Le Zend-Avesta (trad. Darmesteter)/Volume I/YASNA/Hâ46.

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Traduction par James Darmesteter.
Texte établi par Musée Guimet, Ernest Leroux (I. La Liturgie (Yasna et Vispéred) (Annales du Musée Guimet, tome 21)p. 300-310).




HÂ 46 (SP. 45). — GATHA USHTAVAITI 4



1-2. Où se tournera le Prophète, repoussé de ses parents, de ses serviteurs, de ses voisins, persécuté par les tyrans du pays ? Impuissant, isolé, pauvre, il crie vers Mazda : J’ai prêché ta doctrine, donne-moi la fortune !

3-4. Il n’aspire qu’à enseigner la loi d’Ahura. Le tyran défend aux fidèles d’assister le juste : il périra par sa violence.

5-8. Les puissants ne devraient jamais faire aucune faveur aux méchants : justes envers tous, ils devraient traiter le juste comme un parent. Qui assiste le méchant est un méchant, qui assiste le juste est un juste (§ 6), Le Prophète appelle de ses cris un protecteur qui le couvre de la haine des méchants (§ 7) et frappe ceux qui mettent leur fortune au service de l’erreur (§ 8).

9-12. Quel est le premier qui lui apportera ses dons ? Ceux qu’il pourra entraîner au culte d’Ahura verront s’ouvrir devant eux le Pont Cinvat qui conduit de terre au Paradis (§ 10) ; au contraire, les méchants qui subornent le pouvoir pour perdre les âmes gémiront devant le Pont Cinvat et iront habiter le monde de la Druj (§ 11). Quiconque fait plaisir à Zarathushtra est homme de bien et aura place au Paradis (§ 13) ; fût-il Touranien, s’il parle comme le saint Fryâna et fait prospérer la piété dans le monde, il appartient à Vohu Manô et Ahura lui doit le bonheur (§ 12).

14-17. Quel est donc l’ami de Zarathushtra ? Quel est l’homme de bien par excellence ? C’est le vaillant Vîshtâspa, le prince qui a converti sa maison au vrai culte. Que les Spitâmas, que la famille de Zoroastre suive l’exemple du prince et vienne apprendre de lui à distinguer le bon du méchant, afin de recevoir la béatitude et les faveurs d’Ahura (§ 15) ! Ainsi Frashaoshtra (le Hvôgva qui a donné sa fille à Zoroastre) ira recevoir sa récompense au Paradis (§ 16) ; son frère, le sage Jâmàspa, le ministre de Vîshtâspa, redira, d’après Zoroastre, les règles de la religion nouvelle (§17).

18-19. Celui qui enrichit Zoroastre, Zoroastre lui fera goûter en retour les récompenses de Vohu Manô (le Paradis) : anéanti soit qui veut l’anéantir ! L’homme qui agit en toute chose conformément aux vœux de Zoroastre sera rémunéré dans les deux mondes (§ 19). Cette Gâtha étant, au moins dans ses premières lignes, celle du désespoir et de l’impuissance, est récitée par l’âme des méchants, dans les trois jours qui suiventla mort et où elle attend dans l’angoisse et les tortures le moment oh sa daêna l’emportera dans l’enfer (Yt. XXII, 20) ; cf. l’Introduction au IlàXLIII.

Dinkart, IX ; 17 [Sûtknr) ; 39 ( Varshtmànsar) ; 61 [Bak). l.Kâm nemôi zâm. — Vers quelle terre me tournerai-je i ? Oii irai-je porter ma prière-’? Parents et serviteurs m’abandonnent’; ni mes voisins ne me veulent de bien, ni les tyrans méchants du pays. Comment parviendrai-je à te satisfaire *, ô Mazda Ahura •’ 1. kàm nemôi zàm, katâr zamlk ânâmam ; le passage se retrouve cité Yt. XXII, 20, avec la glose ol a’tgh jivâk ozalûnam « en quel lieu irai-je ? » [Ai’dd Viràf, XVII, 7: katdm zamik ozalûnam).

2. kutlirà nemô ajèni « où irai-je en prière »; c’est-à-dire (Yt. XXII, 20) : nîvak’ik min man bôyahûnam « à qui demanderai-je le bien ? » 3. Peut-être : « me chassent ». — pairî hvaètéush airyamanascâ dadaitî, construction neutre et impersonnelle comme celle de Toln’ijimatmanaûliâ(v. Y.XLIII, n. 21) ; pairi-dà (cf. paiti-ric) est traduit barà yahhûnl havà-am et glosé liarù kart kavci-am « je suis mis dehors » [bai’d kart = : bé kard, c’est-à-dire dûrîkrila : Minokkard, XXVII, 40). — Cf. Psaume XXXIX, 12.

