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Le plymouthisme d’autrefois et le darbysme d’aujourd'hui/Partie 2

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DÉCHÉANCE PAR L’ABANDON DE LA PREMIÈRE CHARITÉ, ET DISSENSIONS QUI S’EN SONT SUIVIES.

Nous venons de voir l’état prospère de l’Église de Dieu à Plymouth ; mais il ne devait pas toujours en être ainsi. L’ennemi, qui ne se lasse jamais de semer l’ivraie là où le bon grain a été répandu, ne dormait pas ; il attendait seulement que la porte fut ouverte pour entrer dans le parc des brebis avec tout son cortège d’artifices. En perdant leur première charité les « Frères » lui préparèrent la voie, et lui prêtèrent des armes d’autant plus redoutables qu’elles étaient tirées de leur propre arsenal. Il s’était écoulé quinze ou dix-huit ans depuis la fondation de cette Église, c’est-à-dire, depuis que les Frères avaient commencé à se réunir simplement au nom de Jésus lorsque des murmures, non plus comme ceux des Grecs (Actes. vi.) commencèrent à éclater à Plymouth. Les membres du troupeau se comptaient alors par centaines, et il eut été difficile de trouver une assemblée de chrétiens aussi nombreuse dans aucune autre localité, si ce n’est à Bristol dont nous aurons à parler plus loin. Cette réunion était donc comme un grand arbre à l’ombre duquel des chrétiens de différents endroits venaient de temps en temps chercher du repos. Aussi, le nom de « Frères Plymouthiens » (c’est là l’épithète dont on couvre aujourd’hui encore les chrétiens qui ont à peu près les mêmes principes) eut du retentissement en Angleterre, en France et en Suisse. On l’entendit prononcer, sinon avec horreur, du moins avec dédain, dans les écoles de théologie comme aussi du haut de la chaire protestante. La mauvaise réputation qu’on cherchait à leur faire au dehors devait être pour eux un signe de la faveur divine. Cependant, le succès, quoique réel au fond, était d’autant plus dangereux qu’il était apparent. Les chefs qui avaient la conduite du troupeau ne manquèrent pas de donner dans le piège. Ce qui aveugle l’homme, ce n’est pas la surabondance de lumière, mais le mauvais usage qu’il en fait. L’autorité de l’homme ne tarda pas à se faire sentir, et les âmes, au lieu de regarder au Chef suprême de l’Église et de s’attacher à Lui, portèrent en quelque sorte toute leur attention et leurs sympathies sur ceux qui les enseignaient. On attachait trop d’importance aux dons et pas assez au Donnateur. Au lieu de donner gloire à Dieu, on voulut se construire une tour ; chacun se prévalait de ses lumières. Un esprit de parti se manifesta bientôt dans cette assemblée, le levain y fut introduit, il y travailla sourdement, graduellement, et pour ainsi dire imperceptiblement. Du reste, c’est l’histoire de toutes les sectes qui, ayant commencé par l’Esprit ont fini par la chair. On s’applaudit du grand nombre, on vante ses lumières comme si ces choses devaient nous ouvrir la porte des cieux, et nous préserver des écarts auxquels nous sommes naturellement susceptibles de nous laisser entraîner. Si, dans la prospérité, on néglige de veiller, si l’on oublie que le cœur est la source de tout mal, on tombe infailliblement dans une illusion funeste qui nous fait commettre toute espèce de prévarication.

Non, avec le grand nombre l’on n’est pas plus puissant, ni moins exposé à la tentation. C’est quand les hommes eurent commencé à se multiplier sur la terre que les fils de Dieu se dépouillèrent de leur vrai caractère de Nazaréen en contractant alliance avec les filles des hommes. Dès lors Dieu dit : « Mon esprit ne plaidera point à toujours avec les hommes, car aussi ils ne sont que chair. » (Genè. vi.) C’est quand les disciples se furent multipliés qu’il commença à s’élever des murmures et des disputes parmi eux. (Act. vi.) Dans le premier cas, ce fut le sensualisme qui provoqua le déplaisir de l’Éternel ; dans le second, ce furent des préférences égoïstes qui amenèrent des désordres affligeants, comme plus tard parmi les Corinthiens ce fut l’esprit de parti qui leur attira les justes reproches du St. Esprit. À Plymouth il y eut sans doute un peu de l’un et de l’autre. Il y eut du relâchement dans les mœurs et du relâchement dans les principes. C’est lorsqu’ils voulurent avoir égard chacun à ses intérêts particulier, que les « Frères » se placèrent sur une pente qui devait les conduire à leur ruine. Ceux qui avaient suivi leurs progrès avec sollicitude auraient été en droit de leur dire : « Vous courriez bien, qui est-ce qui vous a arrêtés pour que vous n’obéissiez plus aux préceptes de l’amour ? » Ils agissaient comme si la recommandation de Joseph à ses frères ne les eût pas regardés. « Ne vous querellez point en chemin. » La différence d’opinion sur certains points touchant les prophéties non accomplies, amena d’abord de sérieuses discussions entre les conducteurs et ceux qui s’occupaient spécialement de ces sujets. Deux systèmes d’interprétation qu’il était impossible désormais de confondre ou de concilier, furent représentés par MM. Darby et Newton qui s’exercèrent pendant longtemps à se combattre réciproquement, mais à la sourdine, et seulement sur le terrain de la prophétie. L’un et l’autre ont écrit sur le livre de l’Apocalypse, et chacun a eu ses partisans. Bien que nous ne soyons pas de ceux qui considèrent la prophétie ou toute autre vérité enseignée dans l’Écriture comme non essentielle, nous croyons cependant qu’à Plymouth on s’occupa trop exclusivement de la prophétie, tandis que les grandes vérités du salut furent négligées. La concentration de l’esprit sur un point particulier nous fait donner dans une direction qui nous éloigne plus ou moins du vrai but. Or, l’expérience a démontré plus tard qu’il faut toujours en revenir aux premiers principes de la doctrine chrétienne. Pour peu que l’on s’écarte de la Croix, même sous prétexte de sonder les choses profondes de Dieu, l’on tombe dans l’erreur, et celui-là est aveugle qui a oublié la purification de ses péchés précédents. Malheureusement c’est à l’école des hommes plutôt qu’à celle de Jésus qu’on allait s’instruire, et chacun voulait savoir ce que pensait celui-ci ou celui-là sur telle question qui était mise à l’ordre du jour. Par leur position, leurs talents ou leurs lumières, les deux hommes dont nous avons parlé exerçaient une action bien marquée parmi les frères », quoique l’un d’eux passât une grande partie de son temps à voyager sur le Continent. Opposés autant par le caractère que par leurs vues sur la Prophétie, ils se supportaient difficilement. On se demande avec étonnement comment ils ont pu marcher ensemble pendant l’espace de quatorze ans. Mais on sait que l’un était rarement sur les lieux ; et d’ailleurs le caractère pacifique de tel de leurs voisins ou de leurs amis calmait bien des impatiences et rendait plus difficile le conflit dans lequel ils devaient finalement s’engager. Ils se disputaient la suprématie en secret, et ne laissaient pas que de faire éclater de temps en temps leur mécontentement et leurs petites jalousies. Cet esprit de rivalité occasionnait déjà un certain malaise général, parfois même du désordre, et devait enfin amener une rupture complète. Les disciples, comme c’est ordinairement le cas, allaient plus loin que le maître. De temps en temps ils laissaient échapper des paroles imprudentes : c’étaient des reproches amers, et les gestes même témoignaient du dépit que l’on avait pour celui-ci ou pour celui-là. Ainsi, nous avons entendu des personnes critiquer à l’excès les ouvrages de M. Darby. Une sœur entre autres, qui était passablement imbue des idées de M. Newton, se permit de dire en parlant des Notes de M. Darby sur l’Apocalypse, que l’auteur devait dormir quand il les a écrites. De son côté, M. D., par une de ces expressions qui lui sont familières, laissait percer de temps à autre le fond de sa pensée. Il suffisait, par exemple, qu’un homme partageât les sentiments de M. Newton pour qu’il en conçut une très mauvaise opinion. Il ne pouvait en parler autrement que comme d’un « Gendarme », « un agent actif de » M. N. Il fit un jour éclater son indignation contre le traducteur des « Pensées sur l’Apocalypse ». Il écrivit à son sujet une longue lettre qui par son langage déjà, témoigne d’une absence complète de charité. Son but était évidemment de mettre M. C. en guerre avec ses amis. Nous en avons vu les tristes effets. Ce manque de sobriété dans le jugement de plusieurs, ce manque de modération dans leurs discours, ne pouvait que faire naître et entretenir dans les esprits des rancunes perpétuelles. Ajoutez à tout cela que c’est sur les points controversés que l’on insistait le plus et que l’on revenait sans cesse. Le règne de l’Anti-Christ fut pendant très-longtemps pour les frères de Plymouth, le thème de la plupart de leurs conversations et de leurs débats. Il y avait là des docteurs en assez grand nombre qui étaient encouragés par l’attention que leur prêtaient leurs auditeurs. Cependant plusieurs d’entr’eux manquaient de liberté. M. Newton avait pris un tel ascendant sur eux que personne n’osait rien dire en sa présence. Nous connaissons des hommes fort respectables, ceux là même dont la présence et l’action contribuèrent le plus au réveil dans la ville de Plymouth, qui se sont gênés ensuite au point de cesser toute relation avec les frères de cet endroit. Les uns y voyaient la prospérité et l’abondance, tandis que les autres n’y voyaient que pauvreté et misère. Quoi qu’il en soit, cet état de choses ne devait pas durer longtemps.

