Les Hautes Montagnes/10

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(p. 21-23).

10. Premier soir dans la forêt.

Ils arrivèrent au Verdoyant tard le soir.

Huit cabanes les attendaient au milieu des pins. Voilà leur petit village !

Combien elles leurs semblèrent petites, misérables ! Pour passer sous la porte il fallait baisser la tête.

— Mais quoi ? On va s’installer ici ? demandaient-ils.

— Qu’est-ce que c’est que ces portes ? dit l’un.

— On n’aura donc qu’une seule pièce ? demandaient d’autres.

— Où est le lit ?

— Il n’y a même pas une chaise !

C’est vrai que les cabanes n’avaient rien de tout cela. Chaque cabane était une pièce faite de branches, juste de quoi protéger son homme du vent et de la pluie.

— Andréas, dit Costakis, comment s’installer là-dedans ?

Andréas se mit à rire et lui dit : « Tu vas voir comme tu vas t’y plaire toi aussi ! Moi, je me suis habitué à ma cabane, et même que je ne l’échangerai pas contre une maison ».


Costakis observait une cabane puis une autre, il entrait dans toutes et tournait en rond pour trouver la meilleure, mais aucune ne lui semblait assez bien. Kaloyannis et Mathieu entrèrent dans la plus grande cabane et annoncèrent : « voilà, ça c’est la nôtre ! »

— Eh, levez-vous de là, fit Costakis, vous avez pris ma maison.

— Quoi ? C’est ta cabane ?

— C’est bien celle-là que j’avais l’intention de prendre.

— Tu avais l’intention, mais nous, nous sommes entrés dedans, dit Kaloyannis.

— Tu vois Costakis, dit M. Stéphane, à trop hésiter tu vas finir par rester sans maison.


Andréas le fit s’installer avec deux autres dans la même cabane, et ensuite il décida pour tout le monde où chacun allait s’installer.

Ils détachèrent alors les cargaisons et commencèrent à récupérer chacun ses affaires : des couvertures, des vêtements, des paquets de vivres, des petits sacs, des bidons, qu’ils emportaient et mettaient au fur et à mesure à l’intérieur.

« Si au moins on avait une armoire…, disaient-ils. Une étagère, un bahut… »

Comme le temps passait, ils comprenaient pourtant qu’ils pourraient s’en passer.


Après avoir préparé leur maisonnée ils sortirent voir la forêt. À cette heure le soleil se couchait et les troncs d'arbres luisaient d’une lumière rouge.

Des arbres grands et vieux les entouraient, et aussi d’autres jeunes et tout verts. Beaucoup de broussaille recouvrait le sol.

En peu de temps toute cette forêt s’est remplie d’obscurité.

Alors, seuls dans la nuit, les jeunes voyageurs ont senti comme ils avaient besoin les uns des autres.


Fatigués comme ils étaient, ils sont tombés de sommeil sur les branches sèches qui leur servaient de matelas.

Mais tandis que leurs yeux se fermaient lentement, on entendit le cri d’un coq. Comme ils l’avaient libéré et qu’il s’était dégourdi, le petit coq qu’ils avaient apporté de la ville se mettait à chanter « cocorico ! » comme si c’était le matin. Ce chant était si inattendu que les enfants ont éclaté de rire.

« Non, c’est déjà l’heure de se lever ? » s’exclamaient-ils.

« Cocorico ! » chanta encore le coq, mais cette fois d’une voix enrouée.

Mais autant celui-ci voulait faire venir le matin, les enfants avaient bien sommeil et se sont endormis tout doucement.