Les Hautes Montagnes/12

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(p. 25-27).

12. Les enfants forment une communauté.

Le soleil est très haut. Les cigales chantent à fond. Mais personne n’a envie de quitter son lit, on se tourne et se retourne sur le côté.

— Allez debout, dit Andréas tournant autour des cabanes ; On a du boulot.

— Quel boulot ? gémit Dimitrakis, en se frottant un œil.

— Il faut qu’on mange maintenant qu’on est installés.

— Ah bon, c’est du boulot, ça ?

— On va bien voir, une fois que tu seras levé.


Dimitrakis réclamait la bassine pour se débarbouiller. Il n’avait pas encore compris où ça se passait. Il suivit les autres qui se moquaient de lui et, en quelques pas, ils sont arrivés à la fontaine. L’eau leur piqua aux oreilles.

Un enfant, Panos, fit à Dimitrakis qui se débarbouillait  « Ouh-là, c’est froid ! » tout en le maintenant la tête sous la fontaine. Dimitrakis criait comme un biquet. Panos le lâcha et se mit alors la tête sous la fontaine. Il laissait l’eau froide lui couler sur la nuque, sur la poitrine.


Quand ils furent lavés, M. Stéphane est venu les voir. Le brave homme qui les avait amenés ici devait partir au village pour ses affaires. En partant il leur a dit ceci :

« Pour que vingt-six personnes vivent en montagne, il faut qu’ils se débrouillent de leurs propres mains. Qu’ils cuisent le pain, qu’ils amènent l’eau, qu’ils fassent le repas.

« Vous êtes vingt-six camarades et vous allez devoir vivre ensemble ; vous avez les mêmes difficultés et les mêmes atouts. Vous faites donc une communauté. Comment celle-ci peut-elle vivre sans magasin, sans moulin, sans rien ?

« L’un de vous doit devenir boulanger, un autre épicier, un autre meunier. Tout ce dont vous avez besoin pour survivre il faut que vous le trouviez vous-même, comme le font les bergers, les Valaques et les bûcherons. Allez-vous manger ou pas aujourd’hui ?

— On va manger ! répondit Foudoulis.

— On va bien voir si vous allez manger. Pour aujourd’hui vous avez un cuistot : Andréas. Il a appris chez les bûcherons à préparer la ratatouille. Aujourd’hui c’est lui votre cuisinier. Maintenant vous allez tous aider pour préparer le repas. »

Georgeakis, Alekos et Dimitrakis ont pris la corvée de patates, Dimos et Kaloyannis la préparation des haricots et des tomates. D’autres se sont occupés des oignons et d’autres ont allumé le feu.


« Et ceux qui sont en trop que vont-ils apporter à la communauté ? » demanda Costakis.

— Notre appétit, répondirent-ils en riant.

— Ça va, on en a déjà nous aussi, dit Andréas. Mais en fait il y a du travail pour vous.

Il y avait effectivement pas mal de travail pour eux. Il fallait qu’ils tournent entre les cabanes, dans la communauté, pour repérer les lieux, les arbres, et décider où installer le coin cuisine, le magasin, les étagères.

D’autres devaient vérifier s’il y avait tout ce qu’il faut pour faire à manger. Peut-être qu’il manque des cuillères ou des casseroles, vu qu’il manque justement la poêle et qu’il faut aller la demander aux bûcherons.

D’autres encore devaient aller voir les Valaques pour savoir quels vivres ils pourraient prendre chez eux en cas de besoin. Et enfin il fallait savoir s’il y a un village dans les parages, et à quelle distance.