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Les Chroniques de Sire Jean Froissart/Livre III/Chapitre CXXIII

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Texte établi par J. A. C. Buchon (IIp. 730-734).

CHAPITRE CXXIII.

Comment les Escots gagnèrent la bataille contre les Anglois devant Octebourch, et y furent pris messire Henry de Percy et messire Raoul son frère ; et comment un écuyer d’Angleterre appelé Thomas Waltem ne se voult rendre ; aussi ne fit un écuyer d’Escosse, et moururent ; et comment l’évêque de Durem et ses gens se déroutèrent et déconfirent d’eux-mêmes.


Au voir dire et à parler par raison, les Anglois étoient plus foulés et travaillés que ne furent les Escots ; car ils étoient ce jour venus jusques à là du Neuf-Chastel-sur-Tyne, où bien y a six lieues Angloises, chaudement et légèrement pour trouver les Escots, ainsi que ils firent. Dont les plusieurs, pour le travail du chemin, quoique la volonté y fut bonne et grande, et l’affection, étoient hors de leur haleine ; et les Escots étoient frais et nouveaux et bien reposés. Et tout ce leur valut grandement ; et bien le montrèrent au plus fort de la besogne ; car sus celle derraine empainte, si comme ci-dessus est contenu, ils reculèrent les Anglois tellement que depuis ils ne purent retourner sus leur premier pas ; et passèrent les batailles tout outre le comte de Douglas qui là étoit atterré.

En ce dur recontre chéy en la main du seigneur de Montgombre[1], un moult vaillant chevalier d’Escosse, messire Henry de Percy ; et se combattirent ensemble moult vaillamment, sans empêchement de nul autre, car il n’y avoit chevalier ni écuyer de l’une partie ni de l’autre qui ne fût ensonnié, chacun de combattre à son pareil. Là fut mené tellement par armes messire Henry de Percy que le sire de Montgombre le prit et fiança. Là vissiez vous chevaliers et écuyers messire Marc Adremen[2], messire Thomas Av Ersequin[3], messire Guillaume, messire Jacques, et messire Alexandre de Lindesée, le seigneur de Seton[4], le seigneur de Venton[5], messire Jean de Sandelans[6], messire Patrise de Dumbare, messire Jean et messire Gautier de Saint-Clar, messire Patrise de Hepbourne[7] et ses deux fils, messire Patrise et messire Mille, le seigneur de Montgombre[8], messire Jean Maksuel[9], messire Adam de Gladinin[10], messire Guillaume de Roduem[11], messire Guillaume Stuart, messire Jean de Halibreton[12], messire Jean Alidiel[13], messire Robert Laudre[14], messire Alexandre de Ramsay, messire Alexandre Fresiel[15], messire Jean Emouston[16], messire Guillaume Warlau[17], David Flimin[18], Robert Colemine[19] et ses deux fils, Jean et Robert, qui furent là chevaliers, et bien cent chevaliers et écuyers et autres que je ne puis pas tous nommer ; mais il n’en y avoit un qui n’entendît vaillamment à la besogne.

Du côté des Anglois aussi se combattirent vaillamment. Et se combattoient depuis et en devant la prise des seigneurs de Percy, messire Raoul de Lomble[20], messire Mathieu Rademen, messire Robert Av Ogle[21], messire Thomas Graa[22], messire Thomas Helton[23], messire Jean de Felleton, messire Jean de Liebon[24], messire Guillaume Walsinchon[25], messire Thomas Aubrinton[26], le baron de Helton[27], messire Jean Colpedich[28], le sénéchal d’Yorch et plusieurs autres ; et tous à pied que vous l’entendez.

Là fut la bataille dure et forte, et bien combattue ; mais ainsi que les fortunes tournent, quoique les Anglois fussent le plus et tous vaillans gens et bien usés d’armes, et que ils assaillirent leurs ennemis vaillamment, et les reculèrent et reboutèrent de première venue moult avant, les Escots obtinrent la place. Et furent tous pris ces chevaliers dessus nommés, et encore plus de cent autres, excepté Mathieu Rademen capitaine de Bervich. Cil, quand il vit la déconfiture et que leurs gens s’ouvroient et fuyoient devant les Escots de tous lez, et chevaliers et écuyers se rendoient, et Escots les fiançoient, il monta à cheval et s’en partit, quand il vit bien que nul recouvrer y avoit et que leurs gens se fendoient de tout côtés. Envis le fit ; mais tout considéré il ne pouvoit pas tout seul recouvrer la bataille. Si prit le chemin pour retourner vers le Neuf-Chastel-sur-Tyne.