4. A célébrer ton culte et le propager, le gouvernement étant hostile. 2. Je me vois impuissant’, ô Mazda ; je me vois pauvre de troupeaux et pauvre d’hommes. Vers toi je pleure ; jelte les yeux sur moi ", ô Ahura ! J’allends ■ de toi le bonheur que l’ami donne à l’ami : à enseignement de Vohu Munù, fortune d’Asha*.

3. Quand viendront ceux qui doivent faire les grands jours ’^ ? Quand, pour soutenir par leurs œuvres et leur enseignement ’" le monde du Bien, se lèveront les intelligences des Saints " ? A qui viendra, pour la prospérité, Vohu Manô ’- ? Pour moi, ô Seigneur, c’est ton enseignement que je désire ’^

4. Dans le district et le pays, le méchant’* empêche les artisans de sainteté de faire don de la vache ’^ : mais l’homme de violence ’^ périra par 5. anaèsbô, P. akhvâstâr, N. aprârlhaijitd « qui n’obtient pas ta chose désirée ». Cf. Y. XXIX, notes 38 et 40.

6. avaênâ, dand khazUûna’igham cdrali bôyahûn « regarde ceci, c’est-à-dire cliercliemoi un moyen de salut ».

7. rafedlirein cagvâo : litt. « désirant la joie » ; cagvào rr *cakivàns_, de kâ, datif caliusliè (Yt. XI II, 24).

8. C’est-à-dire « donne-moi la fortune due à la vertu » ; comparer, pour le sens et pour la construction, Y. XLIV, 10, mahjâo cistùisb tliwâ ishtish « à sagesse de moi, fortune de toi ». — àkhsô, âmâhhtishn « enseignement », de âkas *âk[a]sô. 9. uklishànô asnàm, litt. « les agrandisseurs des jours » c’est-à-dire « ceux qui y multiplieront les bonnes œuvres » {dar yôm kâr u karfak afzây’in’md), autrement dit les saints qui travaillent au renouveau du monde, les frashkart-karldr (frasbù-caretar). 10. verezdàisli séùgfhàisli, pun varziskn û d ?nûkhtishn ; verezda, doublet de varshta. il. Les Saoshyants ; voir Y. IX, note 7.

12. C’est-à-dire « à qui sera donnée la récompense qui est donnée à la vertu ? » — ùtbài, sût ; même construction que note 3.

13. Litt. « c’est toi que je désire pour l’enseignement » ; c’est toi, malgré tous les obstacles, que je choisis et que je suis.

14. Litt. « de district et de pays... le méchant » : il s’agit sans doute du méchant chef de district, du méchant chef de pays (sbôitbra rr zaùtu ; voir p. 232, notes 64, 69).

15. asbabyà vazhdréng-, ahlâyth varz’itdr, man kdr u karfak obdûnand « l’agent de vertu ; celui qui fait les bonnes œuvres ». — vazbdréùg est donc pour ’varzb-dreflg’ de *varez-lra (cf. Y. XXXI, 39).

pàt {jâo frôretôish : ash natarûnd gôspand min farnâmishn a’ighash min yahbûnt 6 a’ishan ghal patWnînd « ils le gardent de l’offrande de bœuf, c’est-à-dire l’empêchent d’en faire don ». Le méchant empêche les fidèles de faire des libéralités à l’apôtre. 16. duzhazôbào, P. dûsh stahmak, N. balàtkàri. ■ — ahémustô, P. frôt mûri, N. adhô imntas ; forme obscure : faut-il la remplacer par bamistô que Nériosengh traduit m’rityas (Y. VIII, 6, 14) ? ses propres actes. Celui qui, ô Mazda, l’empêchera de régner et d’opprimer ’^, celui-là fera pour les troupeaux les provisions de la sagesse ’ 5. Celui d’entre vous qui, ayant le pouvoir, ne donne rien à l’homme qui fait souffrir, à celui-là revient la gloire de sagesse et de bonté -". 11 se comportera avec droiture et avec le juste et avec le méchant-’, mais il sait distinguer-- et donnera le nom de parent à celui qui sait se sauver du mal - ô Mazda Ahura !

