Le Testament de Jean Meslier/Édition 1864/Chapitre 21

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Texte établi par Rudolf Charles MeijerLibrairie étrangère (Tome 1p. 174-187).
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XXI.

Mais pour découvrir d’autant mieux la vanité, la fausseté et la ridiculité de ces prétendus miracles du Christianisme, examinons les un peu de plus près, et voïons s’ils répondent à la fin principale qu’une souveraine Bonté, qu’une souveraine Sagesse et qu’une souveraine Puissance se seroit proposée en les faisant ; et s’il est croïable, qu’elle auroit voulu se borner seulement à faire si peu de chose, que de faire de tels miracles en faveur des hommes. Mais pour en bien juger, il faut nécessairement remarquer et se souvenir toujours de ce que nos Christicoles eux-mêmes suposent pour principal fondement de toute leur doctrine et de toute leur religion : car c’est sur ce fondement, qu’il faut maintenant raisonner, pour juger sainement si leurs prétendus miracles répondent véritablement à la fin principale, qu’une souveraine Bonté, qu’une souveraine Sagesse et qu’une souveraine Puissance se seroit proposée en les faisant, et s’il est croïable qu’elle auroit voulu se borner seulement à si peu de chose, que de faire de tels miracles. Car si ces prétendus miracles ne repondent pas parfaitement à la fin principale qu’elle se seroit proposée ou qu’elle auroit dû se proposer, et s’il n’est pas croïable qu’elle auroit voulu seulement se borner-là, il n’est pas croïable non plus qu’elle les ait fait.

Or voici le principal fondement de toute la Doctrine, de toute la croïance et de toute la religion de nos Christicoles ; ils posent pour principal fondement que leur Jésus-Christ, qu’ils apellent leur divin Sauveur, est un Dieu tout-puissant, fils éternel d’un Dieu tout-puissant, et qui, par un excès de son Amour et de son infinie Bonté pour les hommes, a bien voulu se faire homme lui-même, comme eux, pour les racheter, disent-ils, et les sauver tous, c’est-à-dire, pour les délivrer tous du péché et de la damnation éternelle, qu’ils disent que tous les hommes avoient mérité pour leurs péchés, et notamment par le péché et par la désobéissance de leur premier Père Adam, et non seulement pour délivrer tous les hommes du péché et de la susdite damnation éternelle, mais aussi pour les réconcilier parfaitement et les remettre tous en graces avec Dieu, son Père tout-puissant, et pour leur procurer encore à tous, après cette vie, un bonheur et une béatitude éternelles dans le Ciel. Et c’est, ce qu’ils disent, que leur Jésus-Christ a véritablement fait, en donnant sa vie pour tous les hommes et en mourant honteusement sur une croix pour leur salut. C’est sur ce fondement qu’il est marqué dans un de leurs Evangiles[1], que Jésus-Christ lui-même disoit, que Dieu son Père avoit tant aimé le monde, qu’il avoit donné son propre fils unique, afin que quiconque croiroit en lui, ne périt pas, mais qu’il ait la vie éternelle. Car ce n’a pas été, ajoute-t-’il, pour condamner le monde, que Dieu a envoié son Fils dans le monde, mais afin que le monde soit sauvé par lui[2]. Je suis, disoit-il, le bon Pasteur ; un bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis, et je donnerai ma vie pour mes brebis, parce que je suis venu afin qu’elles aïent la vie et qu’elles l’aïent avec plus d’abondance. Et ailleurs, il disoit encore[3], qu’il étoit venu pour chercher et pour sauver ce qui étoit perdu[4]. Et comme tous les hommes étoient perdus, suivant la doctrine de nos Christicoles, c’étoit donc aussi, suivant leur principe, pour les sauver tous, qu’il étoit venu au monde. C’est sur ce même fondement principal de leur Doctrine, qu’il est dit dans leurs prétendus S. Evangiles que[5] Jesus-Christ était celui, qui ôtoit les péchés du monde et qu’il étoit venu pour détruire les œuvres du monde[6] et qu’il étoit venu pour détruire les œuvres du Demon qui ne sont autres que les péchés et toutes sortes de malice et d’iniquités. C’est pourquoi il est dit ailleurs dans leurs prétendus S. Livres que la Grace[7] de Jesus-Christ, leur sauveur, a été découverte à tous les hommes, pour leur aprendre à renoncer à l’impiété et aux mauvais desirs du siècle, pour vivre en ce monde sobrement, justement et religieusement, dans l’attente de l’avènement de la gloire de Jesus-Christ, leur grand Dieu et sauveur de leurs ames, qui s’est, disent-ils, livré lui-même pour tous les hommes, afin de les racheter de leurs péchés et en les purifiant, se former par lui même un peuple chéri et zélé pour les bonnes œuvres. Et dans un autre endroit des mêmes livres, il est dit encore que ce même Jesus-Christ, a aimé son église, c’est à dire son peuple, s’étant lui-même livré pour elle[8], afin de la santifier, en la purifiant par l’eau du bapteme, avec la parole de vie, et afin de se rendre glorieux, sans tâches et sans rides et sans qu’elle ait aucun defaut, mais au contraire qu’elle soit sainte et sans souillure. C’est pourquoi nous chantons tous les jours, dans nos prétendus S. Mistères, ces belles paroles du symbole de notre foi : Qui propter nos homimes et nostram salutem descendit de coelis, et ces autres : Qui tollit peccata mundi suscipe deprecationem nostram.