Ainsi se deffouquoient aucuns Anglois qui l’avis et le loisir en avoient, et se sauvèrent, car en armes aviennent moult de choses. Et sachez que celle bataille fut durement bien combattue et vaillamment maintenue ; et fut pour les Anglois moult infortunée, car ils étoient trois fois plus de gens que les Escots ; mais ce que d’Escots il y avoit, c’étoit toute la fleur de leur royaume ; et bien le montrèrent, car ils avoient plus cher à mourir que reculer, par défaut de courage, un arpent de terre ; et sachez que Anglois et Escots, quand ils se trouvent en bataille ensemble, sont dures gens et de longue haleine, et point ne s’épargnent ; mais s’entendent de eux mettre à outrance. Ils ne ressemblent pas les Allemands qui font une empeinte, et quand ils voient qu’ils ne peuvent vaincre et entrer en leurs ennemis ils s’en retournent tout à un fait ; nennil Anglois et Escots, mais ils sont d’une autre opinion ; car en combattant ils s’arrêtent sur le pas, et là fièrent et frappent de haches où d’autres armures sans eux ébahir, tant que haleine leur dure. Et quand par armes ils se rendent l’un à l’autre ils font bonne compagnie sans eux trop travailler de leur finance, mais sont très courtois l’un à l’autre, ce que Allemands ne sont pas ; car mieux vaudroit un gentil homme être pris des mécréans, tous payens ou Sarrasins, que des Allemands ; car Allemands contraignent les gentils hommes en double prison de ceps de fer, de bois, de grésillons et de toutes autres prisons hors de mesure et raison, dont ils meshaignent et affoiblissent les membres d’un homme pour estordre plus grand’finance. Au voir dire en moult de choses Allemands sont gens hors de rieulle de raison, et c’est merveille pour quoi nuls conversent avec eux avec eux ni qu’on les souffre à armer avec eux, comme François et Anglois qui font courtoisie, ainsi qu’ils ont toujours fait ; ni les autres ne le feroient ni le voudroient faire.

Au retourner au droit procès de mon propos, ce jour il y eut moult crueuse bataille entre les Anglois et les Escots, car ils étoient gens d’une part et d’autre de grand’volonté. Les Anglois étoient moult vergogneux de ce que avis leur étoit que les Escots n’étoient qu’une poignée de gens au regard d’eux, et si ne pouvoient avoir victoire sur eux ; et ils étoient toute fleur de chevalerie et d’écuyerie du comté de Northonbrelande ; or regardez donc s’ils vouloient fuir ; m’aist Dieu, nennil, tant que amender le pussent.

Sus le point de la déconfiture, et entrementes que on fiançoit prisonniers, en plusieurs lieux et encore par foules et par troupeaux on se combattoit, ainsi que les gentils hommes et les bons batailleurs se trouvoient. Sur le point que j’ai dit, fut enclos des Escots, un écuyer anglois, lequel s’appeloit Thomas Waltem et étoit de l’hôtel et de la charge du seigneur de Percy, bel homme et vaillant aux armes et hardi ; et bien le montra, car ce soir et la nuit ensuivant il fit grand’foison d’armes, et ne se daigna oncques rendre ni fuir. Et me fut dit que celle affaire il avoit prévu ; et avoit dit ainsi, en cel an, sur une fête de seigneurs et de dames qui fut en Northonbrelande, que la première fois que Anglois et Escots se rencontreroient ensemble par bataille, il feroit son devoir d’armes, et s’acquitteroit si loyaument à son pouvoir que on le trouveroit pour ce jour le meilleur combattant des deux parties, ou il demeureroit en la peine. Et l’écuyer étoit bien taillé de ce faire, car il étoit grand, fort, hardi et entreprenant. Et fit ce Thomas Waltem ce jour grand’foison de belles appertises d’armes ; et en combattant dessous la bannière du comte de Mouret d’Escosse il fut occis ; ni point ne se voult rendre, car toujours cuidoit-il être rescous. Aucques pareillement du côté des Escots fut occis un moult vaillant écuyer, cousin au comte de Douglas qui s’appeloit Simon de Gladinnin[29], et eut grand’plainte de ceux de son côté. Qui bien conçoit et considère celle bataille, elle fut moult dure et moult felle jusques à la déconfiture ; mais quand Escots virent que Anglois reculoient et perdoient terre, leur courage doubla en double force. Car par nature et droiture, qui voit ses ennemis fuir, il se rencourage en avis et en hardiment. Et toutefois, les Anglois, quand ils venoient sur leur outrance et ils se vouloient rendre, ils trouvoient les Escots moult débonnaires ; et les croyoient légèrement sur leur foi ; mais au fiancer ils leur, disoient ainsi : « Vous êtes mon prisonnier, rescous ou non rescous. » Car il ne savoient point encore quelle chose il leur étoit à venir. Et sachez que si les Escots fussent gens assez pour faire chasse, il n’en fût retourné des Anglois ni échappé pied que tous ne fussent morts ou pris ; mais pour la doute de ce qu’ils sentoient grand’foison d’Anglois sur le pays, ils se tenoient toujours ensemble pour être plus forts et pour garder leurs prisonniers ; et si messire Archebaut Douglas, et les comtes de Fy, de Surland et les autres de la grosse route qui chevauchoient vers Carlion eussent là été, ils eussent pris l’évêque de Durem et la ville de Neuf-Chastel-sur-Tyne. Je vous dirai comment et par quelle raison.