6. Mais celui qui ne vient pas au devant du désir du juste, celui-là travaille pour la Druj -’, il ira dans le monde d’épouvante - Car celui-là est un méchant qui est bon pour le méchant : celui-là est un juste qui montre 17. yastém khshathrât môithat jyâtéush va : les deux derniers termes signifient « empêchera de faire le mal » ; les deux premiers ne sont pas clairs : je coupe yastém en yase-tem ; le pehlvi, comme d’ordinaire, voit dans yastém une forme verbale, signifiant « arrivé ».

18. pathméfij}-.. carat « fera les provisions », c’est-à-dire « qu’il sait traiter le troupeau sagement » [pâhrizi rjôspandân dànâkihâtar kunishn). Quand le laboureur n’est pas opprimé, il peut avoir son grenier toujours bien garni pour les provisions d’hiver. Le Bak Nask [Dlnknrt, IX, 61. 4), prenant ces derniers vers au figuré, y voit la nécessité d’établir dans la province un bon gouverneur ; « car un bon gouverneur de province enseigne aux provinciaux la vertu et les bonnes œuvres » [ma nêvak mald sai’dàr dmûkhtdr ynhvùnêl i hîmar u kivfak ol matàikàn). 19. Cf. n. 67. drità ayaùteni, dnrlâr yàtùnît, glosé man pun râsh kartan yâlûnîl « qui vient pour faire blessure ». drità, locatif de *driti ( ?), cf. persan dard, « souffrance ». 20. Litt. « il est, de réputation, sage ou de bonté », avec renversement des cas dans la construction. Glose : « celui qui châtie les malfaiteurs doit être tenu pour sage et bienfaiteur ».

21. raslinà jvàs, pun ras/in zlvhns/in « faisant vivre avec Rashii ». Glose : « c’est-à-dire qu’il faut traiter tout homme avec justice ». — Cf. le début du Mihr Yasht, 2, sur la nécessité d’observer le contrat avec le méchant comme avec le juste. 22. vicirô hàs ; éclairé par le Y. XXIX, 4, où vîcirôz= 6am viclnlt « il choisit ». 23. Juste pour tous, il aime comme un parent l’homme de bien. — khrùnyàt, gokkrûnîh, glosé darvandili » l’état de méchant » ou de « damné » ; — uzùithyôi, Inld ûzlt « s’élève au-dessus ». Cf. Dlnkarl, IX, 39, 11 : pun nêvak nafshâ ddriskn manasli nafshàravân min darvand’ih bûjU yakôyamûnêt u tenir pour bon parent celui qui a sauvé son âme de l’infidélité ».

24. « U fait la création de la Druj » ; cf. Vd. XVIII, 30 sq. 25. baithyâ jjàt : N. Iràsanhjaçca, P. asmihît (lire sahmilictl) aîy/ta^k Mm nimnyêhît npask maklûlûnihf’t : « il est terrifié, on le tue ». Faut-il supposer une faute de texte qui serait la contre-partie de celle que nous avons supposée XXXII, 16, n. 67 et XLVIII, 9, n. 21 : il faudrait lire ici, non haithyâ, qui devrait être dshkàrdk, ma.s aithya ; cf. aithivant, rêshgm, duskhavant a [lieu] de souffrance », épithète de l’enfer dans le hàdkêkhi jusk, II, 2, 37 et VAogemaidê, § 28.


de l’amour au juste 26[1], tant que durent les lois premières que tu as établies, ô Ahura 27[2].
7 28[3] Quel protecteur m’as-tu donné, ô Mazda, à l’heure où le méchant m’enveloppe de sa haine ? Quel autre que ton Feu et Vohu Manô par l’œuvre desquels j’entretiens le Bien 29[4], ô Ahura ? Révèle-moi donc la Religion comme notre règle 30[5].
8. Celui qui livre mon monde à l’ennemi 31[6], si je ne puis moi-même le châtier en acte 32[7], puisse venir pour le frapper en personne 33[8] un roi qui protégera le monde en y faisant régner la bonne vie, au lieu de la mauvaise 34[9], — pour le frapper en tout moment 35[10], ô Mazda.

9. Quel est celui qui le premier m’apportera ses libéralilés "^, tandis que j’élève à ton amour un pieux souverain, bienfaisant dans ses actes’" ; [qui sera pour moi] ce qu’Asha fut pour toi, [qui fera] ce que le Créateur du Bœuf dit h Asha^- ; pour moi qui désire obtenir par Vohu Manô tes deux mondes ’^

10. Celui qui, homme ou femme, ô Mazda Ahura, me donnera la chose que lu sais la plus excellente au monde ’" ; celui qui à l’homme pieux *’ apportera sa piété et une royauté fidèle à la Bonne Pensée" ; tous ceux (enfin) que j’entraînerai*^ à vous adresser leur prière ; à tous ceux-là s’ouvrira un chemin à travers le Pont Cinvat**.