Cela étant, il est manifeste que la principale fin que leur Dieu et que leur Dieu Sauveur Jesus-Christ se seroient proposée, l’un en envoïant son divin Fils au monde, et l’autre en se faisant homme comme les autres hommes, leur principale fin, dis-je, en cela auroit été de sauver le monde, comme il est dit ; et pour cela leur principale fin auroit été aussi, comme il est dit, d’ôter les péchés du monde, et de détruire entièrement les œuvres du Demon, c’est à dire d’ôter entièrement du monde tous vices, toutes malices et toutes méchancetés ; leur principale fin auroit été encore, comme il est dit, de sauver tous les hommes qui s’étoient perdus dans les vices et dans le péché ; leur principale fin auroit été, comme il est dit encore, de se santifier un peuple, afin qu’il fût sans taches et sans rides, c’est à dire sans aucun vice ou défaut. Et enfin, ce qui se raporte toujours au même, leur principale fin ou intention auroit été de sauver les ames en les délivrant de l’état malheureux du péché, en les rachetant de la damnation éternelle, et en leur procurant dans le ciel une vie éternellement heureuse. Nos Christicoles ne sauroient nier, que ce ne soient-là les principales fins que leur Divin sauveur Jesus-Christ se seroit proposées en se faisant homme comme eux, et en voulant bien mourir, comme ils disent qu’il a fait, pour l’amour d’eux ; ils ne sauroient, dis je, nier que ce n’ait été sa principale fin et la fin principale de Dieu son Père, puisqu’elle est si clairement marquée dans tous leurs prétendus Sts. Livres.

Or on ne voit nullement aucun effet, ni aucune aparence réelle de cette prétendue rédemption des hommes, on ne voit aucune aparence que le péché soit ôté du monde, comme il auroit du être ôté, ni même qu’il soit en aucune manière diminué, au contraire, il sembleroit plutôt qu’il y seroit augmenté et qu’il y augmenteroit même encore tous les jours de plus en plus, les hommes devenant tous les jours de plus en plus vicieux et méchans, et qu’il y a comme un déluge de vices, d’iniquités dans ce monde ; on ne voit pas même que nos Christicoles puissent se glorifier d’être plus saints, plus sages, plus vertueux et mieux réglés dans leur police et dans leurs mœurs que les autres peuples de la terre ; et enfin on ne voit aucune aparence qu’il doive y avoir plus d’ames sauvées, ni moins de réprouvées qu’il n’y en avoit auparavant cette prétendue rédemption, puisqu’il n’y en a pas plus qui prennent le chemin du Ciel, et qu’il n’y en a pas moins qui prennent le chemin de l’Enfer, comme le disent nos Christicoles, si tant est néanmoins que le vice soit le chemin de l’Enfer, et que la vertu soit véritablement le chemin du Ciel. Par ainsi il est évident, que les susdits prétendus miracles ne répondent aucunement à la fin principale, que la prétendue souveraine Bonté et la prétendue souveraine Sagesse d’un Dieu tout-puissant, qui les auroit fait, se seroit proposé. Et il n’est nullement croïable qu’un Dieu tout-puissant, si bon et si sage, comme on le supose, auroit voulu se borner à faire seulement si peu de chose pour le salut de ceux, pour qui il seroit venu pour les sauver, pour les santifier et pour les rendre à tout jamais bienheureux.