Ce propre soir dont à la remontée les enfans de Percy étoient partis et issus de Neuf-Chastel-sur-Tyne, si comme cy-dessus est contenu, l’évêque de Durem, à tout l’arrière ban de l’archevêché et de la sénéchaussée d’Yorch et de Durem, et des frontières de Northonbrelande, étoit entré en la ville de Neuf-Chastel et y avoit soupé. Entrementres que cel évêque étoit à table, imagination lui étoit venue devant et lui étoit avis qu’il n’acquittoit pas bien son honneur, quand il savoit que ses gens chevauchoient et étoient allés à l’encontre des Escots qui au matin étoient partis de là et avoient aux barrières fait escarmouche, et il se tenoit en la ville. Quand celle imagination lui fut venue et il eut bien parfaitement pensé à la déshonneur qu’il avoit plus grande de séjourner en la ville que du chevaucher ou issir, il fit soudainement ôter la table et enseller les chevaux, et demanda son armure et fit sonner les trompettes parmi toute la ville. Tous ceux qui étoient venus avec lui à Neuf-Chastel furent émerveillés quelle chose il vouloit faire ni où il vouloit aller, car il étoit toute noire nuit, et tous étoient désarmés, et les plusieurs jà couchés, car le jour ils s’étoient travaillés de cheminer. Nequedent, au son des trompettes de l’évêque qui étoit leur chef et leur conduiseur, toutes gens se levèrent, armèrent, appareillèrent à pied et à cheval et s’en vinrent en la place devant l’hôtel du dit évêque qui jà étoit tout prest et ses chevaux ensellés. Quand il put reconnoître et sentir que tous étoient venus, si monta à cheval, et montèrent aussi tous les autres, et issirent par la porte de Bervich ; et étoit bien huit heures en la nuit ; et se trouvèrent bien sept mille hommes, que à pied que à cheval. Quand ils furent sur les champs, tous s’arrêtèrent pour attendre l’un l’autre. On demanda à l’évêque quel chemin il vouloit tenir. « Celui qui le plustôt nous amènera à nos gens. »

Là n’y avoit aucun qui sçût ni pût savoir où leurs gens étoient ; car nul n’étoit retourné de la bataille. Là s’arrêtèrent-ils par les champs, pour savoir et pour imaginer par avis s’ils prendroient le chemin de Bervich ou de Rose-au-Del ou le chemin des montagnes ; et en étoient entre eux en grand estrif. Là disoient les aucuns l’un à l’autre : « C’est grand outrage, et petit sens sera, de cheminer à celle heure, quand nous ne savons pas où nous allons ; et cher nous pourroit coûter celle folie. »

Entrementres comme ils étoient en la position qu’ils cheminoient tout resoigneusement, car ils ne savoient au voir dire quel chemin ils devoient tenir, adonc nouvelles leur vinrent des fuyans qui étoient tous ébahis et égarés, ainsi que gens sont qui se départent d’une besogne déconfite ; et churent proprement en l’avant-garde de l’évêque laquelle messire Jean de Say, un moult appert et sage chevalier, gouvernoit.