§16 : darvandàn). — Le Dinkart applique ce passage à la répression de l’hérésie de Manès (Mânih ; mis à mort, par ordre de Bahràm, l’an 276). 36. aredrô côilLat pournyù « qui le premier me fait jouir de ses libéralités ? » ou bien « qui, libéral, me fait jouir le premier ? », c’est-à-dire quel est le premier qui se fait mon disciple [aîgham fartûni hdvishiih man obdûnand). — aredrô ^ rdtik, la daxinà brahmanique, le casuel du prêtre, le meilleur signe de la foi du fidèle (racine ared zzz véd. ràdli « offrir »). La construction du reste de la strophe est très obscure et la traduction incertaine.

37. yatkà tb^TÙ zeTÎshd’m uzemôhi. amat pun anal lak dôshishn Idld ûzam ; l’on ne peut se fier à la traduction de uzemùLi qui traduit deux fois uz, une fois comme préposition, lâlâ, l’autre fois comme verbe : on pourrait songer à un verbe uz « aimer » d’où uzemem, dôsl’ih « amitié » (Y. XLIV, n. 21) ; zevishtim (cf. XXVIII, 9 ; L, 7) est un dérivé de zusli « aimer », comme le prouve le pehlvi : evi = : avi, aoi et zevisbiim est par suite pour zaoshlim avec épenthèse (cf. civishî, LI, 15 c).

— Ahurem, étant traduit k/iùtàî, et non Au/trmazd, doit désigner un souverain humain ; c’est Vishtàspa, auquel fait allusion la strophe précédente. 38. yàasiiâ toi « comme Asha à toi » ; glose : « Comme Ashvahisht se donna à toi pour disciple, qui se donnera à moi ? » — Ce que le Créateur du Bœuf a dit à Asha, c’est de trouver un bienfaisant souverain (ushtà Ahurem^ pour protéger les animaux contre la violence (Y. XXIX, 2). Ce vers semblerait indiquer que l’auteur de ce Hâ avait le Hà XXIX sous les yeux.

39. Ishenti ma là toi A’ohù Mananbà ; pour l’accusatif ma, voir XLIIl, notes 30, 31 ; selon Nériosengh, ta désigne la loi, «l’Avestaet le Zend » ; mais la glose pehlvie 7«ij(f indique qu’il s’agit des biens des deux mondes, dus en retour de la bonne pensée (Abuna vairya, vers 2).

40. « Ta religion » {pun din l lak) : c’est-à-dire^ celui qui m’apportera sa foi. 41. « A Zoroastre ».

42. Qui gouvernera selon les bons principes.

43. Littéralement « ceux que je pousserai à prière de toi (bakshâi ; cf. XXXI, 12, n. 47).

44. frô tàisb vispàisli Cinvatô frafrà peretùm « pour tous ceux-là passage au pont T. I. 39

11. Sourds et aveugles se sont unis au pouvoir 45[11] pour détruire par leurs mauvaises œuvres le monde des mortels 46[12]. Mais leur âme et leur conscience 47[13] gémiront quand ils arriveront devant le Pont Cinvat, pour habiter à tout jamais dans le monde de la Druj 48[14].
12. Si parmi les fils et les descendants d’un Touranien 49[15], la vertu paraît avec les paroles d’un Fryâna 50[16], de sorte qu’ils fassent prospérer de toute leur énergie le monde d’Armaiti 51[17], avec eux réside Vohu Manô 52[18]et Mazda Ahura leur réserve le bonheur 53[19].
13. Car celui qui, entre les mortels, réjouit de ses libéralités Zarathushtra Spitâma, celui-là mérite nom d’honnête homme 54[20]. Mazda Ahura lui a
donné une place dans l’autre monde 55[21], [parce que] pour lui 56[22] il fait grandir le monde en bonne pensée. Cet homme, ô Asha, nous le considérons 57[23] comme votre bon ami.
14. O Zarathusbtra, quel est le juste ton ami 58[24] ? Quel est celui qui veut la réputation 59[25] de vertu suprême 60[26] ?