C’est en 1845 que M. Darby quitta la Suisse pour se rendre en Angleterre. Il nous apprend lui-même qu’il alla directement à Plymouth où une lutte devait s’engager entre lui et M. Newton et se terminer par une scission. C’était une chose résolue d’avance. Déjà dans sa dernière visite à Plymouth, M. Darby avait témoigné de son mécontentement parce qu’il se sentait gêné dans les assemblées. Il dit lui-même s’en être plaint à M. Harris qui le reprit à ce sujet. (Voy. « Narrative of facts », par M. Darby.) Maintenant l’état de l’assemblée se trouvait plus mauvais que jamais. Au dire de M. D., les formes du cléricalisme y remplaçaient l’action du St. Esprit, ce qui est vrai jusqu’à un certain point ; en conséquence, il ne prenait que rarement part aux actes du culte : « c’est à peine s’il pouvait y prier quelque fois ». À coup sûr, son silence presque absolu dans une pareille assemblée n’était pas de nature à rassurer les mécontents, ceux-là surtout qui faisaient plus de cas de son ministère que de tout le reste. Mais ce qui devait paraître étrange, et ce dont quelques uns auraient pu même s'offenser, c’est qu’il affectait de s’asseoir parmi ceux qui occupaient les bancs de derrière dans le but, sinon de s’effacer, au moins de faire contraste avec les conducteurs qui avaient ordinairement leur siège près de la table. C’est dans sa « Narration des faits » qu’il faut voir comment il parle de lui-même et de ceux qui occupaient les premières places. (Voy. page 18.) Et puis on appellera cela simplicité ! Quant à nous, nous ne saurions qualifier de ce nom une pareille conduite. Nous ne voudrions pas dire que par une modestie feinte M. D. ait voulu attirer spécialement les regards sur lui, et par là, se donner plus d’importance ; mais nous n’oserions pas non plus condamner ceux qui occupaient habituellement les premiers sièges quoique nous objections à tout ce qui ressemble à une présidence de forme. Nous convenons, du reste, que M. D. avait des motifs sérieux de se plaindre, et nous sommes loin de lui contester le droit de s’opposer à une tendance funeste, mais notre conviction est (ce que les faits démontrent,) que dans le principe, la cause, des divisions est une question qui existait, non « entre Satan et Dieu, » comme quelques uns ont bien voulu le dire, mais entre M. Darby et M. Newton. On sait que la contestation qui s’éleva entre Paul et Barnabas était solitaire, et qu’elle se termina d’une manière pacifique, car si les deux Apôtres ne pouvaient s’entendre sur certaines questions, au moins consentirent-ils à demeurer pour un temps séparés l’un de l’autre. Malheureusement il n’en fut pas de même de celle qui eut lieu à Plymouth. Elle ne garda pas toujours son caractère personnel ; elle souleva de vieilles rancunes et donna l’éveil, dans quelques autres localités où se trouvaient des chrétiens, qui s’intéressèrent à cette affaire et n’hésitèrent pas à se jeter au fort de la mêlée. Au point de vue de M. Darby, le mal qu’il s’agissait d’attaquer était sans remède, les dons ne pouvant plus être appliqués à l’édification, au redressement ou à la guérison des membres. Les bases de la fraternité étant renversées, on commença par substituer au mot de « frère » celui de « Monsieur ». C’est ainsi que procédèrent d’abord MM. Darby et Newton avec le maintien réciproque d’une excessive réserve qui devait être considéré comme le prélude d’une collision. D’après l’opinion de quelques uns, M. Newton aurait voulu maintenir la paix à tout prix ; selon d’autres, c’est lui qui a fait la déclaration de guerre à M. Darby. Il y avait en tout cas cette différence que le premier faisait la guerre sans la déclarer, ou même sans paraître décidément aggressif. Il y a une foule de détails qu’il serait trop triste et trop long à raconter touchant cette affaire. Il nous suffira de dire que la division s’est accomplie dans les circonstances les plus fâcheuses. M. Darby, à qui l’on attribue l’honneur de cette victoire, si victoire il y a, fut secondé par M. Wigram, sir A. Campbell, M’c Adam et autres dont la présence en ce moment avait été jugée nécessaire à Plymouth.

M. Newton avait été dénoncé comme un usurpateur dans l’église, et l’on ne manqua pas de tirer parti de toutes les récrimination des personnes auxquelles il n’avait pas su plaire. L’on prit à tâche de rassembler tous les faits qui pouvaient être mis à sa charge, mais qu’un examen plus attentif et surtout plus impartial aurait pu faire militer en sa faveur. Enfin, on n’épargna aucune peine pour donner au délit un caractère tel qu’il a été appelé : Une œuvre directe de Satan. Nous ne suivrons pas ici M. Darby dans sa longue narration. Une chose nous frappe cependant : c’est que ce document qui compte quatre-vingt bonnes pages d’impression, a dû lui coûter, si non un effort de mémoire, au moins un certain travail d’esprit pour faire pencher d’un seul côté de la balance une si grande multitude de faits. Mais l’on comprend la nécessité de produire un pareil document, ne fût-ce que pour répondre au vœu des personnes qui mirent M. Darby en demeure de s’expliquer sur l’étrange conduite qu’il avait tenue à Plymouth. Nous indiquerons maintenant les raisons qu’il donne pour justifier sa séparation. Ces raisons, au nombre de sept, sont ainsi résumées à la page 75 de son Exposé.

1° L’attente actuelle ou l’espérance de l’Église touchant la venue du Seigneur, a été ajournée et oubliée.

2° Une vérité touchant l’appel céleste que les frères avaient eu surtout pour mission d’anoncer, a été renversée, et la gloire de Christ en rapport avec celle de l’église, confondue avec la terre, et rabaissée.

3° La saine croyance quant à la présence du St. Esprit comme directeur et dispensateur dans les assemblées, a été mutilée et renversée.

4° L’unité du corps de Christ comme étant formé ou rassemblé par la présence du St. Esprit, a été sapée et détruite.

5° La déification des saints, c’est-à-dire qu’ils auront pouvoir d’exécution égal à celui de la divinité, et possèderont en même temps l’omniscience.

6° Un systéme d’enseignement ayant pour effet d’atténuer le mal condamné dans le papisme, et absence de Christ dans les discours.

7° L’exaltation et le charme d’un anti-christ personnel présentés d’une manière contraire aux Écritures.

Il y aurait beaucoup de choses à dire sur ces allégations ; mais nous sommes étonné que M. D. ne place pas au nombre de ses raisons celle qui nous semble ressortir du fait indiqué à la page 24 de son livre. Car il ne s’agit pas seulement d’un esprit clérical envahissant l’assemblée, mais d’une fausse doctrine sur un point fondammental du Christianisme. « J’ai entendu moi-même, dit il, enseigner que Christ, d’après Hébreux ix, 27, devait être jugé après sa mort comme tous les hommes, Il a été enseigné que Christ est né sous l’empire de la mort, étant constitué pécheur, et qu’il a obtenu la vie en vertu de son obéissance, » etc. Ceci n’est pas assez grave aux yeux de M. Darby pour trouver place parmi ses chefs d’accusation. Il ose même dire qu’une telle doctrine « n’est pas précisément contraire à l’orthodoxie » (not exactly unorthodox teaching. Voyez page 23 ligne 30 et à la page 24.) Nous ne sommes pas de son avis sur ce point, et si en certains endroits il se montre sévère à outrance envers son adversaire, ici, il est par trop indulgent. Il est difficile de s’expliquer cet excès de complaisance à moins de supposer que son intention n’était pas alors d’attaquer l’erreur, mais de combattre cet esprit de domination qui lui faisait ombrage. Il voyait des énormités là où d’autres voyaient de légères inconséquences. En lisant son Exposé « Narratives » nous avons été frappés de cette tendance à l’exagération, et ses actes subséquents sont malheureusement venus nous confirmer dans cette conviction. Aller au-delà de la vérité, ou la présenter d’une manière outrée, c’est tomber dans le paradoxe, dans le ridicule, dans le fabuleux ; et pour peu que cette manière d’agir soit intentionnelle, il n’y a guère de différence entre exagérer et mentir.

