Le Sylphe galant et observateur/12

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Imprimerie de Tiger (p. 171-177).




NOTES.




(1) Tous ces personnages sont célèbres dans les annales de Paphos. Lucrèce a commencé son poëme de la nature par une invocation à Vénus ; Laretin a décrit et peint toutes les manières de baiser : il les a réduites à quarante. Le révérend père Gérard est célèbre par la séduction de la Cadière, de laquelle nous aurons occasion de parler dans un autre endroit ; Murtius auteur espagnol, dont l’ouvrage est connu sous le nom d’Aloïsia Sigea Toletana, et a été donné en français avec le titre d’académie des dames qui lui convient.

Piron, qui ne connaît son ode à Priape ? Mirabeau, le rideau levé ou l’éducation de Laure, le libertin de qualité, l’ouvrage ayant pour titre, Bibliotheca eroticon, et quelques-une de ses lettres à Sophie, le font justement placer dans cette gallerie d’écrivains érotiques.

Le Poëte, c’est Desforges, qui sous le nom de sa propre histoire vient de nous donner un recueil d’anecdotes et de tableaux, qui en font un ouvrage impérieusement nécessaire dans un boudoir. Quand à Faublas, ce joli roman de Louvet, il ne paraîtra point déplacé dans cette bibliographie de Cythère.

(2) Ce docteur espagnol, c’est Sanches, qui a écrit un vol. in-fo. sur le mariage : plus profond que Laretin, ce théologien lubrique a retracé toutes les scènes, les caprices que peuvent inventer le besoin, la desir de jouir et de varier au gré des erreurs les plus folles, un acte que trop d’uniformité rend insipide à une certaine époque de la vie. Ce docteur Sanches pour se défendre de la chaleur de son sujet, écrivait, ayant le derrière entièrement à nud sur le marbre ; son imagination active et enflammée malgré cette cruelle précaution ne lui fesait trouver toutes les attitudes, positions, manières, abberrations et écarts que peuvent enfanter les desirs effrénés d’une jouissance que les moyens ordinaires ne peuvent plus faire prouver. On pourra juger du mérite érotico théologique de Sanches par les questions suivantes auxquelles il répond avec détail dans son in-fo. : elles sont extraites de Sanches, édition non mutilée ni corrigée ; les voici :

1o. Quelles sont les conditions physiques pour que l’accolade conjugale soit féconde et légitime.

2o. Dans quelle position doivent se trouver les époux pour f..... sans offenser Dieu.

3o. La femme peut-elle quitter sa position naturelle et se placer sur le mari.

3o. La femme peut-elle, pendant certains accidens, exciter son époux au plaisir de sa main caressante, comme dit Bertin, aux doux plaisir solliciter ses sens, et tourner au préjudice de l’espèce l’attrait donné pour la conserver ?

5o. Un mari doit-il, peut-il affranchir son épouse de tous les voiles qui la couvrent, et s’exciter par la contemplation de tous ses charmes ?

6o. Pèche-t-on en baisant sa femme en levrette ! etc. Vid. Sanches, édition indiquée depuis.

(3) C’est le nom du jeune écolier que Lesage fait voyager avec le diable boiteux. le cher Asmodée.

(4) Cet anneau de Gyges auquel j’invite le lecteur de faire grande attention, avoit entre les mains de son premier possesseur le pouvoir de rendre invisible.

(5) Le Sopha, un des plus jolis romans de Crébillon dont nous aurions dû ajouter le nom à notre petit catalogue d’écrivains érotiques. Le héros de ce roman devait rester sopha jusqu’à l’époque à laquelle il serait le témoin et le théâtre des plaisirs virginaux : Dieu sait combien il attendit et combien de fois il vit ses espérances trompées ; enfin ce fut deux jeunes amans bien novices qui terminèrent sa métamorphose, ou mieux qui en occasionnèrent une nouvelle en lui rendant sa première forme.

(6) Chaulieu a fait une ode adressée aux charmes[ws 1] qu’il chérissait le plus dans sa maîtresse, à ces charmes auxquels Vénus calipige dut le culte des grecs et son immortalité : aux fesses enfin.

(7) Cet ouvrage étant écrit pour les amateurs de toutes les classes et de tous les ordres : nous croyons devoir placer ici le morceau d’inspiration que fit Rousseau dans le cabinet de toillette de Julie : » Julie, me voici dans ton cabinet, me voici dans le sanctuaire de tout ce que mon cœur adore, le flambeau de l’amour guidait nos pas, et j’ai passé sans être apperçu. Lieu charmant, lieu fortuné, qui jadis vit tant réprimer de regards tendres, tant étouffer de soupirs brulans ; toi qui vis naître et mourir mes premiers feux, pour la seconde fois tu les verras couronnés témoin de ma constance immortelle, sois le témoin de mon bonheur et voile à jamais les plaisirs du plus fidele et du plus heureux des hommes.

» Que ce mystérieux séjour est charmant, tout y flatte et nourrit l’ardeur qui me dévore, ô Julie il est plein de toi et la flamme de tous mes désirs s’y répand sur tout tes vestiges, oui, tous mes sens y sont ennivrés à la fois…

» Toutes les parties de ton habillement éparses présente à mon ardente imagination, celle de toi-même qu’elles recèlent. Cette coëffure légère que parent de grands cheveux blonds qu’elle feint de couvrir, cet heureux fichu contre lequel au moins une fois je n’aurai pas à murmurer ; ce deshabillé élégant et simple qui marque si bien le goût de celle qui le porte ; au devant deux légers contours : ô spectacle de volupté, la baleine cède à la force de l’impression ! empreintes délicieuses que je vous baise mille fois… Dieux ! Dieux que sera-ce quand !… ah, je crois déjà ce tendre cœur battre sous mon heureuse main, etc.

(8) La cadière, dévote d’un tempérament trés-érotique, avoit pour confesseur et pour amant le père Gérard tout brûlant de luxure : pour envelopper ses plaisirs d’un voile impénétrable, il avait persuadé à sa pénitente qu’après s’être purifiée par des fustigations, dont il se fit exécuteur, elle serait pénétrée par le saint esprit. En conséquence, il se retirait avec elle, couvrait ses yeux d’un bandeau, et la faisant mettre à genoux, les mains appuyées sur un lit, il découvrait entièrement toute la partie postérieure de son corps et faisait pleuvoir sur tous ses charmes une grêle de coups de discipline dont l’effet secondoit merveilleusement le tempérament de la lubrique dévote : lorsqu’elle était arrivée au point de combustion où le caffard la desirait, il annonçait le saint esprit, baisait sa maîtresse en levrette, lui persuadait qu’elle était redevable au ciel du bonheur bien terrestre dont il l’ennivrait. Voyez cette scène, une des plus lubriques que je connaisse dans Thérèse philosophe, et dans le Poëte qui rappelle cette histoire de la Cadière, en parlant, avec le genre d’éloquence qui le caractérise, d’une estampe découverte dans le boudoir d’une dévote.

(9) Je veux parler de la toison d’or enlevée par les Argonotes dont le chef, le fameux Jason, fut protégé par Médée qu’il paya d’ingratitude.




  1. Note de WS : voir Google