C’est le roi Vîshtâspa, le guerrier 61[27]. Ceux de sa maison 62[28], ô Mazda Aliura, qu’il convertit par ses louanges 63[29], je leur fais appel avec les paroles de Yohu Manô 64[30].
15. Fils de Haêcataspa, descendants de Spitàma 65[31], je vous dirai 66[32] comment distinguer à qui donner et ne pas donner 67[33], afin que par vos actes vous receviez la béatitude avec les dons nombreux d’Ahura 68[34].
16. Et toi, Frashaoshtra, va là-bas recevoir tes dons 69[35] ; va, fils de

Hvôgva, recevoir ce que nous désirons tous deux ’" ; va, pour y trouver le bonheur"’, là où est Ârmaiti accompagnée d’Asha, là où est la Royauté conforme aux désirs de Vohu Maiiô’-, là où Mazda réside dans la demeure des vœux comblés".

i7. Aussi ", je prêcherai vos lois"’, rien qui ne soit conforme à vos lois,

— ô sage JAmâspa’", fils de Ilvôgva. Que vos adorateurs vous ofFrenl leurs prières avec soumission" et suivent la loi juste et sage suivant laquelle Mazda Ahura a distingué le bien et le mal ’

(v. XXVIil, 8, n. 31). — aredrâisli idi « va avec les dons », ce qui pourrait signifier aussi bien « va porter tes dons » que « va recevoir », n’était que la chose se passe au Garôtmân où Fou reçoit plutôt qu’on n’apporte (glose : aighash ràtîh dar (jarôlmdn kunishn « c’est-à-dire que libéralité lui est faite dans le Garôlmùn ») ; cf. Dinkarl, l. l., 24, lamd aigh zaki rdldii ravdn « là-bas oiisont les âmes des libéraux ». 70. Les récompenses, les dons (lùisli aredràis). — usvalii, duel de vas. 71. uslilâ stôi « pour être heureux ».

72. Littéralement « la lloyauté (l^lisbatlireiii ; avec allusion à l’Amshaspand Klisliatbra ) dans le désir (ishlà, locatif de isliti) de Vohu Manô ». 73. varedemàm, pun kàmak dar damûn ; donc de varc-dcmâ (cf. demâ-na) « demeure à souhait (svechayd slhdne) », où tous les désirs sont satisfaits. 74. Lire jallià, variante confirmée par le pehlvi ilîtn : yallii-â serait tamd ; cf. slance 16, c, d, e.

75. LesloisdesÂmshaspands. La strophe est obscure dans le détail : le sens général est éclairé par l’analyse du Binkarl-.madamandm’z'iolZarlûhasklpun gûftanloimarlûmôn obdànt l patmùn s/iadkûndnd apatmdntk fkhoêshhiitanl rdllh Ivatdêr-mUus/m’ih udânàkpa’mdn î pun karfak « conseil à Zoroastre de dire aux hommes de faire actes modérés, de renoncer àl’immodération ; de s’approprier libéralité avec humilité et sage mesure de bonnes œuvres ». — palmdn est la traduction de af’sliuiâuî ; afsLinan est employé dans la prosodie au sens de « ligne mesurée, vers » (v. Vispéi’ed, XIV, 1), et l’on pourrait l’entendre à la rigueur dans ce sens en faisant d’afsbmàni une désignation des Gàthas : mais le sens général et le Dinkart rendent bien plus vraisemblable que ce mot est employé ici au sens général et moral dcpatmàm, mesure, règle, loi. Je fais rapporter vé, non à Jàmâspa, mais aux Amshaspands énumérés dans la stance précédente ; séiisbànî est traduit comme un impératif 1" personne de sanb. 7G. dé Jàmâspa, daslôbar Jdmàsp. Jàmâspa, frère de Frashaoshtra, était le ministre elle sage de Vishtâspa : c’est un des premiers prosélytes de Zoroastre. — Sur dé, voir Y. XLV, n. 36.

77. badà véslà vabménjf seraosbâ ràdaiibô ; il faut sans doute dire vé stâ ou du moins décomposer ea vé-stà, le pehlvi ô zak i lakûm ngàyishn sdlùnêt « vont vous prier » supposant le pronom de la 2" personne : il analyse sans doute : « vos adorateurs (râdaiibô, ceux qui font des offrandes, cL XLV, n. 49) [sont] se tenant en vous (vé-stâ) avec sentiment de docilité (seraosbâ) » : vcslâ serait un composé devé etslâ (traduit ici avec le sens de i d’après le sens général plus que le sens propre). 78. dâthemcâ adâlbcmcà, traduit comme plus haut (n. 67) dahislm adahishn, avec

18. Qui se laisse purement guider par moi fait la plus belle des choses du monde 79[36]. Celui qui m’enrichit, je lui fais goûter les biens de Vohu Manô. Détruit soit qui cherche à me détruire 80[37] ! O Mazda, ô Asha, je cherche à complaire à votre vœu et c’est Là le choix de mon intelligence et de ma pensée.
19. Celui-là qui pieusement réalisera dans sa conduite ce que désire le plus Zarathushtra 81[38], celui-là aura récompense méritée dans les deux mondes 82[39], avec tous les biens qu’il m’a donnés et avec la vache Azî 83[40].