Quoi ! un Dieu tout-puissant qui seroit infiniment bon, infiniment sage, et qui auroit voulu se faire homme mortel pour l’amour des hommes et qui auroit même voulu répandre jusqu’à la dernière goute de son sang pour les sauver tous, auroit voulu se borner et borner sa puissance, sa bonté et sa sagesse à guérir seulement quelques maladies et quelques infirmités du corps, dans quelques malades et dans quelques infirmes qu’on lui avoit présentés ; et il n’auroit pas voulu emploïer sa Toute-puissance, sa divine Bonté et sa souveraine Sagesse à guérir efficacement toutes les maladies et toutes les infirmités de leurs ames, c’est à dire, à guérir tous les hommes de leurs vices et de leurs déréglemens, qui sont pires que les maladies du corps ! Cela n’est pas croïable. Quoi ! Un Dieu tout-puissant, si bon et si sage, auroit voulu miraculeusement préserver des corps morts de toute pourriture et de toute corruption du vice, et il n’auroit pas voulu de même emploïer sa Toute-puissance et sa Sagesse pour préserver de la contagion et de la corruption du vice et du péché les ames d’une infinité de personnes, qu’il seroit venu racheter au prix de son sang, et qu’il venoit santifier pas sa grace ! Cela n’est nullement croïable. Quoi ! Un Dieu Tout-puissant, si bon et si sage auroit bien voulu rendre miraculeusement la vûë à quelques aveugles, l’ouie à quelques sourds, la parole à quelques muèts, faire marcher droit quelques boiteux et guérir quelques paralitiques et il n’auroit pas voulu de même éclairer les pécheurs des lumières de sa grace, comme parlent nos Christicoles, il n’auroit pas voulu de même fortifier les foibles pécheurs du secours tout-puissant de sa grace ; il n’auroit pas voulu de même les retirer effectivement des erreurs et des égaremens de leurs vices, pour les ramener heureusement dans le chemin de la vertu et les faire marcher droit dans la voie de ses divins commandemens ! Cela n’est pas croïable. Quoi encore ! Un Dieu tout-puissant, si bon et si sage, auroit bien voulu, par une faveur toute particulière, ressusciter quelques morts, pour les remettre seulement pour quelque tems dans une vie mortelle, et il n’auroit pas voulu et ne voudrait pas encore maintenant retirer de la mort éternelle du péché une infinité d’ames, qu’il auroit créées pour le ciel, qu’il seroit venu racheter par son sang et qu’il auroit dû santifier par ses graces ! Cela n’est pas croïable ! Quoi ! un Dieu tout-puissant, si bon et si sage, auroit bien voulu retirer ou préserver miraculeusement quelques personnes du naufrage des eaux de la mer ou des rivières, et il n’auroit pas voulu et ne voudroit pas encore maintenant retirer, ni préserver du naufrage de l’enfer une infinité d’ames qui y tombent malheureusement tous les jours, suivant le dire même de nos Christicoles ! Cela n’est pas croïable. Quoi ! un Dieu tout-puissant, si bon et si sage, auroit bien voulu, par une grace spéciale, préserver les corps de ses Saints et même les moindres de leurs habillemens, comme aussi leurs poils et leurs cheveux, à ce qu’ils ne soient point endommagés du feu, au milieu des incendies et des flammes, et il n’auroit pas voulu de même et ne voudroit pas encore maintenant préserver des flammes éternelles de l’Enfer une infinité d’ames qu’il auroit cependant rachetées au prix de son sang ! Cela n’est nullement croïable. Car, comme dit leur Apôtre S. Paul, si un Dieu n’avoit pas épargné son propre fils, et qu’il eut voulu le donner aux hommes, pour les sauver tous, se pouroit-il faire que leur aïant donné son propre fils, il ne leur auroit pas donné aussi toutes autres choses qui leur auroient été nécessaires pour leur salut, et si ce prétendu divin fils avoit bien voulu donner sa vie pour le salut des hommes, comment auroit-il pû, ensuite, leur refuser aucune grace, ni aucun autre bien ! Cela n’est pas croïable. Quoi encore ! Un Dieu tout-puissant auroit voulu miraculeusement faire sonner d’elles mêmes toutes les cloches, tantôt d’une ville, tantôt d’une autre, pour honorer la mort ou la sépulture de quelques corps morts ; il auroit voulu user de sa Toute-puissance pour rassassier miraculeusement, avec quelque peu de pain et de