Il n’y avait pas lieu de fractionner une assemblée de chrétiens aussi longtemps que M. Darby et ses amis y avaient pleine liberté d’action pour protester contre le mal. L’on sait que parmi les amis mêmes de M. D. il s’en trouvaient plusieurs qui désapprouvèrent sa conduite. Capte. Hall, par exemple, qui a toujours été considéré comme l’adversaire implacable le M. Newton, écrivit à M. Darby touchant cette affaire, en le conjurant de ne pas dresser une autre table pour la communion. (voy. « Exposé » ou Récit des faits » page 46.) D’après le rapport de M. Trotter lui même dont nous avons parlé dans notre préface, il est certain que « l’acte de M. Darby fut presque partout jugé par les frères comme un acte téméraire et prématuré. »[1]

Il eût été, certes, bien difficile à quelqu’un de se persuader en ce moment, que M. Darby était un Apôtre bien qu’il ne laissât pas de l’insinuer en citant une phrase de M. Newton qui lui avait sans doute attribué ironiquement cette qualité. Ce qui lui était demandé, du reste, ce n’étaient pas de larges concessions, et bien moins le sacrifice de certainnes opinions que d’autres avaient pu juger erronnées sur certains points ; car eût-on exigé de lui une justification de ses vues particulières sur le pédobaptisme, la position du chrétien quant au service militaire etc., nous ne savons trop à quelle source il serait allé chercher ses preuves ni quelle autorité il aurait pu invoquer en sa faveur. En tout cas, il montra combien peu il croyait lui même à la puissance du St. Esprit dans l’Église pour combattre l’erreur au moyen de la Parole de Dieu. S’il avait réellement le sentiment de sa propre faiblesse, n’était-ce pas une raison de plus pour attendre patiemment, au lieu de déserter tout d’un coup, et d’agir avec précipitation comme il l’a fait. Les conseils et les représentations ne servirent de rien auprès de lui. Il était sage par excellence, et tous ceux qui n’abondaient pas dans son sens, ceux dont le Seigneur dit que sont « bienheureux les pacificateurs », étaient à ses yeux des traîtres ou des hommes relâchés. Il fallait porter la dispute en pleine assemblée ou bien débattre sa cause « devant un certain nombre de frères les plus graves et les plus expérimentés » qui auraient été sans doute choisis ou jugés comme tels par lui même. D’un autre côté, M. Newton n’était pas homme à fléchir ni à consentir à aucune proposition de ce genre. Il fut encore proposé que MM. Newton et Darby prendraient chacun quatre de leurs amis pour examiner et juger cette affaire ; mais cette fois-ci c’est M. Darby qui refuse en disant que, agir de cette manière, « ce serait ôter la cause des mains de Dieu et de son Église. » (Voir le Rapport de M. Trotter page 8.) Enfin, toute tentative de réconciliation devait échouer. Tous les conducteurs de Plymouth, à l’exception de M. Harris et de M. Hill, étaient du côté de M. Newton. Le parti le plus simple ou le plus commode pour M. D. fut donc de quitter le lieu impur, et d’attirer après lui autant de disciples que faire se pouvait. Le chroniqueur dont nous avons parlé plus haut a fait la remarque que plusieurs personnes qui, d’abord, n’avaient pas vu le mal, finirent par le découvrir, et se séparèrent aussi. « Ce qui parait avoir eu beaucoup de poids pour ces frères, dit il, c’est la corruption qui se rattachait au mal. » Il fallait des yeux pénétrants comme ceux de M. D. pour voir tout ce mal, et surtout un esprit subtil comme le sien pour discerner cette « corruption qui se rattache au mal. » Mais continuons.

Jusqu’ici nous n’avons vu sur la scène que « l’accusateur et l’accusé, » mais nous ne doutons pas qu’il n’y eut, sur l’arrière scène, des hommes de parti qui jouaient aussi leur rôle dans cette triste affaire. Nous avons vu les raisons de M. Darby. Elles sont, certes, bien graves et bien concluantes si elles n’étaient pas exagérées. M. Newton usant simplement du droit de la défense, s’est borné à les réfuter. Il a paru, à cet effet, trois documents dont l’un a été écrit par lui même et les autres par ses amis. M. Trotter y fait allusion à la page 8 de son Rapport, Ce sont des titres essentiels au procès ; ce sont les pièces justificatives de la cause que l’on nous représente comme si mauvaise. Et pourquoi M. Trotter, qui en a une parfaite connaissance, n’y renvoie-t-il pas ses lecteurs ? C’est que, sans doute, son esprit, trop partial, ne lui permet pas de satisfaire aux exigences des personnes qui, pour juger, ont besoin de connaître, et par conséquent d’entendre les raisons des deux parties adverses.

Enfin, la division est consommée. Cette intéressante assemblée de Plymouth se trouve maintenant partagée en deux camps, et toute tentative de rapprochement restera désormais inutile. Il est vrai qu’une tentative de rapprochement fut faite à Londres pour arranger les choses, mais sans autre résultat que celui d’opérer une nouvelle rupture. M. Darby était sur le point de partir pour la France, « il avait déjà pris son passeport et changé son argent, quand des frères se rendirent chez lui pour le retenir jusqu’à ce qu’on eût fait des efforts pour amener une investigation ouverte sur toute l’affaire en mettant l’accusé et l’accusateur en présence. » (Voy. la lettre de M. Trotter, page 8.) On le voit, il s’agissait de mettre en présence l’accusé et l’accusateur pour décider encore une fois du sort de l’assemblée. Il fallait retenir. M. Darby à Londres ; sa présence était indispensable pour produire un nouveau schisme, et c’est ce qui arriva. Du reste, on pouvait s’y attendre, car les homme influents, M. Wigram et autres qui, à Plymouth, avaient décidé M. Darby et s’étaient les premiers exclus de la communion de M. Newton, ne souffriraient pas d’avantage la présence de celui-ci dans une assemblée de Londres. Mais en lui fermant l’accès, en lui opposant une barrière, les personnes prévenues contre lui, l’obligeaient nécessairement à faire une réunion à part, car il avait là ses amis comme M. Darby avait les siens ; et ainsi, au lieu d’applanir les difficultés, on ne faisait que les multiplier. En général, les « frères » étaient habitués à regarder Darby et Newton comme des colonnes et des flambeaux dans l’Église. On peut dire, en effet, que ce sont des hommes supérieurs à beaucoup d’autres par les dons naturels qu’ils possèdent et les connaissances qu’ils ont acquises par l’exercice de leur intelligence. Néanmoins, ils nous ont prouvé, dans ces affaires de Plymouth, comme ils l’ont démontré par la suite, qu’ils ne sont pas infaillibles. « Malheur à l’homme qui se confie en l’homme et qui fait de la chair son bras. » Sans parler des autres conséquences, n’est-ce pas déjà un malheur que de tomber dans l’aveuglement ? car, ajoute l’Écriture, « il ne verra pas le bien quand il sera venu. » (Jér. xvii, 6.) Or, les deux colonnes ayant manqué, tout l’édifice a croulé.

Il suit de la que tous ceux qui avaient secondé ou favorisé M. Darby dans cette mauvaise action, se trouvèrent sous l’inculpation d’avoir participé au péché d’autrui. D’un autre côté, toutes les congrégations qui avaient ouvertement ou tacitement condamné M. Darby comme schismatique, se trouvaient à leur tour exclues de la communion de la nouvelle église. Bethesda (l’assemblée de Bristol) était au au nombre de celles qui désapprouvaient la séparation qui s’était faite à Plymouth. Aussi, ces frères continuèrent-ils à recevoir comme précédemment les chrétiens de Ébrington street ou même des deux partis, mais simplement en leur qualité de chrétiens. C’est parce que les frères de Bethesda s’étaient tenus en dehors de ces querelles et n’avaient point été appelés à se prononcer ouvertement ni pour l’un ni pour l’autre, qu’ils continuèrent à recevoir les chrétiens de cet endroit. En attendant, ces chers frères qui, à Plymouth, se montrèrent favorables à la cause de M. Newton se trouvaient sous le coup d’une forte prévention, tellement que l’un des amis intimes de M. Darby dont M. Trotter cite le nom et les paroles à la page 9 de son Rapport, oui, celui qui avait le plus aidé à la séparation, déclara « qu’il pourrait aussi bien s’associer avec les fornicateurs de ce monde qu’avec les conducteurs d’Ebrington Street. » À cette époque nous aurions eu de la peine à nous expliquer ces paroles de la bouche d’un homme auquel on ne peut, du moins, reprocher un défaut d’intelligence — paroles que M. Trotter et ses amis osent reproduire et faire lire pour appuyer un faux système. Mais aujourd’hui, hélas ! nous ne comprenons que trop bien les goûts, les sympathies ou les préférences de M*** pour les fornicateurs de ce monde. On est frappé de l’indigence de preuves que M. Trotter fait paraître à cet endroit de son récit, et si la cause que nous défendons n’avait d’autre intérêt que celui du témoignage qu’il sollicite en sa faveur, nous aurions hâte de jeter un voile lugubre sur toute cette triste histoire plutôt que de recourir à une pareille autorité.

Nous ne voudrions pas nous arrêter sur le terrain des personnalités pour apprécier le caractère particulier des individus. Cependant, qu’il nous soit permis d’exprimer ici une opinion que nous croyons partagée par un grand nombre de personnes : c’est que les frères qui restèrent avec M. Newton, étaient sans contredit les plus spirituels. Le seul reproche qu’on pût leur faire, c’est d’avoir eu la faiblesse d’appuyer certaines mesures qui avaient été adoptées par ce dernier. Il n’est pas toujours facile, sans doute, de maintenir la bonne harmonie dans une assemblée qui compte 700 membres, et qui renferme dans son sein des éléments si divers. Ceux qui sont spécialement chargés de la surveillance du troupeau doivent empêcher autant que possible que du désordre ne se produise ; mais il peut arriver qu’un abus de liberté que plusieurs osent se permettre, les oblige d’intervenir dans quelques cas. Il ne s’en suit pas qu’il faille comprimer les généreux élans d’un cœur honnête ou qu’il faille toujours agir par voie de rigueur. Il est malheureusement à craindre que là où il y a abus de liberté il y ait aussi abus d’autorité. Ce système de répression qui s’exerce d’abord d’une manière isolée pour devenir ensuite d’un usage fréquent et général, ne peut porter que des fruits amers. On peut intimider et, jusqu’à un certain point, soumettre les esprits indociles et rêveurs, mais on ne corrige pas ainsi les défauts du cœur. Le mal que l’on cherche à combattre s’irrite d’avantage, et de nouvelles plaies s’ouvrent là où la verge a frappé trop fort. Au reste, disons-le sans détour, M. Newton, malgré l’imprudence des amis qui ont favorisé sa cause, aurait montré un esprit plus conciliant envers les réfractaires et aurait modéré ses prétentions, se fût-il douté seulement qu’un homme aussi entier que lui, si ce n’est même plus expérimenté dans l’art de faire la guerre, devait lui susciter tant de difficultés. Quoique nos sympathies n’aient jamais pu se concilier avec son caractère personnel non plus qu’avec ses vues particulières, nous sommes loin cependant d’accepter le sombre tableau que M. Darby nous en donne. Ainsi, il nous le représente comme un homme irritable et fâcheux, et si nous devions nous en rapporter à son « Exposé des faits », nous le verrions en quatre ou cinq circonstances parler ou agir avec « grande colère » et « grande violence. » (Voy. pages 26, 30, 31, 52, etc.)

