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Les Chroniques de Sire Jean Froissart/Livre I, Partie I/Chapitre CXCVII

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Texte établi par J. A. C. BuchonA. Desrez (Ip. 168).
Livre I. — Partie I. [1342]

CHAPITRE CXCVII.


Comment messire Robert d’Artois envoya son navire à Hainebon, et comment il assiégea la cité de Vennes.


Ainsi par cette grand’fortune se dérompit la bataille sur mer de messire Robert d’Artois et de sa route à l’encontre de messire Louis d’Espaigne et de ses gens. Si n’en sait-on à qui bonnement donner l’honneur, car ils se partirent tous maugré eux et par la diversité du temps. Toutes voies les Anglois prirent terre assez près de Vennes, et issirent hors des vaisseaux et mirent leurs chevaux sur le sablon, et toutes leurs armures et pourvéances ; et puis eurent conseil et avis du surplus comment ils se maintiendroient. Si ordonnèrent à traire leur navie devers Hainebon, et eux aller devant Vennes ; car assez étoient gens pour l’assiéger. Si s’émurent et chevauchèrent ordonnément celle part et n’eurent mie grand’foison allé quand ils s’y trouvèrent.

Adonc étoient dedans la cité de Vennes, pour messire Charles de Blois, messire Hervé de Léon et messire Olivier de Cliçon, deux vaillans chevaliers durement, comme capitaines ; et aussi y étoient le sire de Tournemine et le sire de Loheac. Quand ces chevaliers de Bretagne virent venus les Anglois, et qu’ils s’ordonnoient pour eux assiéger, si n’en furent mie trop effrayés ; mais entendirent premièrement au châtel, et puis aux guérites et aux portes ; et mirent à chacune porte un chevalier, dix hommes d’armes et vingt archers parmi les arbalétriers ; et s’apprêtèrent assez bien pour tenir et garder la cité contre tous venans. Or vous parlerons de messire Louis d’Espaigne et de sa route.