Les Excentricités du langage/Édition Dentu, 1865/C
ça (C’est), c’est un peu ça : C’est superlatif. — « Ils sont laids que c’est ça. » — Pecquet. — « C’était ça, presque aussi bath qu’au café. » — Monselet. — « On me cognait, mais c’était ça. » — Zompach, 1852.
Cabillot : « L’ennemi naturel du matelot, c’est le soldat passager, plus souvent nommé cabillot, à cause de l’analogie qu’on peut trouver entre une demi-douzaine de cabillots (chevilles) alignés au râtelier et des soldats au port d’armes. » — Physiologie du Matelot, 1843. — La langue romane avait déjà cabi : serré, rangé. V. Roquefort.
cabe, cabot : Chien (Vidocq). — Contraction des deux mots : qui aboie. Les voleurs ont, comme toujours, donné le nom de l’acte à l’acteur. Au lieu de dire le chien, ils ont dit : le qui aboie, et en abrégeant : le qu’abe, le qu’abo. V. Calvin, Combre.
Cabermont : Cabaret (Vidocq). — Corruption de mot.
Cabestan : Agent de police. — Comparaison de la corde qu’enroule le cabestan à celle avec laquelle l’agent garrotte les criminels ( ?). V. Macaron.
cadenne : Chaîne de cou (Vidocq). La racine latine (catena) est demeurée presque intacte.
Caboulot : « Le caboulot est un petit café où l’on vend plus spécialement des prunes, des chinois et de l’absinthe. — Daunay, 1861. — Une monographie des Caboulots de Paris a paru en 1862. — C’est aussi un cabaret de dernier ordre. V. Camphrier.
Cadet : Derrière. — « Sur un banc elle se met. C’est trop haut pour son cadet. » — Vadé.
Cadichon : Montre (Vidocq). — Diminutif de Cadran. Le cadran des montres est fort petit.
Cadran : Montre. — Cadran solaire, lunaire : derrière. — Allusion à la forme ronde du cadran. — « Est-ce l’apothicaire Qui vient placer l’aiguille à mon cadran lunaire ? » — Parodie de Zaïre, dix-huitième siècle.
Cagne : Cheval (Vidocq). — Pris en mauvaise part. Abrév. du vieux mot cagnard : mou, paresseux. V. Roquefort.
cabriolet, cachemire d’osier : Hotte de chiffonnier (Vidocq). — Comparaison ironique. Comme le cachemire, la hotte se met sur le dos. Même ironie pour le premier mot. Le chiffonnier roule avec son cabriolet comme le fantassin part à cheval sur Azor.
Cafarde : Lune (Vidocq). — C’est la lune voilée qui se dissimule derrière un nuage avant d’être la Moucharde, de briller de tout son éclat.
café (Fort de), Fort de chicorée, Fort de moka : Excessif, peu supportable. — « On dit : C’est un peu fort de café, pour exprimer que quelque chose passe les bornes. » — Dhautel, 1808. — « Oh ! Oh ! dirent Schaunard et Marcel, ceci est trop fort de moka. » — Murger. — « S’unir à un autre ! C’est un peu fort de chicorée. » — Cormon.
Cagnotte : « Espèce de tirelire d’osier recevant les rétributions des joueurs. » — Montépin.
caisse (Donner de la grosse) : Louer très-bruyamment — Allusion aux bateleurs qui attirent leur public à coups de grosse caisse. — « Il faut qu’Artémise réussisse… C’est le cas de donner de la grosse caisse à se démancher le bras. » — L. Reybaud.
caillé : Poisson. — Vidocq. — Mot à mot : couvert d’écailles. — Du vieux mot caille : écaille. V. Roquefort.
Caisson (Faire sauter le) : Faire sauter la cervelle. — « Quelle mort préférez-vous ? — Faites-moi sauter le caisson. » — P. Borel, 1833.
Calé : Riche (Dhautel). — Terme de marine. Être calé, c’est avoir assez de biens pour en remplir sa cale. Usité en 1808. — « Les plus calés sont quelquefois gênés. » — E. Sue.
Calebasse : Tête. — Allusion de forme. — « Faudrait pas gros de sens commun pour remplir une calebasse comm’ ça. » — Gavarni.
calège : Prostituée élégante, et associée à des hommes dangereux. — « Elle vend très-cher ce que la ponante et la dossière livrent à des prix modérés. Sa toilette est plus fraîche ; ses manières plus polies. Elle a pour amant un faiseur ou un escroc, tandis que les autres sont associées à un cambriolleur ou à un roulotier. » — Vidocq. — Vient de cale, qui signifiait grisette au dix-septième siècle. — « Gombault, qui se piquait de n’aimer qu’en bon lieu, cajolait une petite cale crasseuse. » — Tallemant des Réaux.
Câler : Ne rien faire. — « La plus grande jouissance du compositeur d’imprimerie est de câler. » — Ladimir.
Calibre : Qualité. — On sait que les armes et bouches à feu sont graduées par calibre. — « Un particulier de ce calibre-là. » — Randon.
Calicot : Commis marchand. Mot à mot : vendeur de calicot. — « Triple escadron ! le calicot s’insurrectionne. » — P. Borel, 1833.
Californien : Riche. — Grâce à des découvertes aurifères bien connues, ce mot a remplacé le Pérou dans nos locutions proverbiales. — « La jeune fille regrettait de ne pouvoir garder pour elle-même cette bonne fortune californienne. » — Montépin.
Calino : Homme ridiculement naïf. — C’est une pièce du vaudeville qui a vulgarisé ce nom et ce type. — « L’artiste était fort ennuyé par une espèce de calino. » — Figaro.
Calme et inodore (Être) : Affecter une certaine sévérité de manières. — Ces deux mots ne vont jamais l’un sans l’autre, et parodient sans doute quelque manuel de civilité puérile et honnête.
caloquet : Coiffure de femme (Dhautel). — Caloquet : Chapeau. — « Achetez un caloquet plus méchant, le vôtre n’est pas trop rup. » — L. de Neuville. — Caloquet : Couronne. V. Dab.
Calot : Dé à coudre, coquille de noix (Vidocq). — Comparaison de ces objets à la calotte qui est de même forme. — Calot : Teigneux. Mot à mot : ayant une calotte de teigne.
Calotter : C’est frapper de la main sur la tête, faire une calotte de coups. — « Calottez-moi, gifflez-moi. » — J. Arago, 1838.
Calottin : Ecclésiastique. — Allusion a la calotte cléricale. — Dans le Déjeuner de la Râpée, pièce poissarde de L’Écluse (1750), une poissarde repousse un abbé en disant : « Adieu, monsieur le calottin ! »
calvigne : Vigne (Vidocq). — Mot à mot : lieu qu’a l’vigne, qui est planté de vigne.
Camboler : Tomber. — Contraction de Caramboler. — « V’là qu’elle cambole sur son prussien et feint de tomber de son digue-digue. » — Decourcelle, 1840.
Cambriolle : Chambre (Vidocq). — Diminutif du vieux mot cambre : chambre. V. Roquefort. — V. Pieu, Esquintement, Rincer.