Les tendances cléricales de M. Newton étaient trop sensibles pour ne pas faire contraste avec les dispositions de ceux qui auraient voulu tout niveler. (Il ne faut pas oublier les deux tendances ou systėmes opposés que M. Darby avait déjà signalés à la page 18.) Ces esprits, d’ailleurs trop susceptibles et sans respect pour les convenances, ne se soumettaient pas volontiers aux lois arbitraires qu’on voulait leur imposer. Soupirant depuis longtemps après un nouveau régime, ils provoquèrent le mouvement et se mirent à la disposition de M. Darby qui, prenant occasion de toutes ces misères et profitant de tous les avantages de sa position, porta le trouble dans les consciences. Plus habile à découvrir le mal qu’à y porter remède, il connut le secret que d’autres ignoraient. Mais tandis qu’il exposait le plan de son adversaire, (« une œuvre direct de Satan ») il ne laissa pas que d’accomplir le sien. Voilà comment le despotisme exploite le radicalisme à son profit, ce dont nous sommes plus affligés que surpris.

Trois ans après le douloureux évènement dont nous venons de parler, M. Newton fit paraître un traité contenant les assertions les plus hardies et les plus outrageantes touchant la personne de N. S. Jésus-Christ. Ses erreurs furent vigoureusement attaquées par des personnes qui avaient assez de talent et d’audace pour le combattre, mais qui manquaient de charité et de douceur pour le convaincre. Dès lors M. Newton devint l’objet d’une répulsion générale. Cependant le jugement des chrétiens qui en eurent d’abord connaissance, était partagé, non quant à l’existence du mal, mais quant à sa nature et à son étendue. Une imagination fertile, séduite ou excitée par le goût des nouveautés, jouait en ce moment un triste rôle chez M. Newton. Sa folie consistait à dire beaucoup là ou l’Écriture ne dit rien, et son raisonnement l’a conduit plus loin qu’il n’aurait voulu. On peut bien dire qu’il n’a pas craint de dégrader son Maître après l’avoir aimé et honoré pendant plusieurs années de sa vie. Il prêta donc de nouvelles armes à ses adversaires qui ne manquèrent pas de le dénoncer, lui et ceux de son bord. On procéda à son égard comme envers un homme qui aurait commis le péché irrémissible. Il ne s’agissait plus de se conformer aux règles d’une sage discipline ; d’ailleurs, la discipline n’est faite que pour la famille, et M. Newton n’en était plus depuis longtemps. Il ne fallait pas non plus songer à ramener un pécheur de son égarement. Toute démarche à cet égard eut été considérée comme une violation du nouveau principe. Dernièrement encore un ami de M. Darby s’est exprimé catégoriquement sur ce point. Il a affirmé très-positivement que « l’on ne doit pas prier pour les hérétiques. » Il y a évidemment plus de commisération chez les partisans du Pape qui célèbrent encore des solennités religieuses en faveur des hérétiques. Que serait devenu Pierre dans sa chûte si la source de l’amour avait tari dans le sein de Jésus ? Nous comprenons qu’un homme au cœur étroit et superstitieux ne se sente pas disposé à prier pour un ennemi de la vérité, surtout lorsque celui ci est pour lui un objet d’horreur plutôt que de compassion. Que fera-t-on alors de ce passage : « J’exhorte qu’avant toutes choses, on fasse des requêtes, des prières, des supplications… pour tous les hommes. » Et encore : « Mes frères, si quelqu’un d’entre vous s’égare de la vérité, et que quelqu’un de vous l’y ramène, etc. » (i, Tim. ii, 1-2. Jacq. v, 19.) Nous nous sommes demandé quelques fois si, dans le cas de M. Newton, c’était l’erreur plutôt que l’hérétique que l’on délestait. Il semblait, au dire de quelques personnes, que la chûte de l’un devait assurer le triomphe de l’autre. C’est ainsi que le cœur méchant trouve par fois une secrète satisfaction à voir un ennemi tomber dans le précipice. C’est ainsi encore qu’au milieu du bruit confus de la discorde et des voix qui s’accusent, on ne discerne pas cette parole qui dit : « Toi, mon ennemie, ne te réjouis point sur moi ; si je suis tombée je me relèverai ; si j’ai été gisante dans les ténèbres, l’Éternel m’éclairera, » (Mich. vii, 8.)

Le traité incriminé devait donner lieu à une procédure telle qu’il n’en exista jamais de semblables dans les anales du christianisme. Il fut la cause de nouvelles agitations et de nouveaux déchirements, même dans les localités où M. Newton n’avait aucune influence. Le public n’y avait pas encore prêté toute son attention, et n’avait par conséquent pas pu former son jugement sur la nature et le caractère de la doctrine enseignée par M. N., lors que l’assemblée de Bethesda (Bristol) fut invitée à s’associer au nouveau parti pour combattre l’erreur, sous peine d’être accusée d’infection ou de faire pacte avec le diable et d’être excommuniée comme telle. Nous disions tout-à-l’heure que cette assemblée n’avait point pris part aux premiers débats qui avaient eu lieu à Plymouth, et que plusieurs de ses membres, instruits de ces affaires étaient loin d’approuver la conduite de M. Darby. Et maintenant qu’une nouvelle question se présente et s’agite passionnément, ils hésitent à s’en occuper pour des motifs que chacun peut comprendre et que nous aurons lieu d’examiner plus loin. Ils furent lents dans leurs décisions comme d’autres furent précipités et inexorables dans leurs réquisitions. Sans parler de la diversité de jugements qui aurait pu se manifester au milieu des 700 chrétiens dont se composait cette assemblée, il y avait déjà parmi les frères ouvriers trois nuances d’opinion qui devaient se dessiner tristement par la suite. Les uns voyaient dans le traité des blasphèmes épouvantables contre la personne de Christ, et se montraient par conséquent d’une sévérité excessive contre M. Newton et ses adhérents ; d’autres également droits et sincères ne voyaient pas dans ce traité toute la somme d’erreurs ou tout le mal qu’on lui attribuait, et en apparence auraient justifié son auteur. Enfin ceux que nous dirions appartenir au parti modéré, tout en ne partageant pas les exagérations des premiers, ne pouvaient entrer dans la manière de voir des seconds ; ils reconnaissaient les erreurs et les condamnaient, mais ils n’auraient pas voulu en rendre responsables tous ceux qui conservaient à juste titre quelque sympathie pour N. Newton. Plusieurs d’entr’eux avouèrent ne rien comprendre du traité en question. Cependant, dès que l’erreur fut constatée, ces mêmes frères prirent la résolution de ne plus recevoir à la Cène, sinon après examen, les frères qui, à Plymouth, faisaient partie de l’assemblée de M. N. C’était une sage mesure, mais qui ne devait calmer que momentanément l’inquiétude de quelques uns parce que l’esprit d’antagonisme qui se réveillait ailleurs, ne pouvait pas s’en accommoder. À l’égard des personnes qui, à Bristol, étaient considérées comme des amis de M. Newton, elles furent pleinement justifiées par ceux là mêmes aux yeux desquels elles avaient paru un instant suspectes quant à l’intégrité de leur foi. Il n’y avait donc pas lieu de procéder à leur égard par voie de discipline. Mais tous n’étaient pas également satisfaits. Un nommé M. Alexandre voulait que le traité fut jugé publiquement par l’assemblée, et que M. Newton fut déclaré coupable de toutes les erreurs qui lui étaient imputées. Sans doute que M. A. croyait très sincèrement que c’était la meilleure manière de fermer la porte à l’erreur ; mais d’autres n’en jugeaient pas de même, et ne crurent pas devoir satisfaire à ses exigences. Toutefois, ces frères laissèrent le champ parfaitement libre, c’est-à-dire que M. A. était autorisé à prendre lui même l’initiative dans cette affaire, et il fut même invité par quelques uns à soumettre ses scrupules à l’assemblée. Personne ne lui a jamais contesté le droit de parler et de protester dans l’assemblée selon ses convictions. Mais non, il prit le parti de se retirer sans même en prévenir l’église si ce n’est par une circulaire qu’il fit paraître ensuite. À la vérité, cette méthode que l’on avait cru praticable à Plymouth, était facile à suivre, et M. A. peut s’applaudir d’avoir eu des imitateurs. Quoiqu’il en soit nous désavouons cette marche comme étant contraire à l’Écriture. Nous croyons qu’un homme qui veut combattre pour la foi qui a été donnée aux saints, doit rester dans le camp pour y rendre témoignage à la vérité. Le déserter, ce n’est pas agir avec fidélité ni faire preuve d’un grand courage. S’il y a du mal, il doit avant tout le constater (ou mieux encore s’en humilier) et ensuite le combattre jusqu’à ce qu’il ait épuisé toutes les ressources que Dieu met à sa disposition. M. A. peut dire qu’il n’avait pas reçu mission pour cela ; mais avait-il reçu mission pour disséquer un membre en se séparant d’une assemblée ? On ne retranche pas le corps. On ne fait pas même l’amputation d’un membre aussi longtemps qu’il y a espoir de guérison. Ce n’est pas en se séparant d’une assemblée que l’on rémédie au mal. Si nous sommes forts nous devons supporter les faibles, et si nous avons conscience de notre faiblesse quand il s’agit de résister à l’ennemi, nous devons surtout prier et recourir à la grâce de celui qui est puissant pour garder ses enfants et les délivrer de toute erreur. Mais le mal, quant à Béthesda, n’était qu’imaginaire, et M. Darby, abusé lui même par de fausses représentations, pouvait induire en erreur beaucoup d’autres, surtout quand il dit dans sa circulaire du mois d’avril 1848 : « Les agents les plus actifs de N. Newton sont aujourd’hui d’incessants efforts auprès des membres de Bethesda pour nier que M. N. eût des erreurs, ils expliquent et justifient ses doctrines de manière à rassurer les esprits inquiets, ce qu’ils font avec succès. » C’est une assertion hardie comme tant d’autres, mais que M. Darby n’a jamais pu prouver. Aussi, lorsque le public indigné lui a adressé des remontrances, il a eu au moins le bon sens de retirer sa circulaire ; mais la fausse impression déja produite par un écrit sorti de sa plume, et imprimé par d’autres que par lui, devait passer de l’un à l’autre, et suivre son chemin jusque sur notre continent. Du reste, nous aurons à signaler plus loin d’autres écarts également fâcheux et qui font plus que contrebalancer les manquements de Bethesda, en supposant que les reproches faits à cette église soient fondés.