Le chevalier, qui tout devant étoit, leur demanda dont ils venoient ; ils répondirent : « De la bataille. » Donc demanda le chevalier : « Et comment va de la bataille ? » Ils répondirent : « Mal et laid ; nos gens sont tous déconfits et mis en chasse ; et sont pris ou morts, messire Henri et messire Raoul de Percy. N’allez plus avant, car voici les Escots qui viennent à effort. » Adonc demanda le chevalier : « Et les Escots sont-ils grand’foison ? » — « Ils sont tant de gens, répondirent les fuyans, que ils nous ont tous rués jus. »

Donc s’arrêta messire Jean de Say, et fit arrêter tous ceux de l’avant-garde. Adonc vint l’évêque de Durem et s’émerveilloit pourquoi on s’arrêtoit. Si chevaucha et demanda : « Avons-nous nulles nouvelles ? » Le chevalier vint devers lui et lui dit : « Monseigneur, ouil. » — « Et quelles, dit-il, en nom Dieu ? » — « Nos gens sont déconfits, et voici les Escots qui viennent, si comme les fuyans disent. » Et tantôt vinrent autres fuyans qui avoient tous tant couru qu’ils étoient mis jusque à leur grosse haleine ; et recordèrent la déconfiture ainsi que les premiers avoient fait.

Quand les gens de l’évêque de Durem entendirent que tous rapportoient povres nouvelles, si s’ébahirent grandement et se commencèrent à déconfire de eux-mêmes et à dire : « Où irons-nous ? Il est tout nuit ; ni nous ne savons ou nous chéirons. Il ne peut être que les Escots ne soient grands gens quand ils ont rué jus les nôtres. » Bien avoient volonté, l’évêque de Durem et messire Jean de Say et aucuns chevaliers qui là étoient, d’aller si avant que jusques aux Escots, et de retourner les fuyans ; mais ceux de pied étoient si découragés que ils le refusoient ; et disoient que ils n’iroient plus avant, et que si on vouloit qu’ils se combattissent, on s’arrêtât là en attendant les Escots ; et y mettoient bonne raison en disant : « Nous sommes encore tous lassés et tous travaillés de la journée de hier, et on veut que de pied et tout de nuit nous cheminions encore cinq ou six lieues angloises. Avant que nous fussions là, nous serions tous confus d’haleine et de force. » Et toutefois tous généralement ils tenoient celle opinion. Si que, tout considéré, ils retournèrent devers le Neuf-Chastel tout le pas, car il n’en étoit pas loin, et y rentrèrent à trois heures après mie-nuit ; et quand on sçut en la ville que leurs gens étoient déconfits, si renouvelèrent leurs guets, et renforcèrent leur garde aux portes, aux tours et aux murs ; et proprement l’évêque de Durem étoit à la porte de Bervich, et là se tenoit pour faire sa garde et pour mieux savoir des nouvelles ; et vous dis que les hommes et les femmes de Neuf-Chastel étoient moult effrayés, et encore l’eussent-ils plus été, si l’évêque de Durem et messire Jean de Say n’eussent là été.

Les aucuns supposoient et imaginoient, qui savent que c’est d’armes et de tels avenues, que si cil évêque de Durem et sa route se fussent traits avant sur la rescousse ; ils eussent porté grand dommage aux Escots, car ils étoient tous travaillés et lassés de combattre et de chasser, mais il n’en fut rien, par l’aventure que je vous ai dit, dont depuis ils en furent grandement blâmés et repris des barons de Northonbrelande et des chevaliers et écuyers qui là reçurent grand dommage ; et en faisoient exemple ceux qui en parloient comment en armes sont moult d’aventures : « Ne trouvons mie en escript de notre guerre d’Angleterre et de France, du temps le bon roi Édouard, entrues que il séoit au siége devant Calais, et que ses chevaliers se combattoient pour lui en plusieurs lieux parmi le royaume de France tant en Gascogne comme en Bretagne ; il avint en ce temps que messire Charles de Blois qui s’escripsoit duc de Bretagne, avoit levé le siége des gens la comtesse de Montfort son adversaire, et à celle propre heure messire Jean de Hartecelle, un chevalier des nôtres, seulement atout cent lances, après la déconfiture, et que messire Charles de Blois cuidoit avoir en tout gagné, s’en vint aventurer et se bouter en l’ost de messire Charles, et le déconfit ; et fut pris la plus grand’partie des siens, et rescous tous ceux qui pris étoient. Et aussi devant le chastel de Soubise en Xaintonge, prit Yvain de Galles, le captal de Buch, et le rua jus et toutes ses gens ; lequel capitaine avoit levé le siége de Soubise ; et pris messire Regnault de Pont et grand’foison de chevaliers et d’écuyers François, Poitevins et Xaintongiers, et par son hardie emprise. Ainsi peut-on supposer certainement que si l’évêque de Durem fût venu chaudement sur notre déconfiture, avec ce qu’il avoit de gens, il nous eût recouvré. »

