Les Hautes Montagnes/18

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(p. 37-38).

18. Voies de communication avec les lieux habités.

Et maintenant il fallait établir les communications avec les lieux habités des alentours.

Étant donné qu’un homme ne peut pas vivre isolé, de la même façon une communauté ne peut pas vivre toute seule. Elle a besoin d’une autre pour pouvoir lui vendre et lui acheter.

À vendre, la nôtre n’a rien parce qu’elle ne produit rien.

Il faut pourtant qu’elle achète parce qu’elle manque de vivres.


Aujourd’hui dix enfants vont partir pour le Petit Village afin d’acheter des poules, des œufs et des oignons. Ayant d’abord demandé le chemin, pour éviter de se perdre, ils se sont mis en route.

Au bout d’une demi-heure ils ont trouvé une paysanne chargée de bois.

— Madame, où se trouve le Petit Village ?

— D’ici vous allez tout droit.

— Et ensuite ?

— En allant tout droit vous allez trouver la route qui descend ; un peu plus bas, à la bifurcation, vous irez à droite.

C’est le premier long chemin qu’ils vont parcourir. Ils ont écouté attentivement. Andréas leur a dit ceci : « une indication comme tout droit ou à droite a une grande importance pour un marcheur. Il doit bien repérer du regard les lieux où il passe pour ne pas se perdre. »


Les dix enfants ont fait comme leur avait dit la paysanne.

Ils ont suivi la route vers le bas, trouvé la bifurcation et pris sur la droite. La route était très incommode.

Ils ont marché une heure et finalement le village est apparu là où les deux falaises finissent et où se forme un cours d’eau. Les maisons étaient regroupées comme un troupeau paisible sous des platanes et des noyers touffus.


Une demi-heure avant d’arriver ils ont entendu une dispute. Ils ont vu un vieillard et un villageois se quereller au sujet du chemin qui était effondré.

— Est-ce que oui ou non c’est un chemin de la communauté ? disait le vieillard.

— Ça l’est.

— Puisque c’est une route pour moi autant que pour toi, puisque c’est pour ton animal comme pour le mien et qu’elle mène à nos champs à tous, ne faut-il pas que nous la refassions, nous, sur la partie effondrée ?

— Que les villageois du dessus la réparent. C’est pas mes affaires ?

— Eux, ils ont travaillé avant-hier à la fontaine et ils vont faire d’autres travaux pour la communauté après-demain. Aujourd’hui nous, demain eux, pourquoi se disputer ?

— Non, c’est à eux de venir travailler.

— Tu es stupide, Panagis, cria le vieillard. Voilà, tu ne favorises pas la bonne entente du village.

Et fâché, il s’engagea dans la descente.

Ce vieillard avait l’air d’être le chef du village.