Mais est-ce que l’indifférentisme dont on a voulu accuser les quelques frères dont nous avons parlé plus haut, constitue un délit, et s’ensuit-il que ce délit doive être mis à la charge de toute une assemblée ? Jusque là il n’y avait rien qui les obligeât à prendre d’autres mesures plus rigoureuses que celles qu’ils avaient adoptées contre M. N. et son parti. Pour eux, ce n’était pas absolument nécessaire qu’une assemblée de 700 personnes s’érigeât en tribunal pour juger un homme dont l’entrée lui était désormais interdite, de même qu’à ses adhérents. Nous croyons cependant que la chose aurait pu se faire sans danger, et nous n’accepterions pas volontiers toutes les raisons que ces amis ont avancées pour justifier leur conduite en cette circonstance. Avouons le sans détour, il y a eu de leur part des hésitations, des ajournements regrétables. Mais peut-être qu'à leur place nous eussions été moins sage qu’eux, et si aujourdhui nous sommes mieux avisés, ce n’est qu’autant que nous avons su profiter de leur expérience.

Ils ne voulaient pas imposer leurs convictions à M. Alex., d’un autre côté, ils ne désiraient pas que lui et deux ou trois de ses amis leur imposassent les leurs. Ils avaient pour habitude de marcher, non selon les lumières d’autrui, mais d’après celles qu’ils avaient reçues sur cette matière comme sur tout autre sujet. Ils pouvaient craindre aussi, à tort ou à raison, qu’un esprit de secte, un esprit agitateur, la passion, en un mot, ne vînt jeter le trouble parmi des âmes simples qui avaient besoin d’un tout autre aliment que celui de la dispute, et des âmes qui, pour le dire avec M. Trotter, étaient dans une heureuse ignorance des querelles de Plymouth et de toutes les extravagances de M. Newton. Ce qu’ils savaient de la vérité ils ne l’avaient point appris à l’école de M. Darby, et ils ne pouvaient accueillir ses arrogantes déclamations qu’avec un sentiment profond de tristesse, ou même d’indignation. D’ailleurs, M. Darby n’étant pas sur les lieux ne pouvait juger de la conduite de Bethesda que sur le rapport qui lui en était fait par ses amis. Or, il n’a pas toujours été bien renseignés il n’a pas toujours pesé ses expressions, ni bien calculé la portée de ses actes. Ces mesures rigoureuses, ces démarches précipitées, cette agitation intérieure qui se traduit dans les actes, nous feraient croire qu’il souhaitait de voir le triomphe de sa propre cause bien plus que celui de la vérité.

L’assemblée de Bethesda avait sa discipline, et nous ne comprenons pas de quel droit M. Darby voudrait lui imposer la sienne. Il faut, de plus, se rappeler que depuis la division de Plymouth cette assemblée ne rentrait plus dans le cadre des gatherings, c’est-à-dire des réunions légitimes. M. Darby ne la fréquentait plus, et ne la considérait que comme une église indépendante. Dès lors, pourquoi vouloir exiger d’elle ce qu’il n’avait pas même le droit d’exiger des siens ? Il y a en Angleterre des églises indépendantes qu’on sait n’être pas très pures quant à la doctrine ; et cependant nos frères exclusifs ne font aucune difficulté de recevoir de leurs membres quand il s’en présente. La position de neutralité qu’avait assumée jusqu’ici, l’église dite de Bethesda lui donnait ce caractère d’indépendance que l’on reconnait à d’autres congrégations. Il fallait donc agir avec elle sur le même pied. Pour peu qu’on y réflechisse on verra l’inconséquence d’une pareille conduite. Bethesda pouvait, sans compromettre ses principes, s’associer avec des schismatiques, (car aux yeux de M. Darby, N. et ceux de son bord étaient tels,) et maintenant elle n’a point le droit de recevoir les chrétiens qui sont dans cette catégorie, alors même qu’il soit prouvé qu’ils sont purs dans la foi et dans la conduite. Si M. Darby prétend qu’il y ait dans la Parole deux disciplines différentes pour les hérétiques et les schismatiques[2], qu’il veuille bien nous indiquer les passages. Et s’il croit que les schismatiques (toujours à son point de vue) tombent sous le coup de la discipline, pourquoi n’a-t-il pas dénoncé plus tôt Bethesda comme coupable de ce péché ? Pourquoi, enfin, vouloir contraindre cette assemblée, demeurée jusqu’ici étrangère à sa cause, de changer son mode de discipline pour suivre hypocritement une lumière qu’elle n’a point reçue, lumière qui, après tout, peut n’être qu’une opinion d’homme ? Il y a, sinon de l’injustice, au moins inconséquence manifeste dans les procédés de M. Darby. À Plymouth il avait entendu prêcher des erreurs monstrueuses qui avaient tout au plus choqué ses oreilles délicates, tellement qu’il n’ouvrit pas la bouche pour les condamner, il ne dénonça pas le coupable, et l’on sait qu’il se sépara plus tard de M. Newton pour d’autres raisons que celles-là. Une fois la division consommée, M. Darby, qui n’ignorait pas l’attitude de Bethesda vis-à-vis de lui, n’exige cependant pas que celle-ci se place à son point de vue, il ne l’oblige pas non plus qu’elle prononce un arrêt de condamnation contre Newton et son parti. C’est que, dans le premier cas, il manquait de fidélité pour attaquer l’erreur, et dans le second, il était lui-même radicalement schismatique ou bien il faut supposer que le caractère personnel et local de la division ne lui permettait pas d’imposer sa manière de voir comme une loi générale et absolue. Il attendra donc une autre circonstance. C’est quand mille voix lui répètent qu’il a manqué de modération et de justice non moins que de charité qu’il dit : « Pour le présent va-t’en, quand j’en aurai la commodité je te rappellerai. » Maintenant que le démon, agissant sur le cerveau et par la plume de M. Newton, produit une erreur pour en faire commettre un grand nombre d’autres, sous une forme différente, M. Darby juge que le moment favorable est arrivé. Il parle, il écrit, il manœuvre, n’importe le lieu où il se trouve. Il fera tout, et il ne fera rien qui « ressemble à un crime de trahison » ; il faut par conséquent qu’il menace, qu’il accuse et qu’il frappe sans ménagement tous ceux qui se refuseront a son appel. D’ailleurs, il ne s’agit plus aujourd’hui, de gagner à sa cause M. Harris puisque c’est lui qui, le premier, souleva la discussion. On nous permettra cependant de douter qu’il fût allé si loin s’il n’eût trouvé dans M. Wigram et autres, de puissants auxiliaires. Ceux-ci contribuèrent à populariser la cause qui, sans eux, fut demeurée perdue dans la nuit qui l’avait enfantée. La personne de notre bien-aimé Sauveur a été dégradée, il est vrai, et tant mieux s’ils ont été saisis d’un saint frémissement. Nous ne pouvons que nous réjouir de l’amour et du zèle qu’ils ont témoigné pour lui dans ce cas particulier comme en toute autre circonstance. Mais de ce que un individu se permet de dégrader la personne de Christ, s’en suit-il qu’un autre ait raison de déshonorer et de déchirer son corps ?

Après tout, il n’y avait pas lieu de se récrier contre l’assemblée de Bethesda, car jusqu’au départ de M. Alexandre, elle n’avait reçu dans son sein que quatre personnes se disant amies de M. N., sans être partisans de sa doctrine. Ces personnes qui ont eu le malheur de ne pas voir dans le traité incriminé les erreurs attribuées à M. N., ont quitté plus tard l’assemblée par suite de nouvelles circonstances. Il existe un document que chacun peut consulter et où se trouvent consignés les faits de détail. Il est clairement établi dans cette brochure, que l’assemblée de Bethesda n’a jamais reçu sciemment, des personnes qui auraient approuvé ou favorisé les doctrines de M. Newton. (Voy. « The Bristol case » par Lord Congleton.)

