Les Amours (1553)/Poème 214

La bibliothèque libre.
Les amours de P. de Ronsard Vandomois, nouvellement augmentées par lui, & commentées par Marc Antoine de Muret. Plus quelques odes de l'auteur, non encor imprimées
chez la veuve Maurice de la Porte (p. 239).

L'Arc, contre qui des plus braves gendarmes
Ne vaut l'armet, le plastron, ni l'escu
D'un si doux trait mon courage a veincu,
Que fus le champ je lui rendi les armes.

Comme apostat je n'ai point fait d'alarmes,
Depuis que serf fous amour j'ai vescu,
Ni n'eusse peu, car, pris, je n'ai onq eu
Pour tout secours, que l'aide de mes larmes.

Il est bien vrai qu'il me fache beaucoup
D'estre defait, mesme du premier coup,
Sans resister plus long tans à la guerre:

Mais ma defaite est digne de grand pris,
Puis que le roi, ains le dieu, qui m'a pris,
Combat le ciel, les Enfers, et la Terre.