Cambriolleur :Voleurs s’introduisant dans les chambres (cambriolles) par effraction ou par escalade. — M. Canler les divise en six classes. — Vidocq, sans apporter autant de méthode que Canler dans la classification des cambriolleurs, ajoute des particularités assez curieuses sur leurs costumes où dominent les bijoux et les cravates de couleurs tranchées, telles que le rouge, le bleu ou le jaune ; sur la manie singulière de faire faire leurs chaussures et leurs habits chez les mêmes confectionnneurs, ce qui n’était souvent pas un petit indice pour la justice ; sur leur habitude de se faire accompagner d’une fausse blanchisseuse dont le panier cache leur butin. — Les plus dangereux cambriolleurs sont appelés nourrisseurs, parce qu’ils nourrissent une affaire assez longtemps pour en assurer l’exécution, et, autant que possible, l’impunité.
Cambronne (Le mot de) : Merde ! — Cette allusion à un mot historique discutable, sert aujourd’hui d’équivalent à une injure populaire fort répandue. Que Cambronne l’ait dit ou non, on ne lui en fera pas moins honneur. Nous rappelons aux curieux qui voudraient s’édifier à ce sujet, un chapitre des Misérables de M. Victor Hugo ; un article de M. Cuvillier Fleury, aux Débats, qui sera sans doute reproduit dans ses études littéraires, et enfin une lettre publiée par le journal l’Intermédiaire, du 15 février 1864.
Cambrou, Cambrouse : Serviteur, servante (Vidocq). — Corruption de l’ancien mot : cambrier : valet de chambre. Chambrière est resté.
cambrouse : Campagne (Vidocq). — Du latin campus : campagne. — Cambrousier : Voleur de campagne (id.). — « La rousse pousse comme des champignons, et même dans la cambrouse, ils viennent vous dénicher. » — Patrie du 2 mars 1852. — V. Garçon.
Cambrousiers : « C’est ainsi que les marchands forains nomment les paysans. » — P. d’Anglemont.
Camélias, Dame aux camélias : « Quand la lorette arrive à la postérité, elle change de nom et s’appelle dame aux camélias. Chacun sait que ce nom est celui d’une pièce de Dumas fils, dont le succès ne semble pas près de finir au moment où nous écrivons. » — E. Texier, 1852.
Camelot : « C’est-à-dire marchand de bimbeloteries dans les foires et fêtes publiques. » — P. d’Anglemont.
Camoufle : Chandelle (Vidocq). — Camouflet : Chandelier. — Du vieux mot camouflet : fumée.
Campagne (Aller à la) : Être enfermée à la maison de Saint-Lazare. — Usité parmi les filles.
camphre : Eau-de-vie. — Allusion a l’alcool camphré. — « Aux buveurs émérites et à ceux qui ont depuis bien des années laissé leur raison au fond d’un poisson de camphre. » — P. d’Anglemont. — V. Casse-poitrine.
Canage, Cane : Mort. — V. Caner.
Canapé : Lieu public fréquenté par les pédérastes (Vidocq). — Ironique, car les parapets des quais et les bancs de certains boulevarts sont de tristes canapés.
canard : Récit mensonger inséré dans un journal. — « Nous appelons un canard, répondit Hector, un fait qui a l’air d’être vrai, mais qu’on invente pour relever les Faits-Paris quand ils sont pâles. » — Balzac.
Cancan : Danse. — Du vieux mot caquehan : tumulte (Littré). — « Messieurs les étudiants, Montez à la Chaumière, Pour y danser le cancan Et la Robert Macaire. » — Letellier, 1836. — « Nous ne nous sentons pas la force de blâmer le pays latin, car, après tout, le cancan est une danse fort amusante. » — L. Huart, 1840. — M. Littré n’est pas aussi indulgent. — « Cancan : Sorte de danse inconvenante des bals publics avec des sauts exagérés et des gestes impudents, moqueurs et de mauvais ton. Mot très-familier et même de mauvais ton. » — Littré, 1864.
caner : Avoir peur, reculer au lieu d’agir, faire le plongeon comme le canard ou la cane. — « Par Dieu ! Qui fera la canne de vous aultres, je me donne au diable si je ne le fais moyne. » — Rabelais. — « Oui, vous êtes vraiment français, vous n’avez cané ni l’un ni l’autre. " — Marco Saint-Hilaire.
caniche : Ballot carré (Vidocq) aux coins duquel la toile d’emballage forme des oreilles semblables à celles d’un petit chien.
Canon : Mesure de liquide en usage chez les marchands de vins de Paris. — N’oublions pas que canon signifie verre dans le vocabulaire des francs-maçons. — Prendre un can sur le comp : Prendre un canon sur le comptoir. — « Les canons que l’on traîne à la guerre Ne valent pas ceux du marchand de Vin. » — Brandin, Chansons, 1826.
Canonnier de la pièce humide. — V. Artilleur.
cantaloup : Niais. — V. Melon.
Canton : Prison (Vidocq). — Du vieux mot canton : coin. C’est dans les coins qu’on est à l’ombre. — Cantonnier : Prisonnier. V. Carruche.
Canule : Homme canulant. — Canuler : importuner. — « C’est canulant. » — H. Monnier. — Mot inventé par les ennemis du clystère.
Capahuter : Assassiner son complice pour s’approprier sa part (Vidocq). — Du nom de Capahut, un malfaiteur coutumier du fait.
Capitaine : Agioteur (Vidocq). Corruption de Capitaliste.
Caporal : Tabac à fumer. — Allusion à un tabac haché plus gros, dit de soldat, qui est vendu a un prix moindre. — « Un fumeur très-ordinaire brûle à lui seul son kilogramme de caporal par mois, cent francs par an au bas mot, dont soixante-dix pour le Trésor. » — A. Luchet.
Caprice : Objet d’une vive et subite affection. — « Tu es mon caprice, et puisqu’il faut sauter le pas, que du moins j’y trouve du plaisir. » — Rétif, 1776.
capsule (Chapeau) : Chapeau affectant les petits bords et la forme cylindrique d’une capsule de fusil ; à la mode depuis 1860. V. Carreau.
Capucine : « Veuillez excuser notre ami, il est gris jusqu’à la troisième capucine. » — Murger. — C’est comme si l’on disait : Il en a par dessus le menton. La troisième capucine est très-près de la bouche du fusil.
Carabine : Fouet de conducteur du train. — Allusion ironique à son claquement.
Caramboler : Faire d’une pierre deux coups — « Leur père qui carambole, en ruinant son fils et sa fille. » — Balzac.
Carante : Table (Vidocq). — Diminutif de carrée (?). — Allusion de forme.
Carcan : Cheval étique, femme maigre et revêche. — « C’est pas un de ces carcans à crinoline. » — Monselet.
Care (Voler à la), Carer, Caribener : Voler. Un marchand en proposant un échange avantageux de monnaies anciennes contre des nouvelles (Vidocq). — Carer n’est qu’une forme ancienne (V. Roquefort) et par conséquent un synonyme de charrier. V. ce mot. — Caribener est un diminutif.
Cargot : Cantinier. — Corruption de gargotier. — V. Aide.
carle : Argent (Vidocq). — De Carolus, ancienne monnaie de Charles VIII. — « Le cidre ne vaut plus qu’un carolus. » — Ol. Basselin. V. Bayafe.
Carline : La mort (Vidocq). — Allusion au masque noir de Carlin et à son nez camus. Jadis on appelait la mort camarde, parce qu’une tête de mort n’a pour nez qu’un os de très-faible saillie.
