Les Chroniques de Sire Jean Froissart/Livre I, Partie I/Chapitre XXX

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Livre I. — Partie I. [1327]

CHAPITRE XXX.


Comment messire Jean de Hainaut vint à belle compagnie pour secourir le roi Édouard, et quels seigneurs vinrent avec lui.


Droit à ce point vint à Ébruich messire Jean de Hainaut dessus dit et sa compagnie : si furent bien reçus et grandement fêtés du jeune roi, de madame sa mère et de tous les barons ; et leur fit-on livrer le plus beau faubourg de la cité pour eux herberger entièrement sans nul entre-deux ; et fut délivrée à monseigneur Jean de Hainaut une abbaye de blancs moines pour son corps et son tinel tenir. En la compagnie du dit chevalier vinrent du pays de Hainaut le sire d’Enghien qui étoit appelé messire Gautier, le sire d’Antoing, messire Henry, le sire de Fagnoelles[1], messire Fastres des Rues, messire Robert de Bailleul et messire Guillaume de Bailleul son frère, le sire de Haverech châtelain de Mons, messire Alart de Brifeuil, messire Michel de Làgne, messire Jean de Montigny le jeune et son frère, messire Sanses de Boussoy, le sire de Gomignies, messire Perceval de Semeries, le sire de Beaurieu et le sire de Floyon. Du pays de Flandre y vinrent messire Hector Villain, messire Jean de Rodes, messire Waflart de Ghistelle, messire Guillaume de Strates, messire Gossuins de la Muelle[2] et plusieurs autres. Du pays de Brabant y vinrent : le sire de Duffle, messire Thierry de Wallecourt, messire Rasses de Grez, messire Jean de Gaesbeke, messire Jean Pilistre, messire Gille de Coterebbe[3], messire Gautier de Hoteberge, les trois frères de Harlebeke et plusieurs autres. Des Hasbaignons y vinrent : messire Jean le Beauz[4] et messire Henry son frère, messire Godefroy de la Chapelle, messire Hugues de Hay, messire Jean de Libyne, messire Lambert du Pel, messire Gilbert de Hers. Et si y vinrent aucuns chevaliers de Cambresis et d’Artois, de leur volonté, pour leurs corps avancer ; tant que le dit messire Jean de Hainaut eut bien en sa compagnie cinq cents armures de fer bien étoffées et richement montées. Après eux, ès fêtes de la Pentecôte, vinrent messire Guillaume de Juliers[5], qui fut depuis duc de Juliers, après le décès de son père, et messire Thierry de Heinsberg[6], qui puis fut comte de Los, qui puis fut connétable de l’ost, à belle route, et tout pour faire compagnie au dit chevalier.

  1. On trouve dans plusieurs manuscrits et dans les imprimés français et anglais, Seignoles.
  2. Il est nommé Gossuin de la Moere dans les Trophées du Brabant, par Butkens.
  3. Quelques manuscrits donnent de Courcelles et de Courcerelles ; les Trophées du Brabant disent Jean de Quaderebbe,
  4. Ce Jean le Beauz ou le Bel est indubitablement le chanoine de Saint-Lambert de Liège, sur les mémoires duquel Froissart a composé cette histoire. Son pays, son nom, celui de son frère, ne permettent pas de le méconnaître, Comme il a été témoin oculaire de ce qui s’est passé dans l’expédition d’Écosse dont on va lire l’histoire, son récit doit être du plus grand poids. Ce récit est d’ailleurs intéressant en ce qu’il fournit des détails que les historiens anglais contemporains ont négligés ou dont ils n’ont pas été à portée d’être instruits. Le nom de Jean le Bel est si défiguré dans les éditions de Froissart et même dans plusieurs manuscrits, que jusqu’ici on n’avait pas pu faire cette observation et attribuer à ce morceau d’histoire le degré d’autorité qu’il doit avoir.
  5. Guillaume VI du nom, premier duc de Juliers.
  6. Il était fils de Godefroy II du nom, seigneur de Heinsberg, et de Mectilde de Los. Il devint comte de Los à la mort de Louis IV son oncle, seigneur de Los et de Chiny, qui l’institua son héritier universel en 1335.