Et tant furent ces paroles demenées depuis en Angleterre, que il en eut blâme et reprise des barons de Northonbrelande qui là reçurent grand dommage, et lui fut bien dit et acertes. Mais il s’échauffa en disant : « Certainement, quand je me partis du Neuf-Chastel sur Thin, je ne savois nul convenant des amis ni des ennemis, ni savoir je ne pouvois, car je étois venu au Neuf-Chastel sur le tard. Et toutefois, pour être à la bataille, je me partis et fis vider tous ceux qui étoient avec moi, et fis mon plein pouvoir de venir jusques au lieu où les Escots étoient ; mais nos gens, par les fuyans qui s’en retournoient, s’ébahirent tellement, que quand je et messire Jean de Say et aucuns chevaliers qui là étoient, voulièmes aller avant et venir à la rescousse, nous ne trouvâmes point de-lez nous, la tierce partie de nos gens ; et par espécial, ceux de pied disoient qu’ils étoient si affoiblis et si foulés qu’ils ne vouloient aller plus avant. Et ainsi, quand je en vis le convenant, je eus conseil que de moi retraire. » Les aucuns tenoient la raison et l’excusance à bonne, et les autres non. Ainsi vont les choses ; ceux qui ont eu dommage se plaignent, et ceux qui ont fait profit à quoique ce soit jouissent.

Les Escots disoient ainsi : « Par la grâce de Dieu qui nous est belle, notre besogne se porta grandement bien, mais que le jeune comte de Douglas, notre capitaine, nous fût demeuré en vie. » Et les autres disoient : « On ne peut pas avoir les belles matières sans grands coûtages. Espoir s’il fût demeuré en vie, la chose ne fût pas tournée si comme elle est ; elle fût allée par un autre parti. » Et toutefois les Escots plaignoient moult la mort du gentil comte ; et au voir dire, elle faisoit moult à plaindre, car leur pays en étoit moult affoibli.

Quand ils furent, ainsi que tous, retournés de la chasse, messire David et messire Jean de Lindesée demandèrent leur frère messire Jacques de Lindesée, mais nul n’en savoit à dire des nouvelles dont ils étoient tant ébahis et émerveillés ; et ne doutèrent qu’il ne fût ou mort ou pris. Or vous dirai que il avint au dit chevalier d’Escosse[30].

  1. Montgommery.
  2. Sir Malcolm Drummond, qui, trois ans avant la bataille avait reçu 400 livres sur l’argent apporté par Jean de Vienne.
  3. Thomas Erskine d’Ava, ancêtre de la famille de Mar.
  4. William, créé lord Seton par Robert III.
  5. William de Abernethy, lord de Saltoun, comté de East Lothian.
  6. Sandelands.
  7. Sir Patrick Hepburn, lord Hailes.
  8. Montgommery.
  9. Maxwell.
  10. Adam Glendinning.
  11. William Ruthefort ou Rothwen.
  12. Sir John Haliburton d’Arlelon.
  13. John Lundie.
  14. Sir Robert Lauder.
  15. Fraser.
  16. Sir John Edmondstone.
  17. William Wardlaw.
  18. David Fleming.
  19. Robert Campbell.
  20. Ralph de Langley.
  21. Robert of Ogle.
  22. Thomas Graham.
  23. Lord Haltoun.
  24. John Lilburn.
  25. William Walsingham.
  26. Thomas Abington.
  27. Lord Haltoun.
  28. Sir John Copeland.
  29. Simon Glendinning.
  30. Le manuscrit de Besançon diffère beaucoup dans ce chapitre et le suivant.