Carne : Mauvaise viande (Vidocq). — Du vieux mot caroigne : charogne. — « Un morceau d’carne dur comme un cuir » — Wado.
carotte (Tirer une) : Demander de l’argent sous un faux prétexte. — « Nul teneur de livres ne pourrait supputer le chiffre des sommes qui sont restées improductives, verrouillés au fond des cœurs généreux et des caisses par cette ignoble phrase : « Tirer une carotte. » — Balzac. — Carotte de longueur : Grosse demande, demande subtile. — Vivre de carottes : Vivre en faisant des dupes.
Carotter : Ne vivre que de légumes. Vivre mesquinement. — « Il se dépouillait de tout… Il sera très heureux de vivre avec Dumay en carottant au Havre. » — Balzac.
Jouer petit jeu. — « Un homme qui allait à la Bourse et qui carottait sur les rentes après s’y être ruiné. » — Balzac.
Carotteur, tier : Tireur de carottes. — « Allons, adieu, carotteur ! » — Balzac. — « Joyeux vivant, mais point grugeur et carottier. » — Vidal, 1833.
carouble : fausse clé (Vidocq). V. Esquintement.
Carreau : Lorgnon monocle. — « M. Toupard, cinquante-deux ans, petite veste anglaise, chapeau capsule, un carreau dans l’œil. » — Mém. d’une Dame du Monde, 1861.
Carruche : Prison (Vidocq). Diminutif du vieux mot car : coin. V. Roquefort. — V. Canton. — Comte de la Carruche : Geôlier.
Carte (Revoir la). — On comprend l’ironie du mot en se rappelant qu’on entend par carte la liste des mets choisis pour son repas.
carton : Carte à jouer. — « Je n’ai pas parlé des tables d’hôte où on donne le carton, c’est-à-dire où l’on fait jouer. » — Lespès. — « Lorsqu’on a dîné entre amis, il faut bien remuer des cartons peints pour se dégriser. » — About.
Travailler, tripoter, graisser le carton : Jouer aux cartes. — Maquiller le carton : Faire sauter la coupe.
« Ces quatre messieurs qui tripotent le carton (Dict. de l’Avenir) avec une grande habileté. » — Villemessant, Paris au jour le jour, 1860.
Casaquin : Corps (Dhautel 1808). — « Je te tombe sur la bosse, je te tanne le casaquin. » — Paillet.
Cascades : Vicissitudes, folies. — « Sur la terre j’ai fait mes cascades. » — Robert Macaire, chanson, 1836.
casque : Chapeau rond. — Casque à mèche : Bonnet de coton à mèche. — « Il dévoilera les mensonges cotonneux de madame et apportera dans le salon le casque a mèche de monsieur. » — Th. Gautier.
casquer : Donner dans un piége. — Mot à mot : tomber tête baissée dans un casque, c’est à dire dans une enveloppe assez épaisse pour ne rien apercevoir. — De là aussi casquer dans le sens de : donner de l’argent sans voir qu’il est escroqué. V. Cavé.
casquette : Chapeau de femme. V. Chouette.
cassante : Noix, dent. (Vidocq). — Effet pris pour la cause. La noix se casse et la dent casse.
Casse-gueule : Bal public de dernier ordre, où on se bat souvent. — « Veux-tu v’nir aux Porcherons, Ou j’irons au cass’gueule à la basse Courtille. » — Duverny, Chanson, 1813.
Casse-poitrine : « Cette boutique est meublée de deux comptoirs en étain où se débitent du vin, de l’eau-de-vie et toute cette innombrable famille d’abrutissants que le peuple a nommés, dans son énergique langage, du Casse-Poitrine. » — P. d’Anglemont. — « Ces demoiselles n’ont plus la faculté de se faire régaler du petit coup d’étrier, consistant en casse-poitrine, vespetro, camphre et autres ingrédients. » — Pétition des filles publiques de Paris, Paris, 1830, in-8.
Casser du bec : Sentir mauvais. — Casser a ici le sens de couper, ce qui donne mot à mot : couper de son bec… celui des autres. V. Couper la gueule.
Casser (Se la) : S’enfuir. — « Vous vous esbignez. Ils se la cassent. » — A. Second.
Casserole : Personne dénonçant à la police. Il est à noter que le dénonciateur s’appelle aussi cuisinier.
Casseur : Tapageur, prêt à tout casser. — « La manière oblique dont ils se coiffent leur donne un air casseur. » — R. de la Barre.
Cassine (Une) : « Ce mot signifiait autrefois une petite maison de campagne ; maintenant, il n’est plus d’usage que pour dire un logement triste et misérable. » — Dhautel, 1808. — Diminutif de Case.
castor : Officier de marine qui évite les embarquements. — Le castor bâtit volontiers sur le rivage.
Cauchemarder : Ennuyer comme un cauchemar. — « C’est cauchemardant ; depuis deux ans, elle en raconte. » — Jaime.
Castuc : Prison (Vidocq). — Corruption du vieux mot castel, château. — V. Ravignolé.
Cavalcades : Vicissitudes amoureuses. — « Ça fait des manières, une porte-maillot comme ca. — Et qui en avait vu des cavalcades. » — Gavarni.
Cavaler (Se) : S’enfuir avec la vitesse d’un caval : cheval. V. Roquefort. — « Il faut se cavaler et vivement. » — Chenu.
cavé : Dupe (Vidocq). — Mot à mot : tombé dans un trou, une cave. — Même image que dans enfoncé, casqué.
Cé : Argent. V. Chêne.
Centre : Nom. — Centre à l’estorgue : faux nom. V. Estorgue. — Coquer son centre : Donner son nom. (Vidocq). — V. Ravignolé.
Centre de gravité : Derrière. — « Porter une main furtivement timide à son centre de gravité. » — Ed. Lemoine.
Centrier : Député du centre conservateur sous Louis-Philippe. — « Moreau ! mais il est député de l’Oise. — Ah ! c’est le fameux centrier. » — Balzac.
Cerbère : Portier malhonnête. — Comparaison Mythologique. — « Misérable, disait-elle au cerbère, si mon mari le savait. — Bah ! répondait-il… un terme de payé, ça aide. » — Ricard.
cercle : Pièce d’argent. — Allusion à la forme circulaire de la monnaie.
Cerclé : Tonneau (Vidocq). — Allusion aux cercles qui retiennent les douves.
Cerf (Se déguiser en) Courir. — Allusion à la vitesse du cerf.
Cerisier : Cheval aussi mauvais que les bidets qui portent des cerises au marché. — Un mauvais cavalier monte aussi en marchand de cerises (Dhautel).
Chafrioler : Se complaire. — « L’atmosphère de plaisirs où il se chafriolait. » — Balzac. — M. Paul Lacroix affirme que ce verbe a été inventé par Balzac en ses Contes drolatiques.
Chahut : Dispute. — « Je n’ai jamais de chahut avec Joséphine comme toi avec Millie. » — Monselet.
Chaillot ! (À) : Terme injurieux fort en usage à Paris. C’est comme si on criait : À l’eau ! à l’eau ! — Et par le fait, Chaillot est au bord de la Seine. Le mot pourrait être fort ancien, si on en juge par cet extrait d’une mazarinade de 1649 (La Nape renversée) : — « Les gens de l’assemblée s’en allèrent je ne sçay où, à Chaillot ou à Saint-Cloud. » — « À Chaillot les géneurs. » — Les Cocottes, 1864.
Chair humaine (Vendeur de) : Agent de remplacement militaire. — Au dix-huitième siècle, on donnait déjà ce nom aux sergents recruteurs.
