Les Amours (1553)/Poème 135
Apparence
Les amours de P. de Ronsard Vandomois, nouvellement augmentées par lui, & commentées par Marc Antoine de Muret. Plus quelques odes de l'auteur, non encor imprimées
chez la veuve Maurice de la Porte, (p. 155-156).
L'Astre ascendant, sous qui je pris naissance,
De son regard ne maitrisoit les cieus :
Quand je nâquis, il étoit dans tes yeus,
Futurs tyrans de mon obeissance.
Mon tout, mon bien,mon heur, ma conoissance,
Vint de ton oeil : car pour nous lier mieus,
Tant nous unit son feu presagieus,
Que de nous deus il ne fit qu'une essence.
En toi je suis, & tu es dedans moi :
En moi tu vis, & je vis dedans toi :
Ainsi nos touts ne font qu'un petit monde.
Sans vivre en toi je tomberoi' là bas.
La Pyralide en ce point ne vit pas,
Perdant sa flame, & le Daufin son onde.