poissons, quelques milliers de personnes qui étoient à sa suite ; il auroit voulu user de sa Toute-puissance pour attirer miraculeusement les bêtes sauvages, les oiseaux et même les poissons de la mer ou des rivières, pour venir entendre les prédications de quelques un de ses Saints ; et enfin, pour abréger, il auroit voulu user de sa Toute-puissance en mille et mille autres vains et légers sujets ou occasions pour changer l’ordre et le cours ordinaire de la Nature, et il n’auroit rien voulu faire et ne voudroit encore maintenant rien faire de particulier pour procurer et opérer efficacement la conversion et la santification de tant de milliers et même de tant de millions de pécheurs, qui le loueroient et qui le béniroient éternellement dans le Ciel, s’il avoit voulu ou s’il vouloit seulement les regarder d’un œil favorable, c’est à dire, s’il avoit voulu ou s’il vouloit seulement leur toucher bénignement le cœur et leur ouvrir charitablement les yeux de l’Esprit pour leur faire connoitre et aimer leur véritable bien. Il n’est pas croïable qu’un Dieu tout-puissant, infiniment bon et infiniment sage, en auroit jamais voulu user ainsi à l’égard des hommes, qu’il auroit tant aimés, que d’avoir voulu donner son sang et sa vie pour eux ; il n’est pas croïable qu’il auroit jamais voulu négliger le principal de son dessein, pour s’attacher seulement à quelques légers accessoires, comme sont les prétendues guérisons miraculeuses de quelques infirmités corporelles, ou autres semblables prétendus miracles, qui ne sont que de très-légère conséquence. Seroit-il descendu du ciel et seroit-il venu sur la terre, seulement ou principalement pour guérir quelques malades des infirmités du corps ? Seroit-il venu seulement et principalement pour rendre la vûë du corps à quelques aveugles ? pour rendre seulement l’ouïe à quelques sourds ? pour rendre seulement la parole à quelques muèts ? la faculté de marcher à quelques boiteux et à quelques paralitiques ? Seroit-il venu seulement et principalement pour rendre la santé du corps à quelques malades et pour ressusciter quelques morts ? Seroit-il venu seulement ou principalement pour préserver quelques corps morts de la corruption et pour faire miraculeusement sonner des cloches d’elles mêmes ? Et enfin, seroit-il venu seulement et principalement pour empêcher miraculeusement des habits, des poils et des cheveux de ses saints de brûler dans les flammes ardentes ? Et ainsi de tous ces autres vains et ridicules miracles dont on fait néanmoins tant de cas ? Seroit-il venu seulement pour cela ? N’auroit-ce pas été plutôt pour guérir tous les hommes de toutes les maladies et de toutes les infirmités de leurs ames, aussi bien que de leurs corps ? N’auroit ce pas été plutôt pour les retirer tous de l’esclavage du vice et du péché ? pour les rendre tous sages et vertueux et pour les santifier tous ? puisqu’il seroit venu pour les racheter tous et pour les sauver tous. Il témoignoit un jour, ce prétendu divin sauveur, il témoignoit un jour avoir compassion de ceux qui le suivoient, parce qu’ils n’avoient pas de quoi manger, si je les renvoïe chez eux en cet état, ils tomberont en défaillance sur le chemin, et pour les préserver de ce danger, il auroit bien voulu, disent nos Christicoles, faire un miracle de sa Toute-puissance en multipliant miraculeusement des pains pour les rassassier tous, et pour les empêcher par ce moïen de tomber foibles en chemin, et il n’auroit pas voulu de même et ne voudroit pas encore maintenant, faire de semblables miracles de sa toute-puissante Grace, pour santifier tous les pécheurs et pour les sauver tous. Il verroit tous les jours leur faiblesse et leur infirmité, et il ne voudroit par les fortifier du secours efficace de sa toute-puissante Grace, pour les empêcher de tomber dans le vice et dans le péché ? Il les verroit tomber tous les jours à milliers dans les flammes effroïables de l’Enfer, et il n’auroit point compassion de leur perte, d’une perte si terrible, si effroïable que celle-là ? Cela n’est nullement croïable, cela se détruit de soi-même, et il est tout-à-fait indigne d’avoir cette pensée-là d’un Etre qui seroit infiniment bon et infiniment sage.

