Les Hautes Montagnes/41

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(p. 80-82).

41. La chanson d’Aphrodo.

Aujourd’hui, Aphrodo est venue avec Lambros voir sa fratrie. Elle avait un frère, Lambros, et maintenant ils sont vingt-six !

Les enfants eux-mêmes n’auraient jamais cru qu’ils trouveraient là-haut une sœur si agréable.

Il y a trois jours, elle leur a dit le plus beau conte qui soit. Il parlait d’un château aux portes d’acier avec des clés d’argent : le château de la belle.


Avant-hier elle a chanté à Phanis et Dimitrakis une chanson qui commence par ces paroles : « Ce soir j’ai rêvé ». Elle l’a dite avec les yeux baissés et regardant sa quenouille.

Ce soir j’ai rêvé
— mère, ma mère —
Je montais une grande tour,
j’entrai dans un jardin.
Et coulaient deux rivières
— explique moi mère, le rêve…


Avait-elle vraiment fait ce rêve ? Il y avait quelque-chose de douleureux dans cette chanson. Mais quand elle a terminé, elle souriait. Et si Aphrodo sourit, tout va bien.


C’est tellement une sœur pour eux qu’aujourd’hui ils l’ont mise à la couture.

— Recouds-moi ce bouton, Aphrodo.

— Recouds-moi le coude qui s’est déchiré.

Bien qu’ils aient appris à coudre dans ce désert, ils voulaient le faire faire à Aphrodo. « Les femmes cousent toujours mieux. »

Aphrodo s’est assise et en a raccommodé deux ou trois. Est-il possible ? des gardes forestiers qui se font raccommoder ! Ensuite elle a pris sa quenouille et a commencé à filer.

« Maintenant elle va nous dire une fable ! » ont pensé les enfants.

Non, elle ne leur a pas dit une fable ; elle leur a dit l’histoire de Yannis d’Yeuse. Une histoire que tous connaissent, petits et grands.