C’est toi qui me l’as dit, toi, Mazda, qui sais le mieux 84[41].

Zot el IliVspî ensemble :

20. Le bien soit à quiconque fait du bienl... (Y. XLIII, 1 ; 2 fois). Ashem vohù [2 fois).

Nous sacrifions au Ilâ Kamnamaêzâm.

Nous sacrifions à la Gâlha Ushtavaiti, sainte. Nous sacrifions à l’ensemble de la Gâlha Ushtavaiti. Yênhê Lâtàm.

Taêdishtô ; le sens est aussi clair que possible, sàs étant la ’ !<’ personne de l’aoriste de sanh, sujet Ivcni ; cf. XLIII, 11 c, où moi sàs est traduit correctement 6 li guft u tu m’as dit ». Ici sàs est traduit comme usas (de us, vas) : zak ci li khorsandih amnt anâ i lai ; Auhrmazd âkds havâ am clin î lak : « ma joie est quand je te connais, Auhrmazd (quand je connais ta loi) » ; double impossibilité, de lexique pour sàs, de construction pourtvcm vaêdislilô ; cf. XIA’III, 2 a : vaocà moi >â tvém vîdvâo Ahurâ.


    la glose : « il donne à qui il faut donner ». — dañgrâ mañtù, dânâk patmân. Sur dañgra, v. Y. XLV, n. 36.

    Cinvat », c’est-à-dire « qu’ils vont au Garôtmân », hamâî Garôtmanig havâ-nd). — frà * parà, de par « passer » d’où peretu « pont ». Le pehlvi traduit activement olâshân farnâmind (que Nériosengh confond avec le farnâm qui traduit fri ; prabruvanti).