Chaloupe : Femme dont le jupon se gonfle comme une voile de chaloupe. — « C’te chaloupe ! » crie Un gamin de Gavarni derrière une élégante.
chameau : Femme de mauvaise vie. — On dit aussi : Chameau d’Égypte, chameau à deux bosses, ce qui paraît une allusion a la mise en évidence de certains appas. — « Qu’est-ce que tu dis là, concubinage ? coquine, c’est bon pour toi. A-t-on vu ce chameau d’Égypte ! » — Vidal, 1833. — « Cette vie n’est qu’un désert, avec un chameau pour faire le voyage et du vin de Champagne pour se désaltérer. » — F. Deriège, 1842.
Cette épithète passe aussi pour dater de la campagne d’Égypte, pendant laquelle nos soldats, profonds analogistes, auraient été frappés de la docilité avec laquelle le chameau se couchait pour recevoir son fardeau. Tel est du moins l’avis de l’ Encyclopediana.
Champ : Champagne. — « Maria. Oh !… du champ !… — Eole… agne. — Maria. Qu’est-ce que vous avez donc ? — Eole. On dit du champagne. — Maria. Ah bah ! où avez-vous vu ça ? » — Th. Barrière.
Champagne (Fine) : Eau-de-vie fine. — Du nom d’un village de la Charente-Inférieure. — « Nous lui ferons prendre un bain de fine champagne. » — Cochinat.
Chançard : Favorisé habituellement par la chance.
Chandelle (Tenir la) : Être placé dans une fausse position, favoriser le bonheur d’autrui sans y prendre part. — « Embrassez-vous, caressez-vous, trémoussez-vous, moi je tiendrai la chandelle. » — J. Lacroix. — Une chanson imprimée chez Daniel, à Paris, en 1793, — Cadet Roussel républicain, — fournit cet exemple plus ancien : « Cadet Roussel a trois d’moiselles Qui n’sont ni bell’s ni pucelles, Et la maman tient la chandelle.»
Chantage : Extorsion d’argent sous menace de révélations scandaleuses. — « Le chantage, c’est la bourse ou l’honneur… » — Balzac.
chanterelle (Appuyer sur la) : Faire crier. — Assimilation de la voix à la corde aiguë d’un instrument.
Chaparder : Marauder. — De chat-pard : chat-tigre ou serval. — Les zouaves passent pour les plus habiles chapardeurs de l’armée française.
charabia « Toutes ces affaires se traitent en patois d’Auvergne dit charabia. » — Balzac.
Charlot : « Le peuple et le monde des prisons appellent ainsi l’exécuteur des hautes œuvres de Paris. » — Balzac. — « Allez, monsieur le beau, Que Charlot vous endorme ! Tirez d’ici, meuble du Châtelet. » — Vadé, 1788. — V. Garçon.
Charmante : Gale. — « La charmante y fait gratter bien des mains, aussi la visite était-elle rigoureuse. » — Vidal, 1833.
Charon : Voleur (Vidocq). — Diminutif de Charrieur. V. ce mot. — « Dessus le pont au Change, certain agent de change se criblait au charon. » — Vidocq.
Charpentier : Auteur dramatique dont le talent consiste à bien tracer la charpente, c’est-à-dire le plan d’une pièce. — « As-tu vu la pièce d’hier ? — Oui, c’est assez gentil. — Est-ce bien charpenté ? — Peuh ! couci-couci. » — De la Fizelière. — « Il n’est pas si facile de se montrer un habile charpentier. » — Second.
Charriage : Action de charrier. — Charrier : terme générique qui signifie voler quelqu’un en le mystifiant (Vidocq). — Charrieur, careur, charon : Voleurs pratiquant le charriage.
Chasse : Mercuriale (Dhautel, 1808). — « C’est pas l’embarras, faut croire qu’il aura reçu une fameuse chasse pour être remonté si en colère. » — H. Monnier. — Donner une chasse, c’est mot à mot pourchasser à coups de langue.
Chasser les reluits : Pleurer (Vidocq). — Mot à mot : chasser les larmes des yeux.
chat : Guichetier (Vidocq). — Allusion au guichet, véritable chatière derrière laquelle les prisonniers voient briller ses yeux.
Chauffe la couche : Homme qui ne connaît au lit que les douceurs du sommeil. — « Les maris qui obtiennent le nom déshonorant de chauffe la couche.» — Balzac.
Chauffer : Applaudir chaleureusement. — « Elle recueillait les plaintes de son petit troupeau d’artistes… on ne les chauffait pas suffisamment.» — L. Reybaud. V. Chaud.
Chausser : Convenir (Dhautel, 1808). — « Les diamants ! ça me chausse, ça me botte.» — Mélesville.
Chauvin, niste : Patriote ardent jusqu’à l’exagération. — « Je suis Français ! Je suis Chauvin ! » — Cogniard, 1831. — Allusion au nom d’un type de caricatures populaires.
« L’amour sans façon régnait dans ces réunions bruyantes, où un Chauvinisme instinctif préludait par des chants naïvement vaniteux et fièrement populaires à celui que l’esprit d’opposition fit d’une manière chagrine de 1814 à 1825, époque où un libéralisme plus large commença à se moquer de ces éloges donnés aux Français par les Français, de ces railleries lancées par les Français contre les étrangers. Charlet, en créant le conscrit Chauvin, fit justice de ces niaiseries de l’opinion. » — A. Jal, Paris moderne, 1834.
chaud : Coureur de belles, homme ardent et résolu. — Autrefois on disait chaud lancier : — « Le chaud lancier a repris Son Altesse royale.» — Courrier burlesque, 2e p., 1650.
Chaumir : Perdre (Vidocq). — Corruption de chomer ( ?). Le chômage entraîne une perte d’argent.
Chemises (Compter ses) : Vomir. — Allusion à la posture penchée de l’homme qui vomit.
chenatre, chenu : Bon (Vidocq). — Chenu sorgue : Bonsoir. — « Chenu sorgue, roupille sans taffe.» — Vidocq. — Chenu reluit : Bonjour. V. Fourgat.
chêne : Homme. — Abréviation de chenu. — Le chêne serait un homme chenu à voler, bon à voler. — « Qu’as-tu donc morfillé ? — J’ai fait suer un chêne, son auber j’ai enganté et ses attaches de cé.» — Vidocq.
Chenique : Eau-de-vie. — diminutif de chenu : Bon.
cheval : Homme brusque, grossier.
chevalier de l’aune : Commis en nouveautés. — « Il n’y a que ces chevaliers de l’aune pour aimer la boue au bas d’une robe. » — Balzac. — De la rosette : Sodomiste. — Du printemps : Niais portant un œillet rouge à la boutonnière pour singer une décoration.
Chevelu (Art, école) : Art, école Romantique. — Les longs cheveux y étaient de mode. — « Il peuplait mon salon de jeunes célébrités de l’école chevelue.» — L. Reybaud. — « L’art chevelu a fait une révolution pour abolir les tirades de l’art bien peigné. » — Id.
Cheveu : Inquiétude, souci aussi tourmentant qu’un cheveu avalé l’est pour le gosier. « Veux-tu que je te dise, t’as un cheveu. — Eh bien ! oui, j’ai un cheveu. » Monselet.
chèvre (Gober sa) : Se mettre en colère. — La chèvre est peu endurante de sa nature.
