu’esseyant de traverser le sentier le plus étroit, il l’entr’ouvre d’abord, en ressort ensuite, et fait jaillir, sans s’affaiblir, une rosée brûlante qui innonde le frontispice du sanctuaire où il n’a pu pénétrer. Il revient bientôt à des attaques nouvelles ; tout le corps de Sophie frisonne et palpitte ; le satyre, érotiquement barbare, se rit de ses douleurs, employé toutes les forces de ses lombes, la déchire, rougit ses charmes d’un sang virginal, et, par un dernier effort digne d’Hercule, pénètre enfin, oui, pénètre… Un cri de Sophie annonce sa victoire ; il plonge, plonge encore, avance, revient, s’agitte d’une manière convulsive, et est assez heureux pour ne pas arriver seul au comble du bonheur.

Cette scène, comme il est inutile de le dire, était le moyen de la vengeance infernale de Me. de Sénange : pour la rendre complète, une vieille, bien hideuse, vint ouvrir la prison de Senneval, et s’offrit pour profiter de ses transports et de sa combustion. Senneval, dans sa fureur précipita la vieille sur le parquet, et faillit lui casser la dernière dent qui lui restait. Le lendemain, il enleva Sophie, et écrivit le billet suivant à la comtesse :

» Dans une certaine contrée de l’orient, un moine, un carme de ce pays là, est payé pour dévirginer la femme de son empéreur. Vous m’avez fait rendre ce service gratis, belle Dame, et par vos soins bienveillans et généreux, j’ai cueilli la rose sans rencontrer d’épines. Graces vous soient rendues : Sophie se joint à moi pour vous offrir le tribut de sa gratitude : malgré les énormes dimensions de l’instrument que vous avez choisi elle n’a rien perdu ; comme elle partage avec moi l’insigne honneur de vous connaître avec détail, elle vous conseille en certain cas désespérés, et où vos beautés d’emprunt n’auraient pas l’effet attendu, d’user de l’attitude vraiment toute puissante et magique dont votre salarié dévirgineur a si bien profité : les charmes qui l’ont alors si violemment enflammé, sont ordinairement les moins périssables comme les moins frelatés, et je me rappelle que les vôtres ne peuvent se comparer qu’à ceux de Sophie, dont ils n’ont pourtant ni la fermeté, ni le poli, ni la blancheur.

Soyez heureuse, belle Dame, et croyez à mon profond respect. »

Senneval.

Depuis cette aventure, Sophie tendrement aimée et rendue heureuse par tous les moyens, a perfectionné son éducation, formé son caractère, développé ses talens et son esprit philosophe et aimable comme Aspasie ou Ninon elle n’a point fait une vertu de la fidélité ; devenue aujourd’hui prêtresse de Vénus par un enchaînement de circonstances extraordinaires, elle n’a pas oublié l’effet puissant de sa première position, sur l’amoureux Senneval. Cette scène, vraiment voluptueuse et érotique, elle la renouvelle ou la fait renouveller par ses compagnes dont elle dirige les galans efforts : résister, faire naître ou accroître l’amour par les obstacles, telle est la tactique de Sophie, elle en fait usage avec l’homme assez heureux pour lui plaire et lui donner l’espoir d’un bonheur qu’elle vend si souvent sans le posséder.

Alors, successivement coquette, prude, sentimentale ou enjouée, elle remplit tous les rôles, et fait de ses faveurs le prix d’un combat et le gage d’une victoire ; vous allez en juger : Un jeune homme très-aimable, M. Derville, voit Sophie à Frascati, il la distingue et en est distingué ; ses yeux s’arrêtent, se fixent sur les siens, et dans cette rencontre une commotion sympathique fait palpiter son cœur et celui de la femme charmante dont il emporte l’image ; des informations sont prises, et, le lendemain, Mr. Derville se déclare avec une chaleur qui se communique et qui pénètre tout l’être de la belle Sophie : cependant, elle résiste, se défend par excès d’amour, et, par rafinement, se couvre d’un voile de pudeur, dont les modernes négligent trop l’important usage.

Derville, qui ne connaît pas, qui ne devine pas l’excès du bonheur qui lui est réservé, se désole et emploie en vain tous les moyens de séduction.

Plusieurs jours se passent dans une lutte et des combats dont Sophie sort toujours victorieuse et triomphante.

Un jour, plus décidé que jamais à terminer sa romanesque aventure, Derville vole chez Sophie.

Joséphine, la suivante la plus adroite, le reçoit et l’engage à attendre le réveil de sa maîtresse, qu’une cruelle migraine a retenue prisonnière dans son boudoir.

Derville obéit ; mais à peine a-t-il attendu pendant quelques instans dans une pièce voisine de l’asile de paix et d’amour où repose Sophie, qu’il entend prononcer son nom avec l’extâse du délire et de la volupté ; il écoute, et, se précipitant vers une porte vitrée de laquelle on oublia de tirer le rideau, il voit, entre deux glaces qui multiplient l’image de la beauté, Sophie mollement étendue sur un lit de repos, et couverte à peine d’une baptiste transparente et légère ; ses yeux brillent de tous les feux d’amour, son sein palpite de volupté, sa bouche de rose semble chercher et appeler le baiser, et sa voix entrecoupée articule quelques sons sans suite, mais dont l’interruption, la rapidité et le désordre en font, pour Derville, le discours le plus éloquent.

Derville, l’heureux Derville, suit tous les mouvemens de sa maîtresse, et ne tarde point à être convaincu que la scène dont il est témoin est un rêve, un rêve du bonheur qu’on refuse si cruellement de partager avec lui, et que le dieu bienfaisant des songes vient offrir à Sophie. Son nom, prononcé de nouveau avec un redoublement d’extâse, des transports qui n’ont plus de bornes et dont l’expression écarte les voiles importuns qui lui dérobaient mille charmes, achèvent de l’éclairer ; dès lors rien ne l’arrête : à l’aide d’un diamant, une partie de la cloison vitrée est enlevée ; la main se fait route par cette issue, tire sans bruit le verrou, fait doucement ouvrir la porte, et Derville, ivre d’amour et de désirs, se précipite entre les bras de Sophie, où se réalise le rêve enchanteur dont elle lui présenta l’image.

Plusieurs de ces nymphes que vous voyez se disputer de luxe et de beauté, n’ont pas la même adresse, et souvent leurs charmes, trop promptement, trop facilement et trop bien vus, n’ont pas tout l’effet qu’elles ont droit d’en attendre.

Vous êtes vêtue comme si vous attendiez un amant, disait une vieille femme de la cour à sa fille qui se montrait avec un fichu non transparent et bien attaché dans un cercle où les autres femmes avaient la gorge presqu’entièrement découverte ; la vieille avait raison, et Diderot fit un jour une réponse qui vallait bien cette question.

Aimes-tu les tetons, demandait une courtisane à ce philosophe ? oui, répond Diderot qui s’y connaissait, mais je ne veux pas qu’on me les montre. Le diable allait continuer ses réflexions morales ou immorales, comme le