Le prémier donc de ces miracles, le plus grand et le plus glorieux pour lui et en même tems le plus nécessaire et le plus avantageux pour les hommes, auroit certainement été de les guérir véritablement tous de toutes les maladies et infirmités de leurs ames, qui sont les vices et les mauvaises passions. Le premier, le plus beau et le plus grand de ses miracles, auroit été de rendre tous les hommes sages et parfaits, tant du corps que de l’esprit. Le premier et le principal de ses miracles auroit été de santifier véritablement tous les hommes et de les sauver effectivement tous, en les rendant tous parfaitement bienheureux dans le Ciel. C’étoit-là, certainement, Messieurs les Christicoles, le prémier, le plus beau, le plus grand, le plus glorieux, le plus avantageux, le principal et le plus nécessaire de tous les miracles, que votre prétendu divin Christ auroit dû faire, puisque c’étoit pour cela même qu’il auroit descendu du ciel et qu’il seroit venu au monde, comme il le disoit lui-même, ainsi qu’il est marqué dans son Evangile[9]. Lorsque je serai élevé de terre, disoit-il, j’attirerai de toutes choses à moi. Et ego si exaltatus fuero a terra omnia traham ad me ipsum. Le voilà qui a été élevé, et il l’a été en deux manières, me disent nos Christicoles, il a été élevé, lorsqu’il a été attaché à la croix et il l’a été, lorsqu’il est monté au Ciel, si c’étoit de l’une ou de l’autre, ou même de toutes les deux élévations ensemble qu’il entendoit parler. Le prémier donc, le plus beau, le plus grand et le plus favorable miracle qu’il auroit pû faire, et qu’il auroit dû faire, suivant sa parole, après avoir été ainsi élevé de terre, étoit d’attirer véritablement et glorieusement tout à lui, et comme il est marqué qu’il étoit venu pour ôter le péché du monde, pour détruire les œuvres du Démon, pour santifier les hommes, pour chercher et pour sauver tout ce qui étoit perdu, et en un mot, qu’il étoit venu pour racheter tous les hommes du péché, de la damnation éternelle et pour les sauver tous, le prémier, encore un coup, le plus grand, le plus glorieux, le plus favorable, le plus nécessaire et en même tems le plus désirable et le plus important de tous les miracles, qu’il auroit pû et qu’il auroit dû faire, suivant son prémier et principal dessein, étoit d’ôter effectivement tous les péchés du monde, étoit d’en ôter tous les vices, toutes les injustices, toutes les iniquités, toutes les méchancetés et tous les scandales. Le prémier, le plus grand et le plus avantageux miracle qu’il auroit pû et qu’il auroit dû faire, suivant son prémier et principal dessein, étoit de délivrer effectivement tous les hommes de l’esclavage du vice et du péché, de les guérir de toutes les maladies de leurs ames et de les santifier et sauver effectivement tous, puisqu’ils s’étoient tous perdus dans le péché et qu’il étoit venu exprès pour sauver tout ce qui étoit perdu. Mais, comme il est tout évident et tout certain qu’il n’a pas fait ces sortes de miracles, il n’y a aussi aucun lieu de croire qu’il ait fait, ni lui, ni ses prétendus Saints aucun de ces autres miracles dont je viens de parler, et c’est ainsi bien en vain que nos Christicoles prétendent prouver la vérité de leur Religion par la certitude de leurs prétendus miracles, qui ne sont véritablement, comme j’ai dit, qu’erreurs, qu’illusions, que mensonges et qu’impostures. Tout ce que je viens de dire le démontre assez manifestement pour devoir n’en plus faire aucun doute.


  1. Jean, 3 : 6.
  2. Jean, 10 : 10.
  3. Math. 18 : 11.
  4. Luc. 19 : 10.
  5. Jean, 1 : 19.
  6. Jean, 3 : 7.
  7. Tit. 2 : 11.
  8. Eph. 5 : 25.
  9. Jean, 12 : 32.