Les Hautes Montagnes/39

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(p. 77-79).

39. Mauvaise passe pour les coupeurs d’arbres.

Le premier soir l’ennemi n’est pas venu. Mais il est venu le deuxième.

On entendit trois coups de hache dans les parages. Celui qui frappait s’arrêta quelques secondes comme pour tendre l’oreille aux alentours. Ensuite il redonna trois coups.

Subitement quinze sifflets ont retenti dans la nuit. D’abord chacun séparément, ensuite ensemble tous les quinze, fort, très fort.

Dans la stupeur, les coupeurs d’arbres ont perdu tous leurs moyens. Où sont-ils partis, par où, personne n’a compris. Ils ont disparu. La forêt est redevenue silencieuse.


Le jour suivant on trouva là une hache et une scie. Personne n’est venu les réclamer. Les Yeusois ont compris dès lors qu’ils ne peuvent plus raser la forêt.

Étant donné qu’ils sont restés de rustres paysans illettrés, la peur amplifie tout. Et plus ils ont peur, plus ils croient n’importe quoi.

Un Yeusois

Les vieilles expliquèrent ces sifflements comme des vieilles, et dirent que c’était le fait de fantômes. Les plus grands fantômes, comme disent les vieilles, sont dans la forêt.

Les Yeusois, bien qu’ayant souvent marché la nuit, ont cru les vieilles. Cet événement, raconté par les coupeurs d’arbres effrayés, s’amplifia de bouche à oreille. Et comme ces hommes illettrés ne sortaient pas de leur village de rustres, cette histoire circulait jour et nuit. Et plus elle circulait, plus elle devenait effrayante.

Finalement, une partie des villageois a cru que le Verdoyant était hanté.

Par-dessus cette peur est venue la peur de l’autorité. Les Yeusois virent les deux villageois, ceux qui avaient frappé Costas le cueilleur des montagnes, partir menottés en prison, entourés de quatre gendarmes. Nous devons leur arrestation aux enfants qui étaient allés au Petit Village avertir les gendarmes.


Au sommet d’un pin, à un endroit élevé, les enfants ont attaché un tissu blanc, comme un signal. Celui-ci se voit d’assez loin et montre qu’ici il y a des gardiens.

Notre petite équipe de gardes forestiers a fait son devoir. Mais elle ne s’est pas arrêtée là. La garde continue.

Elle est toujours prête !