Chevronné: Récidiviste (Vidocq). — Allusion aux chevrons qui marquent l’ancienneté du service militaire.
chic : Élégance. — « Vous serez ficelé dans le chic. » — Montépin. — « L’officier qui a du chic est celui qui serre son ceinturon de manière à ressembler à une gourde.» — Noriac. — À l’École de Saint-Cyr, sous le premier Empire, chic était déjà synonyme d’Élégance militaire.
chicard : Le héros du carnaval de 1830 a 1850. Son costume, bizarre assemblage d’objets hétéroclites, se composait le plus souvent d’un casque à plumet colossal, d’une blouse de flanelle et de bottes fortes. Ses bras à moitié nus s’enfonçaient dans des gants à manchette de buffle. Tel était le fond de la tenue ; quant aux accessoires, ils variaient à l’infini. Celui qui le premier mit ce costume à la mode était un marchand de cuirs ; son chic le fit nommer Chicard. Il donna des bals et inventa un pas nouveau. — « Et puis après est venu Chicard, espèce de Masaniello qui a détrôné l’aristocratie pailletée des marquis, des sultans et a montré le premier un manteau royal en haillons. » — M. Alhoy. — « L’homme de génie qui s’est fait appeler Chicard a modifié complètement la chorégraphie française. » — T. Delord. — « La sage partie du peuple français a su bon gré à maître Chicard d’avoir institué son règne de mardi-gras. » — J. Janin. — « Mais qu’aperçois-je au bal du Vieux Chêne ? Paméla dansant le pas chicard. » — Chauvelot aîné, Chanson.
Chicane (Grinchir à la) : Prendre la bourse ou la montre d’une personne en lui tournant le dos. Ce genre de vol exige une grande dextérité (Vidocq). — De là le mot de chicane qui a le sens de finesse.
Chicorée : V. Café.
chien : Mot d’amitié. V. Chat.
Chiffarde : Pipe (Vidocq).
Chifferton : Chiffonnier (id.).
Chiffon : Mouchoir. — Chiffonnier : Voleur de mouchoirs.
Chigner : Pleurer. — « Ça lui fera du bien de chigner. » — Balzac.
chiner : Aller à la recherche de bons marchés. — « Remonenq allait chiner dans la banlieue de Paris. » — Balzac. — « Les roulants ou chineurs sont des marchand d’habits ambulants qui, après leur ronde, viennent dégorger leur marchandise portative dans le grand réservoir du Temple. » — Mornand.
Chinois : Homme original, fantasque. — « Là-dessus, v’là mon Chinois qui se fâche. » — Monselet.
Chique : Église (Vidocq). V. Momir, Rebâtir.
Chique : V. Chic. — Chiquement : Avec chic.
Chiquer : Faire avec chic, supérieurement. — « Je leur en ferai des discours, et des chiqués. » — Chenu. — « Auprès d’elle, Eugénie Nu Bras, Nous chique avec génie, Son pas. » — 1846, Priv. d’Anglemont.
chocnoso, sof, sophe, sogue, koxnoff : Brillant. — On ne paraît pas bien fixé sur l’orthographe de ce mot. — « Dans cette situation, comment dire ?… — Chocnoso… » — Balzac. — Dans Pierre Grassou, le même auteur écrit Chocnosoff. — « Je m’en vais chez le restaurateur commander un dîner kox-noff. » — Champfleury — « C’est koksnoff, chocnosogue, chicardo, snoboye. » — Bourget, Chansons. — « Sa plume était chocnosophe, et ses goûts ceux d’un pacha. » — Commerson.
Cholette : Demi-litre (Vidocq)
Choper : Voler (Vidocq). — Mot à mot : toucher quelque chose pour le faire tomber. — Roquefort donne choper dans ce sens.
Chose, Machin : On appelle ainsi celui dont on ne se rappelle pas le nom (Dhautel). — « Chose est malade. — Qui ça, Chose ?) » — H. Monnier. — La coutume est ancienne. Tallemant des Réaux conte que M. le Mage, conseiller à la Cour des aides, dit toujours Chose au lieu du nom. »
chou : Sobriquet amical. — « L’une m’appelle mon chou, mon ange. » — Francis, 1825.
Choucroute (Tête ou Mangeur de) : Allemand.
Chou colossal : Entreprise destinée à tromper le public par des promesses ridiculement alléchantes. — « Il y a deux ou trois ans, on vit à la quatrième page des journaux un éloge pompeux d’un nouveau chou… Ce chou était le chou colossal de la Nouvelle-Zélande, servant à la fois à la nourriture des hommes et des bestiaux et donnant un ombrage agréable pendant l’été. C’était un peu moins grand qu’un chêne, mais un peu plus grand qu’un prunier. On vendait chaque graine un franc… On en achetait de tous les coins de la France. — Au bout de quelques mois, les graines du chou colossal avaient produit deux ou trois variétés de chou connues et dédaignées depuis longtemps. La justice s’en mêla. » — Alph. Karr, 1841. — L’inventeur du chou colossal était un bonnetier. Il se suicida en voyant la mauvaise tournure que prenait la spéculation.
chouette, tard, taud : Parfait. — « Cré chien ! Loïse, t’as là une casquette un peu chouette !… » — Gavarni. — « Ah ! vous avez là une chouette femme. » — Gavarni. — Voici peut-être un des premiers exemples du mot : « Ma femme sera coincte et jolye comme une belle petite chouette. » — Rabelais.
Chourin : Couteau. — Chouriner : Donner des coups de couteau. Formes des mots surin et suriner, usités dans le même sens. — Le Chourineur est un type des Mystères de Paris d’E. Sue.
Chrétien (Lait) : Lait baptisé, étendu d’eau. — « Une douzaine de drôlesses déguisées en laitières vendent du lait trois fois chrétien. » — Privat d’Anglemont.
cigale : Pièce d’or (Vidocq). — Comparaison du tintement des louis au cri de la cigale.
cigogne : Préfecture de police. — « Railles, griviers et cognes nous ont pour la cigogne en partie tous paumés. » — Vidocq. — V. Dab.
Cipal : Soldat de la garde municipale. — « Les danses ont été légèrement échevelées, mais, suivant les auteurs de la Corde sensible : Le Cipal n’a rien a dire Aux entrechats de la vertu. » — Naquet.
citron : Note aigre. — « Trois citrons à la clef. » — Nadar.
Claques (Figure à) : Figure qu’on souffletterait volontiers. — « Oui, ces figures a claques, nous les caresserons. » — Cogniart, 1831.
Civil : Bourgeois. V. Astiquer.
Clair : Œil. — Allusion à l’éclat du regard. — « Allumez vos clairs et remouchez. » — Balzac.
claquer : Mourir. Terme figuré. Ce qui claque, dans le sens ordinaire, est hors de service. — « C’est là que j’ai appris, entre autres bizarreries, les dix ou douze manières d’annoncer la mort de quelqu’un : Il a cassé sa pipe, — il a claqué, — il a fui, — il a perdu le goût du pain, — il a avalé sa langue, — il s’est habillé de sapin, — il a glissé, — il a décollé le billard, — il a craché son âme, etc., etc. » — Delvau
Clarinette : Fusil de munition. — « Quant au fantassin, il est obligé de porter un fusil de quatorze livres, aimable clarinette de cinq pieds. » — Vidal, 1833. — V. Agrafer, Toile.
Cliché : Invariable. — Synon. de Stéréotypé, et emprunté comme lui à certains procédés d’impression. — « Tel est le discours cliché que le vénérable baron Taylor a en réserve pour toutes les circonstances. » — Figaro.
Cloporte : Portier. — Calembour : clôt-porte. — « Je connais le truc pour apprivoiser les cloportes les plus farouches. » — Montépin.
