Les Hautes Montagnes/20

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(p. 40-45).

20. Les enfants ouvrent des routes

Une route n’est pas faite seulement pour quelques-uns. Quelques-uns l’ouvrent et beaucoup en profitent.

La route est pour tout le monde. Elle est pour le riche et pour le pauvre, pour le maître et pour le mendiant.

Avec la route une montagne rencontre la montagne d’à côté, une cité donne la main à une autre cité.

Il y a des routes plates, larges et droites comme les routes des villes. Il y a des routes étroites et difficiles, qui gravissent les falaises, traversent les rivières et viennent dans les forêts fraîches.

Une telle route les a amenés ici, dans les hautes montagnes. C’est depuis lors que les enfants ont compris le grand bien qu’apporte une route.

Et maintenant qu’ils s’affairent eux aussi à ouvrir une route, ils ont hâte de la finir et de voir le résultat.

Bien sûr ce n’est pas une route ce qu’ils font, ce sont des petits sentiers. Mais pour leur communauté ils sont nécessaires. Est-ce que ce n’est pas un bel ouvrage ? D’autres hommes ne vont-ils pas passer par là ?

Ils calculèrent d’abord qu’ils avaient besoin d’un sentier pour aller chez les Valaques. Ceci sera le plus important car c’est chez les Valaques qu’ils s’approvisionnent.

Un autre sentier doit aller chez les bûcherons, et un autre les amener sur la route du Petit Village.

S’ils parviennent à faire ces trois sentiers, ils auront des voies de communication.


Ils ont eu bien du mal ! Il a fallu lutter avec le terrain à beaucoup d’endroits ; des racines d'arbres éloignés se jetaient là où ils voulaient faire passer la route.

Ces racines qui étaient grosses et fortes, ils ont essayé de les couper pour ne pas trébucher la nuit. Ils ont eu besoin d’une scie, d’une hache et de beaucoup de sueur.

Ailleurs ils ont rencontré un dévers important, de ceux que façonnent les eaux de pluie.

Le sentier devait passer par là. Mais à peine l’avaient-ils construit, dès qu’ils marchaient dessus, la terre dévalait. Comment la stabiliser ?

Ils ont pensé à renforcer le sentier avec un petit mur dessous. Mais pour dresser ce muret il leur a fallu beaucoup de choses qu’ils n’avaient pas imaginées : tout d’abord, une masse pour casser les pierres. Ils n’en avaient pas et ils ont envoyé de nouveau quelqu’un au chef du Petit Village pour le prier de la leur donner aussi.

— Vous allez faire un mur en pierre sèche ? demanda le chef. Bravo pour votre persévérance, mes enfants !


Avec leur persévérance ils ont fait le muret et les deux sentiers.

En marge de tout ça ils ont fait aussi quelques menus travaux dans la communauté.

Toute la place était couverte d’aiguilles de pin sèches, ils ont tout nettoyé. D’abord pour qu’ils puissent la parcourir facilement, et ensuite pour écarter le risque d’incendie ; car les aiguilles de pin sèches sont à la fois très glissantes et très inflammables.

Ils ont aussi fait un terrassement autour des pins de la salle à manger pour manger en repos.

Ils ont aussi arrangé le sentier qui va à la fontaine.


À la fin ils ont jeté un œil sur leur ouvrage et ils se sont sentis fiers.

Ils ont pensé : « Nous sommes les premiers à faire des voies de communication ici ».

Mais étaient-ils vraiment les premiers ? Non. Bien avant eux les chèvres avaient ouvert des sentiers à cet endroit, pour se déplacer en troupeau. Les sentiers de chèvres que l’on voyait partout étaient des routes communes faites par les troupeaux pour faciliter l’accès aux pâturages.