Les Chroniques de Sire Jean Froissart/Livre I, Partie I/Chapitre CLXXII

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Livre I. — Partie I. [1342]

CHAPITRE CLXXII.


Comment les bourgeois de Rennes rendirent la cité à monseigneur de Blois.


Or est à savoir que messire Charles de Blois et ces seigneurs de France sirent longuement devant la cité de Rennes, et tant qu’ils y firent très grand dommage, parquoi les bourgeois en furent durement ennuyés ; et volontiers se fussent accordés à rendre la cité, s’ils eussent osé ; mais messire Guillaume de Quadudal ne s’y vouloit accorder nullement. Quand les bourgeois et le commun de la cité eurent assez souffert, et qu’ils ne véoient aucun secours de nulle part venir, ils se voulurent rendre ; mais le dit messire Guillaume ne s’y voulut accorder. Au dernier, ils prirent le dit messire Guillaume et le mirent en prison ; et puis eurent en convenant à messire Charles qu’ils se rendroient lendemain, par telle condition que tous ceux de la partie de la comtesse de Montfort s’en pouvoient aller sauvement quel part qu’ils voudroient. Le dit messire Charles de Blois leur accorda. Ainsi fut la cité de Rennes rendue à messire Charles de Blois, l’an de grâce mil trois cent quarante deux, à l’entrée de mai. Et messire Guillaume de Quadudal ne voulut point demeurer de l’accord messire Charles de Blois ; ains s’en alla tantôt devers Hainebon où la comtesse de Montfort étoit, qui fut moult dolente quand elle sçut que la cité de Rennes étoit rendue. Et si n’oyoit aucune nouvelle de messire Almaury de Cliçon, ni de sa compagnie.