Les Hautes Montagnes/21

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(p. 45-47).

21. Et vient le renard.

Madame Renard a décidé de rendre visite à la communauté. Comme des des étrangers sont arrivés, il faut au moins leur souhaiter la bienvenue !

Elle est donc sortie de son trou pour venir. Elle a compté les habitations : une, deux, trois… cinq… huit.

« Oh ! se dit-elle, c’est une bien grande cité ! »


Elle s’approcha et les examina de près, une par une. Puis elle dressa l’oreille pour écouter attentivement.

Seul le souffle des habitants se faisait entendre. Il était minuit passé et ils dormaient profondément. C’est à cette heure-là que la renarde fait ses visites.

Elle marchait très lentement, avec politesse pour ne réveiller personne. Elle a vu le coin cuisine sous le pin, elle a observé la grande casserole qui reluisait, très propre, elle a vu la louche rangée à sa place, elle a même vu la lavette.

« Tout est bien en ordre, dit-elle, allons voir le poulailler. Est-il bien agencé ? »

Il lui a suffi de croquer deux poules pour les reconnaître : « Ces poules viennent du Petit Village ! »


Jusque-là la communauté ne s’était pas occupée de protéger ses biens. Ses magasins étaient ouverts. Pas une seule armoire, nulle part un tiroir ; pas même une clé.

Mais la renarde ne trouvait pas ça normal. Une cité doit aussi avoir un gardien.

À ce poste elle s’est désignée elle-même, et elle a très bien fait. Qui d’autre aurait pu s’en charger ? Peut-être la fouine, ou alors la belette ? Mais celles-là ne conviennent pas pour une telle fonction : « Elles sont fourbes ! ».