Parmi les personnes qui suivirent l’exemple de M. Alexandre, il en est plusieurs dont la sincérité, le zèle et la piété nous sont trop bien connus pour en parler autrement qu’avec respect et bienveillance. Néanmoins, comme résultat de notre propre observation nous pouvons dire, et chacun peut comprendre que dans une grande assemblée de chrétiens comme celle de Bristol, il y avait déjà des mécontents qu’il n’était pas facile de satisfaire. L’opposition faite par un membre influent, en éveillant leur attention, leur ouvrait en même temps une voie à la séparation. Ceux qui connaissent la position sociale de M. Alex., les immenses ressources pécuniaires dont il peut disposer, et la part qu'il prenait dans les assemblées, peuvent se faire une idée de l’influence qu’il devait exercer sur quelques uns. Mais ce qui a produit surtout une grande sensation parmi les membres du troupeau, c’est une lettre lithographiée qu’il a fait circuler de main en main sans en avoir préalablement averti aucun de ses frères qui, également désireux de garder une bonne conscience devant Dieu, avaient refusé de suivre la marche par lui proposée. Il est à croire que ce frère, se fût il défié un peu plus de ses propres impressions, aurait attendu, et aurait compris de même que « l’héritage pour lequel on se hâte trop du commencement, n’est point béni sur la fin. » (Prov. xx 21.) En restant dans l’assemblée pour y protester au besoin (ce qu’il n’a pas fait) c’eut été faire faire un pas aux frères ; en se séparant et prenant une attitude agressive, c’était les forcer à se justifier. D’ailleurs, cette lettre de M. Alex., par les insinuations qu’elle renferme, ne pouvait manquer de produire un très-mauvais effet sur les âmes.

Il s’agissait maintenant de rassurer les esprits inquiets et de faire disparaître les injustes soupçons qui planaient sur le compte des frères qui avaient coutume de porter la parole dans les assemblées. À cet effet, on convoqua une réunion d’église (church meeting) où les frères dirigeants, au nombre de dix, eurent à s’expliquer sur leur conduite vis-à-vis de M. A., et enfin à dire pourquoi ils n’avaient pas cru devoir obtempérer à la demande de ce frère. Cette explication fut écrite et lue au lieu d’être donnée verbalement dans l’assemblée. La forme de cet écrit ne portait point le caractère d’un document essentiel, bien qu’il pût servir à sauvegarder la réputation de ces dix frères qui étaient mal compris et mal jugés. Rappelons-nous donc que, dans cette lettre des dix, il ne s’agit point d’un exposé de principes, mais bien d’une explication pure et simple qui pouvait être considérée comme une réponse aux accusations imprudentes de M. Alexandre. L’assemblée en fut généralement satisfaite et y donna son adhésion. Mais il n’en fut pas de même de quelques uns du dehors qui, au lieu de voir dans cette lettre une simple forme de jugement dans une affaire locale, voulurent y voir une question de principes, et une question qui devait être désormais le grand cheval de bataille des frères exclusifs. M. Wigram qui, comme on le sait, s’était montré partie agressive contre M. N. dans la première affaire qui avait eu lieu à Plymouth, M. Wigram, l’intime ami de M. Darby, s’empara de la lettre des dix, et, sans demander l’avis de ces derniers, la fit imprimer, la publia et la commenta à sa manière. Il fallait poursuivre à outrance Bethesda, et M. Wigram trouva dans un morceau de papier tombé entre ses mains un prétexte pour intenter un procès, non pas à un homme, ni à une église, mais à toutes les assemblées qui de près ou de loin auraient donné la main d’association à celle de B., qui déjà depuis longtemps ne figurait plus sur le catalogue des frères. Le nombre de ces églises qui sont ainsi frappées de réprobation et exclues de la communion de M. Wigram, si nous sommes bien informés, compose la majorité des frères. Un pareil acte de sévérité, un tel excès de zéle pour l’honneur de Christ est sans exemple dans l’histoire de l’église chrétienne. On ne voit rien de semblable dans la conduite de notre Sauveur. Celui qui parlait et agissait « avec autorité, et non pas comme les scribes », s’il lui arrive dans une occasion de prendre la verge pour chasser du temple ceux qui venaient le profaner, c’est du moins contre les coupables qu’il dirige ses coups et fait entendre ses menaces. M. Wigram a cru être bien inspiré dans ses démonstrations, il a eu sans doute ses admirateurs et ses imitateurs, mais il faut être singulièrement prévenu en sa faveur ou même aveuglé par l’esprit de parti pour ne pas reconnaître que ses procédés à l’égard de cette lettre ne sont ni charitables, ni justes, et s’il y a une rétractation et une confession à faire, c’est bien à lui qu’il faut la demander.

Nous avons dit que la formule des dix, écrite pour la circonstance, avait pour but, non pas de restreindre le libre examen, comme quelques uns ont bien voulu le dire, mais de détruire le mauvais effet produit par l’esprit de défiance qui travaillait comme le levain dans la fine farine. C’est le 29 juin que l’église comme corps fut appelée à apprécier les raisons alléguées par les anciens. Il y en eu, cependant qui, n’étant pas satisfaits, cherchèrent à détourner le but de la réunion afin d’engager l’assemblée à se prononcer sur le mérite des traités de M. Newton. Le moment n’était pas venu pour cela. Il n’y avait pas lieu, en effet, de s’ériger en tribunal pour examiner, en l’absence de leur auteur, des idées que l’on sait être mal conçues, mal débitées et diversement interprétées. D’un autre côté, on sait qu’à Plymouth il y avait des chrétiens respectables qui répudient et repoussent formellement comme une calomnie certaines idées que l’on attribue à M. Newton. Voilà enfin M. N. lui-même qui s’humilie et se propose de reconsidérer la question. M. Müller qui, moins que personne, a toléré les erreurs, déclare en cette occasion qu’il ne pourrait assister à une réunion qui aurait pour but de juger les traités de M. Newton, parce que c’était à ses yeux commettre une injustice que de prononcer condamnation contre un homme qui avait reconnu ses erreurs, soit de commenter en son absence des écrits qu’il avait retirés et dont il faisait en ce moment le sujet d’une nouvelle étude[3]. On peut penser que l’espoir de M. Müller et celui de beaucoup d’autres était que M. Newton reviendrait complètement de son erreur, ou bien qu’il exprimerait sans ambiguïté ses idées dans le nouveau traité qu’il devait faire paraître, afin que l’on sût à quoi s’en tenir. Mais comme le dit M. Trotter à la page 18 de son rapport, « la fausse doctrine n’était pas la seule chose en question, » et il parait même qu’elle n’était pas la principale. Le reproche que M. Darby fait à M. Müller dans sa circulaire du 26 Août, c’est d’avoir ainsi exprimé franchement et publiquement sa conviction « sans s’être informé auprès de ceux qui n’étaient point satisfaits de la rétractation de M. Newton. » Au moins ne pouvait-il pas lui reprocher d’avoir observé le divin précepte de « l’amour qui croit tout et espère tout. » Assurément, George Müller et ceux qui lui sont associés ne sont pas infaillibles. Aussi n’ont-ils jamais prétendu l’être ; mais ils sont des hommes de foi et de prière, ils emploient à l’œuvre d’évangélisation un temps que d’autres consacrent à la dispute. Ils croient avec raison qu’il n’est pas toujours nécessaire d’avoir le sabre à la main pour guérir ou même sonder les opinions d’autrui.

Les hommes qui se sont usés dans la carrière des armes, n’ont pas horreur du sang versé, et il semble que leur esprit n’est en repos que lors qu’ils se trouvent sur le champ de bataille. De même, ceux qui ont consumé une grande partie de leur existence dans les débats religieux, et pour qui la controverse est un aliment quotidien, ne seraient pas à leur aise si, pour une fois, ils abandonnaient le terrain agressif. Il y a un certain avantage et quelque honneur à « se tenir », comme ils disent, « à la brèche. » C’est une bonne chose qu’une « sainte colère », néanmoins il ne faut pas en conclure que nous devions nous mettre en colère en toute occasion, ni que nous devions laisser notre esprit en fermentation jusqu’au coucher du soleil. Moïse n’avait pas raison de se fâcher, ni de frapper à coups redoublés ce roc qu’il savait être, du reste, assez sensible, si l’on considère qu’aucun ordre ne lui était venu d’en haut pour cela.[4] Il faut convenir que le chemin du sanctuaire a été bien négligé, tellement que l’on a vu bourgeonner de toutes parts des « racines d’amertume » qui auraient dû être foulées aux pieds et étouffées. Hélas ! oui, on a vu croître dans le jardin de Dieu, avec une rapidité étonnante, les ronces et les épines qui n’ont d’autre effet que celui de vous piquer et de vous déchirer pour peu que l’on se frotte avec les hommes de parti. Que faire donc quand l’erreur a été découverte ? S’humilier avant tout, prier beaucoup en particulier et en public, et plus que cela : il aurait fallu exhorter, avertir, solliciter l’homme égaré L’a-t-on fait ? Si c’est à la condition que deux ou trois s’accordent pour demander quelque chose que Dieu veut exaucer, il aurait fallu au moins s’accorder sur ce point.