  1. 26. « En cas de doute » [c’est-à-dire quand on ne sait pas à quoi s’en tenir sur la valeur morale d’un homme] « il faut tenir pour méchant celui qui fait du bien au méchant et pour bon celui qui fait du bien au bon ». Cité Yt. LXX. 43.
  2. 27. Litt. « pendant que tu as établi les lois premières ». Glose : « jusqu’à l’arrivée de Sôshyans ».
  3. 28. Stance récitée dans le Srôsh bâj et en particulier durant l’expulsion de la Nasu (Vd. VIII, 20). — Au premiers vers, lire dadâo (J2, Pt4 ; at yahbûnt).
  4. 29. Je n’ai pour me protéger que ma vertu et le feu qui, dans l’épreuve du Var Nîrang ou dans celle du bain de métal (XXXI, n. 15), décide en faveur de l’innocence.
  5. 30. dàstvàm daênayâi, dastôbar î din. Glose : « c’est-à-dire qu’il faut prendre la Religion pour Dastûr ». Le mot dastôbar dastûr n’a, on le voit par ce passage, aucun rapport avec dast « la main » (z. zasta) : c’est un dâstva-bara « porte-règle » : cf. Ardâ Vîrâf, XV, 10, où il est parlé des magistrats qui ont dast kart « fait règle » ; Études iraniennes, I, 115 et Y. XLV, n. 36.
  6. 31. Qui le met au pouvoir des hérétiques, et d’une façon plus positive et plus pratique « celui qui met ses biens à la disposition des Ashemaoghas, qui en dispose sur leur conseil » (aîgh khvâstak pun dastôbarî Aharmôkân dârishn).
  7. 32. Traduction hypothétique, faute de connaître le sens précis des mots âthrish et frôsyàt. — nòit̪ ahyà mâ àthrisb shyaothanàish frôsyât ; âthrish est transcrit dans le pehlvi asar rîsh (avec jeu étymologique : « blessure sans fin » ) ; il est glosé : man pun tan ravân rêsh obdûnand « celui qui blesse le corps et l’âme » ; mà… frôsyàt, frâj rânînîtâr havâ-am « je fais pousser » ; litt. « [si] châtiment (?) mien de lui n’est poussé (?) en acte » ; glose : « c’est-à-dire, si je ne puis le châtier parfaitement ».
  8. 33. ahmâi jasôît dvaéshaŃhà tanvém â « qui vienne à lui avec torture à la personne » : cf. Dînkart, IX, 39, 16 : pun patirak yâmatûnishnîh Srôsh ahlî khutâi ol olà tan pun bish « vient le saint Srôsh, le souverain, contre cette personne, pour la torturer ». Ce souverain, incarnation de Srôsh, est naturellement le roi protecteur de Zoroastre, Gushtâsp (voir XLIII, n. 40).
  9. 34. Litt. « non de la mauvaise ». Glose : « c’est-à-dire que sa loi consiste à protéger le monde avec la vertu ».
  10. 35. kâcît.. dvaêshaňhâ, pun katârcâi [damân] bêshitâri [sarîtarân] (Dînkart, l. l.,
  11. 45. Les impies se servent du pouvoir civil pour faire régner l’impiété.
  12. 46. ahùm mashim : selon le pehlvi, il s’agit de l’autre monde (cf. Y. XXX, n. 20) : ils font perdre aux mortels leur place du paradis (gâs tamâ, leur place là-bas ; cf. § 13, note 55).
  13. 47. daèna « leur religion », leur vie religieuse, bonne ou mauvaise (cf. XXXIV, note 40 ; LI, 13, note 42). L’âme du mort, bonne ou mauvaise, est reçue à la tête du pont Cinvat par une apparition, merveilleuse de beauté ou repoussante, qui est sa daèna : Yt. XXII ; en particulier §§ 19-23. — Vers imité Vd. V. 4 et XIII, 8-9.
  14. 48. L’enfer ; cf. LI, 14.
  15. 49. Il y a des justes dans toutes les races et un Touranien même peut être sauvé : cf. Yt. XIII, 143.
  16. 50. Si parmi les Touraniens paraît un homme de bien qui parle comme le saint Fryâna. Une légende avestéenne célèbre la science d’un nommé Yôishta des Fryânas (Yôishtô Fryânanàm), qui dénoue les énigmes malicieuses du magicien Akhtya (Yt. V, 81) et qui est admis au nombre des rois immortels, quoique non zoroastriens (adinîh-hômand ; Dâdistan, XC, 1-3). Pour plus de détails, voir Yt. V, 81. — ashà… uzjén lâlâ yâmatûnêt ahlâyîh (Dînkart, IX, 39, 20).
  17. 51. « Avec la piété parfaite ils font prospérer le monde du bien et mettent en souffrance la Druj » (pun bundak mînishnih apâkih frâdinênd gêhâni aklâyîh utangîh ol Drûj yahbûnd : Dinkart, l. l.).
  18. 52. « Eux aussi pensent avec Vahûman » (ham olâshân madam pun Vahûman mînend) ; ibid. C’est-à-dire, quoique Touraniens, ce sont des saints.
  19. 53. Litt. « ordonne pour eux le bonheur ». — Dînkart : « demande pour eux le bonheur à nous, qui sommes les Amshaspands » (olâshân râmînîtârîh pun gavishn zâyîh min lanâ man Amahraspand havâêm).
  20. 54. ferasrùidyâi eredhwô ; barâ khusravinênd frârùn « on lui donne la bonne réputation (le haosravaňha) d’honnête homme ». — Il s’agit de Gûshtâsp.
  21. 55. abùm dadât̪ « lui a donné le monde », l’autre (gâs tamâ, une place là-bas).
