Les Hautes Montagnes/11

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Traduction par des contributeurs de Wikisource.
(p. 23-25).

11. Étoiles, grillons et cloches.

Nos amis dorment profondément dans leurs cabanes. De temps en temps l’un d’eux parle en dormant.

Quelques-uns hurlent : « demain on part en montagne ! » et se rendorment.

L’un dit : « C’est pas le moment d’aller à l’école, je te dis. La cloche n’a pas sonné ! »

Un autre : « Maman, je veux pas une tartine si petite ! »

Un troisième : « Gare à ma mère ! j’ai pris tous les bonbons dans l’armoire. »

C’était Foudoulis. Quand il s’est réveillé et a vu qu’il n’avait rien, il en fut vexé. Il ne voulait pas se rendormir de peur que ça le reprenne. Mais la fatigue l’assomma.


Phanis a ouvert les yeux. Par quelques trous dans la cabane il voit le ciel, et que c'est encore la nuit.

Mais il n’arrive pas à se rendormir. Il s’habille et se glisse hors de la cabane ; il veut voir la nuit dans la forêt. Il s’assit là dehors, à même le sol.


C’est la première fois qu’il voit un ciel si profond. Toutes ces étoiles ! C’est comme un immense essaim doré qui se disperse dans le ciel pour butiner.

Beaucoup d’étoiles ici, moins d’étoiles plus bas. Par là deux étoiles ensemble. Par là une seule, comme oubliée. Cinq-six étoiles ensemble qui font une petite branche. C’est peut-être les Pléiades ?

Au-dessus de Phanis, au milieu du ciel, une petite rivière blanche coule tranquillement du nord au sud ; elle déverse des myriades de petites étoiles blanches comme des fleurs.


Dans la forêt, des grillons innombrables chantaient tous le même refrain.

Sur leurs pierres ou de leurs trous dans le sol, ces petits chanteurs voyaient la lueur des étoiles et ils stridulaient.

Ensuite les cloches des troupeaux se sont fait entendre au loin. Ce sont les Valaques. Le grand troupeau qui pâture doit être le leur.

Écoute toutes ces cloches !… Petites, grandes, hautes, profondes, douces, rocailleuses. D’innombrables tintements, comme les étoiles, comme les grillons.

Et soudain une étoile verte s’est allumée. Comme si elle était très joyeuse, elle a filé entre les autres et a disparu…

Quelle belle nuit !


Phanis a commencé à avoir froid, il est entré à l’intérieur pour s’allonger. Mais même de l’intérieur il voyait briller les étoiles.

Toutes ces étoiles lui semblaient être les siennes. Aucun autre ne les avait vues.

Il s’est endormi en écoutant les cloches.