Cloche de bois (Déménager à la) : Déménager furtivement en tamponnant la clochette d’éveil adaptée aux portes de beaucoup d’hôtels garnis.
clou : Prison. On ne peut pas en bouger plus que si on y était cloué. — « Je vous colle au clou pour vingt-quatre heures. » — Noriac.
cocarde : Tête. — En prenant la coiffure pour la tête, on a dit taper sur la cocarde ou sur le pompon, pour : frapper sur la tête de quelqu’un.
Cocardier : Homme fanatique de son service, zélé jusqu’à l’exagération de ses devoirs. — Cette dénomination spéciale à l’armée se sent plus qu’elle ne s’explique. Le cocardier croit avoir toujours l’honneur de sa cocarde à soutenir.
Coco : Cheval. — « Ce grossier animal qu’on nomme vulgairement coco. » — Aubryet.
Cocodès : Jeune dandy ridicule. — Diminutif de coco pris en mauvaise part. — « Ohé ! ce cocodès a-t-il l’air daim ! » — L. de Neuville. — Une physiologie des Cocodès a paru en 1864.
cocotte : Femme galante. — Mot à mot : courant au coq. — On disait jadis poulette. « Mme Lacaille disait à toutes les cocottes du quartier que j’étais trop faible pour faire un bon coq. » — 1817, Sabbat des Lurons. — Aujourd’hui une cocotte est un embryon de lorette. — « Les cocottes peuvent se définir ainsi : Les bohèmes du sentiment… Les misérables de la galanterie… Les prolétaires de l’amour. » — Les Cocottes, 1864.
Coenne de lard : Brosse (Vidocq). — Allusion aux soies qui garnissent la coenne.
Cœur sur le carreau (Jeter du) : Vomir. — Ce calembour se trouve déjà dans Le Roux (1718) et dans les Jeux d’esprit de La Châtre.
cognac, cognard, cogne : Gendarme (Vidocq). — Est-ce parce qu’ils cognent les malfaiteurs. V. Cigogne, Raille.
Coiffer : C’est-à-dire : coiffer de cornes, faire une infidélité conjugale. — « Mariez-vous, et par votre compagne, Heureux coiffeur, ne soyez pas coiffé ! ! ! » — La Bédollière.
Col (Se pousser du) : Se faire valoir. Passer la main sous le menton en renversant la tête est un geste de présomptueux. — « Toi qui te poussais tant du col, Nous t’avons pris Sébastopol. — Remy, Chanson, 1856.
Colas, Colin (Vidocq). — Diminutif de col. — Faucher le colas : Couper le cou.
Colback : Conscrit. — Comparaison de sa chevelure, qui n’est pas encore taillée militairement, au bonnet à poil dit colback.
Collage : Liaison galante de longue durée.
Colle : Mensonge. — Nous trouvons dans la Juliade (1651) : « Pour mieux duper les amoureux, Être adroit à ficher la colle. » — Les coquillards de Dijon disaient dès 1455 : faire la colle, pour feindre.
Colle : Examen préparatoire. — « On est toujours tangent à la colle. » — La Bédollière.
Collége : Prison. — Collégien : Prisonnier (Vidocq). — Ces mots ont dû être inventés par un malfaiteur qui avait reçu de l’éducation.
Colletin : Force (Vidocq). — Vient de Colleter.
Collier, Coulant : Cravate (Vidocq). — Mots expressifs et bien dus aux voleurs qui voient dans la cravate un moyen de vous étrangler.
coloquinte : Tête de forte dimension. — Allusion de forme. — « Je crois que vous avez la coloquinte tant soit peu dérangée. » — L. Desnoyer.
Coltiger : Arrêter. — Diminutif de Colleter. — « J’ai été coltigé et trois coquins de railles sur mesigue ont foncé, ils m’ont mis la tortouse. » — Vidocq.
Comberger : Compter (Vidocq).
combre, combrieu : Chapeau (Vidocq). — Même observation pour ce mot que pour cabe et calvin. Le chapeau est ce qui ombrage la tête et, par contraction, ce qu’ombre. — Combrieu est un diminutif de Combre. V. Tirant.
Come : Commerce (Vidocq). — Abréviation.
Comme il faut : Air de bonne compagnie. — «Tu les reconnais à leur élégance un peu prétentieuse, à leurs grâces étudiées, à leur comme il faut qui manque de naturel. » — J. Janin.
compas (Ouvrir, fermer le) : Activer, ralentir sa marche. — « Nos conscrits ferment le compas. » — Comparaison des jambes aux branches d’un compas.
Complet (Être) : Être complètement ivre.
Compote (Mettre en) : Contusionner fortement. On dit aussi en marmelade (Dhautel, 1808). — « M’éreinter un chapeau, me mettre le nez en compote un jour de bal. » — Michel.
Compte (Avoir son) : Être complètement ivre, avoir absorbé son compte de liquide.
Comtois : Niais. — Diminutif de c-n : imbécile. — Sans doute qu’elle bat comtois. » Decourcelle. — V. Battre.
Condé : Maire — Demi-condé : Adjoint. — Grand condé : Préfet de police. — Diminutif dérivant du même mot que le précédent.
Condé franc : Magistrat corrompu.(Vidocq). — V. Affranchir.
Conduite (Faire la) : Chasser avec voies de fait. — « les Français-Anglais vont te faire la conduite. » — Layale, Chansons, 1855.
Connaissance : Maîtresse. — « Ah ! vous avez une connaissance, monsieur ! » — De Leuven.
Connasse : Les femmes inscrites à la police donnent ce nom à toutes celles qui ne le sont pas.
Connir : Tuer (Vidocq). V. Sciage. — La mort est la conne.
Connobrer : Reconnaître (id.). — Corruption de mot.
Conservatoire : Mont-de-Piété (Vidocq). — On y conserve les objets mis en gage.
Consolation : Eau-de-vie. — Ce mot dit avec une éloquence navrante ce que le pauvre cherche souvent dans un petit verre ; — L’oubli momentané de ses maux, et souvent de sa faim. — « Bon, il entre dans le débit de consolation.» — E. Sue.
Consomm : Rafraîchissement. — Abrév. de consommation. — « Ces dames doivent être altérées par la danse, ce dont elles ne disconviennent pas. Partant de là, il les supplie d’accepter une consomm. » — Mornand.
copain : « Être copain, c’est se joindre par une union fraternelle avec un camarade, c’est une amitié naïve et vraie qu’on ne trouve guère qu’au collège.» — H. Rolland. — Du vieux mot compain : compagnon. V. Roquefort.
Copeau : Ouvrier en bois. — Mot à mot : faiseur de copeaux.
coquer : Dénoncer. — Mot à mot : cuisiner, apporter tout préparé. — Du vieux mot coc : cuisinier (coquus). V. Raynouard. — On retrouve la même allusion dans les mots cuisinier et casserole. — « En province, il avait coqué quelqu’un de leur bande.» — E. Sue.
coqueur : « Le coqueur vient dénoncer les projets de vol à la police de sûreté. Le coqueur est libre ou détenu. Ce dernier est coqueur mouton ou musicien. Le mouton est en prison et capte ses codétenus. Le musicien ne révèle que ses complices. — Ce métier de dénonciateur s’appelle coquage. La musique est une réunion de coqueurs (musiciens). » — Canler.