  22. 56. Pour lui, Ahura. Cf. Dînkart, l. l. : frâdînêt olâ Vishtâsp gêhdn î astômand î ahlâyîh : « ce Vîshtâsp fait grandir le monde corporel de la sainteté ». On pourrait aussi construire : « et pour lui [Vîshtâspa], Ahura fait grandir les biens terrestres par Vohu Manô », c’est-à-dire qu’il le fait prospérer sur terre par sa vertu.
  23. 57. Note manquante.
  24. 58. Demande d’Ahura (glose marginale : frashni Aukrmazd). Cf. Yt. LI, 14 ; LXXI, 43.
  25. 59. ferasrùidyài ; voir note 54.
  26. 60. mazôi magâi, mas makîh, c’est-à-dire avêzhak shapirîh « vertu pure, sans tache ».
  27. 61. yâhi, P. kârîk, N. samgrâmî ; de yàońh, kâr, « affaire », dans les deux sens du mot ; cf. kârizâr « bataille, guerre ».
  28. 62. hademòi, hamdamûnân P., sahavâsino N., cf. p. 217, n. 37.
  29. 63. yéńg stù : stù « en louant » [la religion]. Geldner lit yéàgstù, mais yéñg-stù est la lecture presque unanime des manuscrits et le pehlvi traduit amat stâyît « quand il loue », ce qui suppose yéñg stù. — mînash, vartînêt « fait tourner » (mînash suppose un verbe mîsh ou mît, construit sur la septième classe, comme fracinas (XXXII, 5). Glose : aigh hamdûtakân ô din aîtyûnit « il les tourne, c’est-à-dire qu’il fait venir à la religion ceux de sa maison ».
  30. 64. Je les appelle à la loi (ashân barâ ô danâ dîn hâcînad « il les attire à la religion »).
  31. 65. Les parents de Zoroastre : le père de Zoroastre, Pourushaspa, était petit-fils de Haècataspa, descendu lui-même, à cinq générations, de Spitama.
  32. 66. vakhshyâ vé.
  33. 67. dàthéñg. adâthéñg, traduit vaguement dahishn adahishn, mais glosé’< distinguer le bien du mal » ; le sens exact serait « à qui donner et à qui ne pas donner » (v. note 78), car on ne doit donner qu’aux bons, on ne doit rien donner aux méchants (v. Y. XXXII, note 38).
  34. 68. ashem, la sainteté et par suite la béatitude céleste qui la récompense (P. mizd). — Cette stance a perdu un vers : elle était déjà mutilée à l’époque où fut rédigé le Cîm î Gâsân qui note le fait (§ 51).
  35. 69. Frashaoshtra, le disciple et le beau-père de Zoroastre, de la famille des Hvògvas
  36. 79. Litt. « Qui à moi purement, à lui serait la plus belle chose » ; glose : « Celui qui devient mon disciple, c’est la plus belle chose du monde ». Je traduis ascit̪ comme étant as cit̪ ; cependant le pehlvi traduit punci tan, glosé pun gîtî « de corps, c’est-à-dire dans le monde matériel » ; faut-il considérer ascit̪ comme étant pour asticit̪ ? — Au vers suivant ; « de fortune mienne, je lui fais goûter Vohu Manô » ; c’est à-dire « celui qui me donne de l’argent, Vohu Manô lui donne récompense ».
  37. 80. àstéńg ahmài yé nào àstàî daîdità, traduit anâstîh ô olâ man ô lanâ anâstîh yahbûnêt « destruction à qui nous donne destruction » ; litt. « à qui nous donne à destruction ». àsténg àstàs- (Y. XLIV, 14 ; n. 44) est l’accusatif pluriel d’un thème àsta, dont àstài est le datif singulier. La traduction de Nériosengh nâstika et probablement le pehlvi anâstîh semblent considérer àstà comme un dérivé du verbe essentiel avec préfixe négatif : * an-àstà « non-existence » : cependant le nom d’agent àstà, Y. XXXIV, 8, ferait plutôt croire à un dérivé de la racine àz « oppresser, étouffer » (àzô, angoisse ; v. Y. VIII, 8), d’où * àz-tà, étouffement, * àztàr, qui étouffe : àzò est traduit nàstikatâ dans l’Af. Gàh. 8. Cf. Nîrang., § 41 (âsta, anîtîh).
  38. 81. yé môi ashât haithim hacà vareshaitî Zarathushtrâi hyat̪ vasnà ferashôtemem ; c’est-à-dire celui qui se conduira suivant les désirs de Zoroastre. Ces vers sont l’origine de la formule ; haithyàvareshtàm hyat̪ vasnà ferashôtemem, Hâ L, 11 d.
  39. 82. Litt. « récompense à lui le méritant ». — paràhùm, dar kulâ dù akhvân « dans les deux mondes » ; le mot paràhu est sans doute pour ahu-paràhu, ce monde et le monde d’au delà.
  40. 83. mané vistàish mat vîspaîsh gàvà azi : le pehlvi coupe la phrase d’une façon qu’il n’est pas possible d’accepter, séparant l’un de l’autre vistàîshet vispàîs : man ô li nividêt [aîgham mandùm yahbûnêt] ash Ivatà yahvûnêt pun harvisp [damân] gàvà àzi : « celui qui m’annonce [c’est-à-dire me donne quelque chose] avec lui sera en tout [temps] la vache Azi » [nividêt, « m’annonce en faisant le nivaèdhayèmi », V. pp. 5-6).

    On peut hésiter pour le sens littéral de vistàish entre vid (au sens prêté par le pehlvi) et vid au sens d’obtenir. La vache Azi est le symbole des bénédictions matérielles et célestes : v. Y. XXIX, 5, note 24.
  41. 84. Ici encore le pehlvi est certainement dans le faux : fàcit̪ mòi sàs tvém Mazdà