Quoiqu’il en soit, les communications entre l’assemblée dite de Bethesda et celle de Ebrington street (Plymouth) devinrent toujours moins fréquentes. Les frères qui avaient quelque responsabilité, sentaient qu’il était de leur devoir de veiller avec une scrupuleuse attention à ce que le mal, sous une forme quelconque, ne fît invasion au milieu d’eux. Si, d’un côté, ils ne devaient pas souffrir le levain de la fausse doctrine, de l’autre, ils avaient à se mettre en garde contre le levain du pharisaïsme qui commençait à travailler chez quelques uns. Toutes leurs difficultés auraient été vaincues, tous leurs petits débats auraient eu une heureuse issue si l’on n’eût fait intervenir des gens du dehors pour régler leurs affaires. Seulement quatre chrétiens étaient suspects aux yeux de quelques uns ; mais ce furent des personnes d’une autre localité, si nous sommes bien informés, qui osèrent les accuser de faire de la propagande Newtonienne parce qu’ils ne craignaient pas de se dire les amis de M. N. Ils pouvaient avoir lu le traité incriminé, et n’y avoir, pas aperçu l’erreur ou la somme d’erreur que d’autres y ont découverte. Ils devinrent ainsi un sujet d’inquiétude et de trouble, tellement qu’on résolut de leur faire subir un intérogatoire. Les deux ou trois frères qui étaient le plus prévenus contre eux, ayant été invités à les voir en particulier, eurent avec ces amis un entretien sérieux dont le résultat fut des plus satisfaisants. C’est ainsi que les plus difficiles se calmèrent momentanément et n’eurent plus d’objection à rompre le pain avec les autres. En attendant, le ferment de la discorde s’était déja communiqué à d’autres congrégations qui, négligeant leur propre vigne, voulaient cultiver celle d’autrui. Les alarmistes faisaient grand bruit se répandant dans tous les sens ; ils portaient le trouble dans les troupeaux sans pouvoir tuer le lion qui avait sa retraite à Plymouth.

Enfin, une troisième brochure fut publiée par M. Newton, et là, dans ce travail qui pouvait avoir 50 pages d’impression, l’auteur ne fit malheureusement que confirmer ce qu’il avait avancé dans ses précédents écrits. « Il exposa l’erreur, » dit M. Trotter, plus longuement quoique sous une forme moins palpable et moins choquante. » Dès lors, il ne fut plus possible d’hésiter. Bethesda se prononça contre M. Newton et son parti. Il se tint à Bristol plusieurs réunions d’église (church meetings) du 27 novembre au 11 décembre 1848. Les traités furent examinés et la conclusion à laquelle on arriva, fut celle-ci : » que quiconque défendrait, soutiendrait ou approuverait les vues exposées dans ces traités de M. Newton, ne serait pas admis à la fraction du pain. » Cette décision prise, elle fut communiquée et répétée par trois fois à la dernière réunion qui eut lieu. Il en résulta que cinq ou six personnes quittèrent l’assemblée, soit parce qu’elles avaient des sympathies pour M. Newton, soit parce que de telles règles de discipline leur parurent trop sévères. De ce nombre était M. Aitcheson, l’un des dix. Ce fut alors ou peu de temps après que M. Withy, un autre signataire de la lettre dont il a été question, quitta aussi pour les mêmes motifs.

Vers la fin de janvier 1849, un nommé Capitaine Woodfall eut occasion d’aller à Plymouth. Il voulut fréquenter les amis de M. Newton, et s’avisa même de prendre la cène avec eux. À son retour à Bristol, le fait ayant été porté à la connaissance des frères, l’église s’assembla pour délibérer sur ce cas particulier. L’acte de M. W. était de nature à soulever de nouveaux débats et devait être considéré comme un désordre, mais il prit les devant et donna sa démission à l’assemblée. Toutefois, il est présumable que, voulant procéder scripturairement, à son égard, on se fût borné à une réprimande, attendu que c’était la première fois qu’il agissait contre les décisions de l’Église. Mais si l’acte eut été répété une deuxième ou une troisième fois, il aurait été retranché conformément à cette parole de l’Apôtre : ii Thes. iii, 14, 15.

Il y en eut encore quelques uns qui quittèrent l’église pour former un nouveau camp. Aussi longtemps que Bethesda conserva sa position de neutralité, ces chrétiens qui paraissaient favoriser M. Newton tout en étant ennemis de sa doctrine, restèrent attachés au troupeau. Les frères de Bethesda dont l’amour et le zèle pour le Seigneur n’ont jamais été mis en question, malgré la négligence qu’on leur reproche, ces frères qui, pas plus que d’autres, ne pouvaient souffrir que leur Sauveur fût déshonoré par des doctrines mensongères, se montraient maintenant autant décidés qu’ils avaient été indécis auparavant. C’était, d’un côté, le sentiment du devoir, et de l’autre, la force des circonstances qui les faisaient marcher dans une voie où ils eussent peut être bien fait d’entrer plus tôt. Ils eurent, il est vrai, la douleur de perdre plusieurs membres intéressants qui se tournèrent, les uns du côté de M. Darby, les autres du côté de M. Newton, mais toutefois, ils calmèrent bien des anxiétés, et eurent la joie de voir un bon nombre de chrétiens de différents endroits qui semblaient leur avoir retiré leur confiance pour un temps, revenir ensuite auprès d’eux et leur tendre une main cordiale et fraternelle.

Nous ne craignons pas d’affirmer ici, qu’aucune assemblée, en Angleterre, ne s’est jamais donné la peine, comme celle de Bethesda, d’examiner et de délibérer au sujet de M. Newton. Aucune, si l’on excepte l’assemblée de Hereford, ne s’est réellement et sérieusement occupée, comme corps, des traités incriminés. Or, cette assemblée de Hereford qui s’est prononcée d’une manière si formelle dès le commencement, repoussant la circulaire de M. Darby, a continué de recevoir les membres de Bethesda. C’est donc un fait acquis que depuis la publication du traité de M. Newton, l’assemblée de Bethesda a cessé ses rapports de communion avec tous ceux qui, de près ou de loin, auraient favorisé l’erreur. Capitaine Woodfall qui, depuis sa visite à Plymouth, avait changé un peu de sentiment, quitta l’assemblée, non pas seulement à cause du jugement qui pesait sur lui, mais parce qu’il ne pouvait accepter le nouveau principe ou les règles adoptées par cette assemblée, « car, » dit-il, « de telles règles empêchent les chrétiens de Compton street (naguère Ebrington street) même de faire une demande pour être admis à la communion ». Cette plainte ainsi formulée fut partagée par un autre chrétien qui donna aussi sa démission.

On le voit, il y a eu un progrès bien marqué dans la marche des choses. Ci-devant, Bethesda recevait des chrétiens de l’assemblée d’Ebrington street seulement après examen ; maintenant la porte est fermée à tous ceux qui marchent avec M. Newton. Déjà Capitaine W. avait été condamné à l’unanimité par les frères anciens qui se réunissent tous les vendredi. Quelque temps après ils eurent à se prononcer sur un cas particulier qui fut signalé à leur attention par les partisans de M. Darby. C’était un nommé M. Fry, que nous avons très-bien connu et que nous avons vu citer à la barre du tribunal spirituel. Les opposants de Bethesda faisaient grand bruit au dehors sur le compte de cet homme. Eh bien ! qu’était-il ? Ce n’était point un Newtoniste, et tout le monde a pu s’en convaincre. Nous ne pensons pas qu’il ait jamais soutenu aucun rapport avec l’assemblée de Plymouth ; c’est, du reste, un homme fort obscur et qui a toujours marché paisiblement avec les humbles. C’était lui faire un grand tort que de le mettre en relief et d’en parler comme d’un homme dangereux. Que faisait il donc ? Depuis qu’il s’était organisé un nouveau parti à Bristol, (car à côté de Bethesda il existait alors le parti rigide de M. Wigram et celui de M. Newton) ce frère s’était cru autorisé de fréquenter l’assemblée Newtoniste, il y aurait même pris la Cène une ou deux fois, ce dont les frères ne furent instruits que plus tard. Dieu permettait ainsi que la patience et la fidélité de cette église, sur laquelle il avait répandu tant de bénédictions, fussent encore mis à l’épreuve. La rumeur du dehors avait éveillé l’attention du dedans. Ceux qui s’occupaient du soin des âmes, ne manquèrent pas de représenter à ce frère son inconséquence, et il fut invité à discontinuer ses relations avec le parti Newton, ou bien à rompre définitivement avec Bethesda. Mais il persista dans sa résolution, et sous prétexte de liberté de conscience, il préféra suivre le conseil de sa propre sagesse. Après plusieurs avertissements il fut invité à rendre compte de sa conduite devant l’église. Il refusa de s’y rendre n’ayant pas d’autre raison à donner que celle qui était connue de plusieurs frères. Une seconde réunion fut convoquée à son sujet, et comme il se trouvait encore absent, l’église, après en avoir délibéré solennellement devant Dieu, le suspendit de la cène. Un chrétien étranger qui était présent en cette circonstance, a exprimé l’opinion que c’était user d’une sévérité extrême envers un homme qui n’était que médiocrement coupable. Il faut convenir, en effet, que c’est une chose fort grave que de retrancher quelqu’un dont la conduite et la doctrine sont sans reproche. Nous avons cité ce cas particulier, comme nous pourrions rappeler bien d’autres faits, pour montrer que Bethesda a pris et maintenu une position bien tranchée depuis la publication du traité Newton.