Coquille de noix : Petite barque, petit navire. — Image très juste. — « Napoléon met le pied sur une coquille de noix, un petit navire de rien du tout. » — Balzac.
Coquillon : Pou (Vidocq). — Comparaison du pou à une très-petite coquille.
corbeau : Frère de la doctrine chrétienne. — Allusion aux longues robes noires de cet ordre.
Corde (Tenir la) : Avoir la vogue. — « Qui est-ce qui tient la corde en ce moment dans le monde dramatique ? » — Figaro.
Corne : Puanteur. — Corner : Puer (Vidocq). — Vient peut-être de cor : cœur, qui a fait au moyen âge coreux : répugnant, écœurant. V. Roquefort.
cornante : Bête à cornes (Vidocq)
Cornard : Cocu. — Mot à mot : porte-cornes. — Cornard : À l’École de Saint-Cyr, on ne mange que du pain sec au premier déjeuner et au goûter, et les élèves prennent sur leur dîner de quoi faire un cornard — « Faire hommage de votre viande à l’ancien pour son cornard. » — De la Barre.
Cornet : Estomac. — « Je n’suis pas fâché de m’mettre quelque chose dans le cornet. » — H. Monnier. — Rincer le cornet : Donner à boire.
Cornet d’épices : Capucin (Vidocq). — Allusion au capuchon brun que représente assez bien un grand cornet d’épicier.
cornichon : Veau (id.). — Mot à mot : fils de cornante. — Cornichon : Niais (Dhautel, 1808). — « Jour de Dieu ! Constantin, fallait-il être cornichonne. » — Gavarni. — Cornichon : Élève de l’École militaire. — « Une fois en élémentaires, il se bifurque de nouveau en élève de Saint-Cyr ou cornichon, et en bachot ou bachelier ès-sciences. » — Institutions de Paris, 1858.
Cosaque : Brutal, sauvage, maladroit.
Côte (Être à la) : Être à sec d’argent. On est à flot quand la fortune sourit. — « Si vous êtes vous-même à la côte, — quelles singulières expressions on a dans les coulisses pour exprimer qu’on manque d’argent.» — Achard.
Côtelettes : Favoris s’élargissant au bas des joues, de façon à simuler la coupe d’une côtelette.
Coterie : « Les tailleurs de pierres s’interpellent du nom de coterie. Tous les compagnons des autres états se disent pays. » — G. Sand.
Coton (Filer un mauvais) : Se mal porter. Rappel mythologique du fil de la Parque. — « Il file un mauvais coton. » — E. Jourdain.
Cou (Casser Le) : « Viens-tu casser le cou à une gibelotte ? » — Nadar. — C’est-à-dire : Viens-tu manger un lapin ? On casse le cou de l’animal devant vous pour que vous ne craigniez pas de manger du chat.
couac : Fausse note. V. Canard. — « Il lui échappa un couac épouvantable au milieu d’un couplet. » — A. Signol.
coucou : Cocu. — « Une simple amourette Rend un mari coucou. » — Chansons. impr. Chassaignon, 1851. — En 1350, un mari trompé s’appelait déjà en bas latin cucullus (prononcez coucoullous), et, en langue romane, cous. V. Du Cange.
Coude (Lâcher le) : Quitter — « Vous n’pourriez pas nous lâcher le coud’bientôt. » — Léonard, parodie, 1863. — Allusion à la recommandation militaire de sentir les coudes à gauche, en marche.
couenne : « On dit d’un nigaud, d’un maladroit, d’un sot qu’il est couenne. » — Dhautel, 1808. — V. Coenne.
Couillé : Niais. — Forme de couyon. — « Un couillé, j’ai remouché. » — Vidocq.
Coule (À la) : Adroit, expert en l’art de se couler entre les obstacles.
Couleur : Soufflet. — Il colore la joue. — « J’bouscule l’usurpateur, Qui m’applique sur la face, Comm’on dit, une couleur. » — Le Gamin de Paris, chanson, 184…
Coulissiers : « Les coulissiers sont des agents de change sans brevet ; ils traitent des opérations pour leur compte et pour celui de leurs clients ; on leur paie moitié courtage, ils ont une chambre organisée comme la chambre syndicale des agents de change ; on en cite de très-honorables et de très-riches, offrant tout autant de garantie que des agents de change. Ils se réunissent à midi sur les boulevarts, ils établissent le cours de la rente qui souvent est accepté par le parquet. À la Bourse, ils se placent à peu de distance des agents de change, à gauche de la corbeille. Les opérations de la coulisse s’élèvent à un chiffre énorme. » — De Mériclet.
Courailler : Donner dans la galanterie facile. — « Vous l’auriez empêché de courailler. » — Balzac.
courbe : Épaule (Vidocq). — Allusion de forme.
courir (Se la) : S’enfuir. — Se courir : Se méfier (Vidocq). — Vient de l’ancien verbe se covrir : se couvrir, se protéger.
Coup à monter : Grosse entreprise. — « Un coup à monter, ce qui, dans l’argot des marchands, veut dire une fortune à voler. » — Balzac.
Coupe (Tirer sa) : Nager. — « Rodolphe, qui nageait comme une truite… se prit à tirer sa coupe avec toute la pureté imaginable. » — Th. Gautier.
Coupe-choux : Sabre d’infanterie. — L’emploi de cette arme est en campagne des plus pacifiques. — « Mon coupe-choux au côté. » — Lacassagne.
Coupe-ficelle : Artificier d’artillerie.
Coupe-sifflet : Couteau. V. Couper.
couper la gueule à quinze pas : Exhaler une si mauvaise odeur qu’on la sent à quinze pas. — Cette expression ne manque pas de justesse, car la bouche souffre autant que le nez en pareil cas. — « Quand elle a mangé du cerv’las, Ça vous coup’la gueule à quinz’pas. » — Colmance.
Sous le premier Empire, M. de Beaumont annonça au cercle des Tuileries : « Mme la maréchale Lefebvre ! » — L’empereur s’avance et lui dit : « Bonjour, Mme la duchesse de Dantzick ! » — Celle-ci se retourne et dit au chambellan trop laconique : « Ah ! ça te la coupe, cadet ! »
couyon, Couillon : Lâche, poltron. — Du vieux mot coion qui a le même sens (V. Roquefort), et qui est un diminutif de coy : tranquille, indolent. — Mazarin est souvent appelé coyon dans les pamphlets de la Fronde. — « Beaulieu, Cobourg en furent touchés De voir leur troupe à l’abandon Qui fuyoient comme des couillons Devant les patriotes. » — Mauricault, Chanson, 1794.
Cracher : Parler (Vidocq). — Mot à mot : cracher des paroles.
Crampe (Tirer sa) : Fuir. — « Elle a pris ses grands airs et j’ai tiré ma crampe. » — Montépin.
crampon : Fâcheux dont on ne peut se débarrasser.
Cran (Lâcher d’un) : Planter là, abandonner subitement. — « Nous vous lâcherons d’un cran. » — Vidal, 1833.
Crâne : Hardi. — « Est-il crâne cet enragé-là ! » — P. Lacroix, 1832.
crapaud : Homme petit et laid. — Crapoussin, qui a le même sens, est son diminutif. — Usité dès 1808. — « Tiens ! Potier, je l’ai vu du temps qu’il était à la Porte-Saint-Martin. Dieux ! que c’crapaud-là m’a fait rire ! » — H. Monnier.
Créateur : Peintre (Vidocq). — Il renouvelle en effet sur la toile l’œuvre de la Création.