On se serait attendu à ce que M. Alex. et ses amis eussent trouvé dans cette attitude ferme de Bethesda l’accomplissement de leur vœu, et l’on peut espérer qu’ils se seraient mis à l’œuvre pour renouer les liens qu’ils avaient brisés. Mais non. Pour eux, avant de parler de rapprochement, il fallait demander de l’église mère une humiliation et une rétractation de la lettre des dix. D’ailleurs, M. Darby avait dit son mot, et on suivait, sans s’en douter, l’impulsion donnée par la circulaire du 26 Août. Voici en quels termes il s’exprime : « Pour ma part, je ne voudrais aller à Bethesda dans sa condition présente, ni dans aucun endroit ou les membres de cette église sont reçus, aussi longtemps qu’elle se maintiendra dans cette position. Je ne désire pas raisonner là-dessus maintenant, mais je place la chose devant les frères en faisant appel à leur fidélité pour Christ et à leur sollicitude pour ses bien-aimés. »[5] Ainsi le décret avait conçu, et il allait bientôt enfanter (Soph. ii, 2.) La circulaire parut d’abord en caractères lithographiques, elle fut ensuite imprimée et publiée sous une autre forme par ceux de ses amis qui étaient le plus capables de le représenter. M. Wigram dans sa brochure intitulée : « The present question », n’en cite qu’une phrase, mais il y fait constamment allusion. M. Dorman dans son traité : « [A review etc.]] » la reproduit en entier. M. Darby commence par condamner Bethesda et toutes les assemblées qui lui sont associées, ce qui a la valeur d’une excommunication ; ses collaborateurs suivent son exemple. On peut même dire que les disciples outrés ont été beaucoup plus loin que la pensée de leur maître, et se sont montrés plus intolérants et plus difficiles à contenter. Car, si nous comprenons bien M. Darby, le rescrit n’était que provisoire ou conditionnel, c’est à-dire qu’il devait durer « aussi longtemps que Bethesda se maintiendrait dans cette position. » Or, cette position est changée depuis que la circulaire a été lancée, et de fait, Bethesda proteste contre les erreurs de M. Newton ; mais M. Wigram et autres ne sont point satisfaits. Cette lettre des dix qu’on aurait probablement laissée dans l’ombre si M. Darby n’en avait pas parlé d’une manière si désavantageuse, cette lettre, au dire de M. Wigram, est une « monstruosité. » (Voy. « The present question » page 44.) Mais pour la faire paraître ce qu’elle n’est pas il faut bien qu’il en fasse le commentaire, au lieu de laisser à l’intelligence et à la conscience de chacun de juger par elles-mêmes. On a pensé qu’il n’entrait point dans l’intention de M. Darby de faire usage de sa circulaire, parce qu’il l’a retirée plus tard, et enfin parce qu’il a recommandé à son ami de « rester tranquille. » Pourquoi donc l’écrivait-il ? ou pourquoi a-t-il permis qu’elle fut publiée ? Mais M. Wigram déclare lui-même qu’il ne pouvait « rester tranquille en présence de l’œuvre de Satan. » (Voyez à la page 59 de son livre.) Il voulait ajouter son témoignage à celui de M. Darby et dire comme lui que « les émissaires de M. Newton » (page 17) ou les partisans de sa doctrine étaient reçus à Bethesda, quand tout le monde atteste le contraire. Véritablement, il nous force à répéter ce qu’il a dit lui-même, à savoir : « qu’il n’était pas un Apôtre bien qu’il en eût senti les expériences. » (Note de la page 43.) En tous cas, son livre nous a suggéré une réflexion : c’est qu’il ne parle pas comme un apôtre. Nous préférons, sans doute, ses violentes invectives à une réserve hypocrite ; mais il lui sied bien mal d’attaquer le caractère personnel, et de ridiculiser comme il le fait à la page 34, la foi de George Müller. Dans un certain sens M. W. aurait raison de dire que M. Müller est un homme de commerce, et nous sommes convaincus qu’il fait de bonnes affaires. Pour s’en assurer le lecteur n’a qu’à lire : « Exposé de quelques dispensations de Dieu envers G. Müller, » ouvrage que l’on peut se procurer dans toutes les librairies protestantes. Il verra là l’homme tel qu’il est, ou plutôt tel que Dieu l’a fait par sa grâce.

Des excès déplorables n’ont pas été commis seulement à l’occasion de Bethesda et de Salem,[6] sa sœur. Dans un grand nombre de localités où il n’est pas nécessaire de transporter le lecteur, on a vu surgir, ou plutôt introduire cet esprit de chicane. Le fractionnement est devenu général, et dans beaucoup d’endroits il existe aujourd’hui trois partis comme ceux que nous avons vu se former à Bristol. Il suffit que l’un des partis soit considéré par les ultra-Darbystes comme hérétique (qu’il approuve, connaisse ou ignore les erreurs, n’importe) et l’autre comme schismatique (Bethesda par exemple) pour qu’il faille les persécuter tous les deux. Ainsi, toutes les assemblées qui, soit par leur silence ou autrement, ont approuvé la conduite de Bethesda dans une circonstance particulière, conduite dont la lettre des dix est une justification, doivent être rayées de la liste des « frères » et être excommuniées en masse. Nous voyons déjà, comme nous le verrons plus loin, qu’une faction s’organise pour empêcher qu’aucun membre de ces assemblées ne soit reçu dans la nouvelle communauté. Les choses en sont venues au point que plusieurs ont fini par se fatiguer de cette guerre et ont fait entendre leurs justes plaintes : « L’épée dévorera-t-elle sans cesse ? Ne sais-tu pas bien que l’amertume est à la fin ; et jusqu’à quand diffèreras-tu de dire au peuple qu’il cesse de poursuivre ses frères ? » (ii Sam. ii, 26.) Il est temps, en effet, qu’on mette un terme à ces scandales. Il est temps qu’on cesse de mordre et de déchirer les brebis de Jésus sous prétexte de les garantir du poison de l’erreur.

Il est bien permis de le dire comme il est permis de le penser, des âmes chères au Seigneur ne voulant entrer dans ce débat, et d’autres encore plus susceptibles, ne pouvant supporter le bruit de la discorde, ont abandonné ces assemblées où elles avaient été d’abord attirées par la bénédiction. Manquant d’ailleurs de fixité dans leurs principes, elles ont trouvé plus commode ou plus sage de se rattacher aux églises Indépendantes, Wesleyennes ou Moraves d’où elles étaient sorties. D’un autre côté, ceux qui paraissaient vouloir s’affranchir de l’autorité cléricale, et qui auraient désiré se joindre à telle réunion dont les vue et la marche sont le mieux en rapport avec la liberté chrétienne, se sont refroidis et sont restés où ils étaient. Qu’on leur demande maintenant pourquoi ils préfèrent s’associer aux Églises de multitude ; qu’on aille leur dire : « Venez mes amis, il y a plus de simplicité et plus d’amour parmi les frères. » Qui est-ce qui pourrait bien se trouver à l’aise au milieu d’une telle confusion ? Une conscience droite est nécessaire, mais encore faut-il des yeux bien exercés pour discerner son chemin. Il en est aujourd’hui comme aux jours de Débora : « Les grands chemins ne sont plus battus, et ceux qui marchent dans les chemins, vont par des routes détournées. » Jug. v, 6.) « Mon peuple, ceux qui te guident te font égarer, et t’ont fait perdre la route de tes chemins. » (És. iii 12.)

Mais il est temps de jetter un coup d’œil sur ce qui se passe dans nos contrées, nous tâcherons d’exposer les faits aussi succintement et aussi fidèlement que possible.



  1. Voir la lettre de M. Trotter, page 8. Quoique les faits soient passablement dénaturés dans cette lettre, il y a cependant des détails intéressants qui jettent quelque lumière sur le sujet.
  2. On entend vulgairement par hérétique l’homme qui maintient ou propage des erreurs fondamentales, tandis que le schismatique est identique avec le séparatiste.
  3. C’est à la fin de Novembre 1847 que M. Newton rétracta ses deux écrits intitulés : « Remarks » et « Observations » et l’on trouve jointe à cette rétractation les paroles suivantes rapportées par M. Trotter lui-même : « Je désire que ceci soit considéré comme une expression de ma profonde et sincère douleur particulièrement par ceux qui auraient pu avoir été affligés de ma fausse exposition et des conséquences qui en résultent. » — M. Trotter prétend que cette confession porte sur un point seulement, et aurait particulièrement rapport à un écrit du même auteur antérieur aux deux autres. Tenons toujours pour certain que « M. N. confessa son erreur sur un point et retira ses traités pour les examiner de nouveau. » (Voir le Rapport de M. Trotter p. 17.)
  4. Nomb. xx 8–12.
  5. Remarquez une chose : M. Darby n’exigera pas que ces multitudes de chrétiens qui composent l’église des « Frères » jugent les traités Newton de peur qu’ils n’arrivent comme ceux de Plymouth, à des conclusions un peu différentes des siennes, mais il requerra de toutes les assemblées l’exclusion de Bethesda. L’assemblée de Bethesda refuse de juger l’erreur, (il faut le supposer) si vous refusez de juger cette assemblée et de la déclarer coupable pour sa conduite, nous vous exclurons, et ceux qui auront le malheur de vous recevoir, seront exclus à leur tour. Vous vous étonnez, lecteur, d’un pareil procédé. Mais on ne saurait dire jusqu’où peut aller l’esprit de secte.
  6. Bethesda et Salem sont deux chapelles où prêchent alternativement MM. Craik et Müller, le Dimanche soir. Au culte du matin la présence du Seigneur y est reconnue d’une façon touée spéciale, et les dons du St. Esprit y sont librement exercés. Il y a à Bristol et dans les environs d’autres petites réunions qui se rattachent par leurs principes à celle de Béthesda et où vont prêcher à tour de rôle, le Dimanche, un certain nombre de frères qui travaillent pendant la semaine pour pourvoir aux besoins de leur famille.