Créature : — « Pour la grande dame qui se voit enlever ses adorateurs par une grisette, cette grisette est une créature ! » — L. Huart.
Crêper le toupet : Prendre aux cheveux, battre. — « Nous v’là tous deux à nous crêper le toupet. » — Letellier, 1839.
Crépin : Cordonnier. — Mot à mot : enfant de saint Crépin. — On sait que saint Crépin est le patron des bottiers et des cordonniers. — « Je défie bien le Crépin de me faire des bottes plus justes. » — La Correctionnelle.
Crépine : Bourse (Vidocq). — Ce doit être, comme le crapaud, une bourse de cuir.
Crie, Criolle : (Vidocq). — Viande. V. Artie.
CRIBLAGE : Cri. — « On peut les pésiguer et les tourtouser en leur bonnissant qu’ils seront escarpés s’il y a du criblage. » — Vidocq.
Cribler : Crier. — Corruption du mot crier. V. Charron.
Cribleur de lance : Porteur d’eau. — Il crie à l’eau.
CRIQUE : Eau-de-vie (Vidocq). — « Un verre de criq’ ne fait pas de mal. » — J. Choux.
CRISTALLISATION : Condensation intellectuelle. — « Un homme d’esprit, Stendhal, a eu la bizarre idée de nommer cristallisation le travail que la pensée de la marquise fit avant, pendant et après cette soirée. » — Balzac. — On sait que la cristallisation unit et solidifie les parties d’une substance dissoute dans un liquide.
CRISTALLISER : Paresser au soleil. — Terme de chimie. — « Permis à tous de se promener dans les cours, de fumer leur pipe,, de cristalliser au soleil. » — La Bédollière.
CROCHER (Se) : « Je grille de vous voir crocher avec le Maître-d’École, lui qui m’a toujours rincé. » — E. Sue. — V. S’Accrocher.
CROISANT : Gilet (Vidocq). — Il croise sur la poitrine.
CROQUER : Esquisser, dessiner. — « Si je croquais ce chêne avant de déjeuner ! » Marcellin.
CROSSE : Ministère public (Vidocq). — Il frappe (crosse) les accusés.
CROSSER : Sonner. — Mot à mot : frapper sur l airain. — « Quand douze plombes crossent, les pègres s’en retournent au tapis de Montron. » — Vidocq.
Croupionner : Remuer du croupion, faire bouffer un vêtement sur le croupion.
Croûte (Vieille), Croûton : Homme arriéré. — « Refuser ce tableau ! Quels croûtons ! » — Bertall.
Croutéum : Collection de croûtes ou de mauvais tableaux. — « Bientôt la boutique, un moment changée en croutéum, passe au muséum. » — Balzac.
Croutonner : Mal peindre, peindre des croûtes. — Bertall.
Cruche, Cruchon : Épais de forme et creux d’esprit. — « Il est assez cruche, pour ne pas comprendre. » E. Sue.
Crucifix à ressorts : Pistolets (Vidocq). — Ils se présentent comme le crucifix aux heures suprêmes.
cuir : Peau. — « C’était aux nègres qu’il en voulait, à cause du coloris de leur cuir. » — L. Desnoyer. — Tanner le cuir : Battre.
Cuirassier : Homme fréquemment coupable des fautes de liaison appelées cuirs. — « Veux-tu savoir ta langue et l’ostographe ? Prends moi z’un cuir, prends moi z’un cuirassier » — Festeau.
Cuisine : Préfecture de police. — Cuisinier : Agent de police (Vidocq). — Cuisinier : Dénonciateur, espion. — « Lui qui avait servi plusieurs fois de cuisinier à la police. n — Canler. — « Mauvais signe ! un sanglier ! comment s’en trouve-t-il un ici ? — C’est un de leurs trucs, un cuisinier d’un nouveau genre. » Balzac. — V. Coqueur.
Cuit : Perdu — « Cuits, cuits ! les carlistes, ils seront toujours cuits. » — Métay, 1831.
Cul : Homme bête et grossier. — Cul goudronné : Matelot. — Cul de plomb : Homme sédentaire, peu alerte (Dhautel, 1808). — Cul rouge : Soldat porteur du pantalon rouge qui compose l’uniforme de presque toute l’armée. — Autre temps, autres culottes. Au dix-huitième siècle, on disait cul blanc, témoin ce passage des Mémoires de Bachaumont : « Le 27 janvier 1774. Il est encore arrivé à Marseille à la Comédie une catastrophe sanglante. Un officier du régiment d’Angoulême était dans une première loge ; il s’était retourné pour parler à quelqu’un. Le parterre, piqué de cette indécence, a crié à bas, cul blanc ! (le blanc est le fond de l’uniforme de l’infanterie), » etc., etc.
Culbute : Culotte (Vidocq). — Jeu de mots. C’est dans la culotte qu’on bute cul. (Buter : Pousser. V. Du Cange.) — V. Affure.
Cupidon : Chiffonnier (Vidocq). — Comparaison ironique du carquois et du trait de l’Amour à la hotte et au crochet du chiffonnier.
Culotte : Partie de dominos qui procure au gagnant un grand nombre de points. Les joueurs, n’ayant plus de quoi poser, sont obligés d’abattre leurs dominos. Celui qui conserve les moins élevés, bénéficie des points de son adversaire, il fait une culotte. — « Le joueur de dominos préfère le double-six culotte avec six blancs dans son jeu. » — Luchet.
Culotte : « Plus d’une fois, il est arrivé qu’un étudiant poursuivi par le guignon s’est vu mettre sur son compte toutes les demi-tasses consommées dans le courant de la soirée par tous les habitués du café. Total : cinquante ou soixante francs. Cela s’appelle empoigner une culotte. » — Louis Huart.
Se donner une culotte, se culotter : Faire excès de boire ou de manger. — Donné déjà par le Dict. de Leroux, 1718. — Synonyme d’un terme fréquemment employé : S’en donner plein la ceinture. — « Nous pouvons donc enfin nous culotter avec du vin du tyran. » — Chenu. — « Un ivrogne ferait bien mieux de s’acheter un pantalon que de se donner une culotte. » — Commerson.
Culotte se prend au figuré pour tout autre excès — « Nous nous sommes donné une fameuse culotte monarchique et religieuse. » — Balzac.
CULOTTÉ : Bistré. — « Les yeux culottés par les veilles malsaines. » — Delvau. — Culotté : Aguerri. — « Oh ! ma chère, je suis culottée, vois-tu. » — Gavarni. — Dans ces deux acceptions, comme dans la suivante, il y a évidemment allusion au culottage de la pipe.
Se culotter : Se former, prendre une tournure décidée. — « Voici un pied d’Andalouse, se dit-il à part lui, ceci est d’une bonne couleur, et ma passion se culotte tout à fait. » — Th. Gautier, 1838.
CUMULARD : « Fonctionnaire qui cumule les émoluments de plusieurs places. » — Lubize. — « Le cumulard est travailleur, il a de l’esprit. » — Balzac.
curieux : Juge d’instruction. — Il est curieux par métier. — « Le curieux a servi ma bille (mon argent). » — Vidocq. V. Escrache.
Cylindre (Se faire éclater le) : Crever. — « Une biche dit : Mon p’tit homme : Je mangerais bien des fraises, des p’tits pois, Paye m’en !… La scène était à peindre. Le cocodès dit en baissant la voix : Tu t’en ferais éclater le cylindre